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Ce n’est ni la faute à Rousseau, ni la faute à Voltaire

Epargne 2 mai 2017

Ce n’est ni la faute à Rousseau, ni la faute à Voltaire

Par Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Épargne

Le malheur de l’épargnant moderne, c’est qu’il épargne de trop. Il amasse au point de périr asphyxié par son tas d’or. Depuis 2005 et donc avant la crise financière de 2008, le taux d’épargne mondial tend, en effet, à progresser. Il s’élevait à 25,5 % du PIB en 2016 contre 23,2 % en 1998. Ce renoncement à consommer, en dehors même des politiques monétaires des banques centrales, pèse sur le rendement de l’épargne en créant un déséquilibre entre offre et demande d’argent.

Cette augmentation est imputable en grande partie aux pays dégageant d’importants excédents commerciaux. Le taux d’épargne des ménages en Chine atteint ainsi près de 50 %. Ces derniers thésaurisent une partie conséquente de leurs revenus par précaution, le système de protection sociale étant peu développé. Par ailleurs, le système économique en vigueur en Chine ne favorisait pas, jusqu’à maintenant, la consommation. De plus, le vieillissement de la population contribue à l’augmentation du taux d’épargne. Plus une population vieillit, plus elle tend à mettre de l’argent de côté, plus elle réduit ses achats d’équipement. La France n’échappe pas à la règle avec un taux d’épargne qui tourne entre 14 et 15 % du revenu disponible brut.

La crise de 2008 comme celle de 2011 et le vieillissement de la population ont accru l’aversion aux risques des investisseurs. En recherchant tous les mêmes produits sans risque, c’est-à-dire des placements liquides et sûrs, ils ont conduit à la baisse de leur rendement.

Face à une telle situation, certains considèrent qu’il faut réduire le taux d’épargne et favoriser la consommation, d’autres qu’il faut modifier les comportements des investisseurs.

En Chine, les autorités tentent de modifier le modèle de développement économique afin de le rendre moins dépendant des exportations. Les Chinois économes se doivent de devenir des consommateurs.

Si dans les pays émergents, des marges existent en faveur de la consommation, il ne faut pas négliger qu’à l’échelle mondiale, la croissance potentielle se réduit en raison d’une diminution générale des gains de productivité. La diminution de l’investissement explique en partie cette évolution. Le recul de l’équipement public, tout comme celui des entreprises, ces dernières années, pèse sur la croissance de l’économie mondiale. L’obtention de gains de productivité est indispensable pour financer les dépenses sociales et en particulier celles liées au vieillissement qui augmenteront dans les prochaines années. La retraite, la dépendance, les dépenses d’assurance-maladie ne peuvent que s’accroître.

La contrainte environnementale exige également un effort accru en matière d’investissement. La substitution d’énergies propres aux énergies carbonées ainsi que l’amélioration du contenu énergétique de la croissance passent par des innovations et par de nouveaux équipements.

Les épargnants doivent, sans nul doute, changer de comportements. La recherche du risque zéro en matière de placements peut les mener, comme les moutons de Panurge, au désastre. Par nature, en se ruant sur des obligations d’État, ils incitent les administrations publiques au relâchement budgétaire.

Une allocation diversifiée sur de nombreux supports est un gage de sécurité et de rendement. Il n’est pas vain de répéter qu’à moyen long terme, les actions – en prenant en compte des dividendes versés – sont plus rentables que les autres actifs. Évidemment, une certaine durée est exigée et il est conseillé d’investir régulièrement pour lisser les effets des éventuelles chutes de cours. Pour contrecarrer les mouvements cycliques des bourses, les actions des entreprises non cotées constituent une diversification utile et rentable. Certes, la liquidité est moindre avec des actions qu’avec des produits de taux mais cela est assez relatif. En cas de remontée des taux, ce qui pourrait se produire dans les prochaines années, la valeur des obligations acquises ces dernières années se contractera, ce qui rendra leur revente difficile.

La réorientation de l’épargne constitue un chantier important et indispensable pour renouer avec une croissance plus forte. Elle suppose de la pédagogie et de la stabilité sur le plan de la fiscalité et des règles juridiques. Il convient d’espérer que le quinquennat qui s’ouvre permettra de rééquilibrer le patrimoine français, avec, à la clef, un peu moins d’obligations, un peu moins d’immobilier et un peu plus d’actions.

Lettre de mai 2017

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