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L’épargne salariale en France en 2022

Le service statistique du ministère du Travail, la DARES, a rendu publiques les données relatives à l’épargne salariale de 2022. La proportion du nombre de salariés couverts par un dispositif d’épargne salariale évolue peu d’une année sur l’autre.

Plus de la moitié des salariés du secteur privé couvertS par un dispositif d’Épargne salariale

 En 2022, 52,9 % des salariés du secteur privé non agricole sont couverts par au moins un dispositif d’épargne salariale (participation, intéressement, PEE, PERCO/PER collectif). Ce taux est stable depuis 2020.

10,2 millions de salariés ont ainsi accès à au moins un produit d’épargne salariale dans le cadre de leur entreprise. Le dispositif le plus répandu est le Plan d’Épargne Entreprise (PEE) couvrant, en 2022, 44,4 % des salariés en 2022. Suivent la participation (39,1 %), l’intéressement (34,6 %), et le Perco/Plan d’Épargne Retraite collectif (26,3 %).

Cercle de l’Épargne – données DARES

De fortes diffÉrences en fonction des secteurs d’activitÉ et de la taille des entreprises

Dans les très petites entreprises (moins de 10 salariés), seulement 19,0 % des salariés sont couverts, contre 88,6 % dans les entreprises de 1 000 salariés et plus. En 2022, le taux de couverture a légèrement augmenté dans les petites entreprises (10 à 49 salariés) de 1,8 point pour atteindre 20,7 %, mais a baissé de 3,2 points dans les entreprises de 500 à 999 salariés, à 77,2 %. Dans les grandes entreprises (1 000 salariés et plus), 82,5 % des salariés sont couverts par un PEE et 57,7 % par un PERCO.

Cercle de l’Épargne – données DARES

Les taux de couverture sont variables en fonction des secteurs d’activité. L’hébergement-restauration a le taux de couverture le plus faible (25,6 %), quand le secteur financier a le taux le plus élevé (80,3 %).

Cercle de l’Épargne – données DARES

Plus de 26 milliards d’euros de primes versés en 2022

En 2022, 8,9 millions de salariés ont perçu une prime (participation, intéressement, ou abondement) en 2022, soit une augmentation de 6,3 % par rapport à 2021. Cela représente 46,3 % des salariés du secteur privé. Le montant total des primes versées par les entreprises du secteur privé, en 2022, a atteint 26,3 milliards d’euros, en hausse de 8,2 % par rapport à 2021.

Les primes se décomposent et répartissent de la manière suivante :

  • 5,9 millions de salariés ont perçu une prime de participation pour un montant total de 10,7 milliards d’euros (+10,1 %) ;
  • 5,5 millions de salariés ont perçu une prime d’intéressement pour un total de 11,4 milliards d’euros (+8,9 %) ;
  • 1,7 milliard d’euros d’abondement ont été versés sur les PEE et 0,7 milliard d’euros sur les Perco.
Cercle de l’Épargne – données DARES

Des primes majoritairement épargnées sur un PEE ou PERCO/PERECO

Les salariés avaient la possibilité de percevoir immédiatement les primes ou de les placer sur un PEE ou un PERCO.

Les sommes immédiatement perçues s’élèvent à 4,0 milliards d’euros pour la participation et à 4,1 milliards d’euros au titre de l’intéressement. Les sommes placées atteignent respectivement 5,6 milliards et 6,1 milliards d’euros :

  • 4,2 millions de salariés ont épargné sur un PEE en 2022, pour un montant total de 12,1 milliards d’euros, dont 73 % provenaient des primes de participation ou d’intéressement ;
  • 1,4 million de salariés ont épargné sur un Perco/Pereco, pour un montant total de 2,6 milliards d’euros, dont 50,1 % provenaient des primes de participation ou d’intéressement.

La montée en puissance du PER collectif

À compter du 1er octobre 2020, les entreprises ne peuvent plus souscrire aux Plans d’Épargne Retraite Collectif (PERCO) relevant de la loi portant réforme des retraites de 2003. Elles ne peuvent souscrire que des Plans d’Épargne Retraite d’entreprise collectifs (PERECO). Elles peuvent par ailleurs transférer leurs anciens PERCO sur de nouveaux PERECO. Plus de 30 % des salariés travaillant dans des entreprises de plus de 10 salariés du secteur privé bénéficient d’un produit d’épargne retraite en lien avec l’épargne salariale.

Cercle de l’Épargne – données DARES

Les dispositifs d’épargne salariale, en France, en 2022, font preuve d’une stabilité dans leur diffusion, avec une prévalence dans les grandes entreprises et certains secteurs d’activité. Les montants des primes versées sont en augmentation, reflétant une reprise économique après la survenue de la crise covid. Les mesures en faveur du développement de l’épargne salariale au sein des PME (baisse du forfait social notamment) produisent quelques effets, mais le taux de diffusion demeure faible. Les produits d’épargne salariale classiques ont été concurrencés ces dernières années par la prime de partage de la valeur ajoutée qui bénéficie, sous certaines conditions, d’une défiscalisation. Celle-ci est moins contraignante pour les entreprises que les dispositifs d’épargne salariale.

Épargne : un premier semestre favorable aux produits d’épargne de court terme et à l’assurance vie

Au cours du premier semestre, les ménages, en France, ont continué à mettre de l’argent de côté, le taux d’épargne se situant toujours au-dessus de son niveau d’avant crise sanitaire. À la différence des Américains, les Français et de nombreux autres Européens n’ont pas toujours puisé dans leur cagnotte Covid. Ils l’ont au contraire renforcée en maintenant un important taux d’épargne. La succession des crises (Covid, guerre en Ukraine, vague inflationniste, tensions au Moyen-Orient, dissolution de l’Assemblée nationale) conduit les ménages, en France, à la prudence. Sur les six premiers mois de l’année 2024, une évolution des comportements est constatée. La collecte de l’épargne réglementée tend à se normaliser après des années records et l’assurance vie reprend des couleurs. Parmi les deux produits phares du premier semestre figurent le contrat à terme et le Plan d’Épargne Retraite (PER). Le premier doit son succès à ses taux de rendement attractifs quand le second répond à l’inquiétude persistante des Français en matière de retraite.

Au sommaire de cette étude

  • Légère remontée de l’encours des dépôts à vue dans un contexte anxiogène
  • Livret A et LDDS, les valeurs sûres
  • Livret d’Épargne Populaire (LEP), la fin de l’euphorie ?
  • Le Livret Jeune, le mal aimé
  • Poursuite de la baisse de l’encours des Livrets ordinaires
  • Plan d’Épargne Logement (PEL), pas d’embellie en vue
  • Le Compte d’Épargne Logement (CEL) en regain de forme
  • Le triomphe des comptes à terme
  • Assurance vie, un semestre de bonne facture
  • Le Plan d’Épargne Retraite (PER) assurance, une belle croissance

Assurance vie et épargne retraite chez AG2R LA MONDIALE

Effectivement, le marché de l’assurance vie (épargne et retraite) demeure très dynamique en 2024. Nous le constatons également au travers de l’activité en croissance de nos réseaux de distribution. Depuis la loi Pacte, l’accueil du PER par les Français semble constituer une réponse adaptée aux besoins des clients et nous poursuivons notre développement.

Le besoin de compléments de revenus, en vue de la retraite, est déjà adressé par une part importante des Français avec l’assurance vie. Le PER (plus récent) est venu compléter la réponse aux besoins. En 5 ans, il a déjà pris une place essentielle. Nos équipes commerciales incluent le PER dans le cadre de l’approche globale des besoins de nos clients, et non dans la seule optique de vente d’un produit.

La mise en œuvre est récente (24/10/2023). C’est une situation qui peut sembler paradoxale entre les intentions et la réalité. Le mouvement va se poursuivre puisque cette thématique est un sujet central dans la société.

L’emploi des plus de 55 ans en France, l’éternel débat !

La France se caractérise par le faible taux d’emploi des seniors et tout particulièrement des plus de 60 ans. Depuis une trentaine d’années, les pouvoirs publics tentent d’améliorer le taux d’activité et le taux d’emploi pour diminuer le poids des dépenses de retraite, augmenter les recettes publiques ainsi que la croissance. De réels progrès ont été réalisés même si la France n’a pas encore atteint la moyenne de l’Union européenne.

En 2022, selon le service des statistiques du Ministère du Travail, la DARES, le taux d’emploi est de 82,5 % pour les 25-49 ans, de 76,4 % pour les 55-59 ans et de 36,2 % pour les 60-64 ans. 56,9 % des personnes de 55 à 64 ans sont en emploi. Ce taux continue d’augmenter et atteint son plus haut niveau depuis 1975, année du début de la série statistique. Le taux moyen de l’Union européenne dépasse 62 %. En 2023, plus de huit personnes sur dix sont en emploi à 55 ans, mais cette part baisse à cinq sur dix à 61 ans.

Une forte progression des taux d’emploi et d’activité en France

Entre 2018 et 2023, le taux d’activité (personnes en emploi ou à la recherche d’un emploi) des 55‑59 ans a augmenté de 2,5 points (80,9 % en 2023) et s’est rapproché de celui des 50‑54 ans (87,4 %). Celui des 60‑64 ans a crû de 6,2 points sur ces cinq années, dont +2,7 points en 2023, en partie sous l’effet de la réforme des retraites de 2023, mise en œuvre à compter de septembre. Il atteint 41,6 % en 2023, son plus haut niveau depuis 50 ans.

En 2023, le taux d’activité des 55‑64 ans en France est de 61,7 %, inférieur d’environ 5 points à celui de l’Union européenne (67,0 %) et d’environ 15 points à celui de l’Allemagne (76,4 %). Si la tendance de ces dernières années se poursuivait, le taux d’activité des personnes âgées de 60 à 64 ans atteindrait 61 % en 2030 et 71 % en 2070 [Fabre et al., 2023]. Pour les 55‑59 ans, le taux d’activité observé en 2023 (80,9 %) atteint déjà celui prévu pour l’année 2025, et est déjà proche de celui projeté à l’horizon 2070 (83 %) par les pouvoirs publics.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Entre 2003 et 2023, le taux d’emploi a augmenté de 21 points pour les 55‑59 ans, et de 25 points pour les 60‑64 ans. Ainsi, en 2023, un tiers des personnes en emploi ont plus de 50 ans, contre un cinquième au début des années 2000. En vingt ans, le taux de chômage des seniors est resté durablement inférieur à la moyenne. En 2023, le taux de chômage des 55‑59 ans est de 4,9 % et celui des 60‑64 ans de 6,4 %, contre 7,3 % pour l’ensemble des classes d’âge. Par ailleurs, en France, les rémunérations salariales des seniors sont, en moyenne, plus élevées que celles des générations plus jeunes, ce qui n’est pas toujours le cas dans les autres pays d’Europe.

De 55 à 69 ans, une situation sur le marché du travail très évolutive

En moyenne entre 55 et 69 ans, en 2023, 43 % des personnes sont en emploi (4 % d’entre elles cumulant emploi et retraite) et 43 % sont à la retraite sans emploi (appelées « retraitées » dans la suite de l’étude). Les 14 % restants, « ni en emploi ni à la retraite » (NER), sont soit au chômage (2 %), soit inactifs sans percevoir de retraite (11 %).

En 2023, à 55 ans, 81 % des personnes sont en emploi, les autres situations étant minoritaires : 4 % sont au chômage, 14 % inactives sans être à la retraite et 1 % à la retraite sans emploi. À 61 ans, le taux d’emploi diminue à 53 %, 24 % des personnes sont NER et 23 % sont à la retraite. À 69 ans, 91 % des personnes sont retraitées, seulement 6 % sont en emploi (la majorité cumulant emploi et retraite), et 3 % sont NER.

Un cinquième des seniors ni en emploi, ni à la retraite (NER)

En moyenne entre 55 et 61 ans, 21 % des seniors sont NER. La plupart subissent leur situation, notamment les chômeurs qui cherchent activement un emploi, mais n’en trouvent pas (4 % des 55-61 ans), mais aussi les personnes inactives qui le sont pour une raison de santé ou de handicap. 10 % des personnes de 55 à 61 ans sont dans cette dernière situation. La santé ou le handicap constitue la principale raison d’inactivité entre 55 et 61 ans. Cette part décline à partir de 62 ans avec la hausse des départs à la retraite.

Cercle de l’Épargne – données DARES

En moyenne, avant 62 ans, 7 % des personnes NER le sont pour une autre raison que le chômage ou la santé. Ce pourcentage augmente à l’approche de l’âge légal de départ à la retraite, passant de 5 % à 55 ans à 9 % à 61 ans. Le souhait de rester à la maison est la raison la plus citée (27 % entre 2021 et 2023). Cette raison est plus fréquente chez les femmes (36 %) que chez les hommes (6 %).

L’approche de la retraite constitue un motif également fréquemment cité (17 %). Il est mentionné par 42 % des NER de 61 ans. Environ 50 % de ceux qui citent cette raison deviennent effectivement retraités un an plus tard. 8 % des NER de 55 à 61 ans se disent découragés, ce qui les place dans le « halo autour du chômage », ils souhaitent un emploi sans, pour autant, faire une recherche active.

13 % de cumulants emploi-retraite

77 % des 50 à 74 ans étaient en emploi au moment de la liquidation de leurs droits à la retraite en 2023, et 87 % d’entre eux ont cessé de travailler dès qu’ils ont commencé à percevoir leur retraite. 82 % arrêtent de travailler parce qu’ils remplissaient les conditions requises. 7 % des retraités ont arrêté de travailler pour des raisons de santé, les femmes étant plus nombreuses que les hommes à évoquer ces motifs.

13 % des retraités continuent à travailler après la liquidation de leurs droits. Ce taux est de 12 % chez les cadres contre 7 % chez les ouvriers. Il atteint 42 % pour les professions libérales et 33 % pour les commerçants. 38 % des retraités continuent à travailler pour des raisons financières. 46 % sont diplômés du supérieur, avec une majorité ayant pris leur retraite après 63 ans. 23 % ont encore un emprunt immobilier en cours. 21 % sont locataires et 17 % ont encore un enfant à leur domicile.

36 % continuent à travailler parce qu’ils aiment travailler ou pour le contact humain et la vie sociale. Les indépendants (36 %) et les cadres (22 %) sont surreprésentés dans ce groupe.

La proximité de la retraite et les contraintes familiales sont les principaux moteurs qui conduisent à l’inactivité parmi les personnes âgées de 55 à 61 ans, surtout chez les femmes. Le découragement et les problèmes de santé jouent également un rôle significatif dans la baisse du taux d’emploi. A contrario, les motivations financières tout comme le plaisir au travail sont des facteurs importants pour rester en activité. Des différences marquées entre les sexes et les statuts socio-économiques sont constatées en la matière. Les cadres et les indépendants ont tendance à travailler plus longtemps après la retraite, souvent par satisfaction personnelle, tandis que les ouvriers et employés continuent plus souvent une activité professionnelle pour des raisons financières.

Un mois d’août en or massif

Au cours de la semaine du 19 au 24 août, l’once d’or a atteint de nouveaux records en dépassant la barre des 2 500 dollars. Depuis le 1er janvier, l’once d’or a progressé de plus de 20 %, surpassant ainsi l’indice des actions américaines S & P 500 qui a toutefois augmenté de plus de 16 %.

La valeur de l’or s’accroît en raison des tensions géopolitiques, de la baisse des taux directeurs et de la crise immobilière en Chine. La baisse des taux d’intérêt conduit les investisseurs à effectuer des arbitrages en faveur de l’or qui, par définition, ne génère pas d’intérêts. Le cours de ce dernier est également soutenu par les tensions géopolitiques, notamment au Proche et Moyen-Orient où le risque d’un embrasement demeure possible. La guerre en Ukraine, marquée par l’invasion limitée du territoire russe, contribue également à la hausse de l’or, tout comme les incertitudes électorales aux États-Unis. L’hypothèse d’un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche pourrait signifier une exacerbation du conflit commercial avec la Chine.

Les banques centrales jouent un rôle clé dans l’augmentation du cours de l’or. Selon les données du Conseil mondial de l’or (CMO), les banques centrales ont accru leurs réserves de 1 081 tonnes en 2022 et de 1 037 tonnes en 2023, un rythme inédit depuis une cinquantaine d’années. Au début des années 2010, les volumes d’achats oscillaient autour de 500 tonnes par an. Ces achats proviennent essentiellement des banques centrales des pays émergents, en premier lieu celle de la Chine. Les pays émergents cherchent à réduire leur dépendance au dollar et à diversifier leurs actifs de réserve.

À la différence du dollar, l’or n’est soumis à aucun risque de contrepartie et ne peut pas faire l’objet de sanctions. Au deuxième trimestre 2024, les instituts d’émission ont acheté 183 tonnes selon le CMO, soit 39 % de moins qu’au premier trimestre, mais 6 % de plus par rapport à l’année précédente. Au premier semestre, ils ont acquis 483 tonnes, soit 5 % de plus que le précédent record établi au premier semestre 2023. La Banque Nationale de Pologne a été l’une des plus actives avec 19 tonnes achetées ce trimestre, tout comme la Banque centrale indienne qui a acquis le même volume.

Le prix de l’or est également en hausse en raison des achats effectués par les ménages chinois. Confrontés à une crise immobilière de grande ampleur, ces derniers consacrent une part croissante de leur épargne à l’achat de pièces, de lingots ou de parts de fonds investis en or. En 2023, ces achats ont augmenté de 28 % en Chine, atteignant 280 tonnes. Les fonds indiciels (ETF-or) rencontrent un succès croissant.

La hausse rapide du cours de l’or qui a surpris de nombreux analystes devrait se modérer avec la fin des anticipations sur la baisse des taux et le ralentissement des achats des banques centrales. Néanmoins, dans les prochaines semaines, plusieurs facteurs pourraient encore favoriser l’augmentation du cours du métal précieux : les tensions internationales et les incertitudes politiques. Certains analystes évoquent un cours à 3 000 dollars l’once, mais la tendance moyenne du marché se situe plutôt autour de 2 500/2 600 dollars.

Longtemps estimé à 1 000 dollars, le prix plancher de l’or se situerait aujourd’hui entre 1 850 et 2 000 dollars l’once. Cette hausse du prix plancher s’explique par l’augmentation des coûts de production de l’or, autour de 1 300 dollars l’once, et par les achats des banques centrales qui absorbent entre 25 et 27 % de la production annuelle des mines aurifères.

Cercle de l’Épargne – données CMO

Plus de 700 000 bénéficiaires de l’actionnariat salarié en France en 2021

En 2021, parmi les entreprises de 10 salariés ou plus ainsi que les sociétés cotées de moins de 10 salariés du secteur privé, environ 3 700 entreprises (1,5 %) ont mis en place un dispositif d’actionnariat salarié. Plus de 700 000 salariés en ont bénéficié. Cette même année, 44 % des entreprises ayant mis en œuvre au moins une opération d’actionnariat salarié ne recourent qu’au Plan d’Épargne Entreprise (PEE). 52 % des entreprises, ont opté pour d’autres dispositifs sans recourir au PEE. Parmi celles-ci, 33 % ont exclusivement instauré une attribution gratuite d’actions (AGA) et 19 % ont eu recours à d’autres mécanismes, tels que les bons de souscription de parts de créateur d’entreprise (BSPCE), les stock-options, ou une combinaison de ces dispositifs.

L’actionnariat salarié est plus fréquent dans l’industrie (1,7 % des entreprises) que dans la construction (1,3 %) ou le secteur tertiaire (1,5 %). Certains secteurs des services y recourent toutefois davantage, notamment les activités financières et d’assurance (5,7 %) ainsi que le secteur de l’information et de la communication (4,8 %). Dans ces secteurs, 16,2 % des salariés des activités financières et d’assurance en bénéficient, contre 15,2 % dans l’information-communication.

L’actionnariat salarié tend à se développer avec la taille de l’entreprise. Ainsi, 19,3 % des entreprises de 1 000 salariés ou plus y ont recours, contre seulement 0,9 % des entreprises de 10 à 49 salariés. Parmi les sociétés cotées, 30,6 % ont réalisé au moins une opération d’actionnariat salarié en 2021, bénéficiant à 74 % de leurs salariés.

Par ailleurs, 73,9 % des entreprises pratiquant l’actionnariat salarié ont également mis en place au moins un dispositif d’épargne salariale (participation, intéressement, PEE, ou plan d’épargne retraite collectif). En 2021, 97,7 % des bénéficiaires de l’actionnariat salarié étaient ainsi couverts par au moins un dispositif d’épargne salariale, dont 71,2 % par l’ensemble des quatre dispositifs. Le cumul de l’actionnariat salarié avec les dispositifs d’épargne salariale est beaucoup plus fréquent dans les grandes entreprises. Seules 54,4 % des entreprises de moins de 50 salariés pratiquant l’actionnariat salarié ont également mis en place un ou plusieurs dispositifs d’épargne salariale. Ces dispositifs couvrent 52,4 % des bénéficiaires d’au moins une opération d’actionnariat salarié dans les entreprises de cette taille. Dans les entreprises de 1 000 salariés ou plus, le cumul est quasi systématique.

Les nouveaux cas de déblocage de l’épargne salariale

L’épargne salariale est un système d’épargne collectif mis en place dans certaines entreprises. Les salariés bénéficiaires peuvent recevoir une prime liée à la performance de tout ou partie de l’entreprise (intéressement) ou représentant une quote-part des bénéfices de cette dernière (participation).

Les sommes attribuées peuvent, au choix du salarié, lui être versées directement où être déposées sur un Plan d’Épargne Entreprise (PEE) ou sur un Plan d’Épargne Retraite (PERCO ou PERECO). Les sommes versées sur un PEE sont logiquement bloquées cinq ans même si plusieurs cas de déblocages anticipés existent afin de tenir compte de situations particulières.

La liste des cas de déblocage a été élargie par un décret du 5 juillet 2024 à trois nouveaux cas : la rénovation énergétique de la résidence principale (isolation, installation d’un équipement de chauffage utilisant une énergie renouvelable…), l’achat d’un véhicule dit « propre » et la situation de proche aidant.

Le déblocage des fonds d’un PEE avant échéance s’effectue sur demande. La requête doit être envoyée par le titulaire du PEE à l’organisme gestionnaire du dispositif pour l’entreprise. Pour être valide, la demande de déblocage doit être effectuée au plus tard dans les six mois suivant la réception par le salarié de la première facture de l’entreprise réalisant les travaux de rénovation ou les six mois suivant l’achat du véhicule propre éligible. La demande doit être accompagnée de documents justificatifs (factures, bons de commande, etc.). Dans le cas où le salarié est un proche aidant, les fonds peuvent être débloqués à tout moment.

Les cas de déblocage les plus répandus sont la rupture du contrat de travail, cause évoquée 430 000 fois en 2023, suivie de l’acquisition de la résidence principale. Le déblocage faisant suite à des violences conjugales a été utilisé à 374 reprises en 2023.

Liste complète des cas de déblocages de l’épargne salariale

  • Mariage, conclusion d’un Pacs ;
  • Naissance ou adoption d’un 3e enfant ;
  • Divorce, séparation, dissolution d’un Pacs, avec la garde d’au moins un enfant ;
  • Victime de violence conjugale ;
  • Invalidité (salarié, son époux(se) ou partenaire de Pacs, ses enfants) ;
  • Décès (salarié, son époux(se) ou partenaire de Pacs) ;
  • Rupture du contrat de travail, cessation de son activité par l’entrepreneur individuel, fin du mandat social, perte du statut de conjoint collaborateur ou de conjoint associé ;
  • Création ou reprise d’entreprise par le titulaire, ou son époux(se) ou partenaire de Pacs, exercice d’une autre profession non salariée, acquisition de parts sociales d’une société coopérative de production (SCOP) ;
  • Acquisition ou agrandissement de la résidence principale, avec création de nouvelle surface habitable et en présence d’un permis de construire ou d’une déclaration préalable de travaux ;
  • Remise en état de la résidence principale endommagée à la suite d’une catastrophe naturelle reconnue par arrêté ministériel ;
  • Rénovation énergétique de la résidence principale ;
  • Surendettement ;
  • Activité de proche aidant exercée par le titulaire, ou son époux(se) ou partenaire de Pacs ;
  • Achat d’un véhicule à faible émission de gaz à effet de serre (voiture, camionnette, véhicule à moteur à 2 ou 3 roues, ou quadricycle à moteur qui utilise l’électricité, l’hydrogène ou une combinaison des deux comme source exclusive d’énergie, ou cycle à pédalage assisté neuf).

L’édito de Jean-Pierre Thomas « Sortir des chemins battus »

Un an après son adoption, la réforme des retraites, portant l’âge légal de 62 à 64 ans, demeure contestée. Son abrogation est réclamée par de nombreux partis politiques et syndicats. Cette réforme est indéniablement née sous de mauvais auspices. Elle a été élaborée après l’abandon du projet d’instauration d’un système de retraite par points, projet qui figurait au programme d’Emmanuel Macron en 2017. L’harmonisation des règles aurait, sans aucun doute, constitué une avancée, apportant plus de transparence et d’égalité. Cependant, le caractère bureaucratique de la réforme, marquée par un excès de centralisation, a cristallisé les oppositions. Par ailleurs, au cours des discussions, la question du report de l’âge légal de 62 à 64 ans a suscité l’hostilité des syndicats, qui soutenaient, auparavant, le principe du système par points.

Bien que le texte ait été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale avant la pandémie de Covid, Emmanuel Macron a finalement opté, au début de son second mandat, pour une réforme purement paramétrique. La légitimité de cette dernière a été mise en cause dès le départ, en raison d’évaluations divergentes concernant les déficits à venir des régimes de retraite. Pourtant, le constat est clair : la France est, avec l’Italie, le pays de l’OCDE qui consacre le plus de ressources à la retraite, soit plus de 13 % de son PIB. Le ratio cotisants/retraités, qui était de 4 dans les années 1960, est aujourd’hui de 1,7 et devrait tomber à 1,4 d’ici 2070. Le nombre de retraités est passé de 5 millions en 1980 à 17 millions en 2021, et il pourrait atteindre 23 millions d’ici une trentaine d’années.

L’abrogation de la réforme des retraites de 2023 entraînerait une augmentation des charges d’environ 10 milliards d’euros, sachant que les avantages consentis, à juste titre, aux titulaires du minimum contributif ou à certaines catégories de femmes, dont les pensions restent inférieures à la moyenne, ne seront pas remis en cause. Or, dans un régime par répartition, les dépenses de retraite sont financées par les actifs. Leur augmentation pourrait réduire le pouvoir d’achat de ces derniers.

Certains suggèrent de faire contribuer davantage les entreprises, mais cela risquerait de réduire leur taux de marge, d’augmenter les prix et de limiter les hausses salariales. D’autres évoquent la possibilité d’accroître la taxation du patrimoine, des revenus ultra-riches, mais cela pourrait s’avérer insuffisant, car les besoins des régimes de retraite se chiffrent en dizaines de milliards d’euros. Certes, une érosion du pouvoir d’achat des retraités pourrait être envisagée. En moyenne, la retraite en France est d’environ 1 500 euros. Selon la dernière enquête AMPHITÉA/Cercle de l’Épargne, 72 % des non-retraités estiment que le montant de leurs futures pensions ne leur permettra pas de vivre correctement à la retraite.

Face à un dossier aussi complexe, ouvert depuis plus de trente ans, les pouvoirs publics auraient tout intérêt à sortir des sentiers battus. La gestion des retraites devrait avant tout être confiée aux partenaires sociaux, qui ont déjà la responsabilité de maintenir à l’équilibre le système de retraite complémentaire AGIRC/ARRCO, lequel dispose même de réserves abondantes. Comme il existe des domaines réservés à la loi et au règlement, il devrait y avoir un champ dédié à la négociation sociale, dans lequel ni le législatif ni l’exécutif ne pourraient intervenir, sauf exception.

La question de la pénibilité, qui reste en suspens depuis des années, devrait être traitée par les partenaires sociaux. Ils pourraient sans doute imaginer des dispositifs permettant l’instauration d’une retraite à la carte, et en finir ainsi avec les seuils rigides d’âge. Le dispositif de retraite progressive pourrait également être amélioré, avec pour objectif de faciliter la transmission des savoirs et des compétences.

Enfin, l’épargne retraite devrait devenir un sujet central de négociation au sein des entreprises. Aujourd’hui, elle reste principalement l’apanage des grandes entreprises, renforçant ainsi les inégalités de revenus entre les retraités. Le développement de l’épargne retraite constituerait également une source de financement supplémentaire pour les entreprises, leur permettant de se moderniser et de relever le défi de la transition écologique. Cet apport de capitaux, dans le cadre de l’épargne retraite, renforcerait le rôle des partenaires sociaux dans la gestion des entreprises, conformément à la vision du Général de Gaulle lors de la création de l’épargne salariale en 1959.

Jean-Pierre Thomas

Président du Cercle de l’Épargne

« Nous sommes dans un moment optimal » : pourquoi les fonds euros de l’assurance-vie redeviennent intéressants

Cité dans La Tribune, Philippe Crevel revient sur le succès des unités de comptes dans les collectes des contrats d’assurance vie ces dernières années marquées par la baisse de la rémunération des fonds euros. « La très bonne performance du cours des actions et des fonds immobiliers depuis 2015 ont incité les épargnants à souscrire à des contrats d’assurance-vie partiellement ou totalement en unités de compte qui offrent plus d’exposition à ces actifs risqués que les fonds en euros », note ainsi le directeur du Cercle de l’Epargne.

En dépit de la baisse de l’inflation, les Français continuent d’épargner fortement

Dans Boursier.com, Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne revient sur les causes du taux d’épargne élevé en France malgré l’assagissement confirmé des prix.

Actions, obligations, durée des placements… comment faire ses premiers pas en Bourse ?

Dans les colonnes du Parisien, Philippe Crevel délivre quelques conseils aux investisseurs pour éviter des déconvenues sur les marchés. Il recommande notamment aux épargnants de se fixer des objectifs : « Pour réaliser des bénéfices, mieux vaut se fixer un objectif de plus-value, exemple : 30 %, puis vendre sans attendre le lendemain, car les cours peuvent chuter aussitôt« . Avant de rappel que « la règle générale est celle-ci : quand les cours sont hauts, vendez et quand ils sont bas, achetez. »

Epargne : l’attrait des ménages pour l’assurance vie ne faiblit pas

Boursier.com revient sur la collecte de l’assurance vie en juillet et reprend dans son article l’analyse du Directeur du Cercle de l’Epargne. Pour Philippe Crevel « les ménages reviennent sur les fonds en euros, incités par les taux plus élevés proposés par les assureurs. Dans le même temps, ils n’hésitent pas à s’alléger en fonds en euros, témoignant d’une mobilité accrue en ce qui concerne la gestion de leur patrimoine. Les rachats peuvent être liés à un changement d’allocation au sein de leurs contrats d’assurance vie ou donner lieu à des versements sur d’autres placements (immobilier, dépôts à terme, autres contrats d’assurance vie, etc.). »

Taux d’épargne : les Français toujours fourmis !

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne

Au deuxième trimestre, les Français ont accru leur effort d’épargne. Le taux d’épargne qui était 17,6 % au premier trimestre est ainsi passé, selon l’INSEE, à 17,9 % du revenu disponible brut au deuxième, soit un niveau nettement supérieur à celui constaté avant la crise sanitaire (15 % enregistrés fin 2019). La hausse du taux d’épargne profite particulièrement à l’épargne financière, dont le taux passe de 8,1 % du revenu disponible sur le premier trimestre à 8,5 % sur le deuxième.

La succession de crise, alimentée par la persistance des tensions géopolitiques (guerre en Ukraine, conflit au Proche-Orient), pousse les ménages, en France, à maintenir à un niveau record, leur taux d’épargne, en alimentant notamment leur épargne de précaution mais aussi leur assurance vie.

Au cours du deuxième trimestre, les ménages français ont peu intégré la baisse de l’inflation, et continué de ce fait à épargner par crainte d’une nouvelle hausse potentielle des prix. Les incertitudes nées de l’annonce de la dissolution le 9 juin ont pu, par ailleurs, renforcer cette tendance.

Les premiers résultats pour le troisième trimestre, tant pour le Livret A (collecte de +1,7 milliard d’euros en juillet) et l’assurance vie (+1,8 milliard sur le mois de juillet) illustrent le choix des Français de privilégier l’épargne à la consommation.

Les derniers chiffres de l’inflation, passée sous la barre symbolique des 2 % en août, semblent néanmoins confirmer une véritable baisse ce qui pourrait induire un moindre taux d’épargne en fin d’année, sous réserve d’une normalisation du contexte économique tant au niveau national qu’à l’échelle internationale.

Cercle de l’Épargne – INSEE

Pourquoi garder de l’argent sur votre compte courant vous en fait perdre

Dans cet article consacré à l’argent qui dort, Capital reprend l’analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne qui revenait récemment, au micro d’Europe 1, sur les effets de l’inflation sur le patrimoine.

Livret A et LDDS : pourquoi leur succès persistant n’est pas une si une bonne nouvelle

Dans une interview p à lire dans le média Merci pour l’Info, le directeur du Cercle de l’épargne analyse les résultats de la dernière collecte du Livret A et du LDDS.

Livret A : les Français ont épargné de manière inédite au mois de juillet

Interviewé dans Libération, Philippe Crevel revient sur sur les raisons du niveau élevé de la collecte du Livret A en juillet.

Livret A : rebond surprise de la collecte en juillet

Cité dans les Echos, Philippe Crevel estime que « les incertitudes politiques, liées à la dissolution de l’Assemblée puis aux élections législatives, peuvent prêter à l’attentisme et à la prudence des ménages » et participent à expliquer le niveau élevé de l’épargne, qui n’a pas retrouvé son niveau d’avant crise sanitaire en France.

Pas de quartier d’été pour le Livret A

Résultats du Livret A – LDDS – LEP du mois de juillet 2024

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Les ménages continuent d’épargner durant l’été 2024. Le Livret A, le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS), ainsi que le Livret d’Épargne Populaire (LEP) ont tous enregistré des collectes positives en juillet. Avec la baisse de l’inflation, ces produits offrent désormais un rendement réel positif.

Une collecte en hausse pour le Livret A

La collecte de juillet s’est élevée à 1,7 milliard d’euros, contre 1,23 milliard d’euros en juin et 2,16 milliards d’euros en juillet 2023. Depuis 2009, seulement trois décollectes ont été enregistrées en juillet pour le Livret A (-0,97 milliard d’euros en 2015, -1,08 milliard d’euros en 2014 et -1,07 milliard d’euros en 2009). Sur les sept premiers mois de l’année, la collecte du Livret A atteint 11,71 milliards d’euros, contre 28 milliards d’euros en 2023, une année exceptionnelle.

Les résultats de juillet montrent l’attrait continu des ménages pour l’épargne réglementée. Cette collecte est nettement supérieure à la moyenne de ces dix dernières années (1 milliard d’euros pour le mois de juillet entre 2014 et 2023). Les Français semblent réticents à puiser dans leur épargne pour augmenter leurs dépenses de consommation, contrairement aux Américains, par exemple. Face aux incertitudes politiques nées des élections législatives des 30 juin et 7 juillet derniers, les ménages privilégient l’attentisme et la prudence, faisant du Livret A une valeur refuge.

Le Livret de Développement Durable et Solidaire toujours dynamique

Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) a enregistré en juillet une collecte de 730 millions d’euros, contre 590 millions d’euros en juin et 600 millions d’euros en mai. En juillet 2023, la collecte pour ce produit s’élevait à 970 millions d’euros. Sur les sept premiers mois de l’année, la collecte atteint 5,61 milliards d’euros.

Comme pour le Livret A, les résultats du LDDS sont supérieurs à la moyenne des dernières années. Entre 2014 et 2023, la collecte moyenne était de 300 millions d’euros. Depuis la création de la base statistique par la Caisse des dépôts et consignations, seules deux décollectes ont été constatées pour le LDDS en juillet (2009 et 2015).

Nouveaux records d’encours pour le Livret A et le LDDS

En juillet, le Livret A et le LDDS ont une nouvelle fois battu des records d’encours, atteignant respectivement 427 et 155,1 milliards d’euros, portant le total des deux placements à 582,2 milliards d’euros.

Livret d’Épargne Populaire : une collecte en légère baisse en juillet

En juillet, le Livret d’Épargne Populaire (LEP) a enregistré une collecte positive de 460 millions d’euros, en baisse par rapport aux 570 millions d’euros de juin. Cette collecte succède à deux décollectes (-40 millions d’euros en mai et -270 millions d’euros en avril).

La baisse du taux de rendement du LEP, de 5 % à 4 %, annoncée en juillet et effective depuis le 1er août, n’a pas eu d’effet notable sur la collecte. Les ménages à revenus modestes continuent de vouloir épargner dans un contexte économique et politique incertain. L’encours du LEP atteint également un record, à 76,9 milliards d’euros.

Une normalisation contrariée

Le taux d’épargne des ménages en France en 2024 reste près de trois points au-dessus de celui d’avant la crise sanitaire de 2020. Le Livret A est le principal bénéficiaire de cette propension à l’épargne, avec un encours en progression de 129 milliards d’euros entre décembre 2019 et juillet 2024. Une baisse du taux d’épargne et de la collecte d’épargne réglementée est attendue depuis plusieurs mois sans jamais se concrétiser. Durant la période d’inflation, les ménages ont privilégié l’épargne, comme c’est souvent le cas, au détriment de la consommation. Cette dernière ne profite pas encore de la désinflation car les ménages doutent de l’amélioration de la situation économique, leur moral, mesuré par l’INSEE, restant faible.

Traditionnellement, le second semestre, avec la rentrée scolaire, le paiement des impôts locaux et les fêtes de fin d’année, est davantage orienté vers les dépenses que vers l’épargne, bien que cette tendance ait été perturbée ces dernières années. Cette année, le contexte politique, avec de possibles hausses d’impôts, pourrait inciter les ménages à choisir une fois de plus la prudence.

ANNEXES

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Livret A, LEP, assurance vie… Que faire avec l’épargne des Français ?

Sur Ouest-France, Philippe Crevel commente les propositions des divers courants politiques en matière d’épargne.

Pourquoi les Français gardent-ils autant d’argent sur leur compte courant ?

Capital cite Philippe Crevel dans cet article consacré aux montants importants stockés dans les comptes courants des Français. Le média reprend ainsi les explications données par le directeur du Cercle de l’Epargne.

Livret A : le taux bloqué à 3% a fait perdre jusqu’à 260 euros à chaque Français

Philippe Crevel, cité dans cet article publié sur le site du média RTL analyse les conséquences du gel de la rémunération du Livret A et du LDDS jusqu’à février 2025.

Taux des livrets : ce qui change au 1er août et ce qui risque de se passer ensuite

Dans le Monde, Philippe Crevel estime que la désinflation et l’amélioration des rendements offert par les fonds euros des contrats d’assurance vie devraient inciter les Français à privilégier l’assurance vie aux produits d’épargne de précaution.

France, une croissance résiliente

Résultats de la croissance au deuxième trimestre 2024

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

La France a enregistré une croissance au deuxième trimestre en ligne avec celle des trimestres précédents. Celle-ci a été portée par le commerce extérieur et l’investissement quand la consommation des ménages est restée atone. Le résultat du deuxième trimestre rend possible une croissance de 1 % en 2024 ce qui correspond aux prévisions du gouvernement. L’après Jeux Olympiques pourrait générer un effet dépressif qui pourrait être compensé, à l’automne, par la reprise de l’activité rendu possible par la baisse des taux d’intérêt. Logiquement, les ménages devraient, avec la désinflation, renouer avec la consommation au cours du second semestre. En l’état, les conséquences économiques de la crise politique actuelle en France sont difficiles à apprécier. 

Un taux de croissance de 0,3 % au deuxième trimestre 2024

Le produit intérieur brut (PIB) en volume a augmenté, selon l’INSEE, de +0,4 % au deuxième trimestre, après +0,3 % au trimestre précédent et +0,4 % au dernier trimestre 2023. L’INSEE a procédé à une révision à la hausse de la croissance de ces deux derniers trimestres.

La demande intérieure finale (hors stocks) repart légèrement à la hausse et contribue positivement à la croissance du PIB ce trimestre (+0,1 point après 0,0 point au premier trimestre 2024), du fait du léger rebond de la formation brute de capital fixe (FBCF, +0,1 % après -0,4 %). La consommation des ménages est stable ce trimestre (0,0 % après -0,1 %).

La contribution du commerce extérieur à la croissance est également positive au deuxième trimestre 2024 (+0,2 point après +0,3 point). En effet, les importations sont stables (0,0 % après -0,3 %), et les exportations sont toujours dynamiques (+0,6 % après +0,7 %).

Enfin, la contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB est de nouveau nulle ce trimestre (0,0 point après 0,0 point au premier trimestre 2024).

INSEE

Une production en forte hausse grâce aux services marchands

La production totale a progressé au deuxième trimestre 2024 de +0,5 % après -0,1 %. Ce bon résultat est imputable aux services. En effet, la production de l’industrie manufacturière a diminué de 0,4 % au deuxième trimestre dans le prolongement de la baisse de 0,7 % du trimestre précédent. Elle a baissé dans le secteur du matériel des transports et dans l’agro-alimentaire. La production continue de se contracter dans la construction, -0,7 % après -1,1 %) et pour le quatrième trimestre consécutif. La production agricole diminue également. Celle de l’industrie manufacturière est de nouveau en baisse (-0,4 % après -0,7 %).

La production de services marchands a connu au deuxième trimestre une hausse de +0,8 % après +0,7 %. La hausse de la production dans les services aux entreprises demeure forte (+1,2 % après +0,8 %). Le secteur de l’hébergement et de la restauration a également enregistré une croissance élevée (+0,7 % après +0,1 %). Le secteur de l’information et communication, grâce à la digitalisation et à l’intelligence artificielle, a enregistré une croissance importante (+1,4 % après +1,6 %)

La consommation toujours en panne

Les ménages, malgré la baisse de l’inflation, n’ont pas repris le chemin des magasins réels ou virtuels. La préférence reste donnée à l’épargne. Ils demeurent méfiants sur l’évolution de la conjoncture. Le contexte politique pourrait influer sur leurs comportements au cours du second semestre.

La consommation des ménages est ainsi restée stable au deuxième trimestre (0,0 % après -0,1 %).

La consommation alimentaire a une nouvelle fois diminué (-1,6 % après -0,1 %). La consommation en carburants est également en retrait (-1,0 % après +1,8 %). En revanche, la consommation en gaz et électricité accélère (+3,5 % après +0,3 %), due à un printemps plus frais que les années précédentes, et la consommation en matériel de transports, notamment en automobiles, est en hausse (+1,6 % après -3,5 %).

Si la consommation des ménages en biens est en recul, celle en services continue de progresser. Elle a augmenté de 0,5 % au deuxième trimestre, contre +0,3 % au premier. Elle est portée par l’accélération de la consommation en services de transport (+1,8 % après +0,6 %). Le tourisme est également une source de dépenses pour les ménages, +0,8 % pour les services d’hébergement et restauration après +0,1 % au trimestre précédent. 

Reprise de l’investissement au deuxième trimestre

La Formation Brute de Capital Fixe (FCBF) est en hausse au deuxième trimestre de +0,1 % contre un recul de 0,4 % au précédent. La FCBF en services marchands a été vive (+1,7 % après +0,5 %), quand la FBCF en produits manufacturés continue de baisser (-1,0 % après -0,6 %).

L’accélération de l’investissement en services marchands est liée au dynamisme de l’investissement en information-communication (+2,3 %) et à celui de l’investissement en services juridiques, scientifiques, techniques, administratifs et de soutien (+1,2 %).

L’investissement en construction continue de baisser (-0,6 % après -0,9 %).

Le commerce extérieur moteur de la croissance

La contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB est positive au deuxième trimestre 2024 de 0,2 point, après +0,3 point au trimestre précédent. Ce bon résultat est dû à la progression des exportations de 0,6 % (+0,7 % au trimestre précédent), une nouvelle fois portées par les ventes de matériels de transports (+1,8 % après +1,5 %). La France a, en effet, livré durant cette période, un nouveau navire et de nombreux avions. De leur côté, les importations sont restées stables (+0,0 % après -0,3 %).

Variations de stocks nulles au deuxième trimestre

Les variations de stocks ne contribuent pas à la croissance du PIB ce trimestre : 0,0 point, comme au premier trimestre 2024.

Un second semestre incertain

La croissance du premier semestre aura été plus élevée que prévu. Elle s’accompagne d’une stabilisation du chômage. Les deux points noirs sont l’atonie de la consommation et le recul de la construction. La baisse de l’inflation et la diminution des taux d’intérêt pourraient faciliter la reprise de l’une et de l’autre. Pour autant, l’économie française devra faire face, dans les prochains mois, à un petit effet dépressif post Jeux. La préparation et le tenue des compétitions sont des sources d’activités (réalisation d’infrastructures, équipements, services, dépenses des touristes étrangers, etc.). Ce surcroît de dépenses disparaîtra à partir de septembre. Le PIB du troisième trimestre pourrait, de ce fait, enregistrer une croissance plus faible. Le contexte politique en France pourrait peser sur l’activité en raison de l’attentisme possible des investisseurs et des consommateurs. L’élection, du mois de novembre aux États-Unis est susceptible d’avoir des effets négatifs sur la conjoncture mondiale. Enfin l’évolution la croissance dépendra de la situation de l’économie chinoise, en proie à un ralentissement depuis plusieurs mois. 

En juin, les Français se sont tournés vers le Livret A avec modération

Retrouvez dans Le Revenu, l’analyse de Philippe Crevel sur les raisons du ralentissement de la collecte du Livret A.

Crédit immobilier : avez-vous intérêt à faire le pari du PEL ?

Cité dans les Echos, le Directeur du Cercle de l’Epargne estime l’attractivité du PEL relative. Il explique ainsi qu’«avec la baisse probable des taux immobiliers, ceux qui auront souscrit récemment un PEL ne seront pas nécessairement gagnants » rappelant que la rémunération du PEL est faible et que le produit est en outre fiscalisé.

Livret A, LDDS : la collecte ralentit encore en juin

Les Echos reviennent sur la collecte des produits d’épargne réglementée en juin. A cette occasion ils citent le Directeur du Cercle de l’Epargne qui rappelle que le ralentissement de la collecte en juin est courant et que ce mois  » marque le passage d’une phase d’épargne à une phase de désépargne ».

Livret A : le semestre de la normalisation

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Pas d’essoufflement pour le Livret A au  mois de juin

La collecte du mois de juin a été de 1,23 milliard d’euros, contre 1,26 milliard d’euros en mai, 1,48 milliard d’euros en avril et 1,53 milliard d’euros en mars. Au mois de juin 2023, la collecte avait été de 1,34 milliard d’euros.

Traditionnellement, avec la proximité des vacances d’été, le mois de juin marque le passage d’une phase d’épargne à une phase de désépargne. La collecte moyenne de ces dix dernières années (2014/2023) pour le mois de juin était de 700 millions d’euros. Dans les années 2010, il était même assez fréquent d’avoir des décollectes en juin (2009, 2010, 2014, 2015).

Le mois de juin 2024 est donc un bon cru pour le Livret A. Les ménages continuent à affecter d’importantes liquidités sur le produit d’épargne le plus diffusé en France. Les incertitudes politiques ont sans nul doute incité les Français à la prudence. Le Livret A a pu, ainsi, une nouvelle fois, jouer son rôle de valeur refuge.

Le Livret de Développement Durable et Solidaire dans le sillage du Livret A

Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) a enregistré, en juin, une collecte de 590 millions d’euros, contre 600 millions d’euros en mai, et 760 millions d’euros en avril. Au mois de juin 2023, la collecte pour ce produit était de 830 millions d’euros. La collecte du mois de juin du LDDS est traditionnellement faible voire négative comme ce fut le cas à quatre reprises depuis 2009 (2009, 2010, 2011, 2012). L’année 2024 apparaît donc correct et témoigne de la prudence des ménages, sachant que le LDDS est géré souvent en phase avec le compte courant.

Nouveaux records d’encours pour le Livret A et le LDDS

Le Livret A et le LDDS battent, une nouvelle fois, en ce mois de juin, des records d’encours avec, respectivement, 425,5 et 154,4 milliards d’euros ; portant le total des deux placements à 579,9 milliards d’euros.

Normalisation sans rupture pour le Livret A et le LDDS au cours du premier semestre

Au cours du premier semestre 2024, la collecte du Livret A s’est élevée à 10,14 milliards d’euros, contre 25,84 milliards d’euros sur la même période de 2023. Sur le premier semestre, la collecte du LDDS s’élève à 4,88 milliards d’euros, contre 8,7 milliards d’euros sur la même période en 2023.

Au cours du premier semestre 2024, une normalisation de la collecte du Livret A est constatée après celles records de 2023, dopées par le relèvement du taux de rémunération. La diminution de l’inflation a, sur les six premiers mois de l’année, conduit les ménages à épargner davantage sur des produits de long terme comme l’assurance vie. Si la collecte s’est amoindrie durant le premier semestre, elle est néanmoins restée positive, les ménages français n’ayant pas décidé de puiser dans leurs livrets d’épargne réglementée pour consommer ou pour accroître leurs placements à long terme. Le volant d’épargne de précaution demeure extrêmement élevé. En 10 ans, l’encours du Livret A et du LDDS a progressé de 209 milliards d’euros (passant de 371 à 579,9 milliards d’euros – sources Cercle de l’Epargne – CDC).

Un second semestre 2024 sous le sceau des incertitudes

En règle générale, les ménages épargnent au premier semestre et consomment au second. Les vacances d’été, la rentrée scolaire, les fêtes de fin d’année jalonnent la deuxième partie de l’année et amènent les Français à puiser dans leur poche d’épargne de précaution. Ces dernières années, même si quelques décollectes mensuelles ont été constatées lors des seconds semestres, les Français ont fait preuve de retenue. La succession de crises (covid, guerre en Ukraine, vague inflationniste) les a amenés à maintenir, toute l’année, un important effort d’épargne. En 2024, la désinflation devrait les conduire sur les voies de la consommation mais le contexte politique, plus qu’incertain, pourrait, au contraire, les inciter à la prudence.

Livret d’Épargne Populaire, une collecte positive en juin !

Au mois de juin, le Livret d’Épargne Populaire (LEP) a enregistré une collecte positive de 570 millions d’euros mettant un terme à deux décollectes (-40 millions d’euros en mai et -270 millions d’euros en avril). Les ménages ayant des revenus modestes continuent à vouloir mettre de l’argent de côté dans un contexte économique et politique incertain.

De janvier à juin, la collecte du LEP a été de 4,52 milliards d’euros, contre 8,75 milliards d’euros sur la même période 2023. La baisse de la collecte s’explique par la fin de l’effet relèvement du plafond, passé en octobre dernier de 7 700 à 10 000 euros.

Avec la baisse du taux du LEP à 4 % à compter du 1er août 2024, ce produit perdra en attractivité tout en restant intéressant.

ANNEXES

Cercle de l’Épargne – données Caisse des Dépôts

Cercle de l’Épargne – données Caisse des Dépôts

Cercle de l’Épargne – données Caisse des Dépôts

L’épargne des Français, cette manne financière qui attise les convoitises des partis politiques de tous bords

Dans le journal Le Figaro, Philippe Crevel rappelle qu’une grande partie de l’épargne française soutient déjà directement l’économie nationale, notamment via le livret A qui finance le logement social, le Livret de Développement Durable et Solidaire ou encore l’assurance-vie. 

« Épargne, Retraite : le PER au rendez-vous  » par Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne

ENQUÊTE 2024 AMPHITÉA – CERCLE DE L’ÉPARGNE

par Philippe Crevel directeur du Cercle de l’Épargne

L’enquête 2024 sur l’épargne et la retraite souligne le retour en force de l’assurance et la percée du Plan d’Epargne Retraite (PER). En la matière, les opinions des sondés rejoignent les résultats constatés par ces deux produits depuis le début de l’année. Le PER est perçu par une grande partie de l’opinion comme un des moyens efficaces pour améliorer son niveau de vie à la retraite, sujet qui est une source d’inquiétudes récurrente.

Au sommaire de cette étude

  • Les Français et l’épargne
  • Retraite, un sujet d’inquiétude majeur
  • L’épargne retraite
  • Le « bien vieillir »
  • Conclusion

Le retour en force de l’assurance vie en 2024 !


L’un des points notables de cette édition 2024 est, sans nul doute, le retour en force de l’assurance vie après plusieurs années dominées par l’immobilier locatif et, plus récemment, par le Livret A. Ce qui était en lien avec la hausse de sa rémunération. L’assurance vie est redevenue, pour la première fois depuis 2016, le placement préféré des Français, avec 61 % des répondants la jugeant intéressante, dépassant d’un rien le Livret A, qui se maintient cependant à un niveau élevé, à 60 %.

L’autre point marquant est la véritable percée du Plan d’épargne retraite (PER). Mesuré pour la première fois cette année, le PER se hisse à la 3e place des placements jugés intéressants, emportant l’adhésion de 57 % des sondés.

Les actions, malgré le haut niveau qu’elles ont atteint sur les marchés cotés, sont en retrait. Enfin, les cryptomonnaies comme le bitcoin restent moins populaires, mais gagnent du terrain parmi les jeunes et les ménages à hauts revenus.

L’intérêt envers les produits d’épargne varie significativement selon les tranches d’âge. Les plus de 65 ans favorisent nettement l’assurance vie (70 %), qu’ils voient comme un moyen de se constituer une épargne précaution pour la grande vieillesse et de transmission de leur patrimoine. Les jeunes de 18 à 24 ans montrent à la fois leur fort attachement au Livret A (70 %) qui reste plus populaire chez eux que dans les autres tranches d’âge. Ils montrent aussi une appétence pour les placements susceptibles d’offrir des gains rapides et élevés, telles les actions (58 %) et les cryptomonnaies (35 % contre seulement 21 % parmi l’ensemble des sondés). Les tranches d’âge intermédiaires, comme les 35-49 ans, privilégient l’immobilier locatif, recherchant une diversification plus grande dans leurs placements. Ces différences reflètent des approches variées face à la sécurité financière et aux attentes de rentabilité.

Les Français dans leur majorité ne sont pas convaincus que la réforme des retraites adoptée en 2023 permettra de maintenir leur niveau de vie une fois passés à la retraite. Seulement 34 % d’entre eux pensent qu’ils vivront convenablement avec leur pension, un chiffre remarquablement stable depuis trois ans. Cette inquiétude est plus aiguë chez les plus de 50 ans et chez les femmes, qui sont moins confiantes que les hommes, en lien avec les écarts de salaires et de parcours lors de leur vie professionnelle. Elle est beaucoup moins mise en avant par les retraités eux-mêmes qui, sans doute, adaptent leur mode de vie à leur nouvelle situation financière. Ainsi 47 % d’entre eux déclarant vivre correctement avec leur pension (6 points de moins cependant qu’en 2023). Cette dégradation n’est pas sans lien, peut-on penser, avec la vague inflationniste que la France a connue en 2022 et 2023.

Cette inquiétude s’est accompagnée d’une nette remontée du pourcentage de non-retraités plaçant de l’argent dans des produits d’épargne pour leur retraite, après une baisse en 2023. 58 % des non retraités déclarent le faire en 2024 contre 51 % un an plus tôt. La hausse concerne en particulier les classes moyennes. Parmi celles-ci, la proportion de personnes à revenus moyens supérieurs épargnant « quand c’est possible » a augmenté de 10 points, tandis que celle des personnes à revenus moyens inférieurs épargnant « régulièrement » a progressé de 9 points.

Pour maintenir leur niveau de vie à la retraite, les non-retraités comptent autant sur les placements financiers (33 %) que sur leur pension de retraite (32 %). Toutefois, l’âge compte beaucoup, dans ces réponses : les moins de 35 ans croient volontiers dans les placements financiers, tandis que les plus de 50 ans comptent davantage sur les pensions de retraite.

Parmi les placements financiers, le PER apparaît comme une solution privilégiée, offrant à la fois un complément de revenu régulier et des avantages fiscaux pour l’achat de la résidence principale. Les personnes ayant souscrit un PER le considèrent comme un point majeur pour maintenir leur niveau de vie à la retraite.

L’enquête met en lumière des préoccupations importantes concernant la dépendance. Pour commencer, la notion de « bien vieillir » renvoie d’abord à l’évidence au fait d’être « en bonne santé » (72 % des réponses). Il n’en demeure pas moins qu’une majorité des Français (65 %) se dit inquiète à l’idée d’être un jour en situation de dépendance. Cependant, en termes de préparation, seulement 28 % des personnes interrogées déclarent avoir prévu financièrement cette éventualité, souvent par le biais d’une assurance dépendance ou en épargnant spécifiquement pour cela. De fait, à la question de savoir qui doit assumer financièrement la dépendance, le recours à la Sécurité Sociale est la réponse dominante, au premier chef chez ceux qui craignent d’y être confrontés.

Face à la dépendance, les attentes sont clairement orientées vers un maintien à domicile le plus longtemps possible, entouré de ses proches. Seuls 5 % des sondés envisagent d’aller en maison de retraite. À noter, cependant, que parmi les sondés déclarant être en situation de dépendance, ce taux monte à 13 %. Les personnes dépendantes sont également plus nombreuses (16 %) à évoquer les « maisons senior » c’est-à-dire des logements adaptés offrant la possibilité de disposer de services et de soins.

Redoublons nos efforts pour l’épargne retraite par Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Epargne

Selon le onzième baromètre de l’épargne et de la retraite du Cercle de l’Épargne et d’Amphitéa, deux tiers des Français estiment, en 2024, que leur pension est ou sera insuffisante pour vivre correctement à la retraite. L’inquiétude est encore plus forte chez les non retraités avec un taux de 71 %. Les craintes sur l’indexation à venir des pensions à l’inflation ainsi que les sombres prévisions financières des régimes de base expliquent le pessimisme des Français en ce qui concerne leur pouvoir d’achat à la retraite.

Les problèmes que rencontrent nos régimes de retraite ne sont pas une surprise. Ils sont la simple expression de l’évolution de la démographie et de l’atonie de la croissance. Avec la baisse de la fécondité constatée dans les années 1970, le baby-boom d’après-guerre ne pouvait se transformer qu’en bombe à retardement pour les régimes par répartition soixante ans plus tard. La progression rapide du nombre de retraités, passés de 5 millions en 1981 à 17 millions en 2023, n’est pas sans conséquence d’autant plus que l’espérance de vie à 65 ans a progressé, entre 1950 et 2022, de plus de 7 ans pour atteindre plus de 25 ans. La situation de la France est d’autant plus critique que le pays a fait le choix du tout répartition.

Dans les années 1950 et 1960, marquées par un nombre réduit de retraités et une forte croissance économique, ce choix était sans nul doute judicieux, mais aujourd’hui, il se révèle plus discutable. La répartition est, en effet, sensible aux évolutions démographiques et économiques. La majorité de nos partenaires ont préféré lui associer un volant de capitalisation. Avec celle-ci, les cotisations des assurés alimentent le moteur économique à travers des placements, actions, obligations ou immobiliers. Les rendements de ces placements concourent aux versements de suppléments de revenus ou de capital aux retraités. Durant des années, les gouvernements se sont interdit d’instituer un étage d’épargne retraite. Certes, certaines catégories d’actifs, comme les fonctionnaires, y avaient accès, mais il a fallu attendre les années 2000 pour une couverture générale. La France a perdu de précieuses années.

En 1997, après quatre années d’intenses discussions, le Parlement avait adopté la loi dont j’étais à l’origine sur l’épargne retraite qui couvrait à titre individuel ou collectif l’ensemble des actifs. Après les élections législatives anticipées, le Gouvernement de Lionel Jospin décida de ne pas publier les décrets d’application puis d’abroger en 2001 la loi Thomas. Ce n’est qu’en 2019, avec l’instauration du Plan d’Épargne Retraite (PER) par la loi PACTE que la France s’est réellement dotée d’une législation cohérente en matière de capitalisation.

Dans l’enquête 2024 Amphitéa/ Cercle de l’Épargne, le PER se hisse à la troisième place des produits les plus intéressants, après l’assurance vie et le Livret A. Il devance même l’investissement immobilier locatif. Ce succès d’estime doit désormais se concrétiser tant pour garantir le niveau de vie des futurs retraités que pour réorienter l’épargne des ménages vers des placements longs. La France a, en effet, un besoin important de capitaux de long terme pour financer la transition écologique, la réindustrialisation, la digitalisation ou le réarmement. Compte tenu des besoins, il ne faut pas relâcher les efforts en faveur de l’épargne retraite ; bien au contraire, il conviendrait de les accroître.

Jean-Pierre Thomas

Président du Cercle de l’Épargne

La politique familiale peut-elle sauver la démographie ?

En 1994, le taux de fécondité était de 1,7 enfant par femme. Les autorités escomptaient alors le maintien de ce taux de fécondité grâce au développement des grossesses tardives, au-delà de 35 ans. En 2024, le taux de fécondité est tombé à 0,7 en Corée du Sud, un des plus faibles au monde. Depuis 2006, l’État coréen a dépensé plus de 270 milliards de dollars, soit un peu plus de 1 % du PIB par an, pour encourager la procréation. Toutes les mesures prises ont été sans effet sur le taux de natalité qui continue de baisser.

La Corée du Sud est le cas extrême d’un phénomène général. Tous les pays occidentaux, à l’exception d’Israël, connaissent un mouvement de repli de la natalité. Ce dernier est devenu un sujet politique comme en témoigne la prise de position d’Emmanuel Macron qui réclame un « réarmement démographique ». Le fondateur de Tesla, Elon Musk, souligne de son côté que la civilisation humaine est menacée d’extinction. Le déclin démographique rime avec celui de la croissance. Il s’accompagne de la multiplication des tensions sociales et politiques. Presque tous les pays riches envisagent d’accroître leurs efforts en faveur de la natalité tout comme de nombreux pays à revenu intermédiaire.

Le candidat Donald Trump promet « des primes pour un nouveau baby-boom » s’il est réélu en novembre. La Chine, connue depuis longtemps pour sa politique de l’enfant unique, propose des aides pour la garde d’enfants et des allègements fiscaux afin d’encourager les parents à avoir trois enfants. La Norvège offre, aux mères, près d’un an de congé avec des revenus avant la naissance de l’enfant fournis par l’État, ainsi que de nombreux services de garde d’enfants. Avec la Suède et le Danemark, la France est l’un des pays de l’OCDE dont le poids des aides en faveur des familles au sein du PIB est le plus important. Il se situe depuis vingt ans entre 3,5 et 4 % du PIB par an.

La palette des dispositifs est une des plus larges au monde. Pourtant en 2023, jamais le pays n’avait enregistré un aussi faible nombre de naissances depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le lien entre dépenses en faveur des familles et naissances est ténu. En Europe du Nord, les mesures de soutien, mises en œuvre dans les années 1980, ont eu un effet à court terme. Les familles s’habituent aux prestations qui, au fur et à mesure, perdent leur rôle d’incitation aux naissances. Elles peuvent même aboutir à la réduction de leur nombre. Des études ont ainsi souligné que l’allongement du congé de maternité incite les femmes à retarder la naissance de leur premier enfant et à en avoir moins au cours de leur vie. Ces études soulignent que les couples hétérosexuels dans lesquels un homme prend un congé de paternité sont moins susceptibles d’avoir un autre enfant.

D’autres études indiquent que les aides génèrent des effets d’aubaine. Elles profitent à des parents qui, de toute façon, avaient décidé d’avoir des enfants. Le coût public de chaque nouvel enfant s’accroît. En dix ans, en France, ce coût aurait été multiplié par deux. La baisse de la fécondité concerne essentiellement les jeunes femmes.

Aux États-Unis, le nombre de naissances chez les femmes de 20 à 24 ans a été divisé par plus de deux de 1990 à 2023. Il a diminué de 33 % pour celles de 25 à 29 ans comme pour celles de 30 à 34 ans. Il a, en revanche, légèrement augmenté pour les femmes âgées de 35 à 44 ans. Par ailleurs, il y a une quasi-disparition des naissances entre 16 et 19 ans. Au Royaume-Uni, les femmes nées en 2000 ont eu deux fois moins d’enfants avant l’âge de 20 ans que celles nées en 1990. Les femmes désirent moins d’enfants qu’auparavant et l’écart entre les intentions et la réalité tend à s’accroître. Au sein de l’OCDE, les femmes indiquent souhaiter 2 enfants mais dans les faits, une sur deux se contente d’un enfant. Les pouvoirs publics tentent d’aider les femmes les plus jeunes à avoir des enfants.

En Chine, la province du Zhejiang, située à la frontière orientale de la Chine, offre aux nouveaux mariés une somme forfaitaire à condition que la mariée ait moins de 25 ans. En Russie, les femmes qui ont un enfant avant l’âge de 25 ans sont exonérées d’impôt sur le revenu. La Hongrie offre un avantage similaire aux mères qui ont leur premier enfant avant 30 ans.

D’autres pays ciblent les familles à revenus modestes. La ville de Flint, dans le Michigan, accorde à chaque femme 7 500 dollars, distribués en plusieurs fois, à partir du moment où elle tombe enceinte jusqu’au premier anniversaire de son enfant. Cette aide peut représenter jusqu’à 75 % des revenus du ménage. L’objectif poursuivi par les pouvoirs publics était de réduire les avortements motivés par la faiblesse des revenus des mères. Les femmes bénéficiaires de cette aide ont souligné qu’elle était insuffisante au vu des dépenses liées à l’arrivée d’un enfant, évaluées à 20 000 dollars.

Aux États-Unis, les politiques pro-natalistes ne sont pas sans lien avec la volonté de certains élus de vouloir remettre en cause le droit à l’avortement. Des associations s’opposent aux mesures d’incitation à la procréation destinées aux jeunes femmes ou aux familles modestes, soulignant que les enfants qui en sont issus sont ceux qui ont le plus de problèmes de santé et qui rencontrent les difficultés les plus importantes au niveau scolaire.

Les études européennes comme américaines soulignent que les politiques familiales ont des effets limités sur le taux de fécondité et de natalité surtout sur le moyen et le long terme. Afin d’assurer l’égalité des revenus entre hommes et femmes, il apparaît nécessaire de développer les crèches ainsi que les mesures de soutien aux ménages modestes, mais cela n’induit pas un changement des comportements, ces derniers dépendant de facteurs autres que purement financiers.

Les États et le vieillissement démographique

Pour amortir les effets du vieillissement démographique, un pays doit accumuler des actifs extérieurs tant que sa population en âge de travailler croît plus rapidement que la population totale afin de pouvoir en disposer quand la première diminue. Une accumulation d’actifs extérieurs nets doit donc être constatée quand le pays est jeune et une utilisation de ces actifs extérieurs quand le pays devient vieux.

Aux États-Unis, la population âgée de 15 à 64 ans a augmenté plus rapidement que la population totale entre 1990 et 2018. Depuis, elle continue à progresser mais moins vite que la première. Entre 1990 et 2040, l’ensemble de la population augmenterait de 50 % quand la population en âge de travailler progresserait de 38 %.

Les États-Unis, en raison d’un déficit structurel de leur balance des paiements courants, se caractérisent par une dette extérieure croissante qui est passée de 25 à 75 % du PIB de 2000 à 2023.

Au Royaume-Uni, jusqu’en 2008, la population en âge de travailler augmentait plus vite que la population totale. La première devrait baisser en 2025 quand la population totale continuerait à augmenter légèrement. Entre 1990 et 2040, la population du Royaume-Uni devrait progresser de 24 % quand celle en âge de travailler augmenterait de 15 %. Le Royaume-Uni connaît une détérioration de sa position extérieure, en particulier depuis 2016. Sa dette extérieure représentait près de 25 % du PIB en 2023.

En Allemagne, depuis 1990, la population âgée de 15 à 64 ans recule. Entre 1990 et 2040, elle devrait diminuer de 15 % quand la population totale n’augmentera que de 3 %. Cette dernière devrait commencer à diminuer à partir de 2026. L’Allemagne, grâce à ses excédents commerciaux a, depuis un quart de siècle, accru ses avoirs à l’étranger qui représentent, en 2023, 75 % du PIB.

En France, la courbe de la population en âge de travailler et celle de l’ensemble du pays évoluent de manière parallèle entre 1990 et 2009. À partir de cette année, la seconde commence à décliner. De 1990 à 2040, la population de la France devrait augmenter de 16 % et celle de la population en âge de travailler de 2 %. La dette extérieure de la France augmente depuis 2004 en raison de l’accumulation de déficits commerciaux. Elle s’élevait en 2023 à près de 30 % du PIB.

L’Italie est le pays européen qui est confronté le plus fortement au vieillissement démographique. Sa population diminue depuis 2010 tout comme sa population en âge de travailler. Entre 1990 et 2040, la population totale devrait baisser de 4 % et sa population de 15 à 64 ans de 23 %. L’Italie a également amélioré sa situation extérieure en passant d’une dette de 20 % du PIB en 2010 à des avoirs positifs de 5 % du PIB en 2023.

La population en âge de travailler a progressé plus vite que la population totale en Espagne de 1990 à 2006. Depuis 2006, la première baisse quand la seconde amorcera sa décrue à partir de 2026. Entre 1990 et 2040, la population en âge de travailler ne devrait progresser que de 3 % quand la population totale progressera de 18 %. L’Espagne a, dans les années 1990-2010, accumulé d’importants déficits commerciaux provoquant une forte dette extérieure qui a dépassé 90 % du PIB en 2012, avant de se réduire progressivement. Elle n’était plus que de 50 % en 2023.

Le Japon enregistre une baisse de sa population de 15 à 64 ans depuis 1998. Celle-ci devrait, d’ici 2040, se contracter de plus de 30 % par rapport à son niveau de 1990. La population japonaise décline depuis 2010 avec une baisse entre 1990 et 2040 de 10 %. Le Japon augmente continûment entre 1990 et 2023, ses avoirs extérieurs sont passés de 15 à 75 % du PIB.

Peu de pays ont accumulé des actifs à l’extérieur quand leur population était jeune. Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni sont confrontés à des dettes extérieures élevées, au moment où ils auraient besoin des capitaux pour financer le vieillissement de leur population. L’Allemagne et le Japon, tout comme par ailleurs les Pays-Bas ou la Suisse, ont mis en place un modèle axé sur la constitution d’avoirs extérieurs leur permettant de vivre sur leurs rentes. Il est à noter que ces pays, malgré le déclin de leur population en âge de travailler, continuent à accroître leurs avoirs. L’Espagne qui connaît un vieillissement marqué a réussi à rétablir sa situation en matière de solde extérieur en améliorant sa compétitivité.

Les complémentaires santé, près de 30 milliards d’euros de prestations en 2022

Le secteur des complémentaires de santé rassemble, selon la DREES, le service statistique du Ministère de la Santé, 272 mutuelles, 100 entreprises d’assurance et 25 institutions de prévoyance. Ces organismes ont versé au total 29,7 milliards d’euros de prestations en soins et biens médicaux en 2022, soit 12,6 % des dépenses de santé.

Les organismes complémentaires remboursent, d’une part, la partie dite « opposable » des restes à charge après remboursements par l’assurance maladie obligatoire, essentiellement composée de tickets modérateurs et de forfaits journaliers, et prennent, d’autre part, en charge, de façon variable selon les contrats, l’autre partie du reste à charge, constituée des dépassements. 45 % des patients ne sont pas concernés par ces dépassements. Pour les 10 % en ayant le plus, ils représentent 1 440 euros en moyenne par an.

Instituée entre 2019 et 2021, la réforme du 100 % santé a eu des incidences non négligeables sur les complémentaires santé pour la prise en charge de l’optique et des prothèses dentaires ou auditives. Entre 2019 et 2021, le nombre de personnes ayant acheté des prothèses auditives a augmenté de 75 %. Près de 40 % des bénéficiaires ont eu recours à un bien du panier 100 % santé en 2021. Le recours à une prothèse dentaire a augmenté de 17 %. 57 % des recourants ont choisi un bien du 100 % santé. En optique, l’offre 100 % santé n’a été choisie que par 18 % des personnes ayant acheté un équipement en 2022. La majorité des bénéficiaires disposaient déjà, en 2019, de garanties avec leur complémentaire santé supérieures à celles imposées par la réforme. Les organismes complémentaires sont le principal financeur de ces trois postes de soins, avec une dépense croissante passant de 54 % à 61 % de la dépense entre 2018 et 2022. Pour ces postes, la dépense financée par l’assurance maladie obligatoire a également augmenté passant de 14 % à 18 %. Dans ces conditions, la part de la dépense restant à la charge des ménages a baissé, passant de 32 % en 2018 à 21 % en 2022.

La tarification des contrats et l’âge des assurés

Le risque à assurer pour les complémentaires, après remboursement par l’assurance maladie obligatoire, est croissant en fonction de l’âge. En 2021, il atteint plus de 1 000 euros par an en moyenne au-delà de 80 ans, contre 250 euros entre 20 et 29 ans. À âge donné, les personnes atteintes d’une affection de longue durée ont un risque à couvrir qui est comparable au reste de la population. Le dispositif d’affections de longue durée (ALD) conduit à une prise en charge à 100 % par l’assurance maladie obligatoire des dépenses de santé liées à des pathologies chroniques et coûteuses.

L’augmentation des prestations avec l’âge se répercute sur les cotisations des contrats individuels, qui sont davantage souscrits par les personnes plus âgées. Pour un assuré « de référence », la prime (ou cotisation) mensuelle d’un contrat individuel est de 33 euros en moyenne à 20 ans contre 146 euros à 85 ans, avec d’importantes disparités selon le niveau de prise en charge des contrats. Les contrats collectifs qui couvrent une population en moyenne plus jeune et offrent une meilleure couverture, ont une tarification plus solidaire. Elle ne dépend pas de l’âge et tient davantage compte du revenu que pour les contrats individuels.

Les personnes âgées sont confrontées à des restes à charge finaux presque trois fois plus élevés que ceux des plus jeunes, 590 euros annuels, en moyenne en 2019, pour les ménages au sein desquels la personne la plus âgée a 70 ans ou plus, contre 206 euros annuels pour ceux dont les membres ont moins de 40 ans.

Les personnes précaires et la complémentaire santé

Si 96 % de la population est désormais couverte par une complémentaire santé, l’absence de complémentaire santé est plus fréquente parmi les personnes les plus précaires. Elle concerne 12 % des personnes de 15 ans ou plus appartenant au premier dixième de niveau de vie, et concerne davantage les retraités modestes et les chômeurs.

La complémentaire santé solidaire (CSS) a remplacé depuis le 1er novembre 2019, pour les ménages modestes, la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) et l’aide au paiement d’une complémentaire santé (ACS), avec pour objectifs la simplification des dispositifs et la baisse du non-recours à ces aides. Elle couvre 11 % de la population (7,4 millions de personnes en 2022). 56 % des personnes éligibles y ont effectivement recours.

Pourquoi le prix des actifs augmente-t-il malgré des taux d’intérêt élevés ?

Logiquement, le prix des actifs risqués comme les actions, l’immobilier ou les obligations d’entreprise, augmentent quand les taux directeurs des banques centrales sont bas, mais ils sont actuellement en hausse, à l’exception de l’immobilier.

Au début des années 2000 et surtout après la crise des subprimes en 2008/2009, les prix des actifs remontaient en lien avec la baisse des taux directeurs décidée par les banques centrales. La progression de l’indice « actions » S&P500, entre 2009 et 2023, est impressionnante et correspond à la période où les directeurs ont été abaissés à un niveau proche de zéro. L’indice S&P 500 a ainsi connu une progression de 900 %. Pour l’indice européen Eurostoxx, le lien est également net. La Banque Centrale Européenne (BCE) a placé ses taux directeurs à zéro à compter 2015, ce qui a conduit à un doublement de l’indice. L’immobilier a connu le même mouvement avec une multiplication de son prix par plus de deux en zone euro et par plus de quatre aux États-Unis en lien avec les faibles taux d’intérêt.

La hausse des taux n’a pas réellement infléchi la valeur des actifs. Les taux d’intérêt sur les obligations d’État à 10 ans dépassent 3 % en zone euro et 4 % aux États-Unis mais cela n’a eu guère d’incidences sur l’allocation d’actifs. Les prix de l’immobilier ont faiblement baissé au regard des hausses enregistrées ces dernières années. Malgré des taux dépassant 6 % aux États-Unis pour les emprunts hypothécaires, les prix de l’immobilier sont en hausse.

Les indices actions, en zone euro comme aux États-Unis, battent record sur record, et cela nonobstant le fait que les banques centrales n’ont pas commencé (ou faiblement) à baisser leurs taux qui restent à des niveaux inconnus depuis plus de quinze ans. Le lien entre prix des actifs financiers et immobiliers et cycle des taux d’intérêt semble ainsi être très différent de ce qu’il était dans le passé. Trois facteurs expliquent cette anomalie : l’abondance des liquidités, le caractère faussement restrictif des politiques monétaires et les bons résultats des entreprises.

L’abondance des liquidités

Les encaisses monétaires détenues par les agents économiques non bancaires sont extrêmement élevées, en raison des politiques monétaires non-conventionnelles mises en œuvre ces quinze dernières années. Cette abondance nourrit la demande d’actifs financiers et immobiliers. De 2010 à 2023, la masse monétaire (numéraire, dépôts à vue, dépôts à terme, fonds monétaires) est passée de 14 000 à 29 000 milliards de dollars aux États-Unis et de 10 000 à 17 000 milliards d’euros en zone euro.

Une politique monétaire peu restrictive

Les taux d’intérêt réels (déflatés de l’inflation) sont restés faibles depuis 2022. Si la hausse des taux directeurs a été brutale, elle apparaît relativement mesurée au regard de la vague inflationniste. Les taux directeurs sont restés en phase avec le taux de croissance nominal des économies. En 2023, la politique monétaire apparaît plus restrictive en zone euro en raison du ralentissement marqué de l’économie.

Les bons résultats des entreprises

Malgré la hausse des coûts de production, les entreprises ont réussi, ces dernières années, à sauvegarder leurs marges bénéficiaires. Elles sont parvenues à répercuter leurs hausses de coûts, notamment salariaux, sur le prix des produits et prestations finaux. Les bénéfices étant en progression, les indices boursiers sont également tirés à la hausse.

Depuis plusieurs mois, les investisseurs anticipent la baisse des taux, ce qui favorise l’augmentation du prix des actifs mobiliers et immobiliers. Ces derniers prévoient que cette baisse provoquera une hausse rapide des valeurs permettant de dégager d’importantes plus-values. Le risque est évidemment la constitution d’une bulle spéculative. Les banques centrales pourraient être tentées de diminuer de manière mesurée leurs taux pour éviter une hausse inconsidérée des actifs.

Est-il possible de changer le comportement des épargnants européens ?

L’Europe se caractérise par l’abondance de l’épargne des ménages, près de deux fois supérieure à celle des Américains, mais cette épargne est placée essentiellement dans des produits peu risqués et souvent à l’étranger. Certains pensent que le financement de la transition énergétique suppose que les Européens acceptent, en matière d’épargne, une dose supplémentaire de risques et un moindre investissement dans le Reste du monde. Est-il néanmoins possible de changer les comportements ? Quelles sont, le cas échéant, les solutions pour permettre le financement de l’ensemble des investissements dont les États européens ont besoin ?

L’épargne des Européens est abondante grâce à un taux d’épargne des ménages élevé, près de 15 % du revenu disponible brut en 2023. Cette importance de l’épargne se traduit par un excédent de la balance courante, près de 3 % du PIB en 2023.

Les ménages de la zone euro investissent traditionnellement peu en actions. La capitalisation boursière n’atteint pas 75 % du PIB, contre une moyenne de 150 % du PIB pour les États membres de l’OCDE et de plus de 200 % aux États-Unis. Le financement des entreprises s’effectue essentiellement par crédits bancaires qui représentent plus de 80 % du PIB, contre 15 % pour le financement obligataire des sociétés non financières. Plus des deux tiers des financements des entreprises sont intermédiés en zone euro quand ce ratio est d’un tiers aux États-Unis.

Le mode de financement de la zone euro est peu optimal. La prédominance des actifs sans risques réduit la capacité de financement des projets risqués. Le recours au crédit bancaire limite de son côté les capacités de financement car les banques sont obligées de respecter la réglementation prudentielle. La préférence donnée aux placements étrangers pèse, par ailleurs, sur les capacités de financement intérieur.

Depuis des années, les États membres, en particulier la France, tentent de modifier les comportements des épargnants. À cet effet, les gouvernements français ont créé le Plan d’Épargne en Actions (PEA), le Plan d’Épargne Retraite (PER) et, dernièrement, le Plan d’Épargne Avenir Climat (PEAC) à destination des jeunes. Si des inflexions sont constatées comme en témoigne le succès du PER ou la montée en puissance des unités de compte dans les contrats d’assurance vie, l’épargne française reste néanmoins majoritairement investie dans des produits de taux, sans risque et liquide.

Au-delà de ces inflexions, le changement des comportements en matière d’épargne est difficile. Ces derniers se construisent dans le temps et reposent sur des valeurs culturelles bien ancrées. Les épargnants d’Europe continentale ont une profonde aversion aux risques. Que ce soit en France, en Allemagne ou en Italie, ils privilégient les placements liquides et sans risque de capital. Ils préfèrent les placements monétaires, sous forme de livrets, de fonds euros ou de dépôts à terme, au détriment des actions. Les banques et les compagnies d’assurances sont ainsi condamnées à jouer un rôle d’intermédiation.

Afin qu’elles puissent remplir efficacement cette mission, une réflexion devrait être engagée pour leur permettre d’investir une plus grande partie de leurs actifs en actifs risqués ou à long terme (obligations d’entreprises, financement de start-up, private equity…) en conservant le caractère peu risqué de l’épargne. La possibilité de se placer sous Solvency I en lieu et place de Solvency II, plus exigeante en matière de solvabilité, pour les assureurs créant des Fonds de Retraite Professionnelle Supplémentaire (FRPS), constitue une voie à suivre.

Un FRPS est une entité juridique ayant pour unique objet de gérer des contrats de retraite. Le FRPS bénéficie d’un environnement réglementaire plus adapté à la durée des contrats de retraite et plus favorable aux investissements à long terme. En France, tous les contrats de retraite supplémentaire dont les prestations sont liées à la cessation d’activité professionnelle (contrats de retraite Madelin et Madelin Agricole, régimes collectifs à cotisations définies ou à prestations définies, Plan d’Épargne Retraite) peuvent être placés dans ce fonds.

Une nouvelle orientation de l’épargne en zone euro ?

Les États membres de la zone euro sont amenés, dans les prochaines années, à accroître sensiblement leurs investissements. Pour les financer, les États peuvent soit mobiliser leur épargne, soit s’endetter à l’extérieur. Jusqu’à maintenant, une part non négligeable de l’épargne européenne a été placée à l’extérieur de l’Union. Le coût du financement des investissements dépendra donc de l’orientation de l’épargne européenne dans les prochaines années.

La réalisation des investissements nécessaires pour la transition écologique, la relocalisation industries stratégiques et pour la production de matériels militaires suppose un effort financier s’élevant entre 3 et 5 points de PIB. Le taux d’investissement des entreprises et des administrations publiques est, depuis des années, relativement faible en zone euro. En 2023, il s’élevait à 12,5 % du PIB pour les entreprises et à 2,8 % pour les administrations publiques. Le premier taux est en légère augmentation ces dix dernières années (+1 point de PIB) quand le second recule (-0,7 point de PIB). Depuis la crise financière de 2007/2009, les Européens ont placé une part croissante de leur épargne en dehors de la zone euro. Les États-Unis et les pays émergents ont été les principaux bénéficiaires de cette allocation.

Si les résidents de la zone euro continuent à prêter leur épargne au Reste du Monde, l’apparition de nouveaux besoins d’investissement risque d’entraîner une insuffisance d’épargne ex ante qui se traduira par une hausse des taux d’intérêt réels à long terme. Ces derniers (taux d’intérêt réel à 10 ans sur les emprunts d’État déflaté par le swap d’inflation à 10 ans en pourcentage) étaient négatifs de 2015 à 2023 en lien avec la politique monétaire expansive de la BCE. Depuis la fin de l’année 2023, le taux d’intérêt réel à long terme est voisin de la croissance potentielle. Dans les prochaines années, il pourrait devenir supérieur à la croissance potentielle, ce qui créera un problème de soutenabilité des dettes publiques et privées.

Dans un second scénario, l’ensemble des excédents de la balance courante est affecté à l’investissement au sein de la zone euro, ce qui permet d’éviter une hausse importante des taux d’intérêt. Le maintien d’un taux d’intérêt réel à long terme identique à la croissance potentielle, ou même légèrement plus bas (0,8 % actuellement), favorise le maintien de la soutenabilité de l’ensemble des dettes. Ce scénario suppose que les investisseurs aient confiance dans le potentiel économique et financier de la zone euro. Pour le moment, les États-Unis captent une partie de l’épargne car les taux d’intérêt qui y sont proposés sont supérieurs à ceux de la zone euro. Le taux d’intérêt de l’obligation d’État à 10 ans est de 4 % aux États-Unis et de 3 % en zone euro. Entre 2016 et 2023, l’indice américain S&P 500 a progressé de plus de 66 % quand l’Eurostoxx n’a augmenté que de 33 %. Le Return on Equity (ROE), indicateur d’analyse financière qui correspond au rapport entre le résultat net et les capitaux investis par les actionnaires, est de 17 % aux États-Unis contre 11 % en zone euro.

Le faible taux de la croissance potentielle et les incertitudes politiques ne favorisent pas la réallocation de l’épargne des Européens en Europe. Les réticences des États membres à s’engager dans un processus fédéral au niveau budgétaire constituent également un facteur jouant contre cette réorientation interne de l’épargne. A contrario, les États-Unis attirent les capitaux extérieurs avec une politique de soutien agressive (Inflation Reduction Act par exemple). Pour favoriser un investissement de l’épargne en zone euro, les États membres devront donc améliorer l’attractivité de leurs projets. Ils auraient tout avantage à recourir à des émissions de titres par l’Union européenne, ce qui favoriserait l’émergence d’un grand marché de capitaux européen.

Epargne : le Livret A, un pari redevenu gagnant

Dans les colonnes des Echos, Philippe Crevel évoque l’attrait retrouvé du Livret A du fait de la baisse de l’inflation. Longtemps en territoire négatif, le rendement réel du placement est redevenu positif avec la décrue des prix. Il note cependant que « l’inflation a baissé moins vite que prévu ».

Le prix de l’or dépasse son record historique, à plus de 2451 dollars l’once

Philippe a été invité à commenter dans les colonnes du Figaro l’envolée du cours de l’or. Ce niveau record est selon lui du au fait que « la Russie, la Chine ou les pays du Golfe achètent beaucoup d’or en ce moment, autant par instinct de puissance que pour réduire leur dépendance au dollar.»

L’assurance-vie retrouve la cote devant le livret A, l’immobilier et le PER

Dans cet article consacré aux placements préférés des Français, Challenges décrypte les résultats de l’enquête Amphitéa-Cercle de l’Epargne.

Épargne : le taux du Livret d’épargne populaire (LEP) abaissé à 4%

Sur Europe 1, Philippe Crevel commente la baisse du taux du LEP.

Epargne : le taux du livret d’épargne populaire abaissé à 4 % au 1er août

Avant l’annonce de la baisse du taux du LEP en vigueur à compter du 1er août prochain, les Echos se sont intéressés à la décision que pourrait prendre Bruno Le Maire, quelques jours après les élections législatives. Philippe Crevel qui estimait alors que  « Bruno Le Maire pourrait être tenté de fixer le taux du LEP. Une hypothèse confirmée par le Bercy.

Taux des livrets d’épargne : une décision avant tout politique

Cité dans le média Le Revenu, Philippe Crevel, directeur du cercle de l’Épargne, estime que l’exécutif en place pourrait décider d’abaisser le taux du LEP à 4%, une voie intermédiaire, entre le taux actuel et le taux prévu en cas de respect de la formule réglementaire.

Épargne. Livret A, Livret Jeune, LDDS, LEP… Quels taux à partir du 1er août ?

, Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne est cité dans cet article consacré aux taux des produits d’épargne réglementée. Il précise la manière dont les taux sont déterminés tout en rappelant que le Ministre de l’Economie et des Finances conserve un pouvoir discrétionnaire dans la fixation des taux.

Livret d’épargne populaire (LEP) : ce qui attend les épargnants le 1er août prochain

Le Directeur du Cercle de l’Epargne est cité dans un article consacré au LEP et au taux applicable au 1er août prochain.

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