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Les Français veulent tourner la page de la crise sanitaire. La proximité des vacances aidant, leur moral s’améliore. Selon l’indicateur de l’INSEE mesurant le moral des ménages, ces derniers sont plus nombreux à avoir foi en l’avenir. Au mois de juin, selon l’INSEE, la confiance des ménages dans la situation économique était en hausse. Il convient de souligner qu’au regard de la dureté de la crise que la France traverse, la baisse de confiance des ménages apparaît très limitée. L’engagement massif de l’État afin de réduire les effets de la crise sur le niveau de vie des ménages peut expliquer cette faible diminution de l’indicateur.
Mais cette amélioration de la confiance est toute relative car selon cette même enquête de l’INSEE, les ménages sont en mode « épargne ». Ils sont, en effet, plus nombreux à penser qu’il faut épargner. Cette volonté de mettre de l’argent de côté se nourrit de la crainte du chômage et de lendemains qui déchantent.
Depuis trois mois, les Français épargnent volontairement ou involontairement. La dernière étude de l’Office Français des Conjonctures Économiques (OFCE) confirme que les ménages ont fortement augmenté leur épargne de précaution non seulement lors du confinement mais aussi depuis. De début mars à fin juin, les ménages français auraient épargné 75 milliards d’euros dont une vingtaine depuis le 11 mai. Cet effort est lié à l’incapacité des ménages de réaliser certaines dépenses pendant la période de confinement et à la volonté d’accroître l’épargne de précaution. Les ménages ont, par ailleurs, réduit leurs dépenses d’investissement, -49 % sur la période, augmentant d’autant leurs capacités d’épargne. Malgré la baisse des revenus provoquée par la crise, les ménages souhaitent conserver un fort volant d’épargne si possible liquide.
La cassette des 75 milliards d’euros fait des envieux. Selon l’OFCE, les Français souhaitent l’utiliser soit pour améliorer le quotidien de leurs vacances d’été, soit pour conforter leur épargne sur le moyen et long terme. Le poste « logement » arrive loin derrière. La question de la réorientation de l’épargne sera donc un des sujets majeurs des prochaines semaines. En effet, l’épargne contrainte constituée durant la crise sanitaire prend avant tout la forme de dépôts sur les comptes courants ou de placements sur le Livret A et le LDDS. L’idée d’une affectation sur des produits à long terme et notamment de retraite reste cependant au cœur des priorités des ménages, une majorité d’entre eux demeurant inquiète sur le niveau de vie à terme des pensions.
Cette volonté d’épargne est également liée à des changements profonds de comportement. La crise sanitaire a renforcé les tendances à la frugalité déjà présente depuis de nombreux mois. Avec la crise de la Covid-19, selon une étude récente du Crédoc (Consommer plus sobre, une tendance que la crise de la Covid-19 pourrait amplifier – étude juin 2020), les Français veulent moins de gaspillage et plus d’épargne. Dans le prolongement des habitudes prises lors du confinement, ils souhaitent réduire les achats de viande au profit des légumes et fruits issus des filières écologiques. Le concept de consommation locale et équitable est celui qui a le plus progressé au niveau des intentions relevées par le Crédoc. En avril, 75 % de consommateurs indiquaient, durant le confinement, avoir placé en tête des priorités l’origine de la production. Ce taux n’était que de 54 % en 2008. Le fait que le produit soit issu de circuits courts est un atout pour 76 % de consommateurs.
De plus en plus de Français se déclarent favorables à l’acquisition d’objets d’occasion. Ils sont également une majorité à estimer que la course à l’innovation n’a aucun intérêt. Toujours selon le Crédoc, la proportion de consommateurs jugeant l’usage d’un bien ou d’un service plus important que sa possession est passée de 65 % en 2010 à 76 % en 2019. Cette allégation doit être relativisée. À la sortie du confinement, la demande en biens technologiques et notamment téléphoniques a connu une très forte croissance. Il en a été de même pour les chaînes d’habillement qui jouent sur les effets de mode (Zara, H&M, etc.). Pour autant, pour le Crédoc, après le confinement, seulement 16 % des Français prendraient du plaisir en réalisant des achats contre 18 % en 2019. 48 % des sondés déclarent que les achats sont réalisés autant par nécessité que par plaisir.
Pour le Crédoc, les Français mettent en avant les loisirs, la liberté, la nourriture, l’air pur, la randonnée et le vélo comme éléments fondateurs du bonheur. Les notions de « bien-être », de « calme », de « zénitude » apparaissent désormais comme des priorités. Si l’argent reste un élément déterminant du bonheur, en revanche, la notion de promotion sociale et celle de réussite professionnelle disparaissent du vocabulaire des Français.
Les Français sont donc, à la fin du premier semestre 2020, un semestre historique, tiraillés entre la peur et la recherche d’une nouvelle forme de bonheur. L’épargne semble servir de fil rouge à cette période. Les derniers résultats de l’épargne solidaire semblent confirmer que les ménages veulent également donner du sens à leurs placements.
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