menu

Accueil > Actualités > Retraite > 2020 > La question sensible du niveau de vie des retraités

La question sensible du niveau de vie des retraités

Retraite 10 décembre 2020

En France, la pension moyenne (y compris majorations et réversions éventuelles) de l’ensemble des retraités de droit direct, nette de prélèvements sociaux, s’élevait en 2018 à 1 537 euros par mois (1 304 euros pour les femmes et 1 810 euros pour les hommes). Elle varie en fonction des statuts occupés durant la vie active. Pour les fonctionnaires civils d’État, la retraite moyenne était de 2 250 euros par mois. Pour les fonctionnaires des collectivités locales et de la fonction publique hospitalière, ce montant était de 1 590 euros. Pour les salariés du régime général, la retraite moyenne est de 1 310 euros par mois.

En 2018, le niveau de vie médian des retraités était, toujours selon le COR, de 1 828 euros par mois et par unité de consommation, ce qui signifie qu’une personne à la retraite sur deux dispose d’un niveau de vie inférieur à ce montant. 10 % des retraités disposaient, par ailleurs, d’un niveau de vie inférieur à 1 103 euros par mois et par unité de consommation.

Les pensions représentaient, en moyenne, selon le COR, 64,5 % du revenu d’activité moyen de l’ensemble des personnes en emploi en 2018.

Pour apprécier le niveau de vie des retraités, il faut prendre en compte l’ensemble de leurs revenus, revenus financiers ainsi que les prestations sociales auxquelles ils ont le droit ainsi que leurs charges. Les revenus du patrimoine (avant prélèvements sociaux et fiscaux) représentent en moyenne 12,8 % des revenus des ménages de retraités (avant prélèvements sociaux et fiscaux), contre 6,1 % des revenus des ménages d’actifs et 8,1 % des revenus de l’ensemble des ménages. En 2018, le niveau de vie moyen des retraités s’élevait à 2 100 euros par mois et par unité de consommation. Selon les statistiques du COR publiées dans son rapport du mois de novembre 2020, ce niveau était de 2,9 % plus important que celui de l’ensemble de la population (100,7 % pour les femmes et 105,6 % pour les hommes). L’INSEE calcule de manière différente en intégrant les charges immobilières supportées par les ménages. Les retraités étant en plus grand nombre (plus de 75 %) propriétaires de leur résidence principale et ayant remboursé leurs emprunts, leur niveau de vie relatif est plus élevé de 9 % à celui de l’ensemble de la population.

Parmi les retraités, le niveau de vie est le plus élevé de 60 à 74 ans. Il est plus faible chez les retraités précoces (moins de 60 ans) et chez les plus âgés (75 ans et plus), où il est comparable ou plus faible que celui de l’ensemble de la population.

Les retraités Français, les mieux traités de l’OCDE

Les personnes de plus de 65 ans avaient en 2016, en moyenne dans l’OCDE, un niveau de vie correspondant à 87,4 % de celui de l’ensemble de la population. Les retraités français sont ceux qui ont le niveau de vie relatif le plus élevé 103,2 %. Le ratio est également très proche de 100 % en Italie. À l’inverse, il était le plus faible en Belgique, représentant alors seulement 79,7 % du niveau de vie de l’ensemble de la population.

Dans tous les pays, le niveau de vie moyen des plus de 75 ans est inférieur à celui des 66/75 ans. Le décrochage est faible au Japon (4 points) et en Allemagne (7 points), alors qu’il est important en Suède (29 points) et aux États-Unis (21 points). Le décrochage important dans ces deux pays s’explique par le maintien d’un fort taux d’activité jusqu’à 70 ans.

Niveau de vie des seniors rapporté au niveau de vie de l’ensemble de la population en 2016 dans différents pays de l’OCDE et repris par le COR

L’augmentation des pensions en question

La pension moyenne des retraités, exprimée en euros constants, augmente par effet de noria, avec le renouvellement de la population des retraités, les nouvelles générations qui prennent leur retraite ont en moyenne des pensions plus élevées que les générations les plus anciennes qui décèdent. L’effet de noria a joué pleinement ces dernières années avec l’arrivée à l’âge de la retraite de femmes ayant des carrières entières remplaçant des retraitées qui avaient peu cotisé et qui avaient donc de faibles pensions. Ce phénomène tend à s’estomper. Néanmoins, le niveau moyen des pensions a augmenté de 20 % de 1996 à 2018. Dans le même temps, le pouvoir d’achat des pensions pour ceux qui ont liquidé leurs droits à la retraite tend à diminuer en raison de l’augmentation des prélèvements sociaux et des règles d’indexation. Par ailleurs, par le jeu des réformes des retraites et de la baisse du rendement des régimes complémentaires, pour les générations nées à partir de la fin des années 1940, la pension brute n’augmenterait que pour les femmes, elle baisserait légèrement, en revanche, chez les hommes.

Dans ce contexte, une rupture est intervenue en 2010. Avant, le niveau de vie moyen des retraités progressait régulièrement (+1,4 % en euros constants entre 1996 et 2010). Le niveau de vie moyen des retraités n’a quasiment pas évolué en euros constants entre 2010 et 2017 selon les enquêtes Revenus fiscaux de l’INSEE. Entre 2017 et 2018, il a baissé de 1,2 % en euros constants. Ce changement peut expliquer la véhémence des réactions au moment de l’augmentation de la CSG en 2018 qui faisait suite à plusieurs mesures fiscales qui ont touché les retraités.

La baisse du pouvoir d’achat est marquée pour les cadres du secteur privé qui sont affectés par la hausse de la CSG entre 1993 et 1997, ainsi qu’en 2018. Un retraité né en 1932 a subi, au bout de 28 ans de retraite, une perte de pouvoir d’achat de la pension de 14 %, dont une perte de 6,2 %. Les règles d’indexation pour les pensions de l’AGIRC (décalages de la date de revalorisation des pensions de base et mécanismes de sous-indexation par rapport à l’inflation) expliqueraient un peu moins de la moitié (44 %) de la perte de pouvoir d’achat du cadre né en 1932.

Dans les prochaines années, le niveau de vie relatif des retraités devrait passer en dessous de celui de la moyenne de la population. Ainsi, en 2030, il devrait être inférieur de 10 %.

Niveau de vie relatif des retraités par rapport à l’ensemble de la population et en fonction des hypothèses de croissance de la productivité

Sources: COR

Si à court terme, le niveau de vie des retraités s’est apprécié en valeur relative par rapport au reste de la population en n’étant pas soumis aux aléas de la conjoncture, l’accumulation des réformes adoptées depuis 1993 commence à se faire sentir et devrait aboutir dans les dix années à venir à un retournement complet de tendance. Les retraités qui, en moyenne, avaient un niveau de vie 10 points au-dessus de la moyenne seront dans dix ans, 10 points en dessous, toutes choses étant égales par ailleurs.

A lire dans le Mensuel n°80 de décembre 2020

Partagez cet article

Suivez le cercle

recevez notre newsletter

le cercle en réseau

contact@cercledelepargne.com