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La collecte du Livret A fait une pause, celle du LEP s’effondre

Dans Investir, Philippe Crevel réagit aux résultats du Livret A et du LEP en avril. Il précise que le fort recul LEP tient au fait que de nombreux LEP ont été fermés par les établissement en avril car « les revenus pris en compte pour 2025 sont ceux de 2023, année marquée par de fortes revalorisations salariales, notamment du Smic« . Concernant le Livret A, il estime que ce produit « continue d’être affecté par l’effet taux« .

Placements : faut-il vraiment préférer l’assurance vie au Livret A ?

Dans Capital, Philippe Crevel, le Directeur du Cercle de l’Epargne, indique que les ménages «redéploient une partie de leur épargne de précaution vers des produits de long terme comme l’assurance vie, qui connaît un net rebond depuis le début de l’année».

 Une décollecte printanière pour le Livret A et le Livret d’Épargne Populaire

Résultats du Livret A – LDDS – LEP avril 2025

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Livret A : touché mais pas coulé

Le Livret A, avec une décollecte de 200 millions d’euros, enregistre sa première sortie nette de fonds depuis le mois d’octobre dernier. Cette décollecte s’inscrit dans le processus d’atterrissage amorcé depuis l’annonce de la baisse de son taux de rémunération. La collecte avait été de 400 millions d’euros en mars et de 940 millions d’euros en février. Sur les quatre premiers mois de l’année 2025, la collecte atteint seulement 1,53 milliard d’euros, contre 7,64 milliards d’euros sur la même période de 2024.

Le résultat d’avril 2025 peut néanmoins surprendre : le quatrième mois de l’année est généralement favorable au Livret A. La collecte moyenne d’avril sur les dix dernières années s’élève à 1,929 milliard d’euros. En avril 2024, elle avait atteint 1,48 milliard d’euros. Depuis 2009, une seule décollecte avait été enregistrée au mois d’avril, en 2015, avec -170 millions d’euros. La collecte la plus élevée pour un mois d’avril reste celle de 2020, en plein confinement, avec 5,47 milliards d’euros.

Le Livret A continue d’être affecté par l’effet taux. Les ménages redéploient une partie de leur épargne de précaution vers des produits de long terme comme l’assurance vie, qui connaît un net rebond depuis le début de l’année. Cet ajustement est logique après plusieurs années de versements massifs sur le Livret A, dont l’encours est passé de 298 à 444 milliards d’euros.

L’encours du Livret A s’établit, après cette décollecte, à 444 milliards d’euros.

Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) fait bande à part

Contrairement au Livret A, le LDDS affiche une collecte positive en avril, avec +310 millions d’euros. Cela s’explique par sa fonction d’antichambre des comptes courants : les ménages y gèrent leur trésorerie en temps réel, tandis que le Livret A reste davantage perçu comme un produit d’épargne à moyen ou long terme.

La collecte du LDDS en avril 2025 s’élève à 310 millions d’euros, contre 400 millions en mars et 760 millions en avril 2024. Elle reste néanmoins inférieure à la moyenne des dix dernières années (586 millions d’euros). Sur les quatre premiers mois de l’année 2025, la collecte cumulée atteint 2,11 milliards d’euros, contre 3,68 milliards sur la même période en 2024.

L’encours du LDDS atteint un nouveau record en avril 2025, à 162,7 milliards d’euros.

Le Livret d’Épargne Populaire (LEP) : forte décollecte sur fond de régularisation

Le Livret d’Épargne Populaire connaît une décollecte marquée, à hauteur de 1,96 milliard d’euros. En avril 2024, il avait déjà enregistré une décollecte de 270 millions d’euros. Ces sorties s’expliquent par les vérifications annuelles des conditions d’éligibilité effectuées par les banques : elles doivent clôturer les LEP des épargnants dont le revenu fiscal de référence dépasse le plafond autorisé. Les revenus pris en compte pour 2025 sont ceux de 2023, année marquée par de fortes revalorisations salariales, notamment du SMIC.

La collecte cumulée sur les quatre premiers mois de l’année est négative de 1,37 milliard d’euros, contre une collecte positive de 3,99 milliards sur la même période en 2024.

Les ménages modestes réagissent rapidement aux variations de taux, passé de 4 % à 3,5 % le 1er février dernier.

L’encours du LEP s’établit ainsi, fin avril, à 80,8 milliards d’euros, contre 82,8 milliards fin mars.

Vers une baisse du taux du Livret A et du LEP en août prochain

Les deux composantes entrant dans le calcul du taux du Livret A — le taux €STR et l’inflation — sont orientées à la baisse. Sur la base des données disponibles pour les quatre premiers mois de 2025, le taux du Livret A pourrait être ramené de 2,4 % à 1,5 % / 1,6 %.

Le taux du LEP pourrait, quant à lui, passer de 3,4 % autour de 2 %. Toutefois, ces dernières années, le gouvernement n’a pas toujours appliqué strictement la formule, préférant maintenir un avantage pour l’épargne populaire. Un taux de 2,5 % paraît ainsi plus probable.

ANNEXES

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Livret A : vers un taux à 1,6 % au 1er août 2025 ?

Dans le Parisien, Philippe Crevel rappelle qu’une application stricte de la formule destinée à déterminer la rémunération du Livret A, devrait conduire à une nouvelle baisse du taux à 1,7 % début août contre 2,4 % actuellement.

Cryptos et ETF, les nouvelles stars des jeunes épargnants

La Tribune consacre un article sur les placements favoris des jeunes et reprend à cette occasion l’étude AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – Cercle de l’Epargne.

« Les impôts sont élevés parce que nous avons des dépenses publiques extrêmement importantes », explique Philippe Crevel, économiste

Philippe Crevel était l’Invité de l’Eco ce 20 mai pour parler fiscalité et dépenses publiques.

Vers un livret A à moins de 2 % : voici les placements alternatifs

Dans le Parisien, Philippe explique pourquoi le taux du Livret A devrait baisser le 1er août prochain et pourrait se situer autour de 1,7 %.

« N’ayez  pas peur » – 3 questions à…Loïc Le Foll, Directeur de l’épargne patrimoniale du Groupe AG2R LA MONDIALE et Directeur général de La Mondiale Europartner

Interview de Loïc Le Foll, Directeur de l’épargne patrimoniale du Groupe AG2R LA MONDIALE et Directeur général de La Mondiale Europartner


Depuis le déclenchement de la guerre commerciale par Donald Trump, le 2 avril dernier, la volatilité sur les marchés s’est fortement accrue avec à la clef de fortes baisses. Quelles sont les réactions des clients patrimoniaux, sociétaires d’AG2R LA MONDIALE dans cette période sans précédent depuis plusieurs décennies et comment les accompagnez-vous ?

Les clients patrimoniaux sont gérés par les équipes spécialisées de la Direction clients épargne patrimoniale (DCEP). Chacun d’eux dispose d’un contact privilégié avec un ingénieur patrimonial qu’il peut solliciter pour faire le point sur ses placements lorsqu’il le souhaite. À ce jour, nous n’avons constaté aucun mouvement de panique de leur part à la suite des soubresauts des marchés financiers.

Il faut tout d’abord noter qu’une grande partie de nos clients patrimoniaux ont un profil prudent et éventuellement modéré. Cela signifie qu’ils investissent peu sur des supports action et privilégient l’actif général, les EMTN (Euro Medium Term Notes) à risque limité et les UC à risque modéré. Par ailleurs, pour nos clients souhaitant investir sur des supports en actions, mais qui ne sont pas des spécialistes des marchés actions, nous proposons des UC à gestion profilée et des mandats de gestion délégués à des sociétés de gestion. L’avantage de ce type de placement réside dans le fait que ce sont des professionnels des marchés financiers qui prennent les meilleures décisions pour les clients.

Il existe cependant une minorité de clients qui ont opté pour un investissement directement sur des supports dynamiques. Ce sont généralement les clients les plus avertis, qui ont une bonne connaissance du fonctionnement des marchés et qui sont restés relativement sereins durant les derniers soubresauts.

Par ailleurs nous rappelons régulièrement à nos clients que l’assurance vie est un placement de long terme et qu’il n’est pas judicieux de modifier trop souvent leur allocation financière.

En quoi l’expertise patrimoniale du Groupe AG2R LA MONDIALE est-elle différenciante face à une concurrence de plus en plus large, notamment par rapport à celle venant du secteur bancaire ou des fintechs ?

Nos ingénieurs patrimoniaux prodiguent exclusivement un devoir de conseil de niveau 2 qui inclut un audit patrimonial. Ils accordent une importance toute particulière à la partie connaissance du client afin d’élaborer et de lui proposer les solutions les mieux adaptées. Il s’agit pour eux de déterminer précisément le profil du client : son niveau de connaissance des marchés financiers, son appétence au risque, son patrimoine, ses revenus et d’analyser ses besoins, ses objectifs et son horizon de placement. Cette partie est fondamentale pour qu’ils puissent élaborer un choix de solutions avec des allocations financières adaptées aux besoins et aux objectifs du client.

La présentation de cette « étude patrimoniale » au client est également un moment important et requiert un véritable sens de la pédagogie de la part de l’ingénieur patrimonial. En effet, c’est durant cet entretien qu’il lui présente les avantages et les inconvénients des solutions proposées et s’assure qu’elles sont bien adaptées et comprises.

Cette partie dite « précontractuelle » est plébiscitée lors des enquêtes de satisfaction annuelles que nous menons auprès des clients de la Direction Client Épargne Patrimoniale (DCEP) du Groupe. Ainsi 87 % d’entre eux se disent satisfaits ou très satisfaits de l’adéquation entre l’étude patrimoniale et leurs attentes, et 90 % de la qualité des explications et de la pédagogie de l’ingénieur patrimonial. Par ailleurs, une majorité de ceux qui ont déjà eu affaire avec un conseiller bancaire trouvent l’étude patrimoniale de la DCEP plus approfondie. C’est donc là un élément non négligeable de différenciation. C’est d’ailleurs probablement aussi parce que l’allocation financière est totalement en phase avec les objectifs des clients qu’ils restent relativement sereins face aux aléas boursiers.

En ce qui concerne les fintechs, même si leur part de marché progresse, elle reste encore faible en épargne patrimoniale. Nos clients sont souvent d’anciens entrepreneurs qui ont cédé leur entreprise et qui sont attachés à la qualité de la relation qu’ils entretiennent avec leur ingénieur patrimonial. Ils sont donc modérément sensibles aux propositions des fintechs.

Cela ne signifie pas, bien sûr, que les outils digitaux n’ont pas de valeur ajoutée en gestion de patrimoine. Au contraire, ils permettent d’accroître le temps qu’un conseiller consacre à son client et améliorent la qualité du service. À titre d’exemple, nous proposons un parcours précontractuel et un parcours de souscription totalement digitalisés renforçant significativement l’expérience utilisateur et ainsi la satisfaction client. Les outils digitaux affinent également la connaissance clients, facilitent les simulations et accroissent les canaux d’interaction avec le client contribuant ainsi à améliorer la qualité du conseil. Nous sommes convaincus qu’en utilisant le meilleur des deux mondes : les outils digitaux, notamment l’intelligence artificielle, d’un côté et l’expertise et le sens du relationnel de l’ingénieur patrimonial de l’autre, nous serons en mesure de continuer à améliorer la satisfaction nos clients.

Le private equity est de plus en plus prisé par les investisseurs et son accès tend à être facilité. Est-ce actuellement le bon choix et comment AG2R LA MONDIALE intègre-t-elle ce type d’investissement dans son offre ?

Le succès du private equity ne se dément pas comme le prouvent les dernières statistiques de France Invest qui fait état d’une collecte de 2,7 milliards d’euros auprès du grand public en 2024, soit une progression de 29 %. Aujourd’hui, les particuliers détiennent 10,8 milliards d’euros dans le non-côté français. C’est à la fois beaucoup et très peu. En effet, cela est peu si on compare ces chiffres à ceux de l’assurance vie, qui en 2024, a collecté 173 milliards avec des encours atteignant 2 020 milliards.

Nous pensons que le private equity doit être considéré comme un actif de diversification. Relativement décorrélé de l’évolution des marchés boursiers, il a toute sa place dans une allocation dynamique à condition de ne constituer qu’une faible part des actifs du client. N’oublions pas que si le potentiel de gain est élevé, le risque l’est également. En conséquence, nous pouvons proposer des UC investies en private equity aux clients les plus avertis qui nous sollicitent. Dans ce cas nous leur rappelons les risques inhérents à cette classe d’actifs. En conséquence, la part du private equity reste relativement marginal dans les contrats de nos clients.

Dépenses de santé : les équations impossibles

Le système de santé est sous tension depuis une vingtaine d’années : urgences saturées, déserts médicaux, pénuries de médicaments, dérive des comptes, etc. L’Assurance maladie devrait continuer d’afficher des niveaux records de déficits, hors période de crise, avec plus de 16 milliards d’euros prévus chaque année au cours des trois prochaines années. La croissance des dépenses de santé – hors dépenses liées à la crise sanitaire – s’est accélérée ces dernières années, l’Objectif national de dépenses d’Assurance maladie (Ondam) ayant progressé de 4,8 % en moyenne annuelle de 2019 à 2025, contre seulement 2,4 % entre 2015 et 2019. La part des dépenses d’Assurance maladie dans le PIB s’est accrue, atteignant 8,9 % en 2025, soit 0,7 point de plus qu’à la veille de la crise sanitaire en 2019. La Cour des comptes a présenté, le 14 avril dernier, une série de recommandations pour maîtriser la progression des dépenses d’Assurance maladie dans les prochaines années. Elle estime qu’il est possible de dégager 20 milliards d’euros d’économies par des mesures d’efficience, « sans revenir sur les grands principes » de la Sécurité sociale.

La France demeure l’un des pays de l’OCDE consacrant la plus grande part de son PIB à la santé : 11,8 % en 2023, contre 10,4 % dans l’Union européenne (UE), avec un reste à charge parmi les plus faibles (9,2 % contre 14,2 % en moyenne européenne). En 2022, le reste à charge, corrigé des écarts de prix, s’élevait à 426 € par habitant, contre 516 € dans l’UE. Ce modèle solidaire, très protecteur pour les patients, est financé à 78,4 % par l’Assurance maladie obligatoire, à 12,4 % par les complémentaires santé, et à 9,2 % par les ménages eux-mêmes. Le reste à charge tend à diminuer sur le long terme.

Au sommaire de l’étude

Les effets du vieillissement sur les dépenses de santé

La soutenabilité des dépenses de santé en question

Un système de santé menacé d’implosion

Comment gagner en efficience ?

  • Une meilleure maîtrise des arrêts maladie
  • Une harmonisation des pratiques médicales
  • L’ardente nécessité de la prévention
  • Le défi de la dépendance
  • Une meilleure coordination des financeurs
  • Une mise à contribution des patients les plus aisés
  • Pour une gouvernance rénovée du système de santé

Mortalité infantile en France : interrogation sur les origines de son augmentation

Depuis quelques années, la mortalité infantile ne baisse plus en France ; au contraire, elle augmente légèrement. Même si elle demeure faible, ce retournement interroge et laisse supposer une dégradation du système de prévention et de soins. Toute conclusion hâtive est néanmoins à proscrire.

Une hausse du taux de mortalité infantile depuis 2011

En 2024, le taux de mortalité infantile – qui rapporte le nombre d’enfants décédés avant l’âge d’un an au nombre d’enfants nés vivants – s’élève, selon l’INSEE, à 4,1 ‰, soit environ 2 700 enfants. Un enfant sur 250 meurt avant son premier anniversaire. Un quart de ces décès a lieu le jour de la naissance, la moitié entre 1 et 27 jours, et un quart dans la période post-néonatale (de 28 jours à moins d’un an).

Entre 1993 et 1995, ce taux avait chuté de 25 % en deux ans, principalement en raison d’une baisse marquée de la mortalité post-néonatale (-41 %), grâce aux campagnes de prévention contre la mort subite du nourrisson (couchage sur le dos, absence d’objets mous dans le lit, etc.). De 1995 à 2011, la baisse s’est poursuivie, mais à un rythme plus lent. Depuis 2011, en revanche, la tendance s’est inversée : le taux est passé de 3,5 ‰ à 4,1 ‰ en 2024.

Dans le détail, la mortalité le jour de la naissance et celle en période post-néonatale sont restées stables. Seule la mortalité entre 1 et 27 jours a progressé, passant de 1,5 ‰ à 2,0 ‰. Résultat : depuis 2018, la France a un taux de mortalité infantile supérieur à la moyenne de l’Union européenne. En 2023, celle-ci s’établissait à 3,3 ‰, contre 4,0 ‰ en France. Ces comparaisons internationales doivent toutefois être interprétées avec prudence en raison des différences de pratiques de déclaration.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Légère baisse du taux d’enfants mort-nés depuis 2012

Les progrès de la médecine permettent à des enfants qui auraient autrefois été mort-nés – et donc non comptabilisés dans les naissances vivantes – de survivre quelques heures ou jours, ce qui induit mécaniquement une hausse de la mortalité infantile.

Le taux de mortinatalité spontanée, c’est-à-dire le nombre d’enfants mort-nés hors interruption médicale de grossesse, rapporté au nombre total de naissances, a légèrement baissé entre 2012 et 2023 (-0,2 ‰). Le nombre d’interruptions médicales de grossesse a également diminué                    (-0,2 ‰), ce qui pourrait expliquer une hausse des décès précoces après naissance.

La multiplication des naissances multiples, un facteur aggravant

Entre 2015 et 2017, les naissances multiples ont augmenté, en lien avec un recours accru à la procréation médicalement assistée (PMA), notamment la fécondation in vitro (FIV). Environ un accouchement sur quatre après FIV aboutit à une naissance multiple, contre un sur cent en cas de grossesse naturelle.

Or, le risque de décès avant un an est cinq fois plus élevé pour les enfants issus d’une naissance multiple : 16,7 ‰ contre 3,3 ‰. Ce risque est particulièrement marqué dans les premiers jours de vie. La prématurité, qui touche 51 % des enfants nés de grossesses multiples contre 5 % pour les autres, en est une cause majeure.

Entre les périodes 2010-2014 et 2015-2022, le taux de mortalité infantile est passé de 3,6 ‰ à 3,8 ‰. La hausse est quasi générale, sauf pour les enfants issus d’un accouchement multiple où elle atteint +2,3 points (de 16,4 ‰ à 18,7 ‰).

Une mortalité infantile plus élevée chez les mères très jeunes ou âgées

L’âge moyen des mères à l’accouchement ne cesse d’augmenter. De 24 ans en 1974 pour un premier enfant, il est passé à 28,5 ans en 2015 et 31,0 ans en 2023. La part des mères de plus de 40 ans est passée de 1,7 % à 5,7 % entre 1980 et 2019, tandis que celle des mères de moins de 18 ans a chuté de 7 % à moins de 2 %.

La mortalité infantile est plus faible entre 26 et 37 ans (<4 ‰), mais dépasse 5 ‰ pour les mères de 21 ans ou moins et celles de 44 ans ou plus. Elle culmine à 11,7 ‰ à 16 ans et à 11,3 ‰ à 47 ans, soit trois fois la moyenne.

Chez les plus jeunes, un suivi insuffisant de la grossesse peut en être la cause ; chez les plus âgées, les risques sont accrus en raison de pathologies chroniques, de complications obstétricales ou de grossesses multiples.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Un gradient social très marqué

De 2004 à 2022, le taux de mortalité infantile était en moyenne de 2,2 ‰ chez les mères cadres, 3,5 ‰ chez les ouvrières, 3,6 ‰ chez les employées, et 5,1 ‰ chez les inactives ou sans catégorie sociale renseignée. Les mères inactives ou de milieu populaire sont en moins bonne santé et ont un accès plus difficile aux soins, notamment préventifs. En 2016, 10 % des ouvrières et 7 % des inactives déclaraient fumer 10 cigarettes ou plus par jour au troisième trimestre, contre 0,5 % des cadres.

Des écarts persistants en Outre-Mer

Entre 2004 et 2022, la mortalité infantile est plus de deux fois plus élevée dans les DOM (8,0 ‰) qu’en métropole (3,5 ‰). Elle atteint 9,7 ‰ en Guyane, 9,2 ‰ à Mayotte, 8,0 ‰ en Martinique, 7,8 ‰ en Guadeloupe et 6,9 ‰ à La Réunion. En métropole, aucun département ne dépasse 5 ‰.

La pauvreté, l’obésité (entre 22 % et 25 % des femmes enceintes), le faible poids de naissance (plus de 10 % contre 7,1 % en métropole), ou encore des pratiques à risque comme le cododo non sécurisé expliquent en partie ces écarts.

Les mères nées en Afrique plus exposées

De 2004 à 2022, le taux de mortalité infantile est de 3,4 ‰ pour les mères nées en France, en Europe ou en Asie, mais de 4,6 ‰ pour celles nées au Maghreb et de 7,5 ‰ pour celles nées dans un autre pays d’Afrique. À caractéristiques égales, ces écarts persistent.

Les mères originaires d’Afrique subsaharienne présentent un taux élevé de suivi de grossesse inadéquat (35 % contre 17 % pour les mères nées en France). Entre 2010-2014 et 2015-2022, la proportion de nouveau-nés ayant une mère née à l’étranger est passée de 19,5 % à 23,6 %, contribuant à une hausse de 0,1 point du taux de mortalité infantile.

Le taux de mortalité infantile reste, en France, l’un des plus faibles au monde, mais son évolution récente appelle à la vigilance. La combinaison de facteurs médicaux, sociaux et démographiques – vieillissement des mères, inégalités territoriales et sociales, hausse des naissances multiples – révèle une réalité plus contrastée qu’il n’y paraît. Si la tendance demeure modeste en intensité, elle signale peut-être une forme d’essoufflement dans l’efficience de notre système de prévention et d’accompagnement périnatal.

Aux origines de l’abattement de 10 % des retraités

Dans un entretien au « Parisien » publié le 19 avril dernier, la ministre chargée des comptes publics, Amélie de Montchalin a déclaré : « On ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement ». Déjà évoquée au moment de la discussion du projet de loi de finances pour 2025, la suppression de l’abattement de 10 % sur les pensions des retraités lors du calcul de l’impôt sur le revenu est à nouveau dans le collimateur. Quelle est l’origine de cet abattement ? Est-il justifié d’y mettre un terme ?

La disposition en vigueur pour les salariés

En France, les salariés qui n’optent pas pour les frais réels bénéficient pour l’impôt sur le revenu d’une déduction forfaitaire de 10 %. Elle a été instaurée pour simplifier la prise en compte des frais professionnels des salariés, tels que les frais de transport. Son montant minimum pour l’impôt sur le revenu 2024 est de 504 euros par salarié, sauf si la rémunération déclarée est inférieure à ce montant. Dans ce cas, la déduction est égale au montant du salaire brut. Le montant maximal de l’abattement est de 14 426 € par salarié. Ce dispositif est en vigueur depuis le 30 avril 1950.

L’extension aux retraités

L’article 3 de la loi de finances pour 1978 (loi n° 77-1467 du 30 décembre 1977) a prévu un abattement de 10 % pour les contribuables titulaires de pensions ou de retraite. Cet abattement s’est appliqué à compter de l’imposition des revenus de 1977. Il ne pouvait à l’époque pas excéder 5 000 francs. Ce plafond est revalorisé chaque année dans la même proportion que la limite de la première tranche du barème de l’impôt sur le revenu.

Pour les revenus 2024, le montant minimum est de 442 euros par retraité. Si le montant annuel de la pension est inférieur à 442 euros, l’abattement est égal au montant de la pension. Le montant maximal est de 4 321 euros pour l’ensemble du foyer fiscal, que le foyer soit composé d’une ou plusieurs personnes percevant une pension.

Si un couple de retraités perçoit un total de 50 000 euros de pensions en 2024, l’abattement de 10 % serait de 5 000 euros. Cependant, en raison du plafond, l’abattement appliqué sera limité à 4 321 euros, réduisant ainsi le revenu imposable à 45 679 euros.

Contrairement à une idée reçue, cet abattement n’était pas destiné à couvrir des frais professionnels, les retraités n’étant plus en activité. Il visait plutôt à alléger la charge fiscale des titulaires de pensions, retraites ou rentes, notamment ceux disposant de revenus modestes ou moyens. L’objectif était de compenser le fait que les revenus des retraités étaient déclarés par des tiers (caisses de retraite) ce qui n’était pas le cas à l’époque pour les salariés. L’abattement de 10 % était alors envisagé comme une forme de bonus au profit de ceux étant dans l’impossibilité de frauder le fisc. Cet argument est devenu caduc avec l’instauration de la retenue à la source.

L‘instauration de l’abattement de 10 % en faveur des retraités en 1977 est également la conséquence de la généralisation de l’AGIRC/ARRCO qui se traduisait par un nombre plus élevé de retraités imposables à l’impôt sur le revenu. Par ailleurs, l’abattement permettait de limiter les effets de l’inflation, à l’époque élevée, sur les retraités.

Pour ou contre la suppression de l’abattement de 10 %

L’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite représente une dépense fiscale de 4,8 milliards d’euros. Cette niche fiscale se classe après celle du crédit d’impôt recherche (7,8 milliards euros) et du crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile (6,7 milliards euros).

Les retraités bénéficient de dispositifs spécifiques sur le plan fiscal avec l’abattement de 10 % et les exonérations totales ou partielles de CSG. Dans le même temps, le niveau de vie est légèrement supérieur à celui des actifs, mais cette situation est amenée à changer dans les prochaines années. L’abattement de 10 % était historiquement justifié par le fait que les revenus des retraités étaient faibles.

Le montant des pensions reste modeste, en moyenne 1 626 euros en 2022 (rapport sur les retraités de 2024 de la DREES). Compte tenu des réformes adoptées depuis 1993, le niveau de vie relatif des retraités est amené à baisser. Supprimer l’abattement reviendrait à accroître les prélèvements fiscaux et à baisser le pouvoir d’achat de nombreux retraités, notamment ceux de la classe moyenne imposable à l’impôt sur le revenu. 40 % des retraités seraient concernés par cette mesure.

La pension est souvent considérée comme un salaire différé, c’est-à-dire une récompense pour des décennies de travail et de cotisations. L’alourdissement de la fiscalité pourrait être perçu comme une mesure ayant un effet rétroactif remettant en cause la solidarité intergénérationnelle.

Les retraités forment une part importante de l’électorat (plus d’un tiers des votants). Une mesure visant à supprimer l’abattement pourrait avoir des incidences électorales non négligeables.

Les villes face au défi du vieillissement

L’OCDE a publié au mois d’avril 2025, un rapport « Cities for All Ages » qui analyse les conséquences du vieillissement démographique au sein des grandes agglomérations. Celles-ci seront amenées à s’adapter afin de permettre la cohabitation des générations.

Les villes rattrapées par le vieillissement démographique

Jusque dans les années 2000, les personnes âgées étaient peu présentes au sein des grandes agglomérations. Celles-ci ont bénéficié d’une forte croissance démographique depuis 50 ans, intégrant essentiellement des étudiants et des jeunes actifs. Les retraités avaient au contraire tendance à les quitter au moment de la liquidation de leurs droits. Avec la montée en âge des générations du baby-boom, l’âge moyen de la population dans les grandes agglomérations augmente. Si des départs notamment vers les littoraux sont constatés au moment du départ à la retraite, des retours s’organisent vers 70 ans. Les retraités reviennent en ville afin de bénéficier de services de santé et à la personne plus adaptés à leurs besoins. Entre 2000 et 2022, le ratio de dépendance des personnes âgées (nombre d’individus de 65 ans et plus pour 100 actifs) a augmenté dans toutes les agglomérations au sein de l’OCDE. D’ici 2040, dans les zones urbaines, la part des personnes âgées passera de 20,9 % à 27,9 % en moyenne.

Dans le même temps, les grandes villes continuent d’attirer les jeunes qu’ils soient étudiants ou jeunes actifs. En revanche, les ménages entre 35 et 55 ans ont tendance à quitter les grandes agglomérations en raison du coût du foncier ou pour bénéficier d’une meilleure qualité de vie. Les métropoles concentrent à la fois le renouvellement générationnel et l’avancée en âge, soit les deux extrémités du cycle de vie. Les petites villes vieillissent par défaut, sans bénéficier de l’apport des nouvelles générations.

Le caractère schizophrène des villes

Les villes doivent mettre à disposition des services de santé à destination d’un public âgé, tout en prévoyant des infrastructures et des loisirs pour les jeunes générations. La question de l’accès au logement est le problème numéro 1 pour les jeunes. Ils sont de plus en plus nombreux à vivre chez leurs parents – un sur deux entre 20 et 29 ans dans les pays de l’OCDE – faute d’un logement abordable. Les jeunes comme les seniors sont confrontés au problème de l’isolement social même si celui-ci prend des formes différentes.

L’inclusion comme levier de transformation

L’OCDE estime que les villes doivent en priorité suivre trois grands axes d’action sont identifiés : l’urbanisme, le logement, et l’économie locale.

L’urbanisme doit prévoir la cohabitation des âges et des modes de transport. Le rapport met en exergue des initiatives comme le « Slow Streets » à San Francisco ou la « ville du quart d’heure » à Paris. L’idée est d’offrir à chacun, quel que soit son âge, un accès rapide aux services essentiels, aux espaces verts et aux lieux de sociabilité.

Le logement doit, par ailleurs, être repensé comme un vecteur d’émancipation intergénérationnelle. Co-living pour jeunes actifs à Bologne, habitats intergénérationnels à Baltimore, rénovation des logements pour personnes âgées via « MaPrimeAdapt » en France sont les exemples cités dans le rapport. L’enjeu est double : permettre aux jeunes de quitter le domicile parental sans précarité, et aux seniors de rester autonomes plus longtemps.

Les villes doivent rester des centres économiques avec une cohabitation de secteurs de pointe et d’activités plus traditionnelles. Le rapport souligne le potentiel économique d’une ville inclusive. La « silver economy » ne se résume pas à la dépendance. Elle inclut le tourisme, la culture, le commerce, le numérique. Une ville qui permet aux plus de 60 ans de rester actifs – par l’emploi, le bénévolat, la consommation – est une ville plus riche, plus vivante. À Manchester, des programmes de requalification professionnelle ciblent les seniors quand à Barcelone, des solutions numériques de santé sont coconstruites avec eux.

Une logique d’addition et non d’exclusion

Les jeunes contre les vieux ou l’inverse est évidemment une mauvaise politique. La gouvernance des agglomérations doit s’attacher à concilier les intérêts qui ne sont pas nécessairement contradictoires. Les jeunes ont besoin de services de santé, d’aides psychologiques, de services de proximité. Les seniors ont de leur côté besoin de services à la personne nécessitant des centres sportifs ou des lieux de loisirs. Penser la ville pour tous les âges, c’est refuser la marginalisation implicite qu’induit un urbanisme focalisé sur la productivité.

Petits conseils aux épargnants en période de volatilité

Depuis l’épidémie de covid, le taux d’épargne reste en France élevé. Les chocs successifs que la société a subis ont conduit les ménages à privilégier l’épargne financière à la consommation et à l’investissement immobilier. Jusqu’à la tempête douanière lancée par Donald Trump le 2 avril dernier, les marchés « actions » avaient fait preuve de résilience. Certes, lors des confinements décidés au printemps 2020, les cours des actions avaient connu une forte baisse, mais le rebond avait été rapide. La hausse des taux d’intérêt décidée par les banques centrales pour lutter contre la vague inflationniste provoquée par l’épidémie de covid et la guerre en Ukraine a également pesé sur les cours, mais sans réellement porter préjudice aux actionnaires. Les annonces de relèvement des droits de douane par le président américain, en remettant en cause 80 ans de libre-échange sont d’une tout autre nature. Si elles étaient suivies d’effets, elles pourraient se traduire par un réel ralentissement de la croissance économique mondiale.

Un taux d’épargne élevé, la rançon de la peur !

Le taux d’épargne des ménages demeure depuis cinq ans à des niveaux élevés. En 2024, le taux d’épargne en France était de plus de 18 % du revenu disponible brut, soit trois points de plus qu’avant la crise sanitaire. Les Français limitent leurs dépenses de consommation surtout en biens et ont fortement réduit leurs achats immobiliers. Le nombre de transactions a baissé entre 2022 et 2024 de 20 %.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Les épargnants face aux incertitudes

Depuis le début de l’année 2025, le CAC 40 a perdu plus de 8 % le DAX plus de 10 %, et le S&P 500 a perdu plus de 7 %, sous l’effet combiné des tensions géopolitiques persistantes et des incertitudes économiques en lien avec les annonces de Donald Trump en matière de droits de douane. Les déclarations du président américain le 2 avril dernier ont constitué un choc. L’ampleur du relèvement des tarifs douaniers et la crainte d’une spirale protectionniste ont abouti à un recul marqué des indices actions, les investisseurs privilégiant les valeurs refuges que sont l’or et les obligations souveraines.

Avec des marchés financiers qui ressemblent de plus en plus à des montagnes russes et dans un contexte anxiogène, les épargnants sont confrontés à une équation délicate : comment protéger leur capital ? Comment dégager un rendement réel positif, tout en conservant une certaine agilité pour tirer parti de futurs rebond ? Ces dernières années, les épargnants ont appris des différentes crises. Lors des krachs de 1987 ou de 2001 en encore lors de la crise financière, ils avaient eu tendance à se saborder en vendant au plus bas des titres qu’ils avaient chèrement acquis. Dégoûtés, ils ont mis du temps à revenir sur les marchés. Le nombre de Plan d’Épargne en Actions ouverts demeure en 2024 inférieur à son celui de 2007.

Sept conseils aux épargnants

1. ne pas céder à la panique tout en étant lucide

La première tentation, face à la baisse des marchés, est de liquider ses positions en actions pour « protéger ce qu’il reste ». Or, comme le montrent de nombreuses études empiriques, vendre après une forte baisse revient souvent à cristalliser ses pertes et à rater le rebond qui, historiquement, se produit dans les mois qui suivent les plus fortes secousses. Selon une étude de JP Morgan Asset Management (2023), un investisseur qui serait resté investi dans le S&P 500 entre 2003 et 2022 aurait obtenu un rendement annuel moyen de 9,8 %. S’il avait manqué les 10 meilleurs jours de hausse sur cette période, ce rendement tombait à 5,6 %, et à 2,3 % en manquant les 20 meilleurs jours. Or ces jours de rebond suivent très souvent… les plus grosses chutes. Cela ne signifie pas rien faire. Il faut savoir solder de temps en temps ses pertes en sacrifiant des titres ne disposant de réels potentiels de rebonds. Un épargnant peut avoir avantage à vendre en pleine crise pour réaffecter une partie des sommes ainsi récupérées pour acquérir des titres eux-mêmes en baisse, mais dont les capacités de rebond sont élevées.

2. Les obligations, un retour en grâce

La hausse des taux d’intérêt depuis 2022 a profondément rebattu les cartes de l’investissement. Là où les obligations offraient des rendements réels négatifs en période de taux bas, elles redeviennent attractives. Les obligations souveraines françaises à 10 ans offrent un rendement supérieur à 3,2  % en avril 2025, contre 0,1 % en 2021. Les obligations d’entreprises se négocient autour de 4 % de rendement. La baisse de l’inflation permet de dégager un rendement réel élevé. Le taux d’inflation en février comme en mars en France n’a été que de 0,8 %. Avec des obligations bien notées, le risque de capital à terme est faible. Si dans les prochains mois, le taux des obligations baisse, des plus-values avant terme sont même envisageables.

3. L’assurance vie en euros : un retour d’attractivité

Les fonds en euros, longtemps délaissés à cause de leurs rendements faibles profitent eux aussi de la hausse des taux. En 2024, leur rendement moyen a atteint 2,6 % ; pour certains contrats il peut atteindre entre 3 et 3,5 %. Ces fonds conservent deux atouts majeurs : une garantie du capital à tout moment et une fiscalité avantageuse après huit ans (abattement annuel de 4 600 € ou 9 200 € pour un couple sur les gains).

Le regain d’intérêt pour les fonds euros ne signifie pas l’abandon des unités de compte. Celles-ci permettent à l’assuré d’accéder à un grand nombre de supports dont certains peuvent s’avérer résilients dans le contexte tourmenté actuel. Les unités de compte investies dans le private equity, dans les obligations, dans les matières premières peuvent se révéler performante. Par ailleurs, les assurés peuvent également investir à bon compte sur des unités de compte maltraitées qui pourraient rebondir avec la levée des incertitudes (secteur bancaire, luxe, transports, agro-alimentaire ; etc.).

4. Le Livret A et les livrets réglementés : utiles, mais limités

Le taux des livrets est orienté à la baisse depuis 2024. Celui du Livret A est ainsi passé de 3 à 2,4 % le 1er février 2025. Compte tenu de l’évolution de l’inflation et des taux directeurs de la Banque centrale européenne, son taux devrait à nouveau baisser le 1er août prochain. Il pourrait se situer autour de 1,7 %. La baisse des rendements concerne également les dépôts à terme qui ont connu un vif succès en 2023 et 2024. Aujourd’hui, ces placements ne peuvent être utilisés que pour constituer une épargne de précaution ou pour y loger des fonds en attente d’emploi (projets immobiliers, achats d’une voiture, etc.).

5. Immobilier : un retour en prudence, mais pas de retrait massif

Le marché immobilier est dans un entre-deux. Après avoir connu une légère correction à la baisse de 2023 à 2024, d’environ 5 à 7 % selon les grandes agglomérations, les derniers chiffres de l’INSEE témoignent d’une stabilisation sur fond de légère reprise du crédit en lien avec les baisses des taux d’intérêt.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

L’ajustement prix a été plus faible que prévu en raison de la faiblesse de l’offre. Par ailleurs, les propriétaires ont préféré différer leur vente plutôt que baisser leur prix. Au sein des grandes agglomérations, une pénurie de petites surfaces est constatée, accentuée par la disparition des offres en location traditionnelle. Faute de pouvoir louer, certains ménages se tournent vers l’achat sans pour autant trouver le logement dont ils besoin. La forte diminution de la construction de logements neufs ne concourt à détendre le marché.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Dans ce contexte, l’investissement immobilier dans des agglomérations de taille moyenne redevient attractif, d’autant plus que les banques sont moins exigeantes en ce qui concerne les apports, les 30 % pouvant devenir 20 % voire 10 %. Des villes comme Caen, Saint-Étienne, Rouen, le Havre ou Reims peuvent donner lieu à des investissements immobiliers performants.

Avant la hausse des taux d’intérêt, le marché de l’immobilier avait pris quelques traits spéculatifs. Les prix dans les grandes agglomérations et dans les régions touristiques ont connu une forte expansion. Des ménages ont ainsi acquis des résidences secondaires en ayant comme objectif la location saisonnière et à terme la réalisation d’une plus-value. Le durcissement de la législation sur les locations saisonnières et l’augmentation des impôts locaux (taxe foncière, taxe d’habitation sur les résidences secondaires) peuvent peser non seulement sur la rentabilité des projets, mais aussi sur les prix de revente. Le marché s’est ainsi grippé en Corse ou sur la Côte d’Azur avec la raréfaction de la clientèle des grandes agglomérations et celle en provenance de l’étranger.

Les SCPI ont été fortement chahutées depuis 2023 avec des pertes de valeur non négligeables. Cette correction était salutaire car leur appréciation, provoquée par une forte demande, était devenue irrationnelle Les SCPI s’avèrent des placements intéressants à la condition de les choisir avec attention. Les SCPI diversifiées (activité et pays) avec un bon taux d’occupation (> 90 %) peuvent intégrer un portefeuille sous réserve de les conserver plusieurs années (plus de 5 ans). Les SCPI peuvent offrir des rendements de 4 à 5 %.

6. Or et cryptos, attention aux mirages

L’or a connu une progression sans précédent depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Au mois d’avril 2025, il a dépassé 2500 dollars l’once.

Compte tenu de la progression de ces derniers mois et la persistance des tensions géopolitiques, la tentation est grande chez certains d’acquérir de l’or. Certes, le cours peut encore progresser, mais le risque d’une correction à la baisse augmente de jour en jour. L’arrêt du conflit en Ukraine, la signature d’accords commerciaux avec les États-Unis pourraient se traduire par un recul du prix de l’once d’or. L’époque serait plutôt à la vente afin d’engranger des plus-values. En règle générale, les détenteurs d’or répugnent à vendre et préfèrent accumuler. Ils ne doivent pas ignorer que le métal précieux a mis vingt ans pour battre le record qu’il avait enregistré en 1980 lors du second choc pétrolier.

À défaut d’or, d’autres seraient tentés par les cryptoactifs. Cette catégorie de placements reste volatile avec de soudaines variations à la hausse comme à la baisse. Après avoir dépassé 100 000 dollars, le bitcoin a connu un repli de plus de 20 %. Ce dernier est corrélé au Nasdaq, l’indice américain des valeurs technologiques. Ceux qui veulent se diversifier dans les cryptoactifs doivent être résolument opportunistes en achetant en période de recul prononcé et en vendant en se fixant par avance des objectifs de plus-values, 20, 25 % ou 30 % par exemple.

7. Le Plan Épargne Retraite (PER) : un outil stratégique

Le PER offre de nombreux atouts pour faire face aux incertitudes du moment. Ce produit permet de réduire sa facture fiscale pour les épargnants soumis à un taux marginal d’imposition élevé (par exemple 41 % ou 45 %), grâce à la déduction des versements. Sa gestion pilotée par défaut offre une sécurisation progressive de l’actif en fonction de l’âge. Avec le PER, les assurés accèdent à un grand nombre de supports y compris ISR, obligataires, SCPI, private équity, fonds thématiques, etc.

Le PER permet à tout un chacun de se constituer un complément de revenus ou de capital pour la retraite.

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Dans un monde d’incertitudes, les épargnants ne doivent ni céder à la panique, ni opter pour la politique de l’autruche. Ils se doivent d’être mobiles en saisissant les opportunités, en revenant sur des produits délaissés ces dernières années. Les marchés actions ont de forts risques de rester volatils durant toute l’année au gré des annonces du Président américain. Une stabilisation pourrait intervenir en fin d’année. Avec la perspective des mid-terms en novembre 2026, la vie politique américaine pourrait alors prendre un cours un peu moins chahuté. La reprise économique attendue en Europe avec notamment la mise en œuvre du plan d’infrastructures allemand pourrait favoriser le cours des actions des entreprises du Vieux continent. Diversification et patience restent les deux clés de voûte des épargnants en 2025.

L’épargne de la peur

Au mois de mars, la consommation des ménages en biens est retombée à son niveau de 2014, enregistrant une baisse de 1 %. Les ménages continuent de privilégier l’épargne. Les incertitudes, tant nationales qu’internationales, incitent les Français à la prudence. La désinflation n’a pas permis, pour le moment, d’apaiser leurs craintes.

En 2024, le taux d’épargne s’est élevé à 18,2 % du revenu disponible brut (INSEE), dépassant de plus de trois points le niveau d’avant la crise sanitaire (14,6 % en 2019), signe d’une prudence persistante. Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer ce comportement ?

Une série de crises internationales

La succession de chocs depuis 2020 a conduit à une augmentation de l’épargne, un phénomène particulièrement marqué en France et en Allemagne. L’épidémie de Covid-19 a porté le taux d’épargne en France à plus de 27 % au cours du deuxième trimestre 2020. Si, avec la fin des confinements, ce taux a logiquement diminué, il n’est jamais revenu à son niveau d’origine. La guerre en Ukraine, la vague inflationniste, le conflit au Moyen-Orient et le retour de Donald Trump sur la scène politique sont autant d’événements qui incitent les ménages à épargner davantage. Les craintes d’un ralentissement économique marqué, en lien avec la politique commerciale américaine, devraient les pousser à adopter une nouvelle fois une posture de prudence.

Si les mesures protectionnistes initialement annoncées par Donald Trump étaient mises en œuvre, le PIB de la France pourrait stagner, voire reculer au second semestre 2025. Le taux d’épargne pourrait alors rester proche de 18 % du revenu disponible brut.

La France en pleine crise politique

Depuis une quarantaine d’années, la vie politique avait peu d’incidence sur le comportement économique des ménages. L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier, suivie de résultats inédits aux élections législatives, a plongé la France dans une crise politique sans précédent depuis 1958. Face à cette situation nouvelle, les ménages ont réduit leurs dépenses, entraînant une légère hausse du taux d’épargne après le mois de juin.

La peur de la hausse des impôts : l’effet Ricardo-Barro

Les annonces récurrentes sur la nécessité d’assainir les finances publiques suscitent de l’inquiétude. Traditionnellement, les ménages anticipent qu’une hausse des impôts est inévitable. Ce phénomène, connu sous le nom d’effet Ricardo-Barro — du nom des économistes qui l’ont théorisé — repose sur l’idée que les déficits publics d’aujourd’hui se traduiront par des impôts futurs. Par conséquent, au lieu de consommer les gains issus d’une baisse d’impôt ou d’un soutien budgétaire, les ménages préfèrent épargner pour se prémunir contre cette hausse future.

Cet effet est renforcé par un niveau élevé d’inquiétude face à l’état des finances publiques. Selon une enquête de BPCE réalisée en 2025, 70 % des Français se disent préoccupés par la progression de la dette publique, et 83 % craignent une augmentation des prélèvements obligatoires.

La crainte récurrente du pouvoir d’achat à la retraite

Près de trois quarts des Français se déclarent inquiets, selon les études du CECOP et de l’IFOP pour le Cercle de l’Épargne, quant à l’évolution de leur niveau de vie à la retraite. Plus d’un Français sur deux affirme épargner en vue de cette période. La retraite, au même titre que la précaution, constitue l’une des principales motivations de l’épargne. Les débats sur la réforme du système par répartition et son financement renforcent cette anxiété et incitent les Français à privilégier les produits de capitalisation.

Le vieillissement démographique : un facteur paradoxal d’épargne

Les économistes ont longtemps estimé que le vieillissement démographique devait entraîner une baisse du taux d’épargne. Les retraités sont en effet supposés puiser dans leur épargne pour compenser des pensions inférieures à leurs revenus d’activité. Or, c’est l’inverse qui est observé, en Europe comme au Japon. En France, le taux d’épargne des ménages de plus de 60 ans atteint près de 25 %, contre 18 % en moyenne. Les retraités épargnent davantage car leurs dépenses sont moindres et leurs charges souvent allégées (notamment l’absence d’enfants à charge). En 2022, leur niveau de vie était même légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population (+2 %). Toutefois, les réformes engagées depuis une trentaine d’années devraient conduire à une érosion progressive de ce niveau de vie, ce qui pourrait, à terme, infléchir leur comportement d’épargne.

Les tensions liées aux annonces de relèvement des droits de douane par Donald Trump devraient favoriser le maintien d’un important volant d’épargne de précaution. Les craintes d’un retour du chômage auront un effet similaire. Le financement des retraites, et plus largement celui des administrations publiques, ne sera pas résolu à court terme. Dans ce contexte, l’« épargne de la peur » semble destinée à perdurer, avec une évolution notable : les placements de long terme redeviennent plus attractifs que les placements de court terme, en raison de la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne.

« Au-delà du salaire de la peur », par Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Épargne

Nous connaissons tous Le Salaire de la peur, chef-d’œuvre d’Henri-Georges Clouzot, où le danger imminent dicte chaque décision. En France, depuis 2020, un autre scénario s’est imposé : celui de l’épargne de la peur. Sous l’effet d’une succession de chocs — crise sanitaire, guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, poussée inflationniste, tensions politiques, retour de Donald Trump, urgence climatique, vieillissement démographique — les ménages ont, presque mécaniquement, accru leur épargne de précaution. Contrairement à leurs homologues américains, prompts à renouer avec la consommation dès le retour à la normale, les Français n’ont pas desserré les cordons de leur cagnotte.

L’épargne obéit à deux dynamiques fondamentalement opposées : la peur du présent et la foi en l’avenir. Les incertitudes du temps incitent à la prudence, mais l’acte même d’épargner n’a de sens que s’il est adossé à une confiance — même ténue — dans le futur. Ainsi, selon que l’une ou l’autre de ces forces domine, l’épargnant orientera ses choix vers des actifs de court ou de long terme, plus ou moins risqués. Lorsque l’horizon s’éclaircit, les investissements productifs reprennent le dessus ; à l’inverse, lorsque le brouillard s’épaissit, les capitaux se replient vers des havres familiers : livrets, immobilier, or… des valeurs-refuges inchangées depuis plus d’un siècle.

À cette trilogie historique s’est ajoutée, depuis les années 1990, une spécificité française : les fonds en euros de l’assurance vie. Offrant une rare combinaison de sécurité et de rendement, ils incarnent cette prudence rationnelle qui refuse de choisir entre immobilisme et productivité.

En 2024, les dépôts à vue des ménages s’élèvent à 550 milliards d’euros, soit 70 milliards de plus qu’en 2019. L’encours des livrets réglementés a bondi de 231 milliards en cinq ans, passant de 442 à 673 milliards. L’assurance vie, quant à elle, a su préserver sa dynamique. Son encours total atteint 2 000 milliards d’euros, contre 1 500 milliards dix ans plus tôt, et voit les unités de compte — placements exposés aux marchés — représenter désormais 40 % des flux de souscription et 28 % de l’encours global.

Cette résilience n’est pas anodine. Elle témoigne d’un apprentissage collectif. Les Français, échaudés mais lucides, n’ont pas cédé à la panique lors des épisodes de volatilité, notamment en 2020 ou plus récemment en 2025. Ils ont su résister à l’instinct de vente à perte, certains allant jusqu’à profiter des replis du marché pour renforcer leurs positions. C’est la marque d’un épargnant devenu acteur de ses décisions, et non simple spectateur des cycles.

Il serait tentant de voir dans cette accumulation une forme de repli sur soi. Il n’en est rien. L’épargne n’est pas un réflexe d’évitement ; elle peut être un levier de transformation. Placée, investie, orientée, elle devient une force au service du développement économique et de la transition sociale. Encore faut-il sortir de la logique défensive pour entrer dans une dynamique de projet.

L’enjeu est désormais clair : substituer à l’épargne de la peur une épargne de projet. Redonner foi dans le long terme, renforcer la lisibilité de l’action publique, offrir des perspectives crédibles sur les retraites et la transition écologique — telles sont les conditions nécessaires pour canaliser cette ressource vers les entreprises, en particulier les PME, les territoires, l’innovation.

Dans une époque traversée par le doute, l’épargne peut redevenir un acte de confiance. Il appartient aux décideurs, autant qu’aux institutions financières, de réenchanter l’avenir pour que les Français n’épargnent plus malgré l’histoire, mais pour l’histoire.

Jean-Pierre Thomas

Président du Cercle de l’Épargne

Mieux que le Livret A? Que vaut le plan d’épargne avenir climat tout juste lancé dans deux banques?

Sur RMC, Philippe Crevel revient sur les avantages et les inconvénients du PEAC.

Le taux du Livret A devrait encore baisser, 1,7% dès le 1er août : faut-il encore investir dessus ?

Philippe Crevel était invité à commenté, dans la matinale d’Europe 1, les résultats de l’inflation en avril et ses répercussions sur la rémunération des produits de taux. Il évoque ainsi la baisse attendu du Livret A au 1er août au regard de la formule adopté par Bercy et incite les épargnants à réorienter une partie de leur épargne vers des placements plus rémunérateurs à l’instar de l’assurance vie et le PEA.

L’assurance-vie vole de record en record

Dans les Echos, Philippe Crevel analyse la collecte record de l’assurance vie en avril. Il explique, notamment, le succès du premier placement financier par « le redémarrage encore lent du marché immobilier ne conduit pas les ménages à effectuer des retraits sur leurs contrats d’assurance vie pour financer l’achat d’un logement « .

L’assurance vie : un premier trimestre canon

Assurance vie | Résultats mars 2025


Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

L’assurance vie réussit la passe de trois au premier trimestre 2025
 
L’assurance vie a réalisé la passe de trois au cours du premier trimestre 2025, avec des collectes nettes supérieures à 4 milliards d’euros chaque mois. Les ménages plébiscitent ce placement qui, grâce à l’amélioration du rendement des fonds en euros, a retrouvé des couleurs. Ils réallouent une partie de l’épargne accumulée ces dernières années sur des produits de court terme, devenus moins rémunérateurs avec la baisse des taux.
 
Un mois de mars de haute tenue
 
La collecte nette a atteint 4,0 milliards d’euros en mars, après 5,8 milliards en février et 4,5 milliards en janvier. À titre de comparaison, elle s’élevait à 3,2 milliards d’euros en mars 2024. Il faut remonter à mars 2010 pour retrouver un niveau plus élevé sur ce mois, avec une collecte nette de 6,284 milliards d’euros — un record sur quinze ans.
 
Depuis 1997, seules trois décollectes nettes ont été enregistrées en mars : en 2020 (-1,842 milliard d’euros, en lien avec la crise du Covid), en 2017 (-9 millions d’euros) et en 2012 (−1,378 milliard d’euros, en lien avec la crise des dettes souveraines). Sur les dix dernières années, la collecte moyenne du mois de mars s’établit à environ 1 milliard d’euros. Celle de 2025 est donc quatre fois supérieure à cette moyenne décennale.
 
La collecte nette a été positive à hauteur de +3,4 milliards d’euros pour les supports en unités de compte (UC), et de +0,6 milliard pour les supports en euros. Ces derniers enregistrent ainsi deux collectes nettes consécutives, traduisant un retour en territoire positif.
 
Des cotisations dynamiques
 
Depuis plusieurs mois, l’assurance vie bénéficie de cotisations soutenues. Les ménages réaffectent une partie de leur épargne de court terme vers ce placement. En 2023 et 2024, ils avaient privilégié les dépôts à vue et les livrets réglementés, qui offraient des rendements attractifs. L’encours des dépôts à vue est passé de 406 milliards à plus de 500 milliards d’euros entre 2019 et 2023.
 
Avec la décrue des taux directeurs, ces placements deviennent, mois après mois, moins intéressants. La baisse du rendement du Livret A incite désormais les ménages à privilégier les placements de long terme, au premier rang desquels figure l’assurance vie.
 
En mars, le montant des cotisations brutes a atteint 15,5 milliards d’euros, un niveau record. En mars 2024, il avait déjà atteint un sommet comparable à 15,504 milliards d’euros.
 
Des prestations plutôt stables
 
Les prestations versées en mars 2025 se sont élevées à 11,5 milliards d’euros, contre 12,321 milliards en mars 2024. Elles demeurent relativement stables d’un mois sur l’autre. Le redémarrage encore lent du marché immobilier ne conduit pas les ménages à effectuer des retraits sur leurs contrats d’assurance vie pour financer l’achat d’un logement.
 
Un premier trimestre prometteur
 
Le contexte du premier trimestre 2025 a été porteur pour l’assurance vie. Avec un Livret A en perte d’attractivité, l’assurance vie s’impose comme le placement gagnant du premier trimestre. Sur les trois premiers mois, la collecte nette atteint 14,4 milliards d’euros, soit +5,6 milliards d’euros par rapport à la même période en 2024. Elle s’élève à +13,3 milliards pour les supports en UC, et à +1,1 milliard pour les supports en euros.
 
Depuis le début de l’année, les cotisations brutes s’élèvent à 49,8 milliards d’euros, en hausse de +1,9 milliard par rapport à la même période en 2024. Les prestations, quant à elles, atteignent 35,4 milliards d’euros, en baisse de -9 %, soit -3,7 milliards d’euros.
 
Un encours au-dessus des 2 000 milliards d’euros
 
L’encours de l’assurance vie s’établit à 2 025 milliards d’euros à fin mars 2025, en hausse de  +3,7 % sur un an.
 
L’assurance vie face à l’effet Trump
 
L’année 2025 a débuté sur les chapeaux de roue pour l’assurance vie, portée par le recul des rendements de l’épargne de court terme et la bonne tenue des marchés financiers. Mais les annonces du 2 mars dernier par Donald Trump concernant un relèvement des droits de douane rebattent en partie les cartes. Les marchés actions enregistrent de fortes variations au gré des déclarations du président américain, avec une tendance baissière. En revanche, les taux d’intérêt à long terme restent élevés, notamment en raison des besoins de financement croissants des États européens, en particulier dans le domaine de la défense.
 
Le climat économique et géopolitique anxiogène pourrait conduire certains ménages à se tourner à nouveau vers des placements de court terme, comme le Livret A. Toutefois, le taux de ce dernier devrait être abaissé à environ 1,7 % au 1er août prochain, ce qui pourrait limiter cet attrait.

Cercle de l’Épargne – données France assureurs
Cercle de l’Épargne – données France assureurs

Placements : pourquoi les Français épargnent-ils toujours autant ?

Le Cercle de l’Epargne est cité dans cet article consacré à la préférence des Français pour l’épargne (au détriment de la consommation).

Le livret A signe son pire mois de mars depuis 9 ans

Le Figaro revient sur la collecte du Livret A en avril et cite dans son article Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne.

Baisse des taux de la BCE : une bonne nouvelle pour les emprunts immobiliers, moins pour l’épargne, selon un économiste

Sur France Info, Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne, est invité à s’exprimer sur les conséquences de la baisse des taux directeurs décidée par la BCE à la fois pour les épargnants et les emprunteurs.

Placements : où mettre son cash à l’abri quand la Bourse vacille ?

Dans les Echos, Philippe Crevel rappelle qu’en France, les produits de taux prédominent. Fonds euros d’assurance vie, épargne réglementée,.. seule une part limitée de l’épargne est sensible aux fluctuation des marchés financiers.

Assurance vie: « Le placement à moyen-long terme qui offre le meilleur rendement à l’heure actuelle »

Samedi 5 avril, Philippe Crevel était interrogé par Anaïs Castagna sur RMC sur les raisons du succès de l’assurance vie.

« Ce n’est pas une bonne idée » : un expert avertit 7 millions de Français sur leur livret d’épargne

L’Internaute livre les conseils de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne dans un article destiné aux épargnants ayant investi sur le marché actions. Rappelant que « tant qu’on n’a pas vendu, on n’a pas perdu », il appelle les épargnants à ne pas se précipiter. Il précise, par ailleurs, pour relativiser la chute actuelle des cours que « des corrections boursières, des krachs ont eu lieu dans le passé et ont été suivis de rebonds.

Assurance vie : que faire de ses actions en plein krach boursier ?

Cité dans le média Capital, le Directeur du Cercle de l’Epargne se veut rassurant. Philippe Crevel rappelle ainsi que «l’exposition aux risques de marché est assez faible en France».

L’intelligence artificielle au service de l’assurance – 3 questions… à Pascal Martinez, membre du Comité de Direction Groupe en charge des systèmes d’information et du digital chez AG2R LA MONDIALE

Interview de Pascal Martinez, Membre du Comité de Direction Groupe en charge des systèmes d’information et du digital chez AG2R LA MONDIALE

Crédit photo : CAPA Pictures  

Nous avons mis en place notre plateforme, ALMIA (AG2R LA MONDIALE Intelligence artificielle) avec 4 grands domaines d’utilisation pour les collaborateurs, au service de la satisfaction de nos clients :

  1. Le chatbot Bot by ALMIA, que nous avons progressivement ouvert à l’ensemble des collaborateurs du groupe dans une approche « IA pour tous »

C’est l’usage sans doute le plus connu des systèmes d’Intelligence Artificielle générative, le Bot Almia permet de poser des questions à un modèle linguistique appelé LLM (pour Large Language Model) pré-entrainé, capable de reconnaître et de  générer des réponses sous des formats divers : texte, image, traduction, tableaux, données (mais surtout du texte).

Notre bot autorise le processus de génération augmentée de récupération (appelé RAG en anglais). Cela permet d’optimiser le résultat fourni par le LLM en travaillant à partir d’un document ou de données propres à AG2R LA MONDIALE en appui, pour contextualiser les questions posées au Bot.

Son usage est très similaire à celui d’un chatGPT ou d’un Gemini, mais ALMIA Bot possède quelques caractéristiques indispensables dans le cadre d’un bon usage professionnel :

  • Il est entièrement sécurisé : les questions et les documents qui lui sont soumis sont sécurisés et ne peuvent pas « fuiter » dans l’espace numérique.
  • Il permet d’appeler plusieurs LLM de marché ; nous ne sommes donc pas liés à un partenaire plutôt qu’à un autre et nous sommes donc en capacité d’utiliser le meilleur moteur avec le meilleur rapport réponse/prix tout en suivant l’évolution très rapide du marché des LLM.
  • Il permet de créer et travailler avec des assistants afin  de spécialiser le moteur sur un sujet spécifique, un « vertical métier », par exemple, et le cas échéant de le partager et de le réutiliser avec des collègues.

ALMIA Bot n’est pas seulement notre vitrine, c’est également un outil qui permet aux collaborateurs de se familiariser avec l’IA et de détecter de nouveaux cas d’usage. Les assistants les plus utilisés peuvent devenir les cas d’usage à industrialiser demain.

Nous espérons créer un aspect viral avec ce Bot sécurisé avec la certitude que l’innovation en matière d’IA peut provenir de tous les collaborateurs.

Les exemples d’usage sont nombreux. Nous pouvons citer par exemple :

  • la synthèse de documents financiers ou juridiques
  • l’analyse des appels d’offres reçus pour déterminer s’ils correspondent à nos critères de souscriptions
  • des analyses de marché comparées à nos données internes
  • etc.
  • Les Apps ALMIA sont des applications entièrement conçues autour de l’IA générative et donc autour d’ALMIA.

Nous avons deux applications « powered by ALMIA » en production aujourd’hui :

  • L’application d’analyse des verbatims. Ellenous aide à analyser les opinions, suggestions, remarques et insatisfactions écrites par nos clients recueillies durant les enquêtes de satisfaction menées à froid et à chaud, en dégageant les points de satisfaction à renforcer et les points d’insatisfaction à traiter.

La quantité de verbatims ne permettait pas un traitement manuel : avec l’IA générative nous avons fait un formidable bond en avant dans la détection des irritants avec la possibilité, en complément, de les filtrer par segment de clientèle, par produit, etc.

  • La seconde application se nomme « Market Studio ». Elle est utilisée par les collaborateurs créant du contenu, par exemple, pour les espaces digitaux, les plaquettes commerciales et les campagnes marketing. L’application permet de créer du contenu personnalisé sous forme de texte et d’images, en utilisant les caractéristiques de nos produits pour adresser l’ensemble de nos clients, avec un focus sur les entreprises de nos 110 branches professionnelles.

D’autres applications sont en cours d’expérimentation et sont issues, comme c’est le cas pour Market Studio, de l’utilisation d’assistants créés par les collaborateurs dans ALMIA.

  • Un usage particulièrement prometteur est celui de Process by ALMIA, qui permet d’appeler ALMIA et donc l’IA Générative depuis nos applications métiers, au travers d’interface que l’on appelle API.

Il s’agit par exemple :

  • De proposer aux conseillers des comptes-rendus d’appels téléphoniques générés automatiquement dans nos outils de gestion de relation client étendue (ou eXtended Relationship Managenement) et de suggérer la « meilleure » action possible à mettre en œuvre  pour répondre à la demande du client.
  • De normaliser les comptes-rendus de visites commerciales lorsqu’ils sont envoyés par les équipes pour renseigner automatiquement le CRM.
  • De suggérer aux conseillers clientèle les réponses possibles aux questions posées par les clients en accédant à nos référentiels de documents.
  • De comparer nos produits avec ceux de nos concurrents dans un processus de vente.
  • D’améliorer les usages de lecture automatique de documents transmis par les assurés qui ne répondent pas à un formalisme précis. Jusqu’ici une l’IA « classique » fonctionnait bien sur des documents structurés après un apprentissage ; l’IA générative permet de capturer des informations dans tout type de document, y compris manuscrit, afin d’automatiser les contrôles de justificatifs puis le traitement des demandes client. Nous sommes parvenus à atteindre 30 % d’automatisation sur certains documents, avec un objectif de monter à 50 %.

Process by ALMIA est progressivement déployé et industrialisé. Il est porteur de belles promesses pour réduire le temps passé de nos équipes sur des tâches  administratives au profit du dialogue avec les clients et les assurés, et donc au service de la satisfaction client.

  • Enfin ALMIA for Dev met à disposition de nos développeurs informatiques ainsi que de nos équipes en charge des métiers de l’actuariat (qui travaillent les  codes Java et Python), toutes les possibilités offertes par l’IA générative en matière de code : conception de programme, analyse et optimisation de code, migration de langage, génération de cas de tests, documentation de code.

La prédiction est un exercice difficile et d’ailleurs c’est une question à laquelle les IA ne savent pas très bien répondre car elles ont besoin de beaucoup de données pour apporter la meilleure réponse statistique possible.

En ce qui concerne AG2R LA MONDIALE, nous nous sommes fixés des règles qui encadrent l’usage de l’IA, parmi lesquelles figurent le respect des réglementations existantes et futures (et c’est bien normal), un usage éthique de l’IA et surtout :

  1. une utilisation de l’IA comme appui et assistance aux collaborateurs, et surtout pas un outil ayant pour objectif de remplacer leur expertise et leur savoir-faire.
  1. Dans la même logique, un outil qui n’est pas exposé directement vers nos clients et nos assurés (par exemple dans nos espaces clients) car l’IA n’est jamais responsable des réponses apportées et ne fait que traiter des données.

Nous échangeons avec nos confrères et nous partageons  la même logique : l’IA vise à améliorer la satisfaction de nos clients et les conditions de travail de nos collaborateurs : mieux répondre, répondre plus vite, répondre en une fois, mieux comprendre les questions de nos clients pour mieux y répondre, aller à l’essentiel, gagner du temps sur les tâches fastidieuses, etc.

ALMIA est un outil qui permet de répondre à ces apports dans les organisations :

  • ALMIA Bot aide les collaborateurs au quotidien pour répondre à des questions et gagner en efficacité ou en pertinence
  • ALMIA Apps permet d’analyser des volumes de données que nous ne savions pas traiter jusqu’à maintenant
  • ALMA Process et ALMIA Dev améliorent l’efficacité de nos processus métier et permettent de mieux répondre aux demandes client sous la supervision d’un collaborateur.

Bien entendu, nous utiliserons ALMIA pour automatiser certaines tâches de faible valeur ajoutée comme nous le faisons depuis de nombreuses années avec les outils informatiques. Le cas d’usage de la lecture et du contrôle de document en est un exemple.

L’IA Générative est un domaine dans lequel il ne faut pas prendre de retard, les solutions et les usages évoluent très vite. Je pense qu’ALMIA est un atout pour AG2R LA MONDIALE mais nos concurrents ne sont pas sans réactions dans cette course.

Pour conclure sur cette question, je souhaite dire que je n’imagine pas une explosion des usages de type « Agentic IA » qui prédit la mise en œuvre d’agents IA qui communiqueraient entre eux et viendraient in fine remplacer nos collaborateurs dans les interactions avec nos clients, nos assurés et nos partenaires :

  • Ce concept  relayé dans les médias relève d’une pure théorie, extrême, basée sur une  IA qui remplacerait l’humain
  •  et qui est très appuyée par certains consultants qui essaient de « reprendre le lead » sur ces sujets d’IA Générative souvent mieux maitrisés par leurs clients…
  • Quelques échecs retentissants dans les centres d’appels viennent démontrer que ces usages ne sont pas matures même s’il faut rester prudent compte tenu de la progression de ces technologies ;
  • Surtout il convient de rappeler que l’IA Générative ne traite que des données existantes, elle n’a pas de conscience d’elle-même et n’est jamais responsable de ses réponses.

Si on ajoute la subsistance d’hallucinations et une courbe d’apprentissage qui en est encore à son début, je pense que les objectifs classiques d’aider nos clients et collaborateurs à être plus satisfaits et plus efficaces est un objectif premier qu’il convient de ne pas perdre de vue.

L’avenir à court et moyen terme est celui de l’usage de l’IA dans les process, supervisée et contrôlée par des collaborateurs formés.

Cette dernière question est finalement la plus simple. Si la feuille de route de transformation de notre système d’information (SI) et de nos systèmes digitaux est l’un des huit objectifs de notre plan d’entreprise « Nouvelle Donne », en traitant les obsolescences, en rationalisant nos systèmes multiples, en éliminant les doublons, etc. il est fondamentalement un objectif contributeur des 7 autres objectifs du plan :

  • Satisfaire tous nos clients avec l’amélioration des espaces clients, la vision 360 et le traitement en une fois des demandes
  • L’engagement de tous nos collaborateurs en réduisant le nombre de SI mis à leur disposition et en homogénéisant les postes de travail
  • Restaurer l’équilibre économique d’AG2R Prévoyance en rationalisant les systèmes, avec la promotion du « selfcare » et en automatisant certains processus
  • Développer la croissance de nos métiers rentables par la mise en œuvre de systèmes ouverts qui permettent de déployer rapidement de nouveaux partenariats
  • Réinventer notre distribution pour qu’elle devienne omnicanale et transversale avec la mise en œuvre de processus de vente basés sur une technologie à l’état de l’art qui seront déployés sur les canaux physiques et digitaux ;
  • Simplifier toute notre organisation et tous nos process par la mise en avant du selfcare, le traitement en une fois, le traitement automatisé de bout en bout des demandes et le contrôle automatique des documents justificatifs
  • Mettre en œuvre dans toutes nos entités le référentiel « Faire partie du Groupe » en mutualisant nos systèmes et nos infrastructures avec celles des autres entités du groupe.

Ce ne sont que des contributions et des exemples, mais le système d’information plateformisé agit sur l’ensemble des dimensions du plan « Nouvelle Donne ».

Dans ce contexte de transformation, l’IA Générative est un moyen complémentaire, à la disposition de l’ensemble des collaborateurs et des équipes projets pour accélérer l’atteinte des objectifs Nouvelle Donne, au service de la satisfaction de tous nos clients.

Chute des Bourses : votre épargne est-elle menacée ?

Sur Ouest France, le Directeur du Cercle de l’Epargne se veut rassurant et rappelle notamment que les Français sont peu investi sur le marché actions, privilégiant massivement les produits de taux.

Livret A, assurance-vie, actions: votre épargne est-elle menacée par le contexte économique?

Face à la chute des bourses, en réaction à la mise en œuvre de la guerre commerciale engagée par le Président des Etats-Unis, Philippe Crevel se veut rassurant. Dans un article diffusé sur le site de RMC, il explique pourquoi il ne faut pas céder à la panique.

Épargne des jeunes : quels produits, quel usage et quelles limites ?

Pour bien épargner, il faut, comme le dit l’adage, commencer tôt. L’ouverture d’un livret A à la naissance fait partie des rites initiatiques. Apprendre aux enfants à ne pas dépenser l’ensemble des étrennes est une règle d’éducation amplement partagée. Quels sont les produits d’épargne destinés aux jeunes et à qui appartient l’argent des mineurs ?

Selon l’étude d’impact de la loi relative à l’Industrie verte, 40 % des mineurs détiennent un livret A, 15 % un livret jeune, 5 % un PEL et 5 % une assurance vie. Les mineurs détenaient, ainsi, 40 milliards d’euros d’épargne en 2021. Dès la naissance, les parents peuvent ouvrir pour leur enfant, un Livret A (plafond de 22 950 euros), un plan d’Épargne Logement (plafond de 61 200 euros), un Compte Épargne Logement (plafond de 15 300 euros), un livret ordinaire, un contrat d’assurance vie, un compte titres ou un Plan d’Épargne Avenir Climat. À partir des 12 ans de leur enfant, ils peuvent ouvrir à son profit un Livret Jeune (plafond de 1 600 euros).

Dès les 16 ans de leur enfant, ses parents peuvent lui ouvrir un compte courant avec un chéquier et une carte de paiement. Les parents doivent donner leur accord à la création de ce compte et se porter caution. Les parents restent responsables en cas d’incident sur le compte bancaire de leur enfant mineur (découvert, chèque sans provision, etc.). Certaines banques proposent des cartes de paiement incluant une autorisation préalable avec des limites de retraits et paiements.

Au sommaire de l’étude

  • Le Livret A, un indémodable, incontournable !
  • Le Livret jeune, un produit méconnu
  • Livrets bancaires ordinaires
  • Le Plan d’Épargne logement (PEL)
  • Le Compte d’épargne Logement (CEL)
  • Les comptes-titres ou comment faire œuvre de pédagogie ?
  • L’assurance vie : une bonne solution
  • Le PEA jeunes ou comment investir sur les marchés « actions »
  • Le Plan d’Épargne Avenir Climat (PEAC) : un produit jeune qui joue à l’arlésienne
  • Le Plan d’Épargne Retraite n’est plus accessible aux mineurs
  • À qui appartient l’épargne des enfants ?
  • Combien puis-je mettre sur les produits d’épargne de mes enfants sans être soumis aux règles fiscales des donations ?
  • Les règles en vigueur pour les donations aux enfants

Les États-Unis face à la crise de leur système de santé

Les États-Unis sont souvent associés aux technologies de l’information, à la Silicon Valley, ou encore à l’industrie de la défense. Pourtant, le secteur le plus important de leur économie, au sens du poids dans le PIB, est celui de la santé. Il représente près de 18 % de la richesse produite annuellement, soit deux fois plus que la moyenne des pays de l’OCDE. Ce poids économique colossal s’explique par une architecture de soins très particulière, profondément marchande, qui mobilise des ressources financières énormes, mais dont les résultats sanitaires sont parmi les plus médiocres du monde développé.

Dépenses massives, performances médiocres

Alors que les États-Unis consacrent en moyenne plus de 12 000 dollars par an et par habitant à la santé, soit près du double du Canada et de la France, l’espérance de vie américaine recule depuis plusieurs années. Les taux de mortalité prématurée (avant 70 ans) dus aux maladies cardiovasculaires, au diabète ou aux pathologies rénales sont nettement plus élevés qu’en Europe ou au Canada. Le pays affiche une mortalité infantile supérieure à celle de Cuba et un taux d’obésité record parmi les pays riches.

Un système inflationniste, fragmenté et peu régulé

L’inflation des coûts est en partie due à la nature même du financement du système américain, très largement assurantiel et fragmenté. Contrairement au Canada ou à la France, il n’existe pas d’assurance maladie universelle. La population est couverte par une mosaïque de programmes publics (Medicare pour les plus de 65 ans, Medicaid pour les plus pauvres, Veterans Health Administration pour les anciens militaires), d’assurances privées (individuelles ou via les employeurs) et de situations de non-couverture. Avant la réforme « Obamacare », environ 45 millions d’Américains n’avaient aucune assurance santé. Aujourd’hui encore, plus de 25 millions en sont dépourvus.

En France, la couverture maladie est universelle depuis 2000, renforcée par la protection complémentaire solidaire (ex-CMU-C). Au Canada, l’assurance santé publique (Medicare canadien) garantit également un accès universel aux soins hospitaliers et médicaux, bien que la couverture des médicaments et des soins dentaires dépende des provinces et des assurances privées complémentaires. Dans les deux cas, les prestations de base sont financées par l’impôt ou les cotisations sociales et non par des primes individuelles, ce qui réduit fortement les inégalités d’accès.

Tarification à l’acte vs enveloppes globales

Le système américain repose sur une tarification à l’acte généralisée, qui incite les hôpitaux et les médecins à multiplier les prestations. Aux États-Unis, un patient hospitalisé peut se voir facturer séparément la chambre, les examens, les médicaments, les soins infirmiers, l’anesthésie, l’intervention et même l’usage de certains équipements. Cette logique de paiement à la prestation alimente des comportements inflationnistes.

En France, bien que la tarification à l’activité (T2A) ait été introduite dans les hôpitaux publics et privés dans les années 2000, elle est depuis 2016 progressivement corrigée par des forfaits, des paiements au parcours ou des primes à la qualité. La Sécurité sociale reste l’unique payeur majeur, ce qui permet un pilotage macroéconomique via l’ONDAM.

Au Canada, les hôpitaux fonctionnent sur la base d’enveloppes budgétaires globales allouées annuellement par les provinces. Ce financement prospectif limite la tentation de surconsommer les actes médicaux, même si cela génère des files d’attente pour certaines interventions électives (opérations de la cataracte, prothèses, etc.).

Concentration hospitalière : une tendance globale

Aux États-Unis, la concentration du marché hospitalier s’est accélérée avec plus de 1 600 fusions d’établissements entre 2000 et 2020. Les grandes chaînes (HCA Healthcare, CommonSpirit, etc.) gèrent aujourd’hui la majorité des lits, avec un pouvoir de marché croissant face aux assureurs. Cette concentration permet peu d’économies d’échelle et entraîne au contraire une hausse des prix facturés.

La France suit également une logique de concentration, en particulier dans le secteur privé. Quatre groupes (Elsan, Ramsay Santé, Vivalto, Almaviva) contrôlent plus de 40 % des cliniques privées. Mais cette évolution s’inscrit dans un cadre régulé : l’Agence régionale de santé (ARS) autorise les capacités, le ministère fixe les tarifs et la régulation est renforcée par des missions de service public.

Au Canada, la structure hospitalière est publique dans chaque province, empêchant toute logique de concentration par le marché. Toutefois, la rationalisation des soins (fermetures de petits hôpitaux, recentrage des services) peut provoquer un éloignement de l’offre de soins, notamment dans les zones rurales.

La financiarisation, un phénomène américain

La financiarisation du système hospitalier est un trait distinctif du modèle américain. Les fonds de capital-investissement ont massivement investi dans les chaînes hospitalières, les centres de soins ambulatoires ou les cabinets de radiologie. La logique du retour sur investissement à court terme entre souvent en contradiction avec la qualité des soins. En France, même les cliniques à but lucratif sont soumises à une régulation étroite de leurs tarifs, tandis qu’au Canada, leur présence est marginale voire inexistante dans les services hospitaliers.

La montée de la logique lucrative dans les soins ambulatoires — rachats de cabinets, pressions sur les médecins pour des actes plus rentables — inquiète également en France, notamment dans certains territoires où les investisseurs rachètent des maisons de santé. Au Canada, la tentation d’autoriser des cliniques privées pour réduire les délais d’attente reste politiquement sensible.

Gouvernance et pilotage : trois modèles très distincts

Aux États-Unis, la gouvernance est éclatée. L’État fédéral finance Medicare, fixe les grandes orientations, mais n’a pas le pouvoir d’imposer un cadre uniforme. Les États ont chacun leurs règles pour Medicaid. Les assureurs privés, quant à eux, disposent d’un pouvoir de négociation et de sélection très important. Il en résulte un système très peu coordonné, peu transparent et source de gaspillages.

En France, le pilotage est national. L’Assurance maladie joue un rôle central, avec un panier de soins remboursés défini par la Haute Autorité de Santé. Les ARS assurent le déploiement régional de la politique de santé. L’État fixe les budgets, autorise les installations et évalue la qualité. Les professionnels de santé, pour la plupart libéraux, sont cependant fortement régulés.

Au Canada, la santé est une compétence provinciale dans le cadre d’un accord fédéral (Loi canadienne sur la santé). Ottawa verse des transferts financiers aux provinces, qui sont tenues de garantir un accès universel, intégral, public et transférable des soins hospitaliers et médicaux. Chaque province organise son système (réseau hospitalier, rémunération des médecins, politiques de santé publique), ce qui génère des écarts notables entre territoires (par exemple, entre l’Ontario et la Colombie-Britannique).

Résultats : efficacité, accessibilité, équité

Les comparaisons internationales (OCDE, Commonwealth Fund) classent régulièrement les systèmes canadien et français parmi les plus performants sur les critères d’équité, de couverture et de satisfaction des patients. Le système américain, malgré ses centres d’excellence et son innovation médicale, échoue sur ces dimensions.

Le Canada affiche une espérance de vie supérieure à celle des États-Unis, un taux de mortalité évitable inférieur et un niveau de satisfaction relativement stable. Il souffre néanmoins de temps d’attente importants. La France combine de bons indicateurs de santé publique avec un accès rapide aux soins, mais fait face à une crise démographique médicale et à une pression financière croissante.

Réformer : technologie ou vision ?

Les États-Unis misent aujourd’hui sur l’intelligence artificielle, les thérapies géniques, la télémédecine et la personnalisation des soins pour transformer leur système. Ces outils peuvent améliorer l’efficacité et la qualité des soins, mais ne résolvent pas le problème de fond : l’absence d’une régulation cohérente, d’un pilotage unifié et d’une couverture solidaire.

En France comme au Canada, la question se pose différemment : comment préserver des systèmes fondés sur la solidarité et l’accès universel tout en contenant les coûts et en modernisant l’offre de soins ? La télémédecine, la prévention, le virage ambulatoire, la valorisation des parcours de soins sont des pistes en cours d’expérimentation.

À l’heure où les États-Unis consacrent près d’un cinquième de leur PIB à la santé, la crise de leur système hospitalier soulève une question centrale : comment un tel niveau de dépense peut-il coexister avec des résultats sanitaires si médiocres et une défiance croissante de la population ? Vus de Washington, les systèmes français et canadien apparaissent plus vertueux : universels, encadrés, efficaces, malgré des défis réels.

Comparaison des systèmes de santé : États-Unis, France, Canada

 États-UnisFranceCanada
Dépenses de santé
(% du PIB)
17 % en 2022, un record au sein de l’OCDESupérieures à 12,3 % du PIB en 2023, parmi les plus élevées en Europe11,7 % en 2022, légèrement au-dessus de la moyenne OCDE
Système de remboursement des soinsSystème fragmenté et majoritairement privé, combinant assurances privées (souvent liées à l’emploi) et programmes publics (Medicare, Medicaid). Les remboursements varient fortement selon les contrats. L’absence de couverture entraîne des restes à charge élevés.Système universel et mixte, financé par cotisations sociales et impôts La Sécurité sociale couvre une large part des soins, complétée par des assurances complémentaires. Le reste à charge est le plus faible de l’OCDE : moins de 9 % en moyenne pour les ménages.Système public universel financé par l’impôt, principalement au niveau provincial. La couverture s’applique aux soins médicaux et hospitaliers essentiels, mais les médicaments, soins dentaires et optiques sont partiellement couverts par des assurances privées. Les listes d’attente sont fréquentes.
Espérance de vieEn 2023, l’espérance de vie à la naissance était de 76,9 ans pour les hommes et 81,8 ans pour les femmes. Elle est en recul depuis plusieurs années.En 2024, l’espérance de vie était de 80 ans pour les hommes et 85,6 ans pour les femmes. Elle est stable depuis la pandémie.En 2023, l’espérance de vie était de 80,2 ans pour les hommes et 84,6 ans pour les femmes, avec des variations entre provinces.
Accès aux soinsInégal et conditionné à la couverture. 25 millions d’Américains sont non assurés. Accès limité pour les ménages à faibles revenus ou sans emploi.Accès universel, avec inégalités géographiques croissantes (déserts médicaux). Les soins sont accessibles indépendamment du statut ou du revenu.Accès égalitaire en théorie, mais confronté à des temps d’attente importants pour certaines spécialités et interventions non urgentes.
Part du privé dans les dépenses de santéEnviron 50 % des dépenses sont privées (assurances, dépenses directes des ménages).Environ 20 % des dépenses sont privées (complémentaires santé, reste à charge)Environ 30 % des dépenses sont privées, principalement pour les soins non couverts (médicaments, optique, dentaire).
Pilotage et gouvernanceDécentralisé et éclaté : gouvernance partagée entre le fédéral, les États, les assureurs et les prestataires. Peu de régulation centrale.Pilotage national centralisé via l’État, l’Assurance maladie et les ARS. Politique de santé coordonnée et régulée.Pilotage provincial dans un cadre fédéral. Chaque province organise son propre système de santé dans le respect des principes de la Loi canadienne sur la santé.

Le mur de la dépendance se rapproche

Dans les prochaines années, la question de la dépendance sera de plus en plus prégnante en France comme dans les autres pays de l’OCDE. Le vieillissement de la population, fruit à la fois d’une transition démographique longue et d’une réussite sanitaire historique, modifie en profondeur l’équilibre de nos sociétés. En France, la proportion des personnes âgées ne cesse de croître, tout comme le nombre de celles concernées par la perte d’autonomie. Ce phénomène, d’ampleur inédite, soulève des interrogations majeures sur les capacités de notre système à assurer une prise en charge digne, efficace et équitable. Au-delà des chiffres, il s’agit aussi de penser une société où le vieillissement et la perte d’autonomie ne seraient plus synonymes d’exclusion ou de souffrance.

Vieillissement démographique et montée en charge de la dépendance

La France est engagée dans une dynamique de vieillissement rapide. En 1981, le pays comptait 5 millions de retraités. Ils sont aujourd’hui 17 millions, et devraient être 23 millions vers 2050. Parallèlement, la proportion des plus de 60 ans est passée de 14 % en 1980 à 27 % en 2024, et devrait atteindre 30 % d’ici 2049. Ce vieillissement est amplifié par une augmentation significative de l’espérance de vie à 60 ans, notamment chez les hommes qui ont gagné huit ans depuis 1950 (de 16 à 24 ans). L’indicateur le plus significatif pour appréhender la dépendance reste celui des plus de 85 ans. Leur nombre passera de 2,3 millions en 2024 à 3,8 millions en 2040, avec une projection supérieure à 5 millions d’ici 2050. Or, c’est dans cette tranche d’âge que la perte d’autonomie est la plus fréquente.

Proportion de la population âgée de plus de 60 ans en France aux dates indiquées :

  • 1980 : 14 %
  • 2000 : 16 %
  • 2024 : 27 %
  • 2049 : 30 %

Nombre de personnes de plus de 85 ans :

  • 1,4 million en 2000 ;
  • 2,3 millions en 2024 ;
  • 3,8 millions en 2040.

La dépendance, une réalité multidimensionnelle

La dépendance recouvre des réalités multiples. Elle est d’abord un phénomène médical, lié à l’état de santé physique ou cognitif. Mais elle est aussi sociale (isolement), psychologique (perte de repères, dépression), et économique (coûts pour les familles et les collectivités).

En 2025, environ 1,5 million de personnes âgées sont dépendantes. Ce chiffre pourrait atteindre 2 millions en 2040 et 2,5 à 3 millions en 2050. Les dépenses publiques associées à la perte d’autonomie représentent actuellement 1,6 % du PIB et pourraient grimper jusqu’à 3 % d’ici le milieu du siècle.

La prise en charge de la perte d’autonomie repose à la fois sur l’intervention de professionnels du soin et de l’accompagnement, et sur les aidants familiaux, dont le nombre est estimé entre 8 et 11 millions aujourd’hui. Mais ce vivier pourrait se réduire, en raison de l’éclatement des familles, accentuant les besoins en personnel professionnel. Le recrutement dans les métiers du grand âge devient un enjeu crucial : les besoins en infirmiers, aides-soignants et médecins sont appelés à croître de 30 à 50 % d’ici 2050.

L’APA, un dispositif essentiel, mais inégalitaire

L’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) est le principal outil de soutien aux personnes en perte d’autonomie. Elle est versée pour une durée moyenne de 2,4 ans, soit 10 % du temps de retraite moyen. Ce chiffre masque toutefois de fortes inégalités : les retraités les plus modestes accèdent à l’APA cinq ans plus tôt que les plus aisés, et les femmes en bénéficient plus longtemps (3,3 ans contre 1,4 an pour les hommes).

Les conditions d’accès à l’APA reflètent les inégalités de carrière et de santé. Les anciens ouvriers, agriculteurs, ou les retraités pour inaptitude y accèdent plus tôt, souvent faute de ressources suffisantes pour résister aux premiers signes de dépendance. Les plus aisés, en revanche, retardent leur recours à l’APA, mais en bénéficient davantage en EHPAD, où les GIR 1 et 2 sont surreprésentés.

L’habitat intermédiaire : une réponse à structurer et à développer

95 % des plus de 60 ans vivent à domicile. Plus des deux tiers des Français souhaitent y rester le plus longtemps. Les scandales concernant les EHPAD ont renforcé ce souhait. Les options intermédiaires, maisons seniors ou maisons de retraite ne sont pas pour le moment plébiscitées. Une étude du CRÉDOC (2025) montre que seuls 7 % des retraités envisagent spontanément de déménager vers une résidence autonomie, même si 58 % se déclarent intéressés après explication.

Les résidences autonomie comme celles de Domitys offrent un cadre sécurisé, des logements adaptés, une vie sociale riche et une certaine liberté. Elles sont peu médicalisées, mais assurent un suivi préventif et un répit pour les aidants. La France en compte 2 260, accueillant 100 000 résidents. Leur rôle est amené à croître, mais leur image souffre d’une confusion persistante avec les EHPAD.

La dépendance est souvent la cause et la conséquence d’un isolement, comme le décès du comédien américain Gene Hackman l’a récemment prouvé. La solution du maintien à domicile se révèle bien souvent difficile à mettre en œuvre. Elle est par nature coûteuse en ne permettant pas les gains d’échelle. Face à cette difficulté, les pouvoirs publics et le secteur privé doivent améliorer les conditions d’accueil dans les établissements collectifs.

La France a d’importants progrès à réaliser pour humaniser ses établissements de santé. Le nombre d’intermédiaires entre le corps médical, les patients et les malades doit être accru. Face à une médecine de plus en plus technique et face à l’accroissement de la demande de soins, les médecins sont surchargés et peinent à maintenir un contact de qualité. Face à des situations de dépendance, de maladies invalidantes, les patients et les familles sont désemparés. Il est important de remettre du liant. Le traitement de la douleur, malgré des progrès réalisés ces dernières années, reste encore insuffisant. Quand les patients sont amenés à être hospitalisés à domicile, bien souvent les moyens dévolus à la lutte contre la douleur sont insuffisants.

Les assistants sociaux dans les hôpitaux sont débordés. Malgré leur dévouement, ils peinent à résoudre les problèmes auxquels sont confrontées les familles. Ils rencontrent notamment des difficultés pour organiser les soins à domicile (infirmières, kinésithérapeutes, etc.). Avec les problèmes de transports que ce soit en milieu urbain ou en milieu rural ainsi que le souhait légitime du personnel soignant d’avoir des vies de famille aussi normales que possible, il est compliqué de bâtir des emplois du temps permettant de répondre aux besoins des personnes dépendantes à domicile.

Le renforcement des équipes d’accompagnement des familles constitue donc une nécessité pour faire face au défi du vieillissement dans les prochaines années. Des moyens seront indispensables pour créer des maisons de soins dédiées à la dépendance et pour former du personnel. Par ailleurs, les EHPAD devront certainement davantage jouer un rôle de centres de logistique pour la dépendance dans les prochaines années. Il faut que dans un seul lieu puissent se concentrer les équipements, et les compétences pour gérer le plus grand nombre de situations.

Comparaisons internationales : enseignements et pistes d’action

L’étude des modèles étrangers permet d’envisager des solutions :

  • L’Allemagne a instauré en 1995 une assurance dépendance obligatoire, financée par une cotisation sociale.
  • Le Japon, confronté à un vieillissement avancé, a mis en place un système universel depuis 2000, misant sur la prévention et la réduction du taux de prévalence de la dépendance.
  • Les pays nordiques, comme la Suède et le Danemark, proposent une offre publique abondante, articulée autour de l’autonomie et du soutien aux aidants.
  • À l’inverse, les États-Unis s’appuient principalement sur le marché privé, avec des inégalités d’accès fortes, Medicaid ne couvrant que les plus démunis.

La France peut s’inspirer de ces modèles pour réformer son système. Le débat sur le financement reste ouvert : faut-il une assurance obligatoire, un financement par l’impôt ou une méthode mixte ? La réponse dépendra de la volonté politique et de l’adhésion sociale.

La dépendance n’est pas un accident, mais une conséquence attendue du vieillissement. Elle ne doit pas être vécue comme une fatalité. Elle exige des politiques publiques courageuses et anticipatrices. Il faut repenser l’organisation des soins, développer les métiers du grand âge, structurer les parcours de vie et de logements, et soutenir plus efficacement les aidants. Plus qu’une simple réforme technique, la question de la dépendance pose celle du lien social, de la solidarité intergénérationnelle et de la dignité humaine.

Retraites et majoration pour enfants : dans l’attente d’une réforme

Depuis des décennies, le système de retraite français a intégré des mécanismes de solidarité visant à corriger les inégalités et à accompagner les familles dans leur parcours de vie. Parmi eux, la majoration de pension pour les parents de trois enfants ou plus occupe une place particulière. Conçue comme un levier nataliste et un instrument de compensation pour les familles nombreuses, elle est un complément de pension non négligeable. Son montant global s’élevait, en 2020 à 8,4 milliards d’euros, soit 2,9 % des pensions de droit direct.

Ce dispositif qui a été modifié à plusieurs reprises semble avoir atteint ses limites. Le service des études et des statistiques du Ministère de la Santé (DREES) a publié au mois de mars une étude détaillée comportant plusieurs propositions de réforme. En 2020, près de 40 % des retraités bénéficiaient de la majoration pour enfants avec un montant moyen de 105 euros par mois.

Les dispositifs de majorations pour enfants

Le système de majoration de pension pour enfants en matière de retraite en France repose sur plusieurs dispositifs visant à compenser l’impact de la parentalité sur la carrière professionnelle et à soutenir les familles nombreuses. Ce mécanisme s’applique différemment selon les régimes de retraite.

Les majorations de retraite pour enfants en France se déclinent en deux types principaux :

  • majoration de durée d’assurance (MDA) ;
  • majoration de pension pour trois enfants ou plus.

Majoration de durée d’assurance

Ce dispositif permet aux parents d’obtenir des trimestres supplémentaires pour leur retraite. Il est attribué dans les régimes de base pour tenir compte des périodes d’interruption ou de réduction d’activité dues à l’éducation des enfants.

Les assurés bénéficient de :

  • 4 trimestres pour la naissance ou l’adoption d’un enfant ;
  • 4 trimestres supplémentaires pour l’éducation de l’enfant jusqu’à ses 4 ans.

Depuis 2010, ces trimestres peuvent être partagés entre les deux parents, mais restent en pratique majoritairement attribués aux mères.

Majoration de pension pour trois enfants ou plus

Ce mécanisme accorde une augmentation de 10 % de la pension de retraite aux assurés ayant eu au moins trois enfants. Il concerne les régimes de base et complémentaires, bien que les modalités varient selon les caisses de retraite.

Cette majoration est proportionnelle au montant de la pension, ce qui signifie qu’elle bénéficie davantage aux personnes percevant des pensions élevées, souvent des hommes.

La majoration pour enfants s’applique à plusieurs régimes de retraite, avec des différences notables :

RégimeMajoration appliquée
Régime général
(CNAV, MSA, RSI, professions libérales depuis 2023)
+10 % pour les parents de 3 enfants ou plus
Fonction publique et régimes spéciaux
(SNCF, RATP, IEG, etc.)
+10 % pour 3 enfants, +5 % par enfant supplémentaire
Agirc-Arrco
(complémentaire des salariés du privé)
Sur les droits obtenus à partir de 2019, +10 % pour 3 enfants et plus, mais cette majoration est plafonnée à 2 367,48 euros par an depuis le 1er novembre 2024
IRCANTEC
(complémentaire des contractuels de la fonction publique)
+10 % pour 3 enfants et plus

Dans certains régimes, la majoration est plafonnée (notamment en complémentaire) et peut être soumise à des conditions particulières.

Un système coûteux et inéquitable ?

En 2020, le coût de la majoration pour enfant atteignait 8,4 milliards d’euros, soit 2,9 % du total des pensions de droit direct sans atteindre les objectifs assignés par les pouvoirs publics. Si la proportion de femmes et d’hommes concernés est équilibrée, l’écart de pension moyen entre sexes demeure criant.

En raison de la proportionnalité du dispositif, les hommes perçoivent en moyenne 136 euros, contre 77 euros pour les femmes. Les sommes versées au titre de la majoration augmentent avec le niveau de pension. Les retraités du dernier décile perçoivent 137 millions d’euros par an au titre de cette majoration, contre 21 millions pour le premier décile. La majoration renforce donc les écarts de pension. Bien que les femmes interrompent plus souvent leur carrière pour élever leurs enfants, elles ne bénéficient pas davantage de cette majoration. L’écart de pension entre hommes et femmes reste ainsi élevé même après application de la majoration.

Trois pistes de réforme : entre redistribution et neutralité budgétaire

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) et la DREES ont envisagé trois scénarios de réforme visant à associer justice sociale et soutenabilité financière.

Scénario A : la majoration forfaitaire, un ajustement mesuré

La première approche consisterait à transformer la majoration proportionnelle en un forfait de 150 euros par mois, revalorisé selon le salaire moyen par tête. L’objectif serait d’assurer une redistribution plus équitable sans modifier le périmètre des bénéficiaires.

Avec cette réforme, les pensions des plus modestes augmenteraient de 8,5 %, tandis que celles des plus aisés reculeraient de 1,6 %. Elle aurait un effet marginal sur l’écart hommes-femmes, avec un ratio passant de 84,9 % à 85,5 %. Le coût pour les finances publiques serait stable dans les prochaines années.

Scénario B : un recentrage sur les femmes

Une réforme pourrait consister à réserver le dispositif aux femmes avec une majoration accordée dès le premier enfant. La majoration serait de +3 % pour un enfant, +6 % pour deux, +13 % pour trois ou plus. Un plafonnement à 3 000 euros annuels serait introduit. 80 % des femmes seraient gagnantes, mais 33 % des hommes seraient perdant. L’écart de pension hommes-femmes serait réduit, avec un ratio passant de 84,9 % à 90,4 %.

Scénario C : un dispositif forfaitaire progressif et ciblé

Le troisième scénario réalise la synthèse des deux précédents. Il propose une majoration forfaitaire selon le nombre d’enfants : 40 euros pour un enfant, 80 pour deux, 160 pour trois et plus. Comme dans le scénario B, il serait réservé aux femmes. Ce dispositif serait fortement redistributif. Les femmes du premier quintile verraient leur pension augmenter de 21 %, celles du dernier quintile de seulement 0,4 %. Il permettrait une réduction des inégalités, avec un ratio hommes-femmes à 90,9 % et un rapport entre pensions les plus élevées et les plus basses passant de 8,0 à 7,1. Le coût budgétaire de la réforme serait, en revanche, plus élevé à long terme (+0,08 point de PIB en 2090).

La majoration de pension pour les parents de trois enfants ou plus illustre bien les dilemmes récurrents de notre système de retraite : concilier équité, incitation et soutenabilité budgétaire. Si ce mécanisme a longtemps été perçu comme un levier de compensation pour les familles nombreuses, il apparaît aujourd’hui comme un facteur d’inégalités, bénéficiant davantage aux retraités les plus aisés et ne répondant que partiellement aux objectifs initiaux. Les pistes de réforme proposées traduisent cette volonté d’adaptation. Une majoration forfaitaire permettrait de mieux cibler les bénéficiaires modestes, un recentrage sur les femmes corrigerait en partie l’écart de pensions entre les sexes, tandis qu’une approche mixte maximiserait l’effet redistributif.

Minima sociaux et retraite : la sortie de la précarité n’est pas automatique

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a, dans une étude de 2024, étudié les effets pour les bénéficiaires de minimas sociaux de leur passage à la retraite. Elle a, à cette fin, croisé des données issues de l’échantillon interrégimes de retraités (EIR) et l’échantillon national interrégimes d’allocataires de compléments de revenus d’activité et de minima sociaux (ENIACRAMS).

Cette base statistique, construite par l’Institut des politiques publiques (IPP) en partenariat avec la DREES, permet de retracer les trajectoires des bénéficiaires de minima sociaux à l’approche de la retraite, et d’évaluer dans quelle mesure l’accès à la pension permet une sortie effective de la précarité. Les résultats offrent un éclairage nouveau sur la transition entre activité, inactivité préretraite et vieillesse, dans un contexte de réformes successives du système de retraite. La base EIR-ENIACRAMS couvre l’essentiel des minima sociaux : RSA, AAH, ASS, ASPA et ASV. Ensemble, ces dispositifs représentent plus de 96 % des allocataires de minima sociaux en France.

Une diminution progressive des minima sociaux après 62 ans, mais loin d’être totale

En 2020, 11 % des personnes âgées de 61 ans résidant en France percevaient un minimum social. Cette proportion chute à 7,3 % dès l’âge légal de départ à la retraite (62 ans), puis diminue lentement jusqu’à 5,5 % à 70 ans. Cette baisse étalée sur plusieurs années souligne le rôle ambivalent de la retraite. Si elle permet à de nombreuses personnes de sortir des minima sociaux, ce phénomène n’est ni instantané ni généralisé. La sortie des dispositifs sociaux ne coïncide donc pas toujours avec l’âge légal. À 67 ans, âge d’obtention du taux plein sans condition de durée de cotisation, 6 % de la population perçoit encore un minimum social. Cette persistance interroge les conditions économiques des retraités les plus fragiles, en particulier ceux n’ayant pas pu valider une carrière complète ou n’ayant jamais cotisé. Ces personnes sont essentiellement attributaires du minimum vieillesse. Ce dernier est versé à 800 000 retraités sur les 17 millions que compte la France.

Une transition incertaine : un tiers des anciens allocataires le restent à 70 ans

Parmi les bénéficiaires d’un minimum social à 59 ans, 44 % le sont toujours à 67 ans, et 33 % encore à 70 ans. Ces chiffres traduisent une précarité durable pour une frange non négligeable de la population âgée. Loin d’être résorbée par l’accès à la retraite, la pauvreté s’y prolonge souvent, notamment dans les cas de carrières heurtées ou d’incapacité durable.

 Parmi ces personnes toujours allocataires à 70 ans, 12,5 % ne disposent d’aucune retraite personnelle et ne survivent donc que grâce aux dispositifs de solidarité du minimum vieillesse. La situation varie toutefois selon le minimum social d’origine. Ainsi, seuls 10 % des anciens bénéficiaires de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) à 59 ans perçoivent encore un minimum à 70 ans, contre 52 % des anciens bénéficiaires du RSA, et jusqu’à 60 % pour ceux ayant touché l’AAH (taux d’incapacité ≥ 80 %). Cette hétérogénéité reflète la diversité des trajectoires et l’inégalité des protections offertes selon le parcours antérieur et l’état de santé.

La réforme de 2010 : une élévation de l’âge légal qui se traduit par un allongement du temps passé dans les minima sociaux

La réforme des retraites de 2010, qui a repoussé l’âge légal de départ de 60 à 62 ans pour les générations nées à partir de 1955, a eu un effet mécanique sur le nombre de bénéficiaires de minima sociaux parmi les 60-61 ans. Pour la génération 1950, 47 % des allocataires à 59 ans le restent à 60 ans. Ce taux monte à 90 % pour les générations suivantes. Parmi ceux qui n’étaient pas allocataires à 59 ans, les taux d’entrée dans les minima à 60 ans restent faibles (1 à 1,6 %), soulignant que la hausse du nombre de bénéficiaires à ces âges est principalement due à la prolongation des situations de précarité existantes. Autrement dit, le décalage de l’âge légal a conduit à une extension de la période pendant laquelle certains individus, exclus du marché du travail et sans droits à retraite, dépendent d’allocations sociales.

La réforme de 2023 devrait avoir un effet plus modéré, car elle ne concerne que les assurés non inaptes. En effet, 57 % des bénéficiaires de minima sociaux qui sortent des dispositifs à 62 ans le font aujourd’hui grâce à un départ pour inaptitude, qui reste inchangé par la réforme récente.

Sortir des minima sociaux ne signifie pas sortir de la pauvreté

L’arrêt du versement d’un minimum social à la liquidation de la retraite ne traduit pas nécessairement une amélioration décisive de la situation économique des individus. De nombreuses retraites personnelles restent inférieures aux plafonds des minima sociaux. Le non-recours, le passage à une pension de réversion ou la prise en compte des ressources du conjoint peuvent également expliquer cette sortie statistique. Ainsi, la faiblesse des retraites de droit propre continue de poser la question d’une revalorisation des pensions les plus basses, au-delà de l’ASPA, afin de garantir un niveau de vie décent.

L’étude de la DREES souligne que le passage à la retraite n’efface pas toujours les inégalités accumulées durant la vie active. Elle impose une réflexion sur la coordination entre les politiques de solidarité (RSA, AAH, ASS) et celles du vieillissement (ASPA, retraite anticipée pour inaptitude, pension minimum). À l’heure où l’espérance de vie sans incapacité stagne et où les réformes successives reculent l’accès au droit à pension, la question du soutien aux populations précaires vieillissantes devient un enjeu central de justice sociale.

Cercle de l’Épargne – données DREES

200 milliards d’euros d’épargne salariale en 2025

En 2024, l’épargne salariale a atteint, en France, selon l’Association Française de Gestion (AFG), la barre des 200 milliards d’euros d’encours en hausse de 6,5 % en un an. Près de 13 millions de salariés ont accès à un mécanisme de partage de la valeur au sein de leur entreprise. Près de 6 millions de salariés ont épargné sur ces dispositifs en 2024 pour un versement moyen de 3 600 euros. Les flux versés issus de la participation et de l’intéressement se sont élevés, en moyenne, à environ 1 900 euros chacun.

L’encours des plans d’épargne entreprise (PEE) s’est élevé en 2024 à 166 milliards d’euros, soit une progression de 4,9 % sur un an, répartis entre des fonds diversifiés (96 milliards d’euros) et des fonds d’actionnariat salarié (70 milliards d’euros).

De son côté, l’encours de l’épargne retraite d’entreprise collective (PERCO et PER d’entreprise Collectif) a atteint plus de 34 milliards d’euros en hausse de 14,9 % sur un an.

Cercle de l’Épargne – données AFG

Les encours de l’épargne salariale progressent en moyenne de plus de 6 % par an depuis 15 ans. Les fonds diversifiés ont atteint 130 milliards d’euros, en hausse de 11,5 % en 2024. Ils représentent 65 % des encours. Les encours des fonds d’actionnariat salarié ont atteint 70 milliards d’euros. Ils ont baissé 1,6 % en 224 par rapport à 2023 à la suite de prise de bénéfices.

Le développement des dispositifs d’épargne retraite et de la gestion pilotée contribue à la hausse du poids relatif des fonds diversifiés au sein des encours d’épargne salariale et retraite. Parmi les fonds diversifiés, la part des fonds monétaires est en recul, passant de 21 % en 2013 à 16 % en 2024 tandis que celle des fonds actions est passée, sur la période, de 10 % à 17 %. Les actions et les obligations d’entreprises représentent respectivement 62 % et 13 % des titres en portefeuilles. 75 % de l’épargne salariale finance directement les entreprises. Les investissements sont en faveur des émetteurs français à hauteur de 56 % des encours au global, et de 65 % des encours actions dans les portefeuilles.

Une performance correcte pour l’épargne salariale

Sur les quinze dernières années, la performance totale nette de frais de gestion de la gestion pilotée selon les profils de risque varie de +38,4 % pour un profil prudent à +111,2 % pour un profil dynamique. La performance annualisée est de +2,2 % pour le profil prudent sur 15 ans (de +1,6 % sur la période de 10 ans et de +1,2 % sur la période de 5 ans). Elle est de 3,7 % pour le profil équilibré sur 15 ans (de +3,2 % sur la période de 10 ans et de +2,5 % sur la période de 5 ans). Elle est de 5,1 % pour le profil dynamique sur 15 ans (de +4,7 % sur la période de 10 ans et de +3,8 % sur la période de 5 ans).

Une collecte brute en légère hausse

La collecte brute de l’épargne salariale a enregistré une hausse de 10,3 milliards d’euros, contre +9,1 milliards d’euros en 2023. Les flux vers les fonds durables représentent 60 % des flux bruts des fonds diversifiés en 2024, contre 58 % en 2023 et 47 % en 2022. Leur collecte nette s’établit à 3,1 milliards d’euros. La collecte brute des fonds solidaires s’établit à +2,0 milliards d’euros, soit 12 % des souscriptions brutes des fonds diversifiés), tandis que leur collecte nette est de +0,6 milliard d’euros

En 2024, la collecte brute sur les dispositifs d’épargne salariale a été de 21,7 milliards d’euros, en hausse de +1,5 milliard d’euros par rapport à 2023. Les flux vers les plans d’épargne d’entreprise (PEE) se sont élevés à 17,5 milliards d’euros, contre +16,4 milliards d’euros en 2023. Enfin ceux vers les plans d’épargne retraite collectifs (PERCO/ PER Entreprise Collectif) ont atteint 4,2 milliards d’euros, contre +3,8 milliards d’euros en 2023.

Les versements se répartissent de la manière suivante :

  • 6,0 milliards d’euros provenant de la participation ;
  • 6,8 milliards d’euros provenant de l’intéressement ;
  • 4,4 milliards d’euros en versements volontaires ;
  • 4,4 milliards d’euros d’abondement.

À ces versements, s’ajoutent 63 millions d’euros issus de la prime de partage de la valeur (introduit en 2024).

Des rachats en hausse

Les rachats sont élevés en 2024 à 19 milliards d’euros, en hausse par rapport à celui de 2023 (- 17,8 milliards d’euros) tiré par des prises de bénéfice sur les fonds d’actionnariat salarié (- 7 milliards d’euros). Les déblocages anticipés représentent 35 % des montants des rachats (stable par rapport à 2023) soutenus par les motifs de cessation du contrat de travail et d’acquisition ou d’agrandissement de la résidence principale. Ces deux raisons représentent chacune 36 % des montants des déblocages anticipés.

Une collecte nette positive

La collecte nette a atteint, en 2024, 2,7 milliards d’euros contre 2,4 milliards d’euros en 2023. Elle se répartit en +200 millions d’euros vers les plans d’épargne d’entreprise (PEE) et +2,5 milliards d’euros vers les plans d’épargne retraite collectifs (PERCO/PER Collectif). La collecte nette des fonds diversifiés a été positive de 5,5 milliards d’euros, en hausse de 600 millions d’euros par rapport à 2023.

La hausse des fonds durables

Les encours des fonds durables de l’épargne salariale ont atteint 109,2 milliards d’euros (101,1 milliards d’euros pour les fonds “article 8” de la réglementation SFDR, et 8,1 milliards d’euros pour les fonds “article 9”). Ils représentent désormais 84 % de l’encours des fonds diversifiés. Les fonds solidaires affichent un encours de 16,3 milliards d’euros contribuant ainsi au financement de l’économie sociale et solidaire. Les 108 fonds labellisés ISR se sont élevés à 23,4 milliards d’euros, soit environ 12 % des fonds ayant le label ISR sont distribués via l’épargne salariale et retraite.

Progression du nombre d’entreprises équipées

Le nombre d’entreprises équipées d’un dispositif d’épargne salariale ou d’épargne retraite a atteint 416 000 entreprises (+18 700 en un an). Cette hausse s’explique par les mesures adoptées dans la loi Pacte (suppression du forfait social sur l’intéressement pour les entreprises de moins de 250 salariés, et sur participation et l’abondement employeur pour les entreprises de moins de 50 salariés). La diffusion des dispositifs d’épargne salariale s’accroît au sein des PME (moins de 250 salariés), avec une augmentation de +18 400 en un an.

Le nombre d’entreprises équipées d’un dispositif d’épargne salariale s’élève à 378 300 (+14 500 sur un an). 11,4 millions de salariés sont ainsi couverts. 240 700 entreprises disposent d’un produit retraite en lien avec l’épargne salariale (+18 400 sur un an). 4,2 millions de salariés y ont accès. 60 900 entreprises sont ainsi équipées d’un dispositif PERCO, au bénéfice de 916 000 salariés disposant de 6,9 milliards d’euros. 179 800 entreprises sont équipées d’un dispositif PER, au bénéfice de 3,3 millions de salariés disposant de 27,2 milliards d’euros d’encours.

Plus de 34 milliards d’euros d’encours pour l’épargne retraite salariale

Les encours sur les PERCO et PER Entreprise Collectif atteignent 34,1 milliards d’euros en hausse de +14,9 % sur un an. Les PER Entreprise Collectifs remplacent peu à peu les anciens PERCO et représentent 80 % des encours des produits d’épargne retraite collectifs en comptes-titres. 68 % des investisseurs en épargne retraite collective ont opté pour la gestion pilotée qui dépasse 13 milliards d’euros +18,8 % sur un an.

Cercle de l’Épargne – données AFG

« L’art dangereux de la sémantique », par Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Épargne

Avec les réseaux sociaux et les officines d’ingérence en ligne, quelques mots, imprudemment prononcés, suffisent à créer un vent de panique, ou du moins de peur, au sein de la population. L’orientation et la mobilisation de l’épargne pour la défense ont été perçues, par une partie de la population, comme la volonté du gouvernement de s’en prendre à leur argent chèrement économisé. Le sentiment de défiance à l’égard des pouvoirs publics alimente cette suspicion de préemption de l’épargne. Cette crainte est renforcée par l’endettement croissant de l’État.

Seuls l’impôt et les prélèvements sociaux peuvent, avec l’adoption de mesures législatives, réduire le montant de l’épargne. Par ailleurs, le Conseil constitutionnel a précisé, dans le cadre de sa jurisprudence, qu’un prélèvement ne pouvait être confiscatoire. Pour autant, les Français ne sont pas rassurés. Peu ont néanmoins vidé leurs placements pour glisser leurs économies sous leur matelas. Le taux d’épargne reste à des niveaux sans précédent depuis une trentaine d’années, hors période Covid. Il s’élève à plus de 18 % du revenu disponible brut. Dans un contexte géopolitique anxiogène, les Français économisent en réduisant leurs achats de biens durables, notamment de voitures. Ils reportent également leurs investissements, d’autant plus que les taux d’intérêt restent élevés.

Face à des messages contradictoires, les Français peuvent, au-delà des fausses informations, être légitimement perplexes. D’un côté, le gouvernement les appelle à consommer afin de relancer la croissance et d’augmenter les recettes de TVA, indispensables à la maîtrise des déficits publics. De l’autre, il les invite à épargner en vue de la défense, afin de faciliter le réarmement du pays, en soulignant que cette orientation de leurs liquidités est évidemment volontaire et non obligatoire. Au-delà des éventuelles incohérences – fruits de la difficile tâche de gouverner en ces temps troublés, surtout en France – l’investissement dans un fonds « bleu-blanc-rouge » constitue-t-il un bon choix ?

Jusqu’à récemment, les entreprises du secteur de la défense étaient boudées, car par nature peu ou pas compatibles avec les critères ESG. Avec l’impérieuse nécessité de moderniser nos équipements militaires, cet argument tend à s’effacer. Même en Europe du Nord, les gestionnaires de fonds sont sur le point de revoir leur politique en la matière. Ces entreprises représentent des valeurs de croissance, bénéficiant de commandes publiques orientées durablement à la hausse. Ce sont des sociétés à forte intensité technologique. L’armement dépend de plus en plus des technologies de l’information et de la communication. Elles disposent d’un fort potentiel de valorisation. La création d’usines, de chaînes de production, de nouveaux avions ou de chars nécessite, évidemment, du temps.

L’investissement dans le fonds défense de la Banque Publique d’Investissement, ou dans ceux créés par des acteurs privés, est de la même façon, et par nature, de long terme. Cependant, les rendements potentiels sont importants. En outre, la France dispose, dans ce secteur, d’un véritable avantage comparatif. Investir dans ces fonds permet de soutenir un pan de l’industrie nationale à haute valeur ajoutée. C’est également, pour les épargnants, une manière d’accéder à la sphère du capital-investissement de manière mutualisée, le fonds prenant des participations dans des entreprises de la défense non cotées ou leur prêtant des sommes pour la réalisation d’investissements.

L’affaire des fausses informations sur l’épargne a malgré tout un effet positif : celui d’avoir permis de mieux expliquer le rôle de l’épargne au sein de l’économie contemporaine. Toute épargne, en dehors de celle placée en or, en bitcoins ou en billets sous un matelas, vit et est productive, en constituant la base des fonds propres et des prêts.

Jean-Pierre Thomas

Président du Cercle de l’Épargne

Les épargnants français face à la baisse des cours

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

La décision de Donald Trump de relever de manière unilatérale les droits de douane américains et la réponse des autorités chinoises provoque une forte correction en bourse. Les valeurs « actions » reculent de plus de 10 % en une semaine (lundi 7 avril à 11 heures).

Les investisseurs arbitrent contre les actions par crainte d’un ralentissement de l’économie mondiale voire d’une récession provoquée par la baisse des échanges internationaux. Ces derniers ont porté la croissance mondiale depuis quarante ans. La volonté isolationniste et protectionniste du Président américain constitue une réelle rupture. Depuis les premiers accords du GATT à la fin des années 1940, le principe de la liberté des échanges avait prévalu. L’instauration de barrières tarifaires élevées de la part des États-Unis est d’autant plus durement ressentie que ce pays est le premier importateur mondial.

La correction est d’autant plus élevée que les marchés actions avaient atteint des niveaux de valorisation importants. Les indices (sauf le CAC 40) ont battu record sur record jusqu’en février de cette année.

Est-ce un krach boursier ?

Un krach boursier correspond à une chute des cours de 20 % en quelques jours. Il intervient, en règle générale, après un fort mouvement de hausse des cours qui est de nature spéculatif. Ce fut le cas en 1929 ou en 1987. Un krach peut trouver son origine dans une crise financière ou immobilière (crise des subprimes en 2008/2009).

La correction des cours entamée le 2 avril dernier en lien avec les annonces de Donald Trump n’est pas de nature financière. Il n’y pas de disfonctionnement au sein de la sphère financière. Certes, le cours des actions était élevé, notamment pour les valeurs technologiques, et plus particulièrement pour celles en lien avec l’intelligence artificielle.

En une semaine, au Japon, le principal indice, le Nikkei a perdu 17,59 %. la perte est de plus de 15 % pour l’indice Hong Kong Hang Seng. Pour les pays de l’OCDE, en une semaine, la baisse atteint 10 % et l’Eurostoxx, de 10 % et pour le S&P 500 (à 13 heures 30 le lundi 7 avril 2025).

Pourquoi les investisseurs vendent-ils des actions ?

La baisse des cours signifie qu’un grand nombre d’investisseurs vendent des actions. Ils estiment que leur rendement sera plus faible demain en raison des menaces de récession qui se sont multipliées avec les annonces de Donald Trump sur les droits de douane. Des perspectives de récession signifient des dividendes en baisse pour les actions. Dans ce contexte, les investisseurs privilégient les obligations qui assurent un rendement fixe, ce qui est, en période d’incertitudes, rassurant. Cet engouement pour les obligations provoque, par voie de conséquence, une diminution des taux d’intérêt à long terme.

Quelle évolution pour cette crise boursière ?

L’évolution des marchés dans les prochains jours est conditionnée par la réponse des Européens et par les éventuelles négociations avec les États-Unis. Si les Européens optent pour des représailles massives en forme d’augmentation des droits de douane, le cours des actions pourrait encore baisser. Si la réponse est plus technique et plus ciblée, une stabilisation pourrait intervenir. L’Europe, premier marché commercial mondial avec 450 millions d’habitants à fort pouvoir d’achat dispose de moyens pour contrecarrer les États-Unis.

En cas de résultats positifs en ce qui concerne les éventuelles négociations commerciales avec les États-Unis, les valeurs actions pourraient connaître un rebond.

Les épargnants français sont-ils concernés par la chute du cours des actions ?

L’épargne financière des ménages s’élevaient, à la fin du troisième trimestre 2024, à 6 400 milliards d’euros (en brut hors endettement). 60 % sont investis en produits de taux (livrets d’épargne, fonds euros d’assurance vie, dépôts à terme, compte courants). Ces produits ne subissent pas les effets de la baisse des cours des actions. Ils bénéficient d’une garantie en capital. La rémunération n’est pas liée aux actions. Celle du Livret A relève d’une décision du Ministre de l’Économie. Elle est fonction de l’inflation et des taux des marchés monétaires. Le rendement des fonds euros de l’assurance vie est liée aux taux d’intérêt des marchés obligataires. Il  peut être affecté, marginalement, par la baisse des cours boursiers (poche de diversification des fonds euros).

L’exposition aux risques de marché est assez faible en France. Les ménages détenaient en effet pour 322 milliards d’euros d’actions cotées à la fin du 3e trimestre 2024, 515 milliards d’euros d’unités de compte logés dans des contrats d’assurance vie et 170 milliards d’euros d’Organismes de Placement Collectif (OPC). Les unités de compte et les OPC ne sont pas investis à 100 % dans les actions. Ils peuvent comporter des obligations, des titres monétaires ou de l’immobilier. 7 millions de Français détiennent un Plan d’Épargne en Actions quand quatre sur cinq ont un Livret A.

Les Français détiennent par ailleurs 1 448 milliards d’euros d’actions non cotées et autres participations, essentiellement les parts sociales des entreprises (indépendants, professions libérales).

Quels conseils pour les épargnants ?

Des corrections boursières, des krachs ont eu lieu dans le passé et ont été suivis de rebond. La situation financière des entreprises en France comme en Europe est plutôt bonne. Le système financier est globalement sain. Il n’y a pas de risques systémiques.

Il ne faut pas s’abandonner à la panique ! Il faut rester zen et au contraire être opportuniste. En 2020, selon l’Autorité des marchés financiers, environ 3 millions d’actionnaires avaient profité de la baisse des cours pour acheter des actions. La correction en cours permet l’acquisition d’actions à prix cassé. Elle permet de réaliser des arbitrages intéressants.

Il faut rappeler que les actions sont des placements de moyen et de long terme. la performance se constate dans le temps. L’année 2024 avait été exceptionnelle, celle de 2025, pour le moment, est mauvaise mais il reste huit mois…

L’assurance vie : la course en tête en février

Assurance vie | Résultats février 2025

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

L’assurance vie avec un encours de 2038 milliards d’euros assume parfaitement son rôle de leader de l’épargne française en accumulant en ce début d’année d’excellents résultats en lien avec l’amélioration du rendement des fonds euros et la baisse des taux de rémunérations des placements bancaires dont le Livret A. Les ménages ont, en février, poursuivi ainsi la réorientation de leur épargne en faveur des placements de long terme plus rémunérateurs. La guerre commerciale engagée de Donald Trump peut-elle, en revanche, rebattre les cartes dans les prochains mois ?

 
Un mois de février « canon »

 
La collecte nette de l’assurance vie a atteint, en février, 5,8 milliards d’euros. Il faut remonter à février 2006 pour enregistrer un résultat supérieur (7,2 milliards d’euros). En janvier 2025, la collecte nette avait été déjà importante (4,5 milliards d’euros). En deux mois, l’assurance vie a bénéficié d’une collecte nette de près de plus de 10 milliards d’euros, soit un niveau deux fois plus élevé qu’en 2024. En février 2024, la collecte nette avait été de 3,3 milliards d’euros.
 
Février est traditionnellement un mois favorable pour l’assurance vie. Depuis 1996, aucune décollecte n’y a été constatée. Sur ces dix dernières années, la collecte moyenne, en février, atteint 2 milliards d’euros. En 2025, la collecte nette a, néanmoins, été près de trois fois supérieure à la moyenne décennale.
 
L’assurance vie profite à plein de la baisse du taux de rémunération du Livret A et de la préférence des ménages pour l’épargne de long terme.

 
Les cotisations à un haut niveau


En février 2025, les cotisations d’assurance vie sont en légère hausse de +2 % par rapport à février 2024, soit +0,4 milliard d’euros, et se sont élevées à 17,0 milliards d’euros, leur plus haut niveau historique pour un mois de février. Elles augmentent pour les supports en unités de compte (UC, +14 %) et diminuent pour ceux en euros (-5 %).
 
Depuis le début de l’année, les cotisations ont progressé de 6 % pour atteindre 34,2 milliards d’euros. La hausse est de 10 % pour les unités de compte et de 3 % pour les fonds euros. La part des UC dans les cotisations a été, en février, de 41 % contre 43 % en janvier.
 
Les ménages français ne relâchent pas leur effort d’épargne dans un contexte qui demeure anxiogène.


Des prestations en nette baisse

 
Les ménages ont moins retiré d’argent en février 2025 qu’un an auparavant. Les prestations se sont élevées à 11,1 milliards d’euros au cours du deuxième mois de l’année en baisse de 16 % par rapport à février 2024. Elles diminuent à la fois pour les supports en euros (-1,7 milliard d’euros, soit -16 %) et ceux en unités de compte (-0,4 milliard d’euros, soit -4 %). Sur les deux premiers mois de l’année, les prestations sont en recul de 11 %, à 23,9 milliards d’euros.
 
Les moindres rachats témoignent d’une attractivité plus forte de l’assurance vie et du faible niveau de l’investissement immobilier.

 

Le retour des fonds euros dans le vert

Au mois de février, la collecte nette des fonds euros a été positive de 1,3 milliard d’euros quand elle était négative en décembre et janvier derniers. Celle des unités de compte dépasse de son côté 4 milliards d’euros.

 
L’assurance vie : the place to be ?

 
Le premier placement des ménages profite du rendement des fonds euros, redevenu plus compétitif avec la baise des rémunérations des livrets bancaires et des dépôts à terme ainsi qu’avec la hausse des taux obligataires. Ces derniers influent directement sur le rendement des fonds euros. Celui-ci pourrait se rapprocher de 3 % cette année, creusant l’écart avec celui du Livret A. en effet, ce dernier devrait à nouveau baisser le 1er août. Il devrait passer en-dessous des 2 % compte tenu de l’évolution de l’inflation et des taux directeurs de la Banque centrale européenne.
 
L’assurance vie pourrait être, en revanche, pénalisée par la guerre commerciale lancée le 2 avril dernier par Donald Trump. Le caractère anxiogène de la situation économique et géopolitique pourrait, par ailleurs, amener les ménages à se tourner une fois de plus vers les placements de court terme comme le Livret A.
 
La forte baisse des valeurs boursières peut-elle occasionner un reflux des unités de compte ? Lors des dernières périodes de baisse, épidémie covid, guerre en Ukraine ou crise politique en France, les assurés avaient été relativement stoïques voire opportunistes. La baisse des cours constitue une opportunité pour acheter des valeurs. Cela suppose que la crise soit courte ce qui n’est pas, en l’état actuel, garanti. Une réponse commune des Européens avec la réaffirmation de l’Union à travers le lancement de plans de relance et de soutien à l’activité pourrait y contribuer.

Cercle de l’Épargne – données France assureurs
Cercle de l’Épargne – données France assureurs

Le Livret A plie mais ne rompt pas 

Résultat du Livret A en février

Analyse de par Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Le Livret A poursuit sur la lancée du mois de janvier avec une collecte modeste mais positive en février. La baisse du taux de rémunération le 1er février ne s’est pas accompagnée d’une sanction de la part des épargnants. La collecte se normalise, les ménages semblant préférer l’assurance vie au potentiel de rendement supérieur.
 
Livret A : une collecte de 940 millions d’euros en février
 
Le Livret A a fait mieux en février qu’en janvier avec une collecte de 940 millions d’euros, contre 350 millions d’euros. Ce résultat est néanmoins inférieur à la moyenne de ces dix dernières années, qui était de 1,8 milliard d’euros. En février 2024, elle avait atteint 2,3 milliards d’euros, et en février 2023, le niveau astronomique de 6,27 milliards d’euros. À l’époque, le Livret A était porté par son rendement de 3 % et par le caractère anxiogène de la guerre en Ukraine.
 
Ces dix dernières années, le Livret A n’a connu en février que deux décollectes, en 2016 (-0,51 milliard d’euros) et en 2015 (-0,97 milliard d’euros), années marquées par la baisse du taux de rendement.
 
Avec la collecte du mois de février, l’encours du Livret A bat un nouveau record à 442,5 milliards d’euros.
 
Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) : une collecte de 640 millions d’euros en février
 
Le LDDS affiche également une collecte plus élevée en février, à 640 millions d’euros, contre 460 millions d’euros en janvier. Ce résultat est néanmoins inférieur à celui de février 2024 (1,04 milliard d’euros).
 
La collecte de février 2025 est légèrement supérieure à la moyenne de ces dix dernières années (500 millions d’euros). Deux décollectes ont été enregistrées sur cette période, en 2016 (-120 millions d’euros) et en 2015 (-230 millions d’euros).
 
L’encours du LDDS atteint, avec 161,7 milliards d’euros, un nouveau sommet.
 
Le Livret d’Épargne Populaire (LEP) : un léger mieux en février
 
Comme le Livret A et le LDDS, le Livret d’Épargne Populaire améliore sa collecte en février par rapport à janvier, avec 350 millions d’euros contre 110 millions. Ce chiffre est cependant loin du résultat de février 2024 (+1,39 milliard d’euros). Avec un encours de 82,7 milliards d’euros, le LEP est à son plus haut historique.
 
Normalisation sur fond de baisse du rendement
 
La collecte du Livret A, comme celle du LDDS et du LEP, se banalise. Elle n’a pas été excessivement affectée par la diminution des taux de rémunération. Les ménages semblent accepter cette baisse, mais ils sont désormais plus enclins à regarder ailleurs si l’herbe est plus verte. L’assurance vie a ainsi commencé l’année sur les chapeaux de roue.
 
Les prochains mois pourraient réserver quelques évolutions, voire des surprises. La multiplication des fausses informations concernant l’utilisation par l’État de l’argent des ménages pour financer la défense va-t-elle provoquer une défiance des épargnants ? À l’inverse, l’augmentation des tensions internationales en Europe pourrait-elle conduire à une nouvelle hausse de l’épargne de précaution ? Il faudra attendre le mois de mars pour disposer de premiers éléments de réponse.
 
Le contexte ne pousse pas à un réel relâchement de l’effort d’épargne. Avec la baisse de l’inflation et la diminution du rendement de l’épargne réglementée, les ménages pourraient laisser à nouveau plus d’argent sur leurs comptes courants. La bonne tenue du rendement des fonds euros de l’assurance vie pourrait continuer à doper la collecte de ce produit, qui reste en volume le premier placement financier des ménages.
 
La collecte du Livret A comme du LDDS en février traduit donc une certaine normalisation après plusieurs années exceptionnelles.
 

Nouveau record pour l’or à 3500 dollars

Interrogé dans le Figaro, Philippe Crevel rappelle que l’or constitue une valeur refuge pour les investisseurs et les épargnants. Le climat économique et géopolitique constitue ainsi selon lui terreau favorable à l’envolée du métaux rare. « Une fois passé les droits de douane et les craintes liées à l’inflation, c’est maintenant la menace portée sur l’indépendance de la banque centrale américaine qui entraîne un regain d’inquiétude sur les marchés et donc un rebond de l’or.«  explique-t-il ainsi dans les colonnes du journal.

Des fonds « verts kakis » pour les épargnants

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Le Ministère de l’Économie a opté pour la mobilisation de l’épargne en faveur de la défense à travers la mise en place de fonds d’investissement. La Banque Publique d’Investissement créera un fonds accessible au grand public qui pourra acquérir des parts ou des unités de compte pour une valeur d’émission de 500 euros. Ces titres seront logeables dans des contrats d’assurance vie (unités de compte) ou dans des comptes titres (parts).
 
Ce fonds dont le capital pourrait atteindre 450 millions d’euros aura la faculté de prendre des participations ou de prêter de l’argent aux entreprises du secteur de la défense. Il aura, à ce titre, vocation à faciliter le financement des investissements rendus nécessaires par l’augmentation des commandes publiques de matériels de défense au sein de l’Union européenne. Le Ministre de l’Économie a évoqué un besoin de 5 milliards d’euros pour l’industrie de la défense.
 
D’autres fonds mis en œuvre par des acteurs de la place financière française et européenne devraient être également accessibles.
 
En collectant autour de 600 millions d’euros par effet de levier, les fonds pourraient prêter 5 milliards d’euros. Il est fort probable que les fonds n’interviendront pas exclusivement sous la forme de prêts ou d’émission d’obligations pour le compte de tiers, ils devraient également prendre des participations (actions).

 
Un choix logique

Le choix des fonds d’investissement est la réponse la plus rapide pour mobiliser de manière volontaire l’épargne des ménages. En pouvant loger ces fonds dans l’assurance vie, l’industrie de la défense accède ainsi au premier placement des ménages dont l’encours a dépassé 2 000 milliards d’euros en janvier 2025. Les assurés sont de plus en plus prompts à investir en unités de compte, ces dernières années. Ces unités de compte ont représenté 40 % de la collecte de l’assurance vie en 2024, les 60 % restant étant dévolus aux fonds en euros.
 

Un placement volontaire de la part des épargnants

 Aucune ponction, aucun prélèvement ou orientation obligatoire de l’épargne des ménages n’est prévu. Le gouvernement n’a pas opté pour un grand emprunt national qui n’aurait ajouté que de la dette publique à la dette publique. Un tel emprunt aurait été, en outre, compliqué à mettre en œuvre tout comme la création d’un nouveau Livret d’épargne. Le Livret A n’est pas un outil adapté pour financer sur le long cours des entreprises qui interviennent sur le secteur concurrentiel de l’industrie de la défense. Le Livret A ne permet pas des prises de participation dans des entreprises non cotées. Produit liquide par nature, il n’est pas armé pour des investissements de long terme dans des entreprises.
 
Les épargnants pourront donc opter pour les unités de compte ou les parts des fonds « défense ». De manière indirecte, dans le cadre de la diversification, les assureurs pourraient insérer dans leurs fonds euros des parts des fonds « défense ».
 

Un placement par nature de long terme et potentiellement attractif

 La montée en puissance de l’industrie de la défense européenne nécessitera du temps. Il est de ce fait logique que le retour sur investissement ne soit pas immédiat. Le Ministre de l’Économie a prévu une période de blocage de 5 ans, le temps nécessaire pour la réalisation des investissements. Cela signifie que les acheteurs ne pourraient pas céder leurs parts durant ce délai. Un tel blocage existe par exemple pour des produits comme le FCPI, des fonds qui financent des entreprises à forte croissance, en particulier dans le secteur technologique. En revanche, à la différence des FCPI, le gouvernement n’a pas associé d’avantage fiscal pour l’achat de parts de son fonds vert kaki.
 
Compte tenu de la progression de la demande en équipements militaires, le rendement de ce fonds pourrait être attractif et se situer au-dessus de la moyenne sur longue période. 
 
 
 
 

L’épargne pour financer la défense ? « L’État ne va pas puiser dans la cagnotte des ménages »

Comment financer l’effort de défense ? Comment l’épargne des ménages peut être mobiliser ? Réponses dans cette interview de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne à lire dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.

Les Français conserveraient de plus en plus d’argent liquide à leur domicile

Dans Ouest France, Philippe Crevel rappelle que « retirer de l’argent en période de crise, c’est un réflexe traditionnel. L’argent liquide apparaît comme une forme de sécurité »

Assurance-vie : ces signaux à surveiller si la hausse des taux se poursuit

Face aux risques potentiels que pourraient engendrer une hausse brusque de tes taux, Philippe Crevel se veut rassurant. Le Directeur du Cercle de l’Epargne rappelle que les assureurs « ont tous fait les crashs tests et aucun assureur français n’était en difficulté ». Il précise par ailleurs que l’assurance vie engrange actuellement les records de collecte.

Epargne : l’Etat va-t-il piocher dans votre Livret A pour financer la défense ?

Interrogé dans Capital, le Directeur du Cercle de l’Epargne revient sur les annonces des pouvoirs publics concernant l’effort de défense et la mobilisation de l’épargne des ménages. Il précise qu’«il y a un amalgame entre l’idée de “mobiliser” l’épargne des Français, c’est-à-dire de permettre à ceux qui le souhaitent d’investir dans notre défense, et celle de les “ponctionner”, qui laisse entendre que l’Etat pourrait « se servir » sur leurs comptes en toute impunité».

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