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Le premier anniversaire de l’AGIRC-ARRCO


Un an après la fusion des deux caisses de retraite des salariés du privé, l’organisme fusionné affiche un résultat « technique » excédentaire de 489 millions d’euros, auquel s’ajoute un « résultat financier » de près de 700 millions.

La fusion de l’AGIRC ARRCO : l’aboutissement d’un processus engagé il y a plus de 20 ans

Depuis le 1er janvier 2019, l’AGIRC-ARRCO représente un seul et même régime complémentaire, celui qui couvre les salariés. Il regroupe l’Association générale des institutions de retraite des cadres (AGIRC), fondée en 1947 au profit des cadres et de l’Association pour le régime complémentaire des salariés (ARRCO) créée en 1961 pour les non-cadres. Cette fusion est le fruit d’un rapprochement des deux régimes commencé à compter de 1996, date du premier accord conjoint aux deux caisses de retraite.

Ces deux régimes utilisaient la technique des points. Les cotisations versées chaque année sont converties en points de retraite en divisant le montant des cotisations par le prix unitaire d’achat du point ou « salaire de référence » de l’année considérée. L’affiliation à ces régimes de retraite, initialement facultative, est devenue obligatoire à compter de 1972 avec la généralisation de la retraite complémentaire à l’ensemble des salariés et anciens salariés affiliés à titre obligatoire au régime général de Sécurité sociale. En 1974, le lien entre les deux caisses est réalisé avec l’affiliation à une institution membre de l’Arrco des salariés cadres sur la partie de leur salaire inférieure au plafond de la Sécurité sociale.

À la fin des années 90, l’AGFF est créé pour financer le surcoût de la retraite à 60 ans au niveau des complémentaires. Avec l’amélioration de la conjoncture économique, les deux régimes décident de constituer des réserves.

Parallèlement au rapprochement de l’AGIRC avec l’ARRCO, chacune des deux fédérations procède à des opérations de fusion afin de regrouper l’ensemble des caisses qui leur sont affiliées. Le 1er janvier 1999 est créé le régime unique de retraite complémentaire ARRCO en remplacement des 44 régimes précédemment membres de la caisse des salariés non-cadres. Cette opération entraîne l’application d’une seule valeur du point et d’un seul salaire de référence aux 83 institutions adhérentes de l’ARRCO.

À partir de 2002, le processus de liquidation des retraites complémentaires AGIRC et ARRCO est unifié. Si les régimes demeurent distincts, ils mettent en commun leur système informatique. Les règles en vigueur dans chacun des régimes sont progressivement harmonisées.

Après l’adoption de la loi Fillon sur les retraites, le 5 juillet 2004 est créé le Gip Info Retraite, Groupement d’Intérêt Public, auquel participent l’AGIRC et l’ARRCO. Cet organisme regroupe tous les organismes de retraite assurant la gestion des régimes de retraite légalement obligatoires, ainsi que le service des pensions de l’État. Cet organisme adresse, à compter de 2007, des relevés de situation individuelle et une estimation indicative globale à l’ensemble des assurés des 36 régimes de retraite obligatoire.

Rapprochement et redressement financier, les deux priorités des gestionnaires de retraites complémentaires

Les régimes AGIRC et ARCCO ont connu des problèmes d’équilibre financier au début des années 90 et en particulier en 1993, une année marquée par une profonde récession. Ils ont été également touchés en 2008/2009 par la crise financière qui a abouti à une forte augmentation du chômage. Par ailleurs, le nombre de départs à la retraite s’est accru d’année en année. Une série de hausses des cotisations est alors décidée par les partenaires sociaux.

L’éclatement de la « bulle Internet » conduit les partenaires sociaux à décider, en février 2001, de nouvelles hausses de cotisations. L’accord du 13 novembre 2003, pris dans la foulée de la réforme Fillon des retraites aboutit notamment à la transposition du dispositif « carrières longues » dans les régimes complémentaires sans financement afférent. Ils décident, par ailleurs dans ce même accord une hausse du taux de cotisations AGIRC.

Dans le prolongement de la réforme de Nicolas Sarkozy du 9 novembre 2010 visant à porter l’âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans, les partenaires sociaux signent l’accord AGIRC-ARRCO du 18 mars 2011. Cet accord prévoit par ailleurs de revenir à des rendements constants jusqu’en 2015 après alignement du rendement de l’AGIRC sur celui de l’ARRCO en 2012. La revalorisation au 1er avril 2011 du point AGIRC est de 0,41 % et celle du point ARRCO de 2,11 %. Les salaires de référence sont revalorisés comme le salaire moyen des cotisants en 2011. Puis de 2012 à 2015, la revalorisation s’aligne sur le salaire moyen moins 1,5 point dans la limite du taux d’inflation hors tabac.

L’accord AGIRC-ARRCO du 13 mars 2013 prévoit, afin d’assurer l’équilibre des régimes, une hausse des cotisations AGIRC de 0,10 point en 2014 et en 2015 pour aboutir au taux de 16,44. En vertu de cet accord, après une revalorisation de 0,5 % du point AGIRC et de 0,8 % du point ARRCO au 1er avril 2013, les administrateurs de l’AGIRC et de l’ARRCO décident une sous-évaluation du point en 2014 et 2015. Ainsi, les valeurs du point doivent évoluer comme les prix hors tabac moins 1 point sans pouvoir diminuer en valeur absolue jusqu’en 2015. En pratique, ces mesures se sont traduites par le gel du point AGIRC et du point ARRCO. Afin de maintenir un rendement constant, les salaires de référence ont de leur côté continué à évoluer.

 Avec l’accord du 30 octobre 2015, les partenaires sociaux prennent à nouveau des mesures pour assurer la pérennité à moyen long terme de la retraite complémentaire et posent par ailleurs les bases du régime unifié destiné à réaliser des économies de gestion supplémentaires. Avec la fusion AGIRC-ARRCO la distinction cadres/non-cadres disparaît au profit de deux tranches de cotisation : la tranche 1 (plafonnée au plafond de la Sécurité sociale) et la tranche 2 (de 1 à 8 plafonds de la Sécurité sociale). Selon les termes de cet accord, la valeur du point continue d’augmenter comme les prix hors tabac moins 1 point sans pouvoir diminuer en valeur absolue de 2016 à 2018 inclus. La revalorisation du point est reportée au 1er novembre de chaque année et appliquée en glissement annuel et non plus en moyenne annuelle. Le salaire de référence des deux régimes est indexé sur le salaire moyen de l’année précédente majoré de deux points.

Le passage au 1er janvier 2019 à un régime unifié s’est accompagné d’une nouvelle hausse du taux de cotisation pour les affiliés de la tranche 2 pour s’établir à 17 % contre respectivement, 16,44 % pour l’AGIRC et 16,20 % pour l’ARRCO. Le taux d’appel qui correspond à un surplus de cotisations sans augmenter les droits à pension destinés à équilibrer les comptes des caisses de retraite a quant à lui été porté à 127 % contre 125 % précédemment. Outre les mesures précitées l’accord de 2015 a introduit depuis le 1er janvier 2019 la prise en compte d’un « coefficient de solidarité » destiné à inciter les affiliés à repousser la liquidation de leurs droits à retraites. En vertu du dispositif applicable aux générations 1957 et suivantes, une minoration de 10 % pendant 3 ans de la retraite complémentaire est mise en place pour les personnes qui partiront avant 67 ans dès leur taux plein au régime de base. En revanche, celles qui reporteront d’un an la liquidation de leur retraite complémentaire ne subiront pas de décote. Les affiliés qui feront le choix de repousser de deux ans ou plus leur départ verront leurs pensions bonifiées à hauteur de 10 % pour un report de huit trimestres, 20 % pour un report 12 trimestres et 30 % en cas de report de la liquidation de sa retraite complémentaire de 16 trimestres.

Depuis la constitution d’une cotisation de retraite complémentaire obligatoire, en 1972, les rendements des deux régimes auront été divisés par 1,9 à l’Arrco et par 2,4 à l’Agirc. La baisse est particulièrement sensible pour les cadres. De fait un affilié à l’AGIRC acquerra pratiquement deux fois et demie moins de droits en 2019 qu’en 1973 avec le même euro de cotisation. Cette situation est imputable à l’allongement de l’espérance de vie à la retraite qui est passée de 15 ans en 1950 à 25 ans en 2020. Le rendement des complémentaires, en prenant en compte la durée de vie des pensionnés, demeure élevé.

Source : AGIRC-ARRCO

2019 : Des résultats excédentaires après 9 années de déficits

Avec un excédent de 1,2 milliard d’euros en 2019, le régime de retraite complémentaire AGIRC-ARRCO récolte les fruits des efforts consentis au cours des deux dernières décennies et plus particulièrement depuis les années 2010. Ce résultat présenté comme « spectaculaire » dépasse les prévisions de retour à l’équilibre initialement fixées à 2020 par les partenaires sociaux après un déficit de 1,4 milliard d’euros en 2018.

Les bons résultats provisoires de l’AGIRC-ARRCO pour 2019 sont notamment à mettre au crédit de la hausse des cotisations décidée en 2015 et l’entrée en vigueur au 1er janvier de l’année dernière et certainement, même s’il est encore tôt pour le dire, également à la mise en place du mécanisme de bonus-malus. Cette hausse a par ailleurs été confortée par la bonne tenue de l’emploi. Ces facteurs conjugués ont ainsi permis d’accroître les ressources du régime de retraite complémentaire. En hausse de 4,8 % sur un an, les recettes de l’AGIRC-ARRCO s’établissent à 83,6 milliards d’euros en 2019. Dans le même temps, les efforts budgétaires pour maîtriser les dépenses de la caisse ont permis de limiter la hausse des dépenses sur la première année d’exercice de l’organisme fusionné. Les dépenses qui se sont élevées à 83,1 milliards d’euros enregistrent une hausse de +1,7 %.

L’AGIRC-ARRCO a pu par ailleurs tirer profit de la bonne tenue des marchés financiers sur l’année 2019 (le CAC avait gagné plus de 26 % en 2019) et affiche un résultat financier positif de 700 millions d’euros. De fait, un tiers des réserves de la caisse est investi sur le marché actions. Les sommes placées ont bénéficié d’une valorisation de l’ordre de 10 % sur un an et atteignent 66,7 milliards d’euros fin 2019 soit près de 80 % des dépenses annuelles de la caisse.

Cette photographie au 31 décembre 2019 ne prend naturellement pas en compte l’effet de l’épidémie du Coronavirus sur les marchés. Ainsi, Jean-Claude Barboul, le Président de l’AGIRC-ARRCO, a fait part lors de la présentation des résultats 2019, le 12 mars dernier, de 3 milliards de pertes depuis le 1er janvier 2020.

Pour autant, il considère que la forte volatilité des marchés à laquelle nous faisons face ne remet pas en cause les projections à court et moyen terme réalisées par les partenaires sociaux. Il a confirmé le maintien des excédents pour les quatre années à venir et le respect de l’objectif de ramener les réserves à 50 % des dépenses annuelles en 2033.

A lire dans le Mensuel N°72 d’avril 2020


Régime universel de retraite, la réforme suspendue


La discussion parlementaire de la réforme des retraites visant à instituer un régime universel par points a été suspendue par le Président de la République le 16 mars 2020, en raison de l’épidémie de coronavirus et au nom de l’unité nationale. Cette réforme, depuis ses débuts, affronte de nombreux vents contraires, des « gilets jaunes » à la crise sanitaire en passant par la question de l’âge pivot, la démission forcée du Ministre qui en avait la charge, par les interminables grèves des transports publics et par le recours contraint à l’article 49-3 de la Constitution pour son adoption en première lecture à l’Assemblée nationale. Depuis plus de deux ans, la réforme des retraites a été une source de polémiques, de tensions sociales et de tergiversations.

Une sourde inquiétude en matière de pouvoir d’achat

Avant la crise du coronavirus, les Français étaient très inquiets sur l’évolution de leur niveau de vie à la retraite. 72 % des Français estimaient, selon l’enquête 2020 le Cercle de l’Épargne/Amphitéa (sondage réalisé par l’IFOP et le CECOP), que leurs pensions sont ou seront insuffisantes pour vivre correctement à la retraite. Cette proportion est en hausse par rapport à 2019 (+3 points). Si l’année dernière, 50 % étaient préoccupés par le niveau de leurs pensions, en 2020, cette proportion atteint 63 %. Ce taux s’élève même à 71 % pour les femmes retraitées. Preuve que la réforme était très anxiogène, 77 % des personnes qui étaient concernées par le changement de règles estimaient qu’elles auraient du mal à vivre correctement avec leurs pensions.

39 % des Français interrogés craignaient que la réforme n’amputât leur niveau de vie à la retraite. Ce taux est de 52 % chez les plus de 45 ans qui n’étaient pas touchés par la réforme du mode de calcul des pensions.

Du beau slogan à l’âge d’équilibre, un chemin tortueux

La réforme est née d’un slogan qui avait fait mouche lors de la campagne présidentielle, « un euro cotisé donne les mêmes droits pour tous » couplé à l’idée que l’âge légal de départ à la retraite ne serait pas rehaussé. Elle répondait à la soif d’équité au sein de la population. Durant la première phase de concertation, le Gouvernement avait réussi à maintenir le cap. La situation s’est compliquée, en 2019, avec le retour sur le devant de la scène de la question des déficits des régimes de retraite ainsi que de celle de l’âge de départ. Ces deux sujets ont pris de l’ampleur avec la publication, en juin, du rapport annuel du Conseil d’Orientation des Retraites et du rapport de Jean-Paul Delevoye au mois de juillet. Le lien entre la situation financière, l’âge de départ à la retraite et le changement des règles de calcul des retraites avait été intégré par les Français dès le début de l’année 2019 comme le soulignait l’enquête du Cercle de l’Epargne/Amphitéa. Les tergiversations de l’exécutif sur ces sujets amenèrent à un revirement d’une partie de la population. Le Gouvernement tenta de nier le problème financier en demandant au Conseil d’Orientation des Retraite de refaire ses calculs. Dans ses conclusions remises au mois de novembre de 2019, ce dernier confirme un déficit possible de 17 milliards d’euros en 2025. Le Premier Ministre indiqua alors que le basculement de l’ancien système dans le nouveau ne pourrait intervenir que si les comptes étaient à l’équilibre. À cette fin, la préférence alla à l’instauration d’un âge pivot à 64 ans avec introduction d’un dispositif de malus et de bonus en fonction de l’âge effectif à la retraite. L’opposition des syndicats fut rapide et totale amenant à la mise en place d’une Conférence de financement qui devait initialement remettre ses propositions à la fin du mois d’avril. Cette conférence était censée trouver 17 milliards d’euros sans pour autant augmenter les cotisations, réduire les pensions et toucher à l’âge légal. Cette quadrature du Cercle ne sera peut-être pas résolue au regard des besoins urgents auxquels l’économie française sera confrontée dans les prochaines semaines. Avant la diffusion du virus, les partenaires sociaux étaient plutôt enclins à allonger la durée de cotisation et le cas échéant accroître certaines contributions (cotisations de solidarité sur les hauts revenus).

La question du recul de l’âge serait pour les Français le premier objectif de l’exécutif. 37 % pensent qu’Emmanuel Macron et le Gouvernement visent à retarder l’âge effectif de départ à la retraite à travers la réforme des retraites. 34 % placent la recherche de l’équité en tête des objectifs et 29 %, la diminution des pensions.

Selon l’enquête du Cercle de l’Épargne/Amphitéa de 2020, 54 % des sondés étaient opposés à la mise en place d’un âge d’équilibre. Ce sont les représentants des professions intermédiaires, des employés et des ouvriers qui y étaient les plus défavorables (respectivement 60, 66 et 62 %). En revanche, 74 % des commerçants et des artisans y étaient favorables, tout comme 58 % des professions libérales et des cadres supérieurs. Cette différence d’appréciation selon les catégories socioprofessionnelles est liée aux écarts d’âge de départ à la retraite. Les professions libérales ou les cadres supérieures partent à la retraite plus tard que les ouvriers et fréquemment au-delà de 64 ans. Parmi les Français qui étaient directement concernés par la réforme, 57 % étaient opposés à l’instauration d’un âge d’équilibre à 64 ans.

Tout en étant opposée au recul de l’âge de départ à la retraite, une majorité de Français estimait que son recul inévitable. Ainsi, 51 % pensaient, selon l’enquête 2020 du Cercle de l’Epargne/Amphitéa, partir après 65 ans. Seuls 21 % pensaient pouvoir partir à 62 ans.

Ce débat sur l’âge d’équilibre ne saurait masquer le fait que pour avoir un niveau de vie plus élevé, une majorité de Français était prête à travailler deux ans de plus (55 %). Ce taux atteint 65 % pour les personnes de moins de 45 ans se déclarant touchées par la réforme.

Du régime unique au régime pluriel

De la concertation initiale aux négociations, le Gouvernement a été obligé d’atténuer le caractère universel du futur régime en acceptant bon gré mal gré le maintien des anciens régimes, en acceptant soit des spécificités soit de longues phases transitoires. Les marins, les policiers, les danseurs de l’Opéra, les salariés de la Banque de France, les professeurs, les avocats, etc. ont ainsi obtenu des aménagements. Les règles des départs anticipés ont été sacralisées à plusieurs professions. À mesure des négociations, le régime universel est devenu pluriel, voire polyphonique. La multiplication des concessions entraînait un coût croissant sur lequel le Gouvernement ne souhaitait guère communiquer.

Un report d’entrée en vigueur, sur fond de « clause du grand-père »

Tous les pays qui ont mené des réformes structurelles ont prévu des périodes de transition allant de quelques années à quelques décennies. Ce fut le cas de la Suède, de l’Allemagne ou de l’Italie. Dans ce dernier pays, initialement, seuls ceux qui entraient sur le marché du travail postérieurement à l’adoption de la réforme, étaient concernés. Compte tenu de la dégradation de la situation des finances publiques, les pouvoirs publics ont accéléré la phase de transition avec un calcul en deux parties des pensions (anciennes et nouvelles règles). Le Gouvernement d’Édouard Philippe s’est inspiré de l’Italie. Lors de la présentation du rapport de Jean-Paul Delevoye, il était prévu que seules les générations nées à partir de 1963 seraient concernées. Dans le projet de loi, l’année 1963 céda la place à l’année 1975. Pour les actifs nés après le 1er janvier 1975 et entrés ou qui entreront sur le marché du travail avant le 1er janvier 2022, le système de retraite devrait être mixte avec la cohabitation des anciennes et des nouvelles règles. Certaines professions ont obtenu que le montant de la pension issu de la période de cotisation dans l’ancien système soit calculé en fonction des salaires des six derniers mois d’activité (clause italienne amendée).

Le débat des gagnants et des perdants n’était pas terminé

Le débat sur les gagnants et les perdants de la réforme a rapidement pris de l’importance sans pour autant trouver de réponses. Avec un changement du mode de calcul et avec une longue période de transition, l’évaluation des pertes et les gains est très difficile compte tenu du nombre de paramètres à retenir. Aucun simulateur crédible n’a été mis en ligne. Parmi les perdants potentiels figurent les fonctionnaires bénéficiant d’un faible montant de primes. Le montant du point a été calculé sur la base d’un traitement majoré d’au moins 20 % de primes. Cela concerne en premier lieu le personnel enseignant. Le Gouvernement a ainsi décidé d’engager un processus de revalorisation des traitements des professeurs et du personnel chercheur. Avant la suspension de la réforme, le débat des gagnants et des perdants était sans fin. Pour certains, les femmes étaient avantagées avec le nouveau système quand d’autres affirmaient l’inverse. Il en était de même avec les majorations pour les enfants, la réversion, le temps partiel, etc. Le plafonnement des cotisations créatrices de droits à trois fois le plafond de la Sécurité sociale était tout à la fois perçu comme une mesure allant à l’encontre des intérêts des cadres supérieurs et comme une incitation à l’épargne-retraite. Le rôle supposé du gestionnaire d’actifs, BlackRock dans la réforme des retraites a soulevé à nouveau la question des intentions masquées du Gouvernement.

Si dès le début de l’année 2019, les Français ont estimé que le Gouvernement, sous couvert d’équité avait un objectif financier, ce sentiment s’est renforcé au fil des jours. Ils ont intégré que l’exécutif cherchait les moyens d’imposer un report de l’âge de départ à la retraite. L’opposition sur cette mesure est moins tranchée qu’il n’y paraît. Selon les derniers résultats de l’enquête 2020 du Cercle de l’Epargne/Amphitéa, 46 % des sondés sont favorables à l’instauration d’un âge d’équilibre.

En décidant le 16 mars dernier, la suspension de la réforme des retraites Emmanuel Macron a souhaité aplanir les relations avec les syndicats dans un contexte économique et social sans précédent. La situation après la crise sera totalement différente avec une envolée des déficits et de la dette. Le retour à la normale pourrait prendre de nombreux mois. Une reprise de la discussion parlementaire d’ici la fin de l’année apparaît bien incertaine. La nécessité de parer au plus pressé devrait conduire à un ajournement durable de la réforme. Compte tenu du calendrier électoral, la fenêtre de tir pour son éventuelle adoption avant la prochaine élection présidentielle s’amenuise.


A lire dans le Mensuel N°72 d’avril 2020

Retraite et chômage partiel font-ils bon ménage ?


Le 26 mars 2020, 150 000 entreprises recouraient au chômage partiel. 1,5 million de salariés étaient concernés. Le dispositif permet aux entreprises ne pouvant plus poursuivre leurs activités en raison de l’épidémie de Coronavirus de maintenir les contrats de travail tout en bénéficiant d’une aide de l’État. Durant la période d’activité partielle, l’employeur verse à ses salariés une indemnité spécifique égale à 70 % de leur salaire brut horaire. En contrepartie, ils perçoivent une allocation financée par l’État et l’assurance-chômage. L’objectif fixé par l’État est de rembourser aux entreprises 100 % de l’indemnité versée aux salariés, dans la limite de 4,5 Smic.

Les indemnités versées au titre de l’activité partielle ne sont pas soumises aux cotisations sociales. Par voie de conséquence et sauf dispositions contraires, les périodes de chômage partiel ne permettent pas de valider des trimestres de retraite à la différence des périodes de chômage indemnisé par Pôle emploi (chaque période de 50 jours donne droit à 1 trimestre).

Cette non-prise en compte n’aura pas d’incidence pour la grande majorité des salariés concernés. En effet, il suffit d’avoir cotisé sur la base de 600 heures de Smic dans l’année pour valider 4 trimestres. Les salariés en CDI ne devraient pas avoir de problème à valider leurs quatre trimestres. Cela pourrait être différent pour les personnes en contrat à temps partiel ou en CDD. Pour les régimes de retraite complémentaire, des points gratuits – sans contrepartie de cotisations – sont attribués aux salariés pour les périodes d’activité partielle dépassant 60 heures par an.

A lire dans le Mensuel N°72 d’avril 2020

Épargnants, les garanties ultimes

Les épargnants ne doivent pas céder à la panique. Les établissements financiers français figurent parmi les plus solides d’Europe. Ils ont parfaitement réussi les stress-test de la Banque centrale européenne et ont augmenté leurs fonds propres depuis la crise de 2008. En l’état actuel, aucune menace sérieuse ne pèse sur l’épargne des ménages. Si une banque ou une compagnie d’assurances était en difficulté, une solidarité de place pourrait s’imposer et in fine l’État serait sans nul doute amené à l’épauler en la nationalisant le cas échéant. Si malgré les différents pare-feu, un établissement était contraint à la faillite, des dispositifs de garantie existent.

Dépôts à vue, livrets bancaires, une garantie de 100 000 euros par client et par banque

Pour les dépôts à vue, les livrets bancaires, la garantie est de 100 000 euros par client et par banque. Cette garantie relève du Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR). Cet organisme est chargé de l’indemnisation des déposants dans un délai de 7 jours ouvrables. Pour les anxieux ayant plus de 100 000 euros sur leurs dépôts à vue et leurs livrets bancaires, la solution passe par l’ouverture de comptes dans plusieurs banques.

Cette garantie concerne notamment les comptes courants, les comptes de dépôt à vue ou à terme, les comptes sur livret (comptes ou livret d’épargne, livrets Jeune, etc.), les Comptes et Plans D’épargne Logement (CEL, PEL), et les comptes espèces des PEA, des PER bancaires ou équivalents ouverts auprès d’un établissement bancaire.

Le principe général est que tous les clients des banques sont bénéficiaires de la garantie des dépôts qui couvre :

  • les particuliers, qu’ils soient majeurs, mineurs, sous tutelle, ou représentés par un tiers ;
  • les entreprises de toute taille, quel que soit leur statut (SA, SARL, EURL, EIRL par assimilation…) ;
  • les associations, sociétés civiles, fondations, et autres groupements de toute nature ;
  • les établissements publics, collectivités locales et leurs propres établissements.

Le Livret A et le LDDS

Le Livret A est un livret d’épargne à régime spécial garanti par l’État ; il en est de même pour le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) et pour le Livret d’Épargne Populaire (LEP).

La protection des dépôts exceptionnels

Une garantie spécifique à certains dépôts a été instituée. Elle concerne des dépôts qui ont été encaissés moins de 3 mois avant la défaillance de l’établissement et qui proviennent :

  • de la vente d’un bien d’habitation appartenant au détenteur des dépôts ;
  • de la réparation en capital d’un dommage subi ;
  • du versement en capital d’un avantage retraite, d’une succession, d’un legs, d’une donation ;
  • d’une prestation compensatoire ou d’une indemnité transactionnelle ou contractuelle consécutive à la rupture d’un contrat de travail.

La limite d’indemnisation de 100 000 euros est alors relevée de 500 000 euros supplémentaires pour chaque événement parmi les cas ci-dessus, sauf pour l’indemnisation des dommages corporels qui est sans limite de montant. Le client devra écrire au FGDR dans les deux mois de la réception de son indemnisation initiale pour exercer son droit, et fournir les justificatifs.

70 000 euros de garantie pour les titres

Le Fonds de garantie des dépôts et de résolution assure également la garantie jusqu’à 70 000 euros par personne et par établissement, pour les titres (actions, obligations, parts d’OPCVM) et autres instruments financiers que leur prestataire d’investissement ne pourrait pas leur restituer en cas de faillite, ainsi que pour les espèces associées.

Un compte-titres ne pouvant fonctionner qu’avec un compte espèces associé, qui permet les achats, les ventes, l’encaissement des intérêts, des dividendes, etc. le législateur a prévu que la garantie des titres couvre à la fois les titres eux-mêmes et les espèces associées au fonctionnement des comptes titres.

Tous les titres indisponibles et éligibles à la garantie présents dans tous les comptes-titres d’un client sont évalués et additionnés pour déterminer la base de l’indemnisation plafonnée à 70 000 euros. Le FGDR indemnise les espèces associées aux comptes-titres :

  • jusqu’à 70 000 €, si le prestataire de services d’investissement est uniquement une entreprise d’investissement (et pas une banque) ;
  • en additionnant ces espèces avec l’ensemble des autres dépôts, jusqu’à 100 000 €, si le prestataire de services est une banque.

La garantie des titres couvre :

  • les particuliers, qu’ils soient majeurs, mineurs, sous tutelle, ou représentés par un tiers ;
  • les entreprises de toute taille, quel que soit leur statut (SA, SARL, EURL, EIRL par assimilation, …) ;
  • les associations, sociétés civiles, fondations et autres groupements professionnels ;
  • les établissements publics, collectivités locales et leurs propres établissements.

Les produits non couverts par le FGDR

Les produits non couverts par le FGDR (ils peuvent être couverts par un autre organisme) :

  • les contrats d’assurance vie et les contrats de capitalisation souscrits auprès d’une compagnie d’assurances ;
  • les plans d’épargne retraite (PER, PERP, PEP souscrits auprès d’une compagnie d’assurances ;
  • les plans d’épargne retraite collectifs (PERCO, PERCO-I, PERE) ;
  • les plans d’épargne d’entreprise et inter-entreprises (PEE, PEI) ;
  • les billets, pièces et objets confiés au service de coffre de votre banque ;
  • les dépôts anonymes ou instruments non nominatifs au titulaire non identifiable ;
  • les espèces sur support électronique et les cartes de paiement émises par un établissement de paiement ou un établissement de monnaie électronique (type Monéo ou compte Nickel) ;
  • les dépôts ayant le caractère de fonds propres (parts sociales) ;
  • les bons de caisse ;
  • les cryptomonnaies.

La garantie des contrats d’assurance vie

Les fonds euros bénéficient d’une garantie en capital qui n’est pas remise en cause en cas de crise. En cas de faillite de la compagnie d’assurances, le Fonds de Garantie des Assurances de Personnes (FGAP) intervient jusqu’à hauteur de 70 000 euros, quels que soient les supports concernés. Ce plafond vaut pour un ou plusieurs contrats détenus au sein d’une même compagnie. En cas de co-souscription, ce montant est porté à 140 000 euros. Une garantie jusqu’à hauteur de 90 000 euros est prévue pour les rentes de prévoyance (décès, incapacité et invalidité).

Si les compagnies d’assurances étaient confrontées à un problème de solvabilité, les pouvoirs publics, avec l’appui du Haut Conseil de la Sécurité Financière, auraient la possibilité de recourir au dispositif prévu par la loi Sapin II « relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique » votée en 2016. Les sommes placées en assurance vie, qu’il s’agisse d’un fonds en euros ou d’unités de compte, pourraient faire l’objet d’un blocage pendant une durée de trois mois, renouvelable une fois. Les restrictions pourraient être totales ou partielles. Un tel blocage pourrait se justifier en cas de rachats massifs de la part des assurés conduisant les compagnies à vendre à perte les titres qu’elles détiennent. Une remontée rapide des taux d’intérêt, liée à un choc obligataire, pourrait conduire à une telle situation.

A lire dans le Mensuel N°72 d’avril 2020

Les placements des Français face à la crise

La crise sanitaire et la probable récession qui en résultera devraient affecter certains placements. En fonction de l’importance et de la durée de la récession, la valeur de certains actifs pourrait connaître des fluctuations.

À La fin d’un cycle pour l’immobilier ?


 Après une longue période d’augmentation des prix, l’immobilier devrait connaître une baisse provoquée par une raréfaction de la demande. En cas de résorption rapide de l’épidémie, la contraction sera limitée et ne pourrait guère excéder 15 %. Le maintien de taux bas devrait faciliter la reprise d’autant plus que la pierre demeure, en période troublée, une valeur-refuge. En revanche, si la situation économique restait compliquée du fait de la persistance de la menace épidémiologique ou du fait d’une montée du protectionnisme, la baisse des prix pourrait être plus forte et plus longue. Si les revenus des ménages étaient altérés sur une longue période, les remboursements des emprunts contractés seraient plus difficiles. Des biens immobiliers pourraient être ainsi remis rapidement sur le marché. Par ailleurs, les Français hésiteraient à s’engager dans des projets immobiliers. Dans ce cas, une diminution de 20 % des prix serait à attendre sur les 18 mois à venir.

L’épargne réglementée et les livrets bancaires, liberté et sécurité ?

L’épargne réglementée devrait bénéficier des faveurs des ménages. En période de crise, ces derniers privilégient les placements liquides et sûrs. Le Livret A et le LDDS devraient enregistrer des collectes positives dans les prochains mois. Il en est de même pour les livrets bancaires. Le taux de rémunération de ces différents placements n’est pas amené à évoluer fortement compte tenu de la politique de la Banque centrale européenne.

Les actions, le moment idoine

Les actions cotées que ce soit en direct, ou à travers les unités de compte ou les parts d’OPC sont évidemment délaissées par les épargnants même si le point d’entrée est attractif. Les investisseurs se méfieront dans les prochains jours des entreprises pouvant être nationalisées. Après une année 2019 exceptionnelle, les actions pourraient subir des pertes non négligeables en 2020. Ces dernières seront fonction de la durée de la crise. Un rebond est attendu pour le second semestre avec néanmoins des doutes sur la capacité à endiguer l’épidémie et maintenir un climat coopératif entre les grandes économies.

L’assurance vie, une valeur sûre !

L’assurance vie en fonds euros devrait également être plébiscitée. Les compagnies d’assurances qui imposent de plus en plus un minimum d’unités de compte, autour de 30 % pour les versements de leurs clients, abandonneront-elles cette règle ? Si les souscripteurs ont tout intérêt à acquérir des unités de compte, il n’est pas certain qu’ils en aient envie. Avec les tensions sur le marché des dettes souveraines en raison de la multiplication des plans de soutien engagés par les pouvoirs publics, la crise devrait avoir peu d’impact sur le rendement des fonds euros.

Les unités de compte, après avoir connu une forte hausse en 2019, devraient enregistrer une baisse en 2020. Si la reprise est rapide et franche, l’effet de la crise sanitaire s’atténuera assez rapidement. Le développement du protectionnisme serait, en revanche, défavorable aux UC.

Les Plans d’Epargne Retraite

Les Plans d’Épargne Retraite étant des placements longs, ils sont moins exposés aux fortes variations des marchés. Bénéficiant de dispositifs de sécurisation en fonction de l’âge, pour ceux qui sont près de l’âge de départ à la retraite, le risque de pertes est logiquement limité.

L’or, une valeur refuge en question

La cotation du napoléon, la pièce d’or de 20 francs a été suspendue le 24 mars, une première depuis 1948, date de l’ouverture du marché de l’or. Le dernier cours a été fixé à 274,20 euros pour la pièce qui contient 5,8 grammes d’or fin. Cet arrêt de cotation est imputable à l’absence d’offre. Les particuliers ne souhaitent et ne peuvent plus vendre en raison de la crise et du confinement.

L’once d’or, en hausse depuis le début de l’année, a connu une baisse de 3 % sur ces trente derniers jours. De nombreux détenteurs ont tout à la fois voulu engranger leur plus-value et obtenir des liquidités. Sur un an, le cours est en hausse de plus de 20 %.


A lire dans le Mensuel N°72 d’avril 2020

Les épargnants français faiblement exposés à la chute des cours

Les actions cotées ont perdu, en moyenne, de 20 % de leur valeur au cours de ce mois de mars. La chute est intervenue après une année de forte hausse. Le CAC 40 avait ainsi gagné plus de 26 % l’année dernière. Le recul lié à la crise du coronavirus a effacé quatre années de valorisation. Pour apprécier réellement la situation, il faut également prendre en compte les dividendes distribués.

Les épargnants français ont été faiblement touchés par ce krach boursier du fait de leur faible exposition aux actions. La France ne compte que quatre millions d’actionnaires directs. En élargissant le nombre de détenteurs de titres aux parts d’unités de compte et d’organismes de placement collectif (OPC) investis en actions, ce nombre atteint un peu plus de 11 millions grâce notamment à l’épargne salariale. Ces 11 millions d’actionnaires directs ou indirects ont donc enregistré une forte moins-value potentielle avec la chute des valeurs « actions ». À ce stade, il s’agit d’une moins-value « potentielle » car elle ne deviendra effective qu’en cas de vente.

Un patrimoine essentiellement immobilier

Le patrimoine des ménages français s’élevait, fin 2018, à 11 735 milliards d’euros. La part des actifs non financiers a atteint 8 000 milliards d’euros dont 7 370 milliards au titre des biens immobiliers (logements et terrains). Le patrimoine financier brut des ménages s’élevait de son côté à 5 375 milliards d’euros en 2018, le patrimoine net financier étant de 3 694 milliards d’euros (patrimoine brut moins les dettes).

Un patrimoine financier majoritairement investi en produits liquides et de taux

Deux tiers du patrimoine financier sont investis en numéraire, en dépôts à vue et en produits de taux (épargne réglementée, livrets bancaires, fonds euros d’assurance vie et de produits d’épargne retraite).

En 2018, l’encours en numéraire et dépôts des ménages a continué à fortement progresser pour atteindre près de 1 560 milliards d’euros. L’ensemble des dépôts bancaires atteignait 1 338 milliards d’euros à fin janvier 2020.

Les ménages, depuis la crise de 2008, conservent plus de numéraire (billets et pièces) que par le passé. Cette tendance devrait se renforcer avec la crise en cours, d’autant plus que le passage en agences est devenu plus difficile. Les paiements en carte et par Internet devraient fortement progresser.

Cercle de l’Épargne – données Banque de France

Fin décembre 2019, les dépôts à vue s’élevaient à 406 milliards d’euros. Depuis la crise de 2008, leur poids au sein du patrimoine des ménages n’en finit pas d’augmenter. Du fait du confinement, les dépôts à vue devraient connaître une hausse en mars. Ils pourraient, dans un deuxième temps, diminuer si la reprise économique était plus longue à se dessiner. Les ménages seraient alors contraints de puiser dans leurs liquidités pour compenser la perte ou la réduction des revenus.

Cercle de l’Épargne – données Banque de France


Les dépôts bancaires progressent également depuis la crise de 2008. Malgré la baisse des taux, l’encours des livrets bancaires et de l’épargne réglementée est en hausse. Les ménages ont privilégié la sécurité et la liquidité au rendement. La crise du coronavirus ne devrait qu’accroître cette tendance d’autant plus qu’ils seront tentés de reporter certains projets d’investissement.

Cercle de l’Épargne – données Banque de France


Fin janvier 2020, l’épargne réglementée des ménages avait atteint le record de 443 milliards d’euros. Elle comprend le Livret A, le Livret Bleu, le LDDS, le Livret d’Épargne Populaire, le Livret Jeune et le Compte d’Épargne Logement.


Cercle de l’Épargne – données Banque de France

Les dépôts à terme, dont le Plan d’Épargne Logement, s’élevaient à plus de 350 milliards d’euros à fin janvier 2020.

Cercle de l’Épargne – données Banque de France

Le poids limité des actions

Les ménages français détiennent peu d’actions en direct, 3 à 4 millions. Ils sont plus nombreux à avoir acquis des titres dans des unités de compte (UC) et dans des parts d’Organismes De Placement Collectif (OPC) investis partiellement ou totalement en actions.

L’encours des actions cotées s’élevait, à la fin du troisième trimestre 2019, à 292 milliards d’euros. Celui des unités de compte de l’assurance vie et de l’épargne-retraite a atteint 378,1 milliards d’euros. Les unités de compte représentaient, en 2019, moins de 19 % de l’encours de l’assurance vie et des produits d’épargne retraite assurantiels dont l’encours était, au 3e trimestre 2019, de 2 100 milliards d’euros. Le poids des UC est relativement stable depuis une dizaine d’années au sein de l’encours de l’assurance vie. Par ailleurs, les Français détiennent pour 117,8 milliards d’euros d’action de manière indirecte via les Organismes de Placement Collectif.

Cercle de l’Épargne – données FFA

Au maximum, les actifs exposés aux variations de marché s’élèvent, en France, environ à 800 milliards d’euros. Il faut prendre en compte le fait que les parts d’organismes de placement collectifs et les unités de compte ne sont pas totalement investies en actions. Cela signifie que moins de 10 % du patrimoine des ménages est susceptible d’avoir été touché par la chute des marchés.

Cercle de l’Épargne – données Banque de France


A lire dans le Mensuel N°72 d’avril 2020





Avant la crise, des épargnants déjà sur le qui-vive

Enquête 2020 Cercle de l’Épargne/Amphitéa
« Les Français et l’épargne »

Avant la survenue de la crise du coronavirus, le Cercle de l’Épargne et Amphitéa en partenariat avec AG2R LA MONDIALE avaient réalisé leur enquête annuelle sur l’épargne et la retraite. Avec la chute des marchés financiers et le confinement, les réponses apportées au mois de février seraient certainement, aujourd’hui, tout autres. Ces réponses permettent d’apprécier l’état d’esprit des ménages en matière d’épargne juste avant la crise et comprendre les ressorts qui pourraient être les leurs dans les prochaines semaines.

Les Français en mode épargne de précaution

Avant la crise du COVID-19, les Français avaient l’intention d’épargner davantage par précaution et en premier lieu pour financer leur retraite. Les crises économiques, tout comme les conflits sociaux, entraînent une hausse du taux d’épargne. Ce fut le cas en particulier en 2008. Depuis 2017, la France a connu une série de chocs, « gilets jaunes », grèves liées à la réforme des retraites et crise sanitaire. Le taux d’épargne, avant même cette crise, avait atteint près de 15 % du revenu disponible brut, soit un point de plus qu’en 2017.Le confinement et l’inquiétude générée par la crise sanitaire et économique devraient provoquer une nouvelle augmentation du taux d’épargne. Cette tendance est renforcée dans un premier temps par l’impossibilité physique de consommer. Cette situation est sans précédent depuis 1945. Il est fort à parier que les dépôts à vue enregistrent une très forte augmentation.

Avant la crise, la sécurité et la liquidité étaient déjà des priorités

Pour les placements financiers, la sécurité arrivait en tête des priorités (38 % des sondés), devant la liquidité (36 %). La rentabilité n’était mise en avant que par 26 % des sondés. 40 % des femmes plaçaient en un la sécurité tout comme 45 % des moins de 50 ans, 45 % des professions libérales et des cadres supérieurs estimaient la sécurité comme la valeur essentielle d’un placement financier. La liquidité est privilégiée par les plus de 50 ans dont les retraités ainsi que par les commerçants/artisans (47 %). La crise actuelle devrait conforter cette tendance de fond.

Le « no-placement » en fort progrès

Avec la baisse des rendements constatée ces dernières années, une proportion croissante des sondés estime qu’aucun placement n’est rentable. En 2020, c’est le cas de 33 % des sondés, contre 22 % en 2016. Ce taux atteint 45 % chez les plus de 45 ans.

Dans l’appréciation de la rentabilité, avant la survenue de la crise du coronavirus, à l’exception des actions, les principales catégories de placements étaient en recul. L’immobilier arrive toujours en tête mais a perdu 8 points, depuis 2016. Avec la baisse de leur rendement, les fonds euros de l’assurance vie sont en recul (-14 points en 4 ans à 20 %) tout en bénéficiant d’un bon niveau de collecte nette. Les contrats multisupports en unités de compte perdent de leur côté 8 points (14 %). En revanche, 23 % des sondés estiment, en 2020, que les actions figurent parmi les placements les plus rentables (contre 17 % en 2016). Parmi les épargnants qui placent le rendement en priorité numéro 1, les actions arrivent en tête avec 40 % d’avis positifs. Ce classement qui ne se traduit pas dans les actes d’épargne met à la fois en exergue la perplexité des épargnants face à l’évolution à la baisse des rendements et la difficulté qu’ils éprouvent à trouver le bon placement.

Cercle de l’Épargne – Amphitéa

Le classement des placements intéressants chahuté

Comme les précédentes années, l’enquête Cercle de l’Épargne/Amphitéa contient une question sur l’intérêt que portent les Français sur les différents placements. Cette question est plus large que celle qui concerne la seule rentabilité. Elle met en avant que l’immobilier locatif et l’assurance vie sont les deux piliers de l’épargne des ménages. Avant la crise sanitaire, les actions réalisaient une belle percée au point de concurrencer l’assurance vie. Ce résultat était évidemment en lien avec la bonne appréciation des valeurs boursières au début de l’année.

La pierre roule toujours

La pierre joue le rôle de valeur-refuge en France. L’appréciation des prix, en lien avec les faibles taux d’intérêt, conduit de nombreux ménages à opter pour l’immobilier en tant que placement. En 2020, ce placement est jugé le plus intéressant par 61 % des Français comme en 2019 et 2018. En 2017, ils étaient 68 % à manifester leur préférence pour l’immobilier.

L’immobilier locatif est ainsi le placement le plus intéressant pour 72 % des 18/24 ans, pour 74 % des professions libérales, des cadres supérieurs et des professions intermédiaires et pour 75 % des fonctionnaires.

Cercle de l’Épargne – Amphitéa

L’assurance vie, en deuxième position

L’assurance vie maintient sa deuxième place (51 %) tout en ayant perdu 11 points depuis 2016. Une majorité des moins de 45 ans juge ce produit toujours intéressant. 65 % des professions libérales et des cadres supérieurs sont du même avis et 60 % chez ceux qui gagnent plus de 4 000 euros. Par ailleurs, 71 % des personnes ayant un contrat d’assurance vie estiment que ce placement demeure intéressant. La collecte nette a atteint, en 2019, près de 26 milliards d’euros, ce qui a constitué le meilleur résultat de ces neuf dernières années, preuve du caractère résilient de ce placement.

Les actions continuaient leur marche en avant

Grâce certainement à la bonne tenue de la bourse en 2019, le sondage ayant été fait avant la crise du coronavirus, la popularité des actions poursuivant sa progression. En février 2020, 45 % des sondés jugent ce produit intéressant, soit 16 points de plus qu’en 2016. Plus de la moitié des moins de 45 ans (53 %), plus des deux tiers des jeunes de 18 à 24 ans (67 %), la moitié des hommes, 63 % des professions libérales et des cadres supérieurs, 63 % des personnes gagnant plus de 4 000 euros par mois et 61 % de ceux qui vivent en région parisienne considèrent les actions intéressantes. Par ailleurs, 78 % des détenteurs d’actions ont un avis très favorable sur leur placement.

Livret A, un produit inintéressant mais qui collecte bien

85 % des Français jugeaient, au mois de février 2020, le Livret A inintéressant, soit 4 points de plus qu’en 2016. La dégradation de l’image du produit n’a pas empêché la réalisation d’une collecte nette de 12,64 milliards d’euros en 2019.

« La prise de risques » oui mais !


Si plus de Français estimaient que les actions constituaient un bon placement, peu étaient prêts à franchir le cap début 2020. Ainsi, seulement 20 % des sondés étaient prêts à suivre la recommandation de leur assureur visant à privilégier les unités de compte. 43 % préféraient placer leur argent sur un produit bénéficiant d’une garantie en capital quand 37 % indiquaient leur volonté de le maintenir sur leur compte courant. Même ceux qui mettent le rendement parmi leurs principales priorités d’épargne étaient peu portés à acquérir des unités de compte (24 %). Seuls ceux qui ont déjà des unités de compte sont un peu plus partants pour en reprendre de nouvelles (42 %). Les plus favorables à aller vers les unités de compte sont les jeunes actifs, les professions libérales et les cadres supérieurs ainsi que les personnes ayant des revenus supérieurs à 4 000 euros par mois.

Cercle de l’Épargne – Amphitéa

Même si avec la baisse des cours, l’intérêt à acquérir des unités de compte devrait en théorie, s’accroître, la proportion des Français à en acquérir devrait au contraire fortement diminuer comme lors de chaque crise. En mai 2000, avant l’éclatement de la bulle Internet, la proportion d’unités de compte dans la collecte de l’assurance vie avait atteint 49 %. Elle s’est affaissée à 16 % en octobre 2001. Elle était remontée à 30 % en août 2007, avant de chuter à 7 % en février 2009. Au mois de décembre 2019, la part des unités de compte était de 41 %, ce qui constituait le taux le plus élevé constaté depuis l’an 2000.

Avant la crise, les Français déjà en mode défensif

Tout en reconnaissant le caractère attractif des actions souligné par les pouvoirs publics, les ménages français étaient, avant la survenue de la crise sanitaire, portés à prendre peu de risques en matière d’épargne. Ils privilégiaient la sécurité et la flexibilité. S’ils estimaient qu’avec l’éventuelle réforme des retraites, ils devaient épargner davantage, leurs choix les amenaient à opter pour les valeurs-refuges, immobilier et assurance vie.

*L’enquête « Les Français, la retraite, l’épargne » conduite par le Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique (CECOP) à la demande du Cercle de l’Épargne et d’Amphitéa. Elle a été réalisée sur Internet du 4 au 6 février 2020 auprès d’un échantillon de 1 008 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Le terrain d’enquête a été confié à l’IFOP.

Avant la crise, des épargnants déjà sur le qui-vive

Le 6 avril 2020

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

AVANT LA CRISE, DES ÉPARGNANTS DÉJÀ SUR LE QUI-VIVE

Enquête 2020 du Cercle de l’Épargne/Amphitéa

En partenariat avec AG2R LA MONDIALE

« LES FRANÇAIS ET L’ÉPARGNE »

Comme chaque année depuis 2015, Le Cercle de l’Épargne, avec l’Association d’épargnants Amphitéa et en partenariat avec le Groupe de Protection Sociale, AG2R LA MONDIALE, a réalisé son enquête annuelle sur les Français, l’épargne et la retraite*. Une conférence de presse était prévue le 21 avril prochain. Compte tenu de l’épidémie de coronavirus, celle-ci est reportée à une date ultérieure que nous ne manquerons pas de vous communiquer. Avant une présentation plus globale des résultats de notre enquête, nous avons le plaisir de partager quelques données sur le comportement des ménages en matière d’épargne juste avant la survenue de la crise.

Les Français étaient, au mois de février, déjà inquiets et entendaient renforcer leur épargne de précaution. Ils plaçaient au cœur de leurs préoccupations la sécurité et la liquidité loin devant la recherche de la rentabilité. Un tiers des sondés estimait qu’aucun placement n’était, en ce début d’année, rentable, contre 22 % en 2016. L’immobilier et l’assurance vie, même s’ils sont en recul, restaient les placements jugés les plus rentables. Les actions montaient alors sur le podium sans nul doute grâce à la bonne année 2019. Malgré la bonne performance de ces dernières, peu de Français souhaitaient prendre des risques en prenant davantage d’unités de compte. Seuls 20 % étaient prêts à franchir le cap.

Tout en reconnaissant le caractère attractif des actions, les ménages français étaient, avant la survenue de la crise sanitaire, n’étaient guère disposés à changer leurs comportements en matière de placements. Ils privilégiaient la sécurité et la flexibilité. Leur effort d’épargne les amenait à privilégier alors immobilier et assurance vie. Avec la crise, ils devraient dans les prochaines opter pour des placements liquides et sûrs.



Contacts presse :

Sarah Le Gouez

06 13 90 75 48

slegouez@cercledelepargne.fr


AVANT LA CRISE, DES ÉPARGNANTS DÉJÀ SUR LE QUI-VIVE

Enquête 2020 du Cercle de l’Épargne/Amphitéa

En partenariat avec AG2R LA MONDIALE

Avant la survenue de la crise du coronavirus, le Cercle de l’Épargne et Amphitéa en partenariat avec AG2R LA MONDIALE avaient réalisé leur enquête annuelle sur l’épargne et la retraite. Avec la chute des marchés financiers et le confinement, les réponses apportées au mois de février seraient certainement, aujourd’hui, tout autres. Ces réponses permettent d’apprécier l’état d’esprit des ménages en matière d’épargne juste avant la crise et comprendre les ressorts qui pourraient être les leurs dans les prochaines semaines.

Les Français en mode épargne de précaution

Avant la crise du COVID-19, les Français avaient l’intention d’épargner davantage par précaution et en premier lieu pour financer leur retraite. Les crises économiques, tout comme les conflits sociaux, entraînent une hausse du taux d’épargne. Ce fut le cas en particulier en 2008. Depuis 2017, la France a connu une série de chocs, « gilets jaunes », grèves liées à la réforme des retraites et crise sanitaire. Le taux d’épargne, avant même cette crise, avait atteint près de 15 % du revenu disponible brut, soit un point de plus qu’en 2017.Le confinement et l’inquiétude générée par la crise sanitaire et économique devraient provoquer une nouvelle augmentation du taux d’épargne. Cette tendance est renforcée dans un premier temps par l’impossibilité physique de consommer. Cette situation est sans précédent depuis 1945. Il est fort à parier que les dépôts à vue enregistrent une très forte augmentation.

Avant la crise, la sécurité et la liquidité étaient déjà des priorités

Pour les placements financiers, la sécurité arrivait en tête des priorités (38 % des sondés), devant la liquidité (36 %). La rentabilité n’était mise en avant que par 26 % des sondés. 40 % des femmes plaçaient en un la sécurité tout comme 45 % des moins de 50 ans, 45 % des professions libérales et des cadres supérieurs estimaient la sécurité comme la valeur essentielle d’un placement financier. La liquidité est privilégiée par les plus de 50 ans dont les retraités ainsi que par les commerçants/artisans (47 %). La crise actuelle devrait conforter cette tendance de fond.

Le « no-placement » en fort progrès

Avec la baisse des rendements constatée ces dernières années, une proportion croissante des sondés estime qu’aucun placement n’est rentable. En 2020, c’est le cas de 33 % des sondés, contre 22 % en 2016. Ce taux atteint 45 % chez les plus de 45 ans.

Dans l’appréciation de la rentabilité, avant la survenue de la crise du coronavirus, à l’exception des actions, les principales catégories de placements étaient en recul. L’immobilier arrive toujours en tête mais a perdu 8 points, depuis 2016. Avec la baisse de leur rendement, les fonds euros de l’assurance vie sont en recul (-14 points en 4 ans à 20 %) tout en bénéficiant d’un bon niveau de collecte nette. Les contrats multisupports en unités de compte perdent de leur côté 8 points (14 %). En revanche, 23 % des sondés estiment, en 2020, que les actions figurent parmi les placements les plus rentables (contre 17 % en 2016). Parmi les épargnants qui placent le rendement en priorité numéro 1, les actions arrivent en tête avec 40 % d’avis positifs. Ce classement qui ne se traduit pas dans les actes d’épargne met à la fois en exergue la perplexité des épargnants face à l’évolution à la baisse des rendements et la difficulté qu’ils éprouvent à trouver le bon placement.

Cercle de l’Épargne – Amphitéa

Le classement des placements intéressants chahuté

Comme les précédentes années, l’enquête Cercle de l’Épargne/Amphitéa contient une question sur l’intérêt que portent les Français sur les différents placements. Cette question est plus large que celle qui concerne la seule rentabilité. Elle met en avant que l’immobilier locatif et l’assurance vie sont les deux piliers de l’épargne des ménages. Avant la crise sanitaire, les actions réalisaient une belle percée au point de concurrencer l’assurance vie. Ce résultat était évidemment en lien avec la bonne appréciation des valeurs boursières au début de l’année.

La pierre roule toujours

La pierre joue le rôle de valeur-refuge en France. L’appréciation des prix, en lien avec les faibles taux d’intérêt, conduit de nombreux ménages à opter pour l’immobilier en tant que placement. En 2020, ce placement est jugé le plus intéressant par 61 % des Français comme en 2019 et 2018. En 2017, ils étaient 68 % à manifester leur préférence pour l’immobilier.

L’immobilier locatif est ainsi le placement le plus intéressant pour 72 % des 18/24 ans, pour 74 % des professions libérales, des cadres supérieurs et des professions intermédiaires et pour 75 % des fonctionnaires.

Cercle de l’Épargne – Amphitéa

L’assurance vie, en deuxième position

L’assurance vie maintient sa deuxième place (51 %) tout en ayant perdu 11 points depuis 2016. Une majorité des moins de 45 ans juge ce produit toujours intéressant. 65 % des professions libérales et des cadres supérieurs sont du même avis et 60 % chez ceux qui gagnent plus de 4 000 euros. Par ailleurs, 71 % des personnes ayant un contrat d’assurance vie estiment que ce placement demeure intéressant. La collecte nette a atteint, en 2019, près de 26 milliards d’euros, ce qui a constitué le meilleur résultat de ces neuf dernières années, preuve du caractère résilient de ce placement.

Les actions continuaient leur marche en avant

Grâce certainement à la bonne tenue de la bourse en 2019, le sondage ayant été fait avant la crise du coronavirus, la popularité des actions poursuivant sa progression. En février 2020, 45 % des sondés jugent ce produit intéressant, soit 16 points de plus qu’en 2016. Plus de la moitié des moins de 45 ans (53 %), plus des deux tiers des jeunes de 18 à 24 ans (67 %), la moitié des hommes, 63 % des professions libérales et des cadres supérieurs, 63 % des personnes gagnant plus de 4 000 euros par mois et 61 % de ceux qui vivent en région parisienne considèrent les actions intéressantes. Par ailleurs, 78 % des détenteurs d’actions ont un avis très favorable sur leur placement.

Livret A, un produit inintéressant mais qui collecte bien

85 % des Français jugeaient, au mois de février 2020, le Livret A inintéressant, soit 4 points de plus qu’en 2016. La dégradation de l’image du produit n’a pas empêché la réalisation d’une collecte nette de 12,64 milliards d’euros en 2019.

« La prise de risques » oui mais !


Si plus de Français estimaient que les actions constituaient un bon placement, peu étaient prêts à franchir le cap début 2020. Ainsi, seulement 20 % des sondés étaient prêts à suivre la recommandation de leur assureur visant à privilégier les unités de compte. 43 % préféraient placer leur argent sur un produit bénéficiant d’une garantie en capital quand 37 % indiquaient leur volonté de le maintenir sur leur compte courant. Même ceux qui mettent le rendement parmi leurs principales priorités d’épargne étaient peu portés à acquérir des unités de compte (24 %). Seuls ceux qui ont déjà des unités de compte sont un peu plus partants pour en reprendre de nouvelles (42 %). Les plus favorables à aller vers les unités de compte sont les jeunes actifs, les professions libérales et les cadres supérieurs ainsi que les personnes ayant des revenus supérieurs à 4 000 euros par mois.

Cercle de l’Épargne – Amphitéa

Même si avec la baisse des cours, l’intérêt à acquérir des unités de compte devrait en théorie, s’accroître, la proportion des Français à en acquérir devrait au contraire fortement diminuer comme lors de chaque crise. En mai 2000, avant l’éclatement de la bulle Internet, la proportion d’unités de compte dans la collecte de l’assurance vie avait atteint 49 %. Elle s’est affaissée à 16 % en octobre 2001. Elle était remontée à 30 % en août 2007, avant de chuter à 7 % en février 2009. Au mois de décembre 2019, la part des unités de compte était de 41 %, ce qui constituait le taux le plus élevé constaté depuis l’an 2000.

Avant la crise, les Français déjà en mode défensif

Tout en reconnaissant le caractère attractif des actions souligné par les pouvoirs publics, les ménages français étaient, avant la survenue de la crise sanitaire, portés à prendre peu de risques en matière d’épargne. Ils privilégiaient la sécurité et la flexibilité. S’ils estimaient qu’avec l’éventuelle réforme des retraites, ils devaient épargner davantage, leurs choix les amenaient à opter pour les valeurs-refuges, immobilier et assurance vie.

*L’enquête « Les Français, la retraite, l’épargne » conduite par le Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique (CECOP) à la demande du Cercle de l’Épargne et d’Amphitéa. Elle a été réalisée sur Internet du 4 au 6 février 2020 auprès d’un échantillon de 1 008 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Le terrain d’enquête a été confié à l’IFOP.


À propos du Cercle de l’Épargne

 
Centre d’études et d’information indépendant partenaire d’AG2R LA MONDIALE, le Cercle de l’Épargne est présidé par Jean-Pierre Thomas. Il mène des études à dimension économique et sociale et des actions de formation pour comprendre les grands enjeux de la protection sociale.

 
Animé par Philippe Crevel, le Cercle de l’Épargne bénéficie, pour réaliser ses travaux, de l’appui d’un Conseil scientifique composé de Robert Baconnier, ancien Directeur général des impôts et ancien Président de l’Association Nationale des Sociétés par Actions, Jacques Barthélémy, avocat-conseil en droit social et ancien professeur associé à la faculté de droit de Montpellier, Philippe Brossard, chef économiste d’AG2R LA MONDIALE, Marie-Claire Carrère-Gée, Ancienne présidente du Conseil d’Orientation pour l’Emploi (COE), Jean-Marie Colombani, ancien Directeur du Monde et fondateur de Slate.fr, Jean-Paul Fitoussi, professeur des universités à l’IEP de Paris, Jean-Pierre Gaillard, journaliste et chroniqueur boursier, Philippe Georges, Inspecteur général honoraire des affaires sociales, Président du conseil d’administration de la Caisse autonome nationale de la Sécurité sociale dans les mines (CANSSM), Christian Gollier, Directeur de la Fondation Jean-Jacques Laffont – Toulouse Sciences Économiques, membre du Laboratoire d’Économie des Ressources Naturelles (LERNA) et Directeur de recherche à l’Institut d’Économie Industrielle (IDEI) à Toulouse, Serge Guérin, Sociologue, Directeur du MSc « Directeur des établissements de santé », Inseec Paris, François Héran, Professeur au Collège de France, Ancien Directeur de l’INED, Jérôme Jaffré, Directeur du Centre d’Études et de Connaissances sur l’Opinion (CECOP), Florence Legros, Directrice Générale de l’ICN Business School, Jean-Marie Spaeth, Président honoraire de la CNAMTS et de l’EN3S et Jean-Pierre Thomas, ancien député et Président de Thomas Vendôme Investment.

 
À propos d’AMPHITÉA

 
Au nom et au profit de ses adhérents, AMPHITÉA est une association d’assurés dont les objectifs sont de négocier, souscrire et faire évoluer auprès d’AG2R LA MONDIALE les meilleurs contrats de santé, prévoyance, épargne et retraite. Elle vise également à communiquer et informer ses adhérents actuels et ceux à venir sur toutes les thématiques liées à la protection sociale et la protection patrimoniale. Avec près de 450 000 adhérents, elle s’inscrit aujourd’hui parmi les plus grandes associations d’assurés de France. AMPHITÉA s’appuie également sur un réseau de plus de 100 correspondants régionaux, présents en métropole et en outre-mer, qui représente une force de proposition et de dialogue avec son partenaire assureur.


Contacts presse 

Sarah Le Gouez

06 13 90 75 48

slegouez@cercledelepargne.fr

La victoire, pas le catastrophisme

L’édito d’avril de Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Epargne

Les pythies de mauvais augure sont légion en période de crise. En écoutant les experts sur les chaînes d’information, dans la presse, j’en conclus que nous sommes au bord d’un précipice, que dire, d’un abîme économique incommensurable. À les écouter, 2020 sera bien plus grave que 2008 ou même que 1929. Récession, déflation, inflation, crise financière, et pourquoi pas, retour de l’âge de pierre. Depuis une vingtaine d’années, l’émotion et la passion ont pris le dessus sur la raison. Tout est donné sans filtre, sans analyse, sans recul. L’information est le meilleur allié des pulsions et des névroses dont nous sommes porteurs.

La crise sanitaire que nous connaissons est évidemment un événement grave mais de là à rimer avec la fin du monde, il y a un pas à ne pas franchir. Nous disposons de moyens techniques, de connaissances sans précédent. Le nombre de chercheurs affectés à l’élaboration de solutions pour combattre le coronavirus est sans proportion à ce que cela était au XIXe ou au XXsiècle. Les centres de recherche, les laboratoires pharmaceutiques, les hôpitaux sont tous mobilisés, dans tous les pays, pour endiguer cette épidémie. Les États ont pris des mesures d’une ampleur inégalée pour venir en aide aux citoyens et aux entreprises. Dans ces conditions, d’ici quelques semaines ou quelques mois, l’économie aura la capacité de repartir. Le principal danger est l’autoréalisation des sombres destins qui peuplent les réseaux sociaux. Par rapport aux ordinateurs, aux algorithmes de toute nature, l’Homme dispose d’un atout qui pour le moment ne lui est pas contesté, la capacité d’adaptation et d’anticipation. Face à la crise sanitaire, qui est une nouveauté pour une grande partie de la population, après l’effet de stupeur, le temps de la réaction, seule à même de créer la victoire, a sonné.



Jean-Pierre Thomas

A lire dans le Mensuel N°72 d’avril 2020

« Au cœur de la crise, n’écoutez pas ces voix mesquines qui cherchent à nous diviser »

Dans Planet.fr Philippe Crevel publie une tribune dans laquelle il met en garde les lecteurs de ce media en ligne contre la tentation du repli et de la division.

Coronavirus. Avec l’effondrement de la Bourse, mon assurance-vie est-elle menacée ?

Dans Ouest France Philippe Crevel rappelle les fondamentaux de l’assurance vie tant sur le plan fiscal que sur la possible des sommes investies à travers le recours au choix aux fonds euros (garantissant le capital investi) et unités de comptes (poche davantage orientée vers le marché actions et donc plus risquée). Néanmoins il précise que les UC ne représente que 20 % de l’encours de l’assurance vie qui s’élève à près de 1800 milliards d’euros.

Taux bas, coronavirus et krach boursier… Ces risques qui pèsent sur votre assurance vie

Dans cet article publié sur le site Internet de BFMTV, Philippe Crevel rappelle que le poids des actions est relativement faible dans l’épargne des ménages Français qui privilégient les liquidités et la sécurité au rendement malgré les incitations des pouvoirs publics et des acteurs financiers (banques/assurance).

Retraite : les démarches qui ne peuvent pas attendre la fin du confinement

Dans cet article consacré aux actifs en fin de carrière, Philippe Crevel dresse quelques recommandations aux candidats à la retraite dans leur démarche. Il revient ainsi sur quelques moments de la carrière auxquels il faut faire attention au moment de la reconstitution de ses droits à retraite. « Un stage rémunéré, un service militaire, un arrêt maladie… tout cela compte dans le calcul final ».

Nouveau record pour le Livret A et le LDDS qui cumulent 417 milliards d’euros

Boursier.com cite le Cercle de l’Epargne dans cet article consacré à la collecte du Livret A et du LDDS en février.

Livret A : la collecte ralentit à un peu plus d’un milliard en février

L’AFP revient sur la collecte des deux principaux produits d’épargne réglementée que sont le Livret A et le LDDS et cite le Directeur du Cercle de l’Epargne qui considère que les résultats positifs enregistrés par ses placement malgré la réduction de leur taux à un point bas record s’explique par le désir croissant de liquidité et de sécurité chez les épargnants. Une tendance qui pourrait s’accentuer en mars en raison de l’épidémie du COVID-19 et ses répercussions sur les marchés actions.

Epargne : collecte positive pour les Livret A et Livret de Développement durable

Malgré la poussée des UC dans les contrats d’assurance vie, en février, le Livret A et le LDD poursuivent leur croissance. Dans un article consacré au résultat des deux placements précités Mieux Vivre Votre Argent reprend l’analyse du Cercle de l’Epargne visant à expliquer les choix de placement des Français.

Assurance vie : attention aux désillusions avec la montée en puissances des unités de compte !

Après plusieurs mois porteurs pour les unités de comptes, en lien avec la hausse des cours fin 2019 et début 2020, le Directeur du Cercle de l’Epargne, prévient dans le média Boursier.com « cette récente montée en puissance des unités de compte, à un moment où les marchés étaient au plus haut, est susceptible de provoquer des désillusions avec l’accumulation des baisses depuis le début du mois de mars ».

Assurance vie : 40 % de la collecte investi en UC en février 2020

Dans cet article consacré à l’analyse des résultats de l’assurance vie avant la chute des bourses, Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne estime que « la crise sanitaire devrait avoir de fortes conséquences sur la collecte de l’assurance vie. Avec le confinement, les épargnants ne peuvent pas accéder à leurs assureurs, à leurs conseillers en gestion de patrimoine, à leurs banquiers ou à leurs courtiers »

Livret A : l’épargne de précaution a fait le plein en février 2020

Gestion de Fortune analyse dans un article le succès du Livret A et cite dans cet article le Directeur du Cercle de l’Epargne qui rappelle que depuis un an les Français accroissent leur effort d’épargne.

Assurance-vie : ces épargnants poussés vers la Bourse juste avant le krach

En février, avant la chute des marché, les unités de compte des contrats d’assurance vie ont, de nouveau, rencontré un vif succès. Dans cet article du journal Les Echos, le directeur commente les résultats de la collecte enregistrée par le premier placement financier des Français.

Les Français se précipitent sur le Livret A

Malgré la baisse à 0,5 % du taux de rendement du Livret A, le produit d’épargne réglementée défiscalisé et liquide fait le plein en février. Les raisons de cet engouement confirmé sont à lire dans cet article qui cite Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne.

L’assurance vie bien campée sur ses deux jambes en février

Paris, le 24 mars 2020

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Les résultats de l’assurance vie – février 2020

L’assurance vie bien campée sur ses deux jambes

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

L’assurance vie a enregistré, selon la Fédération Française de l’Assurance, au mois de février, une collecte positive de 1,4 milliard d’euros soit deux fois plus qu’en janvier (0,7 milliard d’euros). Cette collecte nette est, en revanche, en retrait par rapport à celle de l’année dernière (3,1 milliards d’euros). Le mois de février est en règle générale un mois correct pour l’assurance vie. Aucune décollecte n’a été enregistrée lors de ces dix dernières années.

En février, les cotisations se sont élevées à 11,1 milliards d’euros contre 12,1 milliards d’euros le mois précédent. C’est également en retrait par rapport à février 2019 (12,4 milliards d’euros). La proportion des unités de compte dans la collecte brute a été de 39,6 % en février contre 33 % le mois précédent. Les ménages ont fortement plébiscité les unités de compte avant la chute des cours provoquée par la crise du coronavirus.

Les prestations versées par les sociétés d’assurance se sont élevées à 9,7 milliards d’euros en février contre 11,3 milliards d’euros en janvier. Ce montant est le plus faible constaté depuis le mois de septembre dernier (9,1 milliards d’euros).

L’encours des contrats d’assurance vie a atteint 1 776 milliards d’euros à fin février 2020, en progression de 3 % sur un an.

En ce début d’année, les ménages continuaient de placer leur épargne sur l’assurance vie, à un rythme modéré. La baisse du taux de rendement des fonds d’euros a eu peu d’incidence sur leur comportement. La relative modestie de la collecte peut s’expliquer par la nécessité de souscrire une certaine proportion d’unités de compte. Cette pression pouvait dissuader certains ménages. Malgré tout, avant la diffusion de l’épidémie en Europe, les épargnants semblaient accepter le jeu de la prise de risque avec une proportion plus élevée que dans le passé d’unités de compte. Sur les deux premiers mois de l’année, les unités de compte représentaient 36 % de la collecte totale contre une moyenne de 27 % en 2019. Cette récente montée en puissance des unités de compte, à un moment où les marchés étaient au plus haut, est susceptible de provoquer des désillusions avec l’accumulation des baisses enregistrées depuis le début du mois de mars. Les épargnants devront intégrer le fait que les unités de compte sont des placements de long terme.

La crise sanitaire devrait avoir de fortes conséquences sur la collecte de l’assurance vie. Avec le confinement, les épargnants ne peuvent pas accéder à leurs assureurs, à leurs conseillers en gestion de patrimoine, à leurs banquiers ou à leurs courtiers. Même si Internet permet de réaliser certaines transactions, cette situation devrait peser fortement sur la collecte de mars. Les rachats devraient être limités pour la même raison même si certains ont pu vouloir disposer rapidement de liquidités pour faire face à des échéances incontournables. Le krach financier devrait provoquer un fort repli de la collecte en unités de compte même si les épargnants auraient tout, au contraire, intérêt à les privilégier. La petite remontée des taux sur les obligations d’État constatée depuis le début de la crise est une mauvaise nouvelle pour les finances de l’État. En revanche, elle est positive pour les fonds euros si elle perdurait quelque temps.

L’évolution de l’assurance vie dans les prochains mois est, comme pour l’économie, difficile à prévoir compte tenu du nombre élevé des incertitudes. L’ampleur et la durée de la crise ainsi que l’évolution des prix et celle des différents actifs sont autant de facteurs qu’il faudra prendre en compte.

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Livet A : en février la sécurité avant le rendement

Paris, le 23 mars 2020

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

RÉSULTATS DE LA COLLECTE DU LIVRETU A EN FÉVRIER 2020 :
LA SÉCURITÉ AVANT LE RENDEMENT


Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

 La collecte du mois de février du Livret A a été positive de 1,17 milliard d’euros. Les Français n’ont pas boudé le Livret A malgré la baisse de son taux de 0,75 à 0,5 % intervenue le 1er février. Cette collecte, certes inférieure à celle de l’année dernière (1,93 milliards d’euros), reste cependant dans la moyenne de ces derniers mois. Depuis le début de l’année, la collecte a été de 5,3 milliards d’euros. L’encours du Livret A a, par ailleurs, battu un nouveau record à 303,9 milliards d’euros.

Le LDDS enregistre de son côté une collecte de 0,37 milliard d’euros contre 0,41 milliard d’euros en janvier. Son encours s’élève désormais à 113,1 milliards d’euros.

Février, un mois résilient pour le Livret A ?

Lors de ces dix dernières années, seules trois décollectes ont été constatées en février, en 2014, 2015 et 2016. Ces trois années avaient été marquées par des baisses de taux du Livret A intervenant au mois d’août. La dernière baisse de taux effectuée en février avait été réalisée en 2013 et s’était traduite par une collecte de 9,71 milliards d’euros. Cette collecte record est en lien avec le relèvement du plafond du Livret A de 19 125 à 22 950 euros intervenu le 1er janvier 2013. Le relèvement du plafond avait plus que compensé le passage du taux de 2,25 à 1,75 %.

L’effet précaution avant l’effet taux

En février, les Français se sont moqués de la baisse des taux pour privilégier la sécurité et la liquidité, l’effet précaution avant l’effet taux. Même si la question de l’épidémie était évidemment moins prégnante que maintenant, elle commençait à occuper le devant de la scène. Depuis plus d’un an, les Français accroissent leur effort d’épargne. La succession de crises (« gilets jaune », retraite et maintenant sanitaire), ne fait que conforter cette tendance. Cette collecte a pu également être alimentée par le versement mi-janvier de 60 % des crédits d’impôts de l’année 2019.

À la recherche de la sécurité en période de crise

Les prochains mois seront atypiques avec l’arrêt partiel de l’activité au sein de nombreux secteurs et avec le confinement de la population. Les dépenses des ménages devraient se réduire fortement, entraînant une augmentation de l’épargne. À défaut de pouvoir se déplacer, les titulaires du Livret A et du LDDS pourraient faire leurs arbitrages sur Internet. Les récessions conduisent, en règle générale, les ménages à privilégier la sécurité et la liquidité. Le Livret A avait connu une collecte nette de plus de 33 milliards d’euros de juillet 2008 à juillet 2009. La nature de la crise était alors financière quand celle que nous connaissons à l’heure actuelle est plurielle. L’offre, la demande et la sphère financière sont touchées. En l’état actuel, compte tenu de l’importance des incertitudes, l’appréciation de la crise économique et de ses conséquences en matière d’épargne reste délicate. À court terme, le gonflement des liquidités est, en revanche, plus que probable. L’évolution de la collecte dépendra des modalités de la sortie de crise. Si l’épidémie est rapidement endiguée, un rebond assez fort devrait intervenir avec la volonté des ménages d’oublier ce douloureux épisode. Si au contraire, la sortie de crise aboutissait à une forte augmentation du chômage et un cycle de dépression économique, les ménages se positionneront de plus en plus sur des placements liquides.

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Majoration de pension de vieillesse des transfrontaliers : la CJUE admet « le principe d’assimilation des faits »

Saisie par la Cour de Cassation au titre d’un renvoi préjudiciel, la CJUE a été appelée à s’exprimer opposant la Carsat d’Alsace-Moselle à une ressortissante française concernant la prise en compte dans le calcul de sa pension de retraite de la majoration de la durée de carrière pour l’éducation de son enfant handicapée alors que la situation de handicap de ce dernier n’a été reconnue que par les autorités allemandes.

L’assurée, ayant travaillé en France et en Allemagne, a bénéficié d’une aide versée par la ville de Stuttgart pour l’intégration des enfants et adolescents handicapés mentaux et a demandé, à ce titre, à la CARSAT d’Alsace-Moselle le versement d’une majoration de pension pour éducation d’un enfant handicapé au moment de la liquidation de ses droits à retraites.

Pour motiver son refus, la CARSAT a estimé que l’allocation française d’éducation de l’enfant handicapé et l’aide allemande à l’intégration des enfants et adolescents handicapés mentaux ne constituent pas des prestations à caractère équivalent au sens de l’article 5, sous a), du règlement n° 883/2004 portant sur la coordination des systèmes de sécurité sociale.

Cependant, pour la CJUE, au nom du principe d’assimilation des faits, figurant à l’article 5, sous b) du règlement précité, « les autorités françaises compétentes doivent tenir compte des faits semblables survenus en Allemagne comme si ils étaient survenus sur le territoire français ». Les magistrats européens admettent en outre que ces faits peuvent être démontrés par tout élément de preuve, notamment des rapports d’examens médicaux, certificats ou prescriptions de soins ou médicaments.

Consulter l’Arrêt CJUE n° C-769/18 du 12/03/2020

Des mesures d’urgence économique contre l’épidémie de Covid-19

Sur RCF, Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne commente les annonces du Gouvernement destinées à soutenir les entreprises (tant les PME que les grandes entreprise) à affronter les conséquences économiques de la crise sanitaire que nous traversons.

Assurance-vie: ces épargnants piégés par l’appel à miser sur les actions

Cet article du Figaro consacré à la chute des cours et à leur impact sur les fonds en unités de compte des contrats d’assurance vie cite le directeur du Cercle de l’Epargne.

Coronavirus : quels impacts sur les marchés immobiliers ?

Dans le Figaro Immo, Philippe Crevel met en garde, tant les potentiels acheteurs que les candidats à la vente de leurs biens immobilier, contre les décisions précipités et recommande d’attendre que la situation soit stabilisée avant d’agir.

Pourquoi les bourses sont encore ouvertes ?

Paris, le 18 mars 2020

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

POURQUOI LES BOURSES SONT ENCORE OUVERTES ?

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

En un mois, le CAC 40 a perdu près de 40 %. le Dow Jones, plus de 30 %. Face à ces chutes sans précédent, certains experts ont avancé l’idée de fermer les marchés. Les autorités en charge de leur régulation s’y sont interdit. Leur décision est fondée sur le fait qu’une fermeture serait un aveu de non-fonctionnement normal des cotations. Or, pour le moment, offre et demande s’ajustent. Cet ajustement se fait certes à la baisse, mais il y a toujours des preneurs pour les actions. Si tel n’était pas le cas, les autorités prendraient sans nul doute des mesures énergiques. Les régulateurs tentent pour le moment de réduire autant que possible les comportements susceptibles de déstabiliser les marchés. Ainsi, pour éviter des opérations spéculatives, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a annoncé mardi l’interdiction, pour un mois, des positions nettes vendeuses sur les titres négociés sur une plate-forme boursière établie en France.

Une fermeture des marchés a un inconvénient majeur : la nécessité de les ouvrir après. Or, la chute peut être encore plus sévère après un blocage. Les investisseurs, pour se prémunir d’une nouvelle fermeture, vendront alors leurs titres.

La fermeture des marchés est donc une arme à utiliser avec parcimonie. En France, depuis la création du CAC 40, en 1988, les marchés n’ont jamais été fermés. Pour trouver une fermeture de la bourse de Paris, il faut remonter à mai 1968. À l’étranger, la bourse de New York a été fermée le 11 septembre 2001. L’attaque du Word Trade Center, à quelques encablures de la bourse, rendait difficile le maintien de la cotation. Lors de la crise de 2008/2009, l’idée d’une fermeture des marchés a été posée mais elle n’a pas été mise en œuvre.

La fermeture ne pourrait donc s’imposer que si les marchés n’étaient que vendeurs et que si une spirale dépressive entraînait les cours à des niveaux réellement irrationnels.

Contacts presse :

Sarah Le Gouez

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Bilan de l’année 2019 de l’épargne : liberté, sécurité et liquidité

L’année 2019 a été celle de la confirmation des taux négatifs avec un record, en septembre, à -0,4 % pour l’OAT à 10 ans. L’idée d’une sortie rapide de la nasse des taux bas est devenue une illusion. Les premiers mois de 2020 n’ont fait qu’accentuer cette tendance. L’année a été également marquée par les annonces des autorités publiques et de certains assureurs concernant la nécessité de freiner la collecte en fonds euros des contrats d’assurance vie. 2019 est aussi l’année de l’adoption de la loi PACTE qui comporte des mesures en faveur de l’épargne salariale et qui a permis le lancement du nouveau Plan d’Épargne Retraite à compter du 1er octobre.

Face au contexte de taux bas, les épargnants n’ont pas déserté. Ils ont bien au contraire accru leur effort d’épargne tant par précaution que par effet d’encaisse. En 2019, le taux d’épargne des ménages a atteint 14,7 % du revenu disponible brut contre 14,2 % en 2018. Le taux d’épargne financière est passé sur cette période de 4 à 4,3 %.  L’épargne rapportant moins, il faut épargner plus pour atteindre l’objectif assigné en matière de patrimoine ou de revenus financiers. Le montant des logements augmentant, la constitution des apports personnels s’accroît tout comme le montant du capital à rembourser, principale composante du taux d’épargne avant l’épargne financière. Cette dernière a progressé de 0,3 point en 2019 quand la première a augmenté de 0,2 point. L’endettement croissant des ménages en particulier pour acquérir un bien immobilier a pour conséquence une progression des remboursements. Par ailleurs, les ménages ont affecté une part non négligeable de leurs gains de pouvoir d’achat dans l’épargne financière. Par unité de consommation, le pouvoir d’achat a progressé de 1,4 % en 2019. La consommation a augmenté moins vite, de 1,2 % permettant ainsi une hausse du taux d’épargne.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Les ménages ont, en 2019, privilégié la liquidité que ce soit à travers le numéraire (pièces et billets) ou les dépôts à vue. Cette soif de liquidité a également favorisé les livrets réglementés et les livrets bancaires. La recherche de la sécurité accompagne ce désir et a été la clef de la bonne collecte des fonds euros. Les placements actions ont été délaissés au cours des trois premiers trimestres. À la fin de l’année, un petit regain de forme a été constaté en phase avec la hausse des cours. Avec un taux d’inflation de 1,1 % en 2019, le rendement réel de nombreux placements a été négatif.

Au sommaire de l’étude

  • Dépôts à vue, toujours plus
  • L’épargne réglementée, une spécificité française qui se porte bien
    • Le Livret A bat record sur record 
    • Le Livret de Développement Durable et Solidaire, le petit frère du Livret A
    • Le livret d’Épargne Populaire en quête d’une nouvelle popularité
    • Le Compte d’Épargne Logement (CEL), en morne plaine
    • Le Plan d’Épargne Logement (PEL), un nouveau record pour l’encours
  • Les Livrets ordinaires fiscalises, un éonnant regain de forme
  • L’assurance vie signe sa meilleure année depuis 2010

Le coronavirus peut tuer l’Europe

A lire dans les Echos, la tribune de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne.

La Banque Centrale Européenne, gardienne de la solvabilité et de la sécurité financière

Paris, le 12 mars 2020

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

LA BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE, GARDIENNE DE LA SOLVABILITÉ ET DE LA SÉCURITÉ FINANCIÈRE

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

La réunion de la Banque centrale européenne du jeudi 12 mars était attendue après celle de la FED de la semaine dernière qui avait abouti à une diminution des taux de 0,5 point. Il y a quelques jours, Christine Lagarde avait affirmé face aux chefs d’État et de gouvernement européens que la Banque centrale européenne était prête à utiliser tous les outils à sa disposition pour limiter, autant que possible, les conséquences économiques de l’épidémie de coronavirus.

Contrairement aux attentes de nombreux investisseurs, la BCE a décidé de maintenir inchangé ses taux. Le taux de dépôt reste ainsi fixé à -0,5 %, ce qui constitue un niveau bas historique. Elle a, en revanche, annoncé des mesures en faveur du système bancaire et des États souverains. Ainsi, la BCE offrira aux banques commerciales de nouveaux prêts et des taux encore plus favorables sur les liquidités mises à leur disposition. Elle envisage, par ailleurs,  d’ajouter une enveloppe supplémentaire pour ses achats d’actifs sur les marchés de 120 milliards d’euros d’ici la fin de l’année, ce qui devrait faciliter le financement des États. En injectant ces liquidités, la banque centrale devrait maintenir à des niveaux très bas les coûts d’emprunt des États et des entreprises. Cette augmentation n’est pas sans poser des problèmes. En effet, elle ne peut pas acheter plus d’un tiers d’une ligne d’obligations émise par un État. Comme la dette de l’Allemagne s’est réduite ces dernières années, la BCE risque d’atteindre assez rapidement ce plafond sachant que la répartition des rachats est proportionnelle aux poids des États de la zone euro.

Les décisions de la BCE ont été mal comprises par les investisseurs qui souhaitaient une baisse des taux. Or, actuellement, la crise du coronavirus fait peser plutôt un risque de solvabilité tant pour les administrations publiques que le secteur privé. Les taux sont déjà à un niveau extrêmement bas. Les entreprises ne se lanceront pas dans des investissements importants tant que l’épidémie ne sera pas jugulée. L’important est de passer le cap de la crise sans tensions financières importantes. Dans ce contexte, la BCE a fait preuve de sagesse et de courage. La décision de la FED de baisser ses taux n’a eu qu’un effet passager et n’a pas empêché la forte baisse des marchés constatée depuis lundi 9 mars.  

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Rachats de trimestres, des anciens régimes de retraite au nouveau système universel

Avec la réforme des retraites instituant un système universel à points, le système de rachats de trimestres ayant cours actuellement a-t-il encore un intérêt ? Faut-il se précipiter ou au contraire attendre, voire abandonner cette piste ?

Le système actuel de retraites permet de racheter des trimestres au titre des années d’études supérieures et des années incomplètes, c’est-à-dire des années où l’activité professionnelle n’a pas permis de valider quatre trimestres. Ces trimestres achetés s’ajoutent aux trimestres cotisés, aux trimestres assimilés (chômage, maternité…) ainsi que ceux accordés (pour la maternité ou au titre de la pénibilité).

D’autres dispositifs de rachats de trimestres existent comme le rachat au titre des activités salariées exercées à l’étranger, des périodes de stage d’étude, des cotisations arriérées ou encore le cas spécifique du rachat ouvert aux enfants de harkis, moghaznis et personnels des forces supplétives de l’armée française. Des mécanismes spécifiques de rachat sont également ouverts aux assurés ayant appartenu à une catégorie professionnelle affiliée tardivement au régime général de la Sécurité sociale telle que celles des interprètes de conférence, des chauffeurs de taxi (non propriétaires de leur véhicule) ou encore des employés d’hôtels, cafés, restaurants (la liste exhaustive personnes affiliées tardivement au régime général est disponible sur le site de la CNAV). Les détenus ayant exercé un travail pénal pour les périodes antérieures au 1er janvier 1977 ou de la détention provisoire dont la durée n’a pas été imputée sur celle de la peine (avant le 1er janvier 1977) peuvent également effectuer des demandes de rachats de trimestres. Les assurés ayant exercé bénévolement la fonction de tierce personne auprès d’un membre infirme ou invalide de leur famille, et les anciens membres d’une organisation internationale ayant passé un accord de sécurité sociale avec la France peuvent exercer une telle demande.

L’achat de trimestres permet de partir plus tôt à la retraite, évite l’application d’une décote et peut augmenter le montant de la pension attribuée en fonction des options retenues.

Au sommaire de cette étude

  • Le nombre de trimestres pour obtenir la retraite à taux plein
  • Le montant du rachat de trimestres       
  • L’échelonnement des paiements     
  • Les rachats et l’impôt sur le revenu    
  • Le rachat de points dans les régimes complémentaires
  • Rachat de trimestres pour les travailleurs non-salariés
  • Les rachats au sein de la fonction publique
  • Le rachat de trimestres et le futur régime de retraite 

Cycle de vie, patrimoine et vieillissement, des relations complexes

En France, les plus de 65 ans, qui représentaient de 16 % de la population totale en 1998, en représenteront 27 % en 2040. Ramené à la population en âge de travailler, le poids des plus de 65 ans sera de 52 % en 2040, contre 28 % en 1998.  En retenant les plus de 60 ans, les taux respectifs sont 70 % et 40 %.

Le vieillissement démographique peut avoir deux origines : la baisse de la taille des nouvelles générations en relation avec la diminution du taux de fécondité et l’augmentation de l’allongement de la durée de vie. Le nombre d’enfants par femme est passé de 2,8 à 1,8 du début de 1964 à 2019. Le nombre de naissance qui atteignait plus de 875 000 en 1979 s’élève désormais à 725 000 par an. De 1950 à 2018, l’espérance de vie des femmes est passée de 70 à 85 ans et celle des hommes de 64 à 79 ans. Sur la même période, l’espérance de vie à 60 ans a gagné dix ans (passant de 18 à 28 ans pour les femmes, et de 14 à 25 ans pour les hommes). Résultat des progrès sanitaires de ces soixante-dix dernières années et de l’amélioration des conditions de vie, l’allongement de l’espérance de vie modifie en profondeur le modèle économique qui s’est construit sur l’augmentation de la population active. La croissance, c’est la combinaison du travail, du capital et du progrès technique. Le paramètre travail est important car il conditionne les deux autres. Une moindre croissance de la population active, voire un déclin, constitue une première dans l’histoire contemporaine.

La transmission ralentie du patrimoine

Ce vieillissement a des conséquences importantes en matière de détention du patrimoine. Par construction, les générations accumulent du capital au fil de leur vie. Or, avec le vieillissement, de larges générations issues du baby-boom disposent donc d’un patrimoine important qu’ils peuvent détenir plus longtemps que les précédentes générations. Le patrimoine des ménages est majoritairement détenu par les plus 50 ans. En raison de l’allongement de l’espérance de vie, les enfants héritent de plus en plus tard de leurs parents, ce qui conduit naturellement à une concentration accrue du patrimoine sur les plus de 60 ans.  L’âge moyen des héritiers est de 57 ans et devrait dépasser 60 ans d’ici 2040.

Un patrimoine accru dans la perspective d’une retraite plus longue
d’une retraite plus longue

L’accumulation de patrimoine est d’autant plus importante que les baby-boomers craignent une insuffisance de revenus à la retraite qui conduit à un effort d’épargne accru. Cette situation tend à faire baisser les taux d’intérêt d’autant plus que les épargnants privilégient les placements sans risque.

Cet effort d’épargne se justifie car les larges générations issues du baby-boom seront suivies par des générations plus petites, ce qui amène à une révision à la baisse des pensions surtout si les gains de productivité restent faibles. Les générations actives seront plus étroites dans les années à venir et devront supporter des charges plus élevées avec en outre une obligation de remboursement des dettes accumulées ces quarante dernières années. Le rapport cotisants/retraités qui était supérieur à 3 dans les années 70 devrait se rapprocher de 1,2 d’ici 2060.

Le transfert intergénérationnel est donc double : aux dépenses de retraite s’ajoutent celles liées le remboursement de la dette qui n’a pas servi à financer que des dépenses d’investissement réellement productives.

Le capital vaudra-t-il encore quelque chose demain ?

Les générations des années post 1990 hériteront d’un capital par tête plus important car moins larges que les précédentes. En revanche, elles devront, toutes choses étant égales par ailleurs, attendre plus longtemps. Elles pourront accéder à ce capital après 60 ans. Actuellement, les actifs de 25 à 35 ans sont en retard dans la constitution de leur patrimoine par rapport à leurs aînés en raison des problèmes d’insertion professionnelle, de la succession des crises et de la hausse des prix de l’immobilier qui rend plus coûteuse l’acquisition de la résidence principale. À ces facteurs s’ajoute la multiplication des divorces et des familles monoparentales qui rendent plus difficiles la constitution d’un patrimoine. Toutes choses étant égales par ailleurs, le rattrapage en matière de capital ne pourrait se produire qu’en fin de cycle de vie. Plusieurs scénarii sont possibles. La baisse des pensions des derniers baby-boomers pourrait les contraindre à vendre leur patrimoine, entraînant une baisse de la valeur des actifs. Ce phénomène pourrait également se produire au moment des successions avec une remise sur le marché de biens. De 1982 à 2019, le nombre de décès est passé de 550 000 à 612 000 en France ; il devrait atteindre d’ici une trentaine d’années près de 750 000 par an. Cette évolution de la mortalité aura des incidences sur la structuration du patrimoine et sa concentration. L’âge des héritiers élevé ne favorisera pas son allocation dans des placements risques. De ce fait, le potentiel économique des héritages risque d’être faible. Or, le rééquilibrage de l’économique passe par l’obtention de gains de productivité. Tout le défi actuel est donc de dynamiser l’épargne ce qui est un des objectifs majeurs du nouveau Plan d’Épargne Retraite.


A lire dans le Mensuel du Cercle N° 71 de mars 2020 

Que peut faire un jeune avec son épargne ?

Traditionnellement, les parents ou les grands-parents ouvrent un Livret A pour leurs enfants ou leurs petits-enfants. Avec un taux à 0,5 %, ce placement n’est plus rémunérateur. Son atout est principalement d’ordre pédagogique en mettant en valeur l’acte d’épargner, de mettre de l’argent de côté. D’autres placements sont possibles avec des rendements éventuellement plus élevés. Les jeunes même mineurs ont accès au Livret Jeune, au Plan d’Épargne Logement, à l’assurance vie et au compte titre. Pour le Plan d’Épargne en Actions, le jeune doit avoir au moins 18 ans. Par ailleurs, les mineurs ont accès aux comptes courants et aux moyens de paiement comme les cartes.

Dès la naissance de leur enfant, les parents peuvent demander l’ouverture, à son nom :

  • d’un compte bancaire
  • d’un Livret A  

L’enfant pourra disposer ces deux produits dès qu’il aura 12 ans.

À partir de 12 ans, un mineur peut demander lui-même, avec l’accord de ses parents, l’ouverture d’un Livret jeune. Il peut alors déposer ou retirer des sommes figurant sur son compte ou son livret (le montant et la fréquence des retraits peuvent être limités). Il peut disposer d’une carte de retrait avec des règles de plafonnement que les parents peuvent fixer préalablement. La signature des parents est requise uniquement pour les opérations de retrait. Les parents ont la responsabilité des fonds et des mouvements sur les comptes. Ils sont responsables des dettes de leur enfant mineur.

À partir de 16 ans, un mineur peut ouvrir, dans la plupart des banques, avec l’autorisation de ses parents, un compte bancaire et bénéficier d’une carte bancaire et d’un chéquier. Il peut aussi retirer seul les sommes figurant sur son livret A ou livret jeune, sauf opposition explicite de la part de ses parents ou tuteurs.

Les parents peuvent souscrire un contrat d’assurance vie au nom de leurs enfants. Ils doivent cependant recueillir son consentement s’il est âgé de plus de douze ans.

À la différence d’un assuré majeur, le mineur ne peut choisir librement le bénéficiaire de son contrat. La clause doit être neutre, par exemple en désignant les héritiers légaux.

À partir de 16 ans, un mineur peut rédiger un testament (article 904 du Code civil) mais seulement pour la moitié de ses biens. Il pourra alors accorder par testament la moitié de son contrat d’assurance vie à la personne de son choix.

Dans tous les cas, les parents conservent la responsabilité des fonds et des mouvements réalisés sur les comptes de leur enfant mineur ainsi que de ses éventuelles dettes.

Les parents peuvent utiliser eux-mêmes les sommes déposées sur le compte ou le livret de leur enfant de moins ou de plus de 16 ans mais leur utilisation est limitée aux dépenses concernant directement l’enfant (éducation, sport, entretien…). À partir de 16 ans, ils peuvent devoir rendre des comptes sur l’utilisation des fonds.

En 2019, avec la loi PACTE, le Gouvernement a autorisé les jeunes de 18 ans rattachés fiscalement à leurs parents d’accéder à un Plan d’Epargne Actions Jeune dont le plafond est de 20 000 euros.

Ce nouveau placement concerne les 18-21 ans ; les étudiants peuvent en détenir un jusqu’à l’âge de 25 ans s’ils réclament le rattachement. Avant l’entrée en vigueur de la loi Pacte, l’ouverture d’un PEA était uniquement réservée aux personnes ayant la qualité de contribuable (qu’ils soient imposables ou non).

Le PEA jeune est doté des mêmes avantages fiscaux qu’un PEA classique

 Ainsi, dès 5 ans de détention, le titulaire du PEA jeunes bénéficie d’une exonération d’impôt sur le revenu en cas de retrait du plan et subit seulement les prélèvements sociaux.

À la fin du rattachement fiscal, le « PEA jeune » est transformé en PEA classique et son plafond est porté à 150 000 euros (225 000 euros en intégrant le PEA PME), tout en conservant son ancienneté et donc ses avantages fiscaux.

Les pouvoirs publics auraient pu ouvrir le « PEA Jeune » dès l’âge de 16 ans afin de faire œuvre pédagogique.


A lire dans le Mensuel du Cercle N° 71 de mars 2020

Épargne : 3 questions à Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

« L’épargne ne rapporte plus rien,
 mais les Français épargnent de plus en plus » 


Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

En 2019, le taux d’épargne a poursuivi sa hausse malgré la baisse de son rendement. C’est un étrange paradoxe ?

Selon les derniers résultats de l’INSEE, le taux d’épargne a atteint 14,7 % du revenu disponible brut en France contre 14,2 % en 2018. Cette hausse est intervenue au moment où les taux d’intérêt ont atteint des points bas historiques. L’État français a emprunté à taux négatif l’année dernière.

Dans les faits, les ménages ont affecté à l’épargne une partie de leurs gains de pouvoir d’achat. En 2019, ces gains ont été de 1,4 % quand la consommation a augmenté moins vite, de 1,2 % permettant ainsi une hausse du taux d’épargne. Les flux financiers en faveur de l’épargne ont dépassé 100 milliards d’euros en 2019.

Les « gilets jaunes » ont mis en avant leur incapacité de boucler les fins de mois. Dans les faits, ils ont surtout exprimé une angoisse, une peur du lendemain, plus propice à l’épargne qu’à la consommation.

Quelles sont les raisons de fond qui poussent les Français à épargner ?

Il n’y a pas un facteur mais de multiples facteurs qui expliquent la progression de l’épargne. Il faut prendre conscience que le taux d’épargne augmente dans tous les pays occidentaux, en France mais aussi en Allemagne et même aux États-Unis. Le vieillissement de la population joue un rôle non négligeable dans cette évolution. Avec la crise des régimes par répartition, les ménages sont conduits à préparer financièrement leur retraite.

La hausse des prix de l’immobilier constitue également un vecteur important de progression de l’épargne. Les ménages sont contraints d’augmenter le montant de leurs apports personnels. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le remboursement du capital des emprunts immobiliers constitue la première composante du taux d’épargne, devant l’épargne financière. Elle représente plus des deux tiers de l’effort d’épargne. Les Français s’étant fortement endettés ces dernières années, il est assez logique que cette composante de l’épargne augmente.

Troisième facteur important, la peur de l’avenir. Elle amène les ménages à renforcer leur poche d’épargne de précaution. Même si la situation de l’emploi s’améliore depuis plusieurs mois, les Français jugent cette embellie précaire. Le développement des emplois atypiques (CDD, temps partiel, intérim, auto-entrepreneurs) et le climat de défiance (grèves, réformes des retraites et maintenant l’épidémie de coronavirus) sont autant de facteurs qui incitent les ménages à épargner.

L’aversion aux risques a augmenté fortement depuis 2008. Les épargnants privilégient les produits de taux avec garantie du capital, l’épargne réglementée, les livrets bancaires, et les fonds euros. Avec un taux de rémunération de 0,16 % en décembre dernier, les livrets bancaires ont connu, sur l’ensemble de l’année 2019, une collecte positive de près de 15 milliards d’euros. Les taux bas sont anxiogènes. Considérés comme anormaux, ils incitent les ménages à épargner plus.

 Les taux bas ne devraient-ils pas inciter les épargnants, au contraire, à se détourner de l’épargne ou à opter pour des placements plus rémunérateurs, or tel n’est pas le cas ?

Les Banques centrales ont mis en œuvre des politiques monétaires accommodantes reposant notamment sur des taux d’intérêt bas, voire négatifs afin de relancer l’inflation. Ces politiques sont censées favoriser l’investissement et la consommation en pénalisant les épargnants.

Ces derniers ne se réjouissent pas de la baisse du rendement de leur épargne. Un quart des Français (sondage 2019 Cercle de l’Épargne – Amphitéa) jugent qu’aujourd’hui, plus aucun placement n’est intéressant. Ils laissent des sommes croissantes sur leurs dépôts à vue, plus de 400 milliards d’euros fin 2019, soit deux fois plus qu’avant la crise de 2008. Ils conservent des volumes de numéraire (billets et pièces) plus importants qu’auparavant.

Mais dans le même temps, ils placent beaucoup d’argent dans des produits de taux peu rémunérateurs.

Les taux d’intérêt bas amènent les épargnants à accroître leur effort d’épargne pour atteindre l’objectif de patrimoine qu’ils se sont assignés plus ou moins explicitement. Ce raisonnement s’applique également pour ceux qui se fixent un objectif de revenus financiers.

À la fin de l’année 2019, une petite inflexion en faveur des produits « actions » était constatée tant au niveau des unités de compte que du PEA. La crise de coronavirus devrait évidemment remettre en cause la hausse des achats d’actions. Même si cela n’est pas ancré dans les comportements des Français, c’est peut-être le bon moment pour investir en Bourse.

A lire dans le Mensuel du Cercle N° 71 de mars 2020 

Quand l’aversion aux risques tient le monde

L’épidémie de coronavirus en cours est une nouvelle source d’inquiétudes légitime. Elle souligne notre fragilité et la précarité de toute vie humaine. Durant des siècles, l’humanité a dû se battre face à de multiples épidémies, choléra, peste, grippe, etc. Depuis une centaine d’années, en Occident, nous avions oublié grâce aux progrès sanitaires le risque des grandes épidémies. Pour autant, la menace n’a pas disparu comme le prouvent les derniers évènements. Pour certains, ce virus doit amener à la démondialisation, à la fermeture des frontières, au repli sur soi, au protectionnisme. Pour d’autres, il démontre la déliquescence de nos systèmes de santé. La montée aux extrêmes médiatiques contribue à la diffusion des peurs, des angoisses, diffusion plus rapide que celle du virus en tant que tel. En l’état actuel, l’épidémie de coronavirus n’est pas comparable à la grippe espagnole de 1918 qui a fait 40 millions de morts et encore moins à l’épidémie de peste noire qui aurait décimé plus de la moitié de la population européenne de 1347 à 1351, soit environ 25 millions de victimes mais l’information change la donne tout comme la mobilité des populations.

La profonde aversion aux risques qui traverse nos sociétés n’est pas sans conséquence sur notre rapport à la maladie et aux crises. La tentation protectionniste, malthusienne, est aujourd’hui l’antienne la mieux partagée. Cette soif de repli oublie que notre niveau de vie, notre pouvoir d’achat, sont conditionnés bien plus que nous le croyons par la mondialisation, par l’éclatement des chaînes de production. Les échanges dans l’Histoire ont toujours été plus créateurs de richesse économiques et culturelles que les barrières douanières. Les murailles ou les forteresses. Face à une crise nouvelle, deux scénarii existent : la politique de l’autruche ou l’élaboration de solutions. La mise en commun des forces de recherche en matière de santé devrait permettre de mettre en œuvre des vaccins, des remèdes pour contrer cette épidémie. L’économie souffre aujourd’hui de sous-investissements et d’un rejet irrationnel du progrès. L’épargne qui n’a jamais été aussi abondante est bien mal utilisée. Elle est accaparée par des besoins du quotidien en lieu et place de préparer l’avenir. Au nom d’un égoïsme à la petite semaine, nous transférons nos dépenses de fonctionnement sur les prochaines générations quand nous devrions contribuer à leur bâtir un monde meilleur !


Jean-Pierre Thomas

A lire dans le Mensuel du Cercle N° 71 de mars 2020

Crise du coronavirus : tout ce qu’il faut savoir pour limiter la casse sur vos placements

Dans un contexte de chute des marchés boursiers, Boursorama énumère les différents placements financiers disponibles et évoque leur potentiels attraits. Pour expliquer les raisons de l’engouement des Français pour l’épargne de précaution, l’auteur de l’article cite le Directeur du Cercle de l’Epargne qui rappelle que  » le Livret A en période de tourmentée joue le rôle de paratonnerre, de valeur sûre ».

Patrimoine financier des Français : ça monte, ça monte !

Dans cet article relatif à la progression du patrimoine financier des Français au 3e trimestre 2019, Philippe Crevel souligne une petit frémissement du côté des unités de compte des contrats d’assurance vie, même si les produits liquides et les produits de taux conservent la faveur des Français.

Le coronavirus va-t-il entraîner une bulle immobilière ?

Dans le Figaro Immobilier, le directeur du Cercle de l’Epargne évoque les conséquences éventuelles de la crise du COVID-19 sur le marché de l’immobilier. Si le maintien des taux bas prolongés devrait conforter l’investissement dans la pierre, en revanche la situation actuelle marquée par un choc d’offre et de demande sur fond d’épidémie est par nature très anxiogène. Par conséquent, l’immobilier pourrait pâtir de la situation avec un ralentissement des transactions dans les prochaines semaines, les Français privilégiant en période de crise de renforcer leur épargne de précaution. La baisse éventuelle des prix sera selon lui fonction de la durée et de l’ampleur de la crise.

Marchés financiers : Quand la panique peut être mauvaise conseillère

Paris, le 9 mars 2020

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

MARCHÉS FINANCIERS :
QUAND LA PANIQUE PEUT ÊTRE MAUVAISE CONSEILLÈRE

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne sur la situation le 9 mars à 12H30

Les marchés financiers sont, avec la mondialisation de l’épidémie de coronavirus, entrés dans un processus de baisse forte avec un risque d’auto-réalisation. Cette baisse se nourrit des incertitudes concernant l’évolution de l’épidémie et de ses effets sur l’offre ainsi que sur la demande. La réaction des investisseurs a été d’autant plus vive que la diffusion du virus est mondiale et rapide. La baisse est accentuée par l’échec des négociations entre la Russie et l’OPEP pour stabiliser les prix du pétrole.

Une crise virale non assimilable à celle de 2008/2009

Nous sommes confrontés à une crise sanitaire violente mais sans comparaison avec celle de 2008/2009 qui était d’ordre financière et bancaire sur fond de titrisation des emprunts immobiliers. La défiance générale sur le marché interbancaire avait bloqué toute l’économie faisant même craindre une implosion de l’ensemble du système financier.

La crise du coronavirus pèse sur l’offre et l’endettement. Elle n’a pas de fondement financier même si les banques et les assurances peuvent être concernées avec la multiplication des faillites et le processus de baisse des taux.

Le marché « actions » est, par nature, très volatil d’autant plus que le nombre d’acteurs est limité. Par aversion aux risques, ils vendent des titres pour acquérir des obligations d’État solides ce qui fait baisser les taux d’intérêt.

Une crise ponctuelle !

La crise de coronavirus devrait durer entre deux et trois mois. L’application des mesures de confinement sont pour le moment les seules à permettre l’isolement des foyers épidémiques et le ralentissement de la circulation du virus. L’objectif est de réduire la contagion. Cette solution permet à la Chine de faire repartir son économie et de réexporter. Compte tenu du rôle de la Chine dans la production industrielle, ce redémarrage est important pour le reste de l’économie.

Dans les pays nouvellement affectés, la production devrait connaître plusieurs semaines de baisse avant de retrouver son rythme de croisière. La demande sera entravée par les confinements et par la crainte qu’inspire le virus.

La coordination mondiale en marche

Les ministres des finances du G7 ont déclaré « être prêts à prendre les mesures nécessaires, y compris budgétaires ».

La Réserve fédérale américaine a annoncé, mardi 3 mars, une baisse de ses taux d’intérêt de 0,5 point les amenant à 1/1,25 %. Cette mesure d’urgence constitue une réponse pour contrer le caractère récessif pour l’économie de la diffusion du coronavirus. Cette décision intervient entre deux réunions de politique, ce qui n’était pas arrivé depuis la crise de 2008/2009. Jerome Powell, son Président, a indiqué que la FED agirait de manière appropriée et se tenait prête à utiliser tous les outils à sa disposition. Il a souligné que les responsables des grandes banques centrales se coordonnaient pour faire face à la crise et que d’autres mesures d’assouplissement pourraient être prochainement annoncées.

La BCE, même si elle dispose de moins de marges de manœuvre que la FED pour ajuster ses taux, pourrait néanmoins accroître sa politique de rachats. La Commission européenne a indiqué qu’elle était prête à prendre ses responsabilités pour contribuer à limiter l’impact de la crise.

La Banque Centrale d’Australie a également baissé ses taux et la banque centrale du Japon a augmenté ses achats sur les marchés. Le Ministre de l’Économie a indiqué qu’en l’état actuel la croissance pourrait être amputée de 0,1 point en 2020 et que le Gouvernement était prêt à prendre des mesures afin de soutenir les entreprises.

Cette crise sanitaire permettra de mesurer la résilience des nations et des économies. Après l’effet de panique, les autorités, les entreprises, la population devraient s’organiser.

Un accompagnement prévisible des autorités en France

Le Ministre de l’Économie français, Bruno Le Maire tout en reconnaissant que la crise sanitaire devrait aboutir à un net ralentissement de la croissance PIB estime nécessaire de ne pas surréagir afin de ne pas accentuer les tendances récessionnistes. Des mesures de soutien en faveur des entreprises et en particulier des PME sont attendues avec certainement des dégrèvements d’impôts et des reports de charges sociales. 

La guerre des prix pétroliers

Compte tenu du ralentissement de l’économie mondiale, la demande en pétrole actuelle et à venir est orientée à la baisse. Pour éviter une baisse trop importante des cours, les pays de l’OPEP avaient souhaité renégocier l’accord de régulation de la production en vigueur depuis la fin de l’année 2016, accord auquel la Russie était jusqu’à maintenant partie prenante. Cette dernière a refusé le durcissement des quotas de production. Elle souhaitait le simple maintien de la réduction de 2,1 millions de barils jour. Si aucune solution n’est trouvée, l’accord de régulation deviendra caduc d’ici la fin du mois de mars. À partir du mois d’avril, puisque ni l’OPEP ni les non-membres seront soumis à des restrictions de production, l’Arabie saoudite pourrait augmenter sa production d’un million de barils jours à 11 millions de barils jour. Le Royaume saoudien s’engagerait dans une guerre des tarifs comme en 2014. À l’époque, le prix du baril était tombé à 26 dollars. La chute pourrait être encore plus brutale en raison des risques de récession que le coronavirus fait peser sur l’économie mondiale.  L’Arabie saoudite, à travers sa décision, tente de faire pression sur la Russie qui a besoin d’un baril de pétrole à 60 dollars pour son économie et ses finances publiques. Lundi 9 mars, à 11 H 30, le baril de Brent avait perdu 21 % de sa valeur depuis le début de la journée. La chute était de 45 % par rapport au cours du 1er janvier. Le baril pourrait rapidement évoluer à 20 dollars en cas de poursuite de la guerre des prix compte tenu du marché. Un baril bon marché aurait un effet positif sur la conjoncture et favoriser le redémarrage de l’économie. En revanche, il fragile les pays producteurs et le secteur pétrolier ainsi que le secteur bancaire. L’ensemble de la communauté internationale est donc preneur d’un accord.

Un probable scénario en « U »

En l’état actuel, le scénario en « U » est retenu par de nombreux experts qui ont, en revanche, abandonné celui en « V » reposant sur l’idée d’une reprise rapide. La diffusion du virus aboutit à déstabiliser l’ensemble des pôles de croissance. Le scénario en « L » n’est pas, pour le moment, évoqué. Il supposerait une incapacité à juguler la crise sanitaire d’ici le mois de juin avec une très forte désorganisation de l’offre et des circuits d’échange. Le scénario du « pire » supposerait une aggravation sensible du bilan sanitaire provoqué par exemple par une ou des mutations dangereuses du virus. Ce scénario est jugé, en l’état, peu probable.

Contacts presse :

Sarah Le Gouez

06 13 90 75 48

slegouez@cercledelepargne.fr

Livret A : un taux bas, des dépôts records

Dans le journal Le Monde, Philippe Crevel commente les résultats de la collecte du Livret A en janvier. Il précise que « les bons résultats récents du Livret A, mais aussi des livrets non réglementés et des comptes courants, montrent un attrait pour les placements les plus liquides, malgré l’absence ou l’extrême faiblesse des rémunérations. Attrait souvent symptomatique d’un climat d’anxiété, d’un manque de confiance des ménages dans l’avenir, et l’épidémie en cours ne devrait pas inverser cette tendance »

Le coronavirus peut-il engendrer une crise économique ?

Le 25 février 2020

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

LE CORONAVIRUS PEUT-IL ENGENDRER UNE CRISE ÉCONOMIQUE ?

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Les marchés « actions » occidentaux ont perdu, lundi 24 février, entre 3 et 4 %. Cette baisse brutale est la conséquence de la diffusion de l’épidémie de coronavirus au sein de plusieurs pays, au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe, essentiellement en Italie.

Les investisseurs face à la menace de ralentissement économique ont réagi en se délestant de leurs actions et en arbitrant en faveur des obligations d’État ce qui a amené, par voie de conséquence, une nouvelle baisse des taux d’intérêt.

Quelles sont les conséquences économiques de l’épidémie en cours ?

Une baisse de la production et des ruptures de stocks

Le premier effet est de réduire les capacités de production de la première puissance industrielle et du premier exportateur mondial qu’est devenue la Chine. Compte tenu de la diffusion de la maladie, plusieurs autres pays asiatiques comme la Corée du Sud pourraient enregistrer des baisses de production. Par ailleurs, du fait de l’éclatement des chaînes de production, les entreprises, à l’échelle mondiale, pourraient avoir des problèmes pour se fournir en biens intermédiaires auprès de leurs sous-traitants situés majoritairement en Asie.

La diffusion du virus en Italie du Nord, cœur industriel de ce pays a créé une onde de choc. Jusqu’à maintenant, le problème semblait cantonner à une région en Chine. En quelques jours, la crise sanitaire est apparue mondiale pour les investisseurs et les actionnaires.

Un retard dans les investissements

Les investisseurs sont incités à retarder leurs investissements du fait des incertitudes économiques générées par l’épidémie. Par ailleurs, des projets devant être engagés en Chine ont été retardés du fait du cantonnement de la population.

L’épidémie touche à plusieurs niveaux les échanges internationaux. En raison des réductions de production constatées en Chine, les exportations se tarissent. Par voie de conséquence, les importations font de même. Cette situation entraîne une baisse des cours du pétrole et des matières premières, réduisant d’autant les ressources des pays producteurs.

Un ralentissement des échanges internationaux

L’épidémie a un effet tangible sur l’activité touristique. Les prévisions aériennes pour les trois prochains mois tablent sur une baisse de 60 % de la fréquentation chinoise en France. En moyenne, sur 90 millions de touristes étrangers, 2,7 millions de Chinois visitent la France chaque année. Il est à noter que le nombre de touristes chinois avait tendance à diminuer avant même l’épidémie de COVID-19. Plus l’épidémie se répandra, plus l’impact sur le transport aérien et le secteur touristique sera important.

Une baisse de la demande des ménages

Les mesures prises pour ralentir la diffusion du virus entraîne, à travers le confinement des villes touchées, une baisse de la consommation. L’Europe étant le premier centre de consommation mondiale, avec plus de 500 millions d’habitants, la diffusion du COVID-19 aurait de fortes répercussions.

Quel effet sur la croissance ?

Les effets de l’épidémie sur l’économie mondiale et française dépendent de sa durée et de son importance. Ils sont aussi liés à la levée ou non des incertitudes qui sont nombreuses. La dangerosité de la maladie, les modalités de contagion, la capacité des pouvoirs publics à la juguler, sont autant de questions qui pour le moment n’ont pas reçu des réponses fiables. Le COVID-19 apparaît doté d’un pouvoir contagieux élevé, cependant il n’est pas, à preuve du contraire, extrêmement dangereux. L’indice de contagiosité est estimé entre 1,5 et 3,5 contre 2,2 pour la grippe espagnole de 1919. pour le rhume, le taux est de 2 et celui de la grippe saisonnière de 1. Des chiffres très éloignés de la varicelle (8,5), de la rougeole (9) ou du choléra (9,5). Le taux de létalité est de 2,3 % pour le COVID-19 contre 0,1 % pour la grippe saisonnière. Il est en revanche plus faible que celui constaté lors de l’épidémie de SRAS (9,6 %). Mais cette dernière n’avait touché que 8 000 personnes lorsqu’elle s’était propagée en 2003. Le taux de létalité augmente aussi avec l’âge et les plus de 80 ans sont les plus à risque, avec une mortalité de 14,8 %. À l’inverse, pour les personnes âgées de moins de 39 ans, ce taux serait de 0,2 % selon une étude chinoise.

Quel effet pour la croissance ?

Le scénario le plus probable est une évolution en « U » de l’économie avec une chute d’activité suivie d’une période étale plus ou moins longue débouchant sur un rebond assez fort pour compenser les retards pris durant l’épidémie. Ce scénario repose sur l’atteinte d’un pic épidémique assez rapide et sur une coordination à l’échelle internationale des moyens sanitaires voire des réponses économiques nécessaires pour empêcher une récession. L’autre scénario dit en « L » se matérialiserait par une entrée en récession relativement longue le temps de vaincre l’épidémie. Pour le moment, le Ministère de l’Économie estime que le virus COVID-19 ne provoquera qu’un manque de croissance de l’ordre de 0,1 point.

Contacts presse :

Sarah Le Gouez

06 13 90 75 48

slegouez@cercledelepargne.fr

Le Livret A fête en janvier ses 300 milliards d’euros

Le 24 février 2020

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

LIVRET A – RÉSULTAT DU MOIS DE JANVIER 2020

LE LIVRET A FÊTE EN JANVIER SES 300 MILLIARDS D’EUROS

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Le Livret A prouve au mois de janvier son caractère inoxydable. L’annonce de la baisse du taux du Livret A, intervenue au mois de janvier, n’a eu aucun effet sur la collecte qui a atteint 4,13 milliards d’euros, soit le même montant que l’année dernière (4,00 milliards d’euros). Comme les années précédentes, le Livret A démarre l’année sur les chapeaux de roues. Pour la première fois de son histoire, l’encours du Livret A dépasse les 300 milliards d’euros (302,7 milliards en janvier contre 298,6 milliards d’euros en décembre). En dix ans, l’encours a progressé de 54 %.

Le mois de janvier se caractérise, en règle générale, par une forte collecte en raison du versement des primes et des étrennes de fin d’année. Lors de ces dix dernières années, deux décollectes sont seulement à signaler, en 2015 (-0,85 milliards d’euros) et en 2016 (-0,81 milliards d’euros). Ces dernières s’expliquaient en grande partie par la baisse du rendement du Livret A, intervenue au mois d’août de l’année précédente (août 2014 passage de 1,25 à 1 %, août 2015 passage de 1 à 0,75 %). Le passage de 2,25 à 1,75 % annoncé au mois de janvier 2013 n’avait pas eu, tout comme en 2020, d’effet négatif sur la collecte qui avait atteint alors 8,21 milliards d’euros. Ce résultat était lié au relèvement du plafond du Livret A qui était passé le 1er janvier 2012 de 19 125 à 22 950 euros.

Les ménages, en plus des primes et des étrennes de fin d’année, ont pu épargner sur leur Livret A tout ou partie de l’avance des crédits d’impôt versée par l’administration fiscale le 15 janvier à 9 millions de ménages. Au total, l’État a reversé 5,5 milliards d’euros représentant 60 % du montant des crédits d’impôt de l’année 2020.

Les ménages français sont depuis deux ans enclins à maintenir un fort volant d’épargne de précaution en raison des incertitudes sociales et économiques. Les grèves du mois de décembre et de janvier concernant la réforme des retraites ne les ont pas incités à relâcher leur effort. Ils privilégient toujours la sécurité et la liquidité en faisant fi du rendement. Le vieillissement de la population contribue également à l’amplification de l’effort d’épargne. Pour le moment, les ménages ne répondent qu’avec modération aux stimuli des pouvoirs publics en faveur de la réorientation l’épargne vers des placements plus risqués.

La collecte du Livret A obéit à une saisonnalité. Le premier semestre se caractérise par de fortes collectes mensuelles quand le second semestre est marqué quelques mois de décollectes. Le mois de février sera peut-être marqué par une baisse de la collecte en raison de l’entrée en vigueur du taux de 0,5 %. Le contexte anxiogène pourrait cependant conduire les ménages français à ne pas relâcher leur effort. Le Livret A en période tourmentée joue le rôle de paratonnerre, de valeur sûre.

Cercle de l’Épargne – données Caisse des Dépôts et Consignation

Contacts presse :

Sarah Le Gouez

06 13 90 75 48

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« Le chantier est important pour le nouveau PER »

Dans Boursier.com,Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne, livre son analyse de l’actualité de l’assurance-vie et de l’épargne retraite.

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