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« N’ayez  pas peur » – 3 questions à…Loïc Le Foll, Directeur de l’épargne patrimoniale du Groupe AG2R LA MONDIALE et Directeur général de La Mondiale Europartner

Interview de Loïc Le Foll, Directeur de l’épargne patrimoniale du Groupe AG2R LA MONDIALE et Directeur général de La Mondiale Europartner


Depuis le déclenchement de la guerre commerciale par Donald Trump, le 2 avril dernier, la volatilité sur les marchés s’est fortement accrue avec à la clef de fortes baisses. Quelles sont les réactions des clients patrimoniaux, sociétaires d’AG2R LA MONDIALE dans cette période sans précédent depuis plusieurs décennies et comment les accompagnez-vous ?

Les clients patrimoniaux sont gérés par les équipes spécialisées de la Direction clients épargne patrimoniale (DCEP). Chacun d’eux dispose d’un contact privilégié avec un ingénieur patrimonial qu’il peut solliciter pour faire le point sur ses placements lorsqu’il le souhaite. À ce jour, nous n’avons constaté aucun mouvement de panique de leur part à la suite des soubresauts des marchés financiers.

Il faut tout d’abord noter qu’une grande partie de nos clients patrimoniaux ont un profil prudent et éventuellement modéré. Cela signifie qu’ils investissent peu sur des supports action et privilégient l’actif général, les EMTN (Euro Medium Term Notes) à risque limité et les UC à risque modéré. Par ailleurs, pour nos clients souhaitant investir sur des supports en actions, mais qui ne sont pas des spécialistes des marchés actions, nous proposons des UC à gestion profilée et des mandats de gestion délégués à des sociétés de gestion. L’avantage de ce type de placement réside dans le fait que ce sont des professionnels des marchés financiers qui prennent les meilleures décisions pour les clients.

Il existe cependant une minorité de clients qui ont opté pour un investissement directement sur des supports dynamiques. Ce sont généralement les clients les plus avertis, qui ont une bonne connaissance du fonctionnement des marchés et qui sont restés relativement sereins durant les derniers soubresauts.

Par ailleurs nous rappelons régulièrement à nos clients que l’assurance vie est un placement de long terme et qu’il n’est pas judicieux de modifier trop souvent leur allocation financière.

En quoi l’expertise patrimoniale du Groupe AG2R LA MONDIALE est-elle différenciante face à une concurrence de plus en plus large, notamment par rapport à celle venant du secteur bancaire ou des fintechs ?

Nos ingénieurs patrimoniaux prodiguent exclusivement un devoir de conseil de niveau 2 qui inclut un audit patrimonial. Ils accordent une importance toute particulière à la partie connaissance du client afin d’élaborer et de lui proposer les solutions les mieux adaptées. Il s’agit pour eux de déterminer précisément le profil du client : son niveau de connaissance des marchés financiers, son appétence au risque, son patrimoine, ses revenus et d’analyser ses besoins, ses objectifs et son horizon de placement. Cette partie est fondamentale pour qu’ils puissent élaborer un choix de solutions avec des allocations financières adaptées aux besoins et aux objectifs du client.

La présentation de cette « étude patrimoniale » au client est également un moment important et requiert un véritable sens de la pédagogie de la part de l’ingénieur patrimonial. En effet, c’est durant cet entretien qu’il lui présente les avantages et les inconvénients des solutions proposées et s’assure qu’elles sont bien adaptées et comprises.

Cette partie dite « précontractuelle » est plébiscitée lors des enquêtes de satisfaction annuelles que nous menons auprès des clients de la Direction Client Épargne Patrimoniale (DCEP) du Groupe. Ainsi 87 % d’entre eux se disent satisfaits ou très satisfaits de l’adéquation entre l’étude patrimoniale et leurs attentes, et 90 % de la qualité des explications et de la pédagogie de l’ingénieur patrimonial. Par ailleurs, une majorité de ceux qui ont déjà eu affaire avec un conseiller bancaire trouvent l’étude patrimoniale de la DCEP plus approfondie. C’est donc là un élément non négligeable de différenciation. C’est d’ailleurs probablement aussi parce que l’allocation financière est totalement en phase avec les objectifs des clients qu’ils restent relativement sereins face aux aléas boursiers.

En ce qui concerne les fintechs, même si leur part de marché progresse, elle reste encore faible en épargne patrimoniale. Nos clients sont souvent d’anciens entrepreneurs qui ont cédé leur entreprise et qui sont attachés à la qualité de la relation qu’ils entretiennent avec leur ingénieur patrimonial. Ils sont donc modérément sensibles aux propositions des fintechs.

Cela ne signifie pas, bien sûr, que les outils digitaux n’ont pas de valeur ajoutée en gestion de patrimoine. Au contraire, ils permettent d’accroître le temps qu’un conseiller consacre à son client et améliorent la qualité du service. À titre d’exemple, nous proposons un parcours précontractuel et un parcours de souscription totalement digitalisés renforçant significativement l’expérience utilisateur et ainsi la satisfaction client. Les outils digitaux affinent également la connaissance clients, facilitent les simulations et accroissent les canaux d’interaction avec le client contribuant ainsi à améliorer la qualité du conseil. Nous sommes convaincus qu’en utilisant le meilleur des deux mondes : les outils digitaux, notamment l’intelligence artificielle, d’un côté et l’expertise et le sens du relationnel de l’ingénieur patrimonial de l’autre, nous serons en mesure de continuer à améliorer la satisfaction nos clients.

Le private equity est de plus en plus prisé par les investisseurs et son accès tend à être facilité. Est-ce actuellement le bon choix et comment AG2R LA MONDIALE intègre-t-elle ce type d’investissement dans son offre ?

Le succès du private equity ne se dément pas comme le prouvent les dernières statistiques de France Invest qui fait état d’une collecte de 2,7 milliards d’euros auprès du grand public en 2024, soit une progression de 29 %. Aujourd’hui, les particuliers détiennent 10,8 milliards d’euros dans le non-côté français. C’est à la fois beaucoup et très peu. En effet, cela est peu si on compare ces chiffres à ceux de l’assurance vie, qui en 2024, a collecté 173 milliards avec des encours atteignant 2 020 milliards.

Nous pensons que le private equity doit être considéré comme un actif de diversification. Relativement décorrélé de l’évolution des marchés boursiers, il a toute sa place dans une allocation dynamique à condition de ne constituer qu’une faible part des actifs du client. N’oublions pas que si le potentiel de gain est élevé, le risque l’est également. En conséquence, nous pouvons proposer des UC investies en private equity aux clients les plus avertis qui nous sollicitent. Dans ce cas nous leur rappelons les risques inhérents à cette classe d’actifs. En conséquence, la part du private equity reste relativement marginal dans les contrats de nos clients.

Dépenses de santé : les équations impossibles

Le système de santé est sous tension depuis une vingtaine d’années : urgences saturées, déserts médicaux, pénuries de médicaments, dérive des comptes, etc. L’Assurance maladie devrait continuer d’afficher des niveaux records de déficits, hors période de crise, avec plus de 16 milliards d’euros prévus chaque année au cours des trois prochaines années. La croissance des dépenses de santé – hors dépenses liées à la crise sanitaire – s’est accélérée ces dernières années, l’Objectif national de dépenses d’Assurance maladie (Ondam) ayant progressé de 4,8 % en moyenne annuelle de 2019 à 2025, contre seulement 2,4 % entre 2015 et 2019. La part des dépenses d’Assurance maladie dans le PIB s’est accrue, atteignant 8,9 % en 2025, soit 0,7 point de plus qu’à la veille de la crise sanitaire en 2019. La Cour des comptes a présenté, le 14 avril dernier, une série de recommandations pour maîtriser la progression des dépenses d’Assurance maladie dans les prochaines années. Elle estime qu’il est possible de dégager 20 milliards d’euros d’économies par des mesures d’efficience, « sans revenir sur les grands principes » de la Sécurité sociale.

La France demeure l’un des pays de l’OCDE consacrant la plus grande part de son PIB à la santé : 11,8 % en 2023, contre 10,4 % dans l’Union européenne (UE), avec un reste à charge parmi les plus faibles (9,2 % contre 14,2 % en moyenne européenne). En 2022, le reste à charge, corrigé des écarts de prix, s’élevait à 426 € par habitant, contre 516 € dans l’UE. Ce modèle solidaire, très protecteur pour les patients, est financé à 78,4 % par l’Assurance maladie obligatoire, à 12,4 % par les complémentaires santé, et à 9,2 % par les ménages eux-mêmes. Le reste à charge tend à diminuer sur le long terme.

Au sommaire de l’étude

Les effets du vieillissement sur les dépenses de santé

La soutenabilité des dépenses de santé en question

Un système de santé menacé d’implosion

Comment gagner en efficience ?

  • Une meilleure maîtrise des arrêts maladie
  • Une harmonisation des pratiques médicales
  • L’ardente nécessité de la prévention
  • Le défi de la dépendance
  • Une meilleure coordination des financeurs
  • Une mise à contribution des patients les plus aisés
  • Pour une gouvernance rénovée du système de santé

Mortalité infantile en France : interrogation sur les origines de son augmentation

Depuis quelques années, la mortalité infantile ne baisse plus en France ; au contraire, elle augmente légèrement. Même si elle demeure faible, ce retournement interroge et laisse supposer une dégradation du système de prévention et de soins. Toute conclusion hâtive est néanmoins à proscrire.

Une hausse du taux de mortalité infantile depuis 2011

En 2024, le taux de mortalité infantile – qui rapporte le nombre d’enfants décédés avant l’âge d’un an au nombre d’enfants nés vivants – s’élève, selon l’INSEE, à 4,1 ‰, soit environ 2 700 enfants. Un enfant sur 250 meurt avant son premier anniversaire. Un quart de ces décès a lieu le jour de la naissance, la moitié entre 1 et 27 jours, et un quart dans la période post-néonatale (de 28 jours à moins d’un an).

Entre 1993 et 1995, ce taux avait chuté de 25 % en deux ans, principalement en raison d’une baisse marquée de la mortalité post-néonatale (-41 %), grâce aux campagnes de prévention contre la mort subite du nourrisson (couchage sur le dos, absence d’objets mous dans le lit, etc.). De 1995 à 2011, la baisse s’est poursuivie, mais à un rythme plus lent. Depuis 2011, en revanche, la tendance s’est inversée : le taux est passé de 3,5 ‰ à 4,1 ‰ en 2024.

Dans le détail, la mortalité le jour de la naissance et celle en période post-néonatale sont restées stables. Seule la mortalité entre 1 et 27 jours a progressé, passant de 1,5 ‰ à 2,0 ‰. Résultat : depuis 2018, la France a un taux de mortalité infantile supérieur à la moyenne de l’Union européenne. En 2023, celle-ci s’établissait à 3,3 ‰, contre 4,0 ‰ en France. Ces comparaisons internationales doivent toutefois être interprétées avec prudence en raison des différences de pratiques de déclaration.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Légère baisse du taux d’enfants mort-nés depuis 2012

Les progrès de la médecine permettent à des enfants qui auraient autrefois été mort-nés – et donc non comptabilisés dans les naissances vivantes – de survivre quelques heures ou jours, ce qui induit mécaniquement une hausse de la mortalité infantile.

Le taux de mortinatalité spontanée, c’est-à-dire le nombre d’enfants mort-nés hors interruption médicale de grossesse, rapporté au nombre total de naissances, a légèrement baissé entre 2012 et 2023 (-0,2 ‰). Le nombre d’interruptions médicales de grossesse a également diminué                    (-0,2 ‰), ce qui pourrait expliquer une hausse des décès précoces après naissance.

La multiplication des naissances multiples, un facteur aggravant

Entre 2015 et 2017, les naissances multiples ont augmenté, en lien avec un recours accru à la procréation médicalement assistée (PMA), notamment la fécondation in vitro (FIV). Environ un accouchement sur quatre après FIV aboutit à une naissance multiple, contre un sur cent en cas de grossesse naturelle.

Or, le risque de décès avant un an est cinq fois plus élevé pour les enfants issus d’une naissance multiple : 16,7 ‰ contre 3,3 ‰. Ce risque est particulièrement marqué dans les premiers jours de vie. La prématurité, qui touche 51 % des enfants nés de grossesses multiples contre 5 % pour les autres, en est une cause majeure.

Entre les périodes 2010-2014 et 2015-2022, le taux de mortalité infantile est passé de 3,6 ‰ à 3,8 ‰. La hausse est quasi générale, sauf pour les enfants issus d’un accouchement multiple où elle atteint +2,3 points (de 16,4 ‰ à 18,7 ‰).

Une mortalité infantile plus élevée chez les mères très jeunes ou âgées

L’âge moyen des mères à l’accouchement ne cesse d’augmenter. De 24 ans en 1974 pour un premier enfant, il est passé à 28,5 ans en 2015 et 31,0 ans en 2023. La part des mères de plus de 40 ans est passée de 1,7 % à 5,7 % entre 1980 et 2019, tandis que celle des mères de moins de 18 ans a chuté de 7 % à moins de 2 %.

La mortalité infantile est plus faible entre 26 et 37 ans (<4 ‰), mais dépasse 5 ‰ pour les mères de 21 ans ou moins et celles de 44 ans ou plus. Elle culmine à 11,7 ‰ à 16 ans et à 11,3 ‰ à 47 ans, soit trois fois la moyenne.

Chez les plus jeunes, un suivi insuffisant de la grossesse peut en être la cause ; chez les plus âgées, les risques sont accrus en raison de pathologies chroniques, de complications obstétricales ou de grossesses multiples.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Un gradient social très marqué

De 2004 à 2022, le taux de mortalité infantile était en moyenne de 2,2 ‰ chez les mères cadres, 3,5 ‰ chez les ouvrières, 3,6 ‰ chez les employées, et 5,1 ‰ chez les inactives ou sans catégorie sociale renseignée. Les mères inactives ou de milieu populaire sont en moins bonne santé et ont un accès plus difficile aux soins, notamment préventifs. En 2016, 10 % des ouvrières et 7 % des inactives déclaraient fumer 10 cigarettes ou plus par jour au troisième trimestre, contre 0,5 % des cadres.

Des écarts persistants en Outre-Mer

Entre 2004 et 2022, la mortalité infantile est plus de deux fois plus élevée dans les DOM (8,0 ‰) qu’en métropole (3,5 ‰). Elle atteint 9,7 ‰ en Guyane, 9,2 ‰ à Mayotte, 8,0 ‰ en Martinique, 7,8 ‰ en Guadeloupe et 6,9 ‰ à La Réunion. En métropole, aucun département ne dépasse 5 ‰.

La pauvreté, l’obésité (entre 22 % et 25 % des femmes enceintes), le faible poids de naissance (plus de 10 % contre 7,1 % en métropole), ou encore des pratiques à risque comme le cododo non sécurisé expliquent en partie ces écarts.

Les mères nées en Afrique plus exposées

De 2004 à 2022, le taux de mortalité infantile est de 3,4 ‰ pour les mères nées en France, en Europe ou en Asie, mais de 4,6 ‰ pour celles nées au Maghreb et de 7,5 ‰ pour celles nées dans un autre pays d’Afrique. À caractéristiques égales, ces écarts persistent.

Les mères originaires d’Afrique subsaharienne présentent un taux élevé de suivi de grossesse inadéquat (35 % contre 17 % pour les mères nées en France). Entre 2010-2014 et 2015-2022, la proportion de nouveau-nés ayant une mère née à l’étranger est passée de 19,5 % à 23,6 %, contribuant à une hausse de 0,1 point du taux de mortalité infantile.

Le taux de mortalité infantile reste, en France, l’un des plus faibles au monde, mais son évolution récente appelle à la vigilance. La combinaison de facteurs médicaux, sociaux et démographiques – vieillissement des mères, inégalités territoriales et sociales, hausse des naissances multiples – révèle une réalité plus contrastée qu’il n’y paraît. Si la tendance demeure modeste en intensité, elle signale peut-être une forme d’essoufflement dans l’efficience de notre système de prévention et d’accompagnement périnatal.

Aux origines de l’abattement de 10 % des retraités

Dans un entretien au « Parisien » publié le 19 avril dernier, la ministre chargée des comptes publics, Amélie de Montchalin a déclaré : « On ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement ». Déjà évoquée au moment de la discussion du projet de loi de finances pour 2025, la suppression de l’abattement de 10 % sur les pensions des retraités lors du calcul de l’impôt sur le revenu est à nouveau dans le collimateur. Quelle est l’origine de cet abattement ? Est-il justifié d’y mettre un terme ?

La disposition en vigueur pour les salariés

En France, les salariés qui n’optent pas pour les frais réels bénéficient pour l’impôt sur le revenu d’une déduction forfaitaire de 10 %. Elle a été instaurée pour simplifier la prise en compte des frais professionnels des salariés, tels que les frais de transport. Son montant minimum pour l’impôt sur le revenu 2024 est de 504 euros par salarié, sauf si la rémunération déclarée est inférieure à ce montant. Dans ce cas, la déduction est égale au montant du salaire brut. Le montant maximal de l’abattement est de 14 426 € par salarié. Ce dispositif est en vigueur depuis le 30 avril 1950.

L’extension aux retraités

L’article 3 de la loi de finances pour 1978 (loi n° 77-1467 du 30 décembre 1977) a prévu un abattement de 10 % pour les contribuables titulaires de pensions ou de retraite. Cet abattement s’est appliqué à compter de l’imposition des revenus de 1977. Il ne pouvait à l’époque pas excéder 5 000 francs. Ce plafond est revalorisé chaque année dans la même proportion que la limite de la première tranche du barème de l’impôt sur le revenu.

Pour les revenus 2024, le montant minimum est de 442 euros par retraité. Si le montant annuel de la pension est inférieur à 442 euros, l’abattement est égal au montant de la pension. Le montant maximal est de 4 321 euros pour l’ensemble du foyer fiscal, que le foyer soit composé d’une ou plusieurs personnes percevant une pension.

Si un couple de retraités perçoit un total de 50 000 euros de pensions en 2024, l’abattement de 10 % serait de 5 000 euros. Cependant, en raison du plafond, l’abattement appliqué sera limité à 4 321 euros, réduisant ainsi le revenu imposable à 45 679 euros.

Contrairement à une idée reçue, cet abattement n’était pas destiné à couvrir des frais professionnels, les retraités n’étant plus en activité. Il visait plutôt à alléger la charge fiscale des titulaires de pensions, retraites ou rentes, notamment ceux disposant de revenus modestes ou moyens. L’objectif était de compenser le fait que les revenus des retraités étaient déclarés par des tiers (caisses de retraite) ce qui n’était pas le cas à l’époque pour les salariés. L’abattement de 10 % était alors envisagé comme une forme de bonus au profit de ceux étant dans l’impossibilité de frauder le fisc. Cet argument est devenu caduc avec l’instauration de la retenue à la source.

L‘instauration de l’abattement de 10 % en faveur des retraités en 1977 est également la conséquence de la généralisation de l’AGIRC/ARRCO qui se traduisait par un nombre plus élevé de retraités imposables à l’impôt sur le revenu. Par ailleurs, l’abattement permettait de limiter les effets de l’inflation, à l’époque élevée, sur les retraités.

Pour ou contre la suppression de l’abattement de 10 %

L’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite représente une dépense fiscale de 4,8 milliards d’euros. Cette niche fiscale se classe après celle du crédit d’impôt recherche (7,8 milliards euros) et du crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile (6,7 milliards euros).

Les retraités bénéficient de dispositifs spécifiques sur le plan fiscal avec l’abattement de 10 % et les exonérations totales ou partielles de CSG. Dans le même temps, le niveau de vie est légèrement supérieur à celui des actifs, mais cette situation est amenée à changer dans les prochaines années. L’abattement de 10 % était historiquement justifié par le fait que les revenus des retraités étaient faibles.

Le montant des pensions reste modeste, en moyenne 1 626 euros en 2022 (rapport sur les retraités de 2024 de la DREES). Compte tenu des réformes adoptées depuis 1993, le niveau de vie relatif des retraités est amené à baisser. Supprimer l’abattement reviendrait à accroître les prélèvements fiscaux et à baisser le pouvoir d’achat de nombreux retraités, notamment ceux de la classe moyenne imposable à l’impôt sur le revenu. 40 % des retraités seraient concernés par cette mesure.

La pension est souvent considérée comme un salaire différé, c’est-à-dire une récompense pour des décennies de travail et de cotisations. L’alourdissement de la fiscalité pourrait être perçu comme une mesure ayant un effet rétroactif remettant en cause la solidarité intergénérationnelle.

Les retraités forment une part importante de l’électorat (plus d’un tiers des votants). Une mesure visant à supprimer l’abattement pourrait avoir des incidences électorales non négligeables.

Les villes face au défi du vieillissement

L’OCDE a publié au mois d’avril 2025, un rapport « Cities for All Ages » qui analyse les conséquences du vieillissement démographique au sein des grandes agglomérations. Celles-ci seront amenées à s’adapter afin de permettre la cohabitation des générations.

Les villes rattrapées par le vieillissement démographique

Jusque dans les années 2000, les personnes âgées étaient peu présentes au sein des grandes agglomérations. Celles-ci ont bénéficié d’une forte croissance démographique depuis 50 ans, intégrant essentiellement des étudiants et des jeunes actifs. Les retraités avaient au contraire tendance à les quitter au moment de la liquidation de leurs droits. Avec la montée en âge des générations du baby-boom, l’âge moyen de la population dans les grandes agglomérations augmente. Si des départs notamment vers les littoraux sont constatés au moment du départ à la retraite, des retours s’organisent vers 70 ans. Les retraités reviennent en ville afin de bénéficier de services de santé et à la personne plus adaptés à leurs besoins. Entre 2000 et 2022, le ratio de dépendance des personnes âgées (nombre d’individus de 65 ans et plus pour 100 actifs) a augmenté dans toutes les agglomérations au sein de l’OCDE. D’ici 2040, dans les zones urbaines, la part des personnes âgées passera de 20,9 % à 27,9 % en moyenne.

Dans le même temps, les grandes villes continuent d’attirer les jeunes qu’ils soient étudiants ou jeunes actifs. En revanche, les ménages entre 35 et 55 ans ont tendance à quitter les grandes agglomérations en raison du coût du foncier ou pour bénéficier d’une meilleure qualité de vie. Les métropoles concentrent à la fois le renouvellement générationnel et l’avancée en âge, soit les deux extrémités du cycle de vie. Les petites villes vieillissent par défaut, sans bénéficier de l’apport des nouvelles générations.

Le caractère schizophrène des villes

Les villes doivent mettre à disposition des services de santé à destination d’un public âgé, tout en prévoyant des infrastructures et des loisirs pour les jeunes générations. La question de l’accès au logement est le problème numéro 1 pour les jeunes. Ils sont de plus en plus nombreux à vivre chez leurs parents – un sur deux entre 20 et 29 ans dans les pays de l’OCDE – faute d’un logement abordable. Les jeunes comme les seniors sont confrontés au problème de l’isolement social même si celui-ci prend des formes différentes.

L’inclusion comme levier de transformation

L’OCDE estime que les villes doivent en priorité suivre trois grands axes d’action sont identifiés : l’urbanisme, le logement, et l’économie locale.

L’urbanisme doit prévoir la cohabitation des âges et des modes de transport. Le rapport met en exergue des initiatives comme le « Slow Streets » à San Francisco ou la « ville du quart d’heure » à Paris. L’idée est d’offrir à chacun, quel que soit son âge, un accès rapide aux services essentiels, aux espaces verts et aux lieux de sociabilité.

Le logement doit, par ailleurs, être repensé comme un vecteur d’émancipation intergénérationnelle. Co-living pour jeunes actifs à Bologne, habitats intergénérationnels à Baltimore, rénovation des logements pour personnes âgées via « MaPrimeAdapt » en France sont les exemples cités dans le rapport. L’enjeu est double : permettre aux jeunes de quitter le domicile parental sans précarité, et aux seniors de rester autonomes plus longtemps.

Les villes doivent rester des centres économiques avec une cohabitation de secteurs de pointe et d’activités plus traditionnelles. Le rapport souligne le potentiel économique d’une ville inclusive. La « silver economy » ne se résume pas à la dépendance. Elle inclut le tourisme, la culture, le commerce, le numérique. Une ville qui permet aux plus de 60 ans de rester actifs – par l’emploi, le bénévolat, la consommation – est une ville plus riche, plus vivante. À Manchester, des programmes de requalification professionnelle ciblent les seniors quand à Barcelone, des solutions numériques de santé sont coconstruites avec eux.

Une logique d’addition et non d’exclusion

Les jeunes contre les vieux ou l’inverse est évidemment une mauvaise politique. La gouvernance des agglomérations doit s’attacher à concilier les intérêts qui ne sont pas nécessairement contradictoires. Les jeunes ont besoin de services de santé, d’aides psychologiques, de services de proximité. Les seniors ont de leur côté besoin de services à la personne nécessitant des centres sportifs ou des lieux de loisirs. Penser la ville pour tous les âges, c’est refuser la marginalisation implicite qu’induit un urbanisme focalisé sur la productivité.

Petits conseils aux épargnants en période de volatilité

Depuis l’épidémie de covid, le taux d’épargne reste en France élevé. Les chocs successifs que la société a subis ont conduit les ménages à privilégier l’épargne financière à la consommation et à l’investissement immobilier. Jusqu’à la tempête douanière lancée par Donald Trump le 2 avril dernier, les marchés « actions » avaient fait preuve de résilience. Certes, lors des confinements décidés au printemps 2020, les cours des actions avaient connu une forte baisse, mais le rebond avait été rapide. La hausse des taux d’intérêt décidée par les banques centrales pour lutter contre la vague inflationniste provoquée par l’épidémie de covid et la guerre en Ukraine a également pesé sur les cours, mais sans réellement porter préjudice aux actionnaires. Les annonces de relèvement des droits de douane par le président américain, en remettant en cause 80 ans de libre-échange sont d’une tout autre nature. Si elles étaient suivies d’effets, elles pourraient se traduire par un réel ralentissement de la croissance économique mondiale.

Un taux d’épargne élevé, la rançon de la peur !

Le taux d’épargne des ménages demeure depuis cinq ans à des niveaux élevés. En 2024, le taux d’épargne en France était de plus de 18 % du revenu disponible brut, soit trois points de plus qu’avant la crise sanitaire. Les Français limitent leurs dépenses de consommation surtout en biens et ont fortement réduit leurs achats immobiliers. Le nombre de transactions a baissé entre 2022 et 2024 de 20 %.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Les épargnants face aux incertitudes

Depuis le début de l’année 2025, le CAC 40 a perdu plus de 8 % le DAX plus de 10 %, et le S&P 500 a perdu plus de 7 %, sous l’effet combiné des tensions géopolitiques persistantes et des incertitudes économiques en lien avec les annonces de Donald Trump en matière de droits de douane. Les déclarations du président américain le 2 avril dernier ont constitué un choc. L’ampleur du relèvement des tarifs douaniers et la crainte d’une spirale protectionniste ont abouti à un recul marqué des indices actions, les investisseurs privilégiant les valeurs refuges que sont l’or et les obligations souveraines.

Avec des marchés financiers qui ressemblent de plus en plus à des montagnes russes et dans un contexte anxiogène, les épargnants sont confrontés à une équation délicate : comment protéger leur capital ? Comment dégager un rendement réel positif, tout en conservant une certaine agilité pour tirer parti de futurs rebond ? Ces dernières années, les épargnants ont appris des différentes crises. Lors des krachs de 1987 ou de 2001 en encore lors de la crise financière, ils avaient eu tendance à se saborder en vendant au plus bas des titres qu’ils avaient chèrement acquis. Dégoûtés, ils ont mis du temps à revenir sur les marchés. Le nombre de Plan d’Épargne en Actions ouverts demeure en 2024 inférieur à son celui de 2007.

Sept conseils aux épargnants

1. ne pas céder à la panique tout en étant lucide

La première tentation, face à la baisse des marchés, est de liquider ses positions en actions pour « protéger ce qu’il reste ». Or, comme le montrent de nombreuses études empiriques, vendre après une forte baisse revient souvent à cristalliser ses pertes et à rater le rebond qui, historiquement, se produit dans les mois qui suivent les plus fortes secousses. Selon une étude de JP Morgan Asset Management (2023), un investisseur qui serait resté investi dans le S&P 500 entre 2003 et 2022 aurait obtenu un rendement annuel moyen de 9,8 %. S’il avait manqué les 10 meilleurs jours de hausse sur cette période, ce rendement tombait à 5,6 %, et à 2,3 % en manquant les 20 meilleurs jours. Or ces jours de rebond suivent très souvent… les plus grosses chutes. Cela ne signifie pas rien faire. Il faut savoir solder de temps en temps ses pertes en sacrifiant des titres ne disposant de réels potentiels de rebonds. Un épargnant peut avoir avantage à vendre en pleine crise pour réaffecter une partie des sommes ainsi récupérées pour acquérir des titres eux-mêmes en baisse, mais dont les capacités de rebond sont élevées.

2. Les obligations, un retour en grâce

La hausse des taux d’intérêt depuis 2022 a profondément rebattu les cartes de l’investissement. Là où les obligations offraient des rendements réels négatifs en période de taux bas, elles redeviennent attractives. Les obligations souveraines françaises à 10 ans offrent un rendement supérieur à 3,2  % en avril 2025, contre 0,1 % en 2021. Les obligations d’entreprises se négocient autour de 4 % de rendement. La baisse de l’inflation permet de dégager un rendement réel élevé. Le taux d’inflation en février comme en mars en France n’a été que de 0,8 %. Avec des obligations bien notées, le risque de capital à terme est faible. Si dans les prochains mois, le taux des obligations baisse, des plus-values avant terme sont même envisageables.

3. L’assurance vie en euros : un retour d’attractivité

Les fonds en euros, longtemps délaissés à cause de leurs rendements faibles profitent eux aussi de la hausse des taux. En 2024, leur rendement moyen a atteint 2,6 % ; pour certains contrats il peut atteindre entre 3 et 3,5 %. Ces fonds conservent deux atouts majeurs : une garantie du capital à tout moment et une fiscalité avantageuse après huit ans (abattement annuel de 4 600 € ou 9 200 € pour un couple sur les gains).

Le regain d’intérêt pour les fonds euros ne signifie pas l’abandon des unités de compte. Celles-ci permettent à l’assuré d’accéder à un grand nombre de supports dont certains peuvent s’avérer résilients dans le contexte tourmenté actuel. Les unités de compte investies dans le private equity, dans les obligations, dans les matières premières peuvent se révéler performante. Par ailleurs, les assurés peuvent également investir à bon compte sur des unités de compte maltraitées qui pourraient rebondir avec la levée des incertitudes (secteur bancaire, luxe, transports, agro-alimentaire ; etc.).

4. Le Livret A et les livrets réglementés : utiles, mais limités

Le taux des livrets est orienté à la baisse depuis 2024. Celui du Livret A est ainsi passé de 3 à 2,4 % le 1er février 2025. Compte tenu de l’évolution de l’inflation et des taux directeurs de la Banque centrale européenne, son taux devrait à nouveau baisser le 1er août prochain. Il pourrait se situer autour de 1,7 %. La baisse des rendements concerne également les dépôts à terme qui ont connu un vif succès en 2023 et 2024. Aujourd’hui, ces placements ne peuvent être utilisés que pour constituer une épargne de précaution ou pour y loger des fonds en attente d’emploi (projets immobiliers, achats d’une voiture, etc.).

5. Immobilier : un retour en prudence, mais pas de retrait massif

Le marché immobilier est dans un entre-deux. Après avoir connu une légère correction à la baisse de 2023 à 2024, d’environ 5 à 7 % selon les grandes agglomérations, les derniers chiffres de l’INSEE témoignent d’une stabilisation sur fond de légère reprise du crédit en lien avec les baisses des taux d’intérêt.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

L’ajustement prix a été plus faible que prévu en raison de la faiblesse de l’offre. Par ailleurs, les propriétaires ont préféré différer leur vente plutôt que baisser leur prix. Au sein des grandes agglomérations, une pénurie de petites surfaces est constatée, accentuée par la disparition des offres en location traditionnelle. Faute de pouvoir louer, certains ménages se tournent vers l’achat sans pour autant trouver le logement dont ils besoin. La forte diminution de la construction de logements neufs ne concourt à détendre le marché.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Dans ce contexte, l’investissement immobilier dans des agglomérations de taille moyenne redevient attractif, d’autant plus que les banques sont moins exigeantes en ce qui concerne les apports, les 30 % pouvant devenir 20 % voire 10 %. Des villes comme Caen, Saint-Étienne, Rouen, le Havre ou Reims peuvent donner lieu à des investissements immobiliers performants.

Avant la hausse des taux d’intérêt, le marché de l’immobilier avait pris quelques traits spéculatifs. Les prix dans les grandes agglomérations et dans les régions touristiques ont connu une forte expansion. Des ménages ont ainsi acquis des résidences secondaires en ayant comme objectif la location saisonnière et à terme la réalisation d’une plus-value. Le durcissement de la législation sur les locations saisonnières et l’augmentation des impôts locaux (taxe foncière, taxe d’habitation sur les résidences secondaires) peuvent peser non seulement sur la rentabilité des projets, mais aussi sur les prix de revente. Le marché s’est ainsi grippé en Corse ou sur la Côte d’Azur avec la raréfaction de la clientèle des grandes agglomérations et celle en provenance de l’étranger.

Les SCPI ont été fortement chahutées depuis 2023 avec des pertes de valeur non négligeables. Cette correction était salutaire car leur appréciation, provoquée par une forte demande, était devenue irrationnelle Les SCPI s’avèrent des placements intéressants à la condition de les choisir avec attention. Les SCPI diversifiées (activité et pays) avec un bon taux d’occupation (> 90 %) peuvent intégrer un portefeuille sous réserve de les conserver plusieurs années (plus de 5 ans). Les SCPI peuvent offrir des rendements de 4 à 5 %.

6. Or et cryptos, attention aux mirages

L’or a connu une progression sans précédent depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Au mois d’avril 2025, il a dépassé 2500 dollars l’once.

Compte tenu de la progression de ces derniers mois et la persistance des tensions géopolitiques, la tentation est grande chez certains d’acquérir de l’or. Certes, le cours peut encore progresser, mais le risque d’une correction à la baisse augmente de jour en jour. L’arrêt du conflit en Ukraine, la signature d’accords commerciaux avec les États-Unis pourraient se traduire par un recul du prix de l’once d’or. L’époque serait plutôt à la vente afin d’engranger des plus-values. En règle générale, les détenteurs d’or répugnent à vendre et préfèrent accumuler. Ils ne doivent pas ignorer que le métal précieux a mis vingt ans pour battre le record qu’il avait enregistré en 1980 lors du second choc pétrolier.

À défaut d’or, d’autres seraient tentés par les cryptoactifs. Cette catégorie de placements reste volatile avec de soudaines variations à la hausse comme à la baisse. Après avoir dépassé 100 000 dollars, le bitcoin a connu un repli de plus de 20 %. Ce dernier est corrélé au Nasdaq, l’indice américain des valeurs technologiques. Ceux qui veulent se diversifier dans les cryptoactifs doivent être résolument opportunistes en achetant en période de recul prononcé et en vendant en se fixant par avance des objectifs de plus-values, 20, 25 % ou 30 % par exemple.

7. Le Plan Épargne Retraite (PER) : un outil stratégique

Le PER offre de nombreux atouts pour faire face aux incertitudes du moment. Ce produit permet de réduire sa facture fiscale pour les épargnants soumis à un taux marginal d’imposition élevé (par exemple 41 % ou 45 %), grâce à la déduction des versements. Sa gestion pilotée par défaut offre une sécurisation progressive de l’actif en fonction de l’âge. Avec le PER, les assurés accèdent à un grand nombre de supports y compris ISR, obligataires, SCPI, private équity, fonds thématiques, etc.

Le PER permet à tout un chacun de se constituer un complément de revenus ou de capital pour la retraite.

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Dans un monde d’incertitudes, les épargnants ne doivent ni céder à la panique, ni opter pour la politique de l’autruche. Ils se doivent d’être mobiles en saisissant les opportunités, en revenant sur des produits délaissés ces dernières années. Les marchés actions ont de forts risques de rester volatils durant toute l’année au gré des annonces du Président américain. Une stabilisation pourrait intervenir en fin d’année. Avec la perspective des mid-terms en novembre 2026, la vie politique américaine pourrait alors prendre un cours un peu moins chahuté. La reprise économique attendue en Europe avec notamment la mise en œuvre du plan d’infrastructures allemand pourrait favoriser le cours des actions des entreprises du Vieux continent. Diversification et patience restent les deux clés de voûte des épargnants en 2025.

L’épargne de la peur

Au mois de mars, la consommation des ménages en biens est retombée à son niveau de 2014, enregistrant une baisse de 1 %. Les ménages continuent de privilégier l’épargne. Les incertitudes, tant nationales qu’internationales, incitent les Français à la prudence. La désinflation n’a pas permis, pour le moment, d’apaiser leurs craintes.

En 2024, le taux d’épargne s’est élevé à 18,2 % du revenu disponible brut (INSEE), dépassant de plus de trois points le niveau d’avant la crise sanitaire (14,6 % en 2019), signe d’une prudence persistante. Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer ce comportement ?

Une série de crises internationales

La succession de chocs depuis 2020 a conduit à une augmentation de l’épargne, un phénomène particulièrement marqué en France et en Allemagne. L’épidémie de Covid-19 a porté le taux d’épargne en France à plus de 27 % au cours du deuxième trimestre 2020. Si, avec la fin des confinements, ce taux a logiquement diminué, il n’est jamais revenu à son niveau d’origine. La guerre en Ukraine, la vague inflationniste, le conflit au Moyen-Orient et le retour de Donald Trump sur la scène politique sont autant d’événements qui incitent les ménages à épargner davantage. Les craintes d’un ralentissement économique marqué, en lien avec la politique commerciale américaine, devraient les pousser à adopter une nouvelle fois une posture de prudence.

Si les mesures protectionnistes initialement annoncées par Donald Trump étaient mises en œuvre, le PIB de la France pourrait stagner, voire reculer au second semestre 2025. Le taux d’épargne pourrait alors rester proche de 18 % du revenu disponible brut.

La France en pleine crise politique

Depuis une quarantaine d’années, la vie politique avait peu d’incidence sur le comportement économique des ménages. L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier, suivie de résultats inédits aux élections législatives, a plongé la France dans une crise politique sans précédent depuis 1958. Face à cette situation nouvelle, les ménages ont réduit leurs dépenses, entraînant une légère hausse du taux d’épargne après le mois de juin.

La peur de la hausse des impôts : l’effet Ricardo-Barro

Les annonces récurrentes sur la nécessité d’assainir les finances publiques suscitent de l’inquiétude. Traditionnellement, les ménages anticipent qu’une hausse des impôts est inévitable. Ce phénomène, connu sous le nom d’effet Ricardo-Barro — du nom des économistes qui l’ont théorisé — repose sur l’idée que les déficits publics d’aujourd’hui se traduiront par des impôts futurs. Par conséquent, au lieu de consommer les gains issus d’une baisse d’impôt ou d’un soutien budgétaire, les ménages préfèrent épargner pour se prémunir contre cette hausse future.

Cet effet est renforcé par un niveau élevé d’inquiétude face à l’état des finances publiques. Selon une enquête de BPCE réalisée en 2025, 70 % des Français se disent préoccupés par la progression de la dette publique, et 83 % craignent une augmentation des prélèvements obligatoires.

La crainte récurrente du pouvoir d’achat à la retraite

Près de trois quarts des Français se déclarent inquiets, selon les études du CECOP et de l’IFOP pour le Cercle de l’Épargne, quant à l’évolution de leur niveau de vie à la retraite. Plus d’un Français sur deux affirme épargner en vue de cette période. La retraite, au même titre que la précaution, constitue l’une des principales motivations de l’épargne. Les débats sur la réforme du système par répartition et son financement renforcent cette anxiété et incitent les Français à privilégier les produits de capitalisation.

Le vieillissement démographique : un facteur paradoxal d’épargne

Les économistes ont longtemps estimé que le vieillissement démographique devait entraîner une baisse du taux d’épargne. Les retraités sont en effet supposés puiser dans leur épargne pour compenser des pensions inférieures à leurs revenus d’activité. Or, c’est l’inverse qui est observé, en Europe comme au Japon. En France, le taux d’épargne des ménages de plus de 60 ans atteint près de 25 %, contre 18 % en moyenne. Les retraités épargnent davantage car leurs dépenses sont moindres et leurs charges souvent allégées (notamment l’absence d’enfants à charge). En 2022, leur niveau de vie était même légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population (+2 %). Toutefois, les réformes engagées depuis une trentaine d’années devraient conduire à une érosion progressive de ce niveau de vie, ce qui pourrait, à terme, infléchir leur comportement d’épargne.

Les tensions liées aux annonces de relèvement des droits de douane par Donald Trump devraient favoriser le maintien d’un important volant d’épargne de précaution. Les craintes d’un retour du chômage auront un effet similaire. Le financement des retraites, et plus largement celui des administrations publiques, ne sera pas résolu à court terme. Dans ce contexte, l’« épargne de la peur » semble destinée à perdurer, avec une évolution notable : les placements de long terme redeviennent plus attractifs que les placements de court terme, en raison de la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne.

« Au-delà du salaire de la peur », par Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Épargne

Nous connaissons tous Le Salaire de la peur, chef-d’œuvre d’Henri-Georges Clouzot, où le danger imminent dicte chaque décision. En France, depuis 2020, un autre scénario s’est imposé : celui de l’épargne de la peur. Sous l’effet d’une succession de chocs — crise sanitaire, guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, poussée inflationniste, tensions politiques, retour de Donald Trump, urgence climatique, vieillissement démographique — les ménages ont, presque mécaniquement, accru leur épargne de précaution. Contrairement à leurs homologues américains, prompts à renouer avec la consommation dès le retour à la normale, les Français n’ont pas desserré les cordons de leur cagnotte.

L’épargne obéit à deux dynamiques fondamentalement opposées : la peur du présent et la foi en l’avenir. Les incertitudes du temps incitent à la prudence, mais l’acte même d’épargner n’a de sens que s’il est adossé à une confiance — même ténue — dans le futur. Ainsi, selon que l’une ou l’autre de ces forces domine, l’épargnant orientera ses choix vers des actifs de court ou de long terme, plus ou moins risqués. Lorsque l’horizon s’éclaircit, les investissements productifs reprennent le dessus ; à l’inverse, lorsque le brouillard s’épaissit, les capitaux se replient vers des havres familiers : livrets, immobilier, or… des valeurs-refuges inchangées depuis plus d’un siècle.

À cette trilogie historique s’est ajoutée, depuis les années 1990, une spécificité française : les fonds en euros de l’assurance vie. Offrant une rare combinaison de sécurité et de rendement, ils incarnent cette prudence rationnelle qui refuse de choisir entre immobilisme et productivité.

En 2024, les dépôts à vue des ménages s’élèvent à 550 milliards d’euros, soit 70 milliards de plus qu’en 2019. L’encours des livrets réglementés a bondi de 231 milliards en cinq ans, passant de 442 à 673 milliards. L’assurance vie, quant à elle, a su préserver sa dynamique. Son encours total atteint 2 000 milliards d’euros, contre 1 500 milliards dix ans plus tôt, et voit les unités de compte — placements exposés aux marchés — représenter désormais 40 % des flux de souscription et 28 % de l’encours global.

Cette résilience n’est pas anodine. Elle témoigne d’un apprentissage collectif. Les Français, échaudés mais lucides, n’ont pas cédé à la panique lors des épisodes de volatilité, notamment en 2020 ou plus récemment en 2025. Ils ont su résister à l’instinct de vente à perte, certains allant jusqu’à profiter des replis du marché pour renforcer leurs positions. C’est la marque d’un épargnant devenu acteur de ses décisions, et non simple spectateur des cycles.

Il serait tentant de voir dans cette accumulation une forme de repli sur soi. Il n’en est rien. L’épargne n’est pas un réflexe d’évitement ; elle peut être un levier de transformation. Placée, investie, orientée, elle devient une force au service du développement économique et de la transition sociale. Encore faut-il sortir de la logique défensive pour entrer dans une dynamique de projet.

L’enjeu est désormais clair : substituer à l’épargne de la peur une épargne de projet. Redonner foi dans le long terme, renforcer la lisibilité de l’action publique, offrir des perspectives crédibles sur les retraites et la transition écologique — telles sont les conditions nécessaires pour canaliser cette ressource vers les entreprises, en particulier les PME, les territoires, l’innovation.

Dans une époque traversée par le doute, l’épargne peut redevenir un acte de confiance. Il appartient aux décideurs, autant qu’aux institutions financières, de réenchanter l’avenir pour que les Français n’épargnent plus malgré l’histoire, mais pour l’histoire.

Jean-Pierre Thomas

Président du Cercle de l’Épargne

Le taux du Livret A devrait encore baisser, 1,7% dès le 1er août : faut-il encore investir dessus ?

Philippe Crevel était invité à commenté, dans la matinale d’Europe 1, les résultats de l’inflation en avril et ses répercussions sur la rémunération des produits de taux. Il évoque ainsi la baisse attendu du Livret A au 1er août au regard de la formule adopté par Bercy et incite les épargnants à réorienter une partie de leur épargne vers des placements plus rémunérateurs à l’instar de l’assurance vie et le PEA.

L’assurance vie : un premier trimestre canon

Assurance vie | Résultats mars 2025


Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

L’assurance vie réussit la passe de trois au premier trimestre 2025
 
L’assurance vie a réalisé la passe de trois au cours du premier trimestre 2025, avec des collectes nettes supérieures à 4 milliards d’euros chaque mois. Les ménages plébiscitent ce placement qui, grâce à l’amélioration du rendement des fonds en euros, a retrouvé des couleurs. Ils réallouent une partie de l’épargne accumulée ces dernières années sur des produits de court terme, devenus moins rémunérateurs avec la baisse des taux.
 
Un mois de mars de haute tenue
 
La collecte nette a atteint 4,0 milliards d’euros en mars, après 5,8 milliards en février et 4,5 milliards en janvier. À titre de comparaison, elle s’élevait à 3,2 milliards d’euros en mars 2024. Il faut remonter à mars 2010 pour retrouver un niveau plus élevé sur ce mois, avec une collecte nette de 6,284 milliards d’euros — un record sur quinze ans.
 
Depuis 1997, seules trois décollectes nettes ont été enregistrées en mars : en 2020 (-1,842 milliard d’euros, en lien avec la crise du Covid), en 2017 (-9 millions d’euros) et en 2012 (−1,378 milliard d’euros, en lien avec la crise des dettes souveraines). Sur les dix dernières années, la collecte moyenne du mois de mars s’établit à environ 1 milliard d’euros. Celle de 2025 est donc quatre fois supérieure à cette moyenne décennale.
 
La collecte nette a été positive à hauteur de +3,4 milliards d’euros pour les supports en unités de compte (UC), et de +0,6 milliard pour les supports en euros. Ces derniers enregistrent ainsi deux collectes nettes consécutives, traduisant un retour en territoire positif.
 
Des cotisations dynamiques
 
Depuis plusieurs mois, l’assurance vie bénéficie de cotisations soutenues. Les ménages réaffectent une partie de leur épargne de court terme vers ce placement. En 2023 et 2024, ils avaient privilégié les dépôts à vue et les livrets réglementés, qui offraient des rendements attractifs. L’encours des dépôts à vue est passé de 406 milliards à plus de 500 milliards d’euros entre 2019 et 2023.
 
Avec la décrue des taux directeurs, ces placements deviennent, mois après mois, moins intéressants. La baisse du rendement du Livret A incite désormais les ménages à privilégier les placements de long terme, au premier rang desquels figure l’assurance vie.
 
En mars, le montant des cotisations brutes a atteint 15,5 milliards d’euros, un niveau record. En mars 2024, il avait déjà atteint un sommet comparable à 15,504 milliards d’euros.
 
Des prestations plutôt stables
 
Les prestations versées en mars 2025 se sont élevées à 11,5 milliards d’euros, contre 12,321 milliards en mars 2024. Elles demeurent relativement stables d’un mois sur l’autre. Le redémarrage encore lent du marché immobilier ne conduit pas les ménages à effectuer des retraits sur leurs contrats d’assurance vie pour financer l’achat d’un logement.
 
Un premier trimestre prometteur
 
Le contexte du premier trimestre 2025 a été porteur pour l’assurance vie. Avec un Livret A en perte d’attractivité, l’assurance vie s’impose comme le placement gagnant du premier trimestre. Sur les trois premiers mois, la collecte nette atteint 14,4 milliards d’euros, soit +5,6 milliards d’euros par rapport à la même période en 2024. Elle s’élève à +13,3 milliards pour les supports en UC, et à +1,1 milliard pour les supports en euros.
 
Depuis le début de l’année, les cotisations brutes s’élèvent à 49,8 milliards d’euros, en hausse de +1,9 milliard par rapport à la même période en 2024. Les prestations, quant à elles, atteignent 35,4 milliards d’euros, en baisse de -9 %, soit -3,7 milliards d’euros.
 
Un encours au-dessus des 2 000 milliards d’euros
 
L’encours de l’assurance vie s’établit à 2 025 milliards d’euros à fin mars 2025, en hausse de  +3,7 % sur un an.
 
L’assurance vie face à l’effet Trump
 
L’année 2025 a débuté sur les chapeaux de roue pour l’assurance vie, portée par le recul des rendements de l’épargne de court terme et la bonne tenue des marchés financiers. Mais les annonces du 2 mars dernier par Donald Trump concernant un relèvement des droits de douane rebattent en partie les cartes. Les marchés actions enregistrent de fortes variations au gré des déclarations du président américain, avec une tendance baissière. En revanche, les taux d’intérêt à long terme restent élevés, notamment en raison des besoins de financement croissants des États européens, en particulier dans le domaine de la défense.
 
Le climat économique et géopolitique anxiogène pourrait conduire certains ménages à se tourner à nouveau vers des placements de court terme, comme le Livret A. Toutefois, le taux de ce dernier devrait être abaissé à environ 1,7 % au 1er août prochain, ce qui pourrait limiter cet attrait.

Cercle de l’Épargne – données France assureurs
Cercle de l’Épargne – données France assureurs

Assurance vie: « Le placement à moyen-long terme qui offre le meilleur rendement à l’heure actuelle »

Samedi 5 avril, Philippe Crevel était interrogé par Anaïs Castagna sur RMC sur les raisons du succès de l’assurance vie.

« Ce n’est pas une bonne idée » : un expert avertit 7 millions de Français sur leur livret d’épargne

L’Internaute livre les conseils de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne dans un article destiné aux épargnants ayant investi sur le marché actions. Rappelant que « tant qu’on n’a pas vendu, on n’a pas perdu », il appelle les épargnants à ne pas se précipiter. Il précise, par ailleurs, pour relativiser la chute actuelle des cours que « des corrections boursières, des krachs ont eu lieu dans le passé et ont été suivis de rebonds.

Assurance vie : que faire de ses actions en plein krach boursier ?

Cité dans le média Capital, le Directeur du Cercle de l’Epargne se veut rassurant. Philippe Crevel rappelle ainsi que «l’exposition aux risques de marché est assez faible en France».

L’intelligence artificielle au service de l’assurance – 3 questions… à Pascal Martinez, membre du Comité de Direction Groupe en charge des systèmes d’information et du digital chez AG2R LA MONDIALE

Interview de Pascal Martinez, Membre du Comité de Direction Groupe en charge des systèmes d’information et du digital chez AG2R LA MONDIALE

Crédit photo : CAPA Pictures  

Nous avons mis en place notre plateforme, ALMIA (AG2R LA MONDIALE Intelligence artificielle) avec 4 grands domaines d’utilisation pour les collaborateurs, au service de la satisfaction de nos clients :

  1. Le chatbot Bot by ALMIA, que nous avons progressivement ouvert à l’ensemble des collaborateurs du groupe dans une approche « IA pour tous »

C’est l’usage sans doute le plus connu des systèmes d’Intelligence Artificielle générative, le Bot Almia permet de poser des questions à un modèle linguistique appelé LLM (pour Large Language Model) pré-entrainé, capable de reconnaître et de  générer des réponses sous des formats divers : texte, image, traduction, tableaux, données (mais surtout du texte).

Notre bot autorise le processus de génération augmentée de récupération (appelé RAG en anglais). Cela permet d’optimiser le résultat fourni par le LLM en travaillant à partir d’un document ou de données propres à AG2R LA MONDIALE en appui, pour contextualiser les questions posées au Bot.

Son usage est très similaire à celui d’un chatGPT ou d’un Gemini, mais ALMIA Bot possède quelques caractéristiques indispensables dans le cadre d’un bon usage professionnel :

  • Il est entièrement sécurisé : les questions et les documents qui lui sont soumis sont sécurisés et ne peuvent pas « fuiter » dans l’espace numérique.
  • Il permet d’appeler plusieurs LLM de marché ; nous ne sommes donc pas liés à un partenaire plutôt qu’à un autre et nous sommes donc en capacité d’utiliser le meilleur moteur avec le meilleur rapport réponse/prix tout en suivant l’évolution très rapide du marché des LLM.
  • Il permet de créer et travailler avec des assistants afin  de spécialiser le moteur sur un sujet spécifique, un « vertical métier », par exemple, et le cas échéant de le partager et de le réutiliser avec des collègues.

ALMIA Bot n’est pas seulement notre vitrine, c’est également un outil qui permet aux collaborateurs de se familiariser avec l’IA et de détecter de nouveaux cas d’usage. Les assistants les plus utilisés peuvent devenir les cas d’usage à industrialiser demain.

Nous espérons créer un aspect viral avec ce Bot sécurisé avec la certitude que l’innovation en matière d’IA peut provenir de tous les collaborateurs.

Les exemples d’usage sont nombreux. Nous pouvons citer par exemple :

  • la synthèse de documents financiers ou juridiques
  • l’analyse des appels d’offres reçus pour déterminer s’ils correspondent à nos critères de souscriptions
  • des analyses de marché comparées à nos données internes
  • etc.
  • Les Apps ALMIA sont des applications entièrement conçues autour de l’IA générative et donc autour d’ALMIA.

Nous avons deux applications « powered by ALMIA » en production aujourd’hui :

  • L’application d’analyse des verbatims. Ellenous aide à analyser les opinions, suggestions, remarques et insatisfactions écrites par nos clients recueillies durant les enquêtes de satisfaction menées à froid et à chaud, en dégageant les points de satisfaction à renforcer et les points d’insatisfaction à traiter.

La quantité de verbatims ne permettait pas un traitement manuel : avec l’IA générative nous avons fait un formidable bond en avant dans la détection des irritants avec la possibilité, en complément, de les filtrer par segment de clientèle, par produit, etc.

  • La seconde application se nomme « Market Studio ». Elle est utilisée par les collaborateurs créant du contenu, par exemple, pour les espaces digitaux, les plaquettes commerciales et les campagnes marketing. L’application permet de créer du contenu personnalisé sous forme de texte et d’images, en utilisant les caractéristiques de nos produits pour adresser l’ensemble de nos clients, avec un focus sur les entreprises de nos 110 branches professionnelles.

D’autres applications sont en cours d’expérimentation et sont issues, comme c’est le cas pour Market Studio, de l’utilisation d’assistants créés par les collaborateurs dans ALMIA.

  • Un usage particulièrement prometteur est celui de Process by ALMIA, qui permet d’appeler ALMIA et donc l’IA Générative depuis nos applications métiers, au travers d’interface que l’on appelle API.

Il s’agit par exemple :

  • De proposer aux conseillers des comptes-rendus d’appels téléphoniques générés automatiquement dans nos outils de gestion de relation client étendue (ou eXtended Relationship Managenement) et de suggérer la « meilleure » action possible à mettre en œuvre  pour répondre à la demande du client.
  • De normaliser les comptes-rendus de visites commerciales lorsqu’ils sont envoyés par les équipes pour renseigner automatiquement le CRM.
  • De suggérer aux conseillers clientèle les réponses possibles aux questions posées par les clients en accédant à nos référentiels de documents.
  • De comparer nos produits avec ceux de nos concurrents dans un processus de vente.
  • D’améliorer les usages de lecture automatique de documents transmis par les assurés qui ne répondent pas à un formalisme précis. Jusqu’ici une l’IA « classique » fonctionnait bien sur des documents structurés après un apprentissage ; l’IA générative permet de capturer des informations dans tout type de document, y compris manuscrit, afin d’automatiser les contrôles de justificatifs puis le traitement des demandes client. Nous sommes parvenus à atteindre 30 % d’automatisation sur certains documents, avec un objectif de monter à 50 %.

Process by ALMIA est progressivement déployé et industrialisé. Il est porteur de belles promesses pour réduire le temps passé de nos équipes sur des tâches  administratives au profit du dialogue avec les clients et les assurés, et donc au service de la satisfaction client.

  • Enfin ALMIA for Dev met à disposition de nos développeurs informatiques ainsi que de nos équipes en charge des métiers de l’actuariat (qui travaillent les  codes Java et Python), toutes les possibilités offertes par l’IA générative en matière de code : conception de programme, analyse et optimisation de code, migration de langage, génération de cas de tests, documentation de code.

La prédiction est un exercice difficile et d’ailleurs c’est une question à laquelle les IA ne savent pas très bien répondre car elles ont besoin de beaucoup de données pour apporter la meilleure réponse statistique possible.

En ce qui concerne AG2R LA MONDIALE, nous nous sommes fixés des règles qui encadrent l’usage de l’IA, parmi lesquelles figurent le respect des réglementations existantes et futures (et c’est bien normal), un usage éthique de l’IA et surtout :

  1. une utilisation de l’IA comme appui et assistance aux collaborateurs, et surtout pas un outil ayant pour objectif de remplacer leur expertise et leur savoir-faire.
  1. Dans la même logique, un outil qui n’est pas exposé directement vers nos clients et nos assurés (par exemple dans nos espaces clients) car l’IA n’est jamais responsable des réponses apportées et ne fait que traiter des données.

Nous échangeons avec nos confrères et nous partageons  la même logique : l’IA vise à améliorer la satisfaction de nos clients et les conditions de travail de nos collaborateurs : mieux répondre, répondre plus vite, répondre en une fois, mieux comprendre les questions de nos clients pour mieux y répondre, aller à l’essentiel, gagner du temps sur les tâches fastidieuses, etc.

ALMIA est un outil qui permet de répondre à ces apports dans les organisations :

  • ALMIA Bot aide les collaborateurs au quotidien pour répondre à des questions et gagner en efficacité ou en pertinence
  • ALMIA Apps permet d’analyser des volumes de données que nous ne savions pas traiter jusqu’à maintenant
  • ALMA Process et ALMIA Dev améliorent l’efficacité de nos processus métier et permettent de mieux répondre aux demandes client sous la supervision d’un collaborateur.

Bien entendu, nous utiliserons ALMIA pour automatiser certaines tâches de faible valeur ajoutée comme nous le faisons depuis de nombreuses années avec les outils informatiques. Le cas d’usage de la lecture et du contrôle de document en est un exemple.

L’IA Générative est un domaine dans lequel il ne faut pas prendre de retard, les solutions et les usages évoluent très vite. Je pense qu’ALMIA est un atout pour AG2R LA MONDIALE mais nos concurrents ne sont pas sans réactions dans cette course.

Pour conclure sur cette question, je souhaite dire que je n’imagine pas une explosion des usages de type « Agentic IA » qui prédit la mise en œuvre d’agents IA qui communiqueraient entre eux et viendraient in fine remplacer nos collaborateurs dans les interactions avec nos clients, nos assurés et nos partenaires :

  • Ce concept  relayé dans les médias relève d’une pure théorie, extrême, basée sur une  IA qui remplacerait l’humain
  •  et qui est très appuyée par certains consultants qui essaient de « reprendre le lead » sur ces sujets d’IA Générative souvent mieux maitrisés par leurs clients…
  • Quelques échecs retentissants dans les centres d’appels viennent démontrer que ces usages ne sont pas matures même s’il faut rester prudent compte tenu de la progression de ces technologies ;
  • Surtout il convient de rappeler que l’IA Générative ne traite que des données existantes, elle n’a pas de conscience d’elle-même et n’est jamais responsable de ses réponses.

Si on ajoute la subsistance d’hallucinations et une courbe d’apprentissage qui en est encore à son début, je pense que les objectifs classiques d’aider nos clients et collaborateurs à être plus satisfaits et plus efficaces est un objectif premier qu’il convient de ne pas perdre de vue.

L’avenir à court et moyen terme est celui de l’usage de l’IA dans les process, supervisée et contrôlée par des collaborateurs formés.

Cette dernière question est finalement la plus simple. Si la feuille de route de transformation de notre système d’information (SI) et de nos systèmes digitaux est l’un des huit objectifs de notre plan d’entreprise « Nouvelle Donne », en traitant les obsolescences, en rationalisant nos systèmes multiples, en éliminant les doublons, etc. il est fondamentalement un objectif contributeur des 7 autres objectifs du plan :

  • Satisfaire tous nos clients avec l’amélioration des espaces clients, la vision 360 et le traitement en une fois des demandes
  • L’engagement de tous nos collaborateurs en réduisant le nombre de SI mis à leur disposition et en homogénéisant les postes de travail
  • Restaurer l’équilibre économique d’AG2R Prévoyance en rationalisant les systèmes, avec la promotion du « selfcare » et en automatisant certains processus
  • Développer la croissance de nos métiers rentables par la mise en œuvre de systèmes ouverts qui permettent de déployer rapidement de nouveaux partenariats
  • Réinventer notre distribution pour qu’elle devienne omnicanale et transversale avec la mise en œuvre de processus de vente basés sur une technologie à l’état de l’art qui seront déployés sur les canaux physiques et digitaux ;
  • Simplifier toute notre organisation et tous nos process par la mise en avant du selfcare, le traitement en une fois, le traitement automatisé de bout en bout des demandes et le contrôle automatique des documents justificatifs
  • Mettre en œuvre dans toutes nos entités le référentiel « Faire partie du Groupe » en mutualisant nos systèmes et nos infrastructures avec celles des autres entités du groupe.

Ce ne sont que des contributions et des exemples, mais le système d’information plateformisé agit sur l’ensemble des dimensions du plan « Nouvelle Donne ».

Dans ce contexte de transformation, l’IA Générative est un moyen complémentaire, à la disposition de l’ensemble des collaborateurs et des équipes projets pour accélérer l’atteinte des objectifs Nouvelle Donne, au service de la satisfaction de tous nos clients.

Chute des Bourses : votre épargne est-elle menacée ?

Sur Ouest France, le Directeur du Cercle de l’Epargne se veut rassurant et rappelle notamment que les Français sont peu investi sur le marché actions, privilégiant massivement les produits de taux.

Livret A, assurance-vie, actions: votre épargne est-elle menacée par le contexte économique?

Face à la chute des bourses, en réaction à la mise en œuvre de la guerre commerciale engagée par le Président des Etats-Unis, Philippe Crevel se veut rassurant. Dans un article diffusé sur le site de RMC, il explique pourquoi il ne faut pas céder à la panique.

Épargne des jeunes : quels produits, quel usage et quelles limites ?

Pour bien épargner, il faut, comme le dit l’adage, commencer tôt. L’ouverture d’un livret A à la naissance fait partie des rites initiatiques. Apprendre aux enfants à ne pas dépenser l’ensemble des étrennes est une règle d’éducation amplement partagée. Quels sont les produits d’épargne destinés aux jeunes et à qui appartient l’argent des mineurs ?

Selon l’étude d’impact de la loi relative à l’Industrie verte, 40 % des mineurs détiennent un livret A, 15 % un livret jeune, 5 % un PEL et 5 % une assurance vie. Les mineurs détenaient, ainsi, 40 milliards d’euros d’épargne en 2021. Dès la naissance, les parents peuvent ouvrir pour leur enfant, un Livret A (plafond de 22 950 euros), un plan d’Épargne Logement (plafond de 61 200 euros), un Compte Épargne Logement (plafond de 15 300 euros), un livret ordinaire, un contrat d’assurance vie, un compte titres ou un Plan d’Épargne Avenir Climat. À partir des 12 ans de leur enfant, ils peuvent ouvrir à son profit un Livret Jeune (plafond de 1 600 euros).

Dès les 16 ans de leur enfant, ses parents peuvent lui ouvrir un compte courant avec un chéquier et une carte de paiement. Les parents doivent donner leur accord à la création de ce compte et se porter caution. Les parents restent responsables en cas d’incident sur le compte bancaire de leur enfant mineur (découvert, chèque sans provision, etc.). Certaines banques proposent des cartes de paiement incluant une autorisation préalable avec des limites de retraits et paiements.

Au sommaire de l’étude

  • Le Livret A, un indémodable, incontournable !
  • Le Livret jeune, un produit méconnu
  • Livrets bancaires ordinaires
  • Le Plan d’Épargne logement (PEL)
  • Le Compte d’épargne Logement (CEL)
  • Les comptes-titres ou comment faire œuvre de pédagogie ?
  • L’assurance vie : une bonne solution
  • Le PEA jeunes ou comment investir sur les marchés « actions »
  • Le Plan d’Épargne Avenir Climat (PEAC) : un produit jeune qui joue à l’arlésienne
  • Le Plan d’Épargne Retraite n’est plus accessible aux mineurs
  • À qui appartient l’épargne des enfants ?
  • Combien puis-je mettre sur les produits d’épargne de mes enfants sans être soumis aux règles fiscales des donations ?
  • Les règles en vigueur pour les donations aux enfants

Les États-Unis face à la crise de leur système de santé

Les États-Unis sont souvent associés aux technologies de l’information, à la Silicon Valley, ou encore à l’industrie de la défense. Pourtant, le secteur le plus important de leur économie, au sens du poids dans le PIB, est celui de la santé. Il représente près de 18 % de la richesse produite annuellement, soit deux fois plus que la moyenne des pays de l’OCDE. Ce poids économique colossal s’explique par une architecture de soins très particulière, profondément marchande, qui mobilise des ressources financières énormes, mais dont les résultats sanitaires sont parmi les plus médiocres du monde développé.

Dépenses massives, performances médiocres

Alors que les États-Unis consacrent en moyenne plus de 12 000 dollars par an et par habitant à la santé, soit près du double du Canada et de la France, l’espérance de vie américaine recule depuis plusieurs années. Les taux de mortalité prématurée (avant 70 ans) dus aux maladies cardiovasculaires, au diabète ou aux pathologies rénales sont nettement plus élevés qu’en Europe ou au Canada. Le pays affiche une mortalité infantile supérieure à celle de Cuba et un taux d’obésité record parmi les pays riches.

Un système inflationniste, fragmenté et peu régulé

L’inflation des coûts est en partie due à la nature même du financement du système américain, très largement assurantiel et fragmenté. Contrairement au Canada ou à la France, il n’existe pas d’assurance maladie universelle. La population est couverte par une mosaïque de programmes publics (Medicare pour les plus de 65 ans, Medicaid pour les plus pauvres, Veterans Health Administration pour les anciens militaires), d’assurances privées (individuelles ou via les employeurs) et de situations de non-couverture. Avant la réforme « Obamacare », environ 45 millions d’Américains n’avaient aucune assurance santé. Aujourd’hui encore, plus de 25 millions en sont dépourvus.

En France, la couverture maladie est universelle depuis 2000, renforcée par la protection complémentaire solidaire (ex-CMU-C). Au Canada, l’assurance santé publique (Medicare canadien) garantit également un accès universel aux soins hospitaliers et médicaux, bien que la couverture des médicaments et des soins dentaires dépende des provinces et des assurances privées complémentaires. Dans les deux cas, les prestations de base sont financées par l’impôt ou les cotisations sociales et non par des primes individuelles, ce qui réduit fortement les inégalités d’accès.

Tarification à l’acte vs enveloppes globales

Le système américain repose sur une tarification à l’acte généralisée, qui incite les hôpitaux et les médecins à multiplier les prestations. Aux États-Unis, un patient hospitalisé peut se voir facturer séparément la chambre, les examens, les médicaments, les soins infirmiers, l’anesthésie, l’intervention et même l’usage de certains équipements. Cette logique de paiement à la prestation alimente des comportements inflationnistes.

En France, bien que la tarification à l’activité (T2A) ait été introduite dans les hôpitaux publics et privés dans les années 2000, elle est depuis 2016 progressivement corrigée par des forfaits, des paiements au parcours ou des primes à la qualité. La Sécurité sociale reste l’unique payeur majeur, ce qui permet un pilotage macroéconomique via l’ONDAM.

Au Canada, les hôpitaux fonctionnent sur la base d’enveloppes budgétaires globales allouées annuellement par les provinces. Ce financement prospectif limite la tentation de surconsommer les actes médicaux, même si cela génère des files d’attente pour certaines interventions électives (opérations de la cataracte, prothèses, etc.).

Concentration hospitalière : une tendance globale

Aux États-Unis, la concentration du marché hospitalier s’est accélérée avec plus de 1 600 fusions d’établissements entre 2000 et 2020. Les grandes chaînes (HCA Healthcare, CommonSpirit, etc.) gèrent aujourd’hui la majorité des lits, avec un pouvoir de marché croissant face aux assureurs. Cette concentration permet peu d’économies d’échelle et entraîne au contraire une hausse des prix facturés.

La France suit également une logique de concentration, en particulier dans le secteur privé. Quatre groupes (Elsan, Ramsay Santé, Vivalto, Almaviva) contrôlent plus de 40 % des cliniques privées. Mais cette évolution s’inscrit dans un cadre régulé : l’Agence régionale de santé (ARS) autorise les capacités, le ministère fixe les tarifs et la régulation est renforcée par des missions de service public.

Au Canada, la structure hospitalière est publique dans chaque province, empêchant toute logique de concentration par le marché. Toutefois, la rationalisation des soins (fermetures de petits hôpitaux, recentrage des services) peut provoquer un éloignement de l’offre de soins, notamment dans les zones rurales.

La financiarisation, un phénomène américain

La financiarisation du système hospitalier est un trait distinctif du modèle américain. Les fonds de capital-investissement ont massivement investi dans les chaînes hospitalières, les centres de soins ambulatoires ou les cabinets de radiologie. La logique du retour sur investissement à court terme entre souvent en contradiction avec la qualité des soins. En France, même les cliniques à but lucratif sont soumises à une régulation étroite de leurs tarifs, tandis qu’au Canada, leur présence est marginale voire inexistante dans les services hospitaliers.

La montée de la logique lucrative dans les soins ambulatoires — rachats de cabinets, pressions sur les médecins pour des actes plus rentables — inquiète également en France, notamment dans certains territoires où les investisseurs rachètent des maisons de santé. Au Canada, la tentation d’autoriser des cliniques privées pour réduire les délais d’attente reste politiquement sensible.

Gouvernance et pilotage : trois modèles très distincts

Aux États-Unis, la gouvernance est éclatée. L’État fédéral finance Medicare, fixe les grandes orientations, mais n’a pas le pouvoir d’imposer un cadre uniforme. Les États ont chacun leurs règles pour Medicaid. Les assureurs privés, quant à eux, disposent d’un pouvoir de négociation et de sélection très important. Il en résulte un système très peu coordonné, peu transparent et source de gaspillages.

En France, le pilotage est national. L’Assurance maladie joue un rôle central, avec un panier de soins remboursés défini par la Haute Autorité de Santé. Les ARS assurent le déploiement régional de la politique de santé. L’État fixe les budgets, autorise les installations et évalue la qualité. Les professionnels de santé, pour la plupart libéraux, sont cependant fortement régulés.

Au Canada, la santé est une compétence provinciale dans le cadre d’un accord fédéral (Loi canadienne sur la santé). Ottawa verse des transferts financiers aux provinces, qui sont tenues de garantir un accès universel, intégral, public et transférable des soins hospitaliers et médicaux. Chaque province organise son système (réseau hospitalier, rémunération des médecins, politiques de santé publique), ce qui génère des écarts notables entre territoires (par exemple, entre l’Ontario et la Colombie-Britannique).

Résultats : efficacité, accessibilité, équité

Les comparaisons internationales (OCDE, Commonwealth Fund) classent régulièrement les systèmes canadien et français parmi les plus performants sur les critères d’équité, de couverture et de satisfaction des patients. Le système américain, malgré ses centres d’excellence et son innovation médicale, échoue sur ces dimensions.

Le Canada affiche une espérance de vie supérieure à celle des États-Unis, un taux de mortalité évitable inférieur et un niveau de satisfaction relativement stable. Il souffre néanmoins de temps d’attente importants. La France combine de bons indicateurs de santé publique avec un accès rapide aux soins, mais fait face à une crise démographique médicale et à une pression financière croissante.

Réformer : technologie ou vision ?

Les États-Unis misent aujourd’hui sur l’intelligence artificielle, les thérapies géniques, la télémédecine et la personnalisation des soins pour transformer leur système. Ces outils peuvent améliorer l’efficacité et la qualité des soins, mais ne résolvent pas le problème de fond : l’absence d’une régulation cohérente, d’un pilotage unifié et d’une couverture solidaire.

En France comme au Canada, la question se pose différemment : comment préserver des systèmes fondés sur la solidarité et l’accès universel tout en contenant les coûts et en modernisant l’offre de soins ? La télémédecine, la prévention, le virage ambulatoire, la valorisation des parcours de soins sont des pistes en cours d’expérimentation.

À l’heure où les États-Unis consacrent près d’un cinquième de leur PIB à la santé, la crise de leur système hospitalier soulève une question centrale : comment un tel niveau de dépense peut-il coexister avec des résultats sanitaires si médiocres et une défiance croissante de la population ? Vus de Washington, les systèmes français et canadien apparaissent plus vertueux : universels, encadrés, efficaces, malgré des défis réels.

Comparaison des systèmes de santé : États-Unis, France, Canada

 États-UnisFranceCanada
Dépenses de santé
(% du PIB)
17 % en 2022, un record au sein de l’OCDESupérieures à 12,3 % du PIB en 2023, parmi les plus élevées en Europe11,7 % en 2022, légèrement au-dessus de la moyenne OCDE
Système de remboursement des soinsSystème fragmenté et majoritairement privé, combinant assurances privées (souvent liées à l’emploi) et programmes publics (Medicare, Medicaid). Les remboursements varient fortement selon les contrats. L’absence de couverture entraîne des restes à charge élevés.Système universel et mixte, financé par cotisations sociales et impôts La Sécurité sociale couvre une large part des soins, complétée par des assurances complémentaires. Le reste à charge est le plus faible de l’OCDE : moins de 9 % en moyenne pour les ménages.Système public universel financé par l’impôt, principalement au niveau provincial. La couverture s’applique aux soins médicaux et hospitaliers essentiels, mais les médicaments, soins dentaires et optiques sont partiellement couverts par des assurances privées. Les listes d’attente sont fréquentes.
Espérance de vieEn 2023, l’espérance de vie à la naissance était de 76,9 ans pour les hommes et 81,8 ans pour les femmes. Elle est en recul depuis plusieurs années.En 2024, l’espérance de vie était de 80 ans pour les hommes et 85,6 ans pour les femmes. Elle est stable depuis la pandémie.En 2023, l’espérance de vie était de 80,2 ans pour les hommes et 84,6 ans pour les femmes, avec des variations entre provinces.
Accès aux soinsInégal et conditionné à la couverture. 25 millions d’Américains sont non assurés. Accès limité pour les ménages à faibles revenus ou sans emploi.Accès universel, avec inégalités géographiques croissantes (déserts médicaux). Les soins sont accessibles indépendamment du statut ou du revenu.Accès égalitaire en théorie, mais confronté à des temps d’attente importants pour certaines spécialités et interventions non urgentes.
Part du privé dans les dépenses de santéEnviron 50 % des dépenses sont privées (assurances, dépenses directes des ménages).Environ 20 % des dépenses sont privées (complémentaires santé, reste à charge)Environ 30 % des dépenses sont privées, principalement pour les soins non couverts (médicaments, optique, dentaire).
Pilotage et gouvernanceDécentralisé et éclaté : gouvernance partagée entre le fédéral, les États, les assureurs et les prestataires. Peu de régulation centrale.Pilotage national centralisé via l’État, l’Assurance maladie et les ARS. Politique de santé coordonnée et régulée.Pilotage provincial dans un cadre fédéral. Chaque province organise son propre système de santé dans le respect des principes de la Loi canadienne sur la santé.

Le mur de la dépendance se rapproche

Dans les prochaines années, la question de la dépendance sera de plus en plus prégnante en France comme dans les autres pays de l’OCDE. Le vieillissement de la population, fruit à la fois d’une transition démographique longue et d’une réussite sanitaire historique, modifie en profondeur l’équilibre de nos sociétés. En France, la proportion des personnes âgées ne cesse de croître, tout comme le nombre de celles concernées par la perte d’autonomie. Ce phénomène, d’ampleur inédite, soulève des interrogations majeures sur les capacités de notre système à assurer une prise en charge digne, efficace et équitable. Au-delà des chiffres, il s’agit aussi de penser une société où le vieillissement et la perte d’autonomie ne seraient plus synonymes d’exclusion ou de souffrance.

Vieillissement démographique et montée en charge de la dépendance

La France est engagée dans une dynamique de vieillissement rapide. En 1981, le pays comptait 5 millions de retraités. Ils sont aujourd’hui 17 millions, et devraient être 23 millions vers 2050. Parallèlement, la proportion des plus de 60 ans est passée de 14 % en 1980 à 27 % en 2024, et devrait atteindre 30 % d’ici 2049. Ce vieillissement est amplifié par une augmentation significative de l’espérance de vie à 60 ans, notamment chez les hommes qui ont gagné huit ans depuis 1950 (de 16 à 24 ans). L’indicateur le plus significatif pour appréhender la dépendance reste celui des plus de 85 ans. Leur nombre passera de 2,3 millions en 2024 à 3,8 millions en 2040, avec une projection supérieure à 5 millions d’ici 2050. Or, c’est dans cette tranche d’âge que la perte d’autonomie est la plus fréquente.

Proportion de la population âgée de plus de 60 ans en France aux dates indiquées :

  • 1980 : 14 %
  • 2000 : 16 %
  • 2024 : 27 %
  • 2049 : 30 %

Nombre de personnes de plus de 85 ans :

  • 1,4 million en 2000 ;
  • 2,3 millions en 2024 ;
  • 3,8 millions en 2040.

La dépendance, une réalité multidimensionnelle

La dépendance recouvre des réalités multiples. Elle est d’abord un phénomène médical, lié à l’état de santé physique ou cognitif. Mais elle est aussi sociale (isolement), psychologique (perte de repères, dépression), et économique (coûts pour les familles et les collectivités).

En 2025, environ 1,5 million de personnes âgées sont dépendantes. Ce chiffre pourrait atteindre 2 millions en 2040 et 2,5 à 3 millions en 2050. Les dépenses publiques associées à la perte d’autonomie représentent actuellement 1,6 % du PIB et pourraient grimper jusqu’à 3 % d’ici le milieu du siècle.

La prise en charge de la perte d’autonomie repose à la fois sur l’intervention de professionnels du soin et de l’accompagnement, et sur les aidants familiaux, dont le nombre est estimé entre 8 et 11 millions aujourd’hui. Mais ce vivier pourrait se réduire, en raison de l’éclatement des familles, accentuant les besoins en personnel professionnel. Le recrutement dans les métiers du grand âge devient un enjeu crucial : les besoins en infirmiers, aides-soignants et médecins sont appelés à croître de 30 à 50 % d’ici 2050.

L’APA, un dispositif essentiel, mais inégalitaire

L’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) est le principal outil de soutien aux personnes en perte d’autonomie. Elle est versée pour une durée moyenne de 2,4 ans, soit 10 % du temps de retraite moyen. Ce chiffre masque toutefois de fortes inégalités : les retraités les plus modestes accèdent à l’APA cinq ans plus tôt que les plus aisés, et les femmes en bénéficient plus longtemps (3,3 ans contre 1,4 an pour les hommes).

Les conditions d’accès à l’APA reflètent les inégalités de carrière et de santé. Les anciens ouvriers, agriculteurs, ou les retraités pour inaptitude y accèdent plus tôt, souvent faute de ressources suffisantes pour résister aux premiers signes de dépendance. Les plus aisés, en revanche, retardent leur recours à l’APA, mais en bénéficient davantage en EHPAD, où les GIR 1 et 2 sont surreprésentés.

L’habitat intermédiaire : une réponse à structurer et à développer

95 % des plus de 60 ans vivent à domicile. Plus des deux tiers des Français souhaitent y rester le plus longtemps. Les scandales concernant les EHPAD ont renforcé ce souhait. Les options intermédiaires, maisons seniors ou maisons de retraite ne sont pas pour le moment plébiscitées. Une étude du CRÉDOC (2025) montre que seuls 7 % des retraités envisagent spontanément de déménager vers une résidence autonomie, même si 58 % se déclarent intéressés après explication.

Les résidences autonomie comme celles de Domitys offrent un cadre sécurisé, des logements adaptés, une vie sociale riche et une certaine liberté. Elles sont peu médicalisées, mais assurent un suivi préventif et un répit pour les aidants. La France en compte 2 260, accueillant 100 000 résidents. Leur rôle est amené à croître, mais leur image souffre d’une confusion persistante avec les EHPAD.

La dépendance est souvent la cause et la conséquence d’un isolement, comme le décès du comédien américain Gene Hackman l’a récemment prouvé. La solution du maintien à domicile se révèle bien souvent difficile à mettre en œuvre. Elle est par nature coûteuse en ne permettant pas les gains d’échelle. Face à cette difficulté, les pouvoirs publics et le secteur privé doivent améliorer les conditions d’accueil dans les établissements collectifs.

La France a d’importants progrès à réaliser pour humaniser ses établissements de santé. Le nombre d’intermédiaires entre le corps médical, les patients et les malades doit être accru. Face à une médecine de plus en plus technique et face à l’accroissement de la demande de soins, les médecins sont surchargés et peinent à maintenir un contact de qualité. Face à des situations de dépendance, de maladies invalidantes, les patients et les familles sont désemparés. Il est important de remettre du liant. Le traitement de la douleur, malgré des progrès réalisés ces dernières années, reste encore insuffisant. Quand les patients sont amenés à être hospitalisés à domicile, bien souvent les moyens dévolus à la lutte contre la douleur sont insuffisants.

Les assistants sociaux dans les hôpitaux sont débordés. Malgré leur dévouement, ils peinent à résoudre les problèmes auxquels sont confrontées les familles. Ils rencontrent notamment des difficultés pour organiser les soins à domicile (infirmières, kinésithérapeutes, etc.). Avec les problèmes de transports que ce soit en milieu urbain ou en milieu rural ainsi que le souhait légitime du personnel soignant d’avoir des vies de famille aussi normales que possible, il est compliqué de bâtir des emplois du temps permettant de répondre aux besoins des personnes dépendantes à domicile.

Le renforcement des équipes d’accompagnement des familles constitue donc une nécessité pour faire face au défi du vieillissement dans les prochaines années. Des moyens seront indispensables pour créer des maisons de soins dédiées à la dépendance et pour former du personnel. Par ailleurs, les EHPAD devront certainement davantage jouer un rôle de centres de logistique pour la dépendance dans les prochaines années. Il faut que dans un seul lieu puissent se concentrer les équipements, et les compétences pour gérer le plus grand nombre de situations.

Comparaisons internationales : enseignements et pistes d’action

L’étude des modèles étrangers permet d’envisager des solutions :

  • L’Allemagne a instauré en 1995 une assurance dépendance obligatoire, financée par une cotisation sociale.
  • Le Japon, confronté à un vieillissement avancé, a mis en place un système universel depuis 2000, misant sur la prévention et la réduction du taux de prévalence de la dépendance.
  • Les pays nordiques, comme la Suède et le Danemark, proposent une offre publique abondante, articulée autour de l’autonomie et du soutien aux aidants.
  • À l’inverse, les États-Unis s’appuient principalement sur le marché privé, avec des inégalités d’accès fortes, Medicaid ne couvrant que les plus démunis.

La France peut s’inspirer de ces modèles pour réformer son système. Le débat sur le financement reste ouvert : faut-il une assurance obligatoire, un financement par l’impôt ou une méthode mixte ? La réponse dépendra de la volonté politique et de l’adhésion sociale.

La dépendance n’est pas un accident, mais une conséquence attendue du vieillissement. Elle ne doit pas être vécue comme une fatalité. Elle exige des politiques publiques courageuses et anticipatrices. Il faut repenser l’organisation des soins, développer les métiers du grand âge, structurer les parcours de vie et de logements, et soutenir plus efficacement les aidants. Plus qu’une simple réforme technique, la question de la dépendance pose celle du lien social, de la solidarité intergénérationnelle et de la dignité humaine.

Retraites et majoration pour enfants : dans l’attente d’une réforme

Depuis des décennies, le système de retraite français a intégré des mécanismes de solidarité visant à corriger les inégalités et à accompagner les familles dans leur parcours de vie. Parmi eux, la majoration de pension pour les parents de trois enfants ou plus occupe une place particulière. Conçue comme un levier nataliste et un instrument de compensation pour les familles nombreuses, elle est un complément de pension non négligeable. Son montant global s’élevait, en 2020 à 8,4 milliards d’euros, soit 2,9 % des pensions de droit direct.

Ce dispositif qui a été modifié à plusieurs reprises semble avoir atteint ses limites. Le service des études et des statistiques du Ministère de la Santé (DREES) a publié au mois de mars une étude détaillée comportant plusieurs propositions de réforme. En 2020, près de 40 % des retraités bénéficiaient de la majoration pour enfants avec un montant moyen de 105 euros par mois.

Les dispositifs de majorations pour enfants

Le système de majoration de pension pour enfants en matière de retraite en France repose sur plusieurs dispositifs visant à compenser l’impact de la parentalité sur la carrière professionnelle et à soutenir les familles nombreuses. Ce mécanisme s’applique différemment selon les régimes de retraite.

Les majorations de retraite pour enfants en France se déclinent en deux types principaux :

  • majoration de durée d’assurance (MDA) ;
  • majoration de pension pour trois enfants ou plus.

Majoration de durée d’assurance

Ce dispositif permet aux parents d’obtenir des trimestres supplémentaires pour leur retraite. Il est attribué dans les régimes de base pour tenir compte des périodes d’interruption ou de réduction d’activité dues à l’éducation des enfants.

Les assurés bénéficient de :

  • 4 trimestres pour la naissance ou l’adoption d’un enfant ;
  • 4 trimestres supplémentaires pour l’éducation de l’enfant jusqu’à ses 4 ans.

Depuis 2010, ces trimestres peuvent être partagés entre les deux parents, mais restent en pratique majoritairement attribués aux mères.

Majoration de pension pour trois enfants ou plus

Ce mécanisme accorde une augmentation de 10 % de la pension de retraite aux assurés ayant eu au moins trois enfants. Il concerne les régimes de base et complémentaires, bien que les modalités varient selon les caisses de retraite.

Cette majoration est proportionnelle au montant de la pension, ce qui signifie qu’elle bénéficie davantage aux personnes percevant des pensions élevées, souvent des hommes.

La majoration pour enfants s’applique à plusieurs régimes de retraite, avec des différences notables :

RégimeMajoration appliquée
Régime général
(CNAV, MSA, RSI, professions libérales depuis 2023)
+10 % pour les parents de 3 enfants ou plus
Fonction publique et régimes spéciaux
(SNCF, RATP, IEG, etc.)
+10 % pour 3 enfants, +5 % par enfant supplémentaire
Agirc-Arrco
(complémentaire des salariés du privé)
Sur les droits obtenus à partir de 2019, +10 % pour 3 enfants et plus, mais cette majoration est plafonnée à 2 367,48 euros par an depuis le 1er novembre 2024
IRCANTEC
(complémentaire des contractuels de la fonction publique)
+10 % pour 3 enfants et plus

Dans certains régimes, la majoration est plafonnée (notamment en complémentaire) et peut être soumise à des conditions particulières.

Un système coûteux et inéquitable ?

En 2020, le coût de la majoration pour enfant atteignait 8,4 milliards d’euros, soit 2,9 % du total des pensions de droit direct sans atteindre les objectifs assignés par les pouvoirs publics. Si la proportion de femmes et d’hommes concernés est équilibrée, l’écart de pension moyen entre sexes demeure criant.

En raison de la proportionnalité du dispositif, les hommes perçoivent en moyenne 136 euros, contre 77 euros pour les femmes. Les sommes versées au titre de la majoration augmentent avec le niveau de pension. Les retraités du dernier décile perçoivent 137 millions d’euros par an au titre de cette majoration, contre 21 millions pour le premier décile. La majoration renforce donc les écarts de pension. Bien que les femmes interrompent plus souvent leur carrière pour élever leurs enfants, elles ne bénéficient pas davantage de cette majoration. L’écart de pension entre hommes et femmes reste ainsi élevé même après application de la majoration.

Trois pistes de réforme : entre redistribution et neutralité budgétaire

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) et la DREES ont envisagé trois scénarios de réforme visant à associer justice sociale et soutenabilité financière.

Scénario A : la majoration forfaitaire, un ajustement mesuré

La première approche consisterait à transformer la majoration proportionnelle en un forfait de 150 euros par mois, revalorisé selon le salaire moyen par tête. L’objectif serait d’assurer une redistribution plus équitable sans modifier le périmètre des bénéficiaires.

Avec cette réforme, les pensions des plus modestes augmenteraient de 8,5 %, tandis que celles des plus aisés reculeraient de 1,6 %. Elle aurait un effet marginal sur l’écart hommes-femmes, avec un ratio passant de 84,9 % à 85,5 %. Le coût pour les finances publiques serait stable dans les prochaines années.

Scénario B : un recentrage sur les femmes

Une réforme pourrait consister à réserver le dispositif aux femmes avec une majoration accordée dès le premier enfant. La majoration serait de +3 % pour un enfant, +6 % pour deux, +13 % pour trois ou plus. Un plafonnement à 3 000 euros annuels serait introduit. 80 % des femmes seraient gagnantes, mais 33 % des hommes seraient perdant. L’écart de pension hommes-femmes serait réduit, avec un ratio passant de 84,9 % à 90,4 %.

Scénario C : un dispositif forfaitaire progressif et ciblé

Le troisième scénario réalise la synthèse des deux précédents. Il propose une majoration forfaitaire selon le nombre d’enfants : 40 euros pour un enfant, 80 pour deux, 160 pour trois et plus. Comme dans le scénario B, il serait réservé aux femmes. Ce dispositif serait fortement redistributif. Les femmes du premier quintile verraient leur pension augmenter de 21 %, celles du dernier quintile de seulement 0,4 %. Il permettrait une réduction des inégalités, avec un ratio hommes-femmes à 90,9 % et un rapport entre pensions les plus élevées et les plus basses passant de 8,0 à 7,1. Le coût budgétaire de la réforme serait, en revanche, plus élevé à long terme (+0,08 point de PIB en 2090).

La majoration de pension pour les parents de trois enfants ou plus illustre bien les dilemmes récurrents de notre système de retraite : concilier équité, incitation et soutenabilité budgétaire. Si ce mécanisme a longtemps été perçu comme un levier de compensation pour les familles nombreuses, il apparaît aujourd’hui comme un facteur d’inégalités, bénéficiant davantage aux retraités les plus aisés et ne répondant que partiellement aux objectifs initiaux. Les pistes de réforme proposées traduisent cette volonté d’adaptation. Une majoration forfaitaire permettrait de mieux cibler les bénéficiaires modestes, un recentrage sur les femmes corrigerait en partie l’écart de pensions entre les sexes, tandis qu’une approche mixte maximiserait l’effet redistributif.

Minima sociaux et retraite : la sortie de la précarité n’est pas automatique

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a, dans une étude de 2024, étudié les effets pour les bénéficiaires de minimas sociaux de leur passage à la retraite. Elle a, à cette fin, croisé des données issues de l’échantillon interrégimes de retraités (EIR) et l’échantillon national interrégimes d’allocataires de compléments de revenus d’activité et de minima sociaux (ENIACRAMS).

Cette base statistique, construite par l’Institut des politiques publiques (IPP) en partenariat avec la DREES, permet de retracer les trajectoires des bénéficiaires de minima sociaux à l’approche de la retraite, et d’évaluer dans quelle mesure l’accès à la pension permet une sortie effective de la précarité. Les résultats offrent un éclairage nouveau sur la transition entre activité, inactivité préretraite et vieillesse, dans un contexte de réformes successives du système de retraite. La base EIR-ENIACRAMS couvre l’essentiel des minima sociaux : RSA, AAH, ASS, ASPA et ASV. Ensemble, ces dispositifs représentent plus de 96 % des allocataires de minima sociaux en France.

Une diminution progressive des minima sociaux après 62 ans, mais loin d’être totale

En 2020, 11 % des personnes âgées de 61 ans résidant en France percevaient un minimum social. Cette proportion chute à 7,3 % dès l’âge légal de départ à la retraite (62 ans), puis diminue lentement jusqu’à 5,5 % à 70 ans. Cette baisse étalée sur plusieurs années souligne le rôle ambivalent de la retraite. Si elle permet à de nombreuses personnes de sortir des minima sociaux, ce phénomène n’est ni instantané ni généralisé. La sortie des dispositifs sociaux ne coïncide donc pas toujours avec l’âge légal. À 67 ans, âge d’obtention du taux plein sans condition de durée de cotisation, 6 % de la population perçoit encore un minimum social. Cette persistance interroge les conditions économiques des retraités les plus fragiles, en particulier ceux n’ayant pas pu valider une carrière complète ou n’ayant jamais cotisé. Ces personnes sont essentiellement attributaires du minimum vieillesse. Ce dernier est versé à 800 000 retraités sur les 17 millions que compte la France.

Une transition incertaine : un tiers des anciens allocataires le restent à 70 ans

Parmi les bénéficiaires d’un minimum social à 59 ans, 44 % le sont toujours à 67 ans, et 33 % encore à 70 ans. Ces chiffres traduisent une précarité durable pour une frange non négligeable de la population âgée. Loin d’être résorbée par l’accès à la retraite, la pauvreté s’y prolonge souvent, notamment dans les cas de carrières heurtées ou d’incapacité durable.

 Parmi ces personnes toujours allocataires à 70 ans, 12,5 % ne disposent d’aucune retraite personnelle et ne survivent donc que grâce aux dispositifs de solidarité du minimum vieillesse. La situation varie toutefois selon le minimum social d’origine. Ainsi, seuls 10 % des anciens bénéficiaires de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) à 59 ans perçoivent encore un minimum à 70 ans, contre 52 % des anciens bénéficiaires du RSA, et jusqu’à 60 % pour ceux ayant touché l’AAH (taux d’incapacité ≥ 80 %). Cette hétérogénéité reflète la diversité des trajectoires et l’inégalité des protections offertes selon le parcours antérieur et l’état de santé.

La réforme de 2010 : une élévation de l’âge légal qui se traduit par un allongement du temps passé dans les minima sociaux

La réforme des retraites de 2010, qui a repoussé l’âge légal de départ de 60 à 62 ans pour les générations nées à partir de 1955, a eu un effet mécanique sur le nombre de bénéficiaires de minima sociaux parmi les 60-61 ans. Pour la génération 1950, 47 % des allocataires à 59 ans le restent à 60 ans. Ce taux monte à 90 % pour les générations suivantes. Parmi ceux qui n’étaient pas allocataires à 59 ans, les taux d’entrée dans les minima à 60 ans restent faibles (1 à 1,6 %), soulignant que la hausse du nombre de bénéficiaires à ces âges est principalement due à la prolongation des situations de précarité existantes. Autrement dit, le décalage de l’âge légal a conduit à une extension de la période pendant laquelle certains individus, exclus du marché du travail et sans droits à retraite, dépendent d’allocations sociales.

La réforme de 2023 devrait avoir un effet plus modéré, car elle ne concerne que les assurés non inaptes. En effet, 57 % des bénéficiaires de minima sociaux qui sortent des dispositifs à 62 ans le font aujourd’hui grâce à un départ pour inaptitude, qui reste inchangé par la réforme récente.

Sortir des minima sociaux ne signifie pas sortir de la pauvreté

L’arrêt du versement d’un minimum social à la liquidation de la retraite ne traduit pas nécessairement une amélioration décisive de la situation économique des individus. De nombreuses retraites personnelles restent inférieures aux plafonds des minima sociaux. Le non-recours, le passage à une pension de réversion ou la prise en compte des ressources du conjoint peuvent également expliquer cette sortie statistique. Ainsi, la faiblesse des retraites de droit propre continue de poser la question d’une revalorisation des pensions les plus basses, au-delà de l’ASPA, afin de garantir un niveau de vie décent.

L’étude de la DREES souligne que le passage à la retraite n’efface pas toujours les inégalités accumulées durant la vie active. Elle impose une réflexion sur la coordination entre les politiques de solidarité (RSA, AAH, ASS) et celles du vieillissement (ASPA, retraite anticipée pour inaptitude, pension minimum). À l’heure où l’espérance de vie sans incapacité stagne et où les réformes successives reculent l’accès au droit à pension, la question du soutien aux populations précaires vieillissantes devient un enjeu central de justice sociale.

Cercle de l’Épargne – données DREES

200 milliards d’euros d’épargne salariale en 2025

En 2024, l’épargne salariale a atteint, en France, selon l’Association Française de Gestion (AFG), la barre des 200 milliards d’euros d’encours en hausse de 6,5 % en un an. Près de 13 millions de salariés ont accès à un mécanisme de partage de la valeur au sein de leur entreprise. Près de 6 millions de salariés ont épargné sur ces dispositifs en 2024 pour un versement moyen de 3 600 euros. Les flux versés issus de la participation et de l’intéressement se sont élevés, en moyenne, à environ 1 900 euros chacun.

L’encours des plans d’épargne entreprise (PEE) s’est élevé en 2024 à 166 milliards d’euros, soit une progression de 4,9 % sur un an, répartis entre des fonds diversifiés (96 milliards d’euros) et des fonds d’actionnariat salarié (70 milliards d’euros).

De son côté, l’encours de l’épargne retraite d’entreprise collective (PERCO et PER d’entreprise Collectif) a atteint plus de 34 milliards d’euros en hausse de 14,9 % sur un an.

Cercle de l’Épargne – données AFG

Les encours de l’épargne salariale progressent en moyenne de plus de 6 % par an depuis 15 ans. Les fonds diversifiés ont atteint 130 milliards d’euros, en hausse de 11,5 % en 2024. Ils représentent 65 % des encours. Les encours des fonds d’actionnariat salarié ont atteint 70 milliards d’euros. Ils ont baissé 1,6 % en 224 par rapport à 2023 à la suite de prise de bénéfices.

Le développement des dispositifs d’épargne retraite et de la gestion pilotée contribue à la hausse du poids relatif des fonds diversifiés au sein des encours d’épargne salariale et retraite. Parmi les fonds diversifiés, la part des fonds monétaires est en recul, passant de 21 % en 2013 à 16 % en 2024 tandis que celle des fonds actions est passée, sur la période, de 10 % à 17 %. Les actions et les obligations d’entreprises représentent respectivement 62 % et 13 % des titres en portefeuilles. 75 % de l’épargne salariale finance directement les entreprises. Les investissements sont en faveur des émetteurs français à hauteur de 56 % des encours au global, et de 65 % des encours actions dans les portefeuilles.

Une performance correcte pour l’épargne salariale

Sur les quinze dernières années, la performance totale nette de frais de gestion de la gestion pilotée selon les profils de risque varie de +38,4 % pour un profil prudent à +111,2 % pour un profil dynamique. La performance annualisée est de +2,2 % pour le profil prudent sur 15 ans (de +1,6 % sur la période de 10 ans et de +1,2 % sur la période de 5 ans). Elle est de 3,7 % pour le profil équilibré sur 15 ans (de +3,2 % sur la période de 10 ans et de +2,5 % sur la période de 5 ans). Elle est de 5,1 % pour le profil dynamique sur 15 ans (de +4,7 % sur la période de 10 ans et de +3,8 % sur la période de 5 ans).

Une collecte brute en légère hausse

La collecte brute de l’épargne salariale a enregistré une hausse de 10,3 milliards d’euros, contre +9,1 milliards d’euros en 2023. Les flux vers les fonds durables représentent 60 % des flux bruts des fonds diversifiés en 2024, contre 58 % en 2023 et 47 % en 2022. Leur collecte nette s’établit à 3,1 milliards d’euros. La collecte brute des fonds solidaires s’établit à +2,0 milliards d’euros, soit 12 % des souscriptions brutes des fonds diversifiés), tandis que leur collecte nette est de +0,6 milliard d’euros

En 2024, la collecte brute sur les dispositifs d’épargne salariale a été de 21,7 milliards d’euros, en hausse de +1,5 milliard d’euros par rapport à 2023. Les flux vers les plans d’épargne d’entreprise (PEE) se sont élevés à 17,5 milliards d’euros, contre +16,4 milliards d’euros en 2023. Enfin ceux vers les plans d’épargne retraite collectifs (PERCO/ PER Entreprise Collectif) ont atteint 4,2 milliards d’euros, contre +3,8 milliards d’euros en 2023.

Les versements se répartissent de la manière suivante :

  • 6,0 milliards d’euros provenant de la participation ;
  • 6,8 milliards d’euros provenant de l’intéressement ;
  • 4,4 milliards d’euros en versements volontaires ;
  • 4,4 milliards d’euros d’abondement.

À ces versements, s’ajoutent 63 millions d’euros issus de la prime de partage de la valeur (introduit en 2024).

Des rachats en hausse

Les rachats sont élevés en 2024 à 19 milliards d’euros, en hausse par rapport à celui de 2023 (- 17,8 milliards d’euros) tiré par des prises de bénéfice sur les fonds d’actionnariat salarié (- 7 milliards d’euros). Les déblocages anticipés représentent 35 % des montants des rachats (stable par rapport à 2023) soutenus par les motifs de cessation du contrat de travail et d’acquisition ou d’agrandissement de la résidence principale. Ces deux raisons représentent chacune 36 % des montants des déblocages anticipés.

Une collecte nette positive

La collecte nette a atteint, en 2024, 2,7 milliards d’euros contre 2,4 milliards d’euros en 2023. Elle se répartit en +200 millions d’euros vers les plans d’épargne d’entreprise (PEE) et +2,5 milliards d’euros vers les plans d’épargne retraite collectifs (PERCO/PER Collectif). La collecte nette des fonds diversifiés a été positive de 5,5 milliards d’euros, en hausse de 600 millions d’euros par rapport à 2023.

La hausse des fonds durables

Les encours des fonds durables de l’épargne salariale ont atteint 109,2 milliards d’euros (101,1 milliards d’euros pour les fonds “article 8” de la réglementation SFDR, et 8,1 milliards d’euros pour les fonds “article 9”). Ils représentent désormais 84 % de l’encours des fonds diversifiés. Les fonds solidaires affichent un encours de 16,3 milliards d’euros contribuant ainsi au financement de l’économie sociale et solidaire. Les 108 fonds labellisés ISR se sont élevés à 23,4 milliards d’euros, soit environ 12 % des fonds ayant le label ISR sont distribués via l’épargne salariale et retraite.

Progression du nombre d’entreprises équipées

Le nombre d’entreprises équipées d’un dispositif d’épargne salariale ou d’épargne retraite a atteint 416 000 entreprises (+18 700 en un an). Cette hausse s’explique par les mesures adoptées dans la loi Pacte (suppression du forfait social sur l’intéressement pour les entreprises de moins de 250 salariés, et sur participation et l’abondement employeur pour les entreprises de moins de 50 salariés). La diffusion des dispositifs d’épargne salariale s’accroît au sein des PME (moins de 250 salariés), avec une augmentation de +18 400 en un an.

Le nombre d’entreprises équipées d’un dispositif d’épargne salariale s’élève à 378 300 (+14 500 sur un an). 11,4 millions de salariés sont ainsi couverts. 240 700 entreprises disposent d’un produit retraite en lien avec l’épargne salariale (+18 400 sur un an). 4,2 millions de salariés y ont accès. 60 900 entreprises sont ainsi équipées d’un dispositif PERCO, au bénéfice de 916 000 salariés disposant de 6,9 milliards d’euros. 179 800 entreprises sont équipées d’un dispositif PER, au bénéfice de 3,3 millions de salariés disposant de 27,2 milliards d’euros d’encours.

Plus de 34 milliards d’euros d’encours pour l’épargne retraite salariale

Les encours sur les PERCO et PER Entreprise Collectif atteignent 34,1 milliards d’euros en hausse de +14,9 % sur un an. Les PER Entreprise Collectifs remplacent peu à peu les anciens PERCO et représentent 80 % des encours des produits d’épargne retraite collectifs en comptes-titres. 68 % des investisseurs en épargne retraite collective ont opté pour la gestion pilotée qui dépasse 13 milliards d’euros +18,8 % sur un an.

Cercle de l’Épargne – données AFG

« L’art dangereux de la sémantique », par Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Épargne

Avec les réseaux sociaux et les officines d’ingérence en ligne, quelques mots, imprudemment prononcés, suffisent à créer un vent de panique, ou du moins de peur, au sein de la population. L’orientation et la mobilisation de l’épargne pour la défense ont été perçues, par une partie de la population, comme la volonté du gouvernement de s’en prendre à leur argent chèrement économisé. Le sentiment de défiance à l’égard des pouvoirs publics alimente cette suspicion de préemption de l’épargne. Cette crainte est renforcée par l’endettement croissant de l’État.

Seuls l’impôt et les prélèvements sociaux peuvent, avec l’adoption de mesures législatives, réduire le montant de l’épargne. Par ailleurs, le Conseil constitutionnel a précisé, dans le cadre de sa jurisprudence, qu’un prélèvement ne pouvait être confiscatoire. Pour autant, les Français ne sont pas rassurés. Peu ont néanmoins vidé leurs placements pour glisser leurs économies sous leur matelas. Le taux d’épargne reste à des niveaux sans précédent depuis une trentaine d’années, hors période Covid. Il s’élève à plus de 18 % du revenu disponible brut. Dans un contexte géopolitique anxiogène, les Français économisent en réduisant leurs achats de biens durables, notamment de voitures. Ils reportent également leurs investissements, d’autant plus que les taux d’intérêt restent élevés.

Face à des messages contradictoires, les Français peuvent, au-delà des fausses informations, être légitimement perplexes. D’un côté, le gouvernement les appelle à consommer afin de relancer la croissance et d’augmenter les recettes de TVA, indispensables à la maîtrise des déficits publics. De l’autre, il les invite à épargner en vue de la défense, afin de faciliter le réarmement du pays, en soulignant que cette orientation de leurs liquidités est évidemment volontaire et non obligatoire. Au-delà des éventuelles incohérences – fruits de la difficile tâche de gouverner en ces temps troublés, surtout en France – l’investissement dans un fonds « bleu-blanc-rouge » constitue-t-il un bon choix ?

Jusqu’à récemment, les entreprises du secteur de la défense étaient boudées, car par nature peu ou pas compatibles avec les critères ESG. Avec l’impérieuse nécessité de moderniser nos équipements militaires, cet argument tend à s’effacer. Même en Europe du Nord, les gestionnaires de fonds sont sur le point de revoir leur politique en la matière. Ces entreprises représentent des valeurs de croissance, bénéficiant de commandes publiques orientées durablement à la hausse. Ce sont des sociétés à forte intensité technologique. L’armement dépend de plus en plus des technologies de l’information et de la communication. Elles disposent d’un fort potentiel de valorisation. La création d’usines, de chaînes de production, de nouveaux avions ou de chars nécessite, évidemment, du temps.

L’investissement dans le fonds défense de la Banque Publique d’Investissement, ou dans ceux créés par des acteurs privés, est de la même façon, et par nature, de long terme. Cependant, les rendements potentiels sont importants. En outre, la France dispose, dans ce secteur, d’un véritable avantage comparatif. Investir dans ces fonds permet de soutenir un pan de l’industrie nationale à haute valeur ajoutée. C’est également, pour les épargnants, une manière d’accéder à la sphère du capital-investissement de manière mutualisée, le fonds prenant des participations dans des entreprises de la défense non cotées ou leur prêtant des sommes pour la réalisation d’investissements.

L’affaire des fausses informations sur l’épargne a malgré tout un effet positif : celui d’avoir permis de mieux expliquer le rôle de l’épargne au sein de l’économie contemporaine. Toute épargne, en dehors de celle placée en or, en bitcoins ou en billets sous un matelas, vit et est productive, en constituant la base des fonds propres et des prêts.

Jean-Pierre Thomas

Président du Cercle de l’Épargne

Les épargnants français face à la baisse des cours

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

La décision de Donald Trump de relever de manière unilatérale les droits de douane américains et la réponse des autorités chinoises provoque une forte correction en bourse. Les valeurs « actions » reculent de plus de 10 % en une semaine (lundi 7 avril à 11 heures).

Les investisseurs arbitrent contre les actions par crainte d’un ralentissement de l’économie mondiale voire d’une récession provoquée par la baisse des échanges internationaux. Ces derniers ont porté la croissance mondiale depuis quarante ans. La volonté isolationniste et protectionniste du Président américain constitue une réelle rupture. Depuis les premiers accords du GATT à la fin des années 1940, le principe de la liberté des échanges avait prévalu. L’instauration de barrières tarifaires élevées de la part des États-Unis est d’autant plus durement ressentie que ce pays est le premier importateur mondial.

La correction est d’autant plus élevée que les marchés actions avaient atteint des niveaux de valorisation importants. Les indices (sauf le CAC 40) ont battu record sur record jusqu’en février de cette année.

Est-ce un krach boursier ?

Un krach boursier correspond à une chute des cours de 20 % en quelques jours. Il intervient, en règle générale, après un fort mouvement de hausse des cours qui est de nature spéculatif. Ce fut le cas en 1929 ou en 1987. Un krach peut trouver son origine dans une crise financière ou immobilière (crise des subprimes en 2008/2009).

La correction des cours entamée le 2 avril dernier en lien avec les annonces de Donald Trump n’est pas de nature financière. Il n’y pas de disfonctionnement au sein de la sphère financière. Certes, le cours des actions était élevé, notamment pour les valeurs technologiques, et plus particulièrement pour celles en lien avec l’intelligence artificielle.

En une semaine, au Japon, le principal indice, le Nikkei a perdu 17,59 %. la perte est de plus de 15 % pour l’indice Hong Kong Hang Seng. Pour les pays de l’OCDE, en une semaine, la baisse atteint 10 % et l’Eurostoxx, de 10 % et pour le S&P 500 (à 13 heures 30 le lundi 7 avril 2025).

Pourquoi les investisseurs vendent-ils des actions ?

La baisse des cours signifie qu’un grand nombre d’investisseurs vendent des actions. Ils estiment que leur rendement sera plus faible demain en raison des menaces de récession qui se sont multipliées avec les annonces de Donald Trump sur les droits de douane. Des perspectives de récession signifient des dividendes en baisse pour les actions. Dans ce contexte, les investisseurs privilégient les obligations qui assurent un rendement fixe, ce qui est, en période d’incertitudes, rassurant. Cet engouement pour les obligations provoque, par voie de conséquence, une diminution des taux d’intérêt à long terme.

Quelle évolution pour cette crise boursière ?

L’évolution des marchés dans les prochains jours est conditionnée par la réponse des Européens et par les éventuelles négociations avec les États-Unis. Si les Européens optent pour des représailles massives en forme d’augmentation des droits de douane, le cours des actions pourrait encore baisser. Si la réponse est plus technique et plus ciblée, une stabilisation pourrait intervenir. L’Europe, premier marché commercial mondial avec 450 millions d’habitants à fort pouvoir d’achat dispose de moyens pour contrecarrer les États-Unis.

En cas de résultats positifs en ce qui concerne les éventuelles négociations commerciales avec les États-Unis, les valeurs actions pourraient connaître un rebond.

Les épargnants français sont-ils concernés par la chute du cours des actions ?

L’épargne financière des ménages s’élevaient, à la fin du troisième trimestre 2024, à 6 400 milliards d’euros (en brut hors endettement). 60 % sont investis en produits de taux (livrets d’épargne, fonds euros d’assurance vie, dépôts à terme, compte courants). Ces produits ne subissent pas les effets de la baisse des cours des actions. Ils bénéficient d’une garantie en capital. La rémunération n’est pas liée aux actions. Celle du Livret A relève d’une décision du Ministre de l’Économie. Elle est fonction de l’inflation et des taux des marchés monétaires. Le rendement des fonds euros de l’assurance vie est liée aux taux d’intérêt des marchés obligataires. Il  peut être affecté, marginalement, par la baisse des cours boursiers (poche de diversification des fonds euros).

L’exposition aux risques de marché est assez faible en France. Les ménages détenaient en effet pour 322 milliards d’euros d’actions cotées à la fin du 3e trimestre 2024, 515 milliards d’euros d’unités de compte logés dans des contrats d’assurance vie et 170 milliards d’euros d’Organismes de Placement Collectif (OPC). Les unités de compte et les OPC ne sont pas investis à 100 % dans les actions. Ils peuvent comporter des obligations, des titres monétaires ou de l’immobilier. 7 millions de Français détiennent un Plan d’Épargne en Actions quand quatre sur cinq ont un Livret A.

Les Français détiennent par ailleurs 1 448 milliards d’euros d’actions non cotées et autres participations, essentiellement les parts sociales des entreprises (indépendants, professions libérales).

Quels conseils pour les épargnants ?

Des corrections boursières, des krachs ont eu lieu dans le passé et ont été suivis de rebond. La situation financière des entreprises en France comme en Europe est plutôt bonne. Le système financier est globalement sain. Il n’y a pas de risques systémiques.

Il ne faut pas s’abandonner à la panique ! Il faut rester zen et au contraire être opportuniste. En 2020, selon l’Autorité des marchés financiers, environ 3 millions d’actionnaires avaient profité de la baisse des cours pour acheter des actions. La correction en cours permet l’acquisition d’actions à prix cassé. Elle permet de réaliser des arbitrages intéressants.

Il faut rappeler que les actions sont des placements de moyen et de long terme. la performance se constate dans le temps. L’année 2024 avait été exceptionnelle, celle de 2025, pour le moment, est mauvaise mais il reste huit mois…

L’assurance vie : la course en tête en février

Assurance vie | Résultats février 2025

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

L’assurance vie avec un encours de 2038 milliards d’euros assume parfaitement son rôle de leader de l’épargne française en accumulant en ce début d’année d’excellents résultats en lien avec l’amélioration du rendement des fonds euros et la baisse des taux de rémunérations des placements bancaires dont le Livret A. Les ménages ont, en février, poursuivi ainsi la réorientation de leur épargne en faveur des placements de long terme plus rémunérateurs. La guerre commerciale engagée de Donald Trump peut-elle, en revanche, rebattre les cartes dans les prochains mois ?

 
Un mois de février « canon »

 
La collecte nette de l’assurance vie a atteint, en février, 5,8 milliards d’euros. Il faut remonter à février 2006 pour enregistrer un résultat supérieur (7,2 milliards d’euros). En janvier 2025, la collecte nette avait été déjà importante (4,5 milliards d’euros). En deux mois, l’assurance vie a bénéficié d’une collecte nette de près de plus de 10 milliards d’euros, soit un niveau deux fois plus élevé qu’en 2024. En février 2024, la collecte nette avait été de 3,3 milliards d’euros.
 
Février est traditionnellement un mois favorable pour l’assurance vie. Depuis 1996, aucune décollecte n’y a été constatée. Sur ces dix dernières années, la collecte moyenne, en février, atteint 2 milliards d’euros. En 2025, la collecte nette a, néanmoins, été près de trois fois supérieure à la moyenne décennale.
 
L’assurance vie profite à plein de la baisse du taux de rémunération du Livret A et de la préférence des ménages pour l’épargne de long terme.

 
Les cotisations à un haut niveau


En février 2025, les cotisations d’assurance vie sont en légère hausse de +2 % par rapport à février 2024, soit +0,4 milliard d’euros, et se sont élevées à 17,0 milliards d’euros, leur plus haut niveau historique pour un mois de février. Elles augmentent pour les supports en unités de compte (UC, +14 %) et diminuent pour ceux en euros (-5 %).
 
Depuis le début de l’année, les cotisations ont progressé de 6 % pour atteindre 34,2 milliards d’euros. La hausse est de 10 % pour les unités de compte et de 3 % pour les fonds euros. La part des UC dans les cotisations a été, en février, de 41 % contre 43 % en janvier.
 
Les ménages français ne relâchent pas leur effort d’épargne dans un contexte qui demeure anxiogène.


Des prestations en nette baisse

 
Les ménages ont moins retiré d’argent en février 2025 qu’un an auparavant. Les prestations se sont élevées à 11,1 milliards d’euros au cours du deuxième mois de l’année en baisse de 16 % par rapport à février 2024. Elles diminuent à la fois pour les supports en euros (-1,7 milliard d’euros, soit -16 %) et ceux en unités de compte (-0,4 milliard d’euros, soit -4 %). Sur les deux premiers mois de l’année, les prestations sont en recul de 11 %, à 23,9 milliards d’euros.
 
Les moindres rachats témoignent d’une attractivité plus forte de l’assurance vie et du faible niveau de l’investissement immobilier.

 

Le retour des fonds euros dans le vert

Au mois de février, la collecte nette des fonds euros a été positive de 1,3 milliard d’euros quand elle était négative en décembre et janvier derniers. Celle des unités de compte dépasse de son côté 4 milliards d’euros.

 
L’assurance vie : the place to be ?

 
Le premier placement des ménages profite du rendement des fonds euros, redevenu plus compétitif avec la baise des rémunérations des livrets bancaires et des dépôts à terme ainsi qu’avec la hausse des taux obligataires. Ces derniers influent directement sur le rendement des fonds euros. Celui-ci pourrait se rapprocher de 3 % cette année, creusant l’écart avec celui du Livret A. en effet, ce dernier devrait à nouveau baisser le 1er août. Il devrait passer en-dessous des 2 % compte tenu de l’évolution de l’inflation et des taux directeurs de la Banque centrale européenne.
 
L’assurance vie pourrait être, en revanche, pénalisée par la guerre commerciale lancée le 2 avril dernier par Donald Trump. Le caractère anxiogène de la situation économique et géopolitique pourrait, par ailleurs, amener les ménages à se tourner une fois de plus vers les placements de court terme comme le Livret A.
 
La forte baisse des valeurs boursières peut-elle occasionner un reflux des unités de compte ? Lors des dernières périodes de baisse, épidémie covid, guerre en Ukraine ou crise politique en France, les assurés avaient été relativement stoïques voire opportunistes. La baisse des cours constitue une opportunité pour acheter des valeurs. Cela suppose que la crise soit courte ce qui n’est pas, en l’état actuel, garanti. Une réponse commune des Européens avec la réaffirmation de l’Union à travers le lancement de plans de relance et de soutien à l’activité pourrait y contribuer.

Cercle de l’Épargne – données France assureurs
Cercle de l’Épargne – données France assureurs

Le Livret A plie mais ne rompt pas 

Résultat du Livret A en février

Analyse de par Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Le Livret A poursuit sur la lancée du mois de janvier avec une collecte modeste mais positive en février. La baisse du taux de rémunération le 1er février ne s’est pas accompagnée d’une sanction de la part des épargnants. La collecte se normalise, les ménages semblant préférer l’assurance vie au potentiel de rendement supérieur.
 
Livret A : une collecte de 940 millions d’euros en février
 
Le Livret A a fait mieux en février qu’en janvier avec une collecte de 940 millions d’euros, contre 350 millions d’euros. Ce résultat est néanmoins inférieur à la moyenne de ces dix dernières années, qui était de 1,8 milliard d’euros. En février 2024, elle avait atteint 2,3 milliards d’euros, et en février 2023, le niveau astronomique de 6,27 milliards d’euros. À l’époque, le Livret A était porté par son rendement de 3 % et par le caractère anxiogène de la guerre en Ukraine.
 
Ces dix dernières années, le Livret A n’a connu en février que deux décollectes, en 2016 (-0,51 milliard d’euros) et en 2015 (-0,97 milliard d’euros), années marquées par la baisse du taux de rendement.
 
Avec la collecte du mois de février, l’encours du Livret A bat un nouveau record à 442,5 milliards d’euros.
 
Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) : une collecte de 640 millions d’euros en février
 
Le LDDS affiche également une collecte plus élevée en février, à 640 millions d’euros, contre 460 millions d’euros en janvier. Ce résultat est néanmoins inférieur à celui de février 2024 (1,04 milliard d’euros).
 
La collecte de février 2025 est légèrement supérieure à la moyenne de ces dix dernières années (500 millions d’euros). Deux décollectes ont été enregistrées sur cette période, en 2016 (-120 millions d’euros) et en 2015 (-230 millions d’euros).
 
L’encours du LDDS atteint, avec 161,7 milliards d’euros, un nouveau sommet.
 
Le Livret d’Épargne Populaire (LEP) : un léger mieux en février
 
Comme le Livret A et le LDDS, le Livret d’Épargne Populaire améliore sa collecte en février par rapport à janvier, avec 350 millions d’euros contre 110 millions. Ce chiffre est cependant loin du résultat de février 2024 (+1,39 milliard d’euros). Avec un encours de 82,7 milliards d’euros, le LEP est à son plus haut historique.
 
Normalisation sur fond de baisse du rendement
 
La collecte du Livret A, comme celle du LDDS et du LEP, se banalise. Elle n’a pas été excessivement affectée par la diminution des taux de rémunération. Les ménages semblent accepter cette baisse, mais ils sont désormais plus enclins à regarder ailleurs si l’herbe est plus verte. L’assurance vie a ainsi commencé l’année sur les chapeaux de roue.
 
Les prochains mois pourraient réserver quelques évolutions, voire des surprises. La multiplication des fausses informations concernant l’utilisation par l’État de l’argent des ménages pour financer la défense va-t-elle provoquer une défiance des épargnants ? À l’inverse, l’augmentation des tensions internationales en Europe pourrait-elle conduire à une nouvelle hausse de l’épargne de précaution ? Il faudra attendre le mois de mars pour disposer de premiers éléments de réponse.
 
Le contexte ne pousse pas à un réel relâchement de l’effort d’épargne. Avec la baisse de l’inflation et la diminution du rendement de l’épargne réglementée, les ménages pourraient laisser à nouveau plus d’argent sur leurs comptes courants. La bonne tenue du rendement des fonds euros de l’assurance vie pourrait continuer à doper la collecte de ce produit, qui reste en volume le premier placement financier des ménages.
 
La collecte du Livret A comme du LDDS en février traduit donc une certaine normalisation après plusieurs années exceptionnelles.
 

Des fonds « verts kakis » pour les épargnants

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Le Ministère de l’Économie a opté pour la mobilisation de l’épargne en faveur de la défense à travers la mise en place de fonds d’investissement. La Banque Publique d’Investissement créera un fonds accessible au grand public qui pourra acquérir des parts ou des unités de compte pour une valeur d’émission de 500 euros. Ces titres seront logeables dans des contrats d’assurance vie (unités de compte) ou dans des comptes titres (parts).
 
Ce fonds dont le capital pourrait atteindre 450 millions d’euros aura la faculté de prendre des participations ou de prêter de l’argent aux entreprises du secteur de la défense. Il aura, à ce titre, vocation à faciliter le financement des investissements rendus nécessaires par l’augmentation des commandes publiques de matériels de défense au sein de l’Union européenne. Le Ministre de l’Économie a évoqué un besoin de 5 milliards d’euros pour l’industrie de la défense.
 
D’autres fonds mis en œuvre par des acteurs de la place financière française et européenne devraient être également accessibles.
 
En collectant autour de 600 millions d’euros par effet de levier, les fonds pourraient prêter 5 milliards d’euros. Il est fort probable que les fonds n’interviendront pas exclusivement sous la forme de prêts ou d’émission d’obligations pour le compte de tiers, ils devraient également prendre des participations (actions).

 
Un choix logique

Le choix des fonds d’investissement est la réponse la plus rapide pour mobiliser de manière volontaire l’épargne des ménages. En pouvant loger ces fonds dans l’assurance vie, l’industrie de la défense accède ainsi au premier placement des ménages dont l’encours a dépassé 2 000 milliards d’euros en janvier 2025. Les assurés sont de plus en plus prompts à investir en unités de compte, ces dernières années. Ces unités de compte ont représenté 40 % de la collecte de l’assurance vie en 2024, les 60 % restant étant dévolus aux fonds en euros.
 

Un placement volontaire de la part des épargnants

 Aucune ponction, aucun prélèvement ou orientation obligatoire de l’épargne des ménages n’est prévu. Le gouvernement n’a pas opté pour un grand emprunt national qui n’aurait ajouté que de la dette publique à la dette publique. Un tel emprunt aurait été, en outre, compliqué à mettre en œuvre tout comme la création d’un nouveau Livret d’épargne. Le Livret A n’est pas un outil adapté pour financer sur le long cours des entreprises qui interviennent sur le secteur concurrentiel de l’industrie de la défense. Le Livret A ne permet pas des prises de participation dans des entreprises non cotées. Produit liquide par nature, il n’est pas armé pour des investissements de long terme dans des entreprises.
 
Les épargnants pourront donc opter pour les unités de compte ou les parts des fonds « défense ». De manière indirecte, dans le cadre de la diversification, les assureurs pourraient insérer dans leurs fonds euros des parts des fonds « défense ».
 

Un placement par nature de long terme et potentiellement attractif

 La montée en puissance de l’industrie de la défense européenne nécessitera du temps. Il est de ce fait logique que le retour sur investissement ne soit pas immédiat. Le Ministre de l’Économie a prévu une période de blocage de 5 ans, le temps nécessaire pour la réalisation des investissements. Cela signifie que les acheteurs ne pourraient pas céder leurs parts durant ce délai. Un tel blocage existe par exemple pour des produits comme le FCPI, des fonds qui financent des entreprises à forte croissance, en particulier dans le secteur technologique. En revanche, à la différence des FCPI, le gouvernement n’a pas associé d’avantage fiscal pour l’achat de parts de son fonds vert kaki.
 
Compte tenu de la progression de la demande en équipements militaires, le rendement de ce fonds pourrait être attractif et se situer au-dessus de la moyenne sur longue période. 
 
 
 
 

L’épargne pour financer la défense ? « L’État ne va pas puiser dans la cagnotte des ménages »

Comment financer l’effort de défense ? Comment l’épargne des ménages peut être mobiliser ? Réponses dans cette interview de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne à lire dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.

Les Français conserveraient de plus en plus d’argent liquide à leur domicile

Dans Ouest France, Philippe Crevel rappelle que « retirer de l’argent en période de crise, c’est un réflexe traditionnel. L’argent liquide apparaît comme une forme de sécurité »

Assurance-vie : ces signaux à surveiller si la hausse des taux se poursuit

Face aux risques potentiels que pourraient engendrer une hausse brusque de tes taux, Philippe Crevel se veut rassurant. Le Directeur du Cercle de l’Epargne rappelle que les assureurs « ont tous fait les crashs tests et aucun assureur français n’était en difficulté ». Il précise par ailleurs que l’assurance vie engrange actuellement les records de collecte.

Epargne : l’Etat va-t-il piocher dans votre Livret A pour financer la défense ?

Interrogé dans Capital, le Directeur du Cercle de l’Epargne revient sur les annonces des pouvoirs publics concernant l’effort de défense et la mobilisation de l’épargne des ménages. Il précise qu’«il y a un amalgame entre l’idée de “mobiliser” l’épargne des Français, c’est-à-dire de permettre à ceux qui le souhaitent d’investir dans notre défense, et celle de les “ponctionner”, qui laisse entendre que l’Etat pourrait « se servir » sur leurs comptes en toute impunité».

Vrai ou faux. Le gouvernement veut-il vraiment « confisquer » l’épargne des Français, comme l’affirment de nombreux internautes sur les réseaux sociaux ?

Au micro de France Info, Philippe Crevel est interrogé sur le risque pour les Français d’être spolié pour financer l’effort de défense. Il rappelle qu’il s’agit bien d’une fausse rumeur diffusée dans les réseaux sociaux. Il revient par ailleurs les moyens dont dispose les pouvoirs publics pour accroître les dépenses de défense et notamment à travers l’assurance vie et le PER, des produits de long terme.

Effort de guerre français : qui va financer les dépenses militaires ?

Dans le journal Le Point, Philippe Crevel estime que le recours à l’épargne des Français à travers le lancement d’un Grand emprunt national ne constitue pas une solution crédible. Il considère « notamment car cela coûte plus cher que de se financer sur le marché : les coûts de gestion sont élevés quand il s’agit de distribuer de petits montants auprès des particuliers », et rappelle que cette solution ne ferait qu’accroître l’endettement de la France.

Investir au féminin : des défis qui persistent pour combler l’écart avec les hommes et sécuriser l’avenir

  Les chiffres clés de l’étude  

  • En 2024, 72% des femmes déclaraient que leurs pensions de retraite étaient ou seraient insuffisantes pour vivre correctement, soit 13 points de plus que les hommes.  
  • 56% des femmes (contre 58% des hommes) jugent intéressant d’investir dans un Plan d’Épargne Retraire (PER).  
  • En 2024, l’assurance-vie arrive en tête des placements jugés « intéressants » pour 61% des femmes et des hommes.  
  • En hausse de 5 points sur un an, l’intérêt des femmes pour le placement actions est à son plus haut niveau depuis 2016. Elles sont aujourd’hui 39% à se déclarer prêtes à investir en bourse contre 47% chez les hommes.  

L’étude 2024 AG2R LA MONDIALE / AMPHITÉA / CERCLE DE L’ÉPARGNE souligne un intérêt accru des femmes pour des produits d’épargne comme le PER ou l’assurance-vie. Si des freins à l’épargne persistent, avec des choix d’investissement qui sont le reflet d’inégalités de revenus et de répartition des charges familiales au sein du couple, on observe aussi qu’elles sont de plus en plus enclines à prendre des risques en investissant en bourse, et à préparer leur avenir financier.

Le PER, de plus en plus attractif pour les femmes

Ce produit, qui s’impose dans le paysage de l’épargne française depuis les 5 dernières années, est jugé intéressant par 56% des femmes (contre 58% des hommes). En effet, la question du pouvoir d’achat à la retraite constitue, depuis de nombreuses années, un sujet de préoccupation majeur au sein de la population, et plus particulièrement chez les femmes. Si 66% des sondés expriment cette crainte, elle est ressentie plus fortement par les femmes : en 2024, 72% d’entre elles déclaraient que leurs pensions étaient ou seraient insuffisantes pour vivre correctement, soit 13 points de plus que les hommes.

Ainsi, pour 1 femme sur 2, la souscription d’un PER aurait pour objectif de se constituer un complément de revenu régulier à la retraite, contre 41% des hommes. Cette perception de l’avenir est notamment le reflet de parcours professionnels divergents, ou encore d’un recours au temps partiel plus important qui se répercutent sur le niveau de revenus et de patrimoine des femmes.

Si la constitution d’un capital, disponible au moment de la retraite, est l’une des premières raisons de souscriptions mentionnées à 43% par les hommes contre 37% par les femmes, elle est suivie de près par la possibilité de bénéficier de la déduction fiscale lors des versements (22% pour les hommes vs 27% pour les femmes).

L’assurance-vie reste le placement préféré des femmes et des hommes

L’assurance-vie arrive en tête des placements jugés « intéressants » pour 61% des femmes et des hommes. Elle précède l’immobilier locatif (60% de femmes contre 53% d’hommes) et le Livret A (59% pour les femmes vs 60% pour les hommes).

Enfin, habituellement considéré comme risqué, le placement actions intéresse de plus en plus les femmes

On observe un changement de comportement dans le rapport des femmes au risque. En effet, si elles sont habituellement moins enclines à en prendre, elles s’intéressent de plus en plus au placement actions. En 2024, 39% d’entre elles étaient prêtes à investir en bourse contre 47% pour les hommes. En hausse de 5 points sur un an, ce chiffre est à son plus haut niveau depuis 2016.

Entre 2016 et 2024, la part des femmes affichant un regard positif sur l’investissement en bourse a crû de 14 points.

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Méthodologie :

Cette étude s’appuie notamment sur les résultats de l’enquête AG2R LA MONIDALE / AMPHITÉA / CERCLE DE L’ÉPARGNE réalisée en mars 2024 auprès d’un échantillon de 1 035 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Le terrain d’enquête a été confié à l’Ifop.

Contacts presse :

AG2R LA MONDIALE 

Cécile Bourganel : cecile.bourganel@ag2rlamondiale.fr – 07 85 24 27 15

Émmanuelle Renaudie : emmanuelle.renaudie@ag2rlamondiale.fr – 01 76 60 80 69 / 07 78 26 78 39

CERCLE DE L’ÉPARGNE 

Philippe Crevel : pcrevel@cercledelepargne.fr – 06 03 84 70 36

Sarah Le Gouez : slegouez@cercledelepargne.fr – 06 13 90 75 48

À propos d’AG2R LA MONDIALE :

Spécialiste de la protection sociale et patrimoniale en France, AG2R LA MONDIALE assure les particuliers, les entreprises et les branches, pour protéger la santé, sécuriser le patrimoine et les revenus, prémunir contre les accidents de la vie et préparer la retraite. Le Groupe compte plus de 15 millions d’assurés et accompagne 500.000 entreprises au quotidien. Avec près de 15.000 collaborateurs, AG2R LA MONDIALE est présent sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultramarin. Doté d’une gouvernance paritaire et mutualiste, le Groupe cultive un modèle de protection sociale unique qui conjugue étroitement rentabilité, solidarité et performance. Dans le cadre de l’action sociale AG2R Agirc-Arrco et AG2R Prévoyance, et plus globalement de son engagement sociétal, AG2R LA MONDIALE œuvre au quotidien pour le bien-vieillir au plus près des besoins des personnes et des territoires.

Suivez l’actualité : www.ag2rlamondiale.fr /     @AG2RLAMONDIALE

À propos d’Amphitéa :

AMPHITÉA, association d’assurés, souscrit auprès d’AG2R LA MONDIALE au nom et au profit de ses adhérents, des contrats répondant à leurs besoins de protection sociale et patrimoniale (épargne, retraite, santé, prévoyance, dépendance, obsèques). Avec près de 450 000 adhérents, elle s’inscrit parmi les plus grandes associations d’assurés en France. AMPHITÉA s’appuie également sur un réseau de plus de 100 correspondants régionaux, qui représente une force de dialogue et de proposition auprès de son partenaire assureur. Suivez l’actualité : www.amphitea.fr /         

@amphitea

À propos du Cercle de l’Épargne :

Think tank dédié à l’épargne, à la retraite et à la prévoyance, le Cercle de l’Épargne est présidé par Jean-Pierre Thomas. Il mène des études à dimension économique et sociale et des actions de formation pour comprendre les grands enjeux de la protection sociale. Suivez l’actualité : www.cercledelepargne.fr /     @twittcercle

Investir au féminin : les enjeux et défis des femmes en matière de placement

Les Français, surtout ces dernières années, sont des fourmis. Les femmes ne se démarquent pas des hommes en la matière. Selon le baromètre 2022 de l’épargne et de l’investissement de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), près de 8 femmes sur 10 mettent de l’argent de côté, mais les sommes épargnées sont, en moyenne, plus faibles que celles des hommes (210 euros par mois pour les premières contre 280 euros pour les seconds). Elles sont, par ailleurs, moins nombreuses à investir en Bourse. En 2022, les femmes ne représentaient que 30 % des personnes ayant fait au moins une opération d’achat ou de vente en bourse dans l’année.

Au sommaire de cette étude

Épargne et placements : une réelle convergence des comportements

  • L’assurance vie, le placement préféré des hommes et des femmes
  • Le plan d’épargne retraite (PER) : un produit attractif pour les femmes
  • Actions, les femmes de plus en plus intéressées

Les freins à l’épargne chez les femmes

Les Françaises diffèrent-elles de leurs homologues européennes ?

Bilan de l’année 2024 : une année de fourmis

Au troisième trimestre 2024, le taux d’épargne des ménages est resté stable à 17,7 % du revenu disponible brut, contre 25,5 % au deuxième trimestre 2020 et 13,8 % en moyenne sur la période 2014-2019. Les ménages aisés réinvestissent davantage qu’auparavant leurs gains, alimentant ainsi leur épargne. La montée des incertitudes économiques pousse tous les Français à renforcer leur épargne de précaution. La vague inflationniste a, par ailleurs, incité les ménages à épargner davantage afin de lutter contre l’érosion de leur patrimoine.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Les Français en deuxième position en Europe pour l’épargne

Les ménages français sont, juste derrière les allemands, ceux qui épargnent le plus au sein de la zone euro. En Allemagne, la situation économique dégradée explique le maintien d’un fort taux d’épargne. À partir de la fin d’année, la crise politique se surajoute à la récession.

En France, la dissolution du mois de juin dernier s’est traduite par un regain d’épargne de la part des ménages. Depuis 2020, tous les ans, la survenue d’un choc provoque une hausse de l’effort d’épargne : la crise covid, la guerre en Ukraine, la vague inflationniste, les crises politiques, le retour de Donald Trump. Le vieillissement démographique concourt également à la hausse structurelle du taux d’épargne.


Épargne financière : en forte hausse

Le taux d’épargne est constitué de deux composantes : le remboursement du capital des emprunts immobiliers et l’épargne financière (flux vers les placements financiers). Avec la hausse des taux d’intérêt, les ménages ont réduit leurs investissements dans l’immobilier et dans le recours aux emprunts. De ce fait, la part des remboursements tend à diminuer. A contrario, les placements financiers sont en hausse, en lien avec l’évolution des taux d’intérêt, de la bonne tenue des marchés « actions ».

Le taux d’épargne financière allemand est le plus élevé parmi les pays étudiés dans le graphique cité plus haut, évoluant autour de 8 à 10 % du revenu disponible brut en temps normal. Dans ce pays, la culture de l’épargne est forte. Les ménages allemands ont une faible propension à l’endettement et à la consommation. En France, le taux d’épargne financière est passé de 5 % avant covid à 9 % en 2024.

Le taux d’épargne italien est structurellement plus faible que celui de la France et de l’Allemagne. Par ailleurs, il fluctue davantage. En Espagne, avant 2020, le taux d’épargne financière était historiquement faible, proche de zéro voire négatif, signe d’une économie où les ménages ont une forte propension à consommer. Comme dans l’ensemble des pays étudiés, la crise covid a provoqué, en Espagne, une forte hausse du taux d’épargne financière (au-delà de 20 %). Mais, rapidement, ce taux s’est affaissé, les ménages espagnols privilégiant la consommation. Depuis 2023, une légère remontée est constatée, cependant, le taux reste bien inférieur aux autres pays européens.

Cercle de l’Épargne – Banque de France

Poursuite de la décrue des dépôts à vue des ménages

En un an, l’encours des dépôts à vue a diminué de 19 milliards d’euros, revenant ainsi à 549 milliards d’euros. En 2023, la baisse avait été de 57 milliards d’euros. Depuis le point haut atteint en août 2022 (639 milliards d’euros), l’encours des dépôts à vue a reculé de 90 milliards d’euros. Cette diminution s’explique par la hausse des taux d’intérêt et l’inflation.

Les ménages, qui, durant la période de taux faibles entre 2016 et 2022, laissaient dormir leur argent sur leurs comptes courants, ont décidé d’en placer une partie sur des produits de placement de mieux en mieux rémunérés (Livret A, LDDS, LEP et contrats à terme). Cette réallocation a été principalement réalisée en 2023.

En 2024, avec l’amorce de la baisse des taux, les ménages ont moins retiré d’argent de leurs comptes courants que l’année précédente. Les transferts qui ont eu lieu ont davantage profité à l’assurance vie. Par ailleurs, l’inflation, en érodant la valeur des liquidités, a également incité les ménages à privilégier les placements rémunérés.

Malgré tout, l’encours des dépôts à vue reste, fin 2024, supérieur de 71 milliards d’euros à son niveau d’avant l’épidémie de Covid (fin décembre 2019). La succession de chocs (épidémie, guerre en Ukraine, vague inflationniste, crise politique) conduit les ménages à conserver plus de liquidités sur leurs comptes courants qu’auparavant, soit environ 18 000 euros par ménage.

Cercle de l’Épargne – données Banque de France

Livret A : une normalisation à haut niveau

Avec une collecte de 2,99 milliards d’euros, le Livret A a signé, en décembre, son meilleur résultat de l’année et a établi un nouveau record en matière d’encours à 442,5 milliards d’euros, soit 144 milliards d’euros de plus qu’en 2019, l’année d’avant la pandémie.

La collecte annuelle du Livret A s’est élevée, en 2024, à 14,87 milliards d’euros, contre 28,68 milliards d’euros en 2023. C’est la collecte annuelle la plus faible depuis 2019 (12,64 milliards d’euros). Elle est néanmoins de 3 milliards d’euros au-dessus de la moyenne de ces dix dernières années (11,48 milliards d’euros).

La baisse de la collecte entre 2023 et 2024 s’apparente à une normalisation en lien avec la baisse de l’inflation. Les ménages ont progressivement préféré, au cours de l’année, des placements de long terme comme l’assurance vie. Cette normalisation demeure incomplète en raison de la crise politique qui est survenue à compter du mois de juin 2024.

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Le taux du Livret A qui avait été fixé à 3 % le 1er février 2023 a été abaissé à 2,4 % le 1er février 2025. Le taux élevé en 2024, combiné à un encours record, a conduit à un montant sans précédent pour les versements d’intérêts capitalisés, 12,32 milliards d’euros contre 11,23 en 2023 et 2,13 en 2019.

Cercle de l’Épargne

Le rendement réel (taux de rémunération – taux d’inflation) du Livret A a été positif en 2024 à compter du printemps après avoir été négatif de 2017 à 2023.

Cercle de l’Épargne – INSEE

Livret de développement durable et solidaire (LDDS) dans le sillage du grand frère

Sur l’ensemble de l’année, le LDDS enregistre une collecte de 6,55 milliards d’euros en retrait par rapport à celle de 2023 (11,24 milliards d’euros). Elle est néanmoins près de deux fois supérieure à celle de 2019 (3,91 milliards d’euros). Les intérêts capitalisés atteignent 4,48 milliards d’euros, soit près de 500 millions de plus qu’en 2023. Ce montant constitue un record absolu pour le LDDS.

L’encours du LDDS, à fin décembre, s’élevait à 160,6 milliards, également un record. Fin 2019, l’encours du LDDS était de 112,4 milliards d’euros.

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Livret d’Épargne Populaire (LEP) : en ralentissement

Avec 11,7 millions de titulaires (fin octobre 2024), le LEP a enregistré une collecte positive en 2024 de 6,88 milliards d’euros, contre 20,67 milliards d’euros en 2023, une année qui avait été marquée par le relèvement du plafond de 7 700 à 10 000 euros. La baisse du rendement, passé de 6 à 4 %, a joué dans le recul de la collecte. Malgré tout, l’encours établit un nouveau record à 82,2 milliards d’euros. Les intérêts capitalisés se sont élevés à 3,43 milliards d’euros en hausse par rapport à 2023 (3,29 milliards d’euros).

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Livret Jeune : un produit en voie de marginalisation

Toute personne âgée de 12 à 25 ans peut ouvrir un Livret Jeune et il est possible de cumuler un livret jeune avec d’autres livrets d’épargne (par exemple le livret A). Il n’est pas possible, en revanche, de détenir plusieurs Livret Jeune.

Le plafond du Livret est fixé à 1 600 euros (hors intérêts capitalisés). Seul le titulaire du Livret Jeune peut effectuer des opérations de dépôt (chèques, espèces, virements).

Pour les titulaires de moins de 16 ans, l’autorisation du représentant légal est nécessaire pour effectuer des retraits. Entre 16 à 18 ans, les retraits par le titulaire sont libres, sauf opposition du représentant légal. Le taux d’intérêt annuel est librement fixé par les banques, mais est au moins égal à celui du Livret A.

À compter du 25e anniversaire du détenteur, le Livret Jeune est clos. En cas de non retrait, l’épargne est versée sur un compte d’attente.

Fin décembre 2024, l’encours du Livret Jeune s’élevait à 4,8 milliards d’euros. Il est en baisse constante depuis le mois de mars 2009 (7,3 milliards d’euros). Ce produit est faiblement mis en avant par les banques. Il souffre de son faible plafond et de son taux de rémunération réduit.

Cercle de l’Épargne – données Banque de France

Plan d’Épargne logement (PEL) : poursuite du recul

Le PEL est en souffrance depuis 2018, année de sa fiscalisation. La baisse de son taux de rendement conduit également de nombreux ménages à s’en détourner.

Fin décembre 2024, l’encours s’élevait à 220 milliards d’euros en baisse de 33 milliards d’euros sur un an. De fin décembre 2019 à fin décembre 2024, le recul est de 45 milliards d’euros.

Cercle de l’Épargne – données Banque de France

Cercle de l’Épargne

Compte Épargne Logement (CEL) : poursuite du rebond

Le CEL vise comme le PEL à faciliter l’acquisition de la résidence principale ou d’y réaliser des travaux.

Moins contraignant que le PEL, il est, cependant, en règle générale, moins intéressant. Au même titre que le PEL, droits à prêts y sont attachés, mais ils sont d’une moindre ampleur.

Comme pour le PEL, tout particulier peut ouvrir un CEL qu’il soit majeur ou mineur. Une personne ne peut ouvrir qu’un seul CEL. Il est possible d’avoir en parallèle un PEL sous réserve qu’ils soient souscrits dans le même établissement financier. Au moment de la souscription, le titulaire du CEL doit verser au minimum 300 euros. À la différence du PEL, le CEL est un produit d’épargne disponible, non bloqué. Le titulaire d’un CEL peut, ainsi, effectuer des retraits à tout moment, sans frais, mais le compte doit toujours disposer d’un solde d’au moins de 300 euros. À défaut, le compte est clôturé. Hormis ce cas, le CEL a une durée illimitée. Sur l’année, un minimum de versement de 75 euros est demandé. Le plafond du CEL est de 15 300 euros.

Le taux du CEL est égal aux deux tiers du taux des livrets A, arrondi au quart de point le plus proche ou, à défaut, au quart de point supérieur. À la différence du PEL, le taux évolue dans le temps. En 2024, ce taux était de 2 % et au 1er février 2025, il a été abaissé à 1,6 %.

L’encours des CEL a atteint 35 milliards d’euros fin décembre 2024, en hausse de 900 millions d’euros sur un an et de 6 milliards d’euros depuis cinq ans. Le CEL a bénéficié d’un taux de rémunération correcte depuis 2022 et de la propension des ménages à épargner.

Cercle de l’Épargne – données Banque de France

Livrets ordinaires : en pleine stagnation

Un livret bancaire est un compte bancaire rémunéré par des intérêts. Les sommes qui y sont déposées restent disponibles. Des retraits peuvent ainsi être effectués à tout moment. Les intérêts sont calculés en fonction de la durée pendant laquelle les sommes sont restées sur le compte, suivant un barème prévu lors de la souscription.

Les livrets bancaires se distinguent ainsi des livrets réglementés, dont les principales caractéristiques sont fixées par les pouvoirs publics. Il n’y a pas de plafond de dépôt ou de montant maximum à ne pas dépasser pour les livrets d’épargne sauf indications fixées de manière contractuelle. Les établissements financiers peuvent proposer des produits dits super-livrets, qui ne sont que des livrets pouvant donner lieu – sous certaines conditions et pour un certain temps – à des intérêts majorés. Les livrets d’épargne sont accessibles en guichets ou en ligne.

Les taux de rémunération des livrets d’épargne sont fixés librement par les établissements bancaires, qui en informent les clients lors de la souscription. Ces taux d’intérêt sont qualifiés de taux bruts, car ils ne prennent pas en compte les prélèvements obligatoires.

Les taux des livrets bancaires sont variables. En 2024, ils se situent entre 0,8 et plus de 3 % pour les super-livrets. La moyenne s’élevait selon la Banque de France, au mois décembre 2024 de 0,88 %. Ils évoluent, en règle générale, en fonction des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne.

Cercle de l’Épargne – données Banque de France

Contrats à terme : fin du boom

Entre 2011 et 2021, l’encours des contrats à terme détenus par les particuliers avait connu une forte contraction passant d’environ 60 milliards d’euros à environ 20 milliards d’euros. La baisse des taux d’intérêt à court terme a, en effet, amené les ménages à privilégier d’autres placements.

En 2022, la décision de la Banque centrale européenne, de relever ses taux directeurs afin de lutter contre l’inflation, a modifié la donne. L’encours des dépôts à terme passe de 23 à 131,3 milliards d’euros de fin décembre 2021 à fin décembre 2024. Les particuliers ont cherché à placer leur épargne excédentaire, accumulée pendant la pandémie, dans des supports mieux rémunérés. La réduction des taux directeurs depuis le milieu de l’année 2024 s’est traduite par une stabilisation de l’encours.

Cercle de l’Épargne – données Banque de France

Assurance vie : 2024 l’année du rebond

L’assurance vie a réalisé une belle année 2024 avec une collecte nette de 29,4 milliards d’euros, en hausse de 28,2 milliards d’euros par rapport à l’année 2023, qui avait été particulièrement médiocre. Le cru 2024 est le meilleur de ces quatorze dernières années.

L’assurance vie a bénéficié de l’appétence des ménages pour l’épargne et des taux promotionnels proposés par les assureurs. La bonne tenue des marchés actions à l’international a également pu conforter le premier produit d’épargne des ménages, dont l’encours a atteint 1 989 milliards d’euros à fin décembre 2024, en hausse de 4,2 % sur un an.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

En 2024, la décollecte sur les fonds en euros s’est atténuée, s’élevant à 5 milliards d’euros contre 29 milliards en 2023. L’augmentation des taux de rendement et la pratique des bonifications ont porté leurs fruits.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Des versements dynamiques

L’assurance vie a été portée par d’importants versements depuis le début de l’année. Les Français ont, un peu plus que les années précédentes, arbitré leur épargne en faveur de placements de long terme. En 2024, les cotisations ont progressé de 20,9 milliards d’euros par rapport à 2023, pour s’élever à 173,3 milliards d’euros (+14 %). La part des unités de compte a atteint 38 % en 2024, légèrement en retrait par rapport à 2023 (40 %). Ce recul peut s’expliquer par les mauvaises performances des actions françaises au cours du second semestre.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Des prestations en recul

Les prestations ont reculé de 5 % en 2024. Les ménages ont moins arbitré en défaveur de l’assurance vie. La baisse des transactions immobilières et la perte d’attractivité des contrats à terme dans la seconde partie de l’année expliquent cette diminution des rachats. Sur l’ensemble de l’année, les prestations se sont élevées à 143,8 milliards d’euros.

L’amélioration du rendement des fonds en euros a contribué à réduire les opérations de rachats sur ces derniers.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Des vents porteurs pour 2025

L’année 2024 a marqué le rebond de l’assurance vie après une année 2023 où la collecte de l’épargne réglementée avait atteint des sommets, en lien avec la hausse du taux du Livret A et des craintes des ménages vis-à-vis de l’inflation.

La désinflation et l’amorce de la baisse des taux ont redonné du souffle aux placements longs comme l’assurance vie. La diminution du taux du Livret A au 1er février devrait conforter ce processus en 2025. Les rendements des contrats à terme, qui ont concurrencé les fonds en euros entre 2022 et 2024, sont également orientés à la baisse. La forte propension des ménages à épargner, en l’absence de visibilité sur le front politique et économique, devrait profiter à l’assurance vie.

Le PER fête en beauté ses 5 ans

Le PER est entré dans sa cinquième année. Il a poursuivi, durant l’année 2024, sa montée en puissance, bénéficiant toujours de la transformation des anciens contrats d’épargne retraite. Cette source devrait se tarir dans les prochains mois, ce qui permettra de mesurer l’attractivité du PER auprès des ménages non équipés.

La collecte nette du PER assurantiel a augmenté, en 2024, de 17 % par rapport à l’année précédente, atteignant, selon France Assureurs, 9,9 milliards d’euros. À fin décembre 2024, ces PER comptabilisent, 6,9 millions d’assurés pour un encours de 92,8 milliards d’euros, dont 45 % en unités de compte.

En prenant en compte l’ensemble des PER (assurances et bancaires), le nombre de titulaires dépasse 11 millions et l’encours 130 milliards d’euros.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

L’année 2024 a confirmé la préférence des ménages français pour l’épargne avec néanmoins un début de normalisation sur le Livret A et un rebond de l’assurance vie. Les épargnants français savent adapter leur stratégie de placements en fonction de l’évolution des rendements proposés. La baisse de l’inflation et la baisse amorcée des taux d’intérêt qui en résulte pourraient infléchir les comportements en faveur de la consommation et une reprise de l’investissement dans l’immobilier. La question des retraites et de leur financement pourrait être profitable, en 2025, au PER et plus globalement à l’épargne longue. La persistance des incertitudes politiques et économiques sur fond de tensions internationales pourrait, par ailleurs, se traduire par un regain d’attentisme.

À quand un véritable pilier d’épargne retraite en France ?

Un fonds de pension est une structure juridique qui a pour objectif de recueillir les cotisations versées par les adhérents en vue de leur constituer des compléments de revenus ou de capital pour leur retraite. Les cotisations recueillies sont allouées à l’acquisition de valeurs mobilières ou immobilières. Pour favoriser le développement de la retraite par capitalisation et donc des fonds de pension, des dispositions fiscales et sociales incitatives sont mises en œuvre par les pouvoirs publics.

La France, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, a fait le choix du « tout répartition » dans le cadre de la mise en place de la Sécurité sociale. Le Conseil de la Résistance reprenait, dans les faits, le système institué, en 1941, par le Régime de Vichy. En effet, le décret-loi du 14 mars 1941 avait institué l’Assurance Vieillesse du Travailleur Salarié qui reposait sur un minimum vieillesse et sur une pension de retraite par répartition au bénéfice des assurés du commerce et de l’industrie ainsi que pour les professions agricoles. Cette réforme a été mise en œuvre par le Ministre du Travail, René Belin qui était un ancien dirigeant de la CGT. Avant la Seconde Guerre mondiale, la grande majorité des régimes de retraite reposait sur la capitalisation. Ces régimes ne couvraient qu’une partie des salariés en France. Durant l’entre-deux-guerres, l’Assemblée nationale avait échoué, faute de consensus, à instaurer un régime couvrant l’ensemble de la population active.

Le Régime de Vichy souhaitait instituer une couverture générale en matière de retraite après l’échec du dispositif adopté en 1930 qui reposait sur un système de retraite par capitalisation. Le système de 1941 prévoyait que la pension soit calculée en fonction du nombre d’années de cotisations et du montant des salaires soumis à cotisations comme cela est le cas dans le système actuel. Pour amorcer le nouveau régime par répartition, le Régime de Vichy décida de préempter les fonds de retraite capitalisés qui avaient été créés depuis 1930. À la Libération, après avoir déclaré que toutes les lois de Vichy étaient « nulles et non avenues », le législateur reprit dans les faits le système des retraites en vigueur depuis 1941.

Le programme du Conseil National de la Résistance publié le 15 mars 1944 avait fixé comme objectif l’instauration « d’un plan complet de Sécurité Sociale visant à assurer à tous les citoyens les moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, la gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ». Il indiquait également qu’« une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours » devait être instituée. Ces engagements ont été repris dans le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, préambule qui est également celui de la Ve République.

La montée en puissance de la répartition a été facilitée par la forte croissance de la masse salariale et par le nombre réduit de personnes âgées durant les 30 Glorieuses. Les saignées de la Première Guerre Mondiale, la Grippe Espagnole puis les classes creuses de l’entre-deux-guerres ont pesé lourdement sur le nombre de retraités jusque dans les années 90. De ce fait, la répartition procurait un meilleur rendement que la capitalisation. En outre, la France avait besoin de capitaux pour reconstruire ses équipements. Par ailleurs, le poids du secteur public rendait moins nécessaire le financement en capitaux privés d’une économie qui est restée fortement administrée jusque dans les années 80.

À la différence d’autres pays, le deuxième pilier de retraite mis en place par les partenaires sociaux, sur une base professionnelle, a également retenu le principe de la répartition. Il s’agit essentiellement de l’AGIRC et de l’ARRCO. La méfiance vis-à-vis des marchés financiers, la mauvaise réputation de la rente et les données démographiques et économiques mentionnées ci-dessus expliquent ce choix.

La capitalisation a été, dès le départ, cantonnée à un rôle marginal au sein du système de retraite français. Certes, certains secteurs comme l’assurance, la banque ou la pétro-raffinerie ont conservé des dispositifs par capitalisation – soit au niveau de la branche professionnelle soit au niveau des entreprises – mais cela est longtemps resté anecdotique.

Au sommaire de cette étude

Le faible poids de la capitalisation en France

  • Des montants et un encours limité
  • Un large consensus en faveur de l’épargne retraite

Petit tour des fonds de pension existants

  • Épargne retraite : un taux de couverture faible et inégal
  • Le cas particulier du régime additionnel de la fonction publique
  • La Préfon : le régime supplémentaire pour les fonctionnaires et les contractuels de la fonction publique
  • Le fonds de réserve des retraites
  • Le Plan d’Épargne Retraite : une création récente

Quels objectifs et pistes pour l’épargne retraite en France ?

  • Épargne retraite pour toutes et tous : le compte d’épargne retraite
  • Un accès réel et immédiat à l’épargne retraite
  • Des fonds de pension en concurrence
  • Les fonds de pension ne sont pas des fonds souverains

Pour conclure : de l’intérêt des fonds de pension

Parlez-moi d’épargne retraite ! – 3 questions à Brigitte Villette, Directrice Épargne Retraite Individuelle & Opérations Mutualisées chez AG2R LA MONDIALE

C’est un succès remarquable puisque désormais plus de 11 millions de personnes détiennent un Plan d’Épargne Retraite (PER). La dynamique est essentiellement portée par le PER individuel qui représente plus de 4 millions de détenteurs et pèse plus de la moitié des encours (57,3 % soit 68,1 Mds €).

La croissance se mesure sur les nouveaux contrats souscrits mais également sur les transferts d’anciens contrats de retraite (Madelin, PERP…).

Au sein du Groupe AG2R LA MONDIALE, la même démarche a été menée puisque d’une part, on a transféré nos anciennes gammes de produits Madelin vers des PER individuels et, d’autre part, on a créé des nouveaux produits commercialisés par notre réseau interne et désormais aussi par des partenaires de distribution externes.

Notre chiffre d’affaires 2024 a encore progressé sur cette gamme de produits pour s’établir à plus de 600 millions d’euros et nous maintenons des objectifs de croissance pour l’année 2025. Le mois de janvier est prometteur puisque nous avons une augmentation significative du nombre de nouvelles affaires à +24 % par rapport à janvier 2024 !

L’attractivité du PER individuel s’explique bien sûr par la prise de conscience de nos concitoyens de la nécessité de se constituer un complément de retraite mais aussi par la grande flexibilité offerte par le produit au moment de la liquidation puisqu’on peut choisir une sortie en rentes ou une sortie en capital avec, dans ce dernier cas, une option de capital fractionné qui rencontre un grand succès auprès de notre clientèle.

Avec le PER, on peut aussi attirer une clientèle plus jeune qui sera sensible à la possibilité de sortir le capital en cas d’acquisition d’une résidence principale.

Les transferts sont très présents sur le marché du PER individuel. Il est donc essentiel de donner envie à nos clients de rester chez nous !

Dans le plan d’entreprise en cours, Nouvelle Donne, la satisfaction de l’ensemble des clients du Groupe est un des 8 objectifs majeurs et les actions entreprises en ce sens sont très nombreuses.

La mesure de la satisfaction est généralisée et les retours de nos clients sont analysés pour orienter nos plans d’actions. On peut noter qu’en 2024, les NPS (« Net Promoter Score ») sont en progression et que la culture client se développe partout dans le Groupe avec notamment l’organisation de temps forts dédiés à la satisfaction client et le déploiement du Lean Management.

L’amélioration de la satisfaction client est aussi à l’ordre du jour du comité parcours client existant dans notre association souscriptrice AMPHITEA. Dans ce comité, un panel de correspondants adhérents et des représentants du Groupe AG2R LA MONDIALE examinent ensemble les projets, les parcours ou les courriers à destination de nos clients pour recueillir les suggestions, pistes d’améliorations ou critiques de « vrais » clients ! C’est toujours très enrichissant.

La meilleure satisfaction de nos clients passe aussi, évidemment, par une plus forte industrialisation et digitalisation et c’est ainsi qu’un vaste programme de plateformisation est déployé depuis deux ans pour rénover notre système d’information et enrichir nos espaces clients. De belles avancées ont déjà été réalisées pour mieux suivre les opérations, accéder aux documents ou réaliser des demandes en ligne. Les systèmes de gestion des contrats vont très prochainement être changés au profit d’outils plus facilement adaptables et paramétrables.

Si on analyse notre portefeuille dans son ensemble, on observe que depuis la création des PER AMBITION RETRAITE PRO (ARP) et AMBITION RETRAITE INDIVIDUELLE (ARI) les femmes représentent 44 % des titulaires maisavec une différence significative entre nos 2 produits :

  • Concernant le PER destiné aux Travailleurs non-salariés (ARP) : seulement 37,0 % du portefeuille est constitué de femmes (ce qui est cependant parfaitement aligné avec la répartition H/F des travailleurs non-salariés en France (37 % en 2022)
  • Concernant le PER destiné au reste de la population (ARI), on observe une parité parfaite (même 51 % de femmes souscriptrices)

La part moyenne des femmes à la souscription n’évolue pas beaucoup depuis 4 ans, en revanche, en analysant par classe d’âge, notre portefeuille se féminise grâce aux cohortes les plus jeunes :

  • Sur les PER destinés aux TNS, le déséquilibre tend à se réduire pour les plus jeunes : 41,7 % des 16-40 ans contre 32,3 % des 56-70 ans ;
  • Même observation pour le PER plus « généraliste » : 50,1 % de nos assurés entre 16-40 ans sont des femmes et on atteint même 55 % des 40-49 ans versus 48 % des 55-70ans.

Pour la production 2024, nous observons 45,3 % de femmes et la répartition suivante :

  • Pour les PER ARP, 37,1 % des contrats sont souscrits par des femmes. Parmi les moins de 40 ans, les femmes représentent 39,6 %, tandis que chez les plus de 55 ans, elles ne constituent que 31,3 % des adhérents ;
  • Pour les PER ARI, 51,7 % des contrats sont souscrits par des femmes. Les moins de 40 ans représentent 48,6 % du portefeuille tandis que les 40 à 49 ans en constituent 55,5 % et les plus de 55 ans, 48,9 %. 

Il est important de souligner qu’une inégalité forte subsiste sur leur capacité d’épargne et elle est bien visible sur nos produits :

  • Sur la gamme ARI : les femmes investissent environ 3 760€/an vs 4 277€/an pour les hommes soit un écart de 12,1 % ;
  • Et c’est encore plus fort sur la gamme ARP : avec un versement moyen de 4 780€/an pour les femmes contre 6 194 €/an pour les hommes, soit 22,8 % d’écart.

… ce qui correspond aux écarts identifiés par l’INSEE en 2022 : le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 23,5 % à celui des hommes dans le secteur privé. Cet écart s’explique en partie par le moindre volume de travail annuel des femmes, qui sont à la fois moins souvent en emploi au cours de l’année, et davantage à temps partiel. Cependant, à temps de travail identique, le salaire moyen des femmes est inférieur de 14,9 % à celui des hommes.

Enfin, concernant l’appétence aux risques, les femmes de nos portefeuilles adoptent globalement un profil de gestion pilotée plus prudent (même tendance sur nos 2 produits) tandis que les hommes sont surreprésentés dans la gestion libre.

Financement de la défense : les pistes pour mobiliser l’épargne des Français

Pour Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne cité dans les Echos, « financer la défense par l’épargne ne ferait que fournir des investissements au secteur, mais n’augmenterait pas le budget de la défense ». Il préconise la sollicitation de l’épargne longue à travers la création d’un fonds de défense nationale, logés dans des enveloppes telle que l’assurance vie ou le PER.

Dépendance : une affaire de pensions, de statuts et de genre

L’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) est une prestation sociale clef pour les personnes âgées en perte d’autonomie en France. Elle est essentiellement perçue en fin de vie. En moyenne, un retraité en France perçoit une pension durant 25,1 ans, mais ne bénéficie de l’APA que sur une période de 2,4 ans, soit environ 10 % de la durée totale de retraite.

L’accès à l’APA varie selon les niveaux de pension et les catégories socioprofessionnelles. Les retraités à plus faible pension commencent à percevoir l’APA, en moyenne, cinq ans plus tôt que les plus aisés. Parmi les 20 % de retraités aux pensions les plus faibles, 14 % de leur durée totale de retraite est passée avec l’APA, contre seulement 6 % pour les 20 % les plus aisés.

L’âge moyen d’accès à l’APA à domicile est de 85,2 ans pour les hommes aisés contre 77,7 ans pour ceux aux pensions les plus faibles. Les femmes aisées entrent tardivement dans le dispositif de l’APA (87,5 ans) que pour celles plus modestes (84 ans). La proportion de femmes bénéficiaires de l’APA est plus importante que les hommes, 69 % des femmes contre 44 % des hommes perçoivent durant leur retraite l’APA. La longévité plus importante des femmes explique leur surreprésentation dans l’accès à l’APA. Dans ce contexte, la durée moyenne de perception de l’APA est plus longue pour les femmes 3,3 ans soit 12 % de leur retraite contre respectivement 1,4 an et 6 % pour les hommes.

Les bénéficiaires d’une retraite pour inaptitude accèdent à l’APA cinq ans plus tôt que les autres retraités. Les cadres et professions libérales passent en moyenne moins de temps dans l’APA que les ouvriers et employés non qualifiés. Les anciens agriculteurs ont une durée moyenne de perception plus longue (3,9 ans pour les femmes, 1,8 an pour les hommes).

APA à domicile vs en établissement

L’âge moyen d’entrée dans le dispositif APA en établissement est plus tardif pour les femmes que pour les hommes respectivement, 88,3 ans et 86,1 ans. Les retraités aisés passent moins de temps dans l’APA à domicile mais plus en APA établissement. Disposant de moyens supérieurs, ils optent pour un établissement spécialisé plus rapidement que les personnes modestes. Les plus aisés passent davantage de temps en GIR 1 et 2, reflétant une dépendance plus sévère en fin de vie. Cette situation s’explique par leur espérance de vie plus élevée.

Des inégalités liées au niveau de pension, au genre et à la carrière sont constatées au niveau de l’APA. Alors que les plus aisés entrent plus tardivement dans l’APA et y passent moins de temps, les plus modestes y recourent plus précocement. Ces inégalités posent la question de l’accessibilité de l’APA et des aides sociales en général, notamment pour les personnes en perte d’autonomie vivant à domicile. Un suivi des tendances dans les années à venir sera essentiel pour ajuster les politiques publiques en matière de dépendance et de retraite.

Les retraités, la vie en couple et le lieu de résidence

En 2021, 13,9 millions de personnes âgées de 65 ans ou plus, appelées seniors, résident en France. Elles représentent 21 % de la population totale, contre 14 % en 1990, et pourraient atteindre 27 % en 2050. En 2021, 54 % des seniors ont moins de 75 ans, 30 % ont entre 75 et 84 ans et 16 % ont 85 ans ou plus.

Au-delà de l’augmentation de la mortalité avec l’âge, la taille des générations influence également la répartition par âge des seniors. Nés entre 1946 et 1955, les seniors de moins de 75 ans appartiennent aux premières générations du baby-boom. Avec le vieillissement de ces générations, la proportion des personnes de 85 ans ou plus pourrait atteindre 24 % des seniors en 2050.

En raison d’une mortalité plus élevée que celle des femmes à tous les âges, les hommes sont minoritaires parmi les seniors, en particulier parmi les plus âgés. En 2021, ils représentent 43 % des 65 ans ou plus et seulement 32 % des 85 ans ou plus.

L’évolution de la composition de la population senior a une incidence sur les lieux de résidence. La préférence marquée pour le maintien à domicile se renforce. Les personnes âgées tendent à se concentrer dans les grandes agglomérations et sur le littoral. Le maintien à domicile dépend notamment du statut matrimonial du senior (célibataire ou en couple), de ses liens familiaux et de ses revenus.

De plus en plus de seniors en couple

Parmi les personnes de 65 ans ou plus, en raison des différences d’espérance de vie et des écarts d’âge au sein des couples, les hommes vivent plus souvent en couple que les femmes (71 % contre 45 %). Après 85 ans, 55 % des hommes vivent encore en couple, contre seulement 14 % des femmes.

Vivre en couple est plus fréquent en 2021 qu’il y a trente ans. À l’inverse, vivre avec des proches, principalement ses enfants, est devenu plus rare. Aux âges les plus avancés, vivre seul à son domicile ou résider en établissement est plus fréquent qu’auparavant. Après 85 ans, vivre avec des proches est plus répandu dans les DOM, en Corse et dans le Sud-Ouest. Vivre en établissement est plus fréquent dans une ceinture sud-est du Massif central et dans le Nord-Ouest.

Au-delà de 65 ans, une personne sur trois vit seule dans son logement

En 2021, 57 % des seniors vivent en couple dans leur logement, 32 % résident seuls et 6 % vivent exclusivement avec un ou plusieurs proches autres qu’un conjoint. Ces proches peuvent être leurs enfants, mais aussi d’autres membres de leur famille (frère, sœur, nièce, neveu, etc.) ou encore des personnes sans lien familial (ami, colocataire, etc.).

Par ailleurs, 5 % des seniors résident en dehors d’un logement ordinaire, dont 97 % en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ou en maison de retraite.

Un senior sur dix vit avec un ou plusieurs de ses enfants

Parmi les seniors, vivant en couple ou non, un sur dix partage son logement avec un ou plusieurs de ses enfants, qui peuvent eux-mêmes être en couple ou avoir des enfants.

Vivre avec un enfant est nettement plus fréquent pour les personnes qui ne vivent pas en couple. Cette situation concerne sept seniors sur dix parmi ceux vivant uniquement avec des proches, contre un sur dix parmi ceux vivant en couple.

Vivre en établissement : une situation rare avant 85 ans

Le mode de résidence diffère considérablement selon l’âge et la situation conjugale. Avant 82 ans, la vie en couple est majoritaire, mais elle devient de moins en moins fréquente par la suite, en raison du risque accru de décès du conjoint.

En 2021, 66 % des 65-74 ans, 56 % des 75-84 ans et 27 % des 85 ans ou plus vivent en couple. Après 95 ans, moins d’un senior sur dix vit encore avec un conjoint.

Vivre seul à domicile concerne un peu plus d’un quart des 65-74 ans, près d’un senior sur deux entre 90 et 94 ans, et légèrement moins au-delà. Pour les personnes seules, la perte d’autonomie et les problèmes de santé nécessitent souvent une prise en charge par des proches ou une structure adaptée. La vie en établissement progresse rapidement avec l’âge :

  • 5 % des 80-84 ans ;
  • 12 % des 85-89 ans ;
  • 25 % des 90-94 ans ;
  • 41 % des 95 ans ou plus.

Les hommes plus souvent en couple et à domicile que les femmes

En général plus âgés que leur conjointe et ayant une mortalité plus élevée, les hommes vivent davantage en couple dans leur logement (71 %) que les femmes (45 %).

Parmi les 65-84 ans, 74 % des hommes et 53 % des femmes vivent en couple, soit un écart de 21 points. Après 85 ans, cet écart se creuse : 55 % des hommes vivent en couple contre seulement 14 % des femmes.

Par conséquent, les femmes vivent plus souvent seules : 53 % des femmes de 85 ans ou plus résident seules contre 28 % des hommes. Après 85 ans, 12 % des hommes vivent en établissement, contre 22 % des femmes.

Les modes de résidence dépendent peu du groupe social

En 2021, à âge donné, la part des femmes de 65 ans ou plus vivant en couple varie assez peu selon le groupe social, sauf pour les anciennes agricultrices, qui vivent plus souvent en couple entre 65 et 84 ans. Les anciennes cadres vivent légèrement plus souvent en couple après 85 ans, alors qu’aux âges actifs, elles étaient plus fréquemment célibataires. Cette tendance s’explique par le fait qu’elles ont souvent un conjoint également cadre, bénéficiant ainsi d’une espérance de vie plus élevée.

Chez les hommes, la vie en couple est d’autant plus fréquente que le statut social est élevé :

  • 78 % des anciens cadres de 65 à 84 ans vivent avec leur conjointe, contre 71 % des anciens ouvriers ;
  • Après 85 ans, ces taux sont respectivement de 60 % et 54 %.

Les hommes n’ayant jamais travaillé, souvent confrontés à des problèmes de santé ou de handicap, vivent nettement moins souvent en couple (50 % entre 65 et 84 ans) et plus fréquemment en établissement ou avec des proches.

Des disparités territoriales marquées

Dans les DOM, en Corse et en Seine-Saint-Denis, la cohabitation avec des proches après 85 ans est bien plus répandue (29 % dans les DOM, 22 % en Corse, 13 % en Seine-Saint-Denis), tandis que la vie en établissement y est moins fréquente. À l’inverse, l’hébergement en établissement est plus courant dans l’Ouest (Pays de la Loire, Deux-Sèvres, Côtes-d’Armor), le sud-est du Massif central et certaines zones de Bourgogne. Paris se distingue par une forte proportion de seniors vivant seuls (55 %) et un recours moindre aux établissements (11 %). Cette singularité s’explique par un nombre important de célibataires à tous les âges et un accès aux soins facilité.

L’évolution des modes de résidence des seniors en France reflète les transformations démographiques et sociétales en cours. Le vieillissement de la population, amplifié par l’arrivée progressive des générations du baby-boom dans les tranches d’âge les plus avancées, modifie la structure et les besoins de cette catégorie de la population.

Si la vie en couple reste majoritaire jusqu’à environ 80 ans, son recul progressif avec l’avancée en âge met en évidence la fragilité des trajectoires résidentielles des seniors isolés. Le maintien à domicile, qui s’impose comme un modèle privilégié, repose sur un équilibre complexe entre ressources financières, état de santé et réseaux de solidarité. Les inégalités de genre restent marquées, les femmes vivant plus souvent seules et entrant plus fréquemment en établissement.

Au-delà des différences individuelles, des disparités territoriales notables apparaissent : dans certaines régions, la cohabitation intergénérationnelle demeure ancrée dans les pratiques, tandis que d’autres privilégient le recours aux établissements spécialisés. Ces tendances traduisent des dynamiques culturelles, sociales et économiques qui doivent être intégrées dans les politiques publiques en matière d’habitat, de santé et de prise en charge de la dépendance.

Face à ces évolutions, les enjeux sont multiples : adaptation du parc immobilier aux besoins d’une population vieillissante, renforcement des dispositifs de maintien à domicile, développement d’offres d’hébergement intermédiaires et anticipation du financement de la dépendance. La soutenabilité du modèle actuel repose sur une articulation efficace entre solidarités familiales, intervention publique et solutions privées.

« Ce n’est jamais le moment ! paraît-il… » par Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Épargne

La France procrastine depuis une trentaine d’années en matière de retraite. Élu jeune député des Vosges en 1993, je me suis investi dans le dossier de l’épargne retraite, qui était l’une des voies préconisées par le Livre blanc de Michel Rocard, publié deux ans auparavant. J’ai rapidement déposé, avec l’appui de mon groupe parlementaire et du président de l’Assemblée nationale de l’époque, Philippe Séguin, une proposition de loi visant à créer des fonds de pension. Que ce soit à Matignon ou à Bercy, il m’a été demandé d’être prudent, de temporiser, de ne pas précipiter les choses par crainte de susciter l’hostilité des partenaires sociaux. Cette proposition de loi ne devait pas interférer avec les mesures en préparation destinées à modifier le régime par répartition, déjà déficitaire.

Grâce au soutien du président de la Commission des finances de l’Assemblée, Jacques Barrot, du rapporteur général du Sénat, Philippe Marini, ainsi que du président du Sénat, Christian Poncelet, après plusieurs années de négociations, la proposition de loi a été adoptée et publiée au Journal officiel. Elle prévoyait la création d’un système à deux étages : un collectif, avec une gestion paritaire, et un autre individuel. Faute de décrets d’application, ce texte est resté lettre morte, avant d’être abrogé en 2001 par Lionel Jospin. En 2003, le gouvernement de François Fillon a créé le Plan d’Épargne Retraite Populaire et le Plan d’Épargne Retraite Collectif, mais ces deux produits ne couvraient qu’une partie des actifs. En 2019, la loi PACTE, avec la création du Plan d’Épargne Retraite, a simplifié et rationalisé le paysage de l’épargne retraite.

En 2025, un actif sur quatre a accès, à titre collectif ou individuel, à un supplément d’épargne retraite. La capitalisation représente 2,3 % des prestations de retraite et moins de 6 % des cotisations. L’encours est inférieur à 300 milliards d’euros, soit moins que le Livret A (443 milliards d’euros) et bien moins que l’assurance vie (1 900 milliards d’euros). Chez nos partenaires, les suppléments par capitalisation fournissent, en moyenne, 15 % des revenus des retraités.

La capitalisation n’est pas la solution qui résoudra d’un coup de baguette magique les problèmes structurels du régime par répartition, liés au vieillissement démographique et à la faiblesse de la croissance. En revanche, elle permet, grâce aux résultats des entreprises à l’échelle mondiale, de générer des suppléments de revenus. Aujourd’hui, les entreprises françaises, avec leurs bénéfices, financent les retraités américains, britanniques ou néerlandais, alors que les nôtres ne peuvent pas bénéficier des dividendes des entreprises mondiales. Un étrange paradoxe !

Nous ne rattraperons pas le temps perdu, mais il serait absurde de considérer, une fois de plus, que ce n’est pas le moment d’agir ! Les objectifs sont simples : ne pas déshabiller Pierre pour habiller Jacques, c’est-à-dire qu’il ne s’agit en aucun cas de substituer la capitalisation à la répartition ; permettre à tous les actifs d’avoir accès à un produit d’épargne retraite, quel que soit leur statut ou leur entreprise ; mettre en place une gestion paritaire, comme à l’AGIRC-ARRCO, le régime complémentaire des salariés, dont la qualité de la gestion est reconnue.

Chaque actif devrait avoir un compte d’épargne retraite dès son premier emploi, comme il dispose d’un compte personnel de formation. Ce compte retracerait tous les versements effectués au titre de l’épargne retraite. L’épargne salariale et les primes de partage de la valeur ajoutée devraient être, par défaut, affectées à l’épargne retraite. Des accords de branche devraient être négociés afin de créer des fonds de pension paritaires couvrant toutes les entreprises, petites ou grandes. Le régime additionnel de la fonction publique, qui perçoit des cotisations de la part des fonctionnaires et des collectivités publiques assises sur une partie des primes et qui fonctionne comme un fonds de pension, devrait être étendu. L’État pourrait loger dans un fonds de pension l’ensemble de ses participations – environ 200 milliards d’euros d’actifs – pour accélérer sa montée en puissance. Les fruits de sa gestion seraient reversés aux retraités.

Le développement de la capitalisation pourrait favoriser l’émergence, enfin, d’une retraite à la carte. Permettre à ceux qui le souhaitent de partir plus tôt à la retraite pour des raisons personnelles, physiques ou mentales n’est pas déraisonnable. Il convient de mieux prendre en compte les parcours de vie. La capitalisation doit être instillée pour fluidifier les rouages complexes du système de retraite. Il n’est pas interdit d’être ambitieux en ce début d’année 2025 !

Jean-Pierre Thomas
Président du Cercle de l’Épargne

3 questions pour comprendre : Défense, l’épargne des Français mobilisée ?

Dans son allocution, Emmanuel Macron a réitéré l’importance de l’épargne. Il va falloir trouver des moyens pour financer la défense, et l’option la plus souvent évoquée est de faire appel à l’épargne des Français. On en parle avec Philippe Crevel, directeur général du Cercle de l’Épargne sur RMC.

2 000 milliards d’euros d’assurance vie en janvier

Assurance vie | Résultats janvier 2025

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

L’assurance vie démarre sur les charbons ardents avec une forte collecte nette et le passage de la barre symbolique des 2 000 milliards d’euros d’encours.

Un mois de janvier en mode « épargne longue »

Si, en janvier, la collecte du Livret A a été à la peine avec 350 millions d’euros, celle de l’assurance vie (+4,5 milliards d’euros) témoigne du retour en force du premier placement des ménages. Il faut remonter en 2010 pour retrouver une collecte nette plus forte au mois de janvier. Ce résultat a été porté par les unités de compte dont la collecte nette a été de 5,2 milliards d’euros quand, en revanche, les fonds euros sont en décollecte de 600 millions d’euros.

Le mois de janvier est un bon mois pour l’assurance vie. En janvier 2024, la collecte avait atteint 2,258 milliards d’euros. Depuis 2008, une seule décollecte a été enregistrée au cours du premier mois de l’année, en 2012 avec -1,332 milliard d’euros, 2012, l’année horribilis de l’assurance vie avec les menaces pesant sur l’euro en lien avec la crise des dettes souveraines. La moyenne de la collecte en janvier, ces dix dernières années s’élève à 2 milliards d’euros.

Record historique pour les cotisations

Les ménages sont toujours en mode épargne comme en témoigne le montant des cotisations qui a atteint, en janvier, 17,3 milliards d’euros, en hausse de +10 % par rapport à janvier 2024. Ce montant constitue un record pour l’assurance vie. Les Français ont privilégié l’assurance vie en janvier. Les annonces des rendements des fonds euros pour 2024, autour de 2,7 %, ont d’autant plus joué en faveur de l’assurance vie qu’au cours du mois de janvier, la baisse du taux du Livret A a été confirmée. La hausse des cotisations a été, en effet, en forte hausse pour les fonds euros (+12 %), celle des unités de compte étant de 6 %.

Des prestations en baisse

En janvier, les ménages ont peu puisé sur leur assurance vie pour financer leurs projets. Les  prestations se sont élevées à 12,8 milliards d’euros, en baisse de 6 % par rapport à janvier 2024. Elles diminuent de 6 % pour les supports en euros, preuve de l’attractivité retrouvée de ce type de support.

Un encours au-dessus de 2 000 milliards d’euros

Pour la première fois de son histoire, l’assurance vie dépasse 2 000 milliards d’euros d’encours. Cette augmentation est liée aux bonnes collectes des derniers mois et à la valorisation des actifs, fonds euros et unités de compte.

Vent porteur pour l’assurance vie

L’assurance vie bénéficie d’un contexte favorable à l’épargne. Les ménages sont toujours portés à mettre de l’argent de côté en raison des nombreuses incertitudes, économiques, géopolitiques et politiques. La baisse des rendements des livrets réglementés et des dépôts à terme du fait de la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne et de l’inflation rendent les fonds euros de l’assurance vie plus compétitifs.

Cercle de l’Épargne – données France assureurs

Cercle de l’Épargne – données France assureurs

Mobiliser l’épargne pour financer la défense ? L’avis de Philippe Crevel, directeur général du Cercle de l’Epargne

Au micro de France Info, Philippe Crevel réagit aux déclarations du Ministre des Armées sur la possible mobilisation de l’épargne des Français pour soutenir l’effort de défense.

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