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L’épargne salariale est une spécificité française. Développée depuis plus de soixante ans, elle occupe une place à part dans l’univers des placements. Elle est tout à la fois un outil de fidélisation et de reconnaissance pour les salariés, un outil d’amélioration du pouvoir d’achat et un outil en faveur des actions. Autre caractéristique, l’épargne salariale peut donner lieu à des rachats assez rapides ou au contraire à une affectation de l’épargne sur longue durée avec en particulier la possibilité de préparer la retraite avec le PERCO ou avec le PER entreprise commercialisé depuis le 1er octobre 2019.
Le poids de l’épargne salariale est assez modeste, 144 milliards d’euros, au sein du patrimoine financier des ménages qui dépasse 5 000 milliards d’euros. Il représente moins de 3 % des actifs des ménages contre 34 % pour l’assurance vie. Il pèse deux fois moins lourd que le populaire Livret A. Pour les salariés qui en bénéficient, la participation ou l’intéressement représentent en moyenne un mois supplémentaire de rémunération.
Les versements sur les dispositifs d’épargne salariale et d’épargne retraite collectifs, pour 2019, ont atteint, selon l’Association Française de Gestion (AFG), 15,5 milliards d’euros (+325 millions d’euros par rapport à 2018) qui se répartissent de la manière suivante :
Les rachats ont été, selon l’AFG, en augmentation de 10 % par rapport à l’année 2018, avec plus de 15 milliards d’euros rachetés par les épargnants. Les salariés ont plus puisé dans leur épargne salariale cette année pour financer leurs projets. La très bonne tenue des marchés en 2019 a également encouragé les épargnants à réaliser leurs plus-values, notamment en actionnariat salarié où les rachats ont augmenté de 21 %.
En prenant en compte les rachats, la collecte nette a été positive de 500 millions d’euros faisant suite à une collecte nette de 1,5 milliard d’euros en 2018.
L’encours de l’épargne salariale a atteint, selon l’Association Française de Gestion 144,2 milliards d’euros d’encours en augmentation de 15 % sur un an. Cette progression est en grande partie imputable à l’augmentation du cours des actions au cours de l’année 2019. Le CAC 40 avait progressé de 26,37 % l’année dernière.
L’encours de l’épargne retraite collectif a fortement progressé grâce à l’équipement croissant des entreprises, au système de fléchage de la moitié de la participation reçue et grâce au bon démarrage du nouveau Plan d’Épargne Retraite d’entreprise collectif. La progression a été en 2019 de 20 milliards d’euros soit une hausse de 20 % par rapport à 2018 dont 3 milliards d’euros pour le seul PER.
L’épargne salariale comptait, en 2019, 10,9 millions de bénéficiaires dont 3,1 millions qui disposent d’un PERCO ou d’un PER. Le montant moyen par bénéficiaires reste modeste avec 3 470 euros. Le nombre de bénéficiaires de l’épargne salariale a augmenté de 2 % en 2019.
Le nombre d’entreprises équipées d’un dispositif d’épargne salariale ou d’épargne retraite a enregistré, selon l’AFG, une hausse à deux chiffres. Pour les Plans d’Épargne Entreprise ou Interentreprises, 378 000 entreprises sont équipées (+11 % en un an). Par ailleurs, en ce qui concerne la retraite, 264 000 entreprises sont équipées d’un dispositif PERCO/PERCOI/PER COL/ PER COLI (+22 % en entreprise).
Cette hausse est importante au regard du taux de progression des années précédentes, 2 à 3 % en moyenne. La suppression ou baisse du forfait social pour les PME se lançant dans l’épargne salariale et le lancement du Plan d’Épargne Retraite à partir du 1er octobre 2019 expliquent cette progression.
L’épargne est investie majoritairement en supports actions à travers l’actionnariat salarié (38 %), les fonds actions (12 %) et les fonds mixtes.
Les fonds diversifiés atteignent plus de 89 milliards
d’euros (+13 % sur un an) et représentent 62 % des encours. En 2019,
hors actionnariat salarié, la collecte nette sur les fonds diversifiés s’est élevée
à 2,8 milliards d’euros.
Parmi les fonds diversifiés, les fonds ISR (investissement socialement responsable) ont connu une progression de 15 % sur un an à 23 milliards d’encours. Les fonds solidaires avec un encours de 9,7 milliards d’euros ont enregistré une hausse de 22 % sur un an.
L’actionnariat salarié s’est élevé à 54,7 milliards des encours en hausse de 19 %. Cette augmentation est liée à la forte progression des marchés « actions » en 2019. De ce fait, les salariés ont effectué de nombreux rachats au niveau des fonds d’actionnariat, environ 5,4 milliards d’euros (+21 %). La collecte a été, par voie de conséquence, négative sur l’année de 2,3 milliards d’euros malgré une hausse de 5 % de la collecte brute.
L’ensemble des produits collectifs d’épargne retraite
couvrent plus de 3,1 millions de salariés. Plus de 264 000
entreprises sont équipées d’un dispositif d’épargne retraite (+ 22 % en un an).
Les encours sur les PERCO et PER d’entreprise Collectifs atteignent 20 milliards d’euros en progression de 20 % sur un an.
Les versements sur les dispositifs collectifs d’épargne retraite se sont élevés à 2,9 milliards d’euros (+8 % sur un an). Ces versements se sont répartis de la manière suivante :
Avec la maturité croissante des PERCO, les rachats augmentent progressivement. Ils ont atteint, en 2019, 1,16 milliard d’euros (+14 %). Néanmoins, la collecte nette enregistre néanmoins un solde positif de 1,76 milliard d’euros (+5 %).
Avec le début de la commercialisation du nouveau Plan d’Épargne Retraite intervenu le 1er octobre 2019, plus de 100 000 entreprises et 320 000 salariés en étaient bénéficiaires pour un encours de plus de 3 milliards d’euros à la fin de l’année dernière Les PER d’entreprise collectif représentent près de la moitié des encours sur les nouveaux PER, dont le total s’élève à 6 milliards d’euros.
60 % des PERCO et nouveaux PER d’entreprise Collectifs proposent la gestion pilotée par défaut en intégrant un fonds PME-ETI permettant de bénéficier d’un forfait social réduit. Instauré comme choix par défaut au sein du nouveau PER. Près de la moitié des bénéficiaires d’un dispositif d’épargne retraite collectif bénéficient de la gestion pilotée comme mode de gestion.
Avec la crise du COVID-19, le Gouvernement a donné la possibilité aux entreprises de différer le versement de l’épargne salariale afin d’alléger son coût sur la trésorerie au moment où les recettes sont en forte baisse.
En vertu de la loi d’urgence adoptée du dimanche 22 mars par le Parlement, le Gouvernement a, par une ordonnance présentée le mercredi 25 mars, au Conseil des ministres, reporté de la date limite de versement des primes d’intéressement et de participation aux salariés. En temps normal, ces primes doivent être versées par l’entreprise au plus tard le premier jour du sixième mois suivant la clôture de l’exercice financier. Cette dernière ayant le plus souvent lieu le 31 décembre, le versement de ces primes est à réaliser avant le 31 mai de l’année suivante. Certaines entreprises clôturant en mars ont jusqu’à août pour réaliser leurs versements. Avec l’ordonnance, les primes des salariés ne sont pas supprimées mais leur versement est décalé. Il s’agit d’un avantage de trésorerie accordé aux entreprises.
A lire dans le Mensuel du Cercle de l’Épargne N°73 de mai 2020
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