Accueil > Actualités > Epargne > 2020 >
La France est riche de son patrimoine, de son épargne. Ce patrimoine est le fruit du travail passé et de sa valorisation. Si, après la Seconde Guerre mondiale, le patrimoine ne valait que quelques mois de revenu disponible brut de la nation, il a depuis connu une forte augmentation. Le patrimoine national représente huit années de PIB. Ce ratio est assez stable depuis la crise de 2008. Il avait fortement augmenté durant la première décennie de ce siècle, passant de cinq années à plus de huit années de PIB.
La valeur de l’ensemble du patrimoine a été évaluée par
l’INSEE à 15 482 milliards d’euros en 2018. Cela représente huit fois
le PIB. C’est le montant le plus élevé depuis 2012. Il s’est accru, en 2018, de
3,5 % (après +4,6 % en 2017). Cette hausse est portée par le
patrimoine non financier (+4,2 %), et principalement les terrains bâtis (+5,5 %).
Le patrimoine national est détenu à 75 % par les ménages, à 17 % par les entreprises non financières, à 4,7 % par les sociétés financières et à 2 % par les administrations publiques.
Le patrimoine, grâce à la valorisation de l’immobilier, a
fortement augmenté lors de trente dernières années quand celui des administrations
publiques décline en raison de l’endettement croissant et des opérations de
privatisation qui ont été effectuées.
Fin 2018, le patrimoine net des ménages s’élevait à 11 735 milliards d’euros. Du fait de la chute des valeurs financières, il n’a progressé que de 1,6 % contre 4,7 % en 2017. Il représente 8,5 fois le revenu disponible net des ménages. Il représente 8,5 années de revenus des
ménages en 2018 contre 5,5 fois en 2001. Comme pour le
revenu national, la progression est plus lente depuis la crise de 2008.
Néanmoins avec l’augmentation des prix de l’immobilier, il est en hausse entre 2017
et 2018. Cette dernière année a été marquée par une forte contraction des
valeurs boursières qui a contribué à une diminution du ratio patrimoine net des
ménages sur le revenu disponible brut.
Au sein des actifs non financiers (60 % des actifs des ménages), la hausse est moins importante que l’année précédente (+3,6 % après +4,6 %). Même si les prix du foncier et de l’immobilier continuent de croître, l’investissement des ménages en logement s’est ralenti en volume (+3,8 % après +8,8 %). Au total, le patrimoine non financier des ménages atteignait 8 041 milliards d’euros fin 2018. En son sein, le patrimoine immobilier représentait, fin 2018, 7 368 milliards d’euros.
Le patrimoine financier brut des ménages s’élevait à 5 375 milliards d’euros en 2018, le patrimoine net étant de 3 694 milliards d’euros (patrimoine brut moins les dettes).
En 2018, l’encours en numéraire et dépôts des ménages a continué à fortement progresser pour atteindre près de 1 560 milliards d’euros. La hausse a été de 4,5 % après +4,6 % en 2017, soutenue par une hausse des placements sur livrets et dépôts à vue dans un contexte de taux bas.
L’encours en valeur de marché des actions et parts de fonds d’investissement est en baisse de 5,4 % après une progression de 9,4 % en 2017 en raison de la chute des cours à la fin de l’année. Le portefeuille des ménages en actions cotées a ainsi diminué, en 2018, de 9,3 %. Du 31 décembre 2017 au 31 décembre 2018, l’indice SBF 120 a perdu 11,7 % (après +10,8 % en 2017). Les flux nets d’acquisition d’actions et de parts de fonds d’investissement ont été négatifs en 2018. Les actifs des ménages en assurance vie (35 % de leurs actifs financiers totaux) ont baissé de 1,3 % après une hausse de 1,4 % en 2017, en raison d’effets de valorisation négatifs. Au total, les actifs financiers des ménages ont diminué de 1,0 % en 2018, après une progression de 5,3 % en 2017.
Au passif des ménages, les crédits continuent de croître, (+5,1 % en 2018 après +5,4 % en 2017), du fait d’un marché immobilier dynamique.
Fin 2018, la valeur nette des sociétés non financières (SNF) s’est élevée à 2 722 milliards d’euros. La progression a été de +6,0 % après +3,6 % en 2017. Le patrimoine non financier des sociétés non financières a augmenté en 2018 au même rythme qu’en 2017 (+5,1 % après +5,0 %), pour atteindre 4 999 milliards d’euros. L’ensemble des constructions et terrains bâtis progresse légèrement moins vite que l’année précédente pour les SNF ; l’investissement ralentit (+6,0 % après +6,3 %) et les réévaluations sur les terrains sont moindres. En revanche, les encours en droits de propriété intellectuelle (autres actifs produits) accélèrent, portés par des investissements dynamiques. Les actifs financiers des sociétés non financières sont restés stables (+0,1 %) après une hausse de 13,0 %. Les actions et parts de fonds d’investissement représentent 58 % du total de leurs actifs financiers et s’élèvent à 5 571 milliards d’euros. Leur encours diminue de 3,3 % (après +16,6 % en 2017) en raison des effets de valorisation négatifs et malgré des flux nets d’acquisition en progression (+35,5 % après +34,9 %). En revanche, les placements en numéraire et dépôts continuent de progresser, à un rythme toutefois moins soutenu (+5,6 % après +9,4 %), les entreprises privilégiant la liquidité dans un environnement de taux bas. En outre, l’encours de crédits octroyés par les entreprises non financières s’est accru de 7,5 % après +6,8 % en 2017, du fait de la hausse des crédits intra-groupes.
Au passif des entreprises, l’endettement sous forme de crédit a fortement augmenté dans un contexte de taux bas (+7,4 % après +6,7 % en 2017). À l’inverse, le passif en actions des SNF est en baisse (-1,8 % après +15,8 %), en raison des effets de valorisation négatifs plus importants que les émissions nettes. Le passif en obligations des sociétés non financières a évolué au même rythme en 2018 qu’en 2017 (+1,7 %). Au total, les fonds propres des SNF se sont stabilisés en 2018 (+0,3 % après +12,4 %) à un montant de 9 945 milliards d’euros.
Fin 2018, le patrimoine net des sociétés financières s’est élevé à 722 milliards d’euros. Les actifs non financiers des sociétés financières ont augmenté de 7,2 % après +8,6 % en 2017 et ont atteint 318 milliards d’euros. En revanche, la détention d’actions et de parts de fonds d’investissement par les sociétés financières a fortement diminué (-6,3 % après +10,3 %), sous l’effet conjoint de flux nets d’acquisition et d’effets de valorisation devenus négatifs. En revanche, l’encours de crédits octroyés par les sociétés financières progresse nettement (+10,0 % après +3,6 %), en raison notamment du dynamisme des crédits aux ménages et aux sociétés non financières.
Au total, le patrimoine net des administrations publiques s’accroît de 7,6 %, pour atteindre 303 milliards d’euros, sous l’effet conjoint de l’investissement et des valorisations.
En 2018, le patrimoine financier des administrations publiques a reculé en raison d’une hausse des passifs financiers supérieure à celle des actifs. Il s’élevait à 1 371 milliards d’euros composés notamment des participations de l’État dans les entreprises publiques. La baisse du patrimoine financier a été plus que compensée par la hausse du patrimoine non financier qui a représenté 2 116 milliards d’euros.
Fin 2018, le patrimoine non financier des administrations
publiques a atteint 2 116 milliards d’euros. Il a progressé de 3,5 %,
après +3,8 % en 2017. Cette hausse est principalement portée par les
actifs non produits : les prix des terrains bâtis continuent d’augmenter.
L’investissement public se porte mieux et il augmente de 4,2 %, après +2,1 %
en 2017. Cette accélération est surtout le fait de l’investissement des
administrations publiques locales (+8,6 %). La formation nette de capital
fixe des administrations publiques s’améliore de près de 2 milliards
d’euros.
Le patrimoine de la France est avant tout composé de biens immobiliers et de produits de taux. Depuis plus de 40 ans, les pouvoirs publics tentent de promouvoir les placements « actions ». Des SICAV Monory de 1978 jusqu’au Plan d’Épargne Retraite en passant par le PEA, les contrats NSK et DSK, les tentatives d’inflexion ont été nombreuses. Certaines d’entre elles ont connu le succès, à l’instar des SICAV Monory et de certaines opérations de privatisation d’entreprises publiques. Néanmoins, sur longue période, les lignes ne bougent que lentement. Cette situation n’est pas spécifique à la France. La préférence pour la sécurité et la liquidité est partagée par les Allemands, les Italiens ou encore les Autrichiens. Le goût pour la pierre est associé à l’idée qu’un toit prémunit contre de nombreux risques. La forte appréciation des biens immobiliers au sein des grandes métropoles depuis le début du siècle convainc un grand nombre de Français que ce placement est rentable à travers la plus-value potentielle qu’il dégage. Le souvenir de la dernière crise immobilière qui s’est produite entre 1993 et 1997, avec une baisse de 50 % des prix de l’immobilier à Paris, est moins ancré dans les mémoires que celui de la faillite des rentes des années 30 car la baisse de la décennie 90 a été suivie d’une remontée des prix assez rapide.
contact@cercledelepargne.com