Interview d’Olivier Arlès, Membre du Comité de Direction Groupe d’AG2R LA MONDIALE, en charge des investissements, des finances et des risques
Je suis effectivement arrivé début janvier au sein du groupe AG2R LA MONDIALE, et ai succédé à David SIMON à la tête de la Direction des Investissements, des Finances et des Risques le 2 avril, après 3 mois d’intégration et de prise de connaissance des différents dossiers.
AG2R LA MONDIALE présente beaucoup de points communs avec les deux autres groupes au sein desquels j’ai assumé des fonctions similaires depuis 2012, la MACIF et le groupe VYV : en particulier, la performance économique n’y est pas une fin en soi, mais un moyen pour être en capacité de réaliser un projet au bénéfice des adhérents et sociétaires ; la recherche systématique de l’intérêt collectif, et l’affirmation de valeurs de solidarité et de responsabilité, sont également des éléments essentiels que j’ai pu retrouver chez AG2R LA MONDIALE, et mon parcours passé, joint à l’excellent accueil que j’ai reçu, m’ont permis de trouver rapidement mes marques et de me sentir « chez moi » au bout de quelques semaines.
La principale nouveauté dans ce nouveau poste est la prédominance des activités d’épargne et de retraite, après avoir évolué dans des environnements centrés autour de l’assurance dommages chez MACIF, puis l’assurance santé chez VYV. Par ailleurs, le fait de rejoindre le premier groupe paritaire de protection sociale est une forme de « retour aux sources », puisqu’il y a près de 20 ans j’avais piloté la Direction technique du groupe MORNAY, et découvert l’univers des branches professionnelles, dont AG2R était déjà à l’époque l’assureur de référence sur le marché français.
Sur le plan financier, ma conviction est que le Groupe dispose de fondamentaux solides, mais avec un niveau de rentabilité encore fragile, dans un environnement de marché extrêmement concurrentiel : le plan d’entreprise Nouvelle Donne a permis à cet égard de donner un nouvel élan, et l’engagement et l’expertise de l’ensemble des équipes que j’ai pu rencontrer sont riches de promesses pour les années à venir.
L’environnement économique et financier est effectivement complexe, mais j’ai le sentiment qu’il l’a toujours été depuis une quinzaine d’années, une crise succédant à une autre, et les assureurs devant s’adapter à des situations inédites, marquées par un niveau élevé de volatilité et d’incertitude.
Après une période de très forte inflation, due notamment à la sortie de la « période COVID » et à l’agression de l’Ukraine par la Russie et à la crise énergétique qui en a découlé, on assiste à une forme de normalisation, avec un taux d’inflation qui devrait se situer autour de 2,5% en 2024, contre environ 5% en 2023.
On observe toutefois la persistance de tensions inflationnistes, aux Etats-Unis où la croissance économique demeure solide et le chômage très faible, mais aussi plus récemment en Europe, avec des statistiques faisant apparaître une remontée de l’inflation sous-jacente, en particulier dans le secteur des services. Pour cette raison, il est probable que la décroissance des taux sera plus lente que ce que les experts prédisaient début 2024 : un premier pas a été effectué par la BCE le 6 juin, mais il faudra sans doute attendre l’automne pour que l’Institution procède à une deuxième baisse, et on peut prévoir des taux courts se maintenant au-dessus de 3% en fin d’année. Du côté des taux longs, il est possible qu’une légère détente se produise, mais on ne reviendra pas de sitôt à la situation qui prévalait il y a quelques années, avec des taux nuls voire négatifs.
Pour un groupe comme AG2R LA MONDIALE, la remontée des taux longs et leur stabilisation au niveau actuel est une bonne nouvelle : en prévoyance, cela permet de placer les primes à un taux plus rémunérateur et d’alléger ainsi les contraintes sur les tarifs, et de reprendre une partie des provisions techniques qui avaient été renforcées lorsque les taux étaient passés en territoire négatif ; en épargne et retraite, cela permet d’inverser le mouvement observé depuis plus de deux décennies, et d’amorcer une relution du rendement de l’actif obligataire, ce qui à terme doit permettre d’augmenter à la fois la rémunération perçue par les épargnants et la création de valeur pour l’assureur.
L’année 2023 a été marquée sur le marché français par une forte baisse de la collecte nette en assurance vie, malgré la hausse des rendements servis au titre de 2022. Il faut toutefois noter que l’encaissement n’a pas fléchi, l’affaissement de la collecte nette étant liée à une hausse des rachats. Cette situation était en partie temporaire, liée à l’inversion de la courbe des taux, qui a incité de nombreux épargnants à placer une partie de leur épargne sur des produits bancaires offrant une rémunération plus attractive à court terme que les supports en euros en assurance vie.
Le début d’année 2024 a vu la poursuite de la progression de la collecte, et un recul des prestations, conduisant au retour d’une collecte nette significativement positive, non seulement sur les unités de compte, mais également sur les supports euros, ce qui n’était plus arrivé depuis plusieurs années. Ce retour en grâce des fonds euros, qui a été favorisé par la nouvelle hausse des rendements servis au titre de 2023, confirme que la normalisation des taux d’intérêt va probablement enclencher un nouveau cycle de croissance pour l’assurance vie française, avec un rééquilibrage entre fonds euros et supports unités de compte.
Dans le cas spécifique d’AG2R LA MONDIALE, une très forte décollecte a été enregistrée en 2023 sur les supports euros, avec à la fois une baisse de l’encaissement et une progression des sorties, ce qui a conduit à renforcer notablement la poche de trésorerie, sans impact sur les produits financiers compte tenu du niveau élevé des taux courts.
En 2024, on observe un retournement spectaculaire, avec un encaissement en forte croissance, et une collecte nette positive de plus d’1 milliard d’euros sur les supports euros. Cela permet à la fois d’accélérer la relution du rendement obligataire, et d’accompagner ainsi la poursuite de la hausse du rendement servi en 2024, et de retrouver une dynamique de croissance des encours (euros et unités de compte), gage de rentabilité à moyen terme pour le Groupe. Et pour aborder ce nouveau cycle dans les meilleures conditions, AG2R LA MONDIALE dispose de 2 atouts importants : une position concurrentielle forte sur les unités de compte, et un stock confortable de provision pour participation aux excédents sur les supports euros (ratio sur encours de 4% fin 2023).
Si l’âge moyen effectif de départ à la retraite est proche de 63 ans en France, un certain nombre d’actifs liquident leurs droits à pension avant cet âge. Le dispositif de carrière longue, ou encore le statut personnel (handicap) ou professionnel permettent, dans un certain nombre de cas, un départ anticipé.
Selon l’enquête AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – CERCLE DE L’ÉPARGNE de 2023, 80 % des Français souhaitent partir à la retraite à 62 ans ou avant. Néanmoins, 17 % des Français souhaitent partir à 64 ans ou après. Ils sont plus nombreux à penser que pour des raisons notamment financières, ils seront amenés à travailler au-delà de l’âge légal. 62 % estiment qu’ils partiront à 64 ans voire au-delà et 28 % considèrent qu’ils partiront effectivement à la retraite à 67 ans ou après. Une large majorité des femmes (69 %) pensent partir à la retraite à 64 ans ou après (55 % des hommes).
La question est, pour un nombre non négligeable de Français, de pouvoir rester en activité au-delà de 64 voire de 67 ans. Contrairement à une idée reçue, l’atteinte de l’âge légal (62 ans et 6 mois pour la génération 1962) n’entraîne pas automatiquement le départ à la retraite. Les règles en la matière diffèrent entre le secteur privé et les fonctions publiques pour lesquelles les bornes d’âge jouent encore le rôle de couperet même si des possibilités de rester en activité existent.
Avant 67 ans, âge de la retraite à taux plein, un employeur ne peut pas mettre son salarié à la retraite. Il a simplement la faculté de le questionner sur ses intentions. L’employeur peut ainsi demander à son salarié, dans les trois mois précédant son 67ᵉ anniversaire, s’il souhaite liquider ses droits à pension. La demande doit être adressée par écrit au salarié. Ce dernier est tenu de répondre dans le mois qui suit.
En cas de refus, l’employeur doit conserver son salarié sauf à engager un licenciement. Il peut chaque année réitérer sa demande jusqu’aux 70 ans du salarié.
À partir de cet âge, l’employeur peut mettre d’office son salarié à la retraite mais cela n’est pas une obligation. Dans le cas d’une retraite d’office, la date de départ est fixée en tenant compte du même délai de préavis que pour un licenciement. Fixé à deux mois par défaut, il peut cependant varier selon les conventions collectives ou accords d’entreprise.
Comme dans le cadre d’un licenciement, un employeur doit demander l’autorisation de l’inspection du travail pour mettre à la retraite un salarié protégé (délégué syndical, représentant du personnel), même s’il est âgé de 70 ans ou plus.
Dans les fonctions publiques, le terme de mise à la retraite d’office n’a pas la même signification que dans le privé. Il fait référence à une situation dans laquelle un fonctionnaire est déclaré comme invalide du fait d’une incapacité à exercer son emploi.
L’âge de fin d’activité du fait de la retraite dépend du statut du fonctionnaire, selon qu’il appartienne à la catégorie sédentaire ou à la catégorie active de la fonction publique.
Pour les fonctionnaires de catégorie sédentaire, l’âge limite d’activité est fixé à 67 ans. La radiation des cadres est prononcée le lendemain du jour du 67e anniversaire. Néanmoins, dans certains cas – après autorisation – le fonctionnaire peut continuer à travailler au-delà de 67 ans et cela jusqu’à 70 ans. Le refus éventuel de l’administration doit alors être motivé. La demande de poursuite d’activité au-delà de 67 ans est accordée si le fonctionnaire concerné a au moins un enfant à charge. Il peut continuer une année supplémentaire par enfant à charge sans que la prolongation d’activité ne puisse dépasser 3 ans au total.
Le fonctionnaire ayant eu au moins 3 enfants vivants à 50 ans peut également travailler une année de plus. Ce report de la limite d’âge peut être cumulé au précédent.
Le fonctionnaire ne disposant pas d’une carrière complète (condition nécessaire à l’attribution d’une pension égale à 75 % de son traitement indiciaire brut), peut également demander le report de sa fin d’activité. Cependant, cette prolongation d’activité n’est pas accordée automatiquement. Le service concerné doit avoir intérêt à ce maintien et le fonctionnaire doit être considéré comme apte physiquement à continuer à travailler.
Le report est autorisé jusqu’à l’obtention du nombre de trimestres nécessaire pour bénéficier d’une retraite au taux maximum ou pendant 10 trimestres maximum (2 ans et demi).
Pour le fonctionnaire de catégorie active, la limite d’âge varie selon la nature de l’emploi occupé.
Limite d’âge selon l’emploi occupé
| Type d’emploi | Limite d’âge |
|---|---|
| Identificateur de l’institut médico-légal de la préfecture de police de Paris | 62 ans |
| Fonctionnaire des réseaux souterrains des égouts | 62 ans |
| Personnel de surveillance de l’administration pénitentiaire | 57 ans |
| Fonctionnaire des services actifs de la police nationale | 57 ans |
| Contrôleur aérien | 59 ans |
| Autres emplois de catégorie active | 62 ans |
Pour les agents actifs de la fonction publique, la radiation des cadres est prononcée le lendemain du jour du 57e, 59e ou 62e anniversaire.
Toutefois, dans certains cas, des autorisations de continuer à travailler au-delà de la limite d’âge sont possibles sauf dans le cas des contrôleurs aériens.
Les autorisations de maintien dans les effectifs concernent les fonctionnaires ayant des enfants à charge, ayant eu trois enfants vivants à 50 ans ou ayant eu au moins un enfant mort pour la France.
Intervention de Philippe Crevel devant l’Assemblée Générale Outre-Mer AG2R LA MONDIALE du 15 mai 2024 à Paris
Depuis une quinzaine d’années, les crises se succèdent à un rythme relativement rapide. Certes, il y a toujours tendance à dramatiser les temps présents et à relativiser les souffrances passées. Néanmoins, depuis 2008, nous avons été confrontés à la crise des subprimes, à celle des dettes souveraines, à l’épidémie de covid, à la guerre en Ukraine et à une vague inflationniste d’une ampleur sans précédent depuis quarante ans. La France et tout particulièrement les collectivités d’Outre-Mer ont été exposées à ces différents chocs. Ces dernières ont été durement éprouvées par la crise sanitaire qui a provoqué la désorganisation des circuits de distribution. Les populations ressentent d’autant plus durement la hausse des prix que leur niveau est naturellement plus élevé que dans l’hexagone.
Par ailleurs, certains territoires doivent faire face à des crises spécifiques : Nickel et suite des référendums en Nouvelle-Calédonie, crise migratoire à Mayotte, tensions sociales récurrentes en Guadeloupe… Les questions institutionnelles reviennent également sur le devant de la scène avec des revendications d’autonomie accrue voire d’indépendance. Ce débat intervient au moment où le gouvernement prévoit d’accorder un statut d’autonomie à la Corse avec un possible transfert de compétences législatives. Au-delà de ces problématiques, de nombreux territoires d’Outre-mer sont concernés par un vieillissement rapide de leur population, vieillissement aux conséquences sociales et économiques nombreuses. Les DROM et les COM apparaissent mal préparés à cette mutation de grande ampleur du fait de la permanence de certaines fragilités sociales.
De plus en plus de jeunes et en particulier de jeunes femmes passent, selon le service statistique du Ministère de la Santé (DREES), à l’acte en matière de suicide. Entre 2015 et 2019, le taux d’hospitalisation pour geste auto-infligé (suicides, tentatives de suicide ou auto-agressions) progresse de façon brutale et inédite. Après l’interruption de 2020, la hausse des cas d’hospitalisation reprend en 2021. En 2022, les niveaux atteints se stabilisent par rapport à 2021 chez les 10-14 ans et poursuivent leur augmentation de façon moins marquée chez les 15-24 ans.
Depuis la fin 2020, le nombre de jeunes femmes âgées de 10 à 24 ans hospitalisées pour tentatives de suicide a fortement augmenté quand la part des patients (hommes comme femmes) âgés de 30 à 55 ans diminue. De ce double mouvement découle une stabilité apparente des taux d’hospitalisation pour ce type de gestes. Les données de la psychiatrie montrent également une très forte augmentation des hospitalisations pour ces motifs chez les adolescentes et les jeunes femmes. La hausse brutale des hospitalisations chez les adolescentes et les jeunes femmes depuis 2020 concerne tout le territoire, les différents niveaux socio-économiques, mais aussi tous les modes opératoires et niveaux de gravité.
Seulement une tentative de suicide sur deux ferait l’objet d’une hospitalisation. Dans le Baromètre Santé 2021 de Santé publique France, 6,8 % des 18-85 ans déclarent avoir fait une tentative de suicide au cours de leur vie et 58 % d’entre eux se sont rendus à l’hôpital à la suite de cet acte (dont 89 % ont conduit à une hospitalisation).
En 2022, 84 527 patients, dont 64 % de femmes, ont été hospitalisés au moins une fois pour un geste auto-infligé. Rapporté à la population française, cela correspond, en 2022, à un taux de 124 patients pour 100 000 habitants, un chiffre bien plus important chez les femmes (154) que chez les hommes (93).
Les personnes bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire représentent un quart des patients hospitalisés avec un geste auto-infligé, contre 11 % de l’ensemble des personnes ayant consommé des soins en 2022. En revanche, les bénéficiaires de l’aide médicale de l’État (AME) ne représentent que 0,3 % des patients hospitalisés pour ce motif, contre 0,6 % parmi les personnes ayant consommé des soins en 2022. Selon les classes d’âge, les 20 % des habitants résidant dans les communes les plus défavorisées sont 1,2 à 2,2 fois plus nombreux à avoir été hospitalisés pour geste auto-infligé que les 20 % résidant dans les communes les plus favorisées. Entre 2015-2017, trois fois plus d’hospitalisations pour ce type de geste ont été observées chez les 25 % des personnes les plus défavorisées financièrement que chez les 25 % les plus aisées. Cette surreprésentation des plus modestes était constatée à tous les âges.
La proportion de gestes auto-infligés est plus élevée en Bretagne, sur le littoral ouest et dans les Hauts-de-France. Elle est plus faible au sud de la Garonne, sur le littoral méditerranéen, dans le bassin parisien et les départements d’outre-mer ou la Corse. Ces différences sont influencées par la religiosité, les structures familiales, l’emploi ou encore l’accès aux soins psychologiques.
Le nombre de patients hospitalisés pour geste auto-infligé progresse en psychiatrie mais reste stable dans les services Médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) des hôpitaux. Les taux annuels de patients hospitalisés à la suite d’un geste auto-infligé varient selon l’âge et le sexe. En 2022, en MCO, ils vont de 33 patients pour 100 000 habitants parmi les garçons de 10 à 14 ans à 527 pour 100 000 chez les femmes de 15 à 19 ans, avec un pic à 689 pour 100 000 chez les filles de 15 ans. En psychiatrie, ces taux sont inférieurs, mais la variation est également forte, 3 patients pour 100 000 habitants parmi les garçons de 10 à 14 ans à 116 pour 100 000 chez les femmes de 15 à 19 ans. Les taux moyens d’hospitalisation pour geste auto-infligé, en 2021 et 2022 augmentent rapidement par rapport à la moyenne de 2010 à 2019 : +71 % chez les filles de 10 à 14 ans en MCO et +246 % en psychiatrie. La progression est de +44 % pour les adolescentes de 15 à 19 ans en MCO et +163 % en psychiatrie. Elle est de +21 % chez les femmes de 20 à 24 ans en MCO et de +106 % en psychiatrie.
Au cours de la période considérée (2007 à 2022), c’est entre 2009 et 2011 que le nombre de patients hospitalisés pour geste auto-infligé a été le plus élevé, chez les femmes comme chez les hommes, avant de baisser en 2012 et 2013. Entre 2013 et 2019, cette patientèle totale est restée relativement stable, autour de 52 000 femmes et 33 000 hommes par an. En 2020, en raison du covid, ces effectifs baissent en 2020 de 8 % chez les hommes et de 11 % chez les femmes par rapport à la moyenne des sept années précédentes. À partir de 2021, les tendances diffèrent selon le sexe, avec une remontée chez les femmes à des niveaux supérieurs à ceux d’avant la crise sanitaire, quand le nombre de patients masculins se maintient au niveau de 2020.
La crise sanitaire pourrait avoir accéléré des tendances préexistantes, particulièrement en psychiatrie. Dans ce secteur de soins, le taux d’hospitalisation pour geste auto-infligé de la patientèle féminine âgée de 10 à 19 ans double entre 2012 et 2020 puis double de nouveau entre 2020 et 2022. Ces hausses inédites chez les adolescentes et les jeunes femmes contrastent avec la stabilité ou la baisse des patientèles issues des autres catégories d’âge et de sexe. Les données en provenance de l’Union européenne soulignent la tendance à la baisse des tentatives de suicide et des suicides chez les 30 ans ou plus au cours de la période 2010-2019. À partir de 2021, les hausses des hospitalisations d’adolescentes et de jeunes femmes concernent tous les grands groupes de mode opératoire. Les auto-intoxications médicamenteuses volontaires (IMV) constituent, depuis 2014, près des trois quarts des causes de ces hospitalisations et augmentent de 40 % en 2021 et 2022 par rapport à la moyenne des années 2015 à 2019. Les lésions obtenues avec un objet tranchant (incluant les scarifications, non suicidaires) progressent de 64 %. Les gestes violents croissent, quant à eux, de 36 %.
En France comme en Europe, les suicides des seniors sont moins souvent détectés, et donc sous-estimés. En revanche, pour les plus de 65 ans, les tentatives de suicide aboutissent plus fortement au décès de la personne que pour les autres classes d’âge. En France, 5,8 % des hospitalisations pour geste auto-infligé finissent avec le décès du patient chez les 65 ans ou plus, contre 1,8 % chez les 50-64 ans et moins de 0,2 % chez les 10-19 ans).
La santé mentale des filles et des femmes se serait davantage dégradée que celle des garçons et des hommes du même âge. Selon les enquêtes épidémiologiques, une hausse des syndromes dépressifs chez les 15-24 ans concerne essentiellement les femmes. Sur le plan psychologique, elles auraient été nettement plus affectées par les évolutions culturelles et sociétales. Chez les hommes, les problèmes existentiels prennent la forme d’addictions (alcools, drogues), comportements violents ou à risque. Le nombre de patients masculins hospitalisés en raison de l’utilisation de substances psychoactives (avec ou sans addiction) ou d’intoxications alcooliques a néanmoins diminué entre 2012 et 2022, tout particulièrement chez les 15-30 ans et les 40-55 ans. Il progresse en revanche chez les 65 ans. Les jeunes fument moins que leurs aînés et la consommation d’alcool régresse. Le nombre d’accidents de voiture est également en retrait depuis une vingtaine d’années. En revanche, les données de police et de gendarmerie sur les coups et blessures volontaires et les violences sexuelles montrent une progression du nombre de mis en cause masculins au cours de la période de 2016 à 2021. Cette hausse est également liée à une meilleure prise en compte de ces agressions par les forces de police. L’augmentation des délais de prescription et la priorisation de la thématique sont également des phénomènes pouvant affecter le nombre de victimes enregistrées par les services.
D’ici cet été, un décret augmentera les cotisations des micro-entrepreneurs afin d’accéder à la retraite complémentaire. Une augmentation du taux de cotisation sur trois ans est prévue pour les micro-entrepreneurs exerçant une activité libérale et affiliés au régime général de la Sécurité sociale. Sont notamment concernées les personnes qui ont une activité de conseil, de développement informatique, de marketing ou qui sont guides touristiques ou traducteurs. Le taux de cotisation de 21 % aujourd’hui à un peu plus de 23 % en juillet pour atteindre un peu plus de 26 % en janvier 2026. 600 000 personnes relevant du régime de la microentreprise, en activité et affiliées au régime général, sont concernées Cette hausse de cotisations fait suite à une décision du Conseil d’État rendue en début d’année. Elle a annulé le taux de cotisations des autoentrepreneurs concernés au motif qu’il ne leur permettait pas d’acquérir des droits en matière de retraite complémentaire.
Les autoentrepreneurs qui ne sont pas affiliés au régime général de la Sécurité sociale mais à la Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance vieillesse (CIPAV), la principale caisse de retraite des professions libérales, subiront également une hausse de leur taux de cotisations. Ces entrepreneurs acquittaient déjà des cotisations pour la retraite complémentaire mais leur système de cotisations devait sera ainsi aligné avec celui des autres indépendants. Pour ces quelque 200 000 à 250 000 autoentrepreneurs affiliés à la Cipav, le taux de cotisation augmente de 2 points, d’un peu plus de 21 % à 23 % à partir de cet été.
Depuis plusieurs années, des voix se font entendre pour dénoncer la précarité sociale des micro-autoentrepreneurs. Ce statut créé il y a 15 ans par Hervé Novelli pour faciliter les créations d’entreprises est associé à un système de protection sociale simplifié. L’essor des micro-entrepreneurs avec le développement des services à la personne impose d’améliorer la couverture sociale.
La France a longtemps bénéficié d’un taux de fécondité honorable évoluant entre 1,8 et 2,1 avant de connaître une érosion de ce dernier. L’accueil d’immigrés et l’arrivée tardive d’enfants pour les générations des années 1975-1985 ont contribué à un léger ressaut de la fécondité.
La baisse de la fécondité n’est pas sans incidence sur les équilibres à long terme des régimes de retraite en réduisant la croissance potentielle et en dégradant le ratio actifs/inactifs. La baisse de la fécondité peut être compensée par une augmentation du solde migratoire. L’équilibre des retraites dépend, par ailleurs, de l’espérance de vie à la retraite et du ratio démographique actifs/retraités. Les évolutions en cours peuvent avoir des effets contradictoires et pourraient amener, à terme, le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) à réviser ses hypothèses démographiques.
La baisse de la fécondité s’explique par la baisse de la population féminine âgée de 20 à 40 ans. Cette population diminue depuis le milieu des années 1990. Entre 1995 et 2023, le nombre de femmes appartenant à cette tranche d’âge a reculé de 8,5 %. Pendant un temps, l’augmentation des grossesses tardives a compensé cette diminution, mais ce phénomène a atteint ses limites.
L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) donne le nombre moyen d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie si les taux de fécondité observés à chaque âge, l’année considérée, demeuraient inchangés. Cet indicateur a crû presque continûment entre 1995 et 2007, en lien avec le report des naissances et d’un désir accru d’enfants au passage de siècle. Après une relative stabilité, l’ICF a baissé à partir de 2014, passant de 2,0 enfants par femme en 2014 (après un pic à 2,03 en 2010) à 1,68 en 2023. En 2022, l’ICF était encore de 1,79. Le niveau de 2023 est comparable à celui des années 1993-1994.
Depuis le milieu des années 1990, la fécondité des femmes les plus jeunes (15-29 ans) baisse en France alors que celle des femmes âgées de 30 à 44 ans progresse, marquant ainsi un recul de l’âge de la maternité. L’âge moyen des femmes à l’accouchement était de 28,8 ans en 1994 et s’établit à 31 ans en 2023. En 2023, le taux de fécondité baisse pour les femmes de toutes les classes d’âge. Cette baisse s’expliquerait par un recul du désir d’enfants selon l’indicateur présenté par l’Union nationale des associations familiales (Unaf) et calculé par Verian (ex Kantar public). Les deux facteurs mis en avant par les ménages pour expliquer leur moindre propension à avoir des enfants sont l’inquiétude sur l’évolution du monde dans lequel leurs enfants vivront et le coût pour les élever.
Il convient de souligner qu’en 2022, le nombre d’interruption volontaire de grossesse (IVG) a atteint un niveau inconnu depuis 1990 (16,2 IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans). L’allongement de deux semaines du délai légal de recours ne suffit pas à expliquer cette augmentation car les IVG les plus tardives représentent moins d’un cinquième du surplus observé par rapport à l’année 2021. Ce sont les jeunes femmes de 20 à 29 qui ont contribué à la forte hausse des IVG en 2022.
Jusqu’à maintenant, le COR retenait un taux de fécondité de 1,8 pour son scénario central avec une variante basse d’ICF à 1,6 et une hypothèse haute à 2,0, légèrement en deçà du seuil de renouvellement des générations. L’indice de 2023 pose donc la question de l’éventuelle révision des hypothèses démographiques. Les projections démographiques reposent sur l’hypothèse d’un âge moyen à la maternité qui continuerait d’augmenter jusqu’à 33 ans avant de se stabiliser en 2052. Avant de modifier ses hypothèses, le COR attend les travaux d’analyse des évolutions récentes de la fécondité menés par l’INSEE.
Pour se rassurer, le COR met en avant, à juste titre, que la France fait toujours partie des pays suivis par le COR où la fécondité est la plus forte. En 2021, la France devançait la République tchèque (ICF de 1,83), suivie par la Roumanie (1,81). L’Allemagne était en position intermédiaire avec un ICF de 1,58, contre 1,53 pour l’ensemble de l’UE27. À titre de comparaison, les États-Unis enregistraient, en 2021, un ICF de 1,66 enfant par femme. Trois des pays suivis par la COR avaient un ICF inférieur ou égal à 1,3 : le Japon, l’Espagne et l’Italie.
Le recul de la fécondité observé en 2023 est-il spécifique à la France ? Il intervient après des années marquées par l’épidémie de covid. Cette dernière a eu des conséquences psychologiques importantes sur les populations comme en témoigne la hausse du nombre de tentatives de suicide. La comparaison, mois par mois, du nombre de naissances, chaque année entre 2019 et 2023, dans les pays étudiés par le COR, met en évidence que dans tous, le nombre de naissances mensuelles est plus bas, en 2023 par rapport aux autres années.
Dans la plupart des pays, le nombre de naissances mensuelles avait connu une hausse significative en 2021 à la sortie de la crise Covid avant de baisser significativement en 2023. La France fait néanmoins partie des pays où le recul du nombre de naissances, en 2023, est le plus fort, avec une moyenne de 10 points en deçà du niveau du nombre de naissances enregistré chaque mois en 2009.
Le solde migratoire observé au cours des 25 dernières années était en moyenne de 82 000 personnes par an. Ce solde connaît de fortes fluctuations et est empreint de nombreuses incertitudes concernant son évolution voire de son mode de calcul. L’INSEE a évalué à 183 000 le nombre d’entrées nettes pour les années 2021 à 2023, en reproduisant celles retenues pour les années 2018-2021. En 2020, dernière année observée, le solde migratoire s’élevait à 223 000, bien au-delà de l’hypothèse centrale des projections démographiques du COR (+70 000). La variante hausse avait été fixée à +120 000) et la variante basse à 20 000. En l’état, le COR maintient, pour 2024, son scénario et n’a prévu de le réviser qu’en 2025, en fonction des résultats de 2021.
L’espérance de vie à 65 ans a augmenté, de 1950 à 2022, de 8,5 ans pour les femmes et de 7 ans pour les hommes. En se référant à la période récente, après avoir baissé en 2015, en raison de conditions épidémiologiques et météorologiques peu favorables, l’espérance de vie à 65 ans a progressé de nouveau entre 2015 et 2019, mais de façon ralentie par rapport aux précédentes décennies. Avant 2014, l’espérance de vie à 65 ans progressait de 1,5 an à 2 ans par décennie.
Entre 2014 et 2019, le rythme des gains d’espérance de vie à 65 ans évolue entre 0,7 an et 1 an par décennie chez les femmes et entre 1,2 an et 1,4 an par décennie chez les hommes. En 2023, l’espérance de vie à 65 ans est de 23,6 ans pour les femmes et de 19,8 ans pour les hommes. Elle dépasse, désormais, de 0,2 an son niveau de 2019 pour les femmes et pour les hommes. D’après le scénario central des projections démographiques 2021-2120, l’espérance de vie à 65 ans atteindrait 28,2 ans pour les femmes et 26,6 ans pour les hommes à l’horizon 2090.
Compte tenu de l’évolution de la natalité, du solde migratoire et de l’espérance de vie, la baisse du rapport démographique des 20-64 ans sur les 65 ans et plus s’est accélérée à partir de 2009, année où il est compté 3,6 personnes de 20 à 64 ans par personne de 65 ans et plus (2,6 en 2024 selon les données provisoires). Le phénomène se poursuivrait jusque vers le milieu des années 2030 en raison de l’arrivée à l’âge de 65 ans des générations du baby-boom.
Au-delà, le rapport démographique continuerait à baisser mais à un rythme moindre. Il se stabiliserait en fin de période de projection. En 2090, il y aurait, environ, 1,54 personne de 20-64 ans par personne de 65 ans et plus d’après le scénario central. Ce taux serait un peu plus élevé par rapport aux hypothèses retenues par le COR (de 0,09 point) en retenant l’hypothèse haute de solde migratoire et au contraire plus basse (de 0,18 point) en cas d’hypothèse basse de fécondité.
En conservant le scénario central de mortalité et en combinant les hypothèses de fécondité basse et de solde migratoire haut, le ratio du nombre de personnes de 20-64 ans et 65 ans et plus atteindrait 1,45, soit 0,09 point en dessous du ratio atteint dans le scénario central.
L’augmentation de la population immigrée a un effet positif immédiat sur l’équilibre des régimes de retraite tout comme, de manière plus marginale, de la moindre progression de l’espérance de vie à la retraite. La baisse du taux de fécondité aura des effets à long terme, en réduisant le nombre d’actifs et de femmes pouvant avoir des enfants. Le COR semble avoir opté pour la prudence en ne modifiant pas ses hypothèses démographiques de fond en comble en vue de la publication de son rapport annuel 2024.
A quelques jours de la publication du rapport annuel du COR, les points saillants des travaux à paraître ont été diffusés dans la presse. Dans un contexte économique dégradé, le retour à l’équilibre espéré par la réforme adoptée en 2023 semble s’éloigner.
Après un léger excédent en 2023 (+0,1 % du PIB), les régimes de retraite devraient être à nouveau déficitaires en 2024. Le solde des ressources et des dépenses de retraites, tous régimes confondus, est ainsi estimé à -0,2 % du PIB pour 2024, soit 5,8 milliards d’euros.
A horizon 2030, le déficit se creuserait davantage qu’envisagé par les membres du COR un an plus tôt. Le déficit estimé du système de retraite est de 14 milliards d’euros à horizon 2030. Il représenterait ainsi 0,4 % du PIB contre un taux de -0,2 % envisagé en 2023.
Le ralentissement économique et la situation des comptes publiques sont mis en avant par le COR pour expliquer les difficultés à venir. Le déficit budgétaire confirmé à 5,5 % du PIB en 2023, et les projections économiques pour 2024 moins favorables qu’envisagées (le gouvernement ayant corrigé ses prévisions de déficit pour 2024, tablant à présent sur un déficit de 5,1 % de PIB en 2024 contre -4,4 % initialement prévu).
Si les régimes devront compter sur des recettes moins élevées que prévu, ils seront, en revanche, contraints d’assumer les revalorisations des pensions de bases et des régimes complémentaires entrées en vigueur au 1er janvier 2024 (+5,3 %pour les régimes de base) et au 1er novembre 2023 pour les complémentaires (+4,9 %).
Le poids des dépenses de retraites, devrait s’élever à 13,7 % du PIB en 2030, contre 13,5 % envisagés en 2023.
Pour 2070, l’organisme présidé par Gilbert Cette, n’est guère plus optimiste. Le poids des retraites, serait de 13,2 % du PIB contre 13 % estimé en 2023. Selon l’hypothèse économique retenue, le déficit serait au mieux de 0,2 % de PIB et pourrait atteindre jusqu’à 2,1 % de PIB, si les gains de productivité demeurent faibles (+0,4 %).
Les écarts constatés avec les projections présentées les années passées tiennent principalement au fait que le COR a utilisé scénarios de croissance de la productivité du travail, moins optimistes que les années précédentes. Il s’appuie désormais sur des hypothèses de croissance de long terme entre +0,4 % et +1,3 %, contre de +0,7 % à +1,6 % auparavant.
Dans le cadre du scénario de référence, établi par le COR, reposant avec une hypothèse de croissance annuelle de la productivité horaire du travail de 1 %, un taux de chômage de 5 % et un taux de fécondité de 1,8 enfant par femme, le déficit serait de 0,8 % de PIB à horizon 2070.
Le COR juge le recul des gains de productivité, mesurés à 0,4 % sur ces dix dernières années, préoccupant. La chute des naissances intervenue ces dernières années constitue également un facteur aggravant pour la soutenabilité des régimes. De fait, l’indice conjoncturel de fécondité en 2023 n’est plus que de 1,68 après 1,79 en 2022, quand dans le scénario central, un taux de 1,8 est retenu. Si cette baisse venait à être confirmée, elle conduirait à accroître le déséquilibre du système de retraite.
Le COR devrait révéler la persistance des déficit sur longue période pour les régimes de base des salariés du privé et pour le fonds de solidarité destiné à financer le minimum vieillesse. Il semblerait que les comptes de la caisse de retraite des agents hospitaliers et des fonctionnaires territoriaux (Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL), soient encore plus dégradés.
A l’opposé, le régime complémentaire Agirc-Arrco qui couvre les salariés du privé ne serait pas dans la même situation. Les mesures prises par les partenaires sociaux ces dernières années, avec notamment l’instauration du bonus/malus ont permis la constitution d’importantes réserves, réserves renforcées, ces dernières années, par les excédents enregistrés en 2022 et en 2023 (respectivement 5,6 milliards et 4,3 milliards).
Le COR, dans ses travaux, semble juger nécessaire de soutenir le taux d’emploi et d’activité. La réforme entrée en vigueur le 1er septembre 2023, en décidant le report de 2 ans de l’âge de départ à la retraite espère y contribuer. Une autre réforme sera-t-elle pour autant inévitable ? Les Français, interrogés dans le cadre de l’enquête 2023 AG2R LA MONDIALE- AMPHITEA – CERCLE DE L’EPARGNE (avant même l’adoption de la réforme) semblaient s’y résigner. 75 % mentionnaient que l’âge légal pourrait être de 65 ans voire plus dans les prochaines années.
Fin 2023, le patrimoine des ménages a atteint, selon la Banque de France, 6 185,5 milliards d’euros, contre 5 848,3 milliards d’euros en 2022. Cette augmentation est imputable aux flux de placements financiers (+109,5 milliards d’euros) et à l’appréciation des actifs (+227,8 milliards d’euros). En 2022, les flux de placements étaient plus importants (+166 milliards d’euros), mais la valeur des actifs avait reculé en lien avec les résultats des marchés « actions » (-310,5 milliards d’euros). Les flux nets d’épargne en 2023 ont été de 109 milliards d’euros, en recul par rapport à 2022 (166 milliards d’euros). Les flux nets retrouvent quasiment leur niveau d’avant pandémie (111 milliards en 2018 et 100 milliards en 2019).
Les flux bruts d’épargne demeurent élevés, 315 milliards d’euros en 2023, contre 291,7 milliards d’euros en 2022. Les ménages ont investi pour 173,7 milliards d’euros, essentiellement dans l’immobilier. La baisse avec 2022 est faible (62,7 milliards d’euros). Ils ont eu recours à des apports personnels plus importants pour investir, afin d’être moins exposés à la hausse des taux. Les ménages ont réduit, en effet, en 2023, leur recours à l’endettement. Les flux d’endettement n’ont été que de 21,2 milliards d’euros contre 83,2 milliards d’euros en 2022. Pour le seul quatrième trimestre 2023, le flux d’endettement a été de 1,6 milliard d’euros quand la moyenne trimestrielle entre 2013 et 2023 est de 13,3 milliards d’euros.
Le patrimoine financier des ménages est composé de 3 736,3 milliards d’euros de produits de taux et de 2 379,6 milliards d’euros de produits de fonds propres.
L’encours des produits de taux est en hausse en raison du succès de l’épargne réglementée. Les flux nets sur un an au 4e trimestre 2023 ont été 74,2 milliards d’euros contre 77,7 milliards d’euros au troisième trimestre. Les flux ont été négatifs pour le numéraire et les dépôts à vue, en 2023, de 48,4 milliards d’euros. À fin 2023, l’encours du numéraire et des dépôts à vue s’élevait à 751 milliards d’euros. Les ménages ont réduit les liquidités placées sur leurs dépôts à vue pour les réaffecter essentiellement sur les produits d’épargne réglementée. Les flux de l’épargne réglementée ont atteint, sur un an, au quatrième trimestre 2023, 61,4 milliards d’euros, contre 63,7 milliards d’euros en troisième trimestre. Au 4e trimestre 2023, l’encours de l’épargne réglementée a atteint 935,5 milliards d’euros.
Les flux en faveur des contrats à terme et des livrets bancaires demeurent positifs en 2023 (+42,2 milliards d’euros au 4e trimestre sur un an, contre 40,9 milliards d’euros au troisième trimestre). Ce résultat est imputable à la croissance des contrats à terme qui bénéficient de taux attractifs supérieurs à 3 % en lien avec la hausse des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne.
Les flux au profit des fonds euros de l’assurance vie et de l’épargne retraite ont été faibles, +3,6 milliards d’euros sur un an au 4e trimestre 2023. Ce résultat positif est à mettre au crédit de l’épargne retraite, les fonds euros de l’assurance vie étant en décollecte. L’encours des fonds euros de l’assurance vie et de l’épargne s’élevait au 4e trimestre 2023 à 1 482,7 milliards d’euros.
Les flux nets en faveur des produits de fonds propre ont été, sur un an, au 4e trimestre 2023, de 37,5 milliards d’euros, contre 52,6 milliards d’euros au 3e trimestre. Les unités de compte de l’assurance vie et des produits d’épargne retraite ont enregistré sur un an au 4e trimestre 2023 un flux net de 26,7 milliards d’euros, contre 31,6 milliards d’euros sur un an au 3e trimestre 2023. Les flux en faveur des actions cotées ont, en 2023, été négatifs de 12,1 milliards d’euros sur un an au 4e trimestre.
Le taux d’épargne des ménages reste en France supérieur à son niveau d’avant crise sanitaire. Selon la Banque de France, il s’est élevé au 4e trimestre 2023 à 17,5 % du revenu disponible brut en France, contre 15,2 % au 4e trimestre 2019. Les ménages allemands sont ceux qui épargnent le plus en Europe (20,4 %), quand ceux d’Italie ne mettent que 9 % de leurs revenus de côté.
Selon la Banque de France, les premières données du premier trimestre 2024 soulignent une poursuite du mouvement de décollecte sur les dépôts à vue (-10 milliards après -16,3 milliards au T4), un flux faiblement positif sur l’épargne réglementée, et un net rebond de l’assurance vie en UC (+12,5 milliards).
Philippe Crevel était l’invité d’ Europe Matin ce 7 juin de Victor Pourcher pour commenter la baisse des taux directeurs décidée par la BCE.
Dans cet article consacré à l’effet de la baisse des taux directeurs sur le marché de l’immobilier, Le journal Les Echos cite le Directeur du Cercle de l’Epargne qui évoquait dans une récente analyse la possibilité que la baisse amorcée des taux proposés aux emprunteurs se poursuive.
Dans les colonnes du Figaro, Philippe Crevel explique qu’ «en période d’inflation, le réflexe est de maintenir la valeur de son patrimoine. Les Français préfèrent réduire leur consommation que de puiser dans leur épargne, car ils anticipent les hausses de prix à venir. Cela témoigne de la persistance d’un fort niveau d’inquiétude».
Quel sera le taux du LEP à compter du 1er août prochain ? Interrogé sur ce point, le Directeur du Cercle de l’Epargne rappelle qu’« aujourd’hui, si on prend l’inflation des six derniers mois, on est aux alentours de 3,3 % de taux d’inflation » aussi la rémunération du produit pourrait passer sous la barre des 3,5 % en août. Il rappelle néanmoins que « Le gouvernement peut […] ne pas suivre la formule, notamment s’il estime que la baisse est trop importante ».
Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne
Du 27 juillet 2022 au 20 septembre 2023, à dix reprises, la Banque Centrale Européenne a relevé ses taux directeurs, les portant de -0,5/0,75 à 4/4,75 %. Cette hausse a été réalisée afin d’endiguer la vague inflationniste générée par la crise sanitaire et par la guerre en Ukraine. Le taux d’inflation en rythme annuel était passé, en zone euro, de 0,9 %, au mois de janvier 2021, à 10,6 % au mois d’octobre 2022. Au mois de mai, le taux d’inflation était revenu à 2,6 % et l’inflation sous-jacente à 2,9 %. Malgré un léger regain d’inflation au mois de mai, ce dernier ne devrait pas conduire à un report de la décision de la baisse des taux directeurs. La Banque Centrale Européenne devrait, en revanche, procéder à une baisse modérée ses taux (-0,25 à -0,5 point).
La baisse des taux directeurs a été largement anticipée par les investisseurs et par les établissements financiers.
Les taux des crédits immobiliers sont orientés, depuis plusieurs mois, à la baisse. Les taux des nouveaux crédits à l’habitat pour les ménages sont passés de 4,2 à 3,9 % du mois de janvier à mars (source Banque de France). Le taux moyen du marché des crédits à 10 ans est passé, du 31 décembre 2023 au 31 mai 2024, de 3,9 à 3,65 % (source Empruntis).
Dans les prochains mois, en fonction des annonces du Comité de politique monétaire de la BCE, ce mouvement de baisse devrait se poursuivre. Avec des taux directeurs pouvant revenir dans la fourchette 3,25/4 %, les taux de crédits pourraient revenir autour de 3,2 % (3 % pour les crédits à 10 ans).
Cette baisse des taux de crédits devrait favoriser une reprise du marché immobilier au cours du second semestre, avec une augmentation du nombre de transactions et une stabilisation des prix.
Pour les entreprises, cette baisse des taux est également une bonne nouvelle. Elle pourrait les inciter à accroître leur effort d’investissement.
La baisse des taux d’intérêt n’aura pas de conséquence sur la rémunération du Livret A et du Livret de Développement et Solidaire, bloquée à 3 % jusqu’au 1er février 2025.
Le taux du Livret d’Épargne Populaire (LEP) est, en revanche, amené à baisser, non pas en raison des taux d’intérêt mais de l’inflation. Le taux du LEP est le taux plus élevé entre celui de l’inflation des six derniers mois et celui du Livret A majoré de 0,5 point. Compte tenu de la baisse de l’inflation, c’est ce second taux qui pourrait s’appliquer, sachant que le gouvernement peut en retenir un autre. L’application de la formule pourrait conduire à passer le taux du LEP de 5 à 3,5 %. Le gouvernement pourrait choisir un taux intermédiaire, de 3,75 ou 4 %. Il convient de souligner que le LEP a renoué avec une collecte nette négative en avril (-270 millions d’euros).
Pour les produits d’épargne réagissant directement aux fluctuations des taux des marchés monétaires, comme les contrats à terme ou les SICAV monétaires, leur rémunération s’est stabilisée au cours du premier trimestre 2024. Elle est en baisse légère depuis. Avec la diminution des taux directeurs, le taux des contrats à terme de moins de deux ans devrait passer de 3,8 % à 3 %, entre mars et décembre 2024. La collecte des dépôts à terme est en baisse depuis le début de l’année, après avoir battu des records en 2023. La rémunération des livrets bancaires ordinaires, qui est restée faible depuis deux ans, autour de 0,9 %, ne devrait pas évoluer fortement.
L’assurance vie devrait être le placement gagnant de la baisse des taux directeurs. Les fonds euros de l’assurance vie dépendent davantage des taux longs, ceux pratiqués notamment pour les obligations d’État, que des taux des marchés monétaires. Dans les années 2010, les taux longs avaient baissé, en raison des politiques de rachats d’obligations menées par les banques centrales. Celles-ci n’ayant pas l’intention de procéder à de tels rachats, la hiérarchie des taux devrait être mieux respectée. En outre, les besoins de financement, en particulier ceux des États, étant importants, les taux longs devraient rester soutenus. Avec la baisse de l’inflation, les ménages devraient réorienter une partie de leur épargne de précaution vers des placements de long terme.
Depuis 2020, ils ont privilégié les placements liquides, par crainte de l’avenir. La hausse du taux du Livret A, à partir de 2022, a accentué cette préférence. Depuis le début de l’année 2024, une inflexion est constatée. La collecte de l’assurance vie est en forte hausse. Sur les quatre premiers mois de l’année, la collecte nette dépasse 12,6 milliards d’euros contre 8,3 milliards d’euros pour la même période de 2023.
Dans le même temps, celle du Livet A se normalise (7,5 milliards d’euros de janvier à avril 2024 contre 22 milliards d’euros sur la même période en 2023). Les fonds euros qui étaient en décollecte nette depuis novembre 2021 ont affiché, en mars et avril, une collecte nette positive. Les assureurs, voulant profiter de l’embellie obligataire, proposent des taux bonifiés pour attirer les épargnants. Dans ce contexte, le rendement des fonds euros devrait se situer autour de 3 % en 2024.
Pour les actions, les investisseurs ont largement anticipé la baisse des taux directeurs, ce qui a conduit les indices à battre des records en avril et en mai, aidés, par ailleurs, par la bonne tenue des résultats des entreprises. Le mouvement d’appréciation pourrait se poursuivre dans le cours de l’année, mais à un rythme moins soutenu.
La baisse des taux directeurs constitue une bonne nouvelle pour les emprunteurs et également pour les épargnants qui optent pour les placements longs.
Contact presse :
Sarah Le Gouez
06 13 90 75 48
Dans les Echos, Philippe Crevel réagit à l’appel relancé par le Président de la République de créer un produit d’épargne européen. S’il considère que les contours demeurent à préciser, il se déclare favorable à un tel projet estimant qu’en « Europe, on manque de profondeur de marché » avant de rajouter qu’ « on a besoin de financements longs pour les entreprises ».
Assurance vie | Résultats avril 2024
Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne
Le mois d’avril confirme la bonne forme printanière de l’assurance vie avec une collecte nette de 3,4 milliards d’euros faisant suite à celle du mois de mars (+3,5 milliards d’euros). L’année dernière, en avril, la collecte nette n’avait été que de 1,3 milliard d’euros.
Le mois d’avril réussit en règle générale bien à l’assurance vie. Lors de ces vingt-quatre dernières, seules deux décollectes ont été enregistrées, en 2012 (crise des dettes souveraines) et en 2020 (crise covid). Sur les quatre premiers mois de l’année, la collecte nette dépasse 12,6 milliards d’euros contre 8,3 milliards d’euros pour la même période de 2023.
Les fonds euros sont en collecte nette positive au mois d’avril (+264 millions d’euros) Sur les quatre premiers mois, ils restent encore en décollecte quand la collecte nette des unités de compte dépasse 13,7 milliards d’euros.
Depuis le mois de janvier, les Français sont toujours en mode épargne mais à la différence des années précédentes, ils privilégient désormais le long terme La baisse de la collecte du Livret A semble profiter à l’assurance vie. La collecte sur les quatre premiers mois de l’année n’a été, en effet, pour le Livret A que de 7,64 milliards d’euros.
L’assurance vie bénéficie de l’amélioration du rendement des fonds euros et des opérations de bonification de taux lancées par les assureurs. La baisse de l’inflation conduit, par ailleurs, les ménages à réduire leur effort d’épargne de précaution au profit de l’épargne de long terme.
En avril, les cotisations en assurance vie ont atteint 16,5 milliards d’euros, en hausse de de +2,5 milliards d’euros (soit +18 % sur un an). Elles ont progressé de +33 % pour les fonds en euros, témoignant du retour au premier plan de ce support, une baisse de 5 % pour celui en unités de compte (UC) étant constatée.
Les prestations ont atteint, en avril 13,2 milliards d’euros en hausse de 0,4 milliard d’euros par rapport à avril 2023. Depuis le début de l’année, les prestations se sont élevées à 52,1 milliards d’euros. Le montant élevé des prestations s’explique par la maturité croissante de l’assurance vie et des besoins plus importants que dans le passé des apports personnels pour acquérir un logement.
L’encours atteint 1 961 milliards d’euros à fin avril 2024, en hausse de +3 % sur un an. L’assurance vie demeure de loin le premier placement des ménages. Il représente le tiers des placements financiers de ces derniers.
Avec la diminution de l’inflation et compte tenu de l’importance des liquidités des ménages, la collecte nette de l’assurance vie devrait rester dynamique dans les prochains mois tout comme celle du Plan d’Épargne Retraite. La collecte nette des PER assurance s’élève, en avril, à +671 millions d’euros, portant l’encours à 80,4 milliards d’euros.
Dans Boursier.com, le Directeur du Cercle de l’Epargne réagit aux résultats de la collecte des produits d’épargne réglementée en avril. Il estime ainsi que « l‘épargne réglementée retrouve des niveaux de collectes plus traditionnels« .
Une évolution qui tiendrait selon lui à
« la disparition de l’effet taux, le rendement étant inchangé depuis le 1er février 2023 et la fin de la vague inflationniste qui réduit la propension des ménages à constituer une épargne de précaution ».
Cité dans le média La Tribune, Philippe Crevel explique les raisons du retour des épargnants vers les fonds euros des contrats d’assurance vie. Selon lui « la communication de leur rendement 2023 et les opérations de taux bonifiés lancées par les assureurs ont conduit les épargnants à revenir sur ce type de supports ».
Interrogé sur la baisse de la collecte des produits d’épargne réglementée, il estime que « dans les prochains mois, avec l’arrivée des vacances d’été, l’érosion de la collecte devrait se poursuivre surtout si la baisse de l’inflation se confirme »
Appelé à commenter les résultats de la collecte de l’épargne réglementée en avril, Philippe Crevel explique que « les Français n’ont pas décidé de puiser dans leur Livret A ou dans leur LDDS pour consommer plus ou réaliser des investissements. Ils épargnent simplement un peu moins et ils privilégient un peu plus qu’auparavant d’autres produits comme l’assurance vie ou le Plan d’Epargne Retraite ».
Livret A atterrissage en douceur
Décollecte sur fond de recul de l’inflation pour le LEP
Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne
La collecte du mois d’avril confirme l’atterrissage du Livret A, engagé depuis le début de l’année après les records de l’année 2023. Cette collecte s’élève à 1,48 milliard d’euros, contre 1,53 milliard d’euros en mars, 2,36 milliards d’euros en février et 2,27 milliards d’euros en janvier. Elle est inférieure à celle du mois d’avril 2023 (2,33 milliards d’euros). Le résultat de l’année 2024 est inférieur à la moyenne de ces dix dernières années (1,8 milliard d’euros), sachant que le mois d’avril est, en règle générale, un mois favorable au Livret A. Une seule décollecte a été enregistrée depuis 2009 (170 millions en 2015).
Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) a connu, en avril, une collecte positive de 760 millions d’euros, contre +910 millions d’euros en mars et 1,04 milliard d’euros en février. L’année dernière, en avril, la collecte avait été de 1,15 milliard d’euros. Sur les quatre premiers mois de l’année, la collecte du LDDS s’élève à 3,68 milliards d’euros, contre 6,82 milliards d’euros sur la même période en 2023. Depuis 2009, le LDDS n’a connu qu’une seule décollecte en avril (-2 millions d’euros en avril 2009).
Le Livret A et le LDDS battent en ce mois d’avril de nouveaux records d’encours à, respectivement, 423 et 153,2 milliards d’euros portant le total des deux placements à 576,2 milliards d’euros.
Les résultats du Livret A et du LDDS du mois d’avril s’inscrivent dans le processus de normalisation engagé depuis le début de l’année. L’épargne réglementée retrouve des niveaux de collectes plus traditionnels. Cette évolution s’explique par la disparition de l’effet taux, le rendement étant inchangé depuis le 1er février 2023 et la fin de la vague inflationniste qui réduit la propension des ménages à constituer une épargne de précaution. Malgré tout, après quatre ans d’épargne à court terme à bribe abattue, les Français n’ont pas décidé de puiser dans leur Livret A ou dans leur LDDS pour accroître leur consommation ou réaliser des investissements. Ils épargnent simplement un peu moins et ils privilégient un peu plus qu’auparavant l’assurance vie ou le Plan d’Épargne Retraite.
Dans les prochains mois, avec l’arrivée des vacances d’été, l’érosion de la collecte devrait se poursuivre surtout si la baisse de l’inflation se confirme.
Après avoir connu une forte croissance depuis 2022, dopé par son taux de rémunération élevé, le Livret d’Épargne Populaire (LEP) enregistre une décollecte de 270 millions d’euros au mois d’avril (la première en près de deux ans), contre une collecte positive de 950 millions d’euros en mars, de 1,39 milliard d’euros en février et de 1,92 milliard d’euros en janvier. Au mois d’avril 2023, la collecte du LEP avait été de +460 millions d’euros. Cette rupture semble prouver que les ménages les plus modestes, ont puisé dans leur épargne de court terme. La baisse de l’inflation a pu les inciter à augmenter les dépenses de consommation, sachant qu’ils avaient réalisé d’importantes économies ces derniers mois. Il y a un effet rattrapage au niveau de la consommation qui amène à une sortie d’épargne.
Sur les quatre premiers mois de l’année, la collecte du LEP reste positive, à 3,99 milliards d’euros, contre 7,69 milliards d’euros sur la même période en 2023.
L’encours du LEP s’élève, fin avril, à 75,9 milliards d’euros.
Cet article consacré au comportement d’épargne des séniors, reprend quelques chiffres de l’enquête 2023 AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – CERCLE DE L’EPARGNE qui mettaient notamment en évidence, que dans un contexte inflationniste, nos aînés privilégiés l’épargne disponible et peu risquée. Ainsi « 73 % d’entre eux l’ont cité en tête des placements intéressants loin devant l’assurance-vie (58 %), l’immobilier locatif (56 %) et les actions (40 %) », détaille la secrétaire générale du Cercle de l’Epargne citée dans l’article.
Dans cet article publié par Money Vox, Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne estime que le taux du LEP pourrait passer de 5 % aujourd’hui à un taux compris entre 3,5% et 4%. Il anticipe par ailleurs un taux taux moyen de 2,5% pour les comptes à terme sur une durée de 12 mois d’ici un an.
Dans Merci pour l’Info, Philippe Crevel estime qu’il est trop tôt pour dresser un véritable bilan du PER. De fait, ce dernier a bénéficié depuis son lancement d’importants transferts d’anciens produits comme les contrats article 83 ou les plans d’épargne retraite populaire (Perp).Ainsi il estime que « les résultats des prochaines années permettront d’apprécier le dynamisme réel de ce produit »
Dans cet article consacré aux livrets fiscalisés, le journal Investir invite le Directeur du Cercle de l’Epargne à réagir au taux d’épargne financière des ménages, jugé très élevé par la Banque de France. Pour Philippe Crevel « tant que les ménages n’intégreront pas le processus de désinflation, le taux d’épargne pourrait rester élevé ».
Dans Merci pour l’Info, Philippe Crevel explique les raisons du succès du PERin assuranciel. Proche dans son fonctionnement du contrat d’assurance vie, il est de ce fait, selon le Directeur du Cercle de l’Epargne, « facile à comprendre ».
Interview de Christian Borsoni
Directeur général d’ARIAL CNP ASSURANCES
La loi relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite « Loi PACTE », entrée en vigueur en octobre 2019, est venue rapprocher les univers, jusque-là étanches, de l’assurance et de l’épargne salariale. Assureurs et teneurs de comptes en épargne salariale distribuent désormais le même produit retraite : le Plan d’Épargne Retraite d’entreprise. Ce nouveau produit, dédié à la constitution d’une retraite supplémentaire par la voie collective de l’entreprise, peut être alimenté à la fois par les versements volontaires des salariés-épargnants, par les cotisations obligatoires de l’employeur (auparavant versées dans les régimes dits « article 83 »), et par les flux d’épargne salariale (auparavant versés dans les PERCO).
La création de ce produit de retraite unique a permis d’harmoniser des modes de fonctionnement disparates tout en offrant de nombreux nouveaux avantages :
Ce nouveau PER a clairement été adopté par le marché : à fin 2023, les PER d’entreprise regroupent 43 milliards d’euros d’encours, dont 23 milliards d’euros pour les PERECO et 19,5 milliards d’euros pour les PERO assurantiels.
De nombreuses entreprises ont saisi cette opportunité pour « harmoniser » leur dispositif de retraite supplémentaire assurantielle et leur dispositif de retraite en épargne salariale. En unifiant leurs dispositifs d’épargne collective, les employeurs saisissent l’occasion d’apporter à leurs salariés une vision commune de leur épargne d’entreprise (retraite, plan d’épargne entreprise) avec une plateforme digitale unique regroupant tous les comptes de leurs salariés.
Si la loi PACTE a modifié le paysage de l’épargne retraite, elle ne l’a pas pour autant élargi. Les dispositifs de retraite supplémentaire restent essentiellement mis en place par les grandes entreprises.
La loi « Sapin II » du 9 décembre 2016 a lancé la mise en œuvre des Fonds de Retraite Professionnelle Supplémentaire (FRPS), ayant pour objet la couverture d’engagements de retraite professionnelle supplémentaire.
ARIAL CNP ASSURANCES, compagnie d’assurances entièrement dédiée à la gestion de contrats de retraite supplémentaire, a effectivement décidé de se transformer en FRPS dès 2022.
Cette transformation permet non seulement de se conformer à l’obligation de cantonnement des produits PER d’entreprise instaurés par la Loi PACTE tout en bénéficiant d’un traitement réglementaire plus favorable à la gestion à long terme du fonds en euros.
En effet, dans le cadre d’un FRPS, les engagements en euros sont investis dans des supports en euros dédiés aux engagements de retraite, permettant une meilleure adéquation entre la nature des engagements et la rémunération de l’actif en euros [durée, coût en capital…] ainsi qu’un regroupement des engagements de même nature afin de les protéger des effets d’une mutualisation trop forte avec des risques de nature et de durée différentes.
Autre avantage, les FRPS sont placés sous un régime prudentiel proche de Solvabilité 1 en matière d’immobilisation de fonds propres, approche simplifiée suivant la nature de l’engagement (Euro ou UC).
Effectivement, selon la DREES, en 2018, 6 % des entreprises de 10 à 49 salariés ont souscrit à un contrat à cotisations définies, contre 30 % des entreprises de 1 000 salariés ou plus. Ce constat n’a pas été modifié depuis la mise en œuvre des « produits PACTE ».
Du côté de la demande (entreprises), la législation favorise, voire contraint, l’utilisation des dispositifs d’épargne salariale (PEE). Cependant, la mise en place d’un régime de retraite supplémentaire par les entreprises reste toujours facultative.
À noter qu’à partir du 1er janvier 2025, les entreprises de 11 à 49 salariés seront dans l’obligation, sous certaines conditions, de mettre en place un dispositif de partage de la valeur. Lorsque ce dispositif prendra la forme d’une prime, celle-ci pourra, au choix du titulaire, être placée dans un Plan d’Épargne Retraite, au même titre que l’intéressement et la participation.
Ce type de disposition sera vraisemblablement de nature à augmenter l’équipement des PME, mais l’adoption par un grand nombre d’entre elles ne pourra intervenir qu’à la faveur d’une obligation de mise en place ou une plus grande incitation fiscale. À défaut, les entreprises continueront de privilégier le PEE, c’est-à-dire une épargne d’entreprise de moyen terme, aux dépens des dispositifs de retraite.
Du côté de l’offre (assureurs et FRPS), la distribution à des PME, voire des TPE, répond à des schémas très différents de ceux des grandes entreprises, car elle nécessite de disposer d’outils et de processus de vente et d’après-vente 100 % digitalisés et industrialisés, sur un marché où les marges sont plutôt faibles.
La vente à distance de ce type de produit auprès des entreprises soulève par ailleurs encore quelques difficultés :
Ainsi, couvrir les petites et moyennes entreprises nécessite encore de disposer – en direct ou via un partenaire – d’un réseau de distribution de proximité important.
Dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde, le 15 avril 2024, cinq économistes, Romain Restout (professeur d’économie à l’université de Lorraine), Julien Albertini (maître de conférences à l’université Lyon-II), Arnaud Chéron (professeur des universités à l’université du Mans), Xavier Fairise (professeur des universités à l’université du Mans), Arthur Poirier (maître de conférences à université Paris-VIII) et Anthony Terriau (professeur des universités à l’université du Mans) estiment que les retraités devraient être davantage mis à contribution dans le rééquilibrage des finances publiques.
Au sommaire de cette étude
En France, le fléchage de l’épargne est un véritable sport national. Les ménages sont accusés de mal placer leur argent, de privilégier les placements de court terme jugés peu productifs au détriment de ceux de long terme.
Afin d’orienter l’épargne, les gouvernements multiplient les produits et les incitations avec comme conséquences de multiples contradictions. Tous les types d’épargne sont aidés, du court terme au long terme, des livrets avec capital garanti aux actions. L’épargne est, en France, hautement administrée. Mais l’allocation de l’épargne laisse toujours à désirer.
Les derniers débats sur le rôle du Livret A ne devraient pas, bien au contraire, changer la donne. Des voix se sont fait entendre afin que ce vénérable produit finance, en plus du logement social et des collectivités locales, le nucléaire et l’industrie de la défense. Choix étonnant de vouloir confier à un produit d’épargne liquide, garantie par l’État, le financement d’investissements de long voire de très long terme. Une centrale nucléaire nécessite une dizaine d’années pour être construite et est exploitée pour soixante ans. L’avion de combat de Dassault, le Rafale, a été conçu dans les années 1980 et sera en exploitation jusqu’au milieu de ce siècle.
Le Livret A créé en 1818 est un tour de passe-passe. Il permet de transférer le risque sur les pouvoirs publics. Fleuron du savoir-faire financier français, il fait exception dans le monde. Nul autre pays n’a osé nous imiter sur ce terrain. Avec la Taxe sur la valeur Ajoutée, inventée par Maurice Lauré en 1954, nous avons eu plus de chance. Elle a été dupliquée dans plus de 130 pays.
Pour en revenir au Livret A, la transformation d’argent liquide en ressources longues a un coût. Ce dernier est essentiellement supporté par l’État, la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), les banques et les épargnants, l’État perdant des recettes fiscales, les épargnants acceptant une rémunération moyenne et les banques des frais d’intermédiation élevés. Certes, le Livret A permet à l’État de financer ses déficits et certaines politiques publiques.
Si les épargnants adhèrent à l’épargne réglementée, c’est en raison de la liquidité, de la sécurité et de l’absence de fiscalité. Les caractéristiques du Livret A dissuadent les ménages à rechercher des placements plus rémunérateurs et plus rentables pour l’économie. Dans ces conditions, est-il sain de saucissonner le Livret A afin qu’il puisse venir en aide à la défense ou au nucléaire ? La réponse est loin d’être évidente. De même, est-il nécessaire de créer, avec le Plan d’Épargne Avenir Climat, un produit hybride, mi-assurance vie, mi-Livret A.
Certains imaginent, par ailleurs, développer un Livret pour l’industrie militaire. Ne conviendrait-il pas alors d’instituer un Livret pour l’agriculture, pour les véhicules électriques, etc. ? En économie, l’efficacité suppose la simplicité. Les pouvoirs publics auraient tout à gagner à améliorer l’existant plutôt que d’inventer de nouvelles formules d’épargne. Ainsi, il serait souhaitable de faciliter le financement des entreprises, à travers la démocratisation du private equity et l’unification du marché des capitaux européens.
Renforcer la propension à l’épargne de court terme et sans risque ne contribuera pas à une meilleure allocation de l’épargne française. Cela irait à contresens des ambitions des décideurs publics sachant que depuis cinquante ans, des SICAV Monory à la loi PACTE, les gouvernements essaient d’allonger la durée de l’épargne. L’épargnant français diffère-t-il de ses homologues européens pour que les pouvoirs publics lui tiennent la main en permanence ? Ne faudrait-il pas, au contraire, laisser aux Français plus de liberté en matière de placements, la responsabilisation étant le meilleur d’effectuer les bons choix.
Dans Sud Ouest Philippe Crevel précise que l’épargne élevée des ménages est en France est avant logée dans l’immobilier. De fait, l’épargne financière tient une part plus faible que le patrimoine immobilier.
En 2022, moins de 60 000 personnes, soit 0,7 % des 55-64 ans bénéficient d’une préretraite dont seulement 0,1 % au titre d’un dispositif de préretraite publique. Les préretraites sont des dispositifs de cessation anticipée d’activité. Ils permettent à des salariés séniors ayant cessé ou réduit leur activité professionnelle de percevoir, sous certaines conditions, un revenu de remplacement jusqu’à la liquidation de leurs pensions.
Les dispositifs de préretraites ont majoritairement été institués dans les pays de l’OCDE à partir de la fin des années 1950. Ils avaient été envisagés comme une solution pour accompagner les restructurations de secteurs d’activité en crise. Ce fut notamment le cas en France où des dispositifs de préretraites ont été mis en place dès 1963 avec la création du Fonds national de l’emploi (FNE). L’allocation spéciale du FNE (AS-FNE), financée conjointement par l’État et l’UNEDIC garantissait le versement de 80 à 90 % de la rémunération des salariés licenciés, âgés de 60 à 65 ans (âge légal du départ à la retraite à l’époque).
Le recours à la préretraite a été important à compter des années 1970-1980, marquées par les chocs pétroliers qui ont mis fin aux « Trente glorieuses ». Les préretraites étaient alors devenues un « instrument de gestion de crise […] considérées comme une réponse à la situation problématique des travailleurs âgés, plus sensibles aux fluctuations économiques » (Propos extraits de « Des préretraites au vieillissement actif : l’évolution des politiques sociales pour les travailleurs âgés de plus de 50 ans en France et en Allemagne (1970-2007), L’Europe, un levier d’action pour sortir du sentier des préretraites ? », thèse dirigée par M. Pierre Muller, 2007). Le coût élevé des préretraites a contraint les pouvoirs publics à restreindre leur accès, voire à les supprimer. Elles se sont, en outre, révélées inefficaces pour lutter contre le chômage. Avec le vieillissement démographique, l’objectif des pouvoirs publics est désormais l’augmentation du taux d’emploi et en particulier celui des seniors.
Les préretraites, financées par l’État ou l’Unedic, ont longtemps été la première source de départs anticipés. Au cours des années 1980, plus de 5 % des 55-64 ans ont bénéficié d’un dispositif de préretraite public.
La réforme de 2003 sur les retraites marque un tournant avec l’abrogation progressive de plusieurs dispositifs : la prise en charge par l’État des cotisations de retraite complémentaire pour les préretraités, l’allocation de remplacement pour l’emploi, le congé de fin d’activité, la préretraite progressive et la dispense de recherche d’emploi.
Les dispositifs publics de cessations anticipées d’activité au fil du temps
En lien avec l’assèchement des dispositifs de préretraite publics, le nombre de bénéficiaires s’est réduit (moins de 10 000 en 2022 contre plus de 100 000 en 2003).
Part des bénéficiaires de préretraites publiques entre 1968 et 2022 rapportée à la population des 55-64 ans
Des dispositifs de cessation anticipée d’activité ont été introduits par les pouvoirs publics en substitution des dispositifs de préretraite publics. Les dispositifs publics encore en vigueur sont en lien avec le handicap ou la pénibilité.
Le dispositif de préretraite en faveur des travailleurs de l’amiante a été introduit par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 1999. Il permet aux salariés atteints de maladies professionnelles liées à l’amiante de partir en préretraite à partir de 50 ans. Les personnes éligibles au dispositif perçoivent l’Allocation des travailleurs de l’amiante (ATA) jusqu’à ce qu’ils aient accès à une retraite au taux plein du régime général.
Ce dispositif également ouvert aux salariés exposés à l’amiante au cours de leur vie professionnelle, notamment ceux travaillant dans des établissements de fabrication de matériaux contenant de l’amiante, de flocage et de calorifugeage, ou de construction et de réparation navales, a été élargi aux dockers professionnels en 2000, aux personnels portuaires de manutention en 2002 et aux salariés agricoles atteints de maladies professionnelles liées à l’amiante en 2003.
La liste des établissements dont l’activité entre dans le champ de cette préretraite est fixée par arrêté. Un peu moins de 1 700 établissements sont inscrits. Les allocations de cessation anticipée d’activité sont prises en charge par le Fonds de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante (FCAATA). Ce fonds est essentiellement alimenté par les entreprises à travers leur cotisation « accident du travail et maladie professionnelle ».
Introduit par la réforme 2003 des retraites, le dispositif retraite anticipée pour carrière longue a été progressivement étendu. En 2022, ce dispositif représente la majeure partie des cessations anticipées, soit 2,4 % de la population des 55-64 ans, soit environ 200 000 nouvelles entrées par an. Ce dispositif destiné aux salariés du secteur privé est également ouvert aux agents des trois fonctions publiques. En 2021, il était à l’origine d’environ un quart des départs à la retraite dans les fonctions publiques territoriale et hospitalière selon la Drees, soit un peu moins de 20 000 personnes. Dans la fonction publique de l’État, près de 5 000 personnes ont bénéficié d’une retraite anticipée pour carrière longue (soit environ 9 % des départs en 2022).
La réforme 2023 des retraites modifie le régime des carrières longues, afin d’élargir les personnes éligibles au dispositif. Depuis le 1er septembre 2023, quatre dispositifs remplacent les deux qui existaient jusqu’alors. Les personnes qui auront validé cinq trimestres l’année de leurs 16, 18, 20 ou 21 ans (et une carrière complète cotisée, soit 172 trimestres à terme) pourront partir respectivement à 58, 60, 62 ou 63 ans. Un décret d’application prévoit, par ailleurs, une clause de sauvegarde au profit des personnes qui atteignent donc 60 ans avant le 31 août 2023 (inclus).
Comme le dispositif carrière longue, l’accès à une retraite anticipée pour handicap a été institué par la loi sur les retraites du 21 août 2003. Ce dispositif de retraite anticipée permet aux assurés handicapés ayant exercé une activité dans le régime général ou les régimes alignés d’accéder à la retraite de manière anticipée.
La loi portant réforme des retraites de 2010 donne la possibilité aux personnes justifiant d’un taux d’incapacité permanente au titre d’une maladie professionnelle ou d’un accident du travail de faire valoir leur droit à la retraite à taux plein dès 60 ans (l’âge légal de départ à la retraite étant alors porté à 62 ans) quelle que soit la durée d’assurance vieillesse effectivement accomplie.
La réforme des retraites de 2023 modifie les conditions d’accès au dispositif, afin de prendre en compte le recul de l’âge légal de départ de 62 ans à 64 ans. L’âge de départ anticipé pour incapacité permanente d’origine professionnelle passe de 60 à 62 ans pour les travailleurs avec un taux d’incapacité compris entre 10 % et 19 %. Il reste, en revanche, à 60 ans pour ceux justifiant d’un taux d’au moins 20 %.
Le compte personnel de prévention de pénibilité, rebaptisé compte professionnel de prévention en septembre 2017, a été instauré par la réforme Touraine des retraites du 20 janvier 2014. Il permet aux salariés exposés à certains facteurs de pénibilité répertoriés, d’accumuler des points, au-delà de certains seuils. Ces points donnent accès à une retraite anticipée de deux ans (soit 62 ans depuis la réforme 2023 des retraites). Ils permettent, par ailleurs, aux assurés de financer une action de formation, un bilan de compétences ou une validation des acquis de l’expérience dans le cadre d’un projet de reconversion professionnelle. Le C2P est ouvert aux salariés du régime général, les salariés du régime agricole et aux agriculteurs, c’est-à-dire les non-salariés du régime agricole.
Les hommes demeurent, sur la période 2014-2022, majoritaires parmi les bénéficiaires de préretraite. Néanmoins en lien avec la suppression progressive des dispositifs de préretraite publics, autrefois très présents dans le milieu de l’industrie, l’écart entre hommes et femmes tend à se réduire. D’après les données publiées par la DARES, 0,8 % hommes âgés de 55 à 64 ans sont en préretraite, contre 0,6 % des femmes. En 2014, les ratios respectifs sont 1,2 % et 0,4 %.
Part de préretraités chez les 55-64 ans selon le sexe, entre 2014 et 2022

Sur la période 2014-2022, la Dares constate une concentration de préretraités entre 58et 61 ans. Le nombre de bénéficiaires d’un dispositif de préretraite atteint un pic à 59 ans pour les hommes (autour de 2,4 %) et de 61 ans pour les femmes (autour de 1,7 %) avant de diminuer au-delà, avec la montée en puissance des liquidations des pensions. Ainsi, en prenant en compte les femmes et les hommes, le pic est atteint à 60 ans avec 1,7 % de retraités parmi cette tranche d’âge.
Part de préretraites selon l’âge et le sexe, en moyenne sur 2014-2022

Ouvriers et professions intermédiaires sont surreprésentés parmi l’ensemble des préretraités. Sans surprise, les travailleurs non-salariés qu’ils soient artisans, commerçants ou chefs d’entreprise ainsi que les agriculteurs ne comptent que peu de préretraités.
En 2022, 61 % des préretraités sont, selon la DARES, inactifs, 38 % exercent un emploi en parallèle et 0,5 % sont au chômage au sens du Bureau international du Travail (BIT). Les données publiées par le ministère du travail mettent en évidence une forte progression de la part de préretraités en emploi entre 2014 et 2022. La proportion de préretraités en emploi, qui s’établissait à 11 % en 2014, a fléchi à 7 % en 2015 avant de progresser de manière continue au fil des ans.
Statut d’activité des préretraités entre 2014 et 2022

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Les cadres, professions intermédiaires et, dans une moindre mesure les employés, figurent parmi les préretraités en emploi. Seule une minorité d’ouvriers (7,9 %) cumule préretraite et emploi.
Catégories socioprofessionnelles chez les seniors en emploi et les préretraités en moyenne sur 2021-2022

La DARES tempère néanmoins la progression du nombre de préretraités en emploi, en mettant en évidence dans ses travaux une proportion élevée de personnes absentes au travail parmi les préretraités en emploi. Un préretraité sur trois en emploi (au sens du BIT) n’aurait effectué aucune heure de travail rémunérée au cours de la semaine de référence analysée par la DARES. Par ailleurs, parmi les préretraités en emploi, près de la moitié ont déclaré exercer une activité à temps partiel (49 % exactement). Ainsi, en moyenne sur la période 2014-2022, les travaux menés par la DARES mettent en évidence que seuls 6 à 7 % des préretraités exerceraient une activité à temps plein.
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Selon les données recueillies par la DARES et l’étude de plusieurs accords d’entreprise consultés incluant des dispositifs favorisant un départ anticipé, le recours aux préretraites d’entreprises, au sens de ce qui existait au temps des « préretraites publiques » est devenu marginal. Peu d’entreprises ont fait le choix de mettre en place un dispositif généralisé attribué sur un critère d’âge et/ou d’ancienneté préalablement déterminé en raison du coût élevé de ces mesures.
Les travaux menés par Annie Jolivet, économiste du travail, docteure en Sciences économiques, consacrés aux départs anticipés à la retraite, mettent, par ailleurs, en évidence les difficultés pour quantifier précisément le nombre de bénéficiaires de dispositifs de préretraite d’entreprise. L’absence de suivi statistique serait en cause (Départs anticipés à l’initiative des employeurs : extension et diversification des préretraites d’entreprise, A. Jolivet, 2024). En revanche, l’étude des accords d’entreprise récemment adoptés apporte des éléments de réponse sur les solutions les plus répandues au sein des entreprises. Dans un souci de réduction des coûts, l’usage simultané d’une palette de mesures semble privilégié. Les dispositifs publics à l’initiative des salariés (retraite anticipée, retraite progressive, compte épargne temps) sont ainsi exploités en complément des mesures prises en charge par les entreprises elles-mêmes (temps partiel senior, rachat de trimestres avec financement partiel ou total par l’entreprise, ainsi qu’à l’abondement du compte épargne-temps par l’entreprise).
Les dépenses des régimes obligatoires de retraite constituent le premier poste de dépenses sociales. Elles absorbent près de 14 % du PIB. L’équilibre des régimes de retraite dépend d’une part du montant des dépenses, assez prévisible compte tenu de l’évolution de la démographie, et d’autre part des recettes (impôts et cotisations sociales) qui varient en fonction de la croissance et du taux d’emploi. L’équilibre global du système de retraite dépend évidemment du périmètre retenu. Par commodité, les dépenses des régimes de la fonction publique ne sont pas, en règle générale, prises en compte, l’État assurant l’équilibre. Mais les dépenses de retraite des fonctionnaires concourent au déficit public. Le solde réel des régimes retraite, pris dans leur totalité, est donc bien plus négatif que le chiffre communiqué chaque année dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Les projections du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) ont toujours été soumises à caution en raison des hypothèses optimistes retenues jusqu’alors. Depuis des années, les gains de productivité sont ainsi surestimés. Quelques économistes dont Florence Legros, membre par ailleurs du Conseil scientifique du Cercle de l’Épargne, ont dès le début des années 2000 souligné les conséquences de ces hypothèses déconnectées de la réalité. Les projections du COR, censées informer les pouvoirs publics et la population sur l’évolution possible des régimes de retraite ont contribué, sans nul doute, à fausser le débat public.
Fréquemment, les analyses portant sur les équilibres des régimes de retraite n’intègrent pas les fonctions publiques. Or, les 5,7 millions d’agents publics (titulaires, militaires, ouvriers d’État, magistrats, et contractuels) représentent 19,8 % de l’emploi total (privé + public). Les régimes de retraite par répartition des fonctionnaires ont, en 2022, versé 87 milliards d’euros de prestations à plus de 4 millions de pensionnés (droits directs et indirects). Parmi les pensions de droit direct (3,4 millions de pensionnés), 60 % bénéficient à d’anciens fonctionnaires d’État (civils ou militaires), 22 % à d’anciens fonctionnaires territoriaux et 18 % à d’anciens fonctionnaires hospitaliers. Le montant des pensions publiques correspond à près de 25 % des dépenses de retraite.
Prestations légales servies par la branche vieillesse en 2022

Les régimes par répartition des fonctionnaires ne sont pas présentés en déséquilibre en raison des dotations publiques dont ils bénéficient. Or, pour équilibrer le régime de retraite des fonctionnaires d’État, le taux de cotisation devrait être de 98 % sachant qu’aujourd’hui dans le secteur privé, il est de 28 %. Dans les faits, l’État verse une dotation d’équilibre pour son régime de retraite de 40 milliards d’euros. Par ailleurs, l’État contribue également pour plusieurs milliards d’euros (7 milliards d’euros) à l’équilibre des régimes spéciaux. À cela, il convient d’ajouter 4 milliards d’euros versés au titre des exonérations de cotisations sociales. Les régimes de retraite bénéficient également d’apports de la part de l’Unedic (4 milliards d’euros) et de la Caisse nationale d’allocations familiales au titre des droits familiaux (10 milliards d’euros). Les collectivités versent en sur-cotisation de leur côté 8 milliards d’euros à la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL). Ces transferts ne font pas pour le moment l’objet d’un examen annuel par le COR (Jean-Pascal Beaufret, Protection sociale et déficits publics : un message trompeur, dans la Revue Commentaire, printemps 2024). Corrigé de ces différents biais, le déficit des régimes de la Sécurité sociale serait de plus de 45 milliards d’euros, soit 1,5 % du PIB, le seul régime des retraites enregistrant une perte de 2,7 % du PIB. L’ensemble des régimes de retraite, en mode consolidé, enregistrerait un déficit de 67 milliards d’euros en lieu et place d’un excédent de 4 milliards d’euros sur un total de dépenses de plus de 360 milliards d’euros.
Un des objectifs du projet d’instauration d’un système unique de retraite était de transférer une partie des charges actuellement supportées par l’État sur les salariés du privé. En effet, dans le cadre de ce système, le taux de cotisation retraite était unifié, ce qui aurait amené l’État à ne plus verser sa dotation d’équilibre pour le régime des fonctionnaires d’État, les salariés du privé et les entreprises se substituant aux contribuables pour combler le déficit. Le système aurait sans nul doute gagné en clarté avec à la clef une mutualisation plus directe.
Quoi qu’il en soit, le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) devrait établir un déficit avant transferts afin de faire apparaître clairement la charge supportée par les contribuables. La mention d’un déficit brut responsabiliserait l’ensemble des acteurs.
L’équilibre des régimes de retraite est menacé par la baisse de la productivité. La productivité influe sur le taux de croissance du PIB et sur celui de la masse salariale. Plus les gains de productivité sont faibles, moins la croissance est élevée, ce qui pèse sur les ressources des régimes. Le COR a, depuis des années, une tendance à opter pour des hypothèses plutôt optimistes. Tout en présentant différentes batteries d’hypothèse, le scénario central apparaît de plus en plus en décalage avec l’évolution du taux de croissance potentielle. Si la baisse de la productivité se confirme, le montant des déficits risque d’être bien plus élevé que prévu. Plusieurs facteurs comme le taux d’emploi ou le solde migratoire sont susceptibles d’évoluer de manière assez marquée et exercer une influence sur les équilibres des régimes de retraite. Une amélioration du taux d’emploi a un effet positif sur l’équilibre tout comme un solde migratoire positif.
Le COR, en vue de son prochain rapport annuel du mois de juin, étudie la possibilité de modifier ses hypothèses de croissance annuelle de la productivité du travail afin d’intégrer son évolution récente. Il retiendrait une fourchette 0,4 %/ 1,3 % en réel (contre 0,7 % à 1,6 % dans les exercices de 2022 et 2023). Il pourrait également ne retenir qu’un seul scénario central comme cela était le cas pour les rapports de 2001, 2006 et 2007. Ce choix aurait comme avantage d’accroître la lisibilité du rapport, la présence de plusieurs scénarios mis sur le même plan complexifiant l’analyse du système de retraite. Depuis le rapport annuel de 2022, les scénarios du COR sont déclinés selon quatre hypothèses de croissance annuelle de la productivité horaire du travail : 0,7 %, 1,0 %, 1,3 % et 1,6 % contre 1,0 % à 1,8 % dans les rapports précédents.
En retenant un taux minimal de progression de la productivité à 0,7 %, le COR n’intègre pas la baisse de celle-ci constatée depuis 2019. Le taux de 0,7 % correspond au taux moyen de croissance entre 2005 et 2017. Il suppose que l’érosion en cours est accidentelle et qu’elle devrait être suivie d’un rebond. Le taux de 0,7 % est de toute façon supérieur à la moyenne observée sur longue période, 2005-2022 (0,4 %). En matière de chômage, le COR pourrait retenir pour son scénario de référence, un taux de 5 % ou de 7 % en fin de période. Le COR s’interroge à réduire également la durée de son cadre de prévision. Dans les derniers rapports, il avait fixé la fin de projection à 2070. Or, à 45 ans, les incertitudes sont telles que la fiabilité de la prévision est faible. Un scénario à vingt ou trente ans apparaît plus crédible.
Une surestimation de la productivité tout comme une minoration du chômage conduisent à une sous-estimation des déficits. Depuis un quart de siècle, les rapports publics sur les retraites parient sur un retour à bonne fortune de la situation économique et financière. Compte tenu du nombre élevé de régimes et des règles différentes qui les régissent, les assurés ne sont pas conscients des difficultés financières réelles auxquelles est confronté le pays. Cette absence de transparence et d’égalité de traitement rend la mise en œuvre de réformes difficiles, les Français ayant l’impression que les efforts sont mal répartis.
La loi portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir et de l’autonomie dite loi « bien vieillir » a été promulguée le 8 avril 2024 et publiée au Journal officiel du 9 avril 2024. Cette loi n’est pas la grande loi sur la dépendance attendue depuis des années et reportée de législature en législature. L’ancienne Ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, face aux critiques sur la portée limitée de la loi sur le « bien vieillir » dont elle est à l’origine, a promis qu’un projet de loi de programmation plus ambitieux sur le grand âge serait prochainement élaboré.
Selon l’Insee, 21,3 % des habitants ont 65 ans ou plus en France au 1er janvier 2023. D’ici 2030, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans. En 2040, la France comptera, selon un rapport du Haut conseil du financement de la protection sociale, entre 1,7 et 2,2 millions de personnes âgées dépendantes. Une large majorité des Français souhaitent pouvoir rester aussi longtemps que possible à leur domicile même en situation de dépendance. Ce souhait, pour être respecté, suppose la mise en place de services adaptés et le financement d’aménagements dans les domiciles. Après les problèmes rencontrés dans certains établissements d’accueil des personnes âgées, la garantie de conditions de vie dignes est devenue une priorité pour les pouvoirs publics comme pour l’ensemble de la population. La loi sur le bien vieillir comporte des dispositions allant dans ce sens.
Depuis plusieurs mois, les professionnels de l’immobilier soulignent l’entrée en crise de leur secteur d’activité en raison de la hausse des taux d’intérêt. Ces derniers ont beau être inférieurs à leur niveau du début des années 2000, leur augmentation a été durement ressentie par les acheteurs. La progression du prix de l’immobilier ces vingt dernières années renforce l’acuité du prix accru de l’argent. L’ajustement en cours s’effectue après plusieurs années exceptionnelles sur le plan des prix et du nombre de transactions.
La hausse des taux n’a pas eu l’effet attendu en ce qui concerne les prix (la baisse étant limitée). Elle provoque en revanche un recul des transactions. Sur ce sujet, les professionnels ne comparent pas leur situation actuelle par rapport à celle résultant de la moyenne de ces dix dernières années mais par rapport à celle des meilleures années. L’immobilier est, par ailleurs, confronté au défi de la transition écologique qui se traduit par une augmentation des coûts sur fond de raréfaction du foncier disponible.
Les ménages sont sensibles aux taux d’intérêt nominaux à long terme plus qu’aux taux d’intérêt réels (taux d’intérêt déflatés de l’inflation). La capacité d’endettement des emprunteurs est mesurée par rapport à leur revenu courant. Entre 2022 et 2023, la hausse des taux des crédits immobiliers a été brutale. Ces derniers sont passés en zone euro de moins de 2 % à plus de 4 % en un an et de 3 à 7 % aux États-Unis. Ces taux ont évolué en parallèle avec ceux des obligations d’État qui ont progressé avec la fin des politiques monétaires non conventionnelles. En règle générale, les prix de l’immobilier réagissent rapidement et fortement aux évolutions des taux d’intérêt. Or, ce phénomène n’est pas réellement constaté depuis le milieu de l’année 2022.
Aux États-Unis, les prix de l’immobilier ont certes baissé en 2022, mais ils ont repris leur hausse dès 2023. Ils se situent, désormais début 2024, au-dessus de leur niveau de 2019. En zone euro, la baisse reste faible, autour de 5 % sur un an. De ce fait, entre 2010 et 2024, les prix de l’immobilier ont plus que doublé aux États-Unis et ont augmenté de 50 % en zone euro. En revanche, la construction de logements et les transactions immobilières connaissent une forte baisse. Les mises en chantier ont diminué de 22 % aux États-Unis de 2021 à 2023 et de 20 % en zone euro. Chez cette dernière, la baisse atteint même 40 % entre 2018 et 2023.
Depuis la crise des subprimes, que ce soit aux États-Unis ou en zone euro, le secteur de la construction n’a jamais retrouvé son niveau de 2007. Les mises en chantier sont passées de 2,2 millions en 2007 à 1,5 million aux États-Unis. Pour la zone euro, la baisse atteint plus de 50 %. L’accès aux crédits a été durci réduisant le nombre de primo-accédants. Ces derniers sont également pénalisés par la hausse des prix immobiliers et la hausse des taux depuis 2022.
Les ventes de maisons anciennes sont en recul aux États-Unis de 30 % entre 2021 et 2023. Sur la même période, la baisse est de 18 % en zone euro pour les ventes de logements neufs. Pour les logements anciens, la contraction est de 15 % en Europe. Les ménages recourent moins aux crédits immobiliers, ce qui explique en grande partie la diminution des transactions. Aux États-Unis, la croissance de crédit immobilier aux ménages est passée de 10 à 2,5 % de 2021 à 2023 et en zone euro de 5 à 0 %.
Malgré la hausse des taux d’intérêt et la diminution du nombre de transactions, l’absence de baisse des prix est liée au comportement des propriétaires. Ces derniers refusent de revoir les prix de vente à la baisse. Pour les logements neufs, la rigidité des prix à la baisse s’explique par les coûts élevés de construction qui limitent les marges de manœuvre des promoteurs. Cette rigidité est également imputable à une raréfaction de l’offre en raison des contraintes urbanistiques et de la concentration de la population sur certaines zones d’habitation. Aux États-Unis, la Floride connaît une forte augmentation de sa population. En France, celle-ci tend à migrer vers le littoral et les grandes agglomérations.
Dans les différents pays européens, les biens immobiliers constituent les principaux éléments du patrimoine des ménages. En 2021, la part des actifs immobiliers représentait, en effet, 80 % du patrimoine brut des ménages dans la zone euro. Ce poids s’est renforcé, ces dernières années, avec la forte augmentation du prix des logements. Entre 2010 et 2021, dans les quatre grandes économies de la zone euro (Allemagne, France, Italie et Espagne), ces prix ont néanmoins connu des évolutions assez différentes.
En Allemagne, les prix ont augmenté de façon ininterrompue depuis le milieu des années 2000. Dans les autres pays, après une hausse au début des années 2000, ils ont tout d’abord baissé à la suite de la crise financière de 2008-2009, de manière marquée en Espagne et en Italie mais très légèrement en France. Ils ont en revanche enregistré une croissance de 2017 à 2022 dans tous les pays.
La hausse des prix, durant cette période a atteint 35 % en Allemagne, et 19 % en France et en Espagne. Elle n’a été que de 4 % en Italie. Sur cette même période, les coûts de financement ont fortement diminué pour les ménages de la zone euro (seulement à partir de 2020 en Espagne), atteignant leur niveau le plus bas en 2021. Avec la résurgence de l’inflation, les taux de crédit ont augmenté dans tous les pays, tout en restant moins élevés en France.
Le pourcentage de ménages propriétaires de leur résidence principale varie au sein des quatre grands pays de la zone euro. En 2021, il est de 77 % en Italie, de 73 % en Espagne et de 58 % en France. Il n’est que de 44 % en Allemagne. En Espagne, le taux de ménages propriétaires a diminué de façon continue depuis 2010, où il s’établissait à 83 %. Cette baisse a concerné les ménages de moins de 45 ans : entre 2010 et 2021, la proportion de ménages propriétaires de leur logement âgés de 35 à 44 ans, est passée de 21 % à 16,5 %. L’augmentation du prix des logements explique cette diminution du nombre de propriétaires.
En Allemagne et en France, le taux de propriétaires est resté relativement stable. En revanche, en France, le pourcentage de ménages propriétaires d’autres logements que leur résidence principale (par exemple des résidences secondaires, de l’immobilier de rapport, etc.) a augmenté, passant de 22 % à 24 % entre 2017 et 2021.
Cette augmentation de la proportion de propriétaires d’autres logements concerne l’ensemble des niveaux de revenus, sauf les 5 % de ménages aux revenus les plus élevés. Pour ces derniers, la proportion de propriétaires de ce type d’actifs immobiliers est déjà très élevée, autour de 64 % et n’a pas varié sensiblement jusqu’en 2021. Dans le même temps, l’Italie a connu une légère hausse du taux de propriétaires. Cette augmentation est portée par les ménages de plus de 55 ans, mais a concerné tous les niveaux de revenus. La détention d’autres logements a également augmenté en Italie entre 2010 et 2021, de 21 % à 26 %.
Depuis 2010, l’endettement immobilier a augmenté en Allemagne et en France. Il est stable en Italie et a diminué en Espagne. Cette évolution différenciée s’explique par les conséquences de la crise des subprimes de 2008-2009 plus marquées en Espagne et en Italie que dans les deux autres pays. Entre 2010 et 2021, l’encours global de la dette immobilière des ménages a augmenté de 53 % en Allemagne et de 68 % en France.
En Espagne, le pourcentage de ménages endettés (tous types de dette) est, entre 2010 et 2021, en hausse continue. Il est ainsi passé de 49 % à 57 % sur la période considérée même si la proportion de propriétaires a diminué. Cette hausse s’explique en effet par la forte augmentation de la part des ménages ayant des crédits à la consommation qui est passée de 27 % en 2010 à 40 % en 2021, le taux de ménages endettés pour un motif immobilier restant stable, autour de 35 %.
En France, le pourcentage de ménages endettés (tous types de dettes) est relativement stable depuis 2010, autour de 46 %, dont environ 25 % pour de l’immobilier. Il a baissé en Allemagne de 47 % à 41 %. C’est en Italie que la proportion de ménages endettés (tous types de dettes) est la plus faible. Elle est passée de 21 % à 24 % entre 2017 et 2021, pour revenir à son niveau de 2010.
L’Allemagne reste un pays de locataires à la différence de l’Espagne et de l’Italie où la propriété de la résidence principale prédomine, la France se situant dans une position intermédiaire. Avec la hausse des prix des logements, les jeunes actifs éprouvent des difficultés croissantes à acquérir un bien immobilier. Le rapport à la pierre change. Les jeunes ménages qui se concentrent essentiellement au sein des grandes agglomérations sont plus mobiles et ne veulent pas sacrifier leur liberté avec l’achat d’une résidence principale.
Les besoins en logements ont été sous-estimés. La multiplication des divorces et des familles monoparentales augmente le nombre de logements nécessaires. En France, le déficit de logements se situe entre 100 000 et 200 000 par an. Le développement des locations saisonnières en lien avec l’essor du tourisme diminue le nombre de logements disponibles dans le parc locatif privé au cœur des grandes agglomérations et dans les zones touristiques. Le manque de logements est général. Au Portugal comme en Allemagne, la population demande aux pouvoirs publics d’intervenir pour faire baisser les prix ou pour interdire les locations saisonnières. Aux États-Unis, plusieurs États dont celui de New York ont légiféré pour restreindre les activités des plateformes de locations saisonnières.
L’immobilier est exposé aux conséquences du réchauffement climatique. Le coût des catastrophes naturelles augmente en raison de leur plus grande prévalence et du montant plus élevé du patrimoine.
Selon l’agence MSCI, le coût global des travaux afin d’adapter les logements aux contraintes écologiques dépasserait 10 % de leur valeur. En France, la facture s’élèverait à plus de 1 000 milliards d’euros sur vingt-cinq ans. Au niveau de l’OCDE, ce montant serait de 25 000 milliards de dollars. Pour respecter les engagements pris dans le cadre des Accords de Paris en 2015, les gouvernements doivent consacrer, jusqu’en 2030, selon l’Agence Internationale de l’Énergie, plus de 570 milliards de dollars par an sur le seul poste de la rénovation des bâtiments, bâtiments qui sont à l’origine de 18 % des émissions des gaz à effet de serre. Or, en 2023, seulement 250 milliards de dollars de dépenses ont été consacrés à cet objet. Les effets du changement climatique sont, de ce fait, susceptibles d’influencer le marché de l’immobilier.
Les biens immobiliers mal classés sur le plan énergétique ou exposés à des risques environnementaux pourraient perdre entre 10 et 25 % de leur valeur dans les prochaines années. Une étude parue dans la revue « Nature » souligne que si les seules pertes attendues du fait de l’augmentation des inondations étaient prises en compte, la valeur des maisons américaines baisserait de 120 à 240 milliards de dollars. Selon une étude publiée en 2018 dans le Journal of Urban Economics, le prix des maisons construites dans les plaines inondables de l’État de New York a perdu près de 10 % de leur valeur après l’ouragan Sandy. En Californie, les maisons situées au sein des zones les plus exposées au risque incendie valent 5 % de moins que celle situées en dehors de ces zones.
Les pouvoirs publics sont amenés à arbitrer entre des objectifs contradictoires, protection de l’environnement et pouvoir d’achat des ménages. Des mesures prises pour accélérer la mise aux normes comme l’interdiction de location des passoires énergétiques sont difficilement admises par les populations. Le gouvernement français a été contraint d’assouplir le calendrier qu’il avait retenu. Les élus éprouvent les pires difficultés à limiter la construction dans les zones à risques. En Floride, malgré les menaces d’inondation, soulignées avec ironie par l’écrivain américain TC Boyle dans son dernier roman, « Un ciel si bleu », les constructions en zones inondables se poursuivent. Les nouveaux arrivants supposent que les contribuables prendront à leur charge les investissements nécessaires pour la mise en sécurité de leurs biens. Il est fort probable que cet espoir ne se réalise pas, avec comme conséquence, d’importantes pertes, notamment pour les assureurs.
Le secteur de l’immobilier connaît une crise profonde et plurielle. Les pays occidentaux sont confrontés à une pénurie de logements favorisant la hausse des prix. Ils doivent transformer un secteur à l’origine d’un cinquième des émissions des gaz à effet de serre. De la fabrication du ciment au chauffage, toute la chaîne du bâtiment est énergivore. Principal actif des ménages, la pierre est sacrée dans de nombreux pays. De ce fait, tout changement est éminemment à risques. Les pouvoirs publics et les professionnels du secteur sont obligés d’innover, à la fois pour rénover et pour bâtir.
Une des clefs du succès de la transition écologique repose sur la mobilisation de l’épargne. Celle-ci est nécessaire pour financer les importants investissements à réaliser en vue de décarboner l’économie. La gestion d’actifs en France est l’une des plus puissantes de l’OCDE. Elle est donc un acteur majeur de la transition énergétique. La montée en puissance de l’investissement responsable témoigne de l’engagement de la profession et de la capacité des investisseurs à opter pour ce type de supports.
À la fin de l’année 2023, l’Investissement Responsable (IR) a, selon l’Association Française de gestion (AFG), atteint, en France, 2 531 milliards d’euros après 2 443 milliards d’euros en 2022, en hausse de 5,8 %. 72 % des encours sont détenus par des institutionnels (fonds ou mandats). Les fonds ouverts aux particuliers sont malgré tout en progression.
Les 2 531 milliards d’euros d’investissement responsable se répartissent de la manière suivante :
Les fonds et les mandats représentent 59 % des encours gérés en France. Les mandats d’investissements responsables sont essentiellement gérés pour des investisseurs institutionnels (97 %) alors que les fonds investissements responsables se partagent entre la clientèle institutionnelle (55 %) et la clientèle des particuliers (45 %). La part des fonds responsables au sens de SFDR en France progresse. Près des deux tiers des fonds de droits français relèvent désormais des articles 8 et 9 (63 % contre 53 % en 2022).
La répartition des encours IR entre « article 8 » et « article 9 » de la réglementation SFDR est respectivement de 2 443 milliards d’euros et 88 milliards d’euros. Les encours IR des fonds (français et étrangers) « article 8 » sont en hausse de + 14,3 % et ceux « article 9 » en baisse de -24,0 %, en raison des reclassifications faisant suite des précisions sur les définitions apportées par les autorités de contrôle européennes. 59 % des encours (mandats, OPC de droit français et étranger) gérés en France sont classifiés « article 8 » ou « article 9 ».
La répartition des encours
Comme mentionné ci-dessus, l’encours IR se répartit au niveau global à 72 % institutionnel et 28 % retail. Pour les Fonds d’Investissement Alternatifs (FIA), l’encours est à 70 % détenu par les institutionnels. Les encours des fonds français et étrangers IR se partagent entre la clientèle institutionnelle (55 %) et la clientèle particulière (45 %). La part de la clientèle particulière progresse grâce notamment aux labels, à l’épargne salariale, à l’assurance vie et aux plans d’épargne retraite.
Les fonds monétaires représentent 31 % des encours des OPC IR gérés en France, contre 22 % pour les fonds actions, 20 % pour les obligataires et 15 % pour les diversifiés. Les fonds d’immobilier, de capital-investissement et d’épargne salariale représentent 12 % de ces encours.
Chaque année, selon la DREES (le service des études et des statistiques du Ministère de la Santé), 35 000 nouveaux accidents du travail aboutissent à une incapacité permanente (IP), soit la moitié des incapacités dénombrées. L’autre moitié est imputable aux maladies professionnelles et accidents de trajet. La branche Accident du Travail – Maladies professionnelles (AT-MP) verse environ 3 milliards d’euros par an de rentes au titre d’une IP à près de 1 million de victimes. Elle verse également 1,3 milliard d’euros par an aux ayants droit (conjoints et enfants). Ces indemnisations compensent les séquelles irréversibles d’un accident du travail. Ces séquelles peuvent empêcher le retour, en partie ou totalement, de la victime au travail. L’accident du travail engendre de ce fait des pertes de ressources financières importantes sur le long terme.
Les accidents du travail (AT) avec incapacité permanente (IP) concernent, selon une étude la DREES (L’indemnisation des accidents du travail avec incapacité permanente compense-t-elle leurs conséquences financières ? par Raphaël Lardeux et Pierre Pora), essentiellement les hommes (66 %), des ouvriers (57 %), sans diplôme (16 %). Les victimes d’un accident du travail sont plus souvent des salariés en fin de carrière, âgés de 51 à 64 ans (33 %, ces derniers représentant 23 % de la population en emploi). Plus d’un tiers d’entre elles (36 %) ont des revenus qui les situent parmi les 20 % des ménages les plus modestes.
Les accidents du travail avec incapacité permanente sont relativement plus fréquents dans les PME de 10 à 249 salariés. Les secteurs de la construction et des transports représentent à eux seuls un quart des accidents du travail avec incapacité permanente, soit le double de la part de ces secteurs dans l’emploi total. A contrario, ces derniers sont relativement peu fréquents dans l’administration publique.
La première année complète qui suit celle de l’accident provoque une perte de revenu salarial d’environ 6 000 euros pour les victimes dont le taux d’IP est inférieur à 10 % et de 12 000 euros pour celles dont le taux d’IP est supérieur ou égal à 10 %, ce qui représente ainsi une perte moyenne de salaire de 33 % pour les premiers et de 59 % pour les seconds. Le volume de travail annuel diminue d’environ 500 heures pour les premiers et 900 heures pour les seconds. Les années suivantes, les conséquences de l’accident s’atténuent légèrement mais restent non négligeables. Elles sont naturellement plus importantes pour ceux pour qui le taux d’IP est supérieur ou égal à 10 %. Ces derniers ont des montants de salaire annuel inférieurs de 10 000 euros et un volume d’heures travaillées amputé de 750 heures.
L’accident accroît de 20 points la probabilité de percevoir des allocations-chômage cinq ans plus tard, le nombre d’heures rémunérées restant toujours inférieur à celui d’avant l’accident (environ 250 heures la quatrième année). Un individu victime d’un accident caractérisé par un taux d’IP de moins de 10 % subit encore des conséquences professionnelles quatre ans plus tard. La perte de salaire annuel est estimée à 4 000 euros. Le volume annuel de travail est inférieur de 400 heures à son niveau d’avant accident. La probabilité d’être au chômage indemnisé est supérieure de 15 points.
À la suite d’un accident du travail avec incapacité inférieure à 10 %, les indemnités journalières (IJ) du régime ATMP compensent quasi intégralement la perte de revenus l’année de l’accident et celle qui suit. L’indemnisation en capital (IC), versée dans un cas sur deux l’année qui suit le choc joue un rôle nettement plus modeste puisqu’elle n’absorbe la perte de revenus qu’à hauteur de 13 %.
À partir de la deuxième année après l’accident, l’indemnisation du régime AT-MP (IJ et IC) est moins importante. En revanche, l’indemnisation du chômage augmente au point de devenir le premier soutien financier quatre ans après l’accident. Elle compense alors plus de 40 % de la perte de revenu consécutive de l’accident du travail.
Quatre ans après l’accident, seul un quart de la compensation des accidents du travail avec IP inférieure à 10 % et deux tiers de la compensation des accidents du travail avec un taux IP de 10 % ou plus est assurée par la branche « AT-MP ».
Le taux de cotisation employeur utilisé pour déterminer les recettes de la branche « AT-MP » dépend du coût moyen des accidents du travail, calculé par catégorie de gravité en rapportant les dépenses des caisses primaires d’assurance maladie (CPAM) au nombre de sinistres.
Puisque l’indemnisation AT-MP ne suffit pas à assurer au ménage d’une victime le même niveau de revenus que celui dont il aurait pu bénéficier en l’absence d’accident, la DARES souligne une sous-évaluation financière des conséquences des accidents du travail par la Sécurité sociale. Elle suggère une augmentation des cotisations ou du moins une clarification des fonctions entre l’assurance chômage et la branche AT-MP.
Cité dans Money Vox, Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne recommande aux épargnants séduits par les comptes à terme, dans un contexte de baisse attendue des taux directeur, de mener une stratégie d’échelonnement.https://www.moneyvox.fr/placement/actualites/97639/compte-a-terme-une-inversion-des-taux-a-anticiper-pour-miser-sur-les-bons-placements
Interrogé dans Ouest France sur le risque d’une chute burtale de la rémunération du LEP, Philippe Crevel estime que le gouvernement souhaite « éviter que la chute du taux du LEP soit trop abrupte » Selon le Directeur du Cercle de l’Epargne » le gouvernement va continuer de redescendre son taux graduellement. On peut donc imaginer qu’il repasse à 4 % ».
La Tribune reprend l’analyse de Philippe Crevel dans son article consacré à l’assurance vie. Il relève notamment qu’« après une période de forte augmentation, les prestations ont enregistré un recul grâce aux moindres rachats sur les fonds euros. La diminution peut s’expliquer par la plus grande confiance accordée aux fonds euros ».
Dans les colonnes du Figaro, Philippe Crevel commente les résultats de l’assurance vie en mars. Il estime que « l’assurance-vie devrait continuer sur sa lancée » en raison des importantes liquidités détenues par les ménages et la diminution des taux pratiqués sur les contrats à terme.
Retour sur les raisons du succès du PER dans cet entretien accordé par Philippe Crevel à Ouest France. il évoque notamment les avantages de ce produit et les points qu’il convient de surveiller avant de souscrire un PER.
Au micro de RTL, le Directeur du Cercle de l’Epargne est invité à réagir à l’annonce du gain, la veille de 166 millions d’euros à l’Euromillions. Il a notamment été interroger sur la manière de gérer de tels montants, et quels placements privilégier.
Au micro d’Europe 1, Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne explique les raisons du succès du PER. « C’est la déduction fiscale. Ceux qui sont imposables à l’impôt sur le revenu peuvent déduire les sommes investies dans leur PER, et donc cela constitue évidemment un argument choc pour le développement de ce type de produit.«
Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne
Le produit intérieur brut (PIB) en volume a augmenté de 0,2 % au premier trimestre après +0,1 % au trimestre précédent. L’économie française continue à croître à petite vitesse depuis le milieu de l’année 2023. La faible croissance de la zone euro et les difficultés de son principal partenaire européen, l’Allemagne, pèsent sur l’activité. Celle-ci demeure portée par les services. Le déficit public élevé contribue sans nul doute à maintenir un filet de croissance. Comme points positifs du premier trimestre, il convient de souligner la reprise de l’investissement des entreprises témoignant d’un minimum de confiance en l’avenir ainsi que celle de la consommation des ménages.
Pour l’ensemble de l’année, une croissance de 0,8 à 1 % est jouable. Elle est insuffisante pour réduire le déficit public. Elle devrait néanmoins permettre la stabilisation du chômage. La confirmation de la baisse de l’inflation devrait jouer favorablement pour la croissance en incitant les ménages à réduire leur effort d’épargne court terme. La probable diminution des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne attendue d’ici la fin du premier semestre devrait également contribuer positivement à une amélioration de la croissance d’ici la fin de l’année.
Légère reprise de la consommation
Au cours du premier trimestre, les ménages ont retrouvé les chemins des magasins, la consommation étant en hausse de 0,4 % (contre +0,2 % au dernier trimestre 2023). Les achats de biens ont été étales durant ce trimestre (+0,1 % après -0,5 %). La consommation alimentaire a malgré tout repris quelques couleurs (+0,5 % après -1,0 %). la consommation énergétique a enregistré une hausse de 0,7 % après -2,3 %. Les dépenses en matériels de transport, en particulier de voitures neuves, ont enregistré un net recul (-3,5 % après +3,0 %). La consommation des ménages en services demeure soutenue avec une hausse de 0,7 % au premier trimestre (+0,8 % au dernier trimestre 2023). Elle est portée par l’accélération de la consommation en services de transport (+2,1 % après +1,6 %) et en services d’hébergement et restauration (+1,5 % après +0,3 %).
Rebond de l’investissement
L’investissement (formation brute de capital fixe – FCBF) est également en progression, +0,3 % contre -0,9 % au dernier trimestre 2023. La FCBF en produits manufacturés a connu une nette reprise au premier trimestre (+0,8 % après -1,1 %). Il en est de même pour la FCBF en services marchands (+0,5 % après -0,8 %). Ce rebond en matière de services marchands est porté par l’investissement en information-communication (+2,2 % après -0,6 %). À l’inverse, l’investissement en services immobiliers a continué de diminuer (-8,6 % après -5,2 %), tout comme l’investissement en services juridiques, scientifiques, techniques, administratifs et de soutien (-0,7 % après -0,8 %). Du côté des produits manufacturés, l’investissement a été en nette progression pour les matériels de transport (+1,5 % après -0,7 %) et, plus modérément, pour les biens d’équipement (+0,2 % après -1,6 %). L’investissement en construction est quasi stable ce trimestre (-0,1 % après -0,9 %).
Au total, la demande intérieure finale (hors stocks) a progressé au premier trimestre de +0,4 point après 0,0 point au quatrième trimestre 2023, du fait de l’accélération de la consommation des ménages (+0,4 % après +0,2 %) et du rebond de la formation brute de capital fixe (FBCF, +0,3 % après -0,9 %).
Contribution négative du commerce extérieur
La contribution du commerce extérieur à la croissance a été nulle au premier trimestre 2024 (0,0 point après +1,0 point). Les importations ont augmenté légèrement au premier trimestre (+0,2 % après -2,3 %). Elles sont tirées à la hausse par les importations de produits manufacturés (+0,4 % après -2,8 %), notamment de pétrole raffiné (+18,1 % après -7,7 %) et de matériels de transport (+1,2 % après -3,5 %). À l’inverse, les importations de biens d’équipement continuent de baisser (-2,1 % après -2,7 %).
Les exportations sont demeurées dynamiques au premier trimestre 2024 (+0,5 % après +0,4 %) mais leur augmentation moins que celle des importations. Elles sont portées par le rebond des « autres produits manufacturés » (+2,9 % après -0,3 %) et par la nette progression des exportations de produits agricoles (+14,9 % après +0,2 %), tandis que les exportations de biens d’équipement baissent (-2,6 % après +0,1 %). Les exportations de services sont quasi stables (+0,1 % après -0,8 %).
Les stocks, effets négatifs sur la croissance
La contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB est de nouveau négative ce trimestre. Elle s’est élevée à -0,2 point, après -0,9 point au quatrième trimestre 2023. Les entreprises réduisent toujours leurs stocks par prudence.
Hausse de la production globale grâce aux services
La production totale (biens et services) a augmenté de +0,3 % au premier trimestre après +0,2 % au trimestre précédent. La production de l’industrie manufacturière a néanmoins diminué de 0,1 % après -0,1 % au quatrième trimestre 2023. La production dans les matériels de transport a reculé en raison de problèmes d’approvisionnement (-4,4 % après +1,1 %), tout comme celle dans la cokéfaction et raffinage, en lien avec la fermeture d’une raffinerie sur le début d’année (-3,8 % après -1,8 %).
En revanche, la production a été en progrès dans l’agro-alimentaire (+4,1 % après -1,2 %). La production est stable dans la construction (0,0 % après -0,6 %). La production a été, de ce fait, soutenue par les services marchands. Leur production s’est accrue de +0,8 % après +0,1 %, stimulée par la hausse de la production dans l’information-communication (+1,5 % après +0,5 %), dans les services aux entreprises (+1,2 % après 0,0 %), dans le commerce (+0,6 % après 0,0 %) et dans les services de transport (+1,0 % après +0,2 %).

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne
En 2023, le Plan d’Épargne Retraite a franchi deux seuils, celui des 10 millions de titulaires et celui des 300 milliards d’euros d’encours. Quatre ans après son adoption, le PER connaît une croissance rapide grâce en partie aux transferts des anciens produits. Les résultats des prochaines années permettront d’apprécier le dynamisme réel de ce produit. Les enquêtes réalisées par le Cercle de l’Épargne semblent prouver l’existence d’une réelle appétence des épargnants à son égard.
| Nombre total de PER souscrits | 10.00 millions |
| Nombre de PER assurantiels (assurance-vie) | 5,50 millions |
| Nombre de PER bancaires (compte-titres) | 4,50 millions |
| Encours total sur les PER (tous confondus) | 102.80 Mds d’euros |
| Encours sur les PER Individuel (compartiment 1) | 59,9 Mds d’euros |
| Encours sur les PER entreprise (compartiment 2) | 23,4 Mds d’euros |
| Encours sur les PER obligatoire (compartiment 3) | 19,5 Mds d’euros |
| Encours total sur les PER assurantiels | 77.8 Mds d’euros |
| Encours total sur les PER bancaires | 25 Mds d’euros |
| Encours moyen par PER | 10.280 € |
Le segment individuel du PER est le plus important avec un encours, fin 2023, de 59,9 milliards d’euros. Ce segment a bénéficié d’importants transferts en provenance d’anciens contrats PERP, Madelin ou Préfon. Le segment 2 en lien avec l’épargne salariale comptabilisait un encours de 23,4 milliards d’euros et le segment 3 (retraite supplémentaire obligatoire d’entreprise) clôt la marche avec un encours de 19,5 milliards d’euros.
L’inquiétude des Français face à l’avenir du système de retraite conduit au succès du PER. Près de trois quarts d’entre eux (enquête Cercle de l’Épargne de 2023) estiment que leurs pensions ne leur permettront pas de vivre correctement à la retraite. Cette crainte est amplement partagée par toutes les catégories de ménages. Plus d’un Français sur deux déclarent épargner en vue de la retraite. Le Plan d’Épargne Retraite se place désormais parmi les produits les plus attractifs, après l’assurance vie et les livrets, pour préparer sa retraite, devançant désormais l’immobilier. La déduction fiscale à l’entrée et la sortie possible en capital expliquent également son succès.
La Tribune revient sur la collecte record de l’épargne réglementée (Livret A, LDDS et LEP) en 2023 et reprend dans cet article l’analyse du Directeur du Cercle de l’Epargne sur les raisons de ce succès.
Dans les colonnes de l’AGEFI, Philippe Crevel réagit au projet de création d’un nouveau produit d’épargne européen. «On peut créer tous les produits que l’on veut, mais on ne va pas supprimer le Livret A», ironise-t-il avant d’ajouter qu’. «il faut aussi que cela corresponde aux besoins des différents Etats. En France, on est friand des produits administrés, ce n’est pas le cas partout».
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