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France : panne de croissance au dernier trimestre

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Le PIB de la France a, selon les premières données de l’INSEE, reculé de 0,1 % au dernier trimestre 2024. La croissance sur l’ensemble de l’année dernière a atteint 1,1 %. Après un bon troisième trimestre porté par les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP), l’INSEE s’attendait à un ralentissement en fin d’année. Il a été un peu plus fort que prévu malgré le rebond de la consommation au mois de décembre.

Première contraction trimestrielle du PIB depuis le 1er trimestre 2023

Le produit intérieur brut (PIB) en volume a donc diminué de 0,1 % au quatrième trimestre 2024 après avoir progressé de 0,4 % au troisième trimestre, en partie par contrecoup des JOP de Paris. La France a bénéficié d’un effet Jeux qui a permis d’échapper à la stagnation qui frappe plusieurs pays européens dont l’Allemagne.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Le repli de la croissance est imputable à la moindre progression de la demande intérieure avec un ralentissement de la consommation des ménages ainsi qu’à la contribution négative du commerce extérieur et de la variation des stocks.

Sur l’ensemble de l’année 2024, le PIB a progressé de 1,1 % (après +1,1 % en 2023 et +2,6 % en 2022). La demande intérieure finale (hors stock) ralentit un peu (contribution de +0,7 point après +0,9 point), pénalisée par le recul de l’investissement (contribution de -0,3 point après +0,2 point en 2023). Le commerce extérieur contribue de nouveau positivement à la croissance du PIB (+0,9 point après +0,6 point).

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Une production atone en fin d’année

La production totale (biens et services) n’a progressé que de 0,1 % au quatrième trimestre après +0,5 % au trimestre précédent. Avec la fin des JOP, la production de services marchands est, au dernier trimestre, moins dynamique avec une hausse de 0,1 % après +0,7 % au trimestre précédent. Elle se recule dans les services aux ménages de 2,5 % après +3,3 %. La croissance des services aux entreprises se modère (+0,4 % après +0,9 %).

Le secteur de la construction continue sa décroissance avec un recul de 0,9 % de sa production. Par ailleurs, la baisse de la production s’accentue dans la construction (-0,9 % après -0,2 %).

La production dans l’industrie manufacturière renoue avec la hausse avec un gain au quatrième trimestre de 0,2 % faisant suite à une contraction de 0,3 % au troisième trimestre. L’INSEE souligne que cette légère amélioration est imputable en partie par la progression de la production dans les industries agro-alimentaires, et par la hausse dans les raffineries.

Sur l’ensemble de l’année 2024, la production a augmenté de 1,4 % après +1,7 % en 2023. Ce recul est lié à la baisse de la production dans les biens manufacturés (-0,6 % après +1,1 %), en particulier en matériels de transport. La production de services dans son ensemble a connu une bonne année 2024 avec une croissance similaire à l’année précédente (+2,0 % après +2,0 %).

Moindre dynamisme de la consommation des ménages au quatrième trimestre

La consommation des ménages a augmenté de 0,4 % au quatrième trimestre 2024, contre +0,6 % au troisième. Cette moindre croissance s’explique par le recul de ls services aux ménages (-5,7 % après +7,2 %) avec la fin des Jeux. Le troisième trimestre avait été dopé par l’enregistrement de la billetterie. La consommation des ménages en services de transports a, en revanche, augmenté (+1,0 % après -0,4 %), ainsi que celle en hébergement-restauration (+0,7 %).

Les achats de biens ont enregistré une augmentation de 0,4 % au quatrième trimestre comme au troisième. La consommation en matériels de transport est en forte hausse (+3,3 % après -1,9 %) notamment en automobiles. La consommation alimentaire augmente de nouveau (+0,5 % après +0,4 %).

En  2024, la consommation des ménages a connu une hausse identique à celle de 2023 (+0,9 %). L’année a été marquée par le ralentissement de la croissance de la consommation des ménages en services  (+2,0 % après +3,1 %) et par la persistance de la baisse de consommation en biens (-0,2 % après -1,6 %). La consommation alimentaire  de nouveau baissé (-1,7 % après -3,5 %). En revanche, la consommation des biens d’équipement a connu un rebond (+3,6 % après -2,1 %).

Stabilisation de l’investissement en fin d’année

La formation brute de capital fixe (FBCF) globale qui correspond à l’investissement de tous les acteurs économiques totale a légèrement baissé, au quatrième trimestre 2024, de 0,1 % après -0,3 % au troisième. La FBCF en produits manufacturés est en hausse de +0,2 % après -2,5 % et celle en services marchands reste dynamique (+1,1 % après +0,9 %). Sans surprise, l’investissement en construction se contracte à nouveau (-1,2 % après -0,2 %).

Pour 2024, l’investissement a fortement pesé sur la croissance en reculant de 1,5 % après avoir connu une hausse de 0,7 % en 2023. L’investissement en construction et celui en produits manufacturiers sont responsables de ce recul avec une baisse respective de 2,5 % et 4,5 %. À l’inverse, l’investissement en information-communication demeure important (+5,0 % après +8,4 %).

Le commerce extérieur plombé par le recul des exportations en fin d’année

La contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB demeure, selon l’INSEE négative au quatrième trimestre 2024 (-0,2 point, après -0,1 point au trimestre précédent). Ce mauvais résultat est à nouveau imputable aux exportations qui ont diminué de 0,2 % au quatrième trimestre (-0,2 % après -0,8 %). Cette baisse est principalement due aux  exportations en services (-2,0 % après +1,6 %), notamment en information-communication (-8,0 % après +9,9 %. Ce net recul s’explique par le contrecoup des Jeux, les ventes des droits de diffusion audiovisuelle ayant été comptabilisées aux troisième trimestre.

En revanche, les exportations en produits manufacturés ont connu une hausse de 1,0 % après -2,1 % au troisième trimestre. Les importations ont enregistré une progression de +0,4 % au dernier trimestre après -0,4 % au troisième, portées par les importations en énergie, eau et déchets (+6,7 % après -3,4 %) et en produits agricoles (+6,2 % après +2,4 %).

En 2024, les importations ont diminué de 1,1 % après +0,7 % en 2023 grâce à la baisse des prix de l’énergie. La croissance des exportations a été plus faible qu’en 2023, +1,6 % contre +2,5 %. Sur l’ensemble de l’année, la contribution  du commerce extérieur à la croissance du PIB a été positive de 0,9 point, après +0,6 point en 2023.

Les variations de stocks : une contribution légèrement négative

La contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB est négative ce trimestre (-0,1 point après +0,2 point).

Un résultat logique mais peu enthousiasmant

Le recul du PIB au dernier trimestre 2024 était prévisible en lien avec la fin des JOP. Il a été accentué, sans nul doute, par la recrudescence de la crise politique avec l’adoption de la motion de censure contre le Gouvernement de Michel Barnier au début du mois de décembre. Les Français ont préféré l’épargne à la consommation en 2024. Le taux d’épargne est resté durant toute l’année élevé et nettement supérieur à son niveau d’avant crise sanitaire.

La baisse de l’investissement symbolise le manque de confiance des acteurs économiques dans l’avenir. Elle est inquiétante car elle pourrait peser sur la compétitivité de l’économie. Sans investissement, l’obtention de gains de productivité sera impossible. La baisse des taux d’intérêt n’a pas mis un terme, par ailleurs, à la crise du secteur de l’immobilier. Le nombre de logements en construction n’a jamais été aussi faible depuis 10 ans (263 100 à fin décembre 2024). Le recul des exportations est également un mauvais signal indiquant que la France peine à redresser son commerce extérieur. Le ralentissement de la croissance s’est traduit par une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi en 2024 et tout particulièrement lors du dernier trimestre.

En 2025, l’économie française peut espérer la poursuite de la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne, baisse qui est néanmoins contrariée par la hausse des taux longs en lien avec les difficultés des finances publiques. Les incertitudes politiques et internationales pourraient également continuer de peser sur la croissance. Pour autant, la France est-elle condamnée à la stagnation ? Les résultats de l’Espagne semblent prouver qu’un taux de croissance à 3 % est possible en Europe. La France doit tirer un meilleur profit de son attractivité touristique et de ses atouts économiques.

« La bonne année du Cercle », par Benoit Courmont, Directeur Général d’AG2R LA MONDIALE

En janvier 2015, AG2R LA MONDIALE a décidé de se doter d’un think tank dédié à l’épargne, à la retraite et à la prévoyance, Le Cercle de l’Épargne. Dix ans plus tard, je souhaite adresser tous mes vœux aux lecteurs de la lettre du Cercle pour cette nouvelle année et célébrer une décennie de travail en commun.

Avec 15 millions de clients couverts par un contrat relevant du Groupe, AG2R LA MONDIALE est aujourd’hui l’un des principaux acteurs de l’assurance et de la protection sociale en France. Portés par une ambition d’intérêt général, nous cherchons à répondre toujours mieux aux besoins et aux attentes de nos clients.

Réfléchir, débattre et rencontrer des experts ainsi que des décideurs autour des thèmes de l’épargne, de la retraite et de la prévoyance fait partie de l’ADN d’AG2R LA MONDIALE. Depuis dix ans, nous nous appuyons sur l’expertise du Cercle pour appréhender le plus finement possible la situation des Français sur ces sujets majeurs, notamment grâce aux nombreuses réunions à destination de nos assurés et de nos partenaires organisées ensemble et avec l’Association Amphitéa. Depuis sa création, onze enquêtes AG2R LA MONDIALE – Amphitéa – Cercle de l’Épargne ont été menées sur les besoins et les attentes des ménages en matière d’épargne, de retraite et de prévoyance. Elles constituent une base de données très précieuse pour nos métiers.

Nous nous efforçons ainsi de répondre au mieux aux préoccupations exprimées par les Français sur leur niveau de vie à la retraite. Selon les études du Cercle, plus de la moitié des Français épargnent en vue de la retraite, traduisant leur volonté de se constituer un supplément de revenus ou de capital. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que le Plan d’Épargne Retraite (PER) figure parmi leurs placements préférés. Conscient de ces attentes, le Groupe est pleinement engagé pour apporter des solutions concrètes et adaptées aux besoins de ses clients. Nous avons notamment développé une offre diversifiée de PER, couvrant à la fois les volets individuel et collectif. Ils permettent à nos clients de préparer leur retraite et de financer les enjeux de leur avancée en âge en épargnant dès à présent.

Depuis 10 ans, le partenariat avec le Cercle de l’Épargne contribue ainsi à promouvoir la conception solidaire et responsable de l’assurance qui fait la spécificité de notre Groupe.

Benoit Courmont

Directeur général par intérim d’AG2R LA MONDIALE

© CAPA Pictures


Spécial anniversaire du Cercle de l’Epargne par Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Épargne

Le Cercle de l’Épargne célèbre son 10e anniversaire en ce début d’année 2025. Un bel âge pour un think tank ! Cet anniversaire me permet de remercier chaleureusement AG2R LA MONDIALE et Amphitéa, nos deux partenaires, pour leur soutien.

En une décennie, le Cercle n’a pas chômé, avec 120 numéros de sa lettre mensuelle et 520 lettres hebdomadaires. Jérôme Jaffré, grâce à ses enquêtes, déchiffre chaque année les comportements des Français face aux questions sensibles de l’épargne, de la retraite et de la dépendance, ainsi que leur évolution. Onze enquêtes ont ainsi été réalisées, témoignant de l’acuité du problème des retraites et de l’importance accordée à l’épargne.

Nous avons reçu de nombreuses personnalités lors des rencontres organisées autour des membres de notre Conseil scientifique. François Baroin, Xavier Bertrand, Pierre-Louis Bras, Bernard Cazeneuve, Charles de Courson, Jean-Paul Delevoye, Jean-Pierre Jouyet, Amélie de Montchalin et bien d’autres nous ont fait l’honneur de partager leurs avis éclairés sur la situation de l’épargne, de la retraite et, plus globalement, du pays. Grâce à ses partenaires, AG2R LA MONDIALE et Amphitéa, le Cercle a participé à un grand nombre de réunions publiques. Nous avons ainsi pu aller à la rencontre des assurés à Toulouse, Marseille, Nice, Bordeaux, Lyon, Épinal, Strasbourg, Reims, Nantes, Rennes, Lille, Rouen, Pointe-à-Pitre et bien d’autres villes.

Ces dix dernières années ont été ponctuées par des évolutions majeures, notamment avec l’avènement du Plan d’Épargne Retraite (PER), créé par la loi PACTE. Le PER connaît, depuis cinq ans, un succès indéniable, séduisant 10 millions de Français. Son encours dépasse désormais 100 milliards d’euros. Ce produit répond aux besoins et aux attentes des Français, notamment grâce à sa sortie en capital. De plus, la gestion profilée par défaut leur permet de combiner sécurité et rendement.

La décennie a été également marquée par la réforme des retraites de 2023 qui a repoussé l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. La réforme paramétrique des retraites de 2023 a tiré un trait sur le projet de réforme systémique visant à instituer un régime unique par points. Pour la première fois depuis 1993, une réforme des retraites a suscité, après son adoption, une réelle contestation exprimée par plusieurs formations politiques, allant jusqu’à la demande de son abrogation. Malgré le déficit croissant des régimes de retraite, amplifié par le vieillissement démographique, l’acceptabilité des réformes semble diminuer.

La forte sensibilité des Français sur ce sujet a sans doute été accentuée par la succession des crises de ces dix dernières années : épidémie de Covid, guerre en Ukraine, guerre au Moyen-Orient et vague inflationniste. Face à ces événements, les Français ont choisi la prudence, le taux d’épargne passant de 15 % en 2019 à 18 % en 2024 du revenu disponible brut. L’épargne réglementée, notamment le Livret A, a été la grande gagnante de cette période, même si l’assurance vie a su maintenir ses positions et rester, de loin, le placement préféré des ménages, avec un encours de près de 2 000 milliards d’euros. Les épargnants sont également de plus en plus nombreux à se tourner vers les unités de compte pour améliorer le rendement de leurs contrats.

Ces dix dernières années ont aussi vu un retour progressif des ménages vers les placements en actions. Le private equity, autrefois réservé aux épargnants les plus fortunés, commence à se démocratiser. Un autre point saillant de cette décennie est l’émergence des cryptoactifs, et en particulier celle du bitcoin, dont la valeur a dépassé, en 2024, 100 000 dollars.

Dans les prochaines années, de nouvelles évolutions et mutations sont à attendre en matière d’épargne, de retraite et de prévoyance. Les Français resteront-ils des fourmis ou deviendront-ils des cigales ? Le vieillissement de la population aura-t-il un impact sur la valorisation du patrimoine ? Par ailleurs, il est probable que l’intelligence artificielle transforme la fabrication, la gestion et la distribution des produits d’épargne. Les monnaies digitales de banque centrale pourraient également provoquer une disruption du système financier.

Autant de sujets d’études et d’analyses pour le Cercle de l’Épargne !

Jean-Pierre Thomas

Président du Cercle de l’Épargne

« Vive le Cercle et Amphitéa ! », par Pierre Geirnaert, Président d’Amphitéa

2025 est une année phare pour le Cercle de l’Épargne et Amphitéa. Le premier fête ses dix ans tandis que la seconde célèbre son demi-siècle d’existence. Nous nous réjouissons de cette concomitance des anniversaires et, surtout, de notre coopération, placée sous le sceau de l’amitié. Une amitié plurielle et mutuellement enrichissante.

Depuis 2015, les membres du Conseil scientifique du Cercle participent aux différentes publications, vidéos et manifestations d’Amphitéa en vue d’éclairer nos adhérents. En dix ans, le Cercle et Amphitéa ont parcouru les quatre coins de la France métropolitaine et de l’outre-mer pour rencontrer nos correspondants et adhérents, qui sont aujourd’hui près de 450 000. À chaque fois, ces rendez-vous ont donné lieu à des échanges nourris, d’autant plus que l’actualité de ces dernières années a été particulièrement riche : épidémie de Covid, guerre en Ukraine, inflation, élections aux États-Unis et en France, pour ne citer que quelques exemples.

Amphitéa soutient le Cercle et contribue, en particulier, au financement de son baromètre sur l’épargne, la retraite et la prévoyance, supervisé par Jérôme Jaffré. Ce baromètre constitue un outil précieux pour appréhender les besoins et attentes des Français sur ces sujets majeurs. Le Cercle a également collaboré à la rédaction de deux guides, l’un sur le Plan d’Épargne Retraite et l’autre sur le patrimoine. D’autres devraient suivre dans les prochains mois.

Complémentarité et bonne humeur sont les deux caractéristiques du partenariat que les deux structures ont su nouer au fil des années. Ce sont les clés de sa réussite. Au vu de l’actualité et de l’importance croissante de l’épargne et de la retraite en France, Amphitéa et le Cercle de l’Épargne ont, sans nul doute, encore de belles années devant eux !

Pierre Geirnaert

Président d’AMPHITÉA

10 ans de Cercle de l’Epargne – 10 questions sur l’épargne à… Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne

À l’occasion des 10 ans du Cercle de l’Épargne, 10 questions à Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne



En partenariat avec AG2R LA MONDIALE et Amphitéa, le Cercle, épaulé par son conseil scientifique et présidé par Jean-Pierre Thomas, est un think tank qui s’intéresse aux questions liées à l’épargne, à la retraite et à la prévoyance. Au-delà de ces trois thèmes, il analyse plus globalement les grandes tendances de l’économie française et internationale. Le Cercle participe à de nombreuses rencontres organisées par Amphitéa, AG2R LA MONDIALE, les partenaires sociaux, les fédérations professionnelles, etc.

En dix ans, le Cercle a réalisé une centaine d’études et, sous l’autorité de Jérôme Jaffré, a mené onze enquêtes d’opinion avec le concours de l’IFOP et du CECOP. Ces études et enquêtes ont permis d’approfondir nos connaissances sur les comportements des épargnants et des assurés.

Je tiens à exprimer ma gratitude pour le soutien et la confiance que nous ont accordés depuis dix ans les responsables d’AG2R LA MONDIALE et d’Amphitéa.

La décennie a été marquée par une succession rapide de chocs et d’événements économiques : la fin de la crise des dettes souveraines, une politique monétaire non conventionnelle, l’épidémie de COVID-19, les guerres en Ukraine et au Proche-Orient, ainsi qu’une vague inflationniste. En 2020, la France a ainsi connu la récession la plus importante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que sa première vague inflationniste depuis les années 1980.

Pour l’épargne, cette période a été particulièrement mouvementée : des taux d’intérêt négatifs suivis d’une hausse rapide entre 2022 et 2024 ; des krachs en 2008 et 2020 suivis de fortes reprises des marchés ; une augmentation sans précédent des prix de l’immobilier suivie d’une crise liée à la remontée des taux ; l’apparition et l’essor du bitcoin, ainsi que le développement des banques en ligne, entre autres.

La décennie a également été agitée sur le front des retraites : après l’échec d’une réforme systémique en 2018, une réforme paramétrique controversée a été adoptée en 2023, portant notamment l’âge légal de départ à 64 ans. La santé et la prévoyance ont elles aussi connu des bouleversements. À la progression des dépenses liées au vieillissement s’est ajoutée l’épidémie de COVID-19, provoquant une hausse des hospitalisations et l’arrêt de nombreuses activités durant les confinements.

Par ailleurs, l’urgence de la transition écologique s’est imposée avec encore plus d’acuité ces dix dernières années, exigeant des transformations profondes des processus de production.

La décennie a également vu le retour du politique et de la géopolitique au centre de l’actualité économique. Le Brexit, les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis, le retour de la guerre en Europe, la crise politique en France, et d’autres événements ont profondément influencé l’économie et l’épargne. Enfin, le retour de Donald Trump et sa volonté de refonder les échanges commerciaux sont susceptibles de bouleverser à nouveau les équilibres économiques mondiaux.

En 2015, la zone euro est sortie exsangue de la crise des dettes souveraines et de celle des subprimes. Pour lutter contre le risque de déflation, la Banque centrale européenne (BCE) a été contrainte de mettre en œuvre une politique monétaire non conventionnelle reposant sur des rachats massifs d’obligations d’État et sur des taux extrêmement bas. L’épidémie de COVID-19 en 2020 et 2021 a conduit à l’intensification de cette politique, permettant à l’État français de s’endetter à taux négatifs entre 2020 et 2021. À cette époque, certains économistes et responsables publics plaidaient pour un recours accru à l’endettement, arguant que son coût était nul. En France, ces arguments ont été largement entendus, la dette publique augmentant de 1 000 milliards d’euros en moins de sept ans.

Cependant, ces analyses ont négligé un point crucial : les emprunts publics sont remboursés par de nouveaux emprunts. Si, entre-temps, les taux augmentent, le coût global de la dette progresse inévitablement. Par ailleurs, si la dette ne génère pas un accroissement de richesses, elle ne s’autofinance pas. En France, les dépenses courantes sont, en grande partie, responsables du déficit public.

Cette politique de « l’argent facile » s’est brutalement interrompue avec la vague inflationniste, qui a conduit les banques centrales à relever leurs taux directeurs. Cette hausse visait à ralentir l’économie en limitant l’accès au crédit, déjà restreint par un durcissement des conditions d’octroi. Les banques centrales ont également progressivement mis fin à leurs rachats d’obligations. En quelques mois, les taux sont passés de niveaux historiquement bas à des taux positifs dépassant 4 %.

Les taux bas ont eu pour conséquence une moindre rémunération des produits de taux, tels que les livrets d’épargne, les obligations, les fonds euros de l’assurance vie ou les Plans d’Épargne Retraite (PER). Cette baisse de rendement a été partiellement compensée par le faible niveau de l’inflation, garantissant un rendement réel faiblement positif. Cependant, la vague inflationniste a placé ces produits en territoire de rendements réels négatifs en 2022 et 2023. Ils n’ont quitté ce territoire qu’au printemps 2024, grâce à la baisse de l’inflation. Parallèlement, la hausse des taux d’intérêt a permis une amélioration des rendements des fonds euros et des dépôts à terme. Depuis juin 2024, la BCE s’est engagée dans un processus de baisse de ses taux pour favoriser une reprise économique, une décision rendue possible par la désinflation.

La période de taux historiquement bas a été particulièrement favorable à l’immobilier, qui a connu une augmentation importante du nombre de transactions, dépassant un million par an en France en 2022. Les prix des logements ont progressé de plus de 30 %, atteignant même une hausse de 70 % dans certaines agglomérations. À partir de 2023, une légère correction est intervenue, en raison du durcissement des conditions d’accès au crédit. Cette correction reste toutefois limitée, la demande de logements demeurant forte, tandis que les propriétaires hésitent encore à baisser leurs prix.

Sur le marché des actions, la décennie a été faste. Entre 2015 et 2022, les actions ont bénéficié de la baisse des taux d’intérêt, le krach de 2020 ayant été rapidement surmonté. La diminution du rendement des obligations a incité les investisseurs à privilégier les placements en actions, soutenus par les bons résultats des entreprises. La hausse des taux d’intérêt a eu un impact limité sur les cours des actions : les indices n’ont baissé qu’en 2022. Les investisseurs ont rapidement estimé que cette hausse serait temporaire. Par ailleurs, l’engouement pour l’intelligence artificielle et la rentabilité des grandes entreprises ont contribué à la poursuite de la hausse des cours.

Entre 2015 et 2024, le CAC 40 a progressé de plus de 50 %, le S&P 500 de plus de 200 %, le Nasdaq Composite de plus de 300 %, le Dow Jones de plus de 120 %, le DAX de plus de 60 %, et l’Euro Stoxx 50 de plus de 45 %.

De 2015 à 2024, le cours du bitcoin est passé de 300 000 à 100 000 dollars. En 2024, plusieurs fonds indiciels adossés au bitcoin ont été commercialisés, marquant une étape importante dans l’intégration des cryptoactifs aux marchés financiers traditionnels. Par ailleurs, une partie de la campagne électorale américaine de 2024 a été financée en cryptoactifs, témoignant de leur adoption croissante. En 2015, les cryptoactifs étaient encore l’apanage d’un public restreint de technophiles, mais ils ont, depuis, conquis un public plus large. Près d’un Américain sur cinq a acquis au moins un cryptoactif entre 2015 et 2024.

Créé en octobre 2008 en réponse à la crise des subprimes, le bitcoin est devenu le cryptoactif le plus connu. L’objectif initial de son créateur, connu sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, était de proposer un système de monnaie numérique décentralisé et sécurisé, indépendant des institutions financières traditionnelles et des gouvernements. Le bitcoin repose sur la technologie de la blockchain. Cependant, au cours des dix dernières années, le bitcoin s’est affirmé non pas comme une monnaie au sens traditionnel, mais comme une valeur hautement spéculative.

Le bitcoin ne remplit pas les fonctions classiques d’une monnaie : il n’a pas cours légal, il subit de fortes fluctuations qui limitent son rôle d’unité de compte, de moyen d’échange et de réserve de valeur. De plus, le bitcoin ne constitue pas un placement financier au sens strict, car il ne produit ni intérêt ni dividende. À l’instar de l’or, les gains ou les pertes qu’il génère proviennent uniquement des variations de son cours.

En 2024, la création de fonds indiciels cotés (ETF) reproduisant le cours du bitcoin, combinée à la victoire de Donald Trump, favorable à une libéralisation du marché des cryptoactifs, a entraîné une forte hausse de son cours. Cependant, la volonté des banques centrales de développer leurs propres monnaies digitales pourrait remettre en question les positions acquises par les cryptoactifs.

Quoi qu’il en soit, le bitcoin ne peut être qu’un actif de diversification dans un portefeuille financier, au même titre que l’or. À titre de comparaison, fin 2024, le marché des cryptoactifs représentait 3 200 milliards de dollars, contre 30 000 milliards pour l’or et plus de 80 000 milliards pour les sociétés cotées des pays de l’OCDE.

L’assurance vie a démontré, au cours des dix dernières années, une remarquable résilience. Elle a su surmonter la crise des dettes souveraines ainsi que le choc des taux historiquement bas. Les épargnants continuent de plébisciter ce placement qui offre, grâce aux fonds euros, une garantie en capital non plafonnée, et une multitude de supports susceptibles de générer du rendement grâce aux unités de compte. L’assurance vie a également réussi à préserver un régime fiscal attractif. Elle demeure un outil de gestion patrimoniale souple et performant, permettant notamment de préparer efficacement la transmission du patrimoine.

Dans ce contexte, la première place occupée par l’assurance vie dans le baromètre Amphitéa/Cercle de l’Épargne 2024 n’est guère une surprise. Ces dernières années, elle avait certes été supplantée par l’immobilier, qui avait bénéficié, entre 2015 et 2022, des taux d’intérêt bas, cependant, la remontée des taux a redonné un net avantage à l’assurance vie.

Le rendement des fonds euros est ainsi passé, en moyenne, de 1,21 % en 2021 à 2,6 % en 2023, et devrait se maintenir autour de ce niveau en 2024. Avec la baisse de l’inflation, le rendement réel des fonds euros est redevenu positif cette année. Par ailleurs, la diminution des taux des dépôts à terme depuis le milieu de l’année 2024, ainsi que celle des taux de l’épargne réglementée prévue pour 2025, devrait encore renforcer la compétitivité des fonds euros.

Avec près de 2 000 milliards d’euros d’encours, l’assurance vie conforte ainsi sa place de premier placement des ménages français, loin devant le Livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS).

Le Plan d’Épargne Retraite (PER), qui a succédé à une kyrielle de produits tels que le PERP, les contrats Madelin, la Préfon, le PERCO, etc., a connu une véritable percée depuis sa création, en 2019, par la loi PACTE. Plus de 10 millions de Français en possèdent un, et son encours a dépassé les 100 milliards d’euros en 2024. Le PER répond aux besoins et attentes des ménages en leur offrant la possibilité de se constituer un complément de revenus ou un capital en vue de la retraite. Selon le baromètre Amphitéa/Cercle de l’Épargne de 2024, près de trois Français sur quatre se disent inquiets pour leur niveau de vie à la retraite, ce qui explique l’attrait pour ce produit.

Le PER individuel a été rapidement adopté par les Français, notamment en raison de ses similitudes avec un contrat d’assurance vie, auquel s’ajoute un avantage fiscal à l’entrée. La gestion pilotée, appliquée par défaut, constitue un gage de sécurité et de rendement : les cotisations sont réparties entre le fonds euros et les unités de compte, en tenant compte du profil de risque de l’assuré (plus ou moins ouvert aux risques) et de son âge.

Si la législation actuelle n’est pas modifiée, le PER devrait, au fil des années, s’imposer comme un placement clé pour les ménages, aux côtés du Livret A et de l’assurance vie. Selon le baromètre Amphitéa/Cercle de l’Épargne de 2024, le PER occupe déjà la troisième place des placements jugés les plus intéressants par les Français, derrière l’assurance vie et le Livret A.

La mauvaise allocation de l’épargne est une vieille antienne. Raymond Barre et René Monory le soulignaient déjà dans les années 1970. Les Français sont réputés pour privilégier les produits de taux liquides, bénéficiant d’une garantie en capital et, si possible, exonérés de prélèvements obligatoires. Ce comportement ne les différencie pas des Allemands ou des Italiens, mais il contraste avec celui des Américains, Britanniques ou Néerlandais, naturellement plus enclins à investir dans des placements en actions. La sécurité et la liquidité figurent parmi les priorités des épargnants français. Faut-il vraiment les en blâmer ?

La moindre propension des Français à investir en actions s’explique également par la faiblesse des fonds de pension dans le pays, la priorité ayant été donnée en 1944 au système par répartition pour financer les retraites. Les Français sont néanmoins des épargnants pragmatiques, capables de faire évoluer leurs choix de placements en fonction de leurs rendements. Ainsi, dans les années 1980, ils ont plébiscité les SICAV monétaires qui offraient, à l’époque, des rendements dépassant 5 %, avant de se tourner massivement vers les fonds euros de l’assurance vie. En 2023, ils ont renoué avec les dépôts à terme, qui proposaient alors des rendements attractifs. Par ailleurs, ils ont repris goût à la bourse, notamment via la souscription de parts de fonds indiciels cotés (ETF). Depuis l’épidémie de COVID, le nombre de jeunes actionnaires a significativement augmenté.

L’épargne est une affaire trop sérieuse pour évoluer au gré des vents. Elle s’apparente à un tanker : elle avance lentement, mais elle n’est pas immobile.

L’épargne provient des revenus des ménages, du fruit du travail. Elle représente une renonciation à la consommation, un effort, voire un sacrifice. Les ménages doivent rester libres de choisir leurs placements. Forcer l’orientation de l’épargne revient à imposer une taxe déguisée. Faute de pouvoir financer directement sa politique économique, l’État s’en remet ainsi aux épargnants.

La France est déjà championne du fléchage de l’épargne, notamment avec le Livret A et le LDDS. Mais faut-il aller encore plus loin en créant, par exemple, un Livret Industrie ou un Livret Défense ? Pourquoi pas un Livret Agricole ou un Livret Restaurant ? Cette multiplication de produits fléchés pourrait finir par brider la liberté des épargnants et fragmenter inutilement l’épargne.

Plutôt que de jouer un rôle d’intermédiaire permanent, les pouvoirs publics devraient s’attacher à faciliter l’accès des épargnants aux fonds non cotés et aux obligations d’entreprise. Une approche plus ouverte et moins directive permettrait de mieux mobiliser l’épargne au service de l’économie réelle.

Depuis 2018, la France a connu une stabilité de la fiscalité en matière de patrimoine. C’est suffisamment rare pour être salué, mais cela ne justifie en aucun cas une augmentation des impôts en 2025. La discussion autour du projet de loi de finances pour 2024 a donné lieu à une surenchère fiscale préoccupante.

Il est essentiel de rappeler que 70 % des Français épargnent et que les revenus ainsi mis de côté ont déjà été soumis à l’impôt. Taxer lourdement l’épargne reviendrait à priver le pays de capitaux indispensables, à freiner l’investissement de demain et, par ricochet, à compromettre l’emploi d’après-demain.

L’épargne accompagne l’économie depuis ses débuts. Elle est au cœur des dynamiques économiques et sociales, jouant un rôle central dans l’allocation des ressources et la stabilité des économies. Son histoire traverse les âges, des premières accumulations dans les sociétés agraires aux formes sophistiquées de l’épargne moderne, en passant par les bouleversements des révolutions industrielles et financières.

Les origines de l’épargne

Les premiers instruments d’épargne prenaient la forme de graines, d’outils ou de bétail. Cette épargne primitive était motivée par la nécessité de faire face aux imprévus (sécheresses, maladies) et de préparer les saisons futures. Avec l’invention de la monnaie, vers 3000 av. J.-C., l’épargne prit une nouvelle dimension : elle n’était plus uniquement matérielle, mais monétaire, facilitant ainsi les échanges et l’investissement.

Au Moyen Âge, l’Église catholique prônait une méfiance envers l’accumulation excessive, qu’elle associait à l’avarice. Toutefois, l’épargne restait une pratique courante parmi les classes laborieuses pour se prémunir contre les périodes difficiles. Les monastères et les églises servaient parfois de lieux de dépôt pour les économies des fidèles.

L’épargne marchande et l’émergence des banques

Avec le développement des villes et du commerce, les marchands commencèrent à épargner sous forme de liquidités et de biens, ce qui favorisa l’émergence des premières institutions bancaires au XIIIe siècle. Les lettres de crédit devinrent à la fois des moyens d’échange et de réserve. En Italie, les premières banques, notamment celle des Médicis, virent le jour.

La Renaissance marqua un tournant : l’épargne ne fut plus seulement un acte de précaution, mais devint un moteur de l’investissement. Les familles bourgeoises accumulaient des richesses pour financer des expéditions, des manufactures et des infrastructures. Les grands explorateurs, comme Christophe Colomb, furent soutenus par l’épargne privée de mécènes et de marchands. Les États commencèrent également à émettre des emprunts, encourageant les particuliers à épargner sous forme d’obligations.

L’épargne à l’ère de l’industrialisation

Avec l’industrialisation, les besoins en capitaux se multiplièrent, nécessitant un recours accru à l’épargne des ménages. Les ouvriers et employés commencèrent à mettre de côté de petites sommes, souvent dans des institutions nouvellement créées, comme les caisses d’épargne. Les bourses se développèrent pour financer les entreprises.

Les grandes guerres des XIXe et XXe siècles transformèrent l’épargne en levier de financement pour les États. Les campagnes de souscription d’emprunts nationaux mobilisèrent l’épargne des citoyens pour soutenir l’effort de guerre.

L’épargne moderne et ses évolutions

Après la Seconde Guerre mondiale, la croissance économique permit aux ménages de diversifier leur épargne. Elle ne se limitait plus à faire face aux imprévus, et visait également à financer des projets de vie (achat immobilier, études, retraite). Au XXIe siècle, l’épargne est omniprésente : en 2024, les ménages français détenaient plus de 5 000 milliards d’euros d’actifs financiers et mettaient de côté près d’un cinquième de leurs revenus.

L’épargne épouse son époque. Elle est désormais connectée, digitale et de plus en plus durable. Les plateformes en ligne et les fintechs simplifient l’accès aux produits d’épargne, tandis que les applications mobiles permettent un suivi en temps réel. La gestion d’actifs recourt de plus en plus à l’intelligence artificielle pour optimiser les placements. Les cryptoactifs, malgré leur caractère hautement spéculatif, se sont imposés comme des investissements populaires, notamment auprès des jeunes. À l’avenir, les monnaies digitales des banques centrales pourraient révolutionner la sphère financière.

L’épargne face aux enjeux de demain

Avec la montée des préoccupations environnementales, l’épargne s’oriente de plus en plus vers des investissements durables. Les obligations vertes, permettant de financer des projets respectueux de l’environnement, sont désormais intégrées dans les fonds euros. De plus, les épargnants peuvent opter, dans leurs contrats d’assurance vie ou leurs PER, pour des fonds socialement responsables.

Enfin, un enjeu crucial reste le vieillissement démographique. Dans les années à venir, l’épargne sera appelée à jouer un rôle essentiel dans le financement des retraites et de la dépendance.

L’épargne des Français avec Sarah Le Gouez

Sarah Le Gouez était l’invitée de Guillaume Cadet sur France Inter pour parler épargne.

 L’épargne des Français est-elle un frein à la croissance du pays ?

Inflation pendant plusieurs années, remontée du chômage, faillites d’entreprises et flottement politique depuis un an… Résultat, les Français épargnent 18%. Est-ce que l’épargne pourrait être une réponse au financement des retraites ? Pour en discuter, Martial You reçoit :  Bertrand Cizeaux, directeur général d’Hello Bank, la banque en ligne de BNP Paribas, Marc Fiorentino, banquier et auteur du roman « Interdit aux moins de 60 ans » et du « guide pour sauver votre retraite » chez Robert Laffont et Philippe Crevel, directeur général du Cercle de l’Épargne.

Pluie de records pour le Livret A en 2024

Résultats du Livret A – LDDS – LEP 2024

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Le Livret A termine l’année en fanfare

Avec une collecte de 2,99 milliards d’euros, le Livret A signe son meilleur résultat de l’année. Elle lui permet d’établir un nouveau record en matière d’encours à 442,5 milliards d’euros, soit 144 milliards d’euros de plus qu’en 2019, l’année d’avant la pandémie. L’année 2024 est également marquée par un record absolu en matière de versement d’intérêts capitalisés, 12,32 milliards d’euros contre 11,23 en 2023 et 2,13 en 2019. Ce montant record d’intérêts s’explique par le taux de rendement de 3 % et par le niveau sans précédent de l’encours.

Un mois de décembre atypique

Le mois de décembre 2024 a été exceptionnel pour le Livret A. La collecte sur les dix dernières années avait été en effet nulle, les ménages ayant l’habitude de puiser sur leurs livrets d’épargne réglementée pour financer leurs dépenses de fin d’année (cadeaux, vacances, etc.). De 2009 (début de la base statistique de la Caisse des dépôts et consignations) à 2024, six décollectes ont été, en décembre, enregistrées. La dernière date de 2021, après la période covid (-1,7 milliard d’euros). Les meilleurs résultats en décembre ont été constatés ces dernières années, en 2022 et 2023 (respectivement 1,54 et 2 milliards d’euros).

La collecte record du mois de décembre 2024 peut s’expliquer par une montée des inquiétudes après l’adoption de la motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier à l’Assemblée nationale le 4 décembre dernier. Par ailleurs, les annonces de plans de licenciements ont pu conduire les ménages à opter pour la prudence en matière de dépenses. Ces inquiétudes se sont matérialisées par la chute de l’indice de confiance des ménages calculé par l’INSEE. Les informations sur la future baisse du rendement du Livret A qui ont commencé à se diffuser à la fin de l’année n’ont pas, en revanche, dissuadé les Français à y placer leurs liquidités.

Une collecte annuelle en voie de lente normalisation

La collecte annuelle du Livret A s’est élevée en 2024 à 14,87 milliards d’euros, contre 28,68 milliards d’euros en 2023. C’est la collecte annuelle la plus faible depuis 2019 (12,64 milliards d’euros). Elle est néanmoins de 3 milliards d’euros au-dessus de la moyenne de ces dix dernières années (11,48 milliards d’euros).

La baisse de la collecte entre 2023 et 2024 s’apparente à une normalisation en lien avec la baisse de l’inflation. Les ménages ont, au cours de l’année, progressivement préféré des placements de long terme comme l’assurance vie. Cette normalisation demeure incomplète en raison de la crise politique survenue à compter du mois de juin 2024.

Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) dans la foulée de son grand frère

De son côté, le LDDS a enregistré, en décembre 2024, une collecte de 940 millions d’euros contre +160 millions d’euros en novembre. En décembre 2023, la collecte avait été également positive de 1,01 milliard d’euros. Depuis 2009, aucune décollecte n’a été constatée en décembre pour LDDS. La collecte moyenne, pour le dernier mois de l’année de ces dix dernières années (2014/2023) était de 800 millions d’euros. Celle de l’année 2024 est donc légèrement au-dessus. Le LDDS qui est souvent connecté avec le compte courant réagit plus rapidement aux versements des primes et des treizièmes mois du mois de décembre.

Sur l’ensemble de l’année, le LDDS enregistre une collecte de 6,55 milliards d’euros, en retrait par rapport à celle de 2023 (11,24 milliards d’euros). Elle est néanmoins près de deux fois supérieure à celle de 2019 (3,91 milliards d’euros). Les intérêts capitalisés atteignent 4,48 milliards d’euros soit près de 500 millions de plus qu’en 2023. Ce montant constitue un record absolu pour le LDDS.

L’encours du LDDS, à fin décembre, s’élevait à 160,6 milliards, également un record. Fin 2019, l’encours du LDDS était de 112,4 milliards d’euros.

Le  Livret d’Épargne Populaire (LEP) un bon cru 2024

Avec 11,7 millions de titulaires (fin octobre 2024), le Livret d’Épargne Populaire a enregistré une collecte positive en 2024, de 6,88 milliards d’euros contre 20,67 milliards d’euros en 2023 qui avait été marquée par le relèvement du plafond de 7 700 à 10 000 euros. La baisse du rendement, passé de 6 à 4 %, a joué dans le recul de la collecte. Malgré tout, l’encours établit un nouveau record à 82,2 milliards d’euros. Les intérêts capitalisés se sont élevés à 3,43 milliards d’euros en hausse par rapport à 2023 (3,29 milliards d’euros).

Quels effets de la baisse des taux de l’épargne réglementée en février sur la collecte ?

Le 1er février, le taux du Livret A et du LDDS passera de 3 à 2,4 % et celui du LEP de 4 à 3,5 %. Dans le passé, les baisses de rendement ne se sont pas toujours accompagnés de décollecte. Il en fut ainsi en février 2011 et février 2013. En revanche, en février 2015 et févier 2020, des décollectes ont été enregistrées mais le taux était alors passé en-dessous de 1 %. Les années 2014 et 2015 ont été marquées par des décollectes records (-6,13 et -11,02 milliards d’euros pour le Livret A).

La baisse du rendement du Livret A en 2025 se caractérise par son importance 0,6 point. Il faut remonter à mai 2009 en pleine crise financière pour avoir une baisse plus importante (0,75 point de 2,5 à 1,75 point). Il est à noter que le taux était passé de 4 à 2,5 % le 1er février 2009. Cette série de baisses, en 2009, avait provoqué un mouvement de décollecte.

Pour 2025, le contexte économique et politique devrait rester incertain incitant les ménages à poursuivre leur effort d’épargne contrariant le souhait du Ministre de l’Économie d’un rebond de la consommation, nécessaire à la bonne tenue des recettes de TVA. Par ailleurs, le premier semestre est logiquement favorable à la collecte, le mois de janvier étant dominé par le versement des étrennes de la fin d’année précédente. La persistance d’un contexte politique et économique incertain pourrait amener les ménages à maintenir leurs versements à un niveau élevé sur le Livret A ou le LDDS.

ANNEXES

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations
Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations
Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Prudents ou radins : pourquoi les Français épargnent-ils autant ?

Philippe Crevel était ce 20 janvier l’invité d’Aliette Hovine sur le plateau d’Entendez-vous l’éco ?. Ensemble ils sont revenus sur le le rapport des Français à l’épargne. Philippe Crevel a ainsi expliqué au auditeurs de France Culture, les raisons pour lesquels les Français remplissent autant leur bas de laine et leurs choix de placements.

Immobilier, impôts, placements : la remontée des taux met-elle en péril votre patrimoine ?

Dans le journal Les Echos, Philippe Crevel est interrogé sur les risques possibles pour les fonds euros des contrats d’assurance vie en cas de remontée des taux. Le Directeur du Cercle de l’Epargne, se veut rassurant rappelant que « ce risque survient quand il y a une hausse des taux extrêmement rapide, par exemple si l’OAT passait de 3,4 % à 5 % ou 6 % en quelques jours. A l’inverse, une hausse de taux progressive est tout à fait gérable par les assureurs. Au contraire, elle contribue à augmenter la rémunération du fonds en euros ».

Assurance-vie : les rendements des fonds en euros reprennent l’avantage sur le Livret A

La baisse du taux du Livret A devrait profiter au contrat d’assurance vie. Philippe Crevel précise ainsi dans les Echos que « les rendements des fonds en euros sont plutôt stables par rapport à 2023, avec une volonté de ne pas les baisser ».

Baisse des taux de l’épargne règlementée au 1er février 2025

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Une baisse logique mais sensible

Plus de quatre Français sur cinq détiennent un Livret A, plus de  26 millions possèdent un Livret de Développement Durable et Solidaire et 11 millions un Livret d’Épargne Populaire. Tout changement de taux de ces placements est sensible et est un acte éminemment politique. Souvent considérés comme des symboles de l’épargne dite populaire, ces produits sont devenus des références permettant d’étalonner à tort ou à raison les rendements financiers. Le Livret A est une balise pour de nombreux épargnants.

Depuis l’épidémie Covid de mars 2020, les livrets d’épargne réglementée ont connu une forte collecte. La succession de chocs (covid, guerre en Ukraine, inflation, crise politique) a conduit les ménages à renforcer leur épargne de précaution. À la différence des Américains, les Français n’ont pas, depuis quatre ans, puisé dans leur épargne de précaution. Le taux d’épargne est resté de trois points supérieur à son niveau de 2019, à 18 % du revenu disponible brut au lieu de 15 %.

Au 30 novembre 2024, l’encours du Livret A s’élevait à 427,2 milliards d’euros et celui du LDDS à 155,2 milliards d’euros contre respectivement 298,6 et 112,4 milliards d’euros en décembre 2019.

Les taux en vigueur à compter du 1er février 2025

Le taux du Livret A passera le 1er février 2025 de 3 à 2,4 % après une longue période de gel. Le taux avait été fixé à 3 % le 1er février 2023.

Le Gouvernement a appliqué à la lettre la formule du Livret A qui repose sur l’inflation et le taux Ester des six derniers mois connus. La baisse de l’inflation et, plus marginalement, celle des taux directeurs de la Banque centrale européenne expliquent la diminution du taux du Livret A.

Le taux de 2,4 % s’appliquera également au Livret de Développement Durable et Solidaire.

Le taux du Livret Jeune ne pourra pas, à compter du 1er février 2025, être inférieur à 2,4 %. Celui du Compte d’Épargne Logement s’élèvera à 1,6 %.

Le taux du Livret d’Épargne Populaire sera de son côté fixé à 3,5 % si le gouvernement suit la recommandation du Gouverneur. Cela signifierait qu’il y aurait un petit bonus par rapport à la formule qui prévoit le taux le plus élevé entre :

  • Le taux du Livret A +0,5 point.
  • Le taux d’inflation des six derniers mois

L’objectif du gouvernement : la relance incertaine de la consommation

Le gouvernement, en abaissant le taux du Livret A, entérine la désinflation. Il souhaite par ailleurs favoriser la consommation des ménages qui est atone depuis des mois. Pour autant, la baisse du taux du Livret A ne fait pas toujours le printemps de la consommation qui obéît à des facteurs psychologiques. L’absence de confiance des ménages dans la situation économique ou politique influe plus que le rendement du Livret A sur leur propension à consommer.

Avant la crise sanitaire, les baisses de taux avaient des effets sur la collecte durant quelques mois avec la possible survenue de décollecte.

La baisse du taux du Livret A diminuera le coût des emprunts des bailleurs sociaux réalisés à partir des ressources du Livret A. Ce dernier contribue ainsi au financement du logement social. Le gouvernement espère un effet positif pour le secteur du bâtiment confronté à une crise depuis deux ans en lien avec la hausse des taux d’intérêt.

Plus globalement, la baisse du taux du Livret A, en diminuant les coûts de rémunération pour les banques du Livret A, du LDDS et du LEP, devrait inciter ces dernières à réduire leurs taux d’intérêt pour les crédits aux ménages et aux entreprises ainsi qu’aux collectivités locales.

Une perte pour les épargnants

Les titulaires de livrets d’épargne réglementée seront moins bien rémunérés en 2025 sachant qu’une nouvelle baisse pourrait intervenir au mois d’août.

Avec un taux de 2,4 %, sur un an pour un Livret A moyen de 7 000 euros, la perte est de 42 euros. Pour un Livret A, au plafond de 22 950 euros, la perte est de 137,7 euros.

Pour un LEP moyen de 6 600 euros, la perte sur un an sera de 33 euros. Pour un LEP au plafond de 10 000 euros, la perte sera de 50 euros. 

Les taux de l’épargne réglementée qui étaient depuis 2022 au-dessus des taux de rémunération de l’épargne longue devrait repasser, en 2025, en-deçà permettant le respect de la hiérarchie des taux. Le rendement moyen des fonds euros devrait être supérieur à celui du Livret A. La baisse du taux du Livret A devrait favoriser les placements à long terme.

À 2,4 %, le rendement réel du Livret A restera néanmoins positif. L’inflation attendue pour 2025 devrait se situer autour de 1,5 %. Le rendement sera donc positif d’un point ce qui demeure élevé en moyenne période pour le Livret A. Le rendement avait été constamment négatif ou nul entre 2017 et 2023.

Cercle de l’Épargne – données INSEE pour l’inflation

Une nouvelle baisse prévisible en août

Le taux du Livret A pourrait diminuer à nouveau le 1er août prochain avec la confirmation de la baisse de l’inflation. Les diminutions des taux directeurs de la Banque centrale européenne pèseraient par ailleurs sur le taux Ester. Le taux du Livret A pourrait alors passer autour de 2 %.

La Banque de France propose de baisser le taux du Livret A à 2,4 %, contre 2,5 % attendu

Attendue, la baisse de la rémunération du Livret A à compter du 1er février va-t-elle influencer les épargnants dans leur choix de placements en 2025 ? Pour Philippe Crevel, interrogé dans le journal Les Echos, l’effet taux pourrait être mesuré sur la collecte de janvier. Il précise qu’en janvier « le Livret A fait souvent une bonne collecte, entre les étrennes, l’avance de crédit d’impôt et le treizième mois « .

Vieillissement de la population et soins longue durée : comment faire face à des coûts croissants pour les personnes âgées ?

Le vieillissement de la population mondiale soulève des questions cruciales sur la manière de prendre en charge les besoins croissants des personnes âgées. Selon un rapport de l’OCDE intitulé « Les soins sont-ils abordables pour les personnes âgées ? » (Is Care Affordable for Older People?), ces défis sont importants en France, où le modèle de financement des soins de longue durée (SLD) fait face à des pressions croissantes.

Avec l’allongement de l’espérance de vie et le net recul du nombre de naissances, la proportion de personnes âgées augmente dans tous les pays de l’OCDE. En France, comme ailleurs, cette évolution se traduit par une augmentation des besoins en soins de longue durée. Ces derniers concernent des services essentiels pour accompagner les personnes âgées dans leurs activités quotidiennes : aide à la toilette, ménage, gestion des repas ou encore maintien d’une vie sociale active.

En 2022, au sein de l’OCDE, près d’une personne sur quatre âgée de 65 ans et plus (24 %) avait besoin de soins de longue durée avec des niveaux de besoins plus au moins importants : Pour 12 % les besoins en soins étaient faibles, pour 8 % les besoins étaient modérés quand les 4 % restant nécessitaient d’importants besoins. La proportion des personnes concernées varie d’un pays à l’autre. Si Israël et l’Irlande se distinguent par la faible proportion de personnes âgées avec des besoins de soins de longue durée, le Japon, la Lituanie et la Lettonie sont à l’inverse plus particulièrement touchés par cette problématique.

En lien avec le vieillissement de la population, à horizon 2050, la part des séniors avec des besoins de soins de longue durée devrait progresser de 30 % au sein de l’OCDE (soit une hausse de 1,2 point de pourcentage), dans des proportions diverses selon les pays. Cela se traduit par une augmentation de 42,8 à 54,7 millions de personnes ayant besoin de SLD en 2050 dans la zone OCDE.

Proportion projetée de personnes âgées supplémentaires ayant des besoins de soins au sein de la population totale

Source : OCDE

Selon l’importance des besoins de SLD et la situation financière des personnes concernées, l’OCDE établit une estimation moyenne des coûts des soins pour les individus au sein des pays membres :

  • Les coûts totaux des soins destinés à une personne ayant de faibles besoins de soins (estimés par l’OCDE à 6,5 heures par semaine) représenteraient les deux tiers du revenu d’une personne à faible revenu ;
  • Une personne ayant des besoins modérés (soit 22,5 heures par semaine) et gagnant un revenu médian ferait déjà face à des coûts qui représentent près de 1,5 fois son revenu ;
  • Une personne ayant des besoins sévères (41,25 heures par semaine) ne pourrait pas assumer les frais de soins avec son seul revenu, même si elle gagnait un revenu élevé.

Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, le coût total des soins de longue durée pour les personnes âgées varie d’une à près de sept fois le revenu disponible médian des personnes âgées.

L’organisation internationale insiste sur l’importance des systèmes de protection sociale pour permettre la prise en charge les soins de longue durée. En moyenne, les systèmes publics de l’OCDE couvrent 62 % du coût total des SLD pour les personnes ayant des besoins modérés. Les systèmes publics ciblant prioritairement les plus vulnérables de la population en offrant un soutien plus important aux personnes âgées ayant des besoins plus sévères en matière de SLD et à faible revenu.

Elle met en évidence, le recours important à l’épargne y compris dans les États fournissant une aide publique. Dans la majorité des pays et des régions infranationales couverts par le rapport, au moins 50 % de la population serait amenée à puiser dans son épargne pour payer les soins de longue durée à domicile même après avoir reçu une aide publique.

Proportion de personnes âgées qui ont besoin d’utiliser leur patrimoine pour payer des soins de longue durée à domicile

Source : OCDE

La France ne fait pas exception dans ce mouvement haussier, même si la proportion de personnes âgées concernées y demeure légèrement inférieure à celle des pays de l’OCDE pris dans leur ensemble. En France, la nécessité d’anticiper cette progression est notamment amplifiée par des facteurs sociaux, en particulier la baisse du nombre d’aidants informels qui engendre des besoins financiers supplémentaires. Les familles, autrefois piliers des soins aux aînés, se trouvent de plus en plus éloignées géographiquement ou absorbées par des impératifs professionnels. En outre l’évolution du noyau familial, avec la multiplication des familles monoparentales ou recomposées complique la donne.

Le système français repose principalement sur les financements publics pour assurer l’accès aux soins de longue durée. Les départements jouent un rôle clé dans la distribution de l’APA, tandis que des aides supplémentaires (comme celles liées au logement en institution) viennent compléter le dispositif. Cette approche est critiquée pour son hétérogénéité. Les niveaux d’aide varient selon les régions et les critères d’éligibilité, entraînant des inégalités d’accès. Par ailleurs, la France consacre environ 1,5 % de son PIB aux SLD, un niveau supérieur à la moyenne de l’OCDE mais largement inférieur aux pays nordiques, qui y allouent plus de 3 % de leur PIB.

Un reste à charge important pour les ménages

En France, bien que les aides publiques soient conditionnées aux revenus, elles se révèlent insuffisantes pour assumer un reste à charge important, en particulier dans les cas où la personne âgée a des besoins de soins sévères.

Reste à charge des particuliers après avoir reçu une aide publique en pourcentage du revenu médian

Source : OCDE

De fait, en moyenne, une personne âgée ayant des besoins sévères doit, selon le rapport de l’OCDE, consacrer plus de la moitié de ses revenus pour financer les soins à domicile. Le coût des soins en établissement peut quant à lui dépasser, dans certains cas, le revenu médian d’un individu. Cette situation place la France dans une position intermédiaire : bien qu’elle offre une meilleure couverture que des pays comme les États-Unis ou l’Estonie, elle reste loin derrière les systèmes nordiques, qui financent jusqu’à 90 % des coûts des soins.

Un impact limité des politiques publiques en matière de SLD sur la réduction de la pauvreté en France

L’un des objectifs des politiques publiques en matière de SLD est de prévenir la pauvreté chez les personnes âgées. Sans protection sociale, la plupart des personnes ayant besoin de soins de longue durée seraient dans la pauvreté. Selon l’OCDE, en moyenne, la réduction de la proportion de personnes exposées au risque de pauvreté est de 30 points de pourcentage, tant pour les besoins sévères que pour les besoins modérés.

Si les pays où les dépenses publiques en SLD sont plus élevées, l’augmentation des risques de pauvreté associée aux coûts des SLD est généralement plus faible, cette règle ne se vérifie pas partout. De fait, la Finlande, le Danemark et l’Allemagne dépensent nettement moins que les Pays-Bas, mais parviennent à limiter les risques de pauvreté dans des proportions comparables. Inversement, la France qui dépense pourtant davantage que la Pologne parvient à un résultat aussi faible en matière de réduction des risques de pauvreté. En France, pour les personnes ayant des besoins sévères, le taux de pauvreté est supérieur de 33 points de pourcentage à celui des personnes âgées sans besoins en soins de longue durée.

Des modèles universels performants davantage axés sur des prestations en nature

Les pays nordiques comme le Danemark ou la Finlande offrent des systèmes de soins largement universels. Ces pays privilégient les prestations en nature, garantissant ainsi un accès direct à des services de qualité. Les résultats semblent probants. Selon l’OCDE, ces systèmes réduisent efficacement la pauvreté, tout en maintenant un haut niveau de satisfaction des usagers.Pour réduire le reste à charge des ménages, l’organisation internationale estime que la France pourrait élargir l’accès aux prestations en nature. Cela nécessiterait, néanmoins, une augmentation des dépenses publiques en SLD, qui pourraient atteindre 2,5 % du PIB d’ici 2050.

Un recours limité aux acteurs privés en France

Les auteurs du rapport mettent en évidence le poids limité du secteur privé dans la gestion des SLD en France, en particulier pour le financement des besoins. Les assurances dépendance, bien qu’encouragées, peinent à séduire une large part de la population. Contrairement à l’Allemagne, qui a instauré une assurance publique obligatoire couplée à des mécanismes privés, la France a privilégié la prise en charge par la solidarité nationale. Outre-Rhin, le système repose sur une assurance dépendance obligatoire, financée par des cotisations salariales et patronales. Ce modèle hybride garantit une couverture de base pour tous, tout en laissant la possibilité de souscrire des assurances complémentaires pour des prestations supplémentaires. Le développement d’assurances dépendance obligatoires, à l’instar de ce qui se fait en Allemagne, permettrait de mieux répartir les coûts entre générations. La France pourrait également explorer des mécanismes de préfinancement, tels que des cotisations spécifiques pour la dépendance.

En France, le secteur privé est davantage présent dans le cadre de la gestion des établissements de soins. Toutefois, ces structures restent inaccessibles pour de nombreux ménages à revenu faible ou moyen en raison des frais élevés.

Renforcer l’attractivité d’un secteur mal-aimé et investir dans l’efficacité et l’innovation

La France souffre d’un sous-investissement chronique dans les services de soins, ce qui empêche une prise en charge efficace. On estime que le secteur manque de 60 000 professionnels. Cette situation résulte de salaires peu attractifs et de conditions de travail difficiles, qui découragent les vocations. Revaloriser les salaires et améliorer les conditions de travail permettrait d’attirer et retenir des professionnels qualifiés. Les zones rurales sont particulièrement touchées par un manque de services adaptés, forçant de nombreuses personnes âgées à quitter leur domicile pour trouver des solutions en milieu urbain.

Les systèmes de soins médicaux, sociaux et familiaux fonctionnent souvent en silos, ce qui limite l’efficacité des interventions. La productivité dans le secteur des soins pourrait, en outre, être améliorée grâce à la technologie, comme la télémédecine ou les robots d’assistance. Le Japon, par exemple, a adopté ces solutions pour pallier la pénurie d’aidants. Par ailleurs, des politiques de promotion du vieillissement en bonne santé, comme celles menées au Danemark, pourraient réduire la demande de soins intensifs à long terme.

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En France, comme dans de nombreux pays de l’OCDE, la prise en charge des personnes âgées en perte d’autonomie est à la croisée des chemins. Si les aides publiques comme l’APA offrent un soutien essentiel, elles restent insuffisantes face aux défis posés par le vieillissement démographique.

En s’inspirant des meilleures pratiques engagées par ses voisins européens, la France pourrait renforcer la générosité de son système tout en explorant des solutions innovantes pour contenir les coûts. Une réforme globale incluant un financement renforcé, une meilleure valorisation des métiers du soin et un soutien accru aux aidants familiaux est indispensable pour garantir des soins de qualité et répondre aux besoins croissants des personnes âgées. La clé résidera dans une répartition équitable des charges entre l’État, les ménages et les acteurs privés. Seule une approche globale permettra de garantir des soins accessibles et abordables pour tous, dans un contexte de vieillissement démographique inéluctable. Ce défi, qui concerne des millions de Français, est également une opportunité : celle de construire un système plus solidaire et adapté aux réalités

Les réserves des fonds euros ou les provisions pour participation aux bénéfices : mais qu’est-ce que c’est ?

Chaque année, avant la fin du mois de janvier, les assureurs communiquent le rendement de leurs fonds euros des contrats d’assurance vie ou des Plans d’Épargne Retraite souscrits par leurs clients assurés ou sociétaires. Ce rendement, fruit des placements réalisés par les assureurs (intérêts des obligations, dividendes des actions, revenus fonciers, plus-values, etc.) à partir des primes versées peut être dopé par l’utilisation des provisions pour participation aux bénéfices.

Définition de la Provision pour Participation aux Bénéfices (PPB)

La PPB est un mécanisme réglementaire en assurance vie qui permet aux assureurs de lisser dans le temps la distribution des bénéfices à leurs assurés. Instituée par la loi du 17 décembre 1966 sur la participation aux excédents, la PPB est encadrée par le Code des assurances. Les compagnies d’assurance vie sont obligées de reverser une grande partie de leurs bénéfices techniques et financiers à leurs clients.

Les assureurs doivent redistribuer au moins 90  % des bénéfices techniques, qui correspondent aux excédents résultant de la différence entre les primes perçues et les sinistres payés, ajustés des frais de gestion. Ils doivent également reverser au minimum 85  % des bénéfices financiers, issus des revenus générés par les placements des primes collectées.

Ces pourcentages constituent les seuils légaux minimaux de redistribution aux assurés. Les assureurs ont la possibilité de retenir une partie de ces bénéfices sous forme de PPB, afin de gérer la volatilité des rendements et de garantir une certaine stabilité des taux servis aux assurés.

La PPB est une réserve comptable alimentée par la part des bénéfices non immédiatement distribuée aux assurés. Elle appartient collectivement aux assurés et doit être restituée dans un délai maximal de huit ans. Cette provision permet aux assureurs de lisser les rendements servis en puisant dans cette réserve lors des années moins favorables, assurant ainsi une certaine stabilité des taux crédités aux contrats d’assurance vie.

La PPB, bien que constituée au bénéfice des assurés, n’est pas individualisée. Ainsi, en cas de rachat total ou partiel d’un contrat, l’assuré ne peut pas prétendre à une quote-part spécifique de la PPB.

La constitution et l’utilisation de la PPB sont strictement encadrées par le Code des assurances. Les assureurs doivent respecter les obligations de redistribution des bénéfices et veiller à une gestion prudente de cette provision. Les autorités de contrôle, telles que l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR), surveillent le respect de ces dispositions afin de protéger les intérêts des assurés.

Les PPB, fonds propres ou pas fonds propres ?

Les PPB ne sont pas en soi des fonds propres pour les assureurs car elles appartiennent aux assurés. Néanmoins, lors de la période des taux bas, l’ACPR a permis leur comptabilisation en quasi-fonds propres. Par un arrêté ministériel publié au Journal Officiel le 28 décembre 2019, les assureurs, sous conditions strictes et après autorisation de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), peuvent intégrer une partie de la PPB dans leurs fonds propres. Les assureurs ont l’obligation de présenter un plan de restitution des montants repris sur la PPB sur une période maximale de huit ans, et l’interdiction de verser des dividendes tant que ces montants n’ont pas été restitués.

La pratique des assureurs en 2023 en matière de PPB

Selon une étude de Good Value for Money, en 2023, les assureurs vie ont prélevé 9 milliards d’euros de PPB pour maintenir les taux servis, diminuant ainsi le niveau moyen de PPB de 4,83 % à 4,45 % des encours en euros. Les assureurs ont ainsi consenti un effort important pour relever les taux de rendement dans une période de forte concurrence avec l’épargne réglementée et les dépôts à terme. La hausse des taux directeurs a entraîné celle des taux du marché monétaire favorisant les produits d’épargne de court terme. Par ailleurs, le retour de l’inflation a conduit les pouvoirs publics à relever les taux de l’épargne réglementée (Livret A, LDDS, LEP). En 2023, les taux de rendement des fonds euros de l’assurance vie se sont élevés à 2,6 % contre 1,9 % en 2022 et 1,21 % en 2021.

Les assureurs ont effectué une ponction de 4 milliards d’euros pour compenser les moins-values obligataires générées par la hausse des taux. L’utilisation ciblée de la réserve de capitalisation permet de réaligner les portefeuilles obligataires sur des opportunités de rendement supérieur, mais cette stratégie reste dépendante de l’ampleur des réserves disponibles. Les assureurs ont tout avantage à se délester d’obligations à faibles taux au profit d’obligations mieux rémunérées, mais cela a un coût avec l’enregistrement de moins-values.

Avec la baisse des prix et l’augmentation des vacances de bureaux et de commerces, les plus-values latentes pour l’immobilier ont chuté de 14 milliards d’euros. En revanche, les plus-values latentes sur actions ont progressé de 7 milliards d’euros, grâce à une hausse notable des marchés financiers (+16,5 % pour le CAC 40).

La performance des actions a partiellement compensé les pertes immobilières, mais le bilan reste négatif avec une baisse nette de 20 milliards d’euros des réserves totales.

176 milliards d’euros de réserve

Les réserves des fonds en euros des assureurs sont passées de 176 milliards d’euros à 156 milliards d’euros entre fin 2022 et fin 2023. Le ratio moyen de réserve s’élevait à 11,40 % des encours, contre 11,65 % en 2022 et 14,71 % en 2021. Les réserves actuelles permettraient aux assureurs de soutenir un taux de 1,40 % sur huit ans, ce qui constitue un matelas de sécurité appréciable pour les assurés. Les compagnies d’assurances se sont montrées proactives en réorientant, ces dernières années, leur allocation d’actifs.

En 2024, elles ont pu bénéficier du dynamisme des marchés « actions » hors France et de taux obligataires soutenus même si la Banque centrale européenne a engagé un processus de baisse de ses taux directeurs. En 2024, la consommation de PPB devrait être moindre qu’en 2023 tout en restant soutenue afin de rapprocher le plus possible les fonds euros du rendement des produits de taux de court terme.

Retraite, France/Allemagne, refaisons le match !

L’Allemagne, premier partenaire économique européen de la France, est confrontée, plus encore que cette dernière, au vieillissement de sa population. Elle a entrepris des réformes majeures de son système de retraite dès les années 1990. Ces réformes ont permis de préserver la viabilité financière des régimes de retraite et se sont accompagnées d’une montée en puissance de l’épargne retraite.

Les fondements du système allemand de retraite

Au cœur du système allemand se trouve le régime de base obligatoire, couvrant près de 92 % des actifs. Certains groupes professionnels disposent de régimes spécifiques, bien qu’intégrés dans le système général. Il convient ainsi de distinguer le régime des indépendants agricoles (géré par la Landwirtschaftliche Alterskasse) et celui des professions libérales (médecins, avocats, architectes, etc.) qui sont affiliés à des caisses professionnelles obligatoires (Versorgungswerke). Ces caisses fonctionnent souvent sur un modèle de capitalisation.

En Allemagne, les fonctionnaires bénéficient également d’un système de retraite distinct des autres catégories de travailleurs. Ils ne cotisent pas au système général de retraite (Deutsche Rentenversicherung) mais dépendent d’un régime spécial appelé Versorgung der Beamten, ou système de pensions des fonctionnaires. Ce régime, par répartition, est financé par l’État. Contrairement aux salariés, les fonctionnaires ne versent pas de cotisations sociales pour leur retraite. Leur pension est directement financée par le budget de l’État. Le montant de leur retraite est calculé en fonction de leur ancienneté dans le service public et de leur dernier salaire brut. Le taux de remplacement peut atteindre jusqu’à 71,75 % du dernier salaire après 40 ans de service.

Hors régimes particuliers, le régime général fonctionne par points. Chaque année de cotisation génère un certain nombre de points proportionnels au salaire brut. Au moment de la retraite, ces points sont multipliés par leur valeur, actualisée chaque année. En 2024, un point valait 37,60 euros.

Avec les réformes Hartz au début du XXIe siècle, des mesures ont été prises pour encourager le développement des régimes complémentaires d’entreprise et de l’épargne individuelle (plans Riester). Ces dispositifs, introduits en 2001, offrent des avantages fiscaux permettant à chaque contribuable de déduire jusqu’à 2 100 euros de ses revenus imposables. En 2023, seuls 15,5 millions de contrats avaient été souscrits.

Une mécanique de pilotage pour garantir l’équilibre des régimes de retraite

Si l’Allemagne est souvent citée pour la rigueur de son système, c’est en grande partie grâce à ses mécanismes automatiques de pilotage. Chaque variable du système – cotisations, valeur des pensions ou âge de départ – peut être ajustée pour préserver l’équilibre financier. Par exemple, la valeur des pensions évolue selon une formule intégrant les salaires, les cotisations et un facteur démographique. Ce dernier, appelé facteur de soutenabilité, agit comme un stabilisateur automatique, modérant les hausses lorsque le nombre de retraités augmente plus vite que celui des cotisants.

Cette approche a permis de contenir les dépenses publiques à 10,2 % du PIB en 2023, bien en deçà des 14 % observés en France.

L’âge légal de départ à la retraite est de 67 ans pour les générations nées après 1964. Pour les générations nées entre 1947 et 1964, l’âge légal augmente progressivement, de 65 ans à 67 ans, à raison de deux mois supplémentaires par année de naissance. Un départ est possible à partir de 63 ans pour ceux ayant cotisé au moins 45 ans. Les personnes ayant cotisé au moins 35 ans peuvent partir avant l’âge légal, mais avec des réductions sur le montant de leur pension. Des pénalités s’appliquent pour chaque mois manquant avant l’âge légal (environ 0,3 % par mois, soit 3,6 % par année d’anticipation). Les personnes ayant commencé à travailler tôt (par exemple à 18 ans) peuvent bénéficier de leur retraite sans pénalité dès 63 ans.

La période de 45 années inclut les périodes de travail, les périodes d’éducation des enfants (jusqu’à 3 ans par enfant) et certaines périodes de chômage indemnisé.

Les actifs peuvent continuer à travailler au-delà de l’âge légal (retraite flexible), ce qui augmente le montant de leur pension.

Des inégalités plus importantes du côté allemand

Avec un taux de remplacement moyen de 74 % pour une carrière complète, les retraités français conservent un niveau de vie proche de celui des actifs. Par unité de consommation, leur niveau de vie était, en 2022, même légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population. En Allemagne, le niveau de vie des retraités est de 12 % inférieur à la moyenne de la population.

Si le système allemand se distingue par son efficacité budgétaire, il est loin d’être égalitaire. En 2023, la pension nette moyenne était de 1 091 euros par mois. Mais cette moyenne cache des écarts criants. Les hommes touchent en moyenne 1 309 euros, contre seulement 888 euros pour les femmes. Ces disparités reflètent les inégalités de parcours professionnels, les femmes accumulant souvent moins de points en raison de carrières interrompues ou à temps partiel.

Par ailleurs, la pauvreté des retraités constitue une ombre au tableau. En 2020, près de 20,9 % des Allemands âgés de 65 ans et plus vivaient sous le seuil de pauvreté, contre 12,2 % en France. Ce phénomène est particulièrement aigu chez les retraités ayant travaillé dans des secteurs à faible rémunération ou avec des carrières hachées. Si l’introduction de la Grundrente, une pension minimale pour les faibles revenus, marque une avancée, elle reste insuffisante pour combler ces écarts.

Les inégalités au sein des retraités, mesurées par le rapport interdécile (D9/D1), sont plus élevées en Allemagne (3,3) qu’en France (3,0). Cette différence reflète un système socio-fiscal plus redistributif en France.

En France, les ménages âgés de 75 ans et plus possèdent un patrimoine médian de 200 000 euros. En Allemagne, ce chiffre tombe à 120 000 euros, traduisant une désaccumulation plus fréquente.

En France, la possession de la résidence principale est souvent perçue comme un rempart contre les aléas de la retraite. En 2022, 75 % des ménages français de plus de 65 ans étaient propriétaires, contre moins de 40 % en Allemagne. Cette différence s’explique par des choix culturels et économiques. En Allemagne, les retraités n’hésitent pas à désaccumuler leur patrimoine immobilier, en vendant ou en louant leur logement pour financer leurs besoins. Cette approche, bien qu’efficace, les expose davantage aux fluctuations du marché locatif.

Perspectives

Face à des défis démographiques colossaux – un ratio de dépendance atteignant 55 % d’ici 2070 – l’Allemagne continue d’ajuster son système. Le relèvement progressif de l’âge de départ à 67 ans d’ici 2031 constitue une mesure phare, tout comme les efforts pour simplifier l’épargne retraite individuelle. Ces réformes, bien que pragmatiques, suscitent des débats : comment garantir l’équité entre générations tout en préservant la soutenabilité financière ? Une opposition se dessine contre le report de l’âge de la retraite, sachant qu’un nombre croissant d’Allemands quittent le monde du travail avant celui-ci, au prix de décotes.

Patrimoine économique national de la France : 8,1 fois le PIB

En 2023, le patrimoine économique national qui regroupe le patrimoine des ménages, des sociétés non financières, des sociétés financières et des administrations publiques, s’élevait, selon l’INSEE, à 18 674 milliards d’euros, en recul de 4,2 % après huit années de croissance. Il représente 8,1 fois le produit intérieur net de l’année, en base 2020. En moyenne, entre 2014 et 2022, la progression avait été de 4,8 %. La baisse de 2023 est imputable à la diminution des prix immobiliers, tandis que, dans le même temps, les actifs et passifs financiers ont progressé.

Cercle de l’Épargne – donnés INSEE

La diminution des prix de l’immobilier

Les prix des biens immobiliers ont reculé de 3,9 % en 2023, selon l’indice INSEE-Notaire. La diminution des prix des terrains a atteint 13,7 %, tandis que les bâtiments ont connu une augmentation de 3,8 %. De 2016 à 2021, les terrains bâtis constituaient le principal facteur de croissance du patrimoine total. En 2022, dans un contexte de fortes perturbations du marché immobilier, la très légère contraction du prix des terrains avait été plus que compensée par la hausse des prix de la construction.

En 2023, les actifs et les passifs financiers nationaux ont progressé après leur baisse en 2022 (+5,9 % et +6,0 %, respectivement, après -2,3 % et -2,6 %). Cette évolution s’explique par la hausse de la valeur des actions et parts de fonds d’investissement. Les flux nets d’acquisitions d’instruments financiers ont toutefois contribué un peu moins aux variations des actifs et des passifs financiers qu’en 2022 (contributions de +2,1 points à l’actif et +2,2 points au passif en 2023, contre +2,4 points à l’actif comme au passif en 2022). Ces évolutions se reflètent dans tous les secteurs institutionnels, avec des disparités liées à la nature de leurs avoirs et de leurs engagements financiers. Globalement, le patrimoine financier net de l’économie nationale s’est replié en 2023 à -410 milliards d’euros, après -324 milliards d’euros en 2022.

Diminution du patrimoine des ménages en 2023

Le patrimoine des ménages représente l’essentiel du patrimoine économique national (78,0 %). En 2023, il a diminué en valeur de 0,9 %, après -0,1 % en 2022. Fin 2023, il s’élevait à 14 567 milliards d’euros, soit environ 8,8 fois le revenu disponible net des ménages. La baisse de 2023 s’explique par la diminution du patrimoine non financier des ménages (-4,9 %, après +4,0 %), évalué à 9 758 milliards d’euros. La valeur des biens immobiliers qui représentent 91,3 % des actifs non financiers des ménages a reculé de 4,7 %, après +4,0 % en 2022, sous l’effet d’une forte baisse des prix des terrains bâtis (-14,1 %, après -0,8 %), tandis que la valeur des bâtiments a continué de progresser (+3,9 %, après +8,8 %).

Le patrimoine financier net des ménages a progressé de 8,3 % en 2023, atteignant 4 809 milliards d’euros, après une baisse de 8,3 % en 2022. Avec la hausse des taux d’intérêt, l’allocation de l’épargne a évolué. Les flux nets de placements des ménages se sont établis à 74 milliards d’euros pour les produits de taux, soit près du double des placements en produits de fonds propres (actions et assurance vie en unités de compte), qui ont atteint 38 milliards d’euros.

La progression des encours en numéraire et dépôts des ménages a ralenti (+2,6 %, après +4,5 %). Les flux se sont davantage orientés vers des produits réglementés et des dépôts à terme, mieux rémunérés, au détriment des dépôts à vue et des livrets ordinaires qui ont enregistré des décollectes. Les placements sous forme d’actions et de parts de fonds d’investissement ont augmenté de 10,4 %, contre -6,7 % en 2022.

L’assurance vie et les droits à pension, représentant 29,1 % des actifs financiers totaux des ménages, ont progressé de 4,9 %, après une baisse de 13,1 % en 2022. Les fonds en assurance vie en euros ont bénéficié de flux positifs. Au passif des ménages, les crédits ont ralenti (+1,1 %, après +4,9 %). Les flux nets, principalement composés de crédits immobiliers, sont passés de 84 milliards d’euros en 2022 à 22 milliards d’euros en 2023.

Cercle de l’Épargne – donnés INSEE

Le patrimoine des sociétés : 3 300 milliards d’euros en 2023

Fin 2023, le patrimoine des sociétés non financières (SNF) a diminué de 367 milliards d’euros (-10,0 %) pour s’établir à 3 297 milliards d’euros, soit 17,7 % du patrimoine économique national. Fin 2023, le patrimoine des sociétés financières (SF) s’est réduit à 25 milliards d’euros (0,1 % du patrimoine économique national). Le patrimoine non financier de 379 milliards d’euros a été presque contrebalancé par un patrimoine financier net de -354 milliards d’euros.

Le patrimoine net des administrations publiques (APU) en recul en 2023

Fin 2023, les actifs bruts des administrations publiques s’élevaient à 4 493 milliards d’euros, tandis que leurs passifs atteignaient 3 706 milliards d’euros. Le patrimoine net des administrations publiques a reculé de 27,5 %, après une forte hausse en 2022. Il s’établissait à 786 milliards d’euros, soit 4,2 % du patrimoine économique national. Cette baisse résulte à la fois de la diminution des actifs non financiers et de l’augmentation de l’endettement.

Le patrimoine non financier des administrations publiques a diminué de 107 milliards d’euros en 2023 pour s’établir à 2 790 milliards d’euros. Il est composé principalement de terrains, bâtiments et monuments peu cessibles. Les terrains bâtis (85,6 % du patrimoine non financier des APU) ont reculé (-13,0 %, après +0,8 %), malgré une hausse de 35 milliards d’euros des constructions non résidentielles (bureaux, gymnases, écoles, musées, etc.), ces dernières largement détenues par les collectivités locales (69,5 % en 2023).

Le patrimoine financier net des APU s’est établi à -2 004 milliards d’euros en 2023, après -1 812 milliards d’euros en 2022. Les actifs financiers ont progressé (+2,0 %, après -3,5 %), portés par une hausse des actions et fonds d’investissement (+12,5 %, après -6,9 %), tandis que les dépôts et numéraires ont chuté (-19,4 %, après -8,2 %). Le passif financier des APU a augmenté de 6,4 % en 2023, après une baisse de 9,3 % en 2022. Les titres de créance, principal mode de financement des APU, ont progressé (+9,0 %, après -13,1 % en 2022).

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Endettement accru des administrations publiques, hausse du patrimoine des ménages grâce à leurs placements financiers et malgré l’érosion de l’immobilier, tel est le bilan de l’année 2023. En 2024, la baisse des prix de l’immobilier s’est poursuivie et les placements financiers ont connu une moindre valorisation qu’en 2023. Compte tenu de la dégradation des comptes publics, le patrimoine national a dû évoluer moins favorablement que précédemment.

Le bitcoin, les bulbes de tulipes des temps modernes ?

Dans les Provinces-Unies au début du XVIIᵉ siècle, une importante crise financière est survenue autour des bulbes de tulipes. La crise des bulbes de tulipes, également connue sous le nom de « Tulipomanie », est souvent considérée comme l’une des premières bulles spéculatives documentées de l’histoire.

Les tulipes, introduites en Europe depuis l’Empire ottoman au XVIᵉ siècle, sont rapidement devenues un symbole de richesse et de prestige, particulièrement en Hollande. La rareté de certaines variétés, notamment celles avec des motifs complexes, a provoqué une hausse de la demande. Les prix ont progressé rapidement, au point qu’un bulbe de tulipe pouvait valoir plus cher qu’une maison. Les acheteurs et les vendeurs échangeaient souvent des contrats à terme pour acquérir des bulbes à une date ultérieure, pariant sur la hausse continue des prix. Ces échanges se sont multipliés jusqu’en février 1637, lorsqu’une enchère n’a trouvé aucun acheteur. Les spéculateurs, pris de panique, ont commencé à vendre leurs contrats à perte. La notion de « Tulipomanie » est, depuis, souvent utilisée comme un avertissement contre les dynamiques spéculatives irrationnelles, où la valeur des actifs dépasse largement leur valeur intrinsèque.

En 2024, la question de la valeur intrinsèque peut également se poser pour l’or ou le Bitcoin. Depuis l’élection de Donald Trump le 5 novembre dernier, le Bitcoin a connu une forte appréciation, dépassant les 100 000 dollars, ce qui porte sa hausse sur l’année à plus de 130 %. Début décembre, l’encours des cryptomonnaies atteint 4 000 milliards de dollars, soit plus que la capitalisation de la place boursière de Paris (3 200 milliards de dollars).

L’augmentation du cours du Bitcoin s’explique par le nouvel engouement de Donald Trump pour les cryptoactifs. Il entend déréglementer le marché et a nommé Paul Atkins, avocat et responsable d’un groupe de défense des cryptomonnaies, à la tête de la Securities and Exchange Commission, le principal régulateur financier américain. La proposition de Cynthia Lummis, sénatrice républicaine, de créer une réserve gouvernementale d’un million de bitcoins peut paraître incongrue, mais elle est sérieusement envisagée. Le Bitcoin serait ainsi placé aux côtés de l’or comme valeur refuge officielle.

Le succès du Bitcoin en 2024 provient également de la distribution d’ETF reproduisant son cours. Au troisième trimestre de l’année, le fonds négocié en bourse Bitcoin de BlackRock était devenu le quatrième plus important ETF dans le monde des fonds spéculatifs, avec une position longue d’une valeur de 3,8 milliards de dollars. Selon une étude de PwC et de l’Alternative Investment Management Association, 47 % des hedge funds traditionnels ont investi, en 2024, dans des actifs numériques, contre 21 % en 2021.

Malgré tout, certains signaux rappellent que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. L’ETF VanEck Digital Transformation, qui investit dans un ensemble d’entreprises liées aux cryptomonnaies, est en baisse de plus de 40 % par rapport à son record de 2021. Le prix plancher des jetons non fongibles (NFT) émis par CryptoPunks sur la blockchain Ethereum a augmenté de 20 % cette année, mais il reste en baisse de près de 70 % par rapport à son sommet de 2021.

L’institutionnalisation des cryptoactifs devrait aboutir, dans les prochaines années, à un lissage de leurs cours. Ces derniers obéiraient de plus en plus aux dynamiques des marchés traditionnels et seraient plus dépendants d’autres indices qu’auparavant. Des corrélations ont déjà été constatées entre le cours du Bitcoin et l’indice Nasdaq qui ont tendance à évoluer en parallèle.

La création de monnaies digitales de banques centrales pourrait profondément rebattre les cartes. Les banques centrales deviendraient alors les moteurs des marchés des cryptoactifs.

Baisse du taux du Livret : pourquoi vous pourriez finalement être gagnant en 2025

Cité dans Merci pour l’Info, le Directeur du Cercle de l’Epargne explique pourquoi le Livret A, malgré la baisse du taux attendue au 1er février, restera un produit rémunérateur pour les épargnants.

Livret A, LEP, LDDS… Comment les Français épargnent-ils ?

Dans le Bien Public, le Directeur du Cercle de l’Épargne rappelle les vertus de l’épargne. « Celle-ci sert par exemple à financer le logement social (Livret A), la transition énergétique (LDDS) ou les entreprises, via les prêts ou les actions. » Il précise par ailleurs que « si les agences de notation ne dégradent pas plus fortement la note française, c’est notamment grâce à un taux d’épargne élevé. »

Le taux du livret A en baisse début 2025, une première en cinq ans

Cité dans l’Express, Philippe Crevel évoque les objectifs attendus de la baisse annoncée de la rémunération du Livret A. Il évoque notamment l’objectif de relancer la consommation pour stimuler la croissance et les recettes fiscales, notamment via la TVA.

Collecte record de l’assurance vie en novembre : Interview de Philippe Crevel sur radio classique

Philippe Crevel était ce 7 janvier invité à commenter sur Radio Classique la collecte record de l’assurance vie en novembre (4 milliards d’euros).

Les jeunes poussent sur la retraite

Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne et Sarah Le Gouez, Secrétaire général sont cités dans la Tribune de l’Assurance. Ils sont notamment appelés à réagir aux récents rapports consacré au PER et sa fiscalité. Ils reviennent par ailleurs sur l’attrait accru de ce produit chez les jeunes.

Le taux du Livret A va baisser «autour de 2,5%» au 1er février, selon le ministre de l’Économie

Le Figaro revient sur l’annonce du Ministre de l’économie relative au rendement à venir du Livret A. S’intéressant par ailleurs à l’effet de cette baisse, l’article cite le Directeur du Cercle de l’Epargne qui explique qu’ un passage à 2,5 % équivaudra à une perte de 35 euros par an pour un livret A moyen de 7000 euros et de 114,75 euros pour un livret au plafond (22.950 euros).

« Le rendement réel du livret A devrait rester positif « 

A la suite de l’annonce d’un recul possible du Livret A d’un 1/2 point au 1er février prochain, Philippe explique dans un communiqué l’impact possible pour les épargnants au regard de la baisse attendue de l’inflation sur 2025. Son analyse est reprise dans cet article publié par la Tribune de l’Assurance.

L’écart de valorisation entre l’Europe et les Etats-Unis pourrait s’accroître en 2025

Cité dans l’AGEFI, le Directeur du Cercle de l’Epargne estime que la performance du marché actions «reposera essentiellement sur les résultats des entreprises » en 2025. Il précise qu’ « en la matière, les entreprises américaines ont un avantage certain. Les investisseurs anticipent 11% de croissance des profits du S&P 500, contre seulement 3% en Europe.»

Le taux des PEL baisse d’un demi-point : faut-il quand même en ouvrir un en 2025 ?

Dans l’Express, Philippe Crevel rappelle les règles de fixation de la rémunération du PEL et leur incidence sur le taux des emprunts immobiliers associés. « la baisse du taux de rémunération provoque automatiquement la diminution du taux des emprunts associés au PEL, passant à 2,95 % », précise Philippe Crevel.

L’assurance vie en forme olympique

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

En novembre, l’assurance vie confirme et signe. Le premier produit d’épargne français a réalisé une collecte nette de 4 milliards d’euros, Il profite de la propension des ménages à épargner. Ces derniers se portent de plus en plus vers l’épargne longue. La baisse des taux des dépôts à terme et la perspective d’une diminution des taux de l’épargne réglementée les incitent à privilégier l’assurance vie. La pratique des taux bonifiés de la part des assureurs et la bonne tenue des marchés « actions » hors France les amènent à opter, en effet, pour ce placement. L’encours de l’assurance vie s’élève ainsi, à la fin novembre, à 1985 milliards d’euros, en hausse de près de 5 % sur un an.

Novembre, un mois traditionnellement favorable à l’assurance vie

En novembre, la collecte nette de l’assurance vie s’est donc élevée à 4 milliards d’euros, selon France Assureurs, contre 2,9 milliards d’euros en octobre et 2,5 milliards d’euros en septembre. Un an auparavant, en novembre 2023, l’assurance vie avait connu une collecte nette de seulement 414 millions d’euros. En novembre 2024, l’assurance vie signe ainsi sa onzième collecte nette positive consécutive.

Au mois de novembre, la collecte nette a été portée par les unités de compte (+3,3 milliards d’euros). La collecte nette des fonds euros est, de son côté, redevenue positive de 700 millions d’euros.

Depuis 1997, seulement trois décollectes ont été enregistrées en novembre :

  • 2011 : -2,555 milliards d’euros ;
  • 2012 : -465 millions d’euros ;
  • 2017 : -424 millions d’euros.

Les décollectes de 2011 et 2012 sont intervenues en pleine crise des dettes souveraines.

Le montant moyen de la collecte de ces dix dernières années en novembre est d’1 milliard d’euros. En onze mois, la collecte nette de l’assurance vie s’est élevée à 28,2 milliards d’euros.

Des cotisations brutes à haut niveau

En lien avec l’effort élevé d’épargne des ménages, les cotisations d’assurance vie ont atteint un niveau record à plus de 15 milliards d’euros, proche de leur niveau du mois d’octobre. Au mois de septembre, elles s’étaient élevées à 12,3 milliards d’euros. En novembre 2023, elles s’étaient élevée à 12,8 milliards d’euros. La collecte brute en fonds euros a été de 8,95 milliards d’euros et celle en unités de compte de 6,1 milliards d’euros.

Les assurés ont effectué d’importants versements sur leurs fonds en euros. Ils ont en revanche réduit leurs versements sur les unités de compte. Cette augmentation des cotisations brutes s’explique par la moindre attractivité des dépôts à terme dont les taux sont orientés à la baisse. Les dépôts  à terme qui, depuis 2022, concurrençaient les fonds euros bénéficient, comme les fonds euros en effet, d’une garantie en capital. Leur taux de rendement qui est connu à l’avance a été supérieur à ceux des fonds euros en 2023.

Sur les onze premiers mois de l’année, les cotisations brutes avoisinaient 160 milliards d’euros, 99,1 milliards d’euros pour les fonds euros et 60,4 milliards d’euros pour les unités de compte.

La part des cotisations en UC est de 40 % sur le mois de novembre et sur les onze premiers mois de l’année soit un taux identique à celui de l’année 2023.

Des prestations en recul en lien avec la préférence pour l’épargne financière

Les prestations se sont élevées à 11 milliards d’euros en novembre, contre 12 milliards d’euros en octobre et 9,8 en septembre.

Sur les onze premiers mois de l’année, les rachats ont atteint 131 milliards d’euros, contre 138 milliards d’euros sur la même période en 2023. Cette baisse est imputable aux fonds euros qui sont moins sacrifiés par les ménages que précédemment. Les ménages sollicitent moins leur assurance vie pour acheter des biens immobiliers, le nombre de transactions ayant fortement baissé depuis deux ans (moins de 800 000 transactions en 2024 contre plus d’un million en 2022).  

Le PER termine l’année sur les chapeaux de roue

Le Plan d’Épargne Retraite (PER)  a enregistré une collecte nette positive de 1,312 milliard d’euros en novembre, en hausse de 25 % par rapport à novembre  2023. La fin de l’année est favorable au PER qui bénéficie d’un incitation fiscale. Les ménages effectuent des arbitrages en faveur de ce produit afin d’alléger leur facture fiscale l’année suivante.  6,7 millions de PER assurance individuels ont été souscrits avec un encours qui atteint désormais 90 milliards d’euros.

L’assurance vie, l’indétrônable placement numéro 1 des Français

Les prochains mois devraient rester favorables à l’assurance vie qui bénéficie du fort taux d’épargne des ménages. Les taux bonifiés des fonds euros conduisent les ménages à réallouer une partie de leur épargne liquide sur ces placements. La baisse du rendement des dépôts à terme favorise également cette réallocation. La diminution annoncée des taux de l’épargne réglementée conforte cette stratégie.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Baisse du taux du Livret A le 1er février 2025 : quelles conséquences ?

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Toute baisse du taux du Livret A est une décision éminemment politique. Le Livret A est le produit d’épargne le plus diffusé en France. 82 % des Français ont en un. Son encours s’élevait à fin novembre à 426,8 milliards d’euros. La diminution du taux du Livret A est censée inciter les Français à moins épargner et à plus consommer. Depuis de nombreux mois, ces derniers privilégient l’épargne au détriment de la consommation ce qui induit un manque à gagner au niveau de la TVA. Dans les faits, la corrélation entre taux et épargne n’est pas évidente. Les Français épargnent par précaution car le contexte économique et politique est anxiogène.

Quels taux pour les livrets réglementés le 1er février 2025 ?

Le Ministre de l’Économie, Eric Lombard, a annoncé, lundi 6 janvier, une baisse probable du taux du Livret A de 3 %à environ 2,5 %. Ce taux sera fixé, mi-janvier après la publication des résultats définitifs de l’inflation du mois de décembre. Avec cette publication, le Gouverneur de la Banque de France pourra donner sa recommandation au Ministre.

Le taux du Livret A dépend, sauf circonstances exceptionnelles, d’une formule qui repose sur deux composantes, l’inflation et le taux du marché monétaire, Ester. 

Ce taux est, en effet, en vertu de l’arrêté du 21 janvier 2021, égal à la moyenne arithmétique entre :

  • la moyenne semestrielle des taux à court terme en euros (€STR) tels que définis par l’orientation modifiée (UE) 2019/1265 de la Banque centrale européenne du 10 juillet 2019 sur le taux à court terme en euros (€STR) ;
  • l’inflation en France mesurée par la moyenne semestrielle de la variation sur les douze derniers mois connus de l’indice INSEE mensuel des prix à la consommation, hors tabac, de l’ensemble des ménages.

Il ne peut pas être inférieur par ailleurs à 0,5 %.

Le taux ester des 6 derniers mois est d’environ et le taux d’inflation de 1,6 % ce qui donne un taux pour le Livret A de 2,5 %. Ce taux sera également celui du Livret de Développement Durable et Solidaire.

Pour le Livret d’Épargne Populaire, le taux pratiqué est le taux le plus élevé entre :

  • Le taux d’inflation
  • Le taux du Livret A majoré de 0,5.

Compte tenu de l’évolution de l’inflation, ce sera le taux du Livret A majoré qui s’appliquera. Le taux du LEP pourrait ainsi passé de 4 à 3 % sauf si le Ministre de l’Économie décide de faire un geste en faveur des épargnants populaires.

Le taux du Compte d’Épargne Logement qui est doit correspondre à deux tiers de celui du Livret A passera de 2 à 1,5 %. Le taux du Plan d’Épargne Logement est passé le 1er janvier 2025 dernier de 2,25 à 1,75 %.

Quelles conséquences ?

Pour les épargnants

La baisse du taux du Livret A entraine une diminution de son rendement. Pour un Livret A moyen de 7 000 euros, la perte sur un an est de 35 euros. Pour un Livret A au plafond de 22 950 euros, la perte sur un an est de 114,75 euros.

Le rendement réel du Livret A devrait rester positif malgré la baisse du taux. L’inflation pour 2025 devrait se situer autour de 1,6 %. Le rendement réel devrait ainsi être de près d’un point, sous réserve que le taux du Livret A ne baisse pas à nouveau au mois d’août.

La baisse du rendement du Livret A et du LDDS devrait inciter les épargnants à s’orienter davantage vers les fonds euros de l’assurance vie dont le rendement devrait rester stable autour de 2,6 %.

Pour les banques

Les banques conservent 40 % de l’encours du Livret A soit 170 milliards d’euros. Une baisse du rendement de 0,5 point génère, sur une base annuelle, un gain de 852 millions d’euros.

Pour le LDDS, le gain sera de 775 millions.

Cette diminution des coûts de rémunération du Livret A et du LDDS réduira potentiellement le taux des emprunts des banques.

Pour la Caisse des Dépôts et les bailleurs sociaux

La Caisse des Dépôts centralisent 60 % des ressources du Livret A dont une partie sert à financer le logement social à travers la production de crédits souscrits par les bailleurs sociaux. Le coût des crédits diminuera avec la baisse du taux de rendement.

Pour l’État

L’État espère une reprise de la consommation et donc une amélioration des rentrées fiscales. Une moindre rémunération du Livret A signifie également une diminution des pertes de prélèvements obligatoires, les intérêts étant défiscalisés.

Une nouvelle baisse en août ?

Le taux du Livret A pourrait diminuer à nouveau le 1er août prochain. Ce serait alors la composante taux monétaire qui expliquerait cette nouvelle baisse. Les diminutions des taux directeurs de la Banque centrale européenne pèseraient sur le taux Ester. Le taux du Livret A pourrait alors passer à 2,25 %.

Crédit immobilier : quel taux attendre de sa banque en janvier ?

Ouest-France s’intéresse dans cet article à l’évolution attendue du marché de l’immobilier en lien avec la baisse des taux anticipée. Citant Philippe Crevel, le média précise par ailleurs que la baisse du Livret A déjà évoquée par le Ministère de l’Economie des finances devrait participer à une amélioration du marché de l’immobilier. Le Directeur du Cercle de l’Epargne explique ainsi que « les ressources du Livret A servent de base aux prêts qui sont faits aux bailleurs sociaux. Plus le taux du livret A est élevé, plus le taux des prêts est élevé »

Votre argent en 2025 : « C’est peut-être le moment d’investir… »

Dans un entretien accordé à la Dépêche du midi, Philippe Crevel livre des conseils pour diversifier vos placements cette année.

INVITÉ RTL – Dette publique : est-ce possible de « contraindre les épargnants » ?

Pour démarrer 2025 du bon pied, Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’épargne, livre aux auditeurs de RTL ses conseils sur les produits avantageux pour l’épargne.

Epargne : une fin d’année toujours en mode fourmi

Dans cet article consacré aux placements des ménages en 2023, Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne confirme l’appétence des Français pour l’épargne et commente les chiffres des produits d’épargne réglementé (Livret A et LDDS) à fin novembre qui confortent cette tendance.

2024 : une bonne année boursière enfin presque pour tout le monde

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

2024 aura été une bonne année pour les actions, à l’exception de celles des entreprises cotées à Paris. Les indices des grandes places financières internationales ont affiché une croissance à deux chiffres et battu de nombreux records au cours de l’année. La baisse des taux d’intérêt a incité les investisseurs à privilégier les actions.

The winner is the United States of America

Les véritables vainqueurs de l’année 2024 sont les indices américains. Avec une croissance résiliente proche de 3 % et un secteur technologique dynamique, l’économie américaine continue d’attirer les capitaux du monde entier. Wall Street a consolidé son statut de première place financière mondiale. L’élection de Donald Trump au mois de novembre, loin d’inquiéter les marchés, a favorisé la hausse des cours. Les investisseurs estiment que les entreprises américaines bénéficieront de la baisse des impôts et de la déréglementation promises par le nouveau président. Ils espèrent que les mesures protectionnistes et anti-immigration, susceptibles de nuire à l’économie américaine, ne seront pas appliquées dans leur totalité.

Le S&P 500 a progressé de 25 % en un an, contre 6 % pour son équivalent européen, le Stoxx 600. En 2023, la valorisation boursière des sociétés américaines avait déjà augmenté plus rapidement que celle des entreprises européennes, avec un écart de 10 points. Compte tenu de la hausse du dollar face à l’euro (+6 %), un investisseur européen ayant placé son capital aux États-Unis aurait vu son investissement s’apprécier de plus de 30 %.

Les valeurs technologiques dopées par l’intelligence artificielle

Le marché des actions américaines a été porté par les grandes valeurs technologiques. Les « Sept Magnifiques » (Apple, Microsoft, Alphabet [Google], Amazon, Nvidia, Meta [Facebook], Tesla) ont enregistré une progression sans précédent grâce à l’engouement des investisseurs pour l’intelligence artificielle. La capitalisation boursière de ces sept entreprises a atteint 12 000 milliards de dollars en 2024. Les actions sont valorisées à 23,5 fois leurs bénéfices anticipés dans deux ans. À titre de comparaison, ce ratio était deux fois plus élevé pour les sept premières capitalisations du S&P 500 en 2000, au sommet de la bulle Internet.

En 2025, l’engouement pour l’IA devrait se poursuivre. Tant que les bénéfices suivront, les valeurs technologiques devraient continuer à progresser, mais à un rythme moins soutenu qu’en 2024. La croissance des profits des « Sept Magnifiques » devrait être de 6 ou 7 points de pourcentage supérieure à celle des 493 autres entreprises du S&P 500. Cet écart de performance opérationnelle pourrait être l’un des plus faibles de ces dernières années.

La contre-performance parisienne

Le CAC 40 est le grand perdant de l’année avec un recul de 2,15 %. Il est l’un des rares indices à avoir enregistré une baisse en 2024. Loin de son record du 10 mai 2024 à 8 259,19 points, le CAC a clôturé l’année à 7 380,74 points. L’indice parisien a été largement distancé par le DAX allemand (+18,85 % sur l’année) et par les indices américains, notamment le Nasdaq (+30 %). Après avoir atteint des sommets en mai, le marché parisien a été affecté par la crise politique liée à la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin. Le CAC 40 a également souffert des difficultés du secteur du luxe, pénalisé par le ralentissement de l’économie chinoise.

Avec une dette publique atteignant 3 303 milliards d’euros au troisième trimestre 2024 (soit 113,7 % du PIB), un gouvernement instable et un budget absent, la France a découragé les investisseurs internationaux. Le moral des chefs d’entreprise est au plus bas, tandis que les perspectives économiques et d’emploi restent incertaines. Les plans sociaux se sont multipliés (Michelin, Teleperformance, Boiron, Auchan, ArcelorMittal, etc.). En novembre, le spread OAT-Bund a dépassé les 90 points de base, atteignant son niveau le plus élevé depuis 2012, avant de redescendre à environ 83 points en décembre.

Les entreprises françaises, qui étaient sorties renforcées de la crise sanitaire et avaient montré leur capacité à répercuter les hausses de prix, ont été rattrapées par la réalité économique en 2024. Le nombre de défaillances d’entreprises a légèrement dépassé son niveau d’avant la pandémie. Le secteur du luxe, qui représente un cinquième de l’indice parisien, a particulièrement souffert. En 2024, Kering a vu son cours de bourse chuter de 40,29 %. Sur les neuf premiers mois de l’année, le groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 12,8 milliards d’euros, en baisse de 12 % sur un an. Le titre LVMH a perdu 13,37 %, et L’Oréal, 24,14 %. Seule Hermès a réalisé une performance notable avec une hausse de +21,01 %, sa clientèle fortunée étant moins affectée par les aléas économiques.

L’industrie automobile européenne, et donc française, a également traversé une période difficile. L’action Stellantis a chuté de 40,2 %, tandis que Michelin a affiché une quasi-stagnation (-2,03 %). Renault, grâce au lancement de plusieurs nouveaux modèles et à la vente d’une partie de ses actions Nissan, a enregistré un gain boursier de 27,49 %. En revanche, STMicroelectronics, un fabricant de semi-conducteurs dont près de la moitié des revenus provient des constructeurs automobiles, a subi une perte de 46,35 % sur son cours boursier.

Cercle de l’Épargne

Le retour du Japon

La Bourse de Tokyo, qui stagnait depuis trois décennies, a connu un rebond en 2024. L’indice Nikkei a progressé de près de 20 % sur l’année. De son côté, l’indice « Shanghai Composite », malgré le ralentissement de la croissance économique chinoise, a enregistré une hausse de près de 14 %, son meilleur résultat depuis 2020.

L’augmentation des valeurs japonaises s’explique en partie par la dépréciation du yen face au dollar. Le gain de 19,2 % pour le Nikkei 225 tombe à 7 % lorsqu’il est exprimé en dollars. L’indice a terminé l’année proche des 40 000 points, franchit pour la première fois en mars ce seuil, atteignant un sommet de 42 426,77 points en juillet, et dépassant ainsi son record de 1989 (38 915,87 points).

La faiblesse du yen a favorisé les exportations japonaises, dopant les ventes et les bénéfices des grandes entreprises exportatrices. La Banque centrale du Japon est restée prudente, relevant ses taux directeurs à seulement 0,25 % malgré une inflation de 2,7 % en novembre. La Bourse japonaise a également bénéficié d’un regain d’intérêt des épargnants. La hausse des prix et les faibles taux d’intérêt ont incité les ménages à investir leurs liquidités en actions. Les achats par les ménages dans la trentaine et la quarantaine sont en forte hausse, tandis que ceux dans la cinquantaine, encore marqués par l’éclatement de la bulle économique des années 1990, restent prudents. Les mesures fiscales incitatives, telles que l’augmentation des plafonds du Nippon Individual Savings Account (NISA), ont également favorisé ces investissements.

2024, l’année où le bitcoin a atteint 100 000 dollars

En décembre 2024, le bitcoin s’est échangé à plus de 100 000 dollars, enregistrant une hausse de plus de 130 % en un an. Cette flambée s’explique par l’essor des ETF (fonds négociés en bourse) liés au bitcoin et par l’engouement de Donald Trump pour les cryptoactifs. Ce dernier a promis une déréglementation du marché des cryptomonnaies et nommé Paul Atkins, un avocat favorable à ces actifs, à la tête de la Securities and Exchange Commission.

Au troisième trimestre, le fonds Bitcoin de BlackRock était devenu le quatrième ETF le plus important parmi les fonds spéculatifs, avec une position longue de 3,8 milliards de dollars. Selon PwC, 47 % des hedge funds traditionnels ont investi dans des actifs numériques en 2024, contre 21 % en 2021.

Malgré cela, certains signaux de prudence apparaissent. L’ETF VanEck Digital Transformation, qui investit dans des entreprises liées aux cryptomonnaies, a baissé de plus de 40 % par rapport à son record de 2021. Les NFT CryptoPunks, bien qu’en hausse de 20 % cette année, restent en baisse de près de 70 % par rapport à leur sommet de 2021.

L’institutionnalisation des cryptoactifs devrait lisser leurs cours à l’avenir, rapprochant leurs dynamiques de celles des marchés traditionnels. Des corrélations sont déjà observées entre le bitcoin et l’indice Nasdaq, qui évoluent souvent en parallèle.

2024, une année en or

En 2024, le prix de l’once d’or a progressé de plus de 26 %, marquant sa plus forte hausse depuis 2010. L’or a retrouvé son rôle de valeur refuge dans un contexte de tensions internationales (guerre en Ukraine, conflit au Proche-Orient, guerre commerciale avec la Chine). Les banques centrales des pays émergents ont continué à acheter de l’or pour diversifier leurs réserves et réduire leur dépendance au dollar.

L’once d’or a atteint un sommet historique à 2 789,95 dollars le 30 octobre 2024 avant de terminer l’année à 2 614 dollars. En valeur actualisée, cependant, son cours reste inférieur à celui de 1980 lors du second choc pétrolier.

2025, une année encore américaine ?

En 2025, la performance du marché actions sera moins dépendante de l’évolution des taux d’intérêt. Elle reposera essentiellement sur les résultats des entreprises. En la matière, les entreprises américains ont un avantage certain. Les investisseurs anticipent 11 % de croissance des profits du S&P 500, contre seulement 3 % en Europe. Le marché boursier américain devrait bénéficier de la bonne tenue de l’activité de l’économie. L’écart avec l’Europe devrait encore s’accentuer. Les États-Unis devraient donc continuer à attirer les capitaux du monde entier. L’Europe est pénalisée par sa faible croissance potentielle. Le vieillissement démographique, l’insuffisance de l’investissement, le coût élevé de l’énergie et le mauvais positionnement du système productif pèsent sur l’activité. Néanmoins, les actions américaines commencent à être chers. Le ratio cours-bénéfices à 12 mois est au-dessus de leur médiane sur 20 ans, même en excluant les grandes valeurs technologiques. En comparaison, le Japon et l’Europe se situent au niveau de leur moyenne sur 20 ans, tandis que la Chine se situe en dessous de ce niveau.

Des plans d’épargne retraite destinés aux plus jeunes

Le journal Le Monde s’intéresse aux choix de placements des jeunes et revient plus particulièrement sur leur attrait pour le PER. Il cite Sarah Le Gouez, secrétaire général du Cercle de l’Epargne qui s’appuyant sur les résultats de l’édition 2024 de l’enquête Cercle de l’Epargne Amphitéa expliquait le succès du PER par le niveau d’inquiétude élevé exprimé par les moins de 35 ans sur leurs revenus une fois à la retraite.

Epargne logement : le taux du PEL passera à 1,75 % le 1er janvier 2025

Dans les colonnes du journal Les Echos, Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne explique que « la formule du PEL joue fortement en sa défaveur. Son taux [aurait pu] être abaissé à 1,5 % ».

Plans d’Épargne Logement : une faible attractivité avec un rendement à 1,75 %

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

À compter du 1er janvier 2025, les nouveaux Plans d’Épargne Logement (PEL) seront rémunérés à 1,75 % contre 2,25 % pour ceux ouverts depuis le 1er janvier 2024. À la différence du Livret A, le taux de rémunération durant la durée du PEL qui ne peut excéder 10 ans est celui en vigueur au moment de la souscription.

Les intérêts du PEL sont assujettis au prélèvement forfaitaire unique (pour les ménages qui ont demandé l’option sinon impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux). En prenant le principe d’une taxation au PFU à 30 %, le rendement net des nouveaux PEL sera, à compter du 1er janvier 2025, de 1,22 %.

Le taux de rémunération des nouveaux PEL sera inférieur à l’inflation. Son rendement réel sera donc négatif. Le PEL restera moins attractif que d’autres produits d’épargne réglementée comme le Livret A, le LDDS ou le LEP. Ces produits devraient connaître une baisse de leur rémunération le 1er février prochain mais celle-ci restera supérieure à celle du PEL. Le taux du Livret A pourrait passer de 3 % à 2,5 % et celle du LEP de 4 % à 3 ou 3,5 %.

La baisse du taux de rémunération provoque automatiquement la diminution du taux des emprunts associés au Plan d’Épargne Logement. Celui passera à compter du 1er janvier 2025 de 3,45 à 2,95 %. Dans les faits, l’octroi de prêts avec le PEL n’est possible que quatre ans après son ouverture et est fonction des intérêts accumulés. Moins ils sont importants, plus le montant du prêt est faible. Compte tenu des incertitudes économiques et politiques, il est difficile d’apprécier l’attractivité de ce taux de prêt.

Le PEL avec sa nouvelle rémunération ne devrait pas connaître de rebond. Ce produit connaît un déclin depuis 2018. Son encours est ainsi passé, selon la Banque de France, de 270 à 224 milliards d’euros de janvier 2018 à octobre 2024. La refonte du PEL promise par les pouvoirs publics depuis plusieurs années n’est plus d’actualité. Or, ce produit censé faciliter l’acquisition de la résidence principale ne joue plus réellement son rôle. Au moment où le secteur de l’immobilier traverse une crise majeure, une reconfiguration de ce produit d’épargne qui a près de 60 ans s’impose.

Epargne logement : faut-il ouvrir votre PEL avant ou après la révision du 1er janvier ?

Le journal Les Echos s’intéresse à la rémunération à venir du PEL et invite le Directeur du Cercle de l’Epargne à s’exprimer sur le sujet. Philippe Crevel qui rappelle que la formule du PEL se se fonde sur l’évolution des contrats d’échange de taux d’intérêt, appelés taux swap, sur 2, 5 et 10 ans [..] estime que la rémunération à venir « devrait aboutir à un taux de 1,5 % au 1er janvier 2025, contre 2,25 % actuellement ». Il estime toutefois que « le gouvernement pourrait proposer une baisse de seulement 0,5 point à 1,75 % ».

Assurance-vie : les fonds euros vont-ils nous rapporter plus cette année ?

Dans le journal Les Echos, Philippe Crevel, estime que les fonds euros devraient prolonger « une politique agressive sur les taux et qu’il est dans leur intérêt de poursuivre la collecte pour accumuler des obligations à taux élevés »,D’autant que les derniers mois ont été « excellents » pour l’assurance-vie.

« Il ne faut pas opposer épargne et consommation » Philippe Crevel était l’invité de l’Eco

Au micro de France Info, Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne était invité à partagé son analyse de la conjoncture économique et l’appétence des Français pour l’épargne alors que la Banque centrale européenne vient d’abaisser ses taux.

Livret A, LEP, fonds en euros : « Nous allons retrouver en 2025 une hiérarchie des taux plus normale » 

Dans une interview accordé au journal Investir, Philippe Crevel dresse un bilan du comportement des épargnants en 2024 et évoque les perspectives possibles pour 2025.

5 000 ans d’épargne

L’épargne et le crédit sont indissociables. Ce sont des piliers de l’économie. Sans eux, pas d’échanges, pas d’investissement et pas de croissance. L’une et l’autre ont traversé les siècles en s’adaptant aux bouleversements technologiques, économiques, sociaux et culturels. L’épargne est l’expression de la volonté des sociétés de survivre, de se protéger des aléas qu’ils soient climatiques ou humains (maladies, guerres, etc.).

Au sommaire de l’étude

  • L’épargne, le produit de la sédentarité
  • La monnaie et l’invention de l’épargne financière
  • L’épargne face aux interdits religieux
  • Explosion des besoins sous la renaissance
  • Révolution industrielle et révolution financière
  • La finance au cœur de l’expansion économique
  • L’épargne face à la révolution digitale

Les retraités en France : départ plus tardif et érosion du pouvoir d’achat

Selon la dernière enquête de la DREES, intitulée Les retraités et les retraites – édition 2024, le système de retraite français a versé des pensions à 17,0 millions de personnes en 2022. Ces bénéficiaires, résidant en France ou à l’étranger, perçoivent tous au moins une pension de droit direct d’un régime français. Ce chiffre représente une augmentation de 175 000 personnes par rapport à 2021, confirmant une croissance annuelle d’environ 1 % depuis 2010. Parmi ces retraités, environ un quart (25,5 %) sont polypensionnés, ce qui signifie qu’ils touchent des pensions issues de plusieurs régimes, notamment en raison de carrières entrecoupées entre le secteur privé, le public et le statut d’indépendant.

Les dépenses de retraite en 2022 : 13,4 % du PIB

En 2022, les dépenses de pensions de vieillesse et de survie se sont élevées à 353 milliards d’euros, soit 13,4 % du produit intérieur brut (PIB) de la France. Ce montant comprend les régimes obligatoires et les prestations de réversion. La part des dépenses de retraite dans le PIB est restée stable depuis 2019, malgré une hausse ponctuelle en 2020 liée au ralentissement économique causé par la crise sanitaire.

Répartition des pensions par régime

Le régime général des salariés du secteur privé constitue le pilier principal du système de retraite en France, versant des pensions de droit direct à 15,1 millions de personnes. D’autres régimes jouent également un rôle-clé, notamment le régime Agirc-Arrco, qui couvre les retraités du secteur privé avec 12,4 millions de bénéficiaires. Les régimes de la fonction publique, couvrant les fonctionnaires d’État et des collectivités locales, versent des pensions à 3,7 millions de retraités. Les régimes spéciaux, comme ceux de la SNCF et de la RATP, comptent un peu moins d’un million de bénéficiaires, tandis que la Mutualité sociale agricole (MSA) assure le versement de 2,3 millions de pensions aux anciens travailleurs agricoles.

L’évolution de l’âge de départ à la retraite et les effets des réformes

En 2022, l’âge conjoncturel de départ à la retraite en France était de 62 ans et 8 mois, soit une augmentation de 2 ans et 2 mois depuis 2010. Cette hausse est principalement due aux réformes de 2010 et 2014, qui ont respectivement relevé l’âge d’ouverture des droits (AOD) et l’âge d’annulation de la décote (AAD). Ces réformes ont pour objectif d’encourager les actifs à prolonger leur carrière pour alléger la pression sur le système de retraite par répartition. En 2022, 19 % des départs à la retraite au régime général étaient motivés par des dispositifs de départ anticipé pour carrière longue, bien que cette proportion diminue progressivement depuis 2017.

Les différences d’âge de départ entre hommes et femmes

D’après la DREES, en 2022, les femmes partaient en moyenne à la retraite à un âge plus avancé que les hommes : 63 ans contre 62 ans et 4 mois pour ces derniers. Cette différence s’explique notamment par les interruptions de carrière plus fréquentes chez les femmes, mais aussi par une tendance croissante de celles-ci à prolonger leur activité professionnelle, rapprochant progressivement leur âge de départ de celui des hommes.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Le montant des pensions de retraite et les disparités entre hommes et femmes en 2022

En 2022, la pension moyenne brute des retraités en France s’élevait, selon la DREES, à 1 626 euros par mois, soit 1 512 euros nets après prélèvements sociaux. Lorsque l’on inclut les pensions de réversion, le montant brut moyen atteint 1 662 euros. Cependant, les pensions des femmes demeurent en moyenne inférieures de 38 % à celles des hommes. Cet écart se réduit à 26 % lorsque les pensions de réversion sont prises en compte.

Cette différence entre les pensions des hommes et des femmes s’explique principalement par des disparités de carrière : les femmes ont souvent des trajectoires professionnelles moins continues, avec des interruptions et des périodes d’activité à temps partiel plus fréquentes. Néanmoins, depuis 2004, l’écart de pension entre les sexes s’est réduit, passant de 50 % à 38 %. Cette amélioration est attribuable à l’augmentation de la participation des femmes au marché du travail et à une meilleure prise en compte des interruptions de carrière dans le calcul des droits à la retraite.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Érosion du pouvoir d’achat des pensions de retraite en 2022

Malgré une revalorisation de 4 % appliquée le 1er juillet 2022 pour compenser l’inflation, le pouvoir d’achat des pensions de retraite a connu une baisse en termes réels. En effet, la pension brute moyenne a diminué de 0,4 % en euros constants entre fin 2021 et fin 2022. Ce recul souligne la vulnérabilité des retraités face aux fluctuations économiques, et met en lumière le défi de préserver leur niveau de vie tout en limitant les pressions financières sur le système de retraite.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Niveau de vie des retraités en France en 2021 : disparités et impact des minima sociaux

En 2021, le niveau de vie médian des retraités en France métropolitaine atteignait 1 970 euros par mois, soit 2,1 % de plus que le niveau de vie médian de l’ensemble de la population (1 930 euros). Ce chiffre s’explique en partie par l’absence de charges familiales pour la majorité des retraités et par une part plus importante de revenus du patrimoine. Toutefois, cette moyenne masque des disparités importantes : les retraités ayant des carrières incomplètes ou des revenus modestes durant leur vie active affichent un niveau de vie inférieur. De nombreux retraités continuent ainsi de vivre avec des ressources limitées, soulignant l’importance des minima sociaux tels que l’Aspa (Allocation de solidarité aux personnes âgées), qui bénéficiait à 691 000 personnes en 2022.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Disparités territoriales chez les retraités en France

La proportion de retraités au sein de la population âgée de plus de 15 ans varie considérablement selon les régions. En Île-de-France, les retraités représentent moins de 22 % de la population, tandis qu’ils constituent plus de 26 % de la population des régions de l’Ouest, du Sud et du Centre de la France. Ces disparités régionales reflètent des différences historiques en termes de structure démographique et d’espérance de vie. Elles influencent également la dynamique économique des territoires concernés, avec un impact direct sur les services et les besoins locaux.

Les polypensionnés : un quart des retraités en 2022

En 2022, la proportion de polypensionnés atteignait 25,5 %, bien que cette part ait diminué depuis la fusion de la Sécurité Sociale des indépendants (SSI) avec le régime général en 2020 et l’instauration de la liquidation unique des régimes alignés (LURA) pour les assurés nés après 1953. Cette mesure vise à simplifier la gestion des retraites pour les personnes ayant cotisé à plusieurs régimes, facilitant ainsi le calcul et le versement des pensions.

Les suppléments d’épargne retraite : un poids limité mais en croissance

En 2022, les cotisations pour la retraite supplémentaire représentaient seulement 5 % de l’ensemble des cotisations retraite, tandis que les prestations versées en épargne retraite additionnelle s’élevaient à 2 % du total. Bien que la retraite supplémentaire représente encore une part marginale du système, son rôle pourrait croître avec l’évolution des politiques de retraite et la recherche de compléments de revenus pour les futurs retraités.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Les principaux défis du système de retraite français

Les données publiées par la DREES révèlent plusieurs défis majeurs pour le système de retraite en France, illustrant la complexité de maintenir un équilibre durable entre équité et soutenabilité financière.

Vieillissement démographique et pression sur le ratio actifs/retraités

Avec l’espérance de vie qui augmente et un ratio actifs/retraités en baisse, le système de retraite français fait face à des tensions croissantes. En 2022, ce ratio est d’environ 1,71 actif pour chaque retraité, un chiffre bien inférieur aux 2,02 observés en 2004. Cette évolution questionne sur la soutenabilité financière du modèle actuel et sur la nécessité de procéder à des ajustements pour garantir la pérennité des pensions dans un contexte de vieillissement démographique.

Réduction des écarts de pension entre hommes et femmes

Malgré des progrès visant à réduire les inégalités de pension entre hommes et femmes, des disparités importantes demeurent, et leur réduction reste lente. Des progrès restent encore à réaliser afin d’assurer une réelle égalité. Cela passe par la fin des inégalités salariales et par l’augmentation du nombre de femmes parmi les cadres.

Érosion du pouvoir d’achat des retraités

L’inflation et les réformes passées exercent une pression sur le pouvoir d’achat des retraités, qui voit sa valeur diminuer tant en termes relatifs qu’absolus. Cette érosion pourrait aggraver le risque de pauvreté parmi les retraités les plus âgés, rendant essentielle une indexation des pensions adaptée et une réflexion sur les mécanismes de revalorisation pour soutenir le niveau de vie des retraités.

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Le rapport 2024 de la DREES sur les retraités traduit bien que le système de retraite français se trouve à la croisée des enjeux démographiques, économiques et sociaux. La question de la soutenabilité du modèle demeure entière. Ce rapport souligne la dégradation du ratio actifs/retraités, le maintien d’écarts importants de pension persistants entre hommes et femmes, et une érosion, ces dernières années du pouvoir d’achat des retraités. La montée en puissance des solutions d’épargne retraite, bien qu’encore marginale, constitue une piste prometteuse pour diversifier les sources de revenus des futurs retraités et alléger la pression sur le système par répartition.

Les ménages en mode épargne au 3e trimestre 2024

Au cours du troisième trimestre, les ménages ont bénéficié d’une forte hausse du pouvoir d’achat de leur revenu disponible brut, par unité de consommation accélère, soit +0,7 % au 3e trimestre après +0,4 % au 2e. Ils n’ont pas utilisé ce gain pour consommer davantage, préférant accroître leur effort d’épargne. Le taux d’épargne des ménages est ainsi passé de 17,9 à 18,2 % du revenu disponible brut du deuxième au troisième trimestre. Le taux d’épargne financière a atteint 8,8 % du revenu disponible brut contre 8,2 % au trimestre précédent. Un an auparavant, il était de 6,2 %.

Le ressenti des ménages sur leur niveau de vie demeure négatif. Ils intègrent peu la baisse de l’inflation. Les incertitudes politiques les conduisent à opter pour un attentisme favorable à l’épargne. Sur un an, la progression de l’épargne financière est conséquente avec 2 points de revenu disponible brut de plus.

Avec les fêtes de fin d’année, les ménages devraient reprendre le chemin de la consommation, mais sans nul doute avec modération. Les craintes d’augmentation des impôts et la persistance d’un climat politique délétère les inciteront à maintenir un effort d’épargne important.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Qui épargne en France ?

En 2022, les dépenses de consommation privée des ménages en France ont atteint en moyenne 28 800 euros par unité de consommation (UC), selon l’INSEE. Les dépenses liées au logement, aux produits alimentaires et aux transports ont représenté en moyenne 53 % de la dépense de consommation finale des ménages.

Les 20 % de ménages les plus aisés dépensent nettement plus que les autres, 43 000 euros par UC en moyenne en 2022, contre 18 500 euros pour les 20 % les plus modestes et 27 000 euros pour les 20 % des ménages situés autour de la médiane.

Le ratio des dépenses de consommation entre les 20 % les plus aisés et les 20 % les plus modestes s’élève à 2,3. Cet écart est cependant moins marqué que celui du revenu disponible net (RDN), dont le ratio est de 4,1 entre ces deux groupes, représentant les ressources dont disposent les ménages pour consommer ou épargner.

Les dépenses liées au logement (incluant les loyers imputés aux ménages propriétaires) représentent 34 % de la consommation des 20 % les plus modestes, contre 25 % pour les 20 % les plus aisés. Ces derniers consacrent également près de deux fois plus de leur consommation aux loisirs et à la culture (9 % contre 5 %) ainsi qu’à l’ameublement et à l’entretien de la maison (5 % contre 3 %), tandis que la consommation des ménages modestes est moins diversifiée.

En complément des dépenses privées, les dépenses publiques prennent en charge certains services non marchands que les ménages ne paient pas directement. Parmi ces services, certains, comme l’éducation, les remboursements de santé, les aides au logement ou les prestations d’action sociale, sont dits « transferts en nature » car ils bénéficient directement à des ménages identifiables. D’autres, comme les services de police, de justice, de défense et d’administration générale, sont des dépenses collectives. Leur ampleur varie fortement selon le nombre d’enfants pour les dépenses d’éducation ou l’âge des ménages pour les dépenses de santé.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Le poids des dépenses collectives selon le niveau de revenus

Les transferts en nature, ainsi que les dépenses collectives, sont estimés en moyenne à 19 100 euros par UC pour les 20 % des personnes les plus modestes, contre 14 100 euros pour les 20 % autour de la médiane et 12 300 euros pour les 20 % les plus aisés. Les ménages modestes bénéficient davantage des dépenses d’action sociale (accueil des jeunes enfants, aide à domicile, etc.) et des dépenses publiques d’éducation, notamment parce que les ménages aisés ont en moyenne moins d’enfants scolarisés.

Les dépenses collectives, qui représentent en moyenne 32 % de la consommation publique (soit 4 800 euros par UC annuels), bénéficient de manière relativement uniforme à tous les ménages. En tout, les dépenses de consommation publique représentent 103 % des dépenses privées pour les 20 % des ménages les plus modestes, contre 52 % pour ceux autour de la médiane et 29 % pour les 20 % les plus aisés.

Des taux d’épargne différents selon les revenus

Le taux d’épargne nette, calculé en rapportant l’épargne nette au revenu disponible brut, a atteint 11 % en moyenne en 2022. Ce taux est de -29 % pour les 20 % les plus modestes, +6 % pour les ménages autour de la médiane et +27 % pour les 20 % les plus aisés. L’épargne négative des ménages modestes s’explique en partie par des comportements de désépargne ou d’endettement. Elle peut également inclure des transferts privés entre ménages qui soutiennent la consommation, mais ne sont pas intégrés dans le revenu disponible brut.

Le taux d’épargne est plus élevé pour les diplômés de niveau bac +3 ou plus (+20 %), ainsi que pour les cadres, travailleurs indépendants et chefs d’entreprise (+22 %). Il est plus faible pour les titulaires du brevet ou sans diplôme (+1 %), les ouvriers (+4 %) et les employés (+2 %), ces écarts étant principalement dus aux différences de revenus. L’épargne varie aussi en fonction de la structure familiale : elle est plus élevée pour les couples, particulièrement ceux sans enfant (+16 %), et faible pour les adultes seuls, voire légèrement négative pour les familles monoparentales (-1 %).

Cercle de l’Épargne – données INSEE

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