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La retraite est « une affaire trop sérieuse pour la laisser aux spécialistes ». Le débat sur la réversion au mois de juin a prouvé que toucher à l’édifice des retraites ne s’improvise pas. Notre système d’assurance-vieillesse qui, contrairement aux idées reçues, ne date pas de 1945, est le fruit d’une longue et lente sédimentation. Les particularismes sont le fruit de l’histoire, des luttes sociales, des circonstances économiques. Depuis des années, les Français réclament une plus grande équité, une plus grande transparence en matière de retraite. Cette demande intervient au moment même où notre système est arrivé à son summum. En effet, le taux de pauvreté des retraités est inférieur à celui de l’ensemble de la population. Leur niveau de vie dépasse de 5 points celui des ménages français. Tout le défi de la réforme du Président de la République sera donc de simplifier, de rationaliser sans donner l’impression de mettre à bas les avantages du système précédent. Cette équation sera d’autant plus difficile que nous nous trouvons au milieu du gué en matière de vieillissement. Le nombre de retraités devrait s’accroître de 10 millions de personnes d’ici 2060. Par ailleurs, d’ici quelques années, la question du grand âge avec la problématique de la dépendance sera à son paroxysme.
À la rentrée, le Gouvernement lancera réellement le chantier du régime universel. Plusieurs points m’inquiètent. Que deviendront les réserves des régimes complémentaires, plus d’une centaine de milliards d’euros ? Tomberont-elles dans le pot commun ou resteront-elles la propriété des anciennes caisses ? En ce qui me concerne, je considère qu’elles devraient servir de base à des régimes professionnels par capitalisation. Autre point de vigilance, la gouvernance ! Je ne suis pas, par tradition, favorable à une étatisation. Il convient de laisser aux partenaires sociaux qui n’ont pas démérité, loin de là, en matière de gestion des régimes de retraite, le soin de diriger le nouveau système. Faut-il créer une administration unique, un gosplan de la retraite, au risque d’être confronté à un bug des pensions ? Je préférerais une architecture décentralisée à taille humaine reposant sur des délégations de services. Dernier point à surveiller, la prise en compte de certaines spécificités. Le principe qui veut qu’un euro cotisé donne les mêmes droits pour tous est sans nul doute sympathique mais ne peut pas constituer l’alpha et l’oméga du système d’assurance-vieillesse. Par nature, il faut prendre en compte des parcours professionnels, de vie, différents. Il faut corriger certaines inégalités et assurer un niveau de revenus minimal pour les retraités. Un système de retraite repose sur des calculs actuariels, sur des données démographiques, économiques, financières mais aussi et avant tout sur de l’humain.
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