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Cycle de vie, patrimoine et vieillissement, des relations complexes

Epargne 12 mars 2020

En France, les plus de 65 ans, qui représentaient de 16 % de la population totale en 1998, en représenteront 27 % en 2040. Ramené à la population en âge de travailler, le poids des plus de 65 ans sera de 52 % en 2040, contre 28 % en 1998.  En retenant les plus de 60 ans, les taux respectifs sont 70 % et 40 %.

Le vieillissement démographique peut avoir deux origines : la baisse de la taille des nouvelles générations en relation avec la diminution du taux de fécondité et l’augmentation de l’allongement de la durée de vie. Le nombre d’enfants par femme est passé de 2,8 à 1,8 du début de 1964 à 2019. Le nombre de naissance qui atteignait plus de 875 000 en 1979 s’élève désormais à 725 000 par an. De 1950 à 2018, l’espérance de vie des femmes est passée de 70 à 85 ans et celle des hommes de 64 à 79 ans. Sur la même période, l’espérance de vie à 60 ans a gagné dix ans (passant de 18 à 28 ans pour les femmes, et de 14 à 25 ans pour les hommes). Résultat des progrès sanitaires de ces soixante-dix dernières années et de l’amélioration des conditions de vie, l’allongement de l’espérance de vie modifie en profondeur le modèle économique qui s’est construit sur l’augmentation de la population active. La croissance, c’est la combinaison du travail, du capital et du progrès technique. Le paramètre travail est important car il conditionne les deux autres. Une moindre croissance de la population active, voire un déclin, constitue une première dans l’histoire contemporaine.

La transmission ralentie du patrimoine

Ce vieillissement a des conséquences importantes en matière de détention du patrimoine. Par construction, les générations accumulent du capital au fil de leur vie. Or, avec le vieillissement, de larges générations issues du baby-boom disposent donc d’un patrimoine important qu’ils peuvent détenir plus longtemps que les précédentes générations. Le patrimoine des ménages est majoritairement détenu par les plus 50 ans. En raison de l’allongement de l’espérance de vie, les enfants héritent de plus en plus tard de leurs parents, ce qui conduit naturellement à une concentration accrue du patrimoine sur les plus de 60 ans.  L’âge moyen des héritiers est de 57 ans et devrait dépasser 60 ans d’ici 2040.

Un patrimoine accru dans la perspective d’une retraite plus longue
d’une retraite plus longue

L’accumulation de patrimoine est d’autant plus importante que les baby-boomers craignent une insuffisance de revenus à la retraite qui conduit à un effort d’épargne accru. Cette situation tend à faire baisser les taux d’intérêt d’autant plus que les épargnants privilégient les placements sans risque.

Cet effort d’épargne se justifie car les larges générations issues du baby-boom seront suivies par des générations plus petites, ce qui amène à une révision à la baisse des pensions surtout si les gains de productivité restent faibles. Les générations actives seront plus étroites dans les années à venir et devront supporter des charges plus élevées avec en outre une obligation de remboursement des dettes accumulées ces quarante dernières années. Le rapport cotisants/retraités qui était supérieur à 3 dans les années 70 devrait se rapprocher de 1,2 d’ici 2060.

Le transfert intergénérationnel est donc double : aux dépenses de retraite s’ajoutent celles liées le remboursement de la dette qui n’a pas servi à financer que des dépenses d’investissement réellement productives.

Le capital vaudra-t-il encore quelque chose demain ?

Les générations des années post 1990 hériteront d’un capital par tête plus important car moins larges que les précédentes. En revanche, elles devront, toutes choses étant égales par ailleurs, attendre plus longtemps. Elles pourront accéder à ce capital après 60 ans. Actuellement, les actifs de 25 à 35 ans sont en retard dans la constitution de leur patrimoine par rapport à leurs aînés en raison des problèmes d’insertion professionnelle, de la succession des crises et de la hausse des prix de l’immobilier qui rend plus coûteuse l’acquisition de la résidence principale. À ces facteurs s’ajoute la multiplication des divorces et des familles monoparentales qui rendent plus difficiles la constitution d’un patrimoine. Toutes choses étant égales par ailleurs, le rattrapage en matière de capital ne pourrait se produire qu’en fin de cycle de vie. Plusieurs scénarii sont possibles. La baisse des pensions des derniers baby-boomers pourrait les contraindre à vendre leur patrimoine, entraînant une baisse de la valeur des actifs. Ce phénomène pourrait également se produire au moment des successions avec une remise sur le marché de biens. De 1982 à 2019, le nombre de décès est passé de 550 000 à 612 000 en France ; il devrait atteindre d’ici une trentaine d’années près de 750 000 par an. Cette évolution de la mortalité aura des incidences sur la structuration du patrimoine et sa concentration. L’âge des héritiers élevé ne favorisera pas son allocation dans des placements risques. De ce fait, le potentiel économique des héritages risque d’être faible. Or, le rééquilibrage de l’économique passe par l’obtention de gains de productivité. Tout le défi actuel est donc de dynamiser l’épargne ce qui est un des objectifs majeurs du nouveau Plan d’Épargne Retraite.


A lire dans le Mensuel du Cercle N° 71 de mars 2020 

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