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Corse : laboratoire du vieillissement démographique ?

Depuis un demi-siècle, la Corse connaît une transformation démographique profonde. Territoire longtemps faiblement peuplé, l’île a vu sa population croître de manière continue, portée non par la natalité mais par un afflux migratoire. Derrière cette croissance apparente se cache une autre réalité : un vieillissement rapide, inégalement réparti, qui reconfigure les besoins sociaux, sanitaires et territoriaux de l’île.

Une île qui vieillit vite, et de manière inégalitaire

Entre 1975 et 2021, la population corse a augmenté de 54 %, passant de 226 000 à 348 000 habitants. Mais cette dynamique est portée exclusivement par les migrations. Le solde naturel est devenu négatif depuis plus d’une décennie, et l’indice de fécondité (1,2 enfant par femme en 2024) est désormais l’un des plus bas de France.

Aujourd’hui, un quart des habitants a plus de 65 ans. Si cette proportion peut sembler gérable, c’est sa progression qui interpelle : les plus de 80 ans ont triplé en cinquante ans et devraient doubler à nouveau d’ici 2045. L’âge moyen augmente, et la part des actifs (20-64 ans) diminue.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Un territoire déséquilibré : les fractures du rural

Le vieillissement de la Corse n’est pas homogène. Il se concentre dans les zones rurales, notamment dans l’intérieur de l’île, où les jeunes partent faute d’opportunités et où les équipements publics se raréfient. Dans de nombreux villages, les personnes âgées représentent plus d’un tiers de la population. L’isolement géographique s’ajoute alors à l’isolement social. Le recul des services publics (poste, écoles, soins de proximité) accroît la fragilité des plus âgés et pèse sur les aidants.

La concentration croissante de la population dans les périphéries d’Ajaccio et de Bastia renforce les déséquilibres. L’intérieur se vide lentement, tandis que les zones littorales s’étendent, souvent sans planification urbaine adaptée. L’enjeu est désormais de repenser l’équilibre territorial, non pas en opposant les régions, mais en réhabilitant l’idée d’une continuité territoriale accessible et solidaire.

Logement et dépendance : une double vulnérabilité

La Corse compte aujourd’hui plus de 262 000 logements, contre 105 000 en 1975. Mais cette explosion du parc cache des réalités complexes. Les résidences secondaires représentent plus d’un tiers des logements. Le nombre de logements vacants hors saison masque un accès difficile au logement pour les résidents à l’année, notamment les jeunes actifs… et les personnes âgées. Le vieillissement de la population exige une adaptation du bâti existant : logements de plain-pied, sécurisation des sanitaires, domotique basique, accès aux commerces et aux soins à distance raisonnable. Or, une large partie du parc immobilier, en particulier dans l’intérieur, reste inadaptée. Les aides à la rénovation sont encore peu mobilisées par les plus de 70 ans, souvent pour des raisons de complexité administrative ou d’isolement. À cette problématique s’ajoute celle de la dépendance. Les projections suggèrent une forte hausse des besoins en accompagnement à domicile. Pourtant, l’offre de services reste insuffisante : manque d’aides-soignants, faible couverture des services d’aide à domicile, délais d’accès aux établissements médicalisés. Dans certaines microrégions, les familles doivent parcourir des dizaines de kilomètres pour accéder à un Ehpad ou à une consultation de gériatrie.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Transports : un verrou majeur

La question du vieillissement ne peut être abordée sans celle de la mobilité. Or, en Corse, elle reste un frein quotidien pour les personnes âgées, notamment en milieu rural. Les transports en commun sont rares, voire, parfois, inexistants. La dépendance à la voiture individuelle devient alors une forme d’exclusion pour les personnes qui, avec l’âge, ne peuvent ou ne souhaitent plus conduire. Ce déficit de mobilité complique l’accès aux soins, aux administrations, aux commerces – et renforce le sentiment d’abandon dans certaines communes de montagne. Penser la vieillesse en Corse, c’est donc aussi repenser l’accessibilité, en adaptant les services de transport à la demande, à travers le développement de navettes sociales, ou des permanences de proximité.

La Corse fait face à un défi démographique d’une ampleur comparable à celle des pays du sud de l’Europe. Le vieillissement doit être accompagné, encadré, humanisé. Cela suppose de repenser l’aménagement du territoire, d’investir dans les services de proximité, de rénover le logement existant non seulement à Ajaccio et Bastia, mais dans tous les territoires. La transition démographique n’est pas une menace pour l’île. Elle est un test de sa capacité collective à préserver son identité tout en protégeant les plus fragiles.

Réforme des retraites : « Supprimer les régimes spéciaux ne serait pas une bonne idée »

Dans une interview publiée dans le magazine Capital, Philippe Crevel revient sur la nécessité de réformer les retraites.

La belle victoire sur la mortalité infantile marque le pas

Depuis 2005, le taux de mortalité infantile est stable en France et fluctue autour 3,5 ‰ en France métropolitaine 3,7 ‰ pour l’ensemble de la France. En 2016, 2 900 enfants sont décédés en France avant leur premier anniversaire, dont 2 600 en France métropolitaine. La France figure parmi les pays à très faible mortalité infantile. Elle a baissé tendanciellement au cours du XXsiècle malgré quelques périodes de hausse brutale liées aux guerres mondiales, à des épidémies comme la grippe espagnole de 1918 ou à des évènements climatiques exceptionnels comme la canicule de l’été 2011.

Source : INSEE

 

Une décrue exceptionnelle au XXE siècle

 

En France, au XVIIIsiècle, près de trois nouveau-nés sur dix mouraient dans leur première année. À partir de 1800, grâce en partie à la vaccination contre la variole, la mortalité infantile baisse. Le risque pour un nouveau-né de mourir dans sa première année passe en deux décennies de près de 275 ‰ à près de 185 ‰.

 

La mortalité infantile augmente au milieu du XIXsiècle avec l’industrialisation et l’urbanisation qui s’accompagnent d’une dégradation des conditions de vie.

 

Avec la révolution pasteurienne et le développement des premières politiques de protection de la petite enfance, le processus de baisse reprend dès la fin du XIXsiècle.

 

Le taux de mortalité infantile s’élevait à 143 ‰ en moyenne entre 1901 et 1909 en France métropolitaine. En 1930, ce taux a été divisé par deux. En 1945, il remonte à 113,7 ‰, avant de décroître de nouveau régulièrement, jusqu’en 2005. De 51,9 ‰ en 1950, il baisse ainsi à 21,9 ‰ en 1965 puis à 10,0 ‰ en 1980 et donc jusqu’à 3,6 ‰ en 2005. La mortalité infantile est alors environ 35 fois plus faible qu’un siècle auparavant. Ce recul repose donc sur l’amélioration des conditions sanitaires en particulier au moment des accouchements mais aussi au suivi de plus en plus poussé des maternités. L’accès à une nourriture et à une eau de qualité, le renforcement de la prévention et une meilleure couverture médicale ont également contribué à cette décrue.

Source : INSEE

 

Un plancher a été atteint en 2005

 

Depuis 2005, la diminution de la mortalité infantile marque le pas et le taux de mortalité reste stable autour de 3,5 ‰ en France métropolitaine (3,7 ‰ pour la France entière). Un plancher semble être atteint depuis une dizaine d’années. Cette stabilisation serait également imputable à la précarité croissante d’une partie de la population souvent d’origine étrangère qui éprouve des difficultés à accéder aux services de santé.

 

Des décès de plus en plus concentrés après la naissance

 

Les décès de nouveau-nés ont le plus souvent lieu dans les premiers jours de la vie. En 2016, la moitié des décès d’enfants avant leur premier anniversaire ont lieu moins d’une semaine après la naissance, 21 % interviennent entre 7 et 27 jours et 30 % après 27 jours de vie. La mortalité néonatale précoce (avant 7 jours) augmente légèrement ces dix dernières années alors que la mortalité post-néonatale (28 jours à moins d’un an) continue de baisser.

 

Plus de décès de nouveau-nés en hiver

 

La saisonnalité de la mortalité infantile tend à s’estomper. Elle était très marquée entre les années 1960 et la fin des années 1990. Elle est la plus forte durant les mois d’hiver, en particulier entre décembre et février et est au plus bas durant les mois d’été, de juillet à septembre. Depuis 2000, la saisonnalité s’est fortement atténuée.

 

Entre 2000 et 2016, le taux de mortalité infantile reste le plus élevé en février, mais il ne dépasse que de 7 % en moyenne le taux annuel, alors que l’écart était de 15 % dans les années 1960 à 1999. Le taux de mortalité infantile pendant les mois d’été est au plus inférieur de 5 % au taux annuel, alors que l’écart était de 10 % en moyenne dans les années 1960 à 1979 et de 14 % en août sur la période allant de 1980 à 1999.

 

Plus de décès sur les îles et en région parisienne

 

Le taux de mortalité infantile varie selon les départements avec notamment un niveau plus élevé dans les DOM : 9,2 ‰ à Mayotte et 9,1 ‰ en Guyane. Il est de 6,8 ‰ à La Réunion. Il s’agit du taux le plus faible parmi les DOM.

 

En métropole, le taux de mortalité infantile est le plus élevé en Haute-Vienne (5,4 ‰). Il est généralement plus élevé dans le Nord-Est et en Corse. Parmi les 24 départements où il est supérieur à 3,7 ‰, 13 sont situés dans les régions Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté et Île-de-France. A contrario, il est inférieur à 3,0 ‰ dans tous les départements des Pays de la Loire et dans la majorité des départements d’Occitanie.

*Décès d’enfants de moins d’un an pour 1 000 enfants nés vivants – Source : INSEE

 

 

A lire dans le Mensuel d’août 2018

 

 

Le mur de la retraite et de la dépendance se rapproche

Les générations du Baby-Boom ont entre 40 et 72 ans. D’ici une dizaine d’années, elles seront directement exposées au risque de dépendance quand aujourd’hui ce sont les générations très étroites des années 30. En quelques années, des générations de 300 000 personnes seront remplacées par des générations de plus de 600 000 personnes. De ce fait, le nombre de personnes dépendantes qui aujourd’hui est d’un million ne peut que doubler sauf à pouvoir réduire la prévalence de la dépendance.

Pyramide des âges en France

342

Source INSEE

D’ici 50 ans, la pyramide des âges comportera une boursouflure entre 60 et 80 ans avec une base plus étroite. Nous serons en plein cœur de la problématique de la dépendance.

Pyramide des âges en France en 2070

341

Source : INSEE

Lettre de février 2017

La France, pays de centenaires

la France compte plus de 21 000 centenaires en 2016 et en 2070, ils pourraient être 270 000. Depuis 1970, le nombre de centenaires a été multiplié par 20. Cinq centenaires sur six sont des femmes et parmi les « supercentenaires », c’est-à-dire les personnes de 110 ans ou plus, il n’y a quasiment que des femmes.
Près d’un centenaire sur deux vit à domicile, qu’il soit seul, en couple, ou avec une autre personne que son conjoint. Les hommes centenaires, plus souvent en couple, sont plus fréquemment à leur domicile que les femmes.
En 2070, neuf femmes sur dix et huit hommes sur dix nés en 1990 deviendraient octogénaires, tandis que 13 % des femmes et 5 % des hommes nés en 1970 atteindraient leur centième anniversaire.

lire document INSEE

 

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