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Avec le départ des baby-boomers à la retraite qui a débuté à partir de 2005, la population française s’est engagée dans un processus de vieillissement. Ce phénomène s’accentuera dans les prochaines tant du fait de l’accumulation des générations concernées que par le fait que ces dernières sont de plus en plus nombreuses. En effet, le baby-boom a atteint son point haut avec des cohortes de plus de 800 000 bébés au milieu des années 60.
L’arrivée à l’âge de la retraite des générations d’après-guerre a de fortes conséquences sur la structure du marché du travail. Les générations qui partent actuellement à la retraite sont 1,5 fois plus nombreuses que celles sorties du marché du travail à la fin des années 1990. Ce choc démographique est amené à durer jusqu’en 2030. Cette évolution s’accompagne de changements de comportement en matière de consommation. Le baby-boomer qui a été porteur de valeurs hédonistes durant sa vie active est de plus en plus porté à consommer des services liés au bien être (santé, sport, tourisme) et à acheter des biens bios. Il se détourne, de manière relative, des biens industriels.
À partir de 2007-2008, les départs en fin de carrière deviennent quasiment aussi nombreux que les entrées dans la vie active. La hausse de ces départs est accentuée par la progression régulière du travail féminin au cours des dernières décennies. Au total, sur la période 2012-2022, le nombre de départs en fin de carrière devrait atteindre 620 000 par an en moyenne contre un peu plus de 400 000 sur la période 1993-2001.
Source INSEE
La réforme des retraites de 2010 reculant de deux ans l’âge de la retraite a eu un effet réel sur le nombre de personnes cessant leur activité professionnelle. De même, la proportion plus importante de diplômés de l’enseignement supérieur et l’allongement des études pèsent sur les effectifs partant à la retraite. En effet, une arrivée plus tardive sur le marché du travail conduit à un recul de l’âge de départ pour atteindre un nombre de trimestres suffisant. L’âge moyen de cessation d’emploi pourrait encore augmenter d’un an entre 2012 et 2022. La moitié de cette évolution étant due à la réforme des retraites de 2010. La réforme de 2010 réduit de 40 000 le nombre de départs par an. Pour certains, l’impact de ce report devrait s’atténuer en raison de l’augmentation des départs à la retraite pour raison de santé. Dans les métiers d’ouvriers industriels, du BTP ou de la manutention, pour lesquels l’âge de départ est presque toujours inférieur à la moyenne générale, les raisons de santé représentent en effet en moyenne près de 20 % des motifs de départ en fin de carrière sur la période 2003-2011. Certes d’autres estiment que l’effet d’horizon entraînera une modification des comportements tant chez les employeurs que chez les salariés. Le recul de l’âge légal peut en effet pousser les entreprises à maintenir plus longtemps les seniors en emploi. Cela passe par une adaptation des conditions de travail pour les seniors et par des actions de formation spécifiques.
Pour plusieurs catégories socio-professionnelles, la réforme de 2010 a peu de conséquences car leurs membres partaient, en moyenne, au-delà de 60 ans. Il s’agit des agriculteurs, des artisans, des commerçants, des professions libérales et des chefs d’entreprise. Les âges de départ en fin de carrière sont très variables d’un métier à l’autre. Le facteur « santé » joue un rôle important dans les départs à la retraite. Ainsi, les ouvriers peu qualifiés partent plus tôt que la moyenne de la population. Bien souvent, ils cessent de travailler avant la liquidation de leurs droits à la retraite. Les départs en fin de carrière liés à la liquidation de la retraite sont en effet minoritaires pour cette catégorie de métiers (40 % des départs contre 67 % en moyenne). Les départs pour raisons de santé s’élèvent à (22 % contre 12 % pour l’ensemble des actifs). 17 % partent, par ailleurs en pré-retraite. Les employés peu qualifiés se singularisent par un âge de départ proche de la moyenne mais avec des départs pour raisons de santé plus fréquents que dans l’ensemble des métiers.
Malgré tout, la population active française devrait poursuivre son accroissement jusqu’en 2022 avant d’être sur un plateau jusqu’en 2030. Elle progresserait à nouveau jusqu’en 2060. D’ici 2022, la population active devrait augmenter de 1,2 million pour atteindre 29,5 millions de personnes. Avec une croissance annuelle moyenne de 120 000 personnes, la population active serait, à l’échelle européenne, assez dynamique dans les dix prochaines années, contrairement à ce qui était attendu dans les précédents exercices de prospective des métiers et qualifications de l’INSEE. Sans l’apport de l’immigration, l’Allemagne aurait dû connaître une forte baisse de sa population active, en raison de la baisse de sa population totale, engagée depuis l’an 2000, et d’une stagnation des taux d’activité depuis 2007. L’arrivée de plus d’un million de travailleurs immigrés a atténué un temps le choc démographique. Néanmoins, sur longue période, la population active allemande devrait décliner et suivre ainsi celle du Japon. Par ailleurs, plus de 10 pays en Europe, essentiellement en Europe de l’Est, sont concernés par la contraction de leur population active.
En France, au-delà de l’arrivée des nouvelles générations, la population active devrait s’accroître en raison de l’amélioration du taux d’activité des seniors, domaine où la France est en retard par rapport à ses partenaires européens. Ainsi, sur l’ensemble des personnes de 15 ans à 69 ans, le taux d’activité devrait passer de 66,4 % en 2012 à 68,2 % en 2022. Il est également attendu une amélioration de l’emploi pour les jeunes de moins de 30 ans et des femmes.
La population active française devrait continuer à vieillir dans les dix prochaines années « par le haut » pour reprendre la formule de François Héran (2010). En effet, le nombre d’actifs âgés de 15 à 25 ans devrait rester quasiment stable entre 2012 et 2022 (+0,7 % soit +22 000 personnes) quand celui des 25-54 ans diminuera légèrement (-1 %, soit – 280 000 personnes). En revanche, le nombre d’actifs âgés de plus de 55 ans progressera de 40 % soit près de 1,5 million d’individus supplémentaires. La part des 55 ans ou plus devrait passer de 14 % à près de 18 % de la population active entre 2012 et 2022.
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