Une collecte à petit trot
Après deux mois de décollecte, le Livret A a enregistré une très légère collecte positive, au mois de novembre, avec un gain de 130 millions d’euros (30 millions avec le LDDS).
Le mois de novembre sourit traditionnellement au Livret A. En dix ans, il n’a, en effet, connu que deux décollectes, en 2014 et en 2015 dans un contexte particulier de forte baisse du taux de rendement. Au regard des résultats passés, celui de novembre 2017 apparaît donc comme une contreperformance.
Trop d’annonces paralysent l’épargnant
Le Livret A a pâti des annonces du Gouvernement du mois de septembre et en particulier de celle concernant le gel de son taux pour les deux prochaines années. Si depuis la mi-2016, les épargnants avaient digéré le passage du taux de rendement à 0,75 %, l’annonce du Gouvernement leur a rappelé sa modestie et surtout qu’il n’y avait pas d’espoir, à moyen terme, de le voir augmenter à nouveau.
Le nombre important de mesures concernant l’épargne a conduit les Français à opter pour un prudent attentisme. A défaut d’avoir intégré toutes les modifications devant entrer en vigueur au 1er janvier 2018, ils ont décidé de reporter leurs décisions d’investissement sur des produits financiers. Avec l’accélération de l’inflation, le rendement réel du Livret A est devenu négatif, ce qui incite les ménages à laisser dormi leur argent sur leurs comptes courants.
La confiance du consommateur ne rime pas avec épargne
Du fait du dynamisme retrouvé de l’activité économique, les ménages sont, par ailleurs, tentés de réduire leur épargne de précaution dont le Livret A est un des principaux éléments. L’amélioration, certes légère mais réelle, du marché du travail est une source d’optimisme, favorable à la consommation. L’indice de confiance des ménages, établi par l’INSEE, était ainsi en hausse au mois de novembre. La moindre progression du pouvoir d’achat, du fait de l’inflation, pousse également les ménages à puiser dans leur épargne.
Néanmoins, une bonne année pour le Livret A
Sur les onze premiers mois de l’année, le Livret A a connu deux grandes périodes, une période de forte collecte durant le premier semestre et, depuis, une période de repli-consolidation. La collecte nette, fin novembre, s’établit encore à 10,6 milliards d’euros (12,02 milliards avec le LDDS), ce qui sera le meilleur du Livret A depuis 2013. Au cours du premier semestre, les Français ont, durant la période électorale, source d’incertitudes et d’inquiétudes, privilégié l’épargne de précaution. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, avec la levée de l’hypothèque européenne, ils ont arrêté de placer leurs liquidités sur le Livret A d’autant plus que les annonces gouvernementales ne les y encouragent pas. La progression du premier semestre apparaissait en déphasage par rapport à l’année 2016 qui s’était traduite par une collecte nette de 1,75 milliard d’euros. Au vu de son taux de rendement et du niveau atteint en termes d’encours, plus de 270 milliards d’euros à fin novembre, le résultat de la collecte est donc assez logique. Le Livret A retrouve un rythme de croissance faible qui devrait perdurer dans les prochains mois.
Les mois se suivent et se ressemblent. La collecte du Livret A, au mois d’août, a été positive de 1,59 milliard d’euros pour le 9e mois consécutif. Depuis le début de l’année, la collecte atteint déjà 12,17 milliards d’euros ce qui place 2017 dans les très bons crus du Livret A.
Le Livret de Développement Durable et Solidaire enregistre également une collecte positive de 340 millions d’euros.
L’encours du Livret A atteint désormais 271,7 milliards d’euros, ce qui constitue un nouveau record. Il en est de même pour le LDDS avec 103,8 milliards d’euros.
Les vacances et l’absence de rendez-vous fiscaux expliquent le fait que traditionnellement, le mois d’août est un bon mois pour l’épargne dite populaire.
Le Livret A bénéficie toujours de la préférence des Français pour la sécurité et la liquidité. Les Français demeurent toujours circonspects vis-à-vis des produits de marché que ce soit sous formes d’actions ou d’unités de compte.
Par ailleurs, dans un contexte de réforme fiscale, l’exonération totale de prélèvements dont profitent le Livret A et le LDDS constitue un havre de paix pour les épargnants. Face aux incertitudes fiscales qui concernent d’autres produits phares comme l’assurance-vie et le plan d’épargne logement, les épargnants font confiance à un produit qu’ils connaissent bien, le Livret A.
Les deux principaux produits de l’épargne populaire ne pâtissent pas de la faiblesse de leur rendement. Avec une inflation qui a été de 0,9 % sur les six derniers mois, le rendement réel est pourtant négatif de 0,15 point. Cette situation est amenée à se poursuivre avec l’intention du Gouvernement de geler le taux du Livret A à 0,75 % durant deux ans. Mais le resserrement des écarts de rendement entre les grands produits d’épargne – PEL (1 %), fonds euros de l’assurance-vie (1,9 % en 2016)- conduit les Français à laisser leur argent sur des produits de très court terme, comme le Livret A ou plus globalement sur leurs dépôts à vue (413 milliards d’euros en juillet 2017 contre 242 milliards d’euros en août 2007).
L’attentisme risque de durer jusqu’à la fin de l’année voire au-delà. En effet, il est probable que les annonces du Ministre de l’Economie sur la taxe forfaitaire unique incitent, dans un premier temps, les épargnants à la prudence. Cette taxe aboutit à réduire les prélèvements sur certains produits financiers (livrets bancaires, comptes titres) et à les augmenter sur d’autres (PEL, assurance-vie). L’introduction de cette taxe pourrait infléchir quelque peu les comportements des ménages dans les prochains mois mais il n’est pas garanti qu’ils optent pour des placements à risques.
Malgré son faible taux de rendement, les ménages continuent à mettre de l’argent sur leur Livret A. Sur le seul mois de juillet, la collecte a été positive de 1,10 milliard d’euros portant le solde, sur les 7 premiers mois de l’année, à 10,58 milliards d’euros, soit dix fois plus que sur la même période de 2016 (collecte de 970 millions d’euros). L’encours total du Livret A s’élevait à la fin du mois de juillet à plus de 270 milliards d’euros ce qui constitue un nouveau record. Avec le Livret de Développement Durable et Solidaire, la collecte atteint 1,36 milliard d’euros et l’encours 373,5 milliards d’euros.
Le Livret A, avec un taux d’inflation à 0,7 % au mois de juillet, a un rendement réel de 0,05 %. Le refus du Gouvernement d’appliquer la formule qui aurait dû conduire à un relèvement du taux à 1 % n’a pas eu d’effet sur le comportement des épargnants. Compte tenu des coûts de collecte et de gestion, le Livret A comme le LDDS sont des produits coûteux tant pour la Caisse des Dépôts et Consignation que pour les banques. Les taux sur les marchés monétaires restent négatifs et le taux de l’OAT à 10 ans était en fin de semaine dernière de 0,700 % soit un taux inférieur à celui du Livret A (0,75 %).
Les ménages français continuent à privilégier la liquidité et la sécurité. Cette appétence retrouvée pour le Livret A traduit la volonté des Français de conserver un fort volant d’épargne de précaution. Elle est également la conséquence de la baisse des rendements d’un certain nombre de placements (livrets d’épargne ordinaire rémunéré en moyenne à 0,3 %, les fonds euros d’assurance-vie).
Les annonces du Président de la République, Emmanuel Macron et du Premier Ministre, Edouard Philippe, au sujet d’une réforme de la fiscalité de l’épargne, incite les épargnants à l’attentisme. A défaut d’avoir une vision précise de la taxe forfaitaire de 30 %, les ménages optent pour le Livret A qui bénéficie d’un régime total d’exonération. Il convient de souligner que les dépôts à vue des ménages atteignent également des niveaux record, près de 410 milliards d’euros à la fin du mois de juin.
Le succès du Livret A ne se dément donc pas. La collecte devrait rester positive dans les prochains mois. Les ménages sont toujours réticents à placer une partie de leur épargne sur les produits dits risqués comme « actions » comme en témoignent les médiocres résultats du PEA et du PEA PME.
Philippe Crevel
Directeur du Cercle de l’Epargne
Adresse mail : pcrevel@gmail.com
Tel : 06 03 84 70 36
Le Livret A inarrêtable
Pour le sixième mois consécutif, le Livret A a enregistré, en mai, une collecte positive avec un gain de 1,3 milliard d’euros. Ce résultat est d’autant plus remarquable que le mois de mai ne sourit pas toujours au Livret A, six décollectes ayant été dénombrées entre 2007 et 2017.
Les Français sont redevenus des fidèles du Livret A et malgré le taux de rendement de 0,75 %. Depuis le début de l’année, la collecte nette atteint déjà 8,58 milliards d’euros ce qui en rythme annuel permettrait d’atteindre 20 milliards d’euros. Ainsi, mois après mois, les versements permettent de compenser la décollecte enregistrée en 2014 et 2015, décollecte qui s’était élevée à 15,4 milliards d’euros. L’encours du Livret A s’élève désormais 268,1 milliards d’euros et se rapproche de son maximum atteint au mois d’avril 2014 (268,7 milliards d’euros)
En offrant la liquidité, la sécurité avec une absence totale de prélèvements fiscaux et sociaux, le Livret A continue de séduire les Français.
Ce regain de forme du Livret A est lié, sans nul doute, à la volonté des ménages français de conserver avant l’été une épargne de précaution abondante. Au mois d’avril, les dépôts à vue des ménages a atteint un sommet historique à 402,371 milliards d’euros. La baisse du rendement des fonds euros des contrats d’assurance-vie joue en faveur du Livret A. En outre, les fonds euros sont moins accessibles car les assureurs demandent à ce que les épargnants investissent une partie de leurs disponibilités en unité de compte.
Livret A, éternel valeur refuge
Les incertitudes électorales au cours du mois de mai et les éventuels changements fiscaux pouvant concerner certains produits d’épargne dont l’assurance-vie a redonné ses lettre de noblesse à la valeur refuge qu’est le Livret A. les variations des prix du pétrole réduit la visibilité sur l’évolution du pouvoir d’achat. Les ménages éprouvent des difficultés pour appréhender leur facture énergétique.
L’inflation n’y change rien
En revanche, cette hausse des prix, depuis quelques mois, n’a pas dissuadé les Français de placer leur argent disponible sur le Livret A ou le LDDS. En effet, avec un taux moyen d’inflation depuis le début de l’année de 0,8 %, le rendement réel du Livret A est désormais négatif de 0,5 point. Si au mois de juin, l’inflation restait à son niveau actuel, le taux du Livret A pourrait être fixé, en application de la formule, à 1 % mais en cas de diminution de l’indice des prix, ce qui n’est pas impensable au vu du prix du pétrole, son maintien à 0,75 % pourrait se justifier.
Dans tous les cas, le Livret A devrait bénéficier durant les prochains mois d’un courant porteur. En effet, les modifications fiscales ne seront connues qu’à la fin de l’année et les taux de rendement des fonds euros sont toujours orientés à la baisse. Par ailleurs, L’INSEE espère néanmoins que les ménages français puisent dans leur épargne pour compenser la diminution des gains de pouvoir d’achat. Il n’est pas certain qu’ils obéissent aux souhaits de l’institut de la statistique. Affaire à suivre…..
COMMUNIQUE DE PRESSE DU CERCLE DE L’EPARGNE
DU 22 DECEMBRE 2016
Pour le deuxième mois consécutif, le Livret A enregistre, en novembre une décollecte. Elle atteint 120 millions d’euros et fait suite à celle d’octobre qui avait été de 1,02 milliard d’euros.
Le mois de novembre est traditionnellement mauvais pour le Livret A. Sur ces 10 dernières années, selon les statistiques de la Banque de France, à 5 reprises, une décollecte a été constatée. En novembre, les ménages s’acquittent de leurs impôts locaux et entrent dans la phase de préparation des cadeaux de fin d’année.
La disparition des gains de pouvoir d’achat générés par la baisse du prix de pétrole joue également en défaveur du Livret A. Enfin, novembre est un mois ne donnant pas lieu à versement de primes.
Pour le Livret A, l’année 2016 marquera néanmoins une rupture par rapport aux deux années précédentes marquées par une forte décollecte ; entre le début de l’année 2014 et la fin 2015, elle avait atteint, en effet, plus de 15 milliards d’euros. Cette année, la collecte devrait se situer entre 0,5 et 1,5 milliard d’euros sachant qu’au mois de décembre le versement des primes est favorable au Livret A.
De son côté, le Livret de développement durable a connu une décollecte de 200 millions d’euros. Ce produit étant plus bancarisé que le Livret A, cela signifie que les ménages pour financer leurs dépenses de novembre ont dû puiser sur leur épargne de court terme.
L’encours du Livret A est, fin novembre, de 257 milliards d’euros quand celui du Livret de développement durable est de 100 milliards d’euros.
En 2017, les nombreuses incertitudes économiques et politiques pourraient avantager le Livret A qui est une éternelle valeur refuge en cas de périodes troublées.
Après sept mois consécutifs de collecte positive, le Livret A enregistre, au mois d’octobre, une décollecte de 1,02 milliard d’euros. Il fallait remonter au mois de novembre 2015 pour enregistrer un tel recul. Avec le LDD, la décollecte est de 1,55 milliard d’euros soit un niveau pas rencontré depuis le mois d’octobre dernier. Ce mouvement de décollecte efface presque tous les gains des sept derniers mois. Sur l’année, la collecte reste positive de 140 millions d’euros pour le Livret A et le LDD (et de 1,23 milliard d’euros pour le Livret A).
Le mois d’octobre n’est pas un bon mois pour le Livret A, 7 collectes négatives depuis 2006.
A l’automne, les ménages doivent faire face à des dépenses incontournables comme le paiement du dernier tiers provisionnel (en septembre) et celui des impôts locaux (octobre et novembre). Les ménages doivent également absorber les coûts des rentrées scolaires et le cas échéant préparer la succession des vacances (Toussaint et fin d’année).
Les Français prennent également en compte le ralentissement des gains de pouvoir d’achat générés par la baisse du prix du pétrole. La polémique sur les règles de fixation des taux n’a pas eu d’incidence sur les résultats d’octobre car elle est intervenue en novembre.
Avec les dépenses de fin d’année, le processus de décollecte pourrait se poursuivre en novembre, décembre étant un mois atypique du fait du versement des primes de fin d’année.
Pour le 1er août 2017, une nouvelle formule du taux du Livret A devrait s’appliquer. Quand l’écart entre les taux monétaires et le taux d’inflation dépasse 0,25 point, le Gouvernement pourra retenir le taux d’inflation des 6 derniers mois. Dans le cas contraire, le Gouvernement pourrait soit utiliser les taux du marché monétaire ou le taux d’inflation majoré de 0,25 point. En l’état actuel des choses, le taux serait de 0,23 % avec la nouvelle formule en lieu et place de 0,75 %. Un tel taux serait-il accepté par les épargnants ? Pas certain du tout,
Cette nouvelle formule devrait permettre à la Caisse des Dépôts et aux banques (sur les ressources non centralisées) de réaliser des économies. Elles doivent aujourd’hui financer une épargne qui coûte plus de 1 % par an (0,75 % +0,3 % de frais de collecte + 0,2 % frais de gestion). Le Livret A étant une épargne liquide bénéficiant d’une garantie de capital, la Caisse des Dépôts et les banques doivent dispose de liquidités au rendement actuellement négatif.
Par ailleurs, le taux pratiqué pour le Livret A rend peu compétitif les prêts au logement social. Ces derniers sont réalisés à partir de l’épargne collectée par le Livret A.
La question est de savoir si le Gouvernement issu des élections de mai et de juin 2017, si l’inflation ne remonte pas d’ici là, de prendre le risque d’abaisser à 0,25 % le taux du Livret A.
Philippe Crevel a été interviewé par la rédaction de la Dépêche du Midi au sujet du taux du Livret A. Le taux est aujourd’hui fixé soit en fonction de plusieurs taux du marché monétaire, soit en fonction du taux d’inflation annuel constaté au mois de décembre et de juin pour les fixations respectives de février et d’août. Le Gouvernement reste souverain en matière de fixation du taux ce qui lui permet de déroger fréquemment à la formule, au moins six fois depuis 2008.
Philippe Crevel a été interviewé par la rédaction de France 2 au sujet de l’éventuelle nouvelle formule de fixation du taux du Livret A que le gouvernement pourrait mettre en oeuvre. Depuis plusieurs mois, Bercy réfléchit avec la Banque de France sur une modification de la formule de fixation des taux qui date de 2008. Le Gouvernement essaie de trouver une martingale pour éviter que tous les six mois la fixation du taux du Livret A se transforme en psychodrame et par ailleurs que le taux reflète davantage la réalité financière. En clair, qu’il soit plus en phase avec les taux du marchés….
Philippe Crevel a été interviewé par la rédaction de France 2 au sujet de l’éventuelle nouvelle formule de fixation du taux du Livret A que le gouvernement pourrait mettre en oeuvre.
Quand le taux de l’euribor, (taux du marché monétaire) est de -0,312 % – 4 novembre 2016), le taux du Livret A est à 0,75 %. Depuis des mois, la BCE et la Banque de France soulignent que le taux du produit phare de l’épargne française est trop élevé. Cette situation est imputable aux pouvoirs publics qui ont refusé d’appliquer à de nombreuses reprises la formule du taux du Livret A qui repose soit sur le taux du marché monétaire, soit sur l’inflation.
Depuis le 1er février 2008, le taux est égal, après arrondi au quart de point le plus proche ou à défaut au quart de point supérieur, au chiffre le plus élevé entre :
Les données utilisées sont celles relatives au dernier mois pour lequel ces données sont connues.
Du fait du passage en territoire négatif de l’euribor, c’est l’inflation qui sert de référence depuis plusieurs années.
Le Gouvernement et la Banque de France entendent lier plus fortement le taux du Livret A à l’inflation. Cette dernière pourrait être appréhendée de manière plus large afin d’éviter des ajustements tous les 6 mois.
De manière prudente, la réforme ne s’appliquera qu’après les élections, le gouvernement ayant déjà annoncé que le taux resterait à 0,75 % au mois de février 2017.
De toute façon, quoi qu’il arrive, le taux du livret A restera un taux éminemment politique dont la fixation échappera en partie aux réalités économiques et financières.
Le Livret A a signé, en septembre, un septième mois consécutif en collecte nette positive mais de peu. En effet, elle ne s’élève qu’à 140 millions d’euros contre 1,14 milliard d’euros au mois d’août dernier. Certes, cela est nettement supérieur à la décollecte record de 2,38 milliards d’euros du mois de septembre 2015. Mais, l’année dernière, cette décollecte s’expliquait par la baisse à 0,75 % du rendement du Livret A.
En prenant en compte le Livret A et le Livret de Développement Durable, une décollecte de 410 millions d’euros est enregistrée (la décollecte atteint 560 millions d’euros pour le LDD). Le décalage entre ces deux produits s’explique par le fait que le LDD est plus souvent lié aux comptes courants des ménages que le Livret A. Les ménages, en fonction de leur solde de compte courant, effectuent des arbitrages avec le LDD quand le Livret A est utilisé avant tout comme un produit d’épargne. Cette différence de comportement résulte, par ailleurs, de la distribution du LDD, dès sa création, par les banques du LDD (pour le Livret A, elles ont dû attendre le 1er janvier 2009).
Dans un climat économique incertain, les Français devraient maintenir leur effort d’épargne de précaution dans les prochains mois. Néanmoins, du fait de la disparition des gains de pouvoir d’achat générés par la baisse des prix de l’énergie, la collecte nette devrait être faible en octobre comme en novembre. Durant ces deux mois, les ménages doivent acquitter les impôts locaux.
Depuis 2008, le Gouverneur de la Banque de France qui assure la supervision de l’épargne réglementée propose au moment de chaque révision le 1er février et le 1er août un taux pour le Livret A.
Ce taux est fonction soit des taux des marchés monétaires, soit de l’inflation. Etant donné que les taux d’intérêt sont très faibles ces dernières années, c’est le taux d’inflation qui est utilisé. Le taux pour le Livret A proposé par le Gouverneur de la Banque de France correspond au taux d’inflation annuelle majoré de 0,25 point, ce taux étant arrondi au quart de point le plus proche. De ce fait, avec une inflation de 0,3 point, le taux du Livret A pourrait être entre 0,5 et 0,75 %. La Banque de France a recommandé 0,75 %, taux que le Gouvernement a décidé de retenir. Il pouvait ne pas suivre la Banque de France. Il dispose, en la matière, d’un pouvoir, en la matière discrétionnaire. Le 1er février dernier, il avait refusé de suivre la recommandation du Gouverneur. de la Banque de France Le Livret A étant le produit d’épargne le plus largement distribué dans la population, la fixation de son taux est un geste éminemment politique surtout quand ce profile des élections.
Avec un taux à 0,75 %, le rendement réel du Livret A (après inflation) sera de 0,4 point
Quel sera la perte sur un an, pour un épargnant ayant un encours moyen sur son Livret A soit 4000 euros ?
Le Livret A rapportera 30 euros au lieu de 40 euros soit une perte de 10 euros.
Pour un épargnant, au plafond, c’est à dire 22 950 euros, de combien sera la perte ?
A 1 %, un épargnant au plafond pouvait gagner sur un an au minimum 229,5 euros; à 0,75 %, ce rendement sera ramener à 172,125 euros soit une perte d’au moins 57 euros.
La baisse du taux du livret A réduira à la marge le taux des emprunts aux bailleurs sociaux. En effet, le livret A sert à financer ce type de prêts. Mais l’effet sera marginal car il s’agit de prêts à 40 ans. Par ailleurs, le lancement de programmes de constructions d’HLM obéit à d’autres considérations que le taux du Livret A (problèmes fonciers, normes…).
En revanche, la Caisse des Dépôts économisera 652 millions d’euros ce qui améliorera son résultat financier et les éventuels bénéfices redistribués à l’Etat.
Moins bien rémunéré le Livret A est aussi une niche fiscale qui coûte moins à l’Etat.
En abaissant le taux oh combien symbolique du Livret A, le Gouvernement décide ainsi de relayer la politique de la Banque centrale européenne qui vise à peser sur les taux afin de favoriser la croissance. C’est aussi un geste vis-à-vis des banques dont les livrets bancaires n’étaient plus du tout compétitifs.
L’évolution du taux du Livret A
Date Taux
1er janvier 1960 3,25 %
1er janvier 1966 3,00 %
1er janvier 1968 3,50 %
1er juin 1969 4,00 %
1er janvier 1970 4,25 %
1er janvier 1974 6,00 %
1er janvier 1975 7,50 %
1er janvier 1976 6,50 %
16 octobre 1981 8,50 %
1er août 1983 7,50 %
16 août 1984 6,50 %
1er juillet 1985 6,00 %
16 mai 1986 4,50 %
1er mars 1996 3,50 %
16 juin 1998 3,00 %
1er août 1999 2,25 %
1er juillet 2000 3,00 %
1er août 2003 2,25 %
1er août 2005 2,00 %
1er février 2006 2,25 %
1er août 2006 2,75 %
1er août 2007 3,00 %
1er février 2008 3,50 %
1er août 2008 4,00 %
1er février 2009 2,50 %
1er mai 2009 1,75 %
1er août 2009 1,25 %
1er août 2010 1,75 %
1er février 2011 2,00 %
1er août 2011 2,25 %
1er février 2013 1,75 %
1er août 2013 : 1,25 %
1er août 2014 : 1 %
1er août 2015 0,75 %
Avec l’augmentation du prix du pétrole et des produits alimentaires, au mois de mai, l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,2 % +0,1 % en avril .
Sur un an, il s’élève pour le deuxième mois consécutif à +0,3 % après +0,1 % en avril. Corrigé des variations saisonnières, il croît de 0,3 % sur un mois comme sur un an.
En mai 2015, les prix des services augmentent de nouveau légèrement (+0,1 % comme en avril ; +1,3 % sur un an), avec des variations plus marquées par grand poste de consommation : comme chaque année en mai, les prix des services liés au logement reculent nettement (-0,6 %, comme en mai 2014 ; +1,0 % sur un an) du fait de la baisse saisonnière des prix des services de chauffage central (-27,2 %).
Par ailleurs, les prix des services liés au tourisme augmentent à l’amorce de la saison estivale : +0,3 % pour les services d’hôtellerie, cafés et restaurants (+1,2 % sur un an) ; +16,9 % pour les voyages touristiques tout compris (-0,4 % sur un an) et +2,9 % pour les locations de résidences de vacances (+0,9 % sur un an). À l’inverse, les prix des services du transport aérien se replient (-2,8 % en mai ; +1,5 % sur un an) après une vive hausse en avril (+8,0 %), pendant la période des vacances scolaires de printemps.
Les prix des produits manufacturés augmentent légèrement en mai 2015 (+0,1 % comme en avril) mais restent en recul sur un an (-0,7 %).
En mai 2015, l’indicateur d’inflation sous-jacente (ISJ) qui ne tient pas compte des facteurs conjoncturels de hausse (matières premières…) croît de +0,2 % (après +0,1 % en mars et avril) et de 0,6 % sur un an (après +0,4 % en avril).
D’ici le mois d’août, le Gouvernement devra se prononcer sur le taux du Livret A qui est de 1 %. Il a jusqu’à maintenant refusé de suivre le Gouverneur de la Banque de France qui réclame une baisse du taux. En l’état actuel, le taux devrait passer à 0,75 %. Avec les élections régionales dans le viseur, le Gouvernement devrait opter pour le statuquo.
Communiqué de presse Philippe Crevel Directeur du Cercle de l’Epargne
Le Livret A replonge en avril
Après la légère embellie du mois de mars, le Livret A a renoué avec la décollecte au mois d’avril. Elle s’est élevée à 170 millions d’euros faisant suite à une collecte positive de 110 millions d’euros au mois de mars. Le Livret de Développement Durable s’est mieux tenu en restant en territoire positif avec + 70 millions d’euros.
Cette décollecte traduit bien le processus en cours depuis un an, celui d’une diminution tendancielle du Livret A. En effet, en règle générale, avril est un bon mois pour l’épargne réglementée et défiscalisée. Il faut remonter à 2006 pour enregistrer une décollecte en avril. Habituellement, les ménages, durant le premier mois du printemps, sont plutôt en mode « épargne de précaution » afin de régler le deuxième tiers provisionnel de l’impôt sur le revenu du 15 mai et de préparer les futures vacances d’été. 2015 marque donc une rupture, les ménages optant pour la consommation et l’épargne de long terme. Cette évolution s’explique par l’amélioration du moral des ménages comme en témoigne la dernière enquête de l’INSEE. Les Français ont préféré consommer qu’épargner avec l’arrivée des beaux jours. L’indice de confiance a atteint, en avril, son plus haut niveau depuis 2010. L’opinion des ménages sur leur situation financière personnelle s’est également améliorée tout comme celle sur leur situation financière personnelle future. Les ménages sont en avril plus nombreux à considérer comme opportun de faire des achats importants. Le solde correspondant a progressé de 16 points depuis septembre 2014. L’alignement des planètes, euro et pétrole pas chers, taux bas ont incité les Français à délaisser le Livret A. L’amélioration du climat économique conforte, en effet, les ménages à réduire leur effort d’épargne à court terme et à réallouer l’épargne placée sur le Livret A vers l’épargne logement et l’assurance-vie.
Le produit d’épargne le plus populaire, détenu par plus de 63 millions de résidents en France, a enregistré en 2014 sa 5ème décollecte en vingt ans. Cette dernière a atteint 6,13 milliards d’euros. L’encours du Livret A est revenu de 266 à 263 milliards d’euros de fin 2013 à fin 2014.
Jusqu’en 2014, lors de ces vingt dernières années, le Livret A n’a enregistré qu’à quatre reprises une décollecte annuelle, en 1996, en 1999, en 2000 et 2005. Pour obtenir un tel montant de décollecte, il fallait remonter à 1996 où elle avait atteint 8,3 milliards d’euros.
Le mois de décembre est le 8ème mois consécutif de décollecte avec -290 millions d’euros, la collecte étant positive pour le LDD (370 millions d’euros). En matière décollecte, l’année 1996 avait été pire avec dix mois consécutifs de décollecte.
La moindre décollecte du mois de décembre par rapport aux mois précédents est assez traditionnelle. En effet, de nombreux salariés touchent des primes en fin d’année qu’ils placent traditionnellement sur leur Livret A avant de les réaffecter.
Sur l’ensemble de l’année 2014, le Livret A été victime de son faible rendement facial, les ménages ayant peu intégré dans leur calcul le recul de l’inflation, de la stagnation des salaires ainsi que de la réallocation de l’épargne au profit du Plan d’Epargne Logement et de l’assurance-vie. Les dépôts à vue ont progressé de 7,7 milliards d’euros sur les dix premiers mois de l’année 2014 quand l’assurance-vie a enregistré une collecte nette de plus de 21 milliards d’euros sur les 11 premiers mois de l’année. La collecte des PEL a augmenté de 11,1 milliards d’euros sur les dix premiers mois de l’année.
Avec le maintien du taux de 1 %, il ne devrait pas y avoir d’emballement de la décollecte dans les prochains mois. Celle-ci n’est pas actuellement préjudiciable à la Caisse des Dépôts. En effet, compte tenu du coût du Livret A (rémunération de 1 % + frais de collecte par les banques 0,5 % + frais de gestion de la CDC, autour de 0,3 %) et au regard du rendement des bons du Trésor ou des OAT, la Caisse des Dépôts ne peut guère espérer de gains sur la gestion financière de l’épargne collectée. Le portefeuille financier du fonds d’épargne avait atteint 99 milliards d’euros à fin 2014 (11 % placés en actions et assimilées, 54 % en obligations d’Etat, 33 % autres obligations).
La décollecte de 2013 clôt un cycle de collecte fortement positive. Le Livret A comme le LDD ont profité des soubresauts de la crise financière de 2008 / 2009 et de l’augmentation des plafonds en 2012 et 2013. De 2008 à 2013, le Livret A avait engrangé 115 milliards d’euros de collecte.
Collecte, rendement et taux d’inflation
du livret A (1994 – 2014)
Collecte En milliards d’euros |
taux de rendement | Taux d’inflation | |
1994 | 4,9 | 4,50 % | 1,7 % |
1995 | 7 | 4,50 | 1,7 % |
1996 | -8,3 | 4,5 %jusqu’au 1er mars et 3,50 après | 2 % |
1997 | 3 | 3,50% | 1,2 % |
1998 | 1,5 | 3,50 % jusqu’au 16 juin puis 3 % | 0,7 % |
1999 | -6,7 | 3 % jusqu’au 1er août puis 2,25 % | 0,5 % |
2000 | -0,65 | 2,25 %jusqu’au 1er juillet 2000 puis 3 % | 1,7 % |
2001 | 4,4 | 3 % | 1,7 % |
2002 | 4,2 | 3 % | 1,9 % |
2003 | 2,3 | 3 % jusqu’au 1er août puis 2,25 % | 2,1 % |
2004 | 1,3 | 2,25 % | 2,1 % |
2005 | -1,3 | 2,25 % jusqu’au 1er août puis 2 % | 1,8 % |
2006 | 3,3 | 2 % jusqu’au 1er février puis 2,25 % jusqu’au 1er août puis 2,75 % | 1,6 % |
2007 | 5 | 2,75 % jusqu’au 1er août puis 3 % | 1,5 % |
2008 | 18,7 | 3 % jusqu’au 1er février puis 3,50 % jusqu’au 1er août puis 4 % | 2,8 % |
2009 | 21 | 4 % jusqu’au 1er février2,50 % jusqu’au 1er mai1,75 % jusqu’au 1er août |
Puis 1,25 %0,1 %201010,41,25 % jusqu’au 1er août puis 1,75 %1,5 %201119,91,75 % jusqu’au 1er février2 % jusqu’au 1er août Puis 2,25 % 2,1 %201230,32,25 %2,0 %201314,72,25 % jusqu’au 1er février1,75 % jusqu’au 1er aoûtPuis 1,25 %0,9 %2014-6,131,25 % jusqu’au 1er août1 % depuis0,1 %
Source : Banque de France et INSEE
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