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Le PER, 5 ans après : un nouveau pilier de l’épargne française ?

Le Plan d’Épargne Retraite (PER), né de la loi relative à la croissance et la transformation des entreprises (PACTE) du 22 mai 2019, a été officiellement le 1er octobre de la même année. Ce produit qui fête ainsi sa cinquième année a réussi à gagner le défi de la notoriété malgré un contexte économique complexe, marqué par l’épidémie de Covid, la guerre en Ukraine, et la vague inflationniste.

Au sommaire de cette étude :

  • L’essor du PER en chiffres
  • Le PER, la solution face à la crainte d’une perte de pouvoir d’achat à la retraite
  • Le PER, jugé intéressant par 57 % des Français
  • Qui a fait le choix du PER ?
  • Les atouts pluriels du PER

La portabilité à l’international des droits à la retraite : une question d’actualité

La mobilité internationale des travailleurs est un phénomène en pleine expansion au sein des pays occidentaux, avec des conséquences notables en matière de retraite, notamment sur la question de la portabilité des droits.

L’augmentation de la mobilité internationale au sein de l’OCDE

Les chiffres de l’OCDE montrent une augmentation significative de la mobilité internationale des travailleurs au cours des dernières décennies. En 2020, environ 5 % des travailleurs des pays de l’OCDE vivaient à l’étranger, un chiffre qui a plus que doublé depuis les années 1990. Cette hausse reflète la diversification des opportunités professionnelles dans des secteurs comme la technologie, les services financiers et l’ingénierie, amenant de nombreux actifs à changer de pays. Les nouvelles technologies facilitent également ces transitions en permettant le maintien des contacts et en ouvrant de nouvelles perspectives de carrière.

La mobilité est particulièrement forte au sein de l’Union européenne (UE), où le principe de libre circulation permet aux citoyens de travailler dans n’importe quel pays membre sans restriction. Selon Eurostat, plus de 17 millions de citoyens de l’UE vivaient, en 2023, dans un pays différent de celui où ils sont nés ou ont grandi, un chiffre en constante augmentation. En 2023, environ 2,5 millions de Français vivaient et travaillaient à l’étranger, selon des données du ministère des Affaires étrangères, incluant des expatriés dans l’UE et dans des pays tiers. Parmi eux, une majorité réside en Europe (Suisse, Royaume-Uni, Belgique, Allemagne), tandis qu’une part croissante choisit des destinations hors Europe, comme le Canada, les États-Unis ou les pays asiatiques.

Les enjeux de la portabilité des droits à la retraite

Avec l’accroissement de la mobilité internationale, la question de la portabilité des droits à la retraite devient cruciale pour garantir des revenus suffisants à la cessation de l’activité professionnelle. La portabilité des droits à la retraite fait référence à la capacité pour un travailleur de conserver et transférer ses droits de retraite d’un pays à un autre sans perte de bénéfices. Ce mécanisme vise à garantir que les périodes de travail dans différents pays soient prises en compte dans le calcul des prestations de retraite.

La situation en France

En France, la portabilité des droits à la retraite est régie par des accords bilatéraux et des règlements européens. Les travailleurs français qui ont exercé dans un autre pays de l’UE ou dans un pays ayant signé un accord de sécurité sociale avec la France bénéficient d’un mécanisme de « totalisation des périodes d’assurance ». Cela signifie que les périodes de cotisation dans les pays concernés par un accord peuvent être cumulées pour atteindre la durée minimale requise pour bénéficier d’une pension de retraite. Toutefois, le montant de la pension est calculé proportionnellement à la durée de cotisation dans chaque pays. Par exemple, si un travailleur a cotisé pendant 10 ans en France et 10 ans en Allemagne, chaque pays versera une pension proportionnelle aux années cotisées sur son territoire.

La situation dans l’Union européenne

La coordination des systèmes de retraite au sein de l’UE repose sur des règlements européens facilitant la libre circulation des travailleurs. Le règlement (CE) n° 883/2004 sur la coordination des systèmes de sécurité sociale constitue le cadre juridique de référence. Il garantit aux travailleurs mobiles la possibilité de totaliser les périodes de cotisation effectuées dans différents États membres sans perdre leurs droits.

L’un des principaux défis de cette coordination réside dans la diversité des systèmes de retraite. Certains pays, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, ont des systèmes fortement contributifs, basés sur les cotisations salariales, tandis que d’autres, comme la France, combinent régimes de répartition et régimes par points. Cette diversité des modes de calcul et des taux de remplacement complique l’harmonisation des règles et nécessite une coordination renforcée entre les États membres pour garantir une portabilité efficace des droits à la retraite.

Coordination des régimes de retraite en Europe

La coordination des régimes de retraite entre les pays européens vise à garantir aux travailleurs mobiles la prise en compte de leurs droits acquis dans différents États membres au moment de leur départ à la retraite. Cette coordination repose sur trois principes clés :

  • Totalisation des périodes de cotisation : les périodes de travail dans différents pays de l’UE sont cumulées pour atteindre la durée minimale requise pour percevoir une pension. Chaque pays calcule ensuite la pension proportionnellement à la durée de cotisation sur son territoire.
  • Règles anti-double-cotisation : pour éviter que les travailleurs ne cotisent simultanément dans plusieurs pays, des règles spécifiques déterminent quel pays est compétent pour percevoir les cotisations de retraite (généralement celui où l’activité professionnelle est exercée).
  • Transparence et simplification : les procédures administratives liées au transfert des droits à la retraite sont de plus en plus numérisées, avec des systèmes comme le Système d’échange électronique d’informations de sécurité sociale (EESSI).

Malgré ces avancées, des défis subsistent. Par exemple, la reconnaissance des périodes de cotisation non contributives (chômage, maladie) varie d’un pays à l’autre, créant des inégalités dans le calcul des pensions.

Les défis à venir

Avec la montée de la mobilité internationale et la diversité des systèmes de retraite au sein de l’OCDE, il devient urgent de renforcer la coordination pour améliorer la couverture vieillesse des travailleurs. Trois principaux défis se dessinent :

L’harmonisation des systèmes : bien que la coordination ait permis des avancées, une harmonisation plus poussée des règles de calcul des pensions pourrait être nécessaire pour accroître la transparence et la prévisibilité des droits à la retraite pour les travailleurs mobiles.

La gestion des retraites privées : avec le développement des systèmes de retraite privés et des plans d’épargne retraite (PER), la portabilité des droits au-delà des régimes publics devient un enjeu crucial. La directive européenne IORP II (Directive sur les institutions de retraite professionnelle) tente de répondre à ce défi, mais les disparités entre les régimes privés demeurent importantes.

La protection des travailleurs précaires : les travailleurs indépendants et temporaires, de plus en plus nombreux parmi les travailleurs mobiles, rencontrent souvent des difficultés à transférer leurs droits à la retraite. Des mécanismes spécifiques doivent être développés pour offrir une meilleure protection à cette catégorie de travailleurs.

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L’internationalisation des carrières pose des défis importants en matière de portabilité des droits à la retraite. Bien que la coordination européenne ait permis des progrès, les systèmes actuels doivent s’adapter aux évolutions rapides des carrières et des modes de travail. L’avenir de la portabilité des droits repose sur une harmonisation renforcée des systèmes, une plus grande transparence et une coopération internationale accrue.

La gestion des retraites face à la révolution numérique

L’ensemble des activités économiques est impacté par la montée en puissance du numérique et de l’intelligence artificielle. Les services publics et privés s’équipent et transforment en profondeur leurs processus, avec pour objectif l’amélioration des prestations. La révolution numérique redéfinit en effet de manière radicale les structures économiques et sociales. Le secteur des retraites ne fait pas exception, d’autant plus qu’il est confronté à un autre défi : le vieillissement démographique, qui l’oblige à repenser son modèle. La transition numérique offre des opportunités inédites pour optimiser la gestion des retraites, améliorer l’expérience des assurés et sécuriser les processus, notamment en renforçant la lutte contre les fraudes.

Amélioration des relations avec les assurés

La digitalisation des services de retraite permet une amélioration significative de l’interaction entre les organismes de retraite et les assurés. Ces derniers ont pris l’habitude de consulter en ligne leur relevé de carrière et d’estimer leurs droits à la retraite via des simulateurs. La liquidation des droits est largement dématérialisée, avec la possibilité d’effectuer des demandes de correction en ligne.

Les caisses de retraite, de base et complémentaire, ont mis en place des espaces personnels sécurisés où les assurés peuvent accéder à leurs informations en temps réel. Elles ont également développé des applications mobiles, multipliant ainsi les canaux de communication avec les assurés. L’utilisation de chatbots basés sur l’IA permet de répondre instantanément aux questions courantes. L’automatisation des tâches intervient au moment où le nombre de dossiers à traiter augmente rapidement en raison de l’arrivée à l’âge de la retraite des baby-boomers.

Optimisation des processus internes

La digitalisation ne se limite pas à améliorer l’interface avec les assurés, elle optimise également les processus internes des organismes de retraite. L’utilisation de la robotique logicielle a permis l’automatisation des tâches administratives, comme le traitement des demandes ou la gestion des dossiers. La numérisation des documents facilite le stockage, la recherche et le partage d’informations, tout en réduisant le recours aux supports papier. Les plateformes numériques intègrent divers systèmes informatiques, renforçant ainsi la cohérence des données et l’efficacité opérationnelle.

La Blockchain, un outil puissant au service des organismes de retraite

La blockchain est une technologie de registres distribués permettant un stockage sécurisé et transparent des transactions. Elle garantit un suivi des opérations avec un risque de fraude réduit. Dans le domaine des retraites, elle peut être utilisée pour sécuriser les cotisations, les droits acquis et les transactions entre les différentes parties prenantes.

Avantages de la Blockchain

La nature décentralisée et cryptée de la blockchain rend les données pratiquement infalsifiables. Chaque transaction est enregistrée de manière immuable, garantissant une traçabilité complète des cotisations et des droits. La blockchain permet également l’automatisation des processus grâce aux « smart contracts », réduisant ainsi les délais et les coûts administratifs.

Défis et limitations

La diffusion de la blockchain est freinée par la complexité et les coûts informatiques qu’elle peut générer. L’interopérabilité avec les systèmes existants reste un défi majeur. De plus, les cadres juridiques autour de la blockchain sont encore en cours de développement, ce qui peut soulever des questions de conformité. L’adoption de cette technologie nécessite également des efforts importants de formation pour les organismes concernés. Plusieurs initiatives sont cependant en cours : aux Pays-Bas, plusieurs fonds de pension explorent l’utilisation de la blockchain pour la gestion des données des participants, et au Japon, le système de retraite envisage l’utilisation de la blockchain pour sécuriser les enregistrements des cotisations.

Personnalisation accrue des simulations

La mise à disposition croissante des données personnelles et financières des assurés permet de proposer des simulations de retraite de plus en plus personnalisées et rapides. Les algorithmes prédictifs permettent de modéliser les droits à la retraite en fonction des trajectoires professionnelles probables. Les utilisateurs peuvent, en temps réel, ajuster des variables telles que l’âge de départ, les niveaux de cotisation ou les changements de carrière pour voir leur impact sur les pensions.

Le numérique au service de l’éducation financière

Les outils numériques contribuent à une meilleure compréhension des enjeux de la retraite, incitant les individus à prendre des décisions éclairées. Grâce à l’intelligence artificielle, les simulateurs proposent des conseils personnalisés pour mieux préparer financièrement sa retraite.

L’intelligence artificielle, un changement de dimension

Le big data analytics permet d’améliorer la qualité des simulations en analysant de vastes ensembles de données. L’apprentissage automatique améliore continuellement la précision des modèles prédictifs.

Les conséquences pour les organismes de retraite

Les assurés deviennent plus autonomes, ce qui réduit la charge pesant sur les centres d’appels. Les données fournies permettent également aux organismes de retraite de mieux anticiper les besoins futurs.

Rôle de l’IA dans la gestion d’actifs

Les systèmes prédictifs qui s’autoalimentent permettent de mieux calibrer les besoins financiers dans le temps et de gérer les réserves plus efficacement. Les algorithmes d’apprentissage automatique analysent en temps réel les données de marché pour identifier des opportunités d’investissement. Ils peuvent également évaluer les risques associés à différents actifs et stratégies.

L’usage des outils numériques dans la gestion d’actifs, bien qu’ayant parfois accentué la volatilité des marchés, est aujourd’hui mieux maîtrisé grâce aux progrès technologiques et réglementaires. L’intelligence artificielle (IA), en éliminant les biais psychologiques, ne peut toutefois pas se substituer totalement à l’humain. Elle présente des défis en termes de transparence et de conformité réglementaire. Une trop grande dépendance à la technologie peut aussi créer des vulnérabilités.

Avantages de l’IA

L’IA peut contribuer à des rendements plus élevés grâce à une analyse fine des données et une réactivité accrue aux fluctuations du marché. Elle permet également une personnalisation plus poussée des portefeuilles. Par exemple, le fonds de pension ABP aux Pays-Bas utilise l’IA pour optimiser son allocation d’actifs, et BlackRock intègre l’IA dans sa plateforme « Aladdin » pour améliorer la gestion des risques et la performance des portefeuilles.

Les dangers

La digitalisation expose les organismes de retraite à des risques accrus de cyberattaques. La protection des données personnelles est désormais un enjeu majeur. Les établissements financiers doivent se conformer à des réglementations strictes, comme le Règlement général de protection des données (RGPD) en Europe, pour protéger les informations sensibles des assurés et éviter les fraudes.

Des solutions

Le numérique permet de limiter les fraudes, que ce soit au niveau de l’assurance ou des banques. La blockchain améliore la traçabilité des transactions, tandis que le cryptage avancé et l’authentification multi-facteurs renforcent la sécurité des systèmes. L’IA peut également détecter les anomalies et comportements suspects en temps réel.

L’Internet des objets et la retraite

L’Internet des objets (montre avec des applications santé, détecteurs de chute, etc.) pourrait fournir des données supplémentaires pour personnaliser les services offerts aux retraités, notamment en surveillant leur état de santé.

Le développement des études comportementales

L’intégration de principes d’économie comportementale dans la gestion des retraites permet de mieux comprendre les comportements des épargnants. Cependant, il existe un risque d’utilisation abusive de ces techniques pour manipuler et porter atteinte au libre arbitre.

La multiplication des partenariats

Les solutions digitales facilitent les partenariats en réduisant les coûts d’interopérabilité entre différents systèmes et plateformes. L’IA permet de développer des solutions à moindre coût en réunissant des acteurs de divers secteurs.

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La transition numérique transforme en profondeur la gestion des retraites, offrant des opportunités d’amélioration en termes d’efficacité opérationnelle, de sécurité et d’expérience des assurés. Toutefois, ces avancées sont autant de défis. La collaboration entre les acteurs du secteur, les régulateurs et les fournisseurs de technologies sera essentielle pour exploiter pleinement le potentiel de la révolution numérique dans le domaine des retraites.

Nota bene : cette étude a été réalisée en utilisant les données provenant des documents suivants :

  • OECD Pensions Outlook 2022 – Un rapport détaillé sur les tendances mondiales en matière de retraite et l’impact des technologies numériques.
  • « Blockchain Technology in Pension Systems », World Economic Forum, 2021 – Une analyse approfondie de l’application de la blockchain dans les systèmes de retraite.
  • « Artificial Intelligence in Asset Management », CFA Institute Research Foundation, 2020 – Exploration de l’utilisation de l’IA dans la gestion d’actifs.
  • Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) – Cadre réglementaire pour la protection des données dans l’Union européenne.
  • Rapport « Digital Transformation of Retirement Services », Capgemini Consulting, 2023 – Étude de cas et analyses sur la digitalisation des services de retraite.

La révolution des fonds non cotés en France

Les actifs non cotés, qui incluent le capital-investissement, l’immobilier non coté, et les infrastructures, ont connu un essor important dans les années 2010. La hausse des taux d’intérêt a légèrement ralenti leur progression. Jugés moins volatils que les actifs cotés, ils attirent les investisseurs et les épargnants aisés en quête de rendements élevés. Ces derniers acceptent une part de risque plus importante et une moindre liquidité.

Depuis des années, les pouvoirs publics réfléchissent à la démocratisation de cette classe d’actifs. Celle-ci pourrait se concrétiser avec l’obligation, pour les Plans d’Épargne Retraite (PER), d’inclure, dans le cadre de la gestion pilotée, des fonds non cotés à compter du 24 octobre 2024, une première en Europe. Cet élargissement de l’accès aux fonds non cotés vise également à faciliter le financement des entreprises françaises.

Les actifs non cotés : une classe d’actifs en plein essor

Les actifs non cotés sont des placements dans des entreprises, des infrastructures ou de l’immobilier qui ne sont pas échangés sur les marchés financiers publics. Les actifs non cotés comprennent trois principales catégories :

  • le private equity (capital-investissement) ;
  • l’immobilier non coté ;
  • les infrastructures.

L’évolution des actifs non cotés dans le monde au cours des 20 dernières années a été marquée par une croissance importante. Le suivi de l’encours du non coté reste complexe en raison de son caractère hétérogène et de l’absence de cotation. De ce fait, les montants varient d’une source à l’autre.

Au début des années 2000, les actifs non cotés représentaient une part relativement modeste des portefeuilles d’investissement, avec environ 700 milliards de dollars d’actifs sous gestion dans le private equity mondial. La crise financière de 2008 a accéléré la croissance des actifs non cotés. Alors que les marchés cotés se sont révélés très volatils, les actifs non cotés, notamment dans le capital-investissement et l’immobilier, ont montré une certaine résilience. En 2010, le secteur du private equity atteignait près de 2 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

Après la crise, les investissements dans les infrastructures ont augmenté, en particulier grâce aux politiques de relance des gouvernements qui visaient à développer les réseaux de transport et d’énergie. Les infrastructures numériques ont également donné lieu à des partenariats avec le privé, qui a cherché à se financer sur les marchés. Les fonds de pension, les compagnies d’assurances et les investisseurs institutionnels, ainsi que les family offices, ont accru leurs investissements dans le non coté. En 2020, le marché mondial du private equity atteignait environ 5 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Initialement dominé par les États-Unis, le marché du non coté s’est mondialisé et son accès s’est démocratisé dans les années 2020. En 2024, les actifs non cotés, y compris les infrastructures et l’immobilier, pourraient atteindre entre 25 000 et 30 000 milliards de dollars.

Le non coté aux États-Unis et en Europe

Le marché des actifs non cotés aux États-Unis reste le plus développé au monde, représentant entre 55 % et 60 % du marché mondial. Son encours dépasse 8 000 milliards de dollars et croît à grande vitesse. Les fonds levés en 2023 auraient dépassé 1 000 milliards de dollars.

Le Royaume-Uni, malgré le Brexit, reste, en Europe, un acteur majeur du private equity et des actifs non cotés. En 2023, 80 milliards de livres sterling ont été levés par des fonds de capital-investissement. Le secteur immobilier, avec des fonds comme British Land ou Landsec, représente environ 60 milliards de livres sterling investis dans des actifs non cotés, notamment dans l’immobilier commercial. L’encours du non coté au Royaume-Uni dépasserait 11 000 milliards de dollars.

En Allemagne, le capital-investissement est plus modeste en termes de volume par rapport aux pays anglo-saxons, avec des levées de fonds d’environ 25 milliards d’euros en 2023. Cependant, l’immobilier non coté y est un pilier du marché, avec des investissements dans des projets de logements abordables et d’infrastructures urbaines. L’encours du non coté en Allemagne est estimé à environ 2 300 milliards de dollars.

Le non coté en France

En 2023, le volume des actifs non cotés gérés en France dépasserait 4 600 milliards d’euros. Ce montant élevé est lié à l’importance du secteur financier français, dont le champ d’action dépasse les frontières hexagonales. Les flux annuels pour le non coté atteindraient environ 100 milliards d’euros, dont 60 milliards d’euros pour le capital-investissement. Environ 2 000 entreprises françaises bénéficieraient de ces financements, grâce au soutien des investisseurs institutionnels, des fonds familiaux et des gestionnaires d’actifs. Plus de 45 milliards d’euros sont investis dans des bureaux, commerces et résidences spécialisées, et 20 milliards d’euros dans les infrastructures. Le non coté en France affiche une croissance annuelle de 8 % à 12 % depuis une décennie.

Le capital-investissement

Le capital-investissement représente un pilier central des actifs non cotés en France. Sur un total de 60 milliards d’euros, 35 milliards ont été levés par des sociétés de gestion d’actifs. Les investissements se répartissent comme suit :

  • 40 % dans des entreprises en phase de croissance ;
  • 30 % dans des opérations de rachat (LBO) ;
  • 15 % dans des startups ou des entreprises en démarrage ;
  • 15 % dans d’autres secteurs, comme l’immobilier et les infrastructures.

Les secteurs des technologies, des énergies renouvelables et de la santé ont particulièrement attiré les investisseurs en raison de leur potentiel de croissance et de leur rôle dans la transition écologique et numérique.

En 2023, le rendement moyen du private equity en France reste élevé, avec un taux de rentabilité interne (TRI) de 13,3 % sur 10 ans, malgré un contexte économique plus complexe.

L’immobilier

L’immobilier est la deuxième composante majeure des actifs non cotés en France. Les SCPI ont collecté, en 2023, 5,7 milliards d’euros de collecte nette, tandis que le crowdfunding immobilier a levé 1,5 milliard d’euros. Le rendement moyen de l’immobilier non coté oscille entre 3 % et 5 %, le crowdfunding pouvant offrir des rendements supérieurs à 7 %.

Les infrastructures

L’investissement dans les infrastructures non cotées en France a atteint 13,6 milliards d’euros en 2023. Les fonds se concentrent principalement sur les secteurs de l’énergie, des télécommunications, des transports et des infrastructures de santé, avec une part croissante dédiée aux énergies renouvelables. Les fonds infrastructures ont pu offrir, en 2023, des rendements entre 6 et 8 %.

La nouvelle réglementation des PER

À compter du 24 octobre 2024, les PER devront inclure des fonds non cotés dans le cadre de la gestion pilotée. Cette réforme vise à rediriger l’épargne des particuliers vers des investissements productifs, tout en diversifiant les portefeuilles. Les fonds non cotés devraient représenter entre 3 % et 8 % des allocations d’actifs des PER, selon l’horizon de placement.

Cette réforme pourrait permettre une injection supplémentaire de 10 à 15 milliards d’euros dans les actifs non cotés chaque année, favorisant ainsi le financement des PME et des projets d’infrastructures en France.

De nouveaux défis pour les gestionnaires de PER

L’introduction des fonds non cotés dans les PER pose des défis pour les établissements financiers. Ils doivent être capables de gérer potentiellement plusieurs milliards d’euros tout en garantissant une liquidité suffisante pour les souscripteurs, car les actifs non cotés sont moins facilement revendables que les actifs cotés. De plus, la valorisation des actifs non cotés est plus complexe, nécessitant des estimations internes ou des transactions comparables, ce qui peut parfois entraîner une surévaluation ou une sous-évaluation des actifs.

Dans les prochaines années, les actifs non cotés représenteront une part croissante du paysage économique français. Cependant, des défis persistent, notamment en termes de liquidité, de transparence et de régulation. Les nouvelles technologies, comme la blockchain, pourraient jouer un rôle clé dans l’avenir de ces actifs en facilitant leur tokenisation et en augmentant leur liquidité.

« Le bien vieillir », une priorité chez AG2R LA MONDIALE

© Nicolas Gouhier

Dans la dernière enquête Amphitéa/Cercle de l’Épargne ; la notion de « bien vieillir » renvoie fort naturellement, pour 72 % des personnes vivant en France, à « être en bonne santé ». Ce ratio dépasse plus de 80 % pour les plus de 65 ans. Comment AG2R LA MONDIALE, qui est un acteur important en matière de santé et de prévoyance, œuvre pour le bien vieillir ?

Avec la hausse de 50 % du nombre de Français de 75 à 84 ans d’ici 2030 et la hausse de 50 % du nombre de Français de plus de 85 ans de 2030 à 2040, le bien vieillir est un des grands défis de notre XXIe siècle. C’est une des priorités d’AG2R LA MONDIALE qui oriente nos actions pour toujours mieux accompagner nos 15 millions de clients adhérents, à tous les âges de la vie.

Si bien vieillir en bonne santé ne se décrète pas, il est possible pour chacun d’entre nous d’agir en adoptant au plus tôt les bons réflexes qui contribueront à nous maintenir en forme le plus longtemps possible. Bien dans son corps, bien dans sa tête, bien chez soi, bien avec les autres… Pour ses 15 millions de personnes et d’ayants droit protégés, AG2R LA MONDIALE s’adapte et innove tant en santé qu’en prévoyance pour que chacun puisse être acteur de son avancée en âge pour rester autonome, entouré et épanoui.

Et parce que le bien vieillir est indissociable du bien travailler, nous sommes aux côtés des partenaires sociaux pour développer une culture de prévention au sein des régimes de protection sociale complémentaire. Dans ce cadre, nous agissons à plusieurs niveaux. Tout d’abord en nous appuyant sur notre programme « Branchez-vous santé » qui intègre des dispositifs de prévention destinés aux entreprises des branches adhérentes et à leurs salariés, sur des enjeux de santé prioritaires tels que la santé bucco-dentaire, l’épuisement professionnel des dirigeants de TPE/PME, ou encore la lutte contre la récidive de cancers.

Ensuite, notre connaissance historique des branches professionnelles nous permet d’identifier, en proximité avec les partenaires sociaux des branches, les besoins spécifiques des différentes filières et de mettre en œuvre des programmes et actions ciblés, tant en prévention des risques professionnels qu’en santé publique. Nous coconstruisons dans le cadre d’accords de branches, des actions spécifiques pilotées par les partenaires sociaux pour faire face aux risques inhérents de certains métiers comme le programme sur mesure de lutte contre les troubles veineux dans la boulangerie artisanale, la prévention des incivilités au sein des cabinets vétérinaires, etc. Enfin et au travers des Pôles Professionnels d’AG2R LA MONDIALE, nous proposons entre autres des actions de prévention à destination des professionnels des métiers de l’alimentaire, de la coiffure et de l’Économie Solidaire et Sociale.

Bien travailler et bien vieillir, c’est aussi anticiper sa retraite. AG2R LA MONDIALE, avec l’Agirc-Arrco, accompagne ses assurés dans cette étape cruciale de la vie grâce à des rendez-vous réguliers auprès des salariés. Il s’agit d’actions qui favorisent le bien travailler et le bien vieillir, piliers de notre responsabilité sociale d’entreprise (RSE) comme « Les Rendez-vous de la retraite », la formation « Bien préparer sa retraite » dispensées en entreprise ou des webinaires pour mieux comprendre le système de retraite et épauler les salariés.

<Le bien vieillir est, pour un groupe de protection sociale dont la retraite est au cœur de ses métiers, un objectif majeur. Acteur majeur de la complémentaire Agirc-Arrco, de l’épargne retraite ainsi que des résidences service sénior, AG2R LA MONDIALE accompagne et conseille ses assurés afin de faciliter leur vie. Dans cette optique, un portail dédié aux aidants réunissant plus de 32 000 membres (www.aidonslesnotres.fr) a été créé afin de promouvoir la solidarité intergénérationnelle comme la cohabitation entre jeunes et seniors.

Toujours au nom du bien vieillir, une large majorité des seniors souhaite rester le plus longtemps possible dans son logement. Quelles sont les solutions que propose AG2R LA MONDIALE pour faciliter ce maintien à domicile ? Quels services proposez-vous quand le maintien à domicile n’est plus possible ?

En effet, bien vieillir chez soi est un souhait unanimement partagé par les plus de 60 ans. L’action sociale d’AG2R LA MONDIALE et ses partenaires ont mis en place le « Parcours Autonomie », un parcours d’accompagnement facile et gratuit pour aider à préserver son autonomie ou celle de ses proches : avec l’âge, on est moins alerte et un intérieur non fonctionnel peut accroître les risques d’accident domestique ou de chute. Au-delà de sa nécessaire sécurisation, il s’agit également de rendre son lieu de vie aussi pratique, confortable et ergonomique que possible. Nous proposons également des services à distance, par téléphone ou par mail pour trouver une aide à domicile, être accompagné dans ses démarches administratives, etc. Cela permet de gagner du temps et d’économiser son énergie.

Et quand viennent les difficultés particulières liées à une pathologie lourde, nous sommes là pour affiner, via une visite à domicile, la compréhension des besoins et mettre en place un accompagnement spécifique à chaque étape clé, comme la présentation d’une aide à domicile, la transmission d’informations auprès d’une infirmière, ou bien lors d’un démarrage de travaux d’aménagement.

Entre le domicile, parfois peu adapté à l’avancée en âge, et l’Ehpad, plus souvent subi que choisi, l’action sociale AG2R Agirc-Arrco soutient le développement d’une troisième voie complémentaire : les solutions d’habitats alternatifs. Celles-ci partagent le même objectif qui est de préserver l’autonomie des seniors en créant du lien social. Ainsi, nous avons contribué à la construction de cinq résidences intergénérationnelles à Nice, Strasbourg, Douai, Paris et Nantes. Portés par l’association Habitat et Humanisme, ces lieux de vie à taille humaine accueillent à la fois des seniors, des jeunes et des familles pour favoriser l’entraide et la convivialité entre les générations.

Après la crise Covid, avec le vieillissement des actifs, la question de la prévoyance est un enjeu majeur pour les entreprises. Quels sont les grands défis pour les branches en termes de protection sociale ?

AG2R LA MONDIALE couvre, dans le cadre des accords de branches, plus de 350 000 entreprises dans des secteurs d’activité très variés. Qui dit vieillissement des actifs dit, dans un premier temps, augmentation potentielle de la sinistralité des arrêts de travail au sens large, notamment de la durée des arrêts, des accidents du travail et des risques psychosociaux (moindre résistance au stress, aux changements managériaux et organisationnels…).

L’édition 2024 du Baromètre de l’Absentéisme et de l’Engagement AG2R LA MONDIALE montre qu’au cours des 5 dernières années, les seniors constituent la population qui a connu la plus forte évolution à la hausse du taux d’absentéisme de plus de 3 mois, +41 %.

Ensuite, par le simple effet mécanique des tables de mortalité, qui dit vieillissement des actifs, dit aussi augmentation de la sinistralité liée au décès. Au vieillissement de la population en général, s’ajoute également la nécessité d’accompagner les salariés qui se retrouvent, souvent après 50 ans, dans une situation d’aidance pour des parents ou des proches, alors qu’eux-mêmes peuvent, indépendamment de leur travail, avoir à faire face à une santé plus fragile.

Tout ceci incite donc les partenaires sociaux à mettre en place dans les régimes de branches, des programmes de prévention adaptés, des services d’aides aux aidants ou des accompagnements de gestion des fins de carrière (retraite progressive avec maintien des droits prévoyance sur une base salaire temps plein, stage de préparation à la retraite, etc.).

Notre connaissance historique des branches professionnelles et notre proximité avec les partenaires sociaux nous permettent de proposer des accords de branches santé prévoyance pour près de 110 branches professionnelles tenant compte de ces défis sociétaux et économiques. « Culture branches », notre laboratoire d’idée, se saisit des thèmes, comme celui du bien vieillir, faisant écho aux préoccupations des négociateurs et donc, des besoins des salariés et des entreprises pour construire des régimes de protection sociale robustes et solidaires.

« À contrecourant » par Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Epargne

La dernière campagne législative en France a donné lieu à une surenchère de promesses ayant pour point commun l’accroissement des dépenses publiques, au moment même où le pays fait face à un déficit et à une dette sans précédent en temps de paix. Une situation surréaliste, teintée d’un refus d’admettre la réalité telle est la situation de la France.

L’intendance ne suit plus du tout, conséquence de 50 années de déficit public et d’une économie asphyxiée par un niveau élevé de prélèvements. Les gouvernements ont acheté à crédit la croissance et la paix sociale. Or, ils jouent à Icare en poussant toujours plus haut l’endettement ; la chute est inévitable. En 2024, une fois de plus, il est fait appel à la  solution fiscale. Quelques expédients permettront d’éloigner le bourreau quelques temps.

Dans le passé, les États ayant redressé durablement leurs finances publiques l’ont fait en réalisant des économies et en restructurant leurs administrations. En France, il est plus facile d’ajouter que de retrancher, d’augmenter que de redéployer… La dette publique se nourrit de cette incapacité à faire des choix. Sur les 1 000 milliards d’euros de dettes supplémentaires accumulées depuis 2016, 25 % proviennent des crises (des Gilets jaunes à la guerre en Ukraine, en passant par la Covid-19), 25 % des allégements fiscaux et 50 % de la poursuite de la tendance passée.

Les retraites sont devenues, au fil des années, le principal poste de dépenses responsable de l’augmentation de la dette publique. 20 % des dépenses de retraite ne sont pas financées. Ainsi, le régime des fonctionnaires de l’État alimente le déficit à hauteur de 40 milliards d’euros. Le taux de cotisation de l’État employeur atteint fictivement plus de 90 %, contre 28 % dans le secteur privé. Selon une étude de Jean-Pascal Beaufret, publiée dans la revue Commentaire qui vient de paraître (numéro 187), de 2012 à 2017, les retraites ont contribué à 434 milliards d’euros de déficit, soit 78 % du montant global des déficits.

Pour masquer la réalité de la dérive financière des retraites en France, un véritable jeu de bonneteau a été institué sous forme de transferts entre les différents régimes et branches de la Sécurité sociale. L’abandon en rase campagne de la réforme systémique, certes mal conçue car jacobine, combiné à un report inopportun de l’âge de départ à la retraite, prive le pays d’un système plus transparent et certainement plus juste. Mais personne ne souhaite ouvrir à nouveau ce dossier. L’idée dominante est plutôt d’abroger ou, à minima, d’aménager la réforme de 2023. Ainsi, l’État continuera avec ses « usines à gaz ». Ce refus de gagner en efficacité traduit une préférence pour le statu quo. Avec un taux d’emploi inférieur de près de 10 points à celui de l’Allemagne et une productivité en berne, nul ne peut espérer le maintien de notre système de protection sociale sans un électrochoc de croissance.

Plutôt que de promettre toujours plus de dépenses, il serait raisonnable de commencer par indiquer comment elles pourraient être financées. La solution la plus simple et, la seule pérenne, est l’augmentation du volume de travail. Des pays comme l’Espagne ou la Pologne l’ont compris, pourquoi ne pourrions-nous pas y parvenir ?

Jean-Pierre Thomas

Président du Cercle de l’Épargne

Impôts : la « niche fiscale » du PER est-elle menacée ?

Invité à réagir au rapport sur la fiscalité de l’épargne retraite présenté par fin septembre par les députés Charles de Courson et Félicie Gérard, Philippe Crevel rappelle que le PER permet, à certains actifs (cadres, professions intellectuelles supérieures, professions libérales) de compenser un taux de remplacement qui sera bien plus faible que la moyenne des Français. Interrogé, par ailleurs, sur la remise en question du régime de succession, jugé trop favorable par les auteurs du rapport, Philippe Crevel estime que « nous n’avons pas le recul suffisant pour savoir s’il y a eu beaucoup de montages permettant de réduire les droits de succession » et appelle à ne pas détricoter un dispositif qui en a peine 5 ans tend à s’imposer dans le paysage de l’épargne français.

Rapport d’information sur l’épargne retraite en France : ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Les députés Félicie Gérard et Charles de Courson ont présenté le 27 septembre dernier un rapport d’information sur la fiscalité de l’épargne retraite. Cinq ans après le lancement du Plan d’Épargne Retraite (PER), un rapport d’information de l’Assemblée nationale propose d’en modifier certaines règles. Si tout travail d’évaluation est louable, il ne doit pas aboutir à déstabiliser un produit d’épargne qui par nature a besoin de temps pour faire ses preuves. Les initiateurs du PER souhaitaient faciliter l’accès à l’épargne retraite et réorienter l’épargne des Français vers des placements longs. Or, pour opérer des changements de comportement, une stabilité des règles est indispensable.

L’état des lieux

La mission d’information, qui avait commencé ses travaux avant la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, avait pour objectif d’évaluer les effets de la réforme de 2019 sur l’épargne retraite. Elle reconnaît que le Plan d’Épargne Retraite (PER) a permis une simplification du cadre juridique et fiscal, en créant un produit unifié regroupant trois compartiments :

  • PER individuel (PERIN) ;
  • PER d’entreprise collectif (PERECO) ;
  • PER d’entreprise obligatoire (PERO).

Cette architecture unifiée remplace des dispositifs complexes et variés tels que le PERP, le contrat Madelin, la Préfon, l’UMR, le PERCO ou encore l’article 83 du Code général des impôts, qui posaient des problèmes de lisibilité pour les épargnants.

Malgré un contexte difficile, le PER a connu une croissance rapide depuis son lancement. Son encours est passé de 5,9 milliards d’euros en janvier 2020 à 108,8 milliards en mars 2024. Cependant, l’épargne retraite reste relativement modeste en France, en particulier parmi les jeunes et les ménages à faibles revenus. Un quart des actifs seulement est couvert par un produit d’épargne retraite.

La question des incitations fiscales

Le rapport d’information souligne que le PER bénéficie d’incitations fiscales intéressantes : déduction sous plafond des versements du revenu imposable, avantages en matière de succession. Cependant, les rapporteurs ont signalé que les ménages modestes étaient exclus du dispositif de déductibilité des cotisations sur le revenu. Le rapport préconise une évaluation des impacts de cette déductibilité, notamment sur les recettes fiscales à long terme, et suggère d’examiner des réformes pour rendre le dispositif plus attractif pour les foyers moins imposés. Les rapporteurs s’interrogent également sur la pertinence du dispositif en cas de décès, qui ressemble à celui de l’assurance-vie.

La logique de la déduction des cotisations à l’épargne retraite

La déductibilité des cotisations à l’épargne retraite de l’assiette de l’impôt sur le revenu repose sur la nature même du produit. En effet, la logique de cette déduction est directement liée à l’objectif de constituer un supplément de revenus ou de capital en vue de la retraite. À l’instar des cotisations des régimes par répartition, celles des régimes sont déductibles dans la limite d’un certain plafond. Ce système est souvent critiqué au motif qu’il favoriserait les ménages aisés. À première vue, l’effet de la déduction est plus important pour les contribuables soumis aux taux les plus élevés du barème de l’impôt sur le revenu. Cependant, ces mêmes contribuables sont ceux dont le taux de remplacement (ratio pensions/derniers revenus d’activité) est le plus faible. Si le taux de remplacement moyen avoisine 75 % en France, il est d’environ 57 % pour les cadres et inférieur à 50 % pour les cadres supérieurs, les indépendants ou les professions libérales. Ce faible taux de remplacement découle du plafonnement des pensions des régimes obligatoires (50 % du plafond annuel de la Sécurité sociale pour le régime général de base quand pour le régime AGIRC/ARRCO les cotisations sont perçues dans la limite de huit fois le plafond annuel de la Sécurité sociale). Ce plafonnement est jugé socialement juste, car, sans lui, les personnes à hauts revenus, qui ont souvent une espérance de vie supérieure à la moyenne, auraient bénéficié davantage que les personnes à revenus modestes des régimes obligatoires. La déductibilité des régimes supplémentaires par capitalisation constitue, de fait, une compensation partielle à ce plafonnement.

Pour améliorer la diffusion du PER auprès des personnes à revenus modestes, les rapporteurs proposent d’ajuster les taux de contribution sociale généralisée (CSG) pour les rentes viagères.

Les rapporteurs estiment que les PER collectifs et obligatoires, mis en place au sein des entreprises, représentent une solution adaptée pour démocratiser l’épargne retraite parmi les ménages modestes. Le rapport suggère de rendre obligatoire la mise en place d’un PERECO dans les entreprises de plus de 11 salariés, sans pour autant contraindre employeurs et salariés à y verser des contributions. Cette mesure viserait à rendre l’épargne retraite plus accessible à des catégories de salariés qui en sont encore largement exclues. Il pourrait également être envisagé des accords de branche visant à généraliser les PER.

La question de l’avantage fiscal en cas de décès du titulaire

Les rapporteurs s’interrogent sur la pertinence du dispositif fiscal en cas de décès du titulaire. À l’instar de l’assurance-vie, si le décès intervient avant 70 ans, la valeur de rachat du contrat est transmise aux bénéficiaires désignés, qui peuvent recevoir :

  • jusqu’à 152 500 euros par bénéficiaire en franchise d’impôt et de taxes sociales ;
  • pour les sommes allant de 152 500 à 700 000 euros, un taux de taxation de 20 % est appliqué ;
  • au-delà de ce montant, le taux passe à 31,25 %.

Si le décès de l’adhérent intervient après 70 ans, les droits de succession s’appliquent sur le montant total des sommes capitalisées, après un abattement de 30 500 euros. Cet abattement est commun à tous les bénéficiaires désignés et à l’ensemble des contrats souscrits par le titulaire (assurance-vie et PER, si l’adhérent possède les deux). Néanmoins, si le conjoint est bénéficiaire, il n’aura aucun droit à payer.

Les rapporteurs soupçonnent que des souscriptions de PER soient effectuées dans le but de réduire les droits de succession. Ils soulignent que les titulaires et les héritiers bénéficient d’un double avantage, avec d’un côté la déductibilité des versements individuels et de l’autre une possible réduction des droits de succession. Le dispositif choisi par le législateur visait à aligner le régime du PER sur celui de l’assurance-vie.

Le rapport recommande d’interdire la souscription d’un PER au-delà de 67 ans et de prévoir un dénouement automatique à 70 ans, afin d’éviter des stratégies d’optimisation fiscale liées à la transmission patrimoniale. Dans les faits, peu d’assureurs proposent des PER au-delà de 70 ans.

Faut-il déshabiller Paul pour habiller Jean ?

Selon le rapport, le PER souffre également de la concurrence directe avec des produits plus connus des épargnants, tels que l’assurance-vie. Les rapporteurs s’interrogent sur la nécessité d’adapter la fiscalité de l’assurance-vie afin de rendre le PER plus compétitif. La France manque d’épargne de long terme investie en actions. Faut-il pénaliser l’assurance-vie, qui joue un rôle clé dans le financement de l’économie, et notamment de l’État ?

Trop d’information tue l’information

La loi PACTE a accru les obligations d’information des titulaires de PER, qui ont désormais accès aux rendements des supports ainsi qu’à une évaluation de leur future rente. Cependant, plus les informations fournies sont nombreuses, plus il devient difficile pour les titulaires de les appréhender réellement. En la matière, l’excès nuit à la clarté.

Pour rendre l’épargne retraite plus attractive, les épargnants doivent pouvoir accéder à une information claire et détaillée sur les différents produits disponibles, leurs coûts, leurs rendements et les avantages fiscaux associés. Le rapport recommande ainsi la généralisation d’outils interactifs permettant de comparer les offres sur le marché et de suivre les performances réelles des PER.

Le PER vient tout juste d’avoir cinq ans. N’est-il pas trop tôt pour envisager une réforme qui pourrait déstabiliser les potentiels souscripteurs ? La stabilité juridique et fiscale est un gage de succès pour tout produit d’épargne.

Assurance vie: un mois d’août tranquille

Résultats de l’assurance vie en août

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

La collecte de l’assurance vie s’est tassée au mois d’août tout en restant positive pour le huitième mois consécutif. Les Français ont privilégié l’épargne de court terme durant la période estivale, les incertitudes politiques les incitant à la prudence et à l’attentisme.

Une collecte nette de 800 millions d’euros

En août 2024, l’assurance vie a enregistré une collecte nette positive de 782 millions d’euros, après +1,9 milliard d’euros en juillet et +2,5 milliards d’euros en juin. Un an auparavant, en août 2023, l’assurance vie avait connu une décollecte de 1,7 milliard d’euros.

Depuis 1997, quatre mois d’août ont enregistré une décollecte : 2011 (-337 millions d’euros), 2012 (-967 millions d’euros), 2022 (-795 millions d’euros), et 2023 (-1,7 milliard d’euros).

La collecte d’août 2024 se situe dans la fourchette basse des collectes enregistrées en août au cours des dix dernières années, la collecte moyenne étant légèrement au-dessus du milliard d’euros (1,15 milliard d’euros).

La collecte nette est négative pour les fonds en euros au mois d’août, pour le quatrième mois consécutif, avec -825 millions d’euros, tandis qu’elle demeure positive pour les unités de compte, avec +1,6 milliard d’euros.

Les cotisations brutes : les unités de compte en recul

Les cotisations brutes se sont élevées en août 2024 à 9,8 milliards d’euros contre 15,9 milliards d’euros en juillet. Cette baisse en août est classique et s’explique par les vacances (fermeture de nombreux cabinets d’assurances et vacances des assurés). En août 2023, la collecte brute s’était élevée à 8,3 milliards d’euros.

Sur les huit premiers mois de l’année 2024, la collecte a atteint 117,1 milliards d’euros, contre 101,5 milliards d’euros pour la même période en 2023. Traditionnellement, en août, le poids des unités de compte est faible au sein de la collecte globale. En 2024, il s’élève à 34 %, contre 41 % en juillet et 38 % en moyenne sur les huit premiers mois de l’année. Ce taux était de 31 % en août 2023. Les assurés versent souvent de manière automatique sur les fonds en euros, tandis que pour les unités de compte, ils sollicitent généralement l’avis de leur conseiller.

Ralentissement du côté des prestations

En parallèle aux cotisations, et pour les mêmes raisons, les prestations se sont établies à 8,968 milliards d’euros en août, contre 14 milliards d’euros en juillet. En août 2023, les prestations s’étaient élevées à 10 milliards d’euros.

Les Français toujours en mode épargne

Sur les huit premiers mois de l’année, l’assurance vie enregistre une collecte nette de +18,8 milliards d’euros, contre 791 millions sur la même période en 2023. Dans un environnement incertain, les ménages restent en mode épargne tout en effectuant des arbitrages au profit des unités de compte. Même si les fonds euros restent en décollecte nette, ils commencent à attirer à nouveau les épargnants. Leur collecte a atteint 64 milliards d’euros sur les huit premiers mois de 2024, contre 61 milliards en 2023.  Les taux promotionnels proposés par les assureurs expliquent sans nul doute ce léger rebond.

Si en 2023 l’assurance vie était distancée en termes de collecte par le Livret A, en 2024, sur les huit premiers mois, elle a repris l’avantage avec un écart de plus de 5 milliards d’euros.

L’encours de l’assurance vie au plus haut

L’encours enregistre un nouveau record, atteignant 1 970 milliards d’euros à fin août 2024, soit une hausse de +4,2 % sur un an.

Une fin d’année pleine d’incertitudes

Avec la baisse de l’inflation, les Français devraient orienter une part plus importante de leur épargne vers des placements longs ce qui devrait profiter à l’assurance vie. Cette dernière pourra compter sur un rendement réel des fonds en euros, redevenu positif durant l’été, ce qui n’avait pas été le cas depuis 2020.

La baisse des taux d’intérêt est, en général, favorable aux actions et donc aux unités de compte. Les taux directeurs ne devraient cependant pas revenir à leur niveau historiquement bas des années 2015/2022, ce qui est un gage de rendement pour les fonds en euros. En outre, les besoins des États, compte tenu de leurs dettes et de leurs déficits, devraient contribuer à la hausse des taux des obligations souveraines.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Léger coup de mou pour le Livret A en août

Retour sur la collecte du Livret A en août avec l’analyse des résultats par le Directeur du Cercle de l’Epargne dans Investir.

Livret A, LEP : un été plus fourmi que cigale

Cité dans le média Boursier.com, le Directeur du Cercle de l’Epargne commente la collecte des principaux produits d’épargne réglementée en août.

Fiscalité : « Les deux impôts qui pourraient rapporter le plus sont ceux qui sont politiquement extrêmement sensibles », selon un économiste

Au Micro de France Info, le Directeur du Cercle de l’Épargne revient sur les impôts susceptible d’être relevé pour réduire le déficit public et leur effets tant en terme financier que sur la croissance.

Normalisation à haut niveau du Livret A

Résultats du Livret A – LDDS – LEP du mois d’août 2024

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Légère baisse de la collecte du Livret A et du LDDS en août, mais l’effort d’épargne perdure

La collecte du Livret A et du Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) a légèrement diminué en août, mais les ménages ont maintenu un effort d’épargne important durant ce mois. Malgré les vacances, ils n’ont pas pioché dans leur épargne de précaution. Cette attitude prudente semble liée aux incertitudes politiques persistantes.

La collecte du Livret A, en août 2024, s’est élevée à 1,5 milliard d’euros, après 1,57 milliard en juillet et 1,23 milliard en juin. Un an plus tôt, elle était de 2,27 milliards d’euros. Le chiffre d’août 2024 se situe dans la moyenne des dix dernières années (1,6 milliard d’euros). Traditionnellement, août est un mois correct pour le Livret A : depuis 2009, seules deux décollectes ont été observées en août (-0,41 milliard en 2015 et -0,48 milliard en 2014).

Sur les huit premiers mois de 2024, la collecte du Livret A atteint 13,21 milliards d’euros, contre 30,27 milliards sur la même période en 2023, une année exceptionnelle. Aucun changement de taux n’a été appliqué au 1er août 2024, le dernier ayant eu lieu le 1er février 2023.

Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) a enregistré une collecte de 490 millions d’euros en août, après 730 millions en juillet et 590 millions en juin. En août 2023, la collecte s’élevait à 740 millions d’euros. Sur les huit premiers mois de 2024, la collecte atteint 6,3 milliards d’euros, contre 10,41 milliards pour la même période en 2023.

Les résultats du LDDS en août sont légèrement supérieurs à la moyenne des dernières années (380 millions d’euros entre 2014 et 2023). Depuis que la Caisse des dépôts et consignations suit ses statistiques en 2009, une seule décollecte a été constatée pour le LDDS en août (-20 millions en 2009).

Le LDDS est plus volatile que le Livret A, car souvent associé aux comptes courants des ménages. Ce lien tient au fait que le LDDS est généralement ouvert en même temps qu’un compte courant, tandis que le Livret A peut être détenu dans un autre établissement financier. Depuis sa création en 1983, le LDDS, contrairement au Livret A, est un livret banalisé et constitue souvent l’antichambre du compte courant.

Nouveaux records d’encours pour le Livret A et le LDDS

En juillet 2024, le Livret A et le LDDS ont atteint des niveaux d’encours record, avec respectivement 428,5 et 155,6 milliards d’euros, portant le total à 584,2 milliards d’euros pour les deux produits.

Le Livret d’Épargne Populaire : une collecte positive malgré la baisse du rendement

Malgré une baisse de rendement, le Livret d’Épargne Populaire (LEP) a enregistré une collecte positive en août, avec 390 millions d’euros, contre 460 millions en juillet et 570 millions en juin. La réduction du taux du LEP, passé de 5 % à 4 %, a eu un impact limité. Les ménages modestes continuent de privilégier l’épargne face à l’incertitude économique et politique. L’encours du LEP atteint également un record à 77,3 milliards d’euros.

Sur les huit premiers mois de 2024, la collecte s’élève à 5,37 milliards d’euros, contre 10,29 milliards en 2023.

Un rendement réel positif pour l’épargne réglementée

Avec une inflation désormais proche de 2 %, le rendement réel de l’épargne réglementée (Livret A, LDDS, LEP) est devenu positif, se situant entre 1 et 2 points, un niveau inédit depuis 2009. Le gel des taux du Livret A et du LDDS, décidé par l’ancien ministre de l’Économie, profite désormais aux épargnants (depuis mars 2024). Ce gel, en vigueur jusqu’au 1er février 2025, permet aux Français de tirer un rendement positif de leur épargne.

Baisses probables des taux de l’épargne de l’épargne réglementée le 1er février 2025

Avec la baisse des taux d’intérêt et de l’inflation, une réduction du rendement de l’épargne réglementée semble inévitable en février 2025. Le gouvernement pourrait souhaiter réduire le coût des crédits adossés à cette épargne, notamment pour les bailleurs sociaux, tout en encourageant les ménages à consommer davantage. Cependant, les précédentes baisses du taux du Livret A ont eu des effets limités sur la consommation.

Le gel des taux du Livret A et du LDDS devrait prendre fin le 1er  février 2025. Selon la formule définie par l’arrêté du 27 janvier 2021, le taux sera calculé sur la base de la moyenne de l’inflation et du taux ester des six derniers mois, avec un taux plancher à 0,5 %. Sur cette base, le taux du Livret A et du LDDS pourrait passer de 3 % à 2,75 %.

Le taux du LEP, quant à lui, est fixé soit par l’inflation des six derniers mois, soit par le taux du Livret A majoré de 0,5 point. Avec la baisse de l’inflation, le taux du LEP pourrait passer de 4 % à 3,25 %, voire à 3,5 % si le gouvernement choisit de soutenir l’épargne populaire.

Vers une fin d’année plus consommation et moins épargne ?

À partir de septembre, les ménages réduisent traditionnellement leur effort d’épargne pour couvrir les dépenses de rentrée et de fin d’année. Le paiement de la taxe foncière, qui concerne environ la moitié des ménages, contribue également à une possible décollecte. Cependant, plusieurs facteurs pourraient contrecarrer cette tendance : les incertitudes politiques et la crainte d’une hausse des impôts pourraient inciter les ménages à épargner davantage. Une éventuelle hausse du prélèvement forfaitaire unique pourrait également les encourager à opter pour des placements défiscalisés, sous réserve qu’ils n’aient pas atteint les plafonds.

Hausse des impôts : qui risque de payer plus ?

Dans Ouest-France, Philippe Crevel chiffre les gains potentiels d’un relèvement des impôts et des cotisations sociales supportée par les ménages et les entreprises.

Livret A : quel sera le taux d’intérêt à partir du 1er février 2025 ?

interrogé par les journalistes de Merci pour l’Info sur le rendement à venir du Livret A et du LDDS à compter du 1er février prochain Philippe Crevel prévoit une rémunération comprise entre 2,6 et 2,8 % et il explique pourquoi.

Crédit immobilier : vers des taux proches de 3% dès la fin 2024

Dans Capital, Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, se veut prudent sur les taux pratiqués dans les prochains mois et évoque un taux moyen de 3,25% pour la fin de l’année, soit un niveau proche de celui imaginé par l’Observatoire Crédit Logement CSA.

Livret A : une baisse du taux inévitable après la décision de la BCE

Dans les colonnes du journal Les Echos, Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’Epargne commente la nouvelle baisse des taux directeurs décidée par la BCE ce 13 septembre et ses effets sur la rémunération de l’épargne réglementée.

Votre argent : gagnez plus avec vos liquidités disponibles !

Dans un article publié par Le Revenu, Philippe Crevel revient sur les raisons du succès des produits d’épargne réglementée. Outre la neutralité fiscale et sociale du placement, ces derniers sont également plébiscité en raison de la garantie spécifique dont ils bénéficient. Or, il rappelle que les Français sont, dans un contexte d’incertitude économique, toujours sur la réserve et préfèrent ainsi maintenir un volant d’épargne de précaution « extrêmement élevé».

Plébiscite du Plan d’Épargne Retraite chez les 18/34 ans

Analyse de Sarah Le Gouez, Secrétaire générale du Cercle de l’Épargne

S’appuyant sur les résultats de l’enquête 2024 Amphitéa/Cercle de l’Épargne « Les Français, l’épargne et la retraite » menée par l’IFOP et le CECOP, le Cercle de l’Épargne publie une étude consacrée à la perception des moins de 35 ans face à la retraite et au vieillissement, à leurs attentes et à la manière dont ils anticipent, pour eux-mêmes, le passage à la retraite.

Les 18/34 ans, inquiets pour leur niveau de vie à la retraite

62 % des 18-34 ans estiment que leur pension sera insuffisante pour leur permettre de vivre correctement à la retraite. Seuls 21 % de cette génération comptent sur les pensions servies par les régimes de retraite (retraite de base et complémentaire) pour maintenir leur niveau de vie à la retraite, quand cette ressource est évoquée par 37 % de l’ensemble des sondés.

Épargner pour sa retraite, un réflexe pour les jeunes ?

61 % des sondés âgés de 25 à 34 ans déclarent épargner en vue de la retraite (contre 58 % de l’ensemble des non-retraités et 53 % de l’ensemble de la population). Malgré des capacités d’épargne a priori limitées, plus d’un jeune sur deux de 18-24 ans (52 % exactement) fait de même.

En vue de leur future retraite, les 25-34 ans privilégient l’épargne financière hors assurance-vie (44 % des citations), tandis que les 18-24 ans peinent à se départager entre l’épargne financière et l’investissement immobilier.

Le Plan d’Épargne retraite est plébiscité par les jeunes. 62 % des 18-24 ans et 56 % des 25-34 ans jugent ce placement intéressant (57 % pour l’ensemble de la population). 58 % des 18-24 ans ont soit déjà souscrit (13 %) un PER, soit envisagent de le faire (45 %). Chez leurs aînés, âgés de 25 à 34 ans, 24 % déclarent avoir déjà souscrit un PER et 39 % envisageant de le faire. La sortie en rente est préférée par les jeunes à la sortie en capital. Leur éloignement de la retraite et la crainte de pensions faibles expliquent ce choix qui n’est pas celui des plus de 50 ans, ces derniers préférant la sortie en capital.

La santé, la priorité des jeunes pour « bien vieillir »

Pour 55 % des sondés de moins de 35 ans, la notion de « bien vieillir » passe avant tout par la santé. Le « bien vieillir » passe également par la sécurité financière, qui implique d’être « propriétaire de sa résidence principale ».

Près de 60 % des sondés de cette génération se déclarent concernés par la question de la dépendance. Si le financement public du grand âge a leur préférence, ils partagent avec leurs aînés la conviction, qu’au même titre que la retraite, une mobilisation de l’épargne sera nécessaire. Les plus jeunes se distinguent en étant plus nombreux que leurs aînés à envisager le recours au patrimoine familial.

***

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Le vieillissement de la population et la succession des réformes des retraites conduisent les jeunes français à se préoccuper du niveau de leurs pensions. Inquiets concernent leur niveau de vie à la liquidation de leurs droits, ils sont favorables à l’épargne retraite et sont prêts à se doter le plus tôt possible d’un Plan d’Épargne Retraite.

Patrimoine financier des ménages : retour sur une année atypique

Selon le rapport de l’épargne réglementée publié le 18 juillet 2024 par la Banque de France, les flux en faveur des principaux placements financiers des ménages ont atteint, en 2023, 109,5 milliards d’euros. Ils ont été inférieurs à ceux, exceptionnels, des années précédentes (166 milliards d’euros en 2022 par exemple). Ils restent néanmoins supérieurs à la moyenne sur 2010-2019 (91,7 milliards).

Au sommaire de l’étude

  • Près de 6 200 milliards d’euros d’encours de placements financiers
  • 2023, recul des dépôts à vue au profit de l’épargne réglementée
  • 83 millions de comptes à vue en France
  • 82,2 % des français ont un Livret A
  • Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) profite, comme le Livret A, de l’effet taux
  • Le Livret d’Épargne Populaire (LEP), une année 2023 en or
  • Le Plan d’Épargne Logement (PEL), un produit toujours à la croisée des chemins
  • L’épargne réglementée et le financement de l’économie

Retraite, vieillissement : que pensent les moins de 35 ans ?

Début 2024, la France comptait 14,7 millions de personnes âgées de 65 ans et plus, soit 21,5 % de la population totale. À l’horizon 2070, selon les projections de l’INSEE, elles représenteront 29 % de la population, contre moins de 13 % en 1970. Le vieillissement accéléré de la population a poussé les pouvoirs publics à placer les sujets liés au grand âge au centre des débats. Si autrefois la retraite et les problématiques liées au grand âge pouvaient sembler lointaines pour les jeunes adultes, ces derniers ne peuvent plus ignorer ces questions. La récurrence des réformes engagées au cours des trente dernières années et la confrontation directe, pour beaucoup d’entre eux, à la perte d’autonomie de leurs proches ont conduit de nombreux jeunes adultes et jeunes actifs à s’intéresser, très tôt, aux conditions dans lesquelles ils vivront plus tard, ainsi qu’aux moyens dont ils disposeront pour espérer profiter pleinement de leur retraite. La question de la préparation à la retraite est d’autant plus vive dans un contexte de crises à répétition et d’incertitude économique, qui tend à assombrir les perspectives des plus jeunes.

Au sommaire de l’étude

  • 62 % des moins de 35 ans inquiets pour leur retraite
  • 61 % des 25-34 ans et 52 % des 18-24 ans épargnent en vue de la retraite
  • Retraite : les moins de 35 ans misent moins sur les pensions de retraite que sur l’épargne
  • Le PER, un placement validé par les jeunes
  • Une conception plus équilibrée du « bien vieillir » chez les moins de 35 ans
  • Pour leur retraite : les moins de 35 ans font du maintien à domicile et du lien social leurs priorités
  • Le financement de la dépendance doit d’abord relever de la solidarité nationale

L’épargne salariale en France en 2022

Le service statistique du ministère du Travail, la DARES, a rendu publiques les données relatives à l’épargne salariale de 2022. La proportion du nombre de salariés couverts par un dispositif d’épargne salariale évolue peu d’une année sur l’autre.

Plus de la moitié des salariés du secteur privé couvertS par un dispositif d’Épargne salariale

 En 2022, 52,9 % des salariés du secteur privé non agricole sont couverts par au moins un dispositif d’épargne salariale (participation, intéressement, PEE, PERCO/PER collectif). Ce taux est stable depuis 2020.

10,2 millions de salariés ont ainsi accès à au moins un produit d’épargne salariale dans le cadre de leur entreprise. Le dispositif le plus répandu est le Plan d’Épargne Entreprise (PEE) couvrant, en 2022, 44,4 % des salariés en 2022. Suivent la participation (39,1 %), l’intéressement (34,6 %), et le Perco/Plan d’Épargne Retraite collectif (26,3 %).

Cercle de l’Épargne – données DARES

De fortes diffÉrences en fonction des secteurs d’activitÉ et de la taille des entreprises

Dans les très petites entreprises (moins de 10 salariés), seulement 19,0 % des salariés sont couverts, contre 88,6 % dans les entreprises de 1 000 salariés et plus. En 2022, le taux de couverture a légèrement augmenté dans les petites entreprises (10 à 49 salariés) de 1,8 point pour atteindre 20,7 %, mais a baissé de 3,2 points dans les entreprises de 500 à 999 salariés, à 77,2 %. Dans les grandes entreprises (1 000 salariés et plus), 82,5 % des salariés sont couverts par un PEE et 57,7 % par un PERCO.

Cercle de l’Épargne – données DARES

Les taux de couverture sont variables en fonction des secteurs d’activité. L’hébergement-restauration a le taux de couverture le plus faible (25,6 %), quand le secteur financier a le taux le plus élevé (80,3 %).

Cercle de l’Épargne – données DARES

Plus de 26 milliards d’euros de primes versés en 2022

En 2022, 8,9 millions de salariés ont perçu une prime (participation, intéressement, ou abondement) en 2022, soit une augmentation de 6,3 % par rapport à 2021. Cela représente 46,3 % des salariés du secteur privé. Le montant total des primes versées par les entreprises du secteur privé, en 2022, a atteint 26,3 milliards d’euros, en hausse de 8,2 % par rapport à 2021.

Les primes se décomposent et répartissent de la manière suivante :

  • 5,9 millions de salariés ont perçu une prime de participation pour un montant total de 10,7 milliards d’euros (+10,1 %) ;
  • 5,5 millions de salariés ont perçu une prime d’intéressement pour un total de 11,4 milliards d’euros (+8,9 %) ;
  • 1,7 milliard d’euros d’abondement ont été versés sur les PEE et 0,7 milliard d’euros sur les Perco.
Cercle de l’Épargne – données DARES

Des primes majoritairement épargnées sur un PEE ou PERCO/PERECO

Les salariés avaient la possibilité de percevoir immédiatement les primes ou de les placer sur un PEE ou un PERCO.

Les sommes immédiatement perçues s’élèvent à 4,0 milliards d’euros pour la participation et à 4,1 milliards d’euros au titre de l’intéressement. Les sommes placées atteignent respectivement 5,6 milliards et 6,1 milliards d’euros :

  • 4,2 millions de salariés ont épargné sur un PEE en 2022, pour un montant total de 12,1 milliards d’euros, dont 73 % provenaient des primes de participation ou d’intéressement ;
  • 1,4 million de salariés ont épargné sur un Perco/Pereco, pour un montant total de 2,6 milliards d’euros, dont 50,1 % provenaient des primes de participation ou d’intéressement.

La montée en puissance du PER collectif

À compter du 1er octobre 2020, les entreprises ne peuvent plus souscrire aux Plans d’Épargne Retraite Collectif (PERCO) relevant de la loi portant réforme des retraites de 2003. Elles ne peuvent souscrire que des Plans d’Épargne Retraite d’entreprise collectifs (PERECO). Elles peuvent par ailleurs transférer leurs anciens PERCO sur de nouveaux PERECO. Plus de 30 % des salariés travaillant dans des entreprises de plus de 10 salariés du secteur privé bénéficient d’un produit d’épargne retraite en lien avec l’épargne salariale.

Cercle de l’Épargne – données DARES

Les dispositifs d’épargne salariale, en France, en 2022, font preuve d’une stabilité dans leur diffusion, avec une prévalence dans les grandes entreprises et certains secteurs d’activité. Les montants des primes versées sont en augmentation, reflétant une reprise économique après la survenue de la crise covid. Les mesures en faveur du développement de l’épargne salariale au sein des PME (baisse du forfait social notamment) produisent quelques effets, mais le taux de diffusion demeure faible. Les produits d’épargne salariale classiques ont été concurrencés ces dernières années par la prime de partage de la valeur ajoutée qui bénéficie, sous certaines conditions, d’une défiscalisation. Celle-ci est moins contraignante pour les entreprises que les dispositifs d’épargne salariale.

Épargne : un premier semestre favorable aux produits d’épargne de court terme et à l’assurance vie

Au cours du premier semestre, les ménages, en France, ont continué à mettre de l’argent de côté, le taux d’épargne se situant toujours au-dessus de son niveau d’avant crise sanitaire. À la différence des Américains, les Français et de nombreux autres Européens n’ont pas toujours puisé dans leur cagnotte Covid. Ils l’ont au contraire renforcée en maintenant un important taux d’épargne. La succession des crises (Covid, guerre en Ukraine, vague inflationniste, tensions au Moyen-Orient, dissolution de l’Assemblée nationale) conduit les ménages, en France, à la prudence. Sur les six premiers mois de l’année 2024, une évolution des comportements est constatée. La collecte de l’épargne réglementée tend à se normaliser après des années records et l’assurance vie reprend des couleurs. Parmi les deux produits phares du premier semestre figurent le contrat à terme et le Plan d’Épargne Retraite (PER). Le premier doit son succès à ses taux de rendement attractifs quand le second répond à l’inquiétude persistante des Français en matière de retraite.

Au sommaire de cette étude

  • Légère remontée de l’encours des dépôts à vue dans un contexte anxiogène
  • Livret A et LDDS, les valeurs sûres
  • Livret d’Épargne Populaire (LEP), la fin de l’euphorie ?
  • Le Livret Jeune, le mal aimé
  • Poursuite de la baisse de l’encours des Livrets ordinaires
  • Plan d’Épargne Logement (PEL), pas d’embellie en vue
  • Le Compte d’Épargne Logement (CEL) en regain de forme
  • Le triomphe des comptes à terme
  • Assurance vie, un semestre de bonne facture
  • Le Plan d’Épargne Retraite (PER) assurance, une belle croissance

Assurance vie et épargne retraite chez AG2R LA MONDIALE

Effectivement, le marché de l’assurance vie (épargne et retraite) demeure très dynamique en 2024. Nous le constatons également au travers de l’activité en croissance de nos réseaux de distribution. Depuis la loi Pacte, l’accueil du PER par les Français semble constituer une réponse adaptée aux besoins des clients et nous poursuivons notre développement.

Le besoin de compléments de revenus, en vue de la retraite, est déjà adressé par une part importante des Français avec l’assurance vie. Le PER (plus récent) est venu compléter la réponse aux besoins. En 5 ans, il a déjà pris une place essentielle. Nos équipes commerciales incluent le PER dans le cadre de l’approche globale des besoins de nos clients, et non dans la seule optique de vente d’un produit.

La mise en œuvre est récente (24/10/2023). C’est une situation qui peut sembler paradoxale entre les intentions et la réalité. Le mouvement va se poursuivre puisque cette thématique est un sujet central dans la société.

L’emploi des plus de 55 ans en France, l’éternel débat !

La France se caractérise par le faible taux d’emploi des seniors et tout particulièrement des plus de 60 ans. Depuis une trentaine d’années, les pouvoirs publics tentent d’améliorer le taux d’activité et le taux d’emploi pour diminuer le poids des dépenses de retraite, augmenter les recettes publiques ainsi que la croissance. De réels progrès ont été réalisés même si la France n’a pas encore atteint la moyenne de l’Union européenne.

En 2022, selon le service des statistiques du Ministère du Travail, la DARES, le taux d’emploi est de 82,5 % pour les 25-49 ans, de 76,4 % pour les 55-59 ans et de 36,2 % pour les 60-64 ans. 56,9 % des personnes de 55 à 64 ans sont en emploi. Ce taux continue d’augmenter et atteint son plus haut niveau depuis 1975, année du début de la série statistique. Le taux moyen de l’Union européenne dépasse 62 %. En 2023, plus de huit personnes sur dix sont en emploi à 55 ans, mais cette part baisse à cinq sur dix à 61 ans.

Une forte progression des taux d’emploi et d’activité en France

Entre 2018 et 2023, le taux d’activité (personnes en emploi ou à la recherche d’un emploi) des 55‑59 ans a augmenté de 2,5 points (80,9 % en 2023) et s’est rapproché de celui des 50‑54 ans (87,4 %). Celui des 60‑64 ans a crû de 6,2 points sur ces cinq années, dont +2,7 points en 2023, en partie sous l’effet de la réforme des retraites de 2023, mise en œuvre à compter de septembre. Il atteint 41,6 % en 2023, son plus haut niveau depuis 50 ans.

En 2023, le taux d’activité des 55‑64 ans en France est de 61,7 %, inférieur d’environ 5 points à celui de l’Union européenne (67,0 %) et d’environ 15 points à celui de l’Allemagne (76,4 %). Si la tendance de ces dernières années se poursuivait, le taux d’activité des personnes âgées de 60 à 64 ans atteindrait 61 % en 2030 et 71 % en 2070 [Fabre et al., 2023]. Pour les 55‑59 ans, le taux d’activité observé en 2023 (80,9 %) atteint déjà celui prévu pour l’année 2025, et est déjà proche de celui projeté à l’horizon 2070 (83 %) par les pouvoirs publics.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Entre 2003 et 2023, le taux d’emploi a augmenté de 21 points pour les 55‑59 ans, et de 25 points pour les 60‑64 ans. Ainsi, en 2023, un tiers des personnes en emploi ont plus de 50 ans, contre un cinquième au début des années 2000. En vingt ans, le taux de chômage des seniors est resté durablement inférieur à la moyenne. En 2023, le taux de chômage des 55‑59 ans est de 4,9 % et celui des 60‑64 ans de 6,4 %, contre 7,3 % pour l’ensemble des classes d’âge. Par ailleurs, en France, les rémunérations salariales des seniors sont, en moyenne, plus élevées que celles des générations plus jeunes, ce qui n’est pas toujours le cas dans les autres pays d’Europe.

De 55 à 69 ans, une situation sur le marché du travail très évolutive

En moyenne entre 55 et 69 ans, en 2023, 43 % des personnes sont en emploi (4 % d’entre elles cumulant emploi et retraite) et 43 % sont à la retraite sans emploi (appelées « retraitées » dans la suite de l’étude). Les 14 % restants, « ni en emploi ni à la retraite » (NER), sont soit au chômage (2 %), soit inactifs sans percevoir de retraite (11 %).

En 2023, à 55 ans, 81 % des personnes sont en emploi, les autres situations étant minoritaires : 4 % sont au chômage, 14 % inactives sans être à la retraite et 1 % à la retraite sans emploi. À 61 ans, le taux d’emploi diminue à 53 %, 24 % des personnes sont NER et 23 % sont à la retraite. À 69 ans, 91 % des personnes sont retraitées, seulement 6 % sont en emploi (la majorité cumulant emploi et retraite), et 3 % sont NER.

Un cinquième des seniors ni en emploi, ni à la retraite (NER)

En moyenne entre 55 et 61 ans, 21 % des seniors sont NER. La plupart subissent leur situation, notamment les chômeurs qui cherchent activement un emploi, mais n’en trouvent pas (4 % des 55-61 ans), mais aussi les personnes inactives qui le sont pour une raison de santé ou de handicap. 10 % des personnes de 55 à 61 ans sont dans cette dernière situation. La santé ou le handicap constitue la principale raison d’inactivité entre 55 et 61 ans. Cette part décline à partir de 62 ans avec la hausse des départs à la retraite.

Cercle de l’Épargne – données DARES

En moyenne, avant 62 ans, 7 % des personnes NER le sont pour une autre raison que le chômage ou la santé. Ce pourcentage augmente à l’approche de l’âge légal de départ à la retraite, passant de 5 % à 55 ans à 9 % à 61 ans. Le souhait de rester à la maison est la raison la plus citée (27 % entre 2021 et 2023). Cette raison est plus fréquente chez les femmes (36 %) que chez les hommes (6 %).

L’approche de la retraite constitue un motif également fréquemment cité (17 %). Il est mentionné par 42 % des NER de 61 ans. Environ 50 % de ceux qui citent cette raison deviennent effectivement retraités un an plus tard. 8 % des NER de 55 à 61 ans se disent découragés, ce qui les place dans le « halo autour du chômage », ils souhaitent un emploi sans, pour autant, faire une recherche active.

13 % de cumulants emploi-retraite

77 % des 50 à 74 ans étaient en emploi au moment de la liquidation de leurs droits à la retraite en 2023, et 87 % d’entre eux ont cessé de travailler dès qu’ils ont commencé à percevoir leur retraite. 82 % arrêtent de travailler parce qu’ils remplissaient les conditions requises. 7 % des retraités ont arrêté de travailler pour des raisons de santé, les femmes étant plus nombreuses que les hommes à évoquer ces motifs.

13 % des retraités continuent à travailler après la liquidation de leurs droits. Ce taux est de 12 % chez les cadres contre 7 % chez les ouvriers. Il atteint 42 % pour les professions libérales et 33 % pour les commerçants. 38 % des retraités continuent à travailler pour des raisons financières. 46 % sont diplômés du supérieur, avec une majorité ayant pris leur retraite après 63 ans. 23 % ont encore un emprunt immobilier en cours. 21 % sont locataires et 17 % ont encore un enfant à leur domicile.

36 % continuent à travailler parce qu’ils aiment travailler ou pour le contact humain et la vie sociale. Les indépendants (36 %) et les cadres (22 %) sont surreprésentés dans ce groupe.

La proximité de la retraite et les contraintes familiales sont les principaux moteurs qui conduisent à l’inactivité parmi les personnes âgées de 55 à 61 ans, surtout chez les femmes. Le découragement et les problèmes de santé jouent également un rôle significatif dans la baisse du taux d’emploi. A contrario, les motivations financières tout comme le plaisir au travail sont des facteurs importants pour rester en activité. Des différences marquées entre les sexes et les statuts socio-économiques sont constatées en la matière. Les cadres et les indépendants ont tendance à travailler plus longtemps après la retraite, souvent par satisfaction personnelle, tandis que les ouvriers et employés continuent plus souvent une activité professionnelle pour des raisons financières.

Un mois d’août en or massif

Au cours de la semaine du 19 au 24 août, l’once d’or a atteint de nouveaux records en dépassant la barre des 2 500 dollars. Depuis le 1er janvier, l’once d’or a progressé de plus de 20 %, surpassant ainsi l’indice des actions américaines S & P 500 qui a toutefois augmenté de plus de 16 %.

La valeur de l’or s’accroît en raison des tensions géopolitiques, de la baisse des taux directeurs et de la crise immobilière en Chine. La baisse des taux d’intérêt conduit les investisseurs à effectuer des arbitrages en faveur de l’or qui, par définition, ne génère pas d’intérêts. Le cours de ce dernier est également soutenu par les tensions géopolitiques, notamment au Proche et Moyen-Orient où le risque d’un embrasement demeure possible. La guerre en Ukraine, marquée par l’invasion limitée du territoire russe, contribue également à la hausse de l’or, tout comme les incertitudes électorales aux États-Unis. L’hypothèse d’un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche pourrait signifier une exacerbation du conflit commercial avec la Chine.

Les banques centrales jouent un rôle clé dans l’augmentation du cours de l’or. Selon les données du Conseil mondial de l’or (CMO), les banques centrales ont accru leurs réserves de 1 081 tonnes en 2022 et de 1 037 tonnes en 2023, un rythme inédit depuis une cinquantaine d’années. Au début des années 2010, les volumes d’achats oscillaient autour de 500 tonnes par an. Ces achats proviennent essentiellement des banques centrales des pays émergents, en premier lieu celle de la Chine. Les pays émergents cherchent à réduire leur dépendance au dollar et à diversifier leurs actifs de réserve.

À la différence du dollar, l’or n’est soumis à aucun risque de contrepartie et ne peut pas faire l’objet de sanctions. Au deuxième trimestre 2024, les instituts d’émission ont acheté 183 tonnes selon le CMO, soit 39 % de moins qu’au premier trimestre, mais 6 % de plus par rapport à l’année précédente. Au premier semestre, ils ont acquis 483 tonnes, soit 5 % de plus que le précédent record établi au premier semestre 2023. La Banque Nationale de Pologne a été l’une des plus actives avec 19 tonnes achetées ce trimestre, tout comme la Banque centrale indienne qui a acquis le même volume.

Le prix de l’or est également en hausse en raison des achats effectués par les ménages chinois. Confrontés à une crise immobilière de grande ampleur, ces derniers consacrent une part croissante de leur épargne à l’achat de pièces, de lingots ou de parts de fonds investis en or. En 2023, ces achats ont augmenté de 28 % en Chine, atteignant 280 tonnes. Les fonds indiciels (ETF-or) rencontrent un succès croissant.

La hausse rapide du cours de l’or qui a surpris de nombreux analystes devrait se modérer avec la fin des anticipations sur la baisse des taux et le ralentissement des achats des banques centrales. Néanmoins, dans les prochaines semaines, plusieurs facteurs pourraient encore favoriser l’augmentation du cours du métal précieux : les tensions internationales et les incertitudes politiques. Certains analystes évoquent un cours à 3 000 dollars l’once, mais la tendance moyenne du marché se situe plutôt autour de 2 500/2 600 dollars.

Longtemps estimé à 1 000 dollars, le prix plancher de l’or se situerait aujourd’hui entre 1 850 et 2 000 dollars l’once. Cette hausse du prix plancher s’explique par l’augmentation des coûts de production de l’or, autour de 1 300 dollars l’once, et par les achats des banques centrales qui absorbent entre 25 et 27 % de la production annuelle des mines aurifères.

Cercle de l’Épargne – données CMO

Plus de 700 000 bénéficiaires de l’actionnariat salarié en France en 2021

En 2021, parmi les entreprises de 10 salariés ou plus ainsi que les sociétés cotées de moins de 10 salariés du secteur privé, environ 3 700 entreprises (1,5 %) ont mis en place un dispositif d’actionnariat salarié. Plus de 700 000 salariés en ont bénéficié. Cette même année, 44 % des entreprises ayant mis en œuvre au moins une opération d’actionnariat salarié ne recourent qu’au Plan d’Épargne Entreprise (PEE). 52 % des entreprises, ont opté pour d’autres dispositifs sans recourir au PEE. Parmi celles-ci, 33 % ont exclusivement instauré une attribution gratuite d’actions (AGA) et 19 % ont eu recours à d’autres mécanismes, tels que les bons de souscription de parts de créateur d’entreprise (BSPCE), les stock-options, ou une combinaison de ces dispositifs.

L’actionnariat salarié est plus fréquent dans l’industrie (1,7 % des entreprises) que dans la construction (1,3 %) ou le secteur tertiaire (1,5 %). Certains secteurs des services y recourent toutefois davantage, notamment les activités financières et d’assurance (5,7 %) ainsi que le secteur de l’information et de la communication (4,8 %). Dans ces secteurs, 16,2 % des salariés des activités financières et d’assurance en bénéficient, contre 15,2 % dans l’information-communication.

L’actionnariat salarié tend à se développer avec la taille de l’entreprise. Ainsi, 19,3 % des entreprises de 1 000 salariés ou plus y ont recours, contre seulement 0,9 % des entreprises de 10 à 49 salariés. Parmi les sociétés cotées, 30,6 % ont réalisé au moins une opération d’actionnariat salarié en 2021, bénéficiant à 74 % de leurs salariés.

Par ailleurs, 73,9 % des entreprises pratiquant l’actionnariat salarié ont également mis en place au moins un dispositif d’épargne salariale (participation, intéressement, PEE, ou plan d’épargne retraite collectif). En 2021, 97,7 % des bénéficiaires de l’actionnariat salarié étaient ainsi couverts par au moins un dispositif d’épargne salariale, dont 71,2 % par l’ensemble des quatre dispositifs. Le cumul de l’actionnariat salarié avec les dispositifs d’épargne salariale est beaucoup plus fréquent dans les grandes entreprises. Seules 54,4 % des entreprises de moins de 50 salariés pratiquant l’actionnariat salarié ont également mis en place un ou plusieurs dispositifs d’épargne salariale. Ces dispositifs couvrent 52,4 % des bénéficiaires d’au moins une opération d’actionnariat salarié dans les entreprises de cette taille. Dans les entreprises de 1 000 salariés ou plus, le cumul est quasi systématique.

Les nouveaux cas de déblocage de l’épargne salariale

L’épargne salariale est un système d’épargne collectif mis en place dans certaines entreprises. Les salariés bénéficiaires peuvent recevoir une prime liée à la performance de tout ou partie de l’entreprise (intéressement) ou représentant une quote-part des bénéfices de cette dernière (participation).

Les sommes attribuées peuvent, au choix du salarié, lui être versées directement où être déposées sur un Plan d’Épargne Entreprise (PEE) ou sur un Plan d’Épargne Retraite (PERCO ou PERECO). Les sommes versées sur un PEE sont logiquement bloquées cinq ans même si plusieurs cas de déblocages anticipés existent afin de tenir compte de situations particulières.

La liste des cas de déblocage a été élargie par un décret du 5 juillet 2024 à trois nouveaux cas : la rénovation énergétique de la résidence principale (isolation, installation d’un équipement de chauffage utilisant une énergie renouvelable…), l’achat d’un véhicule dit « propre » et la situation de proche aidant.

Le déblocage des fonds d’un PEE avant échéance s’effectue sur demande. La requête doit être envoyée par le titulaire du PEE à l’organisme gestionnaire du dispositif pour l’entreprise. Pour être valide, la demande de déblocage doit être effectuée au plus tard dans les six mois suivant la réception par le salarié de la première facture de l’entreprise réalisant les travaux de rénovation ou les six mois suivant l’achat du véhicule propre éligible. La demande doit être accompagnée de documents justificatifs (factures, bons de commande, etc.). Dans le cas où le salarié est un proche aidant, les fonds peuvent être débloqués à tout moment.

Les cas de déblocage les plus répandus sont la rupture du contrat de travail, cause évoquée 430 000 fois en 2023, suivie de l’acquisition de la résidence principale. Le déblocage faisant suite à des violences conjugales a été utilisé à 374 reprises en 2023.

Liste complète des cas de déblocages de l’épargne salariale

  • Mariage, conclusion d’un Pacs ;
  • Naissance ou adoption d’un 3e enfant ;
  • Divorce, séparation, dissolution d’un Pacs, avec la garde d’au moins un enfant ;
  • Victime de violence conjugale ;
  • Invalidité (salarié, son époux(se) ou partenaire de Pacs, ses enfants) ;
  • Décès (salarié, son époux(se) ou partenaire de Pacs) ;
  • Rupture du contrat de travail, cessation de son activité par l’entrepreneur individuel, fin du mandat social, perte du statut de conjoint collaborateur ou de conjoint associé ;
  • Création ou reprise d’entreprise par le titulaire, ou son époux(se) ou partenaire de Pacs, exercice d’une autre profession non salariée, acquisition de parts sociales d’une société coopérative de production (SCOP) ;
  • Acquisition ou agrandissement de la résidence principale, avec création de nouvelle surface habitable et en présence d’un permis de construire ou d’une déclaration préalable de travaux ;
  • Remise en état de la résidence principale endommagée à la suite d’une catastrophe naturelle reconnue par arrêté ministériel ;
  • Rénovation énergétique de la résidence principale ;
  • Surendettement ;
  • Activité de proche aidant exercée par le titulaire, ou son époux(se) ou partenaire de Pacs ;
  • Achat d’un véhicule à faible émission de gaz à effet de serre (voiture, camionnette, véhicule à moteur à 2 ou 3 roues, ou quadricycle à moteur qui utilise l’électricité, l’hydrogène ou une combinaison des deux comme source exclusive d’énergie, ou cycle à pédalage assisté neuf).

L’édito de Jean-Pierre Thomas « Sortir des chemins battus »

Un an après son adoption, la réforme des retraites, portant l’âge légal de 62 à 64 ans, demeure contestée. Son abrogation est réclamée par de nombreux partis politiques et syndicats. Cette réforme est indéniablement née sous de mauvais auspices. Elle a été élaborée après l’abandon du projet d’instauration d’un système de retraite par points, projet qui figurait au programme d’Emmanuel Macron en 2017. L’harmonisation des règles aurait, sans aucun doute, constitué une avancée, apportant plus de transparence et d’égalité. Cependant, le caractère bureaucratique de la réforme, marquée par un excès de centralisation, a cristallisé les oppositions. Par ailleurs, au cours des discussions, la question du report de l’âge légal de 62 à 64 ans a suscité l’hostilité des syndicats, qui soutenaient, auparavant, le principe du système par points.

Bien que le texte ait été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale avant la pandémie de Covid, Emmanuel Macron a finalement opté, au début de son second mandat, pour une réforme purement paramétrique. La légitimité de cette dernière a été mise en cause dès le départ, en raison d’évaluations divergentes concernant les déficits à venir des régimes de retraite. Pourtant, le constat est clair : la France est, avec l’Italie, le pays de l’OCDE qui consacre le plus de ressources à la retraite, soit plus de 13 % de son PIB. Le ratio cotisants/retraités, qui était de 4 dans les années 1960, est aujourd’hui de 1,7 et devrait tomber à 1,4 d’ici 2070. Le nombre de retraités est passé de 5 millions en 1980 à 17 millions en 2021, et il pourrait atteindre 23 millions d’ici une trentaine d’années.

L’abrogation de la réforme des retraites de 2023 entraînerait une augmentation des charges d’environ 10 milliards d’euros, sachant que les avantages consentis, à juste titre, aux titulaires du minimum contributif ou à certaines catégories de femmes, dont les pensions restent inférieures à la moyenne, ne seront pas remis en cause. Or, dans un régime par répartition, les dépenses de retraite sont financées par les actifs. Leur augmentation pourrait réduire le pouvoir d’achat de ces derniers.

Certains suggèrent de faire contribuer davantage les entreprises, mais cela risquerait de réduire leur taux de marge, d’augmenter les prix et de limiter les hausses salariales. D’autres évoquent la possibilité d’accroître la taxation du patrimoine, des revenus ultra-riches, mais cela pourrait s’avérer insuffisant, car les besoins des régimes de retraite se chiffrent en dizaines de milliards d’euros. Certes, une érosion du pouvoir d’achat des retraités pourrait être envisagée. En moyenne, la retraite en France est d’environ 1 500 euros. Selon la dernière enquête AMPHITÉA/Cercle de l’Épargne, 72 % des non-retraités estiment que le montant de leurs futures pensions ne leur permettra pas de vivre correctement à la retraite.

Face à un dossier aussi complexe, ouvert depuis plus de trente ans, les pouvoirs publics auraient tout intérêt à sortir des sentiers battus. La gestion des retraites devrait avant tout être confiée aux partenaires sociaux, qui ont déjà la responsabilité de maintenir à l’équilibre le système de retraite complémentaire AGIRC/ARRCO, lequel dispose même de réserves abondantes. Comme il existe des domaines réservés à la loi et au règlement, il devrait y avoir un champ dédié à la négociation sociale, dans lequel ni le législatif ni l’exécutif ne pourraient intervenir, sauf exception.

La question de la pénibilité, qui reste en suspens depuis des années, devrait être traitée par les partenaires sociaux. Ils pourraient sans doute imaginer des dispositifs permettant l’instauration d’une retraite à la carte, et en finir ainsi avec les seuils rigides d’âge. Le dispositif de retraite progressive pourrait également être amélioré, avec pour objectif de faciliter la transmission des savoirs et des compétences.

Enfin, l’épargne retraite devrait devenir un sujet central de négociation au sein des entreprises. Aujourd’hui, elle reste principalement l’apanage des grandes entreprises, renforçant ainsi les inégalités de revenus entre les retraités. Le développement de l’épargne retraite constituerait également une source de financement supplémentaire pour les entreprises, leur permettant de se moderniser et de relever le défi de la transition écologique. Cet apport de capitaux, dans le cadre de l’épargne retraite, renforcerait le rôle des partenaires sociaux dans la gestion des entreprises, conformément à la vision du Général de Gaulle lors de la création de l’épargne salariale en 1959.

Jean-Pierre Thomas

Président du Cercle de l’Épargne

« Nous sommes dans un moment optimal » : pourquoi les fonds euros de l’assurance-vie redeviennent intéressants

Cité dans La Tribune, Philippe Crevel revient sur le succès des unités de comptes dans les collectes des contrats d’assurance vie ces dernières années marquées par la baisse de la rémunération des fonds euros. « La très bonne performance du cours des actions et des fonds immobiliers depuis 2015 ont incité les épargnants à souscrire à des contrats d’assurance-vie partiellement ou totalement en unités de compte qui offrent plus d’exposition à ces actifs risqués que les fonds en euros », note ainsi le directeur du Cercle de l’Epargne.

En dépit de la baisse de l’inflation, les Français continuent d’épargner fortement

Dans Boursier.com, Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne revient sur les causes du taux d’épargne élevé en France malgré l’assagissement confirmé des prix.

Actions, obligations, durée des placements… comment faire ses premiers pas en Bourse ?

Dans les colonnes du Parisien, Philippe Crevel délivre quelques conseils aux investisseurs pour éviter des déconvenues sur les marchés. Il recommande notamment aux épargnants de se fixer des objectifs : « Pour réaliser des bénéfices, mieux vaut se fixer un objectif de plus-value, exemple : 30 %, puis vendre sans attendre le lendemain, car les cours peuvent chuter aussitôt« . Avant de rappel que « la règle générale est celle-ci : quand les cours sont hauts, vendez et quand ils sont bas, achetez. »

Epargne : l’attrait des ménages pour l’assurance vie ne faiblit pas

Boursier.com revient sur la collecte de l’assurance vie en juillet et reprend dans son article l’analyse du Directeur du Cercle de l’Epargne. Pour Philippe Crevel « les ménages reviennent sur les fonds en euros, incités par les taux plus élevés proposés par les assureurs. Dans le même temps, ils n’hésitent pas à s’alléger en fonds en euros, témoignant d’une mobilité accrue en ce qui concerne la gestion de leur patrimoine. Les rachats peuvent être liés à un changement d’allocation au sein de leurs contrats d’assurance vie ou donner lieu à des versements sur d’autres placements (immobilier, dépôts à terme, autres contrats d’assurance vie, etc.). »

Taux d’épargne : les Français toujours fourmis !

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne

Au deuxième trimestre, les Français ont accru leur effort d’épargne. Le taux d’épargne qui était 17,6 % au premier trimestre est ainsi passé, selon l’INSEE, à 17,9 % du revenu disponible brut au deuxième, soit un niveau nettement supérieur à celui constaté avant la crise sanitaire (15 % enregistrés fin 2019). La hausse du taux d’épargne profite particulièrement à l’épargne financière, dont le taux passe de 8,1 % du revenu disponible sur le premier trimestre à 8,5 % sur le deuxième.

La succession de crise, alimentée par la persistance des tensions géopolitiques (guerre en Ukraine, conflit au Proche-Orient), pousse les ménages, en France, à maintenir à un niveau record, leur taux d’épargne, en alimentant notamment leur épargne de précaution mais aussi leur assurance vie.

Au cours du deuxième trimestre, les ménages français ont peu intégré la baisse de l’inflation, et continué de ce fait à épargner par crainte d’une nouvelle hausse potentielle des prix. Les incertitudes nées de l’annonce de la dissolution le 9 juin ont pu, par ailleurs, renforcer cette tendance.

Les premiers résultats pour le troisième trimestre, tant pour le Livret A (collecte de +1,7 milliard d’euros en juillet) et l’assurance vie (+1,8 milliard sur le mois de juillet) illustrent le choix des Français de privilégier l’épargne à la consommation.

Les derniers chiffres de l’inflation, passée sous la barre symbolique des 2 % en août, semblent néanmoins confirmer une véritable baisse ce qui pourrait induire un moindre taux d’épargne en fin d’année, sous réserve d’une normalisation du contexte économique tant au niveau national qu’à l’échelle internationale.

Cercle de l’Épargne – INSEE

Pourquoi garder de l’argent sur votre compte courant vous en fait perdre

Dans cet article consacré à l’argent qui dort, Capital reprend l’analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne qui revenait récemment, au micro d’Europe 1, sur les effets de l’inflation sur le patrimoine.

Livret A et LDDS : pourquoi leur succès persistant n’est pas une si une bonne nouvelle

Dans une interview p à lire dans le média Merci pour l’Info, le directeur du Cercle de l’épargne analyse les résultats de la dernière collecte du Livret A et du LDDS.

Livret A : les Français ont épargné de manière inédite au mois de juillet

Interviewé dans Libération, Philippe Crevel revient sur sur les raisons du niveau élevé de la collecte du Livret A en juillet.

Livret A : rebond surprise de la collecte en juillet

Cité dans les Echos, Philippe Crevel estime que « les incertitudes politiques, liées à la dissolution de l’Assemblée puis aux élections législatives, peuvent prêter à l’attentisme et à la prudence des ménages » et participent à expliquer le niveau élevé de l’épargne, qui n’a pas retrouvé son niveau d’avant crise sanitaire en France.

Pas de quartier d’été pour le Livret A

Résultats du Livret A – LDDS – LEP du mois de juillet 2024

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Les ménages continuent d’épargner durant l’été 2024. Le Livret A, le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS), ainsi que le Livret d’Épargne Populaire (LEP) ont tous enregistré des collectes positives en juillet. Avec la baisse de l’inflation, ces produits offrent désormais un rendement réel positif.

Une collecte en hausse pour le Livret A

La collecte de juillet s’est élevée à 1,7 milliard d’euros, contre 1,23 milliard d’euros en juin et 2,16 milliards d’euros en juillet 2023. Depuis 2009, seulement trois décollectes ont été enregistrées en juillet pour le Livret A (-0,97 milliard d’euros en 2015, -1,08 milliard d’euros en 2014 et -1,07 milliard d’euros en 2009). Sur les sept premiers mois de l’année, la collecte du Livret A atteint 11,71 milliards d’euros, contre 28 milliards d’euros en 2023, une année exceptionnelle.

Les résultats de juillet montrent l’attrait continu des ménages pour l’épargne réglementée. Cette collecte est nettement supérieure à la moyenne de ces dix dernières années (1 milliard d’euros pour le mois de juillet entre 2014 et 2023). Les Français semblent réticents à puiser dans leur épargne pour augmenter leurs dépenses de consommation, contrairement aux Américains, par exemple. Face aux incertitudes politiques nées des élections législatives des 30 juin et 7 juillet derniers, les ménages privilégient l’attentisme et la prudence, faisant du Livret A une valeur refuge.

Le Livret de Développement Durable et Solidaire toujours dynamique

Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) a enregistré en juillet une collecte de 730 millions d’euros, contre 590 millions d’euros en juin et 600 millions d’euros en mai. En juillet 2023, la collecte pour ce produit s’élevait à 970 millions d’euros. Sur les sept premiers mois de l’année, la collecte atteint 5,61 milliards d’euros.

Comme pour le Livret A, les résultats du LDDS sont supérieurs à la moyenne des dernières années. Entre 2014 et 2023, la collecte moyenne était de 300 millions d’euros. Depuis la création de la base statistique par la Caisse des dépôts et consignations, seules deux décollectes ont été constatées pour le LDDS en juillet (2009 et 2015).

Nouveaux records d’encours pour le Livret A et le LDDS

En juillet, le Livret A et le LDDS ont une nouvelle fois battu des records d’encours, atteignant respectivement 427 et 155,1 milliards d’euros, portant le total des deux placements à 582,2 milliards d’euros.

Livret d’Épargne Populaire : une collecte en légère baisse en juillet

En juillet, le Livret d’Épargne Populaire (LEP) a enregistré une collecte positive de 460 millions d’euros, en baisse par rapport aux 570 millions d’euros de juin. Cette collecte succède à deux décollectes (-40 millions d’euros en mai et -270 millions d’euros en avril).

La baisse du taux de rendement du LEP, de 5 % à 4 %, annoncée en juillet et effective depuis le 1er août, n’a pas eu d’effet notable sur la collecte. Les ménages à revenus modestes continuent de vouloir épargner dans un contexte économique et politique incertain. L’encours du LEP atteint également un record, à 76,9 milliards d’euros.

Une normalisation contrariée

Le taux d’épargne des ménages en France en 2024 reste près de trois points au-dessus de celui d’avant la crise sanitaire de 2020. Le Livret A est le principal bénéficiaire de cette propension à l’épargne, avec un encours en progression de 129 milliards d’euros entre décembre 2019 et juillet 2024. Une baisse du taux d’épargne et de la collecte d’épargne réglementée est attendue depuis plusieurs mois sans jamais se concrétiser. Durant la période d’inflation, les ménages ont privilégié l’épargne, comme c’est souvent le cas, au détriment de la consommation. Cette dernière ne profite pas encore de la désinflation car les ménages doutent de l’amélioration de la situation économique, leur moral, mesuré par l’INSEE, restant faible.

Traditionnellement, le second semestre, avec la rentrée scolaire, le paiement des impôts locaux et les fêtes de fin d’année, est davantage orienté vers les dépenses que vers l’épargne, bien que cette tendance ait été perturbée ces dernières années. Cette année, le contexte politique, avec de possibles hausses d’impôts, pourrait inciter les ménages à choisir une fois de plus la prudence.

ANNEXES

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Livret A, LEP, assurance vie… Que faire avec l’épargne des Français ?

Sur Ouest-France, Philippe Crevel commente les propositions des divers courants politiques en matière d’épargne.

Pourquoi les Français gardent-ils autant d’argent sur leur compte courant ?

Capital cite Philippe Crevel dans cet article consacré aux montants importants stockés dans les comptes courants des Français. Le média reprend ainsi les explications données par le directeur du Cercle de l’Epargne.

Livret A : le taux bloqué à 3% a fait perdre jusqu’à 260 euros à chaque Français

Philippe Crevel, cité dans cet article publié sur le site du média RTL analyse les conséquences du gel de la rémunération du Livret A et du LDDS jusqu’à février 2025.

Taux des livrets : ce qui change au 1er août et ce qui risque de se passer ensuite

Dans le Monde, Philippe Crevel estime que la désinflation et l’amélioration des rendements offert par les fonds euros des contrats d’assurance vie devraient inciter les Français à privilégier l’assurance vie aux produits d’épargne de précaution.

France, une croissance résiliente

Résultats de la croissance au deuxième trimestre 2024

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

La France a enregistré une croissance au deuxième trimestre en ligne avec celle des trimestres précédents. Celle-ci a été portée par le commerce extérieur et l’investissement quand la consommation des ménages est restée atone. Le résultat du deuxième trimestre rend possible une croissance de 1 % en 2024 ce qui correspond aux prévisions du gouvernement. L’après Jeux Olympiques pourrait générer un effet dépressif qui pourrait être compensé, à l’automne, par la reprise de l’activité rendu possible par la baisse des taux d’intérêt. Logiquement, les ménages devraient, avec la désinflation, renouer avec la consommation au cours du second semestre. En l’état, les conséquences économiques de la crise politique actuelle en France sont difficiles à apprécier. 

Un taux de croissance de 0,3 % au deuxième trimestre 2024

Le produit intérieur brut (PIB) en volume a augmenté, selon l’INSEE, de +0,4 % au deuxième trimestre, après +0,3 % au trimestre précédent et +0,4 % au dernier trimestre 2023. L’INSEE a procédé à une révision à la hausse de la croissance de ces deux derniers trimestres.

La demande intérieure finale (hors stocks) repart légèrement à la hausse et contribue positivement à la croissance du PIB ce trimestre (+0,1 point après 0,0 point au premier trimestre 2024), du fait du léger rebond de la formation brute de capital fixe (FBCF, +0,1 % après -0,4 %). La consommation des ménages est stable ce trimestre (0,0 % après -0,1 %).

La contribution du commerce extérieur à la croissance est également positive au deuxième trimestre 2024 (+0,2 point après +0,3 point). En effet, les importations sont stables (0,0 % après -0,3 %), et les exportations sont toujours dynamiques (+0,6 % après +0,7 %).

Enfin, la contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB est de nouveau nulle ce trimestre (0,0 point après 0,0 point au premier trimestre 2024).

INSEE

Une production en forte hausse grâce aux services marchands

La production totale a progressé au deuxième trimestre 2024 de +0,5 % après -0,1 %. Ce bon résultat est imputable aux services. En effet, la production de l’industrie manufacturière a diminué de 0,4 % au deuxième trimestre dans le prolongement de la baisse de 0,7 % du trimestre précédent. Elle a baissé dans le secteur du matériel des transports et dans l’agro-alimentaire. La production continue de se contracter dans la construction, -0,7 % après -1,1 %) et pour le quatrième trimestre consécutif. La production agricole diminue également. Celle de l’industrie manufacturière est de nouveau en baisse (-0,4 % après -0,7 %).

La production de services marchands a connu au deuxième trimestre une hausse de +0,8 % après +0,7 %. La hausse de la production dans les services aux entreprises demeure forte (+1,2 % après +0,8 %). Le secteur de l’hébergement et de la restauration a également enregistré une croissance élevée (+0,7 % après +0,1 %). Le secteur de l’information et communication, grâce à la digitalisation et à l’intelligence artificielle, a enregistré une croissance importante (+1,4 % après +1,6 %)

La consommation toujours en panne

Les ménages, malgré la baisse de l’inflation, n’ont pas repris le chemin des magasins réels ou virtuels. La préférence reste donnée à l’épargne. Ils demeurent méfiants sur l’évolution de la conjoncture. Le contexte politique pourrait influer sur leurs comportements au cours du second semestre.

La consommation des ménages est ainsi restée stable au deuxième trimestre (0,0 % après -0,1 %).

La consommation alimentaire a une nouvelle fois diminué (-1,6 % après -0,1 %). La consommation en carburants est également en retrait (-1,0 % après +1,8 %). En revanche, la consommation en gaz et électricité accélère (+3,5 % après +0,3 %), due à un printemps plus frais que les années précédentes, et la consommation en matériel de transports, notamment en automobiles, est en hausse (+1,6 % après -3,5 %).

Si la consommation des ménages en biens est en recul, celle en services continue de progresser. Elle a augmenté de 0,5 % au deuxième trimestre, contre +0,3 % au premier. Elle est portée par l’accélération de la consommation en services de transport (+1,8 % après +0,6 %). Le tourisme est également une source de dépenses pour les ménages, +0,8 % pour les services d’hébergement et restauration après +0,1 % au trimestre précédent. 

Reprise de l’investissement au deuxième trimestre

La Formation Brute de Capital Fixe (FCBF) est en hausse au deuxième trimestre de +0,1 % contre un recul de 0,4 % au précédent. La FCBF en services marchands a été vive (+1,7 % après +0,5 %), quand la FBCF en produits manufacturés continue de baisser (-1,0 % après -0,6 %).

L’accélération de l’investissement en services marchands est liée au dynamisme de l’investissement en information-communication (+2,3 %) et à celui de l’investissement en services juridiques, scientifiques, techniques, administratifs et de soutien (+1,2 %).

L’investissement en construction continue de baisser (-0,6 % après -0,9 %).

Le commerce extérieur moteur de la croissance

La contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB est positive au deuxième trimestre 2024 de 0,2 point, après +0,3 point au trimestre précédent. Ce bon résultat est dû à la progression des exportations de 0,6 % (+0,7 % au trimestre précédent), une nouvelle fois portées par les ventes de matériels de transports (+1,8 % après +1,5 %). La France a, en effet, livré durant cette période, un nouveau navire et de nombreux avions. De leur côté, les importations sont restées stables (+0,0 % après -0,3 %).

Variations de stocks nulles au deuxième trimestre

Les variations de stocks ne contribuent pas à la croissance du PIB ce trimestre : 0,0 point, comme au premier trimestre 2024.

Un second semestre incertain

La croissance du premier semestre aura été plus élevée que prévu. Elle s’accompagne d’une stabilisation du chômage. Les deux points noirs sont l’atonie de la consommation et le recul de la construction. La baisse de l’inflation et la diminution des taux d’intérêt pourraient faciliter la reprise de l’une et de l’autre. Pour autant, l’économie française devra faire face, dans les prochains mois, à un petit effet dépressif post Jeux. La préparation et le tenue des compétitions sont des sources d’activités (réalisation d’infrastructures, équipements, services, dépenses des touristes étrangers, etc.). Ce surcroît de dépenses disparaîtra à partir de septembre. Le PIB du troisième trimestre pourrait, de ce fait, enregistrer une croissance plus faible. Le contexte politique en France pourrait peser sur l’activité en raison de l’attentisme possible des investisseurs et des consommateurs. L’élection, du mois de novembre aux États-Unis est susceptible d’avoir des effets négatifs sur la conjoncture mondiale. Enfin l’évolution la croissance dépendra de la situation de l’économie chinoise, en proie à un ralentissement depuis plusieurs mois. 

En juin, les Français se sont tournés vers le Livret A avec modération

Retrouvez dans Le Revenu, l’analyse de Philippe Crevel sur les raisons du ralentissement de la collecte du Livret A.

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