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2024 : une année « épargne »

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

En 2024, les Français ont privilégié l’épargne à la consommation. Sur l’ensemble de l’année, ils ont, selon l’INSEE, mis de côté 18,2 % de leur revenu disponible brut, soit 1,3 point de plus par rapport à 2023. Le taux d’épargne est supérieur de 3,6 points à son niveau d’avant la crise sanitaire (2019). En 2024, les Français ont bénéficié, avec le recul de l’inflation, de gains de pouvoir d’achat, +2,5 % (+1,9 % par unité de consommation).

Les ménages n’ont que marginalement utilisé leurs gains de pouvoir d’achat pour la consommation qui n’a enregistré, sur l’ensemble de l’année, qu’une hausse de 0,9 %. Ils ont opté pour la prudence et l’attentisme. La baisse de l’inflation n’a été appréhendée que tardivement en 2024. Les ménages ont continué à maintenir une importante épargne de précaution pour faire face à une éventuelle remontée des prix.

La crise politique, à compter du mois de juin, a provoqué, au troisième trimestre, une hausse du taux d’épargne. Les incertitudes tant nationales qu’internationales alimentent de manière traditionnelle l’épargne. Au dernier trimestre, un léger fléchissement a été constaté. La consommation des ménages en volume a augmenté plus vite que leur pouvoir d’achat avec, par voie de conséquence, un léger fléchissement du taux d’épargne qui est passé de 18,5 à 18,4 % du revenu disponible brut.

La préférence pour l’épargne s’est traduite par des recettes de TVA plus faibles que prévu ce qui a alimenté le déficit public. Les pouvoirs publics espèrent une reprise de la consommation en 2025, avec la persistance d’une inflation contenue. L’amélioration de la confiance et la levée de certaines hypothèques nationales et internationales seront nécessaires pour la réalisation de ce scénario.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Les jeunes et l’épargne : entre prudence et nouvelles tendances

Boursorama revient sur l’étude AG2R LA MONDIALE AMPHITEA CERCLE DE L’EPARGNE consacrée aux jeunes et leur comportements en matière de placements.

Macron évoque des « produits d’épargne » pour financer en partie la défense : à quoi cela pourrait-il ressembler ?

Sur TF1, Philippe Crevel est invité à commenter les propos du Président de la République sur l’éventuelle création d’un nouveau produit destiné à financer les dépenses de défense. Le Directeur du Cercle de l’Epargne, explique ainsi que « l‘idée est de permettre à l’État de moins dépenser, en faisant financer la politique de défense par les épargnants, qui se substituent aux contribuables. On pourrait penser à un livret défense, sous la forme d’un Livret A ».

Les jeunes favorables à une réforme fiscale pour encourager l’épargne verte

L’argus de l’assurance revient sur l’étude consacrée aux placements des jeunes réalisée par AG2R LA MONDIALE, AMPHITEA et le Cercle de l’Epargne. L’épargne retraite et la finance durable figurent ainsi parmi les priorités des moins de 35 ans.

Coup de froid pour le Livret A en janvier ! 

Résultats du Livret A – LDDS – LEP janvier 2025

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

L’annonce de la baisse de la rémunération du Livret A, du Livret de Développement Durable et Solidaire et du Livret d’Épargne Populaire a eu un effet direct sur leur collecte.  
 
Livret A : la plus mauvaise collecte de ces neuf dernières années
 
La collecte du Livret A s’est élevé à 350 millions d’euros en janvier, loin de son montant du mois de décembre 2024 (2,99 milliards d’euros) ou de celle du mois de janvier 2024 (2,27 milliards d’euros). Elle est sans comparaison avec celle de 2023 (9,27 milliards d’euros). Il faut remonter à 2016 pour retrouver, en janvier, un plus mauvais résultat (-850 millions d’euros).
 
Le premier mois de l’année est logiquement porteur pour les produits d’épargne réglementée. Les titulaires de Livret A, de LDDS et de LEP y versent une partie de leurs étrennes, de leurs primes et de leur treizième mois. Sur ces dix dernières années, le montant moyen de la collecte pour le Livret A, en janvier, était de 3,4 milliards d’euros. Depuis 2009, seules deux décollectes ont été enregistrées en janvier (2015 et 2016).
 
L’annonce, le 15 janvier dernier, par le Ministre de l’Économie, de la baisse du taux du Livret A de 3 à 2,4 %, baisse devenue effective le 1er février, a freiné les ardeurs des épargnants. Le Livret a subi un réel coup de froid traduisant la sensibilité des ménages à l’évolution du taux de rémunération. En règle générale, une baisse de la rémunération se fait ressentir sur la collecte pendant trois mois.
 
Malgré la faible collecte du mois de janvier, le Livret A bat un record d’encours à 442,9 milliards d’euros. 
 
 
Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) : baisse moins sévère de la collecte
 
La collecte du mois de janvier 2025 s’est élevée,  pour le LDDS, à 460 millions d’euros soit un montant proche de la moyenne de ces dix dernières années (457 millions d’euros). Cette collecte est néanmoins en retrait par rapport à celle du mois de janvier 2024 (980 millions d’euros) et par rapport à celle du mois de décembre 2024 (940 millions d’euros). La meilleure résilience du LDDS par rapport au Livret A est liée à son association plus fréquente avec le compte courant. Le LDDS est en effet souvent détenu dans le même établissement financier que le compte courant principal de l’épargnant ce qui permet des aller-retour plus faciles qu’avec le Livret A dont la banalisation de la distribution n’est effective que depuis 2009.
 
Comme pour le Livret A, le LDDS n’a connu en 16 ans que deux décollectes en janvier, en 2015 (-200 millions d’euros) et en 2016 (-320 millions d’euros).
 
L’encours du LDDS, à fin janvier 2025 bat également un nouveau record à 161 milliards d’euros.
 
Le Livret d’Épargne Populaire (LEP) touché par la baisse de sa rémunération
 
Le Livret d’Épargne Populaire comme le Livret A a été touché par l’annonce de la baisse de sa rémunération en janvier. Celle-ci est passée le 1er février dernier de 4 à 3,5 %. La collecte qui s’était élevée à 630 millions d’euros au mois de décembre 2024 n’a atteint que 110 millions d’euros en janvier 2025. Un an auparavant, elle avait été de 1,92 milliard d’euros. Le LEP bat malgré tout un nouveau d’encours en janvier (82,3 milliards d’euros).
 
Un début d’année moins porteur que les années précédentes
 
Du 1er février 2023 au 1er février 2025, les épargnants ont bénéficié du gel du taux du Livret A à 3 %, sachant que ce taux était de 0,5 % en 2020. Le taux de 3 % et le contexte anxiogène – guerre en Ukraine – inflation – crise politique – ont conduit à une forte augmentation de la collecte. La baisse du taux du Livret A marque une rupture et pourrait augurer l’entrée dans un nouveau cycle, plus favorable à l’épargne longue et à la consommation, sous réserve que les incertitudes ne se multiplient pas sur les fronts économique, politique et international. 
 
 
 ANNEXES
  

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations
 

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations
 
 
Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations
 
 
 

«Faire appel à la nation» : comment Emmanuel Macron compte financer la montée en puissance des dépenses de défense

Dans le Figaro, Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne explique que les pouvoirs publics cherchent depuis plusieurs années des ressources pour accroître les dépenses militaires. Il rappelle ainsi qu’«il y avait déjà eu plusieurs propositions ces derniers temps dans la même tonalité que celle d’Emmanuel Macron, comme celle de flécher l’épargne du Livret A vers la défense, mais rien n’a été concrétisé».

Retraites : « Les retraités de l’Etat sont financés à travers nos impôts » Philippe Crevel

Philippe Crevel était invité sur Europe 1 à commenter le rapport présenté par la Cour des Comptes sur les besoins financiers du système de retraite.

À quand un véritable pilier d’épargne retraite en France  ?

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Un fonds de pension est une structure juridique qui a pour objectif de recueillir les cotisations versées par les adhérents en vue de leur constituer des compléments de revenus ou de capital pour leur retraite. Les cotisations recueillies sont allouées à l’acquisition de valeurs mobilières ou immobilières. Pour favoriser le développement de la retraite par capitalisation et donc des fonds de pension, des dispositions fiscales et sociales incitatives sont mises en œuvre par les pouvoirs publics.

La France, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, a fait le choix du « tout répartition » dans le cadre de la mise en place de la Sécurité sociale. Le Conseil de la Résistance reprenait, dans les faits, le système institué, en 1941, par le Régime de Vichy. En effet, le décret-loi du 14 mars 1941 avait institué l’Assurance Vieillesse du Travailleur Salarié qui reposait sur un minimum vieillesse et sur une pension de retraite par répartition au bénéfice des assurés du commerce et de l’industrie ainsi que pour les professions agricoles. Cette réforme a été mise en œuvre par le Ministre du Travail, René Belin qui était un ancien dirigeant de la CGT. Avant la Seconde Guerre mondiale, la grande majorité des régimes de retraite reposaient sur la capitalisation. Ces régimes ne couvraient qu’une partie des salariés en France. Durant l’entre-deux-guerres, l’Assemblée nationale avait échoué, faute de consensus, à instaurer un régime couvrant l’ensemble de la population active.

Le Régime de Vichy souhaitait instituer une couverture générale en matière de retraite après l’échec du dispositif adopté en 1930 qui reposait sur un système de retraite par capitalisation. Le système de 1941 prévoyait que la pension soit calculée en fonction du nombre d’années de cotisations et du montant des salaires soumis à cotisations comme cela est le cas dans le système actuel. Pour amorcer le nouveau régime par répartition, le Régime de Vichy décida de préempter les fonds de retraite capitalisés qui avaient été créés depuis 1930. À la Libération, après avoir déclaré que toutes les lois de Vichy étaient nulles et non avenues, le législateur reprit dans les faits le système des retraites en vigueur depuis 1941.

Le programme du Conseil National de la Résistance publié le 15 mars 1944 avait fixé comme objectif l’instauration « d’un plan complet de Sécurité Sociale visant à assurer à tous les citoyens les moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, la gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ». Il indiquait également qu’« une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours » devait être instituée. Ces engagements ont été repris dans le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, préambule qui est également celui de la Ve République.

La montée en puissance de la répartition a été facilitée par la forte croissance de la masse salariale et par le nombre réduit de personnes âgées durant les 30 Glorieuses. Les saignées de la Première Guerre Mondiale, la Grippe Espagnole puis les classes creuses de l’entre-deux-guerres ont pesé lourdement sur le nombre de retraités jusque dans les années 90. De ce fait, la répartition procurait un meilleur rendement que la capitalisation. En outre, la France avait besoin de capitaux pour reconstruire ses équipements. Par ailleurs, le poids du secteur public rendait moins nécessaire le financement en capitaux privés d’une économie qui est restée fortement administrée jusque dans les années 80.

À la différence d’autres pays, le deuxième pilier de retraite mis en place par les partenaires sociaux, sur une base professionnelle, a également retenu le principe de la répartition. Il s’agit essentiellement de l’AGIRC et de l’ARRCO. La méfiance vis-à-vis des marchés financiers, la mauvaise réputation de la rente et les données démographiques et économiques mentionnées ci-dessus expliquent ce choix.

La capitalisation a été, dès le départ, cantonnée à un rôle marginal au sein du système de retraite français. Certes, certains secteurs comme l’assurance, la banque ou la pétro-raffinerie ont conservé des dispositifs par capitalisation – soit au niveau de la branche professionnelle soit au niveau des entreprises – mais cela est longtemps resté anecdotique.

LE FAIBLE POIDS DE LA CAPITALISATION EN FRANCE

Le choix de la répartition en 1944 n’a pas empêché la mise en place de produits d’épargne retraite soit individuels ou collectifs. Cette mise en place a été réalisée au fil de l’eau sans plan d’ensemble. Il en a résulté une kyrielle de produits ayant chacun leurs spécificités. Certaines branches professionnelles ont ainsi transformé leur ancien régime de retraite devenu inutile en supplément par capitalisation. Ce fut le cas dans la pétro-chimie qui a institué un régime à prestations définies pour tous ses salariés. D’autres entreprises ont préféré conserver le régime de retraite qui avait été  institué avant la guerre. Ces derniers sont devenus des régimes spéciaux essentiellement géré en répartition, à l’exception de celui de la Banque de France.

Des montants et un encours limité

L’épargne retraite reste, en France, malgré l’adoption de la loi PACTE et la création du Plan d’Epargne Retraite, embryonnaire. Les cotisations versées sur les différents produits d’épargne retraite représentaient, en 2022 selon la DREES, 5,1 % de l’ensemble des cotisations retraite. Les prestations d’épargne retraite versées aux retraités représentaient de leur côté 2,3 % de l’ensemble des prestations servies. Au sein de l’OCDE, la moyenne est de 15 %. Toujours selon la DREES, l’encours de l’épargne retraite s’élevait, en 2022, à 260 milliards d’euros, loin derrière l’assurance vie (1 900 milliards d’euros)) ou même le Livret A (440 milliards d’euros).

Cercle de l’Épargne

DREES

La France est en retrait en matière d’épargne retraite vis-à-vis de ses partenaires. La spécificité française provient du choix opéré à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. À l’époque, l’objectif des pouvoirs publics était le versement immédiat de prestations aux retraités. Le système de retraite par répartition était le seul à même à répondre à cet objectif. En outre, la forte croissance démographique et économique rendait le financement des régimes par répartition aisé d’autant plus que le nombre de retraités était faible. L’équation s’est retournée à partir des années 1990 avec le vieillissement démographique et le ralentissement des gains de productivité.

Encours des fonds de pension et de l’épargne retraite au sein de l’OCDE

OCDE

Le financement de la retraite est assuré en quasi-totalité ou presque par les régimes publics obligatoires en France. En France, les fonds de pension ont été connotés négativement pour des raisons en grande partie idéologiques. L’opposition à la capitalisation n’a pas existé au sein des autres États de l’OCDE que ce soit la Suède, les Pays-Bas, le Royaume-Uni ou les États-Unis.

Part des dépenses (publiques et privées) de retraite dans le PIB

OCDE

Un large consensus en faveur de l’épargne retraite

L’épargne retraite n’est pas, contrairement à certains clichés, un sujet de conflits. Il n’y a pas d’opposition réelle à la mise en place de suppléments de retraite par capitalisation, sachant que les régimes par répartition assurent une grande part des revenus des retraités. 56 % des Français, selon l’enquête AG2R LA MONDIALE – AMPHITÉA – Cercle de l’Épargne réalisée en 2023, sont favorables à la mise en place d’un système de retraite mixte ou en capitalisation pure (41 % pour un système mixte, 15 % pour un système 100 % par capitalisation). Quels que soient les sensibilités politiques ou l’âge des sondés, l’épargne retraite fait l’objet d’un large consensus. Les plus jeunes y sont les plus favorables, tout comme les cadres. Près des trois quarts des 18/24 ans se prononcent en faveur d’un tel système. Leur forte adhésion à la capitalisation n’est pas sans lien avec leurs doutes sur la pérennité de la répartition même si, dans les faits, cette dernière ne peut pas techniquement faire faillite. 70 % des cadres supérieurs et 59 % des cadres moyens indiquent leurs préférences pour un système mixte.

PETIT TOUR DES FONDS DE PENSION EXISTANTS

De manière assez originale, les fonctionnaires furent les premiers (hors anciens régimes d’entreprise) à se doter de compléments de retraite par capitalisation (COREM pour l’éducation nationale, CRH pour les hospitaliers, Préfon pour l’ensemble de la fonction publique). Les indépendants et les professions libérales ainsi que les exploitants agricoles ont eu accès, en 1994, à un produit d’épargne retraite dédié avec les contrats Madelin. La loi Fillon a créé le Plan d’Épargne Retraite Populaire (PERP), un produit d’épargne retraite individuel dédié à l’ensemble de la population. Sur le plan collectif, à côté des supplément de retraite à prestations définies (article 39) cohabitaient les régimes obligatoires à cotisations définies (article 83) et les Plans d’Épargne Retraite Collectifs (PERCO) créés par la loi Fillon en 2003 et qui s’inscrivent dans la logique de l’épargne salariale.

Le Plan d’Épargne Retraite créé en 2019 par la loi PACTE réunit sous une même réglementation les régimes individuels et collectifs hors régimes à prestations définies.

Un taux de couverture à l’épargne  retraite faible et inégal

Moins du quart de la population active est couverte par un produit d’épargne retraite en France. L’épargne retraite concerne essentiellement les cadres, les indépendants et les professions libérales ainsi que les salariés des grandes entreprises.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Le montant des cotisations demeure faible, ne permettant pas en moyenne d’offrir des compléments de revenus substantiels. Les cotisations s’élèvent à un peu plus de 18 milliards d’euros.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Les prestations versées par les différents régimes de retraite ont atteint 8 milliards d’euros en 2022.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Le montant des rentes annuelles pour les bénéficiaires demeure trop faible pour prétendre à jouer le rôle de véritable supplément. Cette situation est en lien avec la modicité des cotisations.

Cercle de l’Épargne – données DREES

La situation est identique pour les sorties en capital.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Le cas particulier du régime additionnel de la fonction publique

Dans la fonction publique, les fonctionnaires disposent déjà d’un produit qui est de facto par capitalisation, la retraite additionnelle de la fonction publique. Ils cotisent sur leurs primes (cotisations fonctionnaires et cotisations employeurs)

L’Établissement du Régime Additionnel de la Fonction Publique gère le Régime de Retraite additionnelle de la Fonction publique qui a été institué par la loi n°2003-775 du 21 août 2003 portant réforme des retraites dite loi Fillon. Chaque bénéficiaire dispose ainsi d’un compte individuel retraite RAFP accessible et consultable via son espace personnel dans lequel sont cumulés ses points RAFP. 4,5 millions de fonctionnaires des trois fonctions publiques disposent d’un compte.

L’employeur déclare chaque année les cotisations de ses agents (le taux de cotisation étant réparti à parts égales entre l’agent, 5 %, et l’employeur, 5 %) calculées sur leurs rémunérations accessoires dans la limite de 20 % du traitement indiciaire brut.

Les primes qui peuvent représenter, pour certains corps de fonctionnaires, plus de 20 % des traitements perçus n’étaient pas intégrées pour le calcul de la pension. Afin d’améliorer les futures pensions des fonctionnaires, il a été institué le Régime Additionnel de la Fonction Publique (RAFP). Comme pour les complémentaires du privé, les cotisations servent à acquérir des points dont la valeur à la liquidation permettra de calculer le montant de la pension. Si la liquidation intervient après 60 ans, une majoration est appliquée.

L’actif net du RAFP s’élevait, fin 2023, à 43,3 milliards d’euros. En 2023, il a perçu, 2,15 milliards d’euros de cotisations et versé 423 millions d’euros. 43 000 employeurs publics y sont affiliés. Le taux de rendement des placements était, depuis la création du régime en 2005, de 4,2 %. Il était de 8,8 % en 2023.

La Préfon : le régime supplémentaire pour les fonctionnaires et les contractuels de la fonction publique

La Préfon est une association qui a comme mission de proposer un supplément d’épargne retraite individuel aux fonctionnaires et aux contractuels des fonctions publiques. Le conseil d’administration est majoritairement composé de membres issus des différents syndicats représentatifs au sein des fonctions publiques. Ce supplément est disponible depuis le 1er janvier 1968. Il est géré par la CNP. Le produit d’épargne retraite de la Préfon est, depuis 2020, dans les faits un Plan d’Épargne Retraite.

La Préfon compte 220 000 cotisants et 150 000 allocataires. Elle gère 14 milliards d’euros.

Le fonds de réserve des retraites

Le Fonds de Réserve des Retraites (FRR) fut créé par la loi de financement de la Sécurité Sociale de 1999. Ce fonds était destiné à lisser, entre 2020 et 2040, les effets du papy-boom en limitant la hausse des cotisations sociales. La loi rappelait que les sommes devaient rester indisponibles jusqu’en 2020 et ne devaient servir qu’au régime général et aux régimes alignés. D’autres pays comme les Pays-Bas, l’Espagne, le Portugal et la Belgique ont également, au même moment, créé des fonds de réserve.

Le FRR fonctionne comme un fonds de pension ou comme un fonds souverain. Afin de pouvoir jouer pleinement son rôle, il était prévu initialement de le doter de plus de 150 milliards d’euros provenant des recettes de privatisation et de plusieurs taxes.

Le Fonds a connu une montée en charge rapide jusqu’en 2003 avant de connaître une inflexion à partir de 2004-2005 avec la disparition des ressources non pérennes en lien avec la fin des produits des privatisations, des excédents de la CNAV et du FSV et de la vente des licences de téléphonie mobile.

La réforme des retraites de 2010 a modifié son rôle. Le FRR est désormais en charge de financer la Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale (CADES) qui reçoit la dette de la Sécurité Sociale.

Les actifs du Fonds de Réserve des Retraites atteignent 22 milliards d’euros. Le rendement moyen de 2004 à 2023 est de 3,59 % annuel. En 2023, le rendement a été de 9,68 %.

Le FRR est devenu un fonds souverain qui est utilisé non pas pour améliorer les retraites des assurés mais pour éponger les dettes passées. C’est pour cette raison que le recours à un fonds géré par l’État pour instaurer des suppléments de retraite serait une erreur. La menace d’un dévoiement des ressources affectées serait importante.

 Le Plan d’Épargne Retraite : une création récente

Créé par la loi PACTE de 2019, le Plan d’Epargne Retraite (PER) est depuis le 1er octobre 2020 le seul produit d’épargne à cotisations définies pouvant être commercialisés. Le PER peut être :

  • Individuel (PERI) ;
  • Entreprise Collectif (PERCO) ;
  • Entreprise Collectif  obligatoire (PERECO).

À la fin du 3e trimestre, selon les données du Ministère de l’Économie publiées le 18 février 2025, la France comptait 11,2 millions de titulaires du PER, pour un total de 118,9 milliards d’euros d’encours, contre 113,8 milliards d’euros enregistrés au 30 juin 2024. Cet encours se décompose de la manière suivante :

  • 27,2 milliards d’euros pour les PER d’entreprise collectifs ;
  • 23,6 milliards d’euros pour les PER d’entreprise obligatoires ;
  • 68,1 milliards d’euros pour les PER individuels.

Près d’un PER sur deux correspond à l’ouverture d’un nouveau contrat et n’est pas issu d’un transfert de produits d’épargne retraite antérieur à la loi PACTE.

Ces produits apportent une contribution au financement des entreprises, avec plus de 80 % des actifs investis en France et dans l’Union européenne et plus de la moitié des actifs investis en titres de capital ou assimilé, dont plus de 3,5 milliards d’euros en actifs non cotés.

Le PER a réalisé une percée qui reste à confirmer. Durant ces premières années, il a bénéficié des transferts des anciens produits d’épargne retraite (PERP, Contrat Madelin Préfon, UMR, PERCO, etc.). La déduction fiscale à l’entrée le rend attractif pour les ménages imposées dans les tranches élevées de l’impôt sur le revenu. Le PER peine, cependant, à élargir sa sphère de diffusion.

QUELS OBJECTIFS ET PISTES POUR L’ÉPARGNE RETRAITE EN FRANCE

Épargne retraite pour toutes et tous : le compte d’épargne retraite

L’épargne retraite ne doit pas venir en substitution mais en supplément de la retraite par répartition. Il ne faut pas déshabiller Pierre pour habiller Jacques. Hors de question de prendre les réserves des régimes complémentaires, bien au contraire ! Ces deniers pourraient être incités à développer des fonds de pension en supplément des régimes par répartition qu’ils proposent.

L’ensemble des actifs publics et privés doivent être couverts par un produit d’épargne retraite. À cette fin, chaque actif devrait être doté d’un compte épargne retraite retraçant les droits capitalisés que ce soit à titre individuel ou collectif. Il serait le pendant du compte retraite pour la répartition. Les fonctionnaires disposent déjà d’un compte de retraite par capitalisation avec le RAFP.

Ce compte devra suivre l’actif durant toute sa vie professionnelle. Il retracera les opérations effectuées au titre de la capitalisation.

L’assurance retraite retrace déjà tous les plans d’épargne retraite souscrits par les assurés. Il suffirait qu’un compte soit ouvert dès la première affiliation professionnelle.

Un accès réel et immédiat à l’épargne retraite

Le fléchage d’une partie des primes et de l’épargne par défaut vers l’épargne retraite

Tous les salariés doivent bénéficier de l’épargne retraite. À cette fin, une partie des primes, l’épargne salariale seraient par défaut versées sur les plans d’épargne retraite en franchise d’impôts et de charges sociales. Les salariés pourraient également effectuer des versements individuels donnant lieu à crédits d’impôt. 

Au niveau des entreprises ou au niveau des branches, des accords pourraient être négociés pour préciser les modalités des versements et permettre un large accès à l’épargne retraite.

Pour les fonctions publiques, la montée en puissance du RAFP

Aujourd’hui, les fonctionnaires ne cotisant qu’à hauteur de 20 % de leurs primes. Ils devraient a minima le faire sur l’ensemble de leurs primes sachant que celles-ci jouent un rôle croissant dans leur rémunération. Une partie des primes pourrait être affectée à l’épargne retraite.

L’affectation des recettes liées aux privatisations ou des dividendes des entreprises publiques à l’épargne retraite des Français

Le compte épargne retraite des actifs pourrait comporter un segment lié à la gestion des entreprises publiques. Les participations détenues par l’État dans les entreprises publiques pourraient être placées dans un fonds de pension qui en aurait la gestion. Les Français bénéficieraient des gains issus des privatisations et des dividendes perçues. Cette option aurait l’avantage de pouvoir doter tous les Français d’un minimum de capital rapidement. L’État détenait pour environ 200 milliards d’euros de participations dans des entreprises publiques en 2023.

Des fonds de pension en concurrence

Les partenaires sociaux devraient avoir la charge de négocier les modalités d’adhésion des entreprises à des fonds de pension dans lesquels les représentants des salariés et des employeurs seraient présents.

Actuellement, la Préfon qui propose un supplément d’épargne retraite est gérée par une association à laquelle participe tous les syndicats de la fonction publique. 

Les partenaires sociaux doivent conserver la liberté de choisir les gestionnaires de l’épargne retraite. Cette concurrence est indispensable pour limiter les frais.

Les fonds de pension ne sont pas des fonds souverains

Les fonds de pension ont comme objectif de verser des suppléments de revenus ou de capital à leurs adhérents. Ils gèrent un risque long. Ils ne doivent pas avoir des contraintes autres que cette gestion passif/actif. Les gouvernements ne doivent pas leur imposer des règles de gestion spécifiques en matière d’investissement, règles qui diminueraient la rentabilité des placements. Ils n’ont pas vocation à être le prolongement de l’État. il ne faut pas oublier qu’en économie, un instrument qui poursuit deux objectifs en même temps en atteint aucun.

Pour conclure : de l’intérêt des fonds de pension

Une actif qui reçoit sur son compte épargne retraite 1 200 euros pendant 43 ans avec un rendement moyen de 5 % disposera à terme de 180 172 euros dont 51 600 euros au titre des versements et 128 572 euros au titre des intérêts.

Avec un versement annuel de 4 000 euros sur 43 ans, la personne aura :

  • Versé un total de 172 000 euros ;
  • Gagné 428 572 euros grâce aux intérêts composés ;
  • Accumulé un capital final de 600 572 euros.

Avec un versement annuel de 6 000 euros sur 43 ans, la personne aura :

  • Versé un total de 258 000 euros ;
  • Gagné 642 858 euros grâce aux intérêts composés ;
  • Accumulé un capital final de 900 858 euros.

Au moment de la retraite, versement pension sous forme de capital ou de rente :

Le bénéficiaire d’un fonds de pension ayant capitalisé 900 000 euros pourrait choisir entre une rente et une sortie en capital fractionnée ou pas. Même sans toucher au patrimoine dont le rendement de 4 %, le bénéficiaire pourrait par ailleurs compter sur un revenu annuel de 36 000 euros soit 3000 euros par mois.

Comment les frais plombent le rendement du plan épargne retraite

Interrogé dans le journal Les Echos sur les frais appliqués aux produits d’épargne retraite, Philippe Crevel évoque les évolutions de la réglementation dans ce domaine. Outre l’introduction d’un tableau standardisé permettant de regrouper les frais par catégorie, à la suite d’un  un accord de place, la loi Industrie verte a, en 2024, «  a accru la communication et la transparence sur les frais, ce qui a permis une certaine harmonisation ».

Le plan épargne retraite a séduit un français sur six

5 ans après son lancement, le PER séduit une part croissante d’épargnants. Dans le journal Les Echos, Philippe Crevel explique que  « En prenant en compte l’ensemble des PER assurances et bancaires, les encours pourraient dépasser les 130 milliards d’euros« .

« Je mets la même somme sur certaines d’entre elles tous les mois » : ces jeunes qui misent tout sur les cryptomonnaies

Sur France Info, Sarah Le Gouez, Secrétaire général du Cercle de l’Epargne est interrogée sur l’appétence des jeunes pour les cryptoactifs.

Épargne des jeunes : comment mettre de côté tout en protégeant l’environnement ?

Merci pour l’info! s’intéresse à l’épargne des jeunes et cite à cette occasion l’étude réalisée par AG2R LA MONDIALE-AMPHITEA-LE CERCLE DE L’EPARGNE consacré aux attentes des moins de 35 ans en matière de placements.

Assurance-vie : la force tranquille des fonds en euros à capital garanti

Dans le journal Les Echos, le Directeur du Cercle de l’Epargne estime que la rémunération des fonds euros devraient rester attractive « compte tenu des besoins de financement des administrations publiques de part et d’autre de l’Atlantique, l’orientation haussière des taux d’intérêt longs devrait se maintenir ».

Assurance-vie, la voie royale

Dans un article consacré à l’assurance vie, l’AGEFI reprend l’analyse du Directeur du Cercle de l’Epargne sur les raisons du succès de placement financier en 2024. Philippe Crevel explique ainsi que « la baisse des taux des dépôts à terme et la perspective d’une diminution des taux de l’épargne réglementée les incitent effectivement [les épargnants] à privilégier l’assurance-vie. La pratique des taux bonifiés de la part des assureurs et la bonne tenue des marchés actions hors France les amènent à opter, en effet, pour ce placement ».

Cryptomonnaies, PER et Assurance-vie : entre innovation et tradition, la stratégie d’épargne des jeunes

Une étude AG2R LA MONDIALE, AMPHITÉA et le CERCLE DE L’ÉPARGNE sur les jeunes et leur rapport à l’épargne met en lumière les priorités des moins de 35 ans sur la gestion de leurs finances personnelles afin de préparer leur avenir financier.

Les chiffres clés de l’étude  
– Le Plan d’Épargne Retraite (PER) est fortement plébiscité par les 18-24 ans (62%) par rapport à la moyenne nationale (57%) ;
– 49 % des 25-34 ans privilégient l’introduction d’un avantage fiscal afin de soutenir l’épargne en faveur de la transition énergétique ;
– Un 1/3 des trentenaires détient une assurance-vie ;
– 58 % des 18-24 ans et 48 % des 25-34 ans déclarent qu’il est intéressant d’investir en bourse ;Plus d’1/3 des moins de 35 ans est prêt à investir dans un cryptoactif ;
– 65 % des 18-24 ans et 63 % des 25-34 ans considèrent l’investissement immobilier comme essentiel à leur stratégie patrimoniale.
– 70 % des 18-24 ans et 58 % des 25 -34 ans estiment qu’il est intéressant de placer son argent dans un Livret A.

Dans un environnement économique instable marqué par des crises successives et l’inflation, les jeunes se démarquent par une approche à la fois pragmatique et innovante sur la manière de placer leurs économies. En effet, davantage confrontés à la précarité professionnelle et au renchérissement du coût de la vie que les générations précédentes, ils font preuve de plus d’adaptabilité et d’une prise de risque plus affirmée tout en cherchant désormais à concilier contraintes économiques, aspirations personnelles et construction patrimoniale.

Le Plan d’Épargne Retraite : un outil privilégié pour préparer l’avenir

Les jeunes générations prennent conscience de la nécessité d’anticiper leur retraite. Le Plan d’Épargne Retraite, qui a célébré ses 5 ans en octobre 2024, bénéficie d’une réelle aura auprès des jeunes, se hissant parmi leurs placements préférés. Ainsi, 62 % des 18-24 ans le jugent attractif (un taux supérieur à la moyenne nationale à 57 %). Sa flexibilité et ses avantages fiscaux, notamment pour l’acquisition d’une résidence principale, expliquent cet engouement. Le PER répond aux attentes des plus jeunes qui expriment, année après année, leur inquiétude à l’égard de leur pouvoir d’achat à l’âge de la retraite. 

L’assurance-vie : une référence, appréciée même chez les jeunes

Premier placement financier des Français en termes d’encours, l’assurance-vie a retrouvé sa première place sur le podium des placements préférés des Français. Chez les moins de 35 ans aussi l’assurance-vie est populaire puisqu’elle est détenue par un trentenaire sur trois et séduit même 63 % des 18-24 ans et 58 % des jeunes de la tranche d’âge supérieure. Sa disponibilité et la faculté d’accéder à une grande diversité de fonds expliquent ce succès. En effet, elle leur permet de concilier sécurité (avec le fonds euros) et investissements grâce aux potentiels de rendements plus élevés (à travers les unités de comptes).

L’épargne au service des engagements personnels des jeunes

L’enquête met en évidence un fort attrait pour la finance durable. Celui-ci témoigne d’une réelle dynamique de sensibilisation aux enjeux environnementaux et d’une volonté d’aligner investissements et valeurs personnelles. Afin de soutenir l’épargne en faveur de la transition énergétique, les moins de 35 ans privilégient, comme leurs aînés, l’introduction d’un avantage fiscal. La réduction de la taxation sur ce type de placement a la faveur de 43 % des 18-24 ans (49 % des 25-34 ans). Les jeunes sont aussi plus prompts, que les générations précédentes, à vouloir taxer les placements dans les énergies fossiles. Cette solution, avancée par 30 % des moins de 25 ans, n’est citée que par 22 % de l’ensemble des Français.

Des placements innovants plébiscités : ETF (Exchange Traded Funds) et cryptomonnaies en tête

Les jeunes générations se démarquent également par leur attrait pour les placements innovants. Ils se tournent davantage vers des plateformes en ligne pour investir dans les ETF et les cryptomonnaies. Accessibles depuis un smartphone, celles-ci permettent à cette génération agile et ultra-connectée de gérer de manière instantanée et autonome leurs portefeuilles d’investissement. Les ETF connaissent ainsi une adoption croissante, grâce à leur simplicité et leur accessibilité, et 35 % des 18-24 ans jugent les cryptomonnaies intéressantes, contre seulement 11 % des 65 ans et plus.

Les investissements en bourse plébiscités par les jeunes

Le placement actions rencontre un vif succès chez les jeunes. En 2024, 58 % des 18-24 ans et 48 % des 25-34 ans déclarent qu’il est intéressant d’investir en bourse là où, en moyenne, seuls 43 % des Français partagent ce jugement. Cette tendance tiendrait notamment à la démocratisation des plateformes d’investissement en ligne et à l’influence des réseaux sociaux.

La pierre est toujours perçue comme un placement sûr et durable par les jeunes

L’achat d’un bien immobilier constitue une priorité majeure pour les jeunes, même si celui-ci semble souvent hors de portée en raison de son prix élevé et de la restriction des conditions d’emprunt. Ainsi, la pierre récolte les faveurs de 65 % des 18-24 ans et de 63 % de jeunes actifs (25-34 ans) quand, dans l’ensemble de la population, elle, ne recueille plus que 56 % de citations. À défaut d’acquérir un bien immobilier en direct, les jeunes peuvent investir dans la « pierre papier » à travers des produits comme les SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier). Ce placement, jugé intéressant par 42 % des Français, semble séduire plus particulièrement les 18-24 ans (45 %) et les 25-34 ans (43 %).

Le livret d’épargne : le point de départ

La disponibilité et la sécurité qu’offre le Livret A sont particulièrement appréciées des plus jeunes. 70 % des 18-24 ans et 58 % des 25-34 ans estiment qu’il est intéressant de placer son argent dans ce produit.  

AG2R LA MONDIALE, AMPHITÉA et le CERCLE DE L’ÉPARGNE poursuivent leur engagement en faveur de l’éducation financière et de l’accompagnement des jeunes dans leurs stratégies d’épargne, afin de mieux anticiper les défis économiques et sociaux à venir.

Méthodologie :

Cette étude s’appuie notamment sur les résultats de l’enquête AG2R LA MONIDALE / AMPHITÉA / CERCLE DE L’ÉPARGNE réalisée en mars 2024 auprès d’un échantillon de 1 035 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Le terrain d’enquête a été confié à l’Ifop.

Contacts presse :

AG2R LA MONDIALE 

Cécile Bourganel : cecile.bourganel@ag2rlamondiale.fr – 07 85 24 27 15

Émmanuelle Renaudie : emmanuelle.renaudie@ag2rlamondiale.fr – 01 76 60 80 69 / 07 78 26 78 39

CERCLE DE L’ÉPARGNE 

Philippe Crevel : pcrevel@cercledelepargne.fr – 06 03 84 70 36

Sarah Le Gouez : slegouez@cercledelepargne.fr – 06 13 90 75 48

À propos d’AG2R LA MONDIALE :

Spécialiste de la protection sociale et patrimoniale en France, AG2R LA MONDIALE assure les particuliers, les entreprises et les branches, pour protéger la santé, sécuriser le patrimoine et les revenus, prémunir contre les accidents de la vie et préparer la retraite. Le Groupe compte plus de 15 millions d’assurés et accompagne 500.000 entreprises au quotidien. Avec près de 15.000 collaborateurs, AG2R LA MONDIALE est présent sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultramarin. Doté d’une gouvernance paritaire et mutualiste, le Groupe cultive un modèle de protection sociale unique qui conjugue étroitement rentabilité, solidarité et performance. Dans le cadre de l’action sociale AG2R Agirc-Arrco et AG2R Prévoyance, et plus globalement de son engagement sociétal, AG2R LA MONDIALE œuvre au quotidien pour le bien-vieillir au plus près des besoins des personnes et des territoires.

Suivez l’actualité : www.ag2rlamondiale.fr /     @AG2RLAMONDIALE

À propos d’Amphitéa :

AMPHITÉA, association d’assurés, souscrit auprès d’AG2R LA MONDIALE au nom et au profit de ses adhérents, des contrats répondant à leurs besoins de protection sociale et patrimoniale (épargne, retraite, santé, prévoyance, dépendance, obsèques). Avec près de 450 000 adhérents, elle s’inscrit parmi les plus grandes associations d’assurés en France. AMPHITÉA s’appuie également sur un réseau de plus de 100 correspondants régionaux, qui représente une force de dialogue et de proposition auprès de son partenaire assureur. Suivez l’actualité : www.amphitea.fr /      @amphitea

À propos du Cercle de l’Épargne :

Think tank dédié à l’épargne, à la retraite et à la prévoyance, le Cercle de l’Épargne est présidé par Jean-Pierre Thomas. Il mène des études à dimension économique et sociale et des actions de formation pour comprendre les grands enjeux de la protection sociale. Suivez l’actualité : www.cercledelepargne.fr /     @twittcercle

Cryptomonnaies, PER et Assurance-vie : entre innovation et tradition, la stratégie d’épargne des jeunes 

La gestion de ses finances et de son épargne personnelle est, en France, terre d’épargnants, un sujet important. Dans un environnement économique contraint, marqué par des crises à répétition (crise covid, guerre en Ukraine, retour de l’inflation, crise au Proche-Orient…), les Français préfèrent se constituer une cagnotte plutôt que de consommer, à la fois pour faire face à l’imprévu (épargne de précaution) ou pour anticiper une baisse de pouvoir d’achat à la retraite. Les jeunes (moins de 35 ans) ne font pas exception et accordent une place croissante à l’épargne pour préparer leur avenir. Alors que l’insertion professionnelle et l’émancipation financière des jeunes sont plus difficiles aujourd’hui que pour les générations qui les ont précédés, les moins de 35 ans sont davantage confrontés à la précarité sur le marché du travail et au renchérissement du coût de la vie. Ces facteurs influencent profondément leurs comportements financiers et leurs choix d’épargne.

Au sommaire de cette étude

Les jeunes et la construction de leur patrimoine

  • Des inégalités patrimoniales en fonction de l’âge assez logiques
  • Des capacités d’épargne sous contraintes

Les jeunes, des épargnants pragmatiques et malins

  • Les livrets d’épargne, le premier pas dans l’univers des placements
  • La pierre, toujours une voie de passage obligée
  • L’assurance vie une référence même pour les jeunes
  • Le Plan d’Épargne Retraite, la réponse face à la crise des retraites
  • Les actions plébiscitées par les jeunes
  • L’épargne verte au cœur des priorités pour les jeunes

Les retraites en France : de 1991 au conclave de 2025

Pas de suspension, pas d’abrogation mais une remise sur le gril de la retraite version 2023. C’est la première fois depuis 1993 qu’une réforme fait l’objet d’une remise en cause aussi forte deux ans après son adoption. Les précédentes, celles de 1993, de 2003, de 2007, de 2010 ou de 2014 avaient pu susciter des oppositions parfois vives mais avaient fini par être acceptées, le cas échéant après des ajustements mineurs.

Dans le cadre de la réflexion que le Gouvernement de François Bayrou a engagée sur les retraites, le Cercle de l’Épargne entend tout à la fois revenir sur plus de 30 ans de réforme et sur les défis auxquels est confronté notre système de retraite en 2025.

Au sommaire de l’étude

  • Une prise de conscience tardive
  • 1993 : une réforme importante adoptée dans la torpeur de l’été
  • L’échec de la grande sécurité sociale version 1995
  • 1997/2003 : la temporisation sur fond de cohabitation
  • La loi Fillon de 2003 : alignement des fonctions publiques sur le secteur privé
  • 2007, la difficile réforme des régimes spéciaux
  • 2008/2009, ajustements à la marge
  • 2010, la barrière des 60 ans tombe
  • 2014, les 43 ans de la réforme marisol touraine
  • 2017/2020, l’échec de la réforme systémique
  • 2023 : une réforme toujours contestée
  • Les pistes pour éviter la réforme de 2023

Retraite ou comment rester à domicile le plus longtemps possible

En 2040, les seniors de 65 ans et plus représenteront en France un habitant sur quatre. Une large majorité d’entre eux souhaitent vivre le plus longtemps à domicile. Selon l’enquête 2024, Amphitéa-Cercle de l’Épargne, seulement 13 % des Français imaginent vivre en maison seniors ou en maison de retraite. Dans le même temps, près de la moitié des personnes de plus de 65 ans craignent d’être confrontés à la dépendance. La question d’adaptation du logement constitue donc une priorité.

MaPrimeAdapt’, lancée en janvier 2024 et diffusée par l’ANAH (Agence nationale de l’habitat), est la seule aide prévue pour aménager les logements des seniors. Les pouvoirs publics ont retenu comme objectif une adaptation de 680 000 logements dans les dix prochaines années pour permettre à chacun de vivre chez soi confortablement en prévenant les fragilités, notamment les chutes.

Selon une étude du CRÉDOC réalisée pour la CNAV auprès de plus de 5 000 retraités et rendue publique au mois de janvier 2025, près d’un sur cinq a déjà entrepris des travaux d’adaptation dans son logement. 14 % n’envisagent pas, en revanche, d’aménager leur logement quand bien même cela s’avèrerait nécessaire. Les principaux freins sont le déni du besoin, le coût, la gestion des travaux et les nuisances occasionnées. Les locataires préfèrent ne pas demander à leur propriétaire d’effectuer des travaux de peur de perdre leur logement. Dans le parc social, l’enquête menée par le CRÉDOC pour l’ANCOLS auprès des bailleurs dévoile une prise de conscience des enjeux liés au vieillissement de leurs occupants. Huit sur dix considèrent que l’adaptation du parc à cette problématique est une priorité.

Cercle de l’Épargne – données Credoc

Les seniors qui ont déjà réalisé des travaux mettent prioritairement en avant l’anticipation de l’avancée en âge, argument cité par 72 % des enquêtés. Le but est de rester le plus longtemps possible à domicile et d’envisager en dernier lieu une mobilité vers un établissement médicalisé ou spécifiquement adapté. La famille et les proches jouent un rôle clef dans la prise de conscience de la nécessité de réaliser des travaux. 17 % des retraités l’ont fait sur conseil de leurs proches. Les problèmes de santé d’un membre du foyer, qu’il s’agisse d’un problème de santé chronique, de limitations physiques (17 %) ou d’une situation de handicap (7 %) conduisent à étudier la question de l’accessibilité de leur logement. Des seniors se sont préoccupés de leur habitat à la suite d’un aléa de santé transitoire mais particulièrement handicapant : sortie d’hospitalisation (7 %) ou accident limitant les déplacements (4 %).

Cercle de l’Épargne – données Credoc

La priorité dans les travaux d’accessibilité est donnée à la salle de bains. L’installation d’une douche arrive largement en tête. 77 % des retraités ayant effectué des travaux, tandis que 9 % ont opté pour aménager la baignoire. Un retraité sur cinq mentionne avoir aménagé une pièce au rez-de-chaussée, soit une salle d’eau ou une chambre dans la perspective d’une vie autonome et organisée sur un seul niveau. La moitié des retraités ont opté pour la pose de volets électriques (47 %) afin d’éviter une manipulation rendue difficile avec l’âge. Un cinquième se sont orientés vers des adaptations spécifiques tels que le rehaussement des toilettes (22 %), l’installation d’une main courante ou barre d’appui (19 %), ou encore d’une rampe d’escalier (15 %). D’autres types d’aménagements sont moins mentionnés comme l’installation de meubles à hauteur adaptée ou réglables, de portes coulissantes ou automatiques, de prises à hauteur adaptées ou encore le déclenchement automatique de l’éclairage.

Grâce aux travaux réalisés, les deux tiers des retraités (68 %) jugent que leur domicile est devenu plus confortable et un tiers (36 %) se sentent plus en sécurité. Par ailleurs, 18 % estiment avoir gagné en autonomie, tandis que 12 % se déplacent plus aisément à l’intérieur de leur logement.

Cercle de l’Épargne – données Credoc

Chez les retraités qui n’ont pas réalisé de travaux, la première raison invoquée est le fait de ne pas en avoir besoin pour le moment (45 %). La majorité (57 %) se déclare en bonne santé et 33 % en assez bonne santé. Ce ressenti ne facilite pas la prise de conscience face aux conséquences du vieillissement et des éventuelles incapacités qui peuvent être associées. Le coût des travaux est un facteur souvent souligné pour ne pas réaliser des travaux. Il est cité en deuxième position par 41 % des enquêtés. Sur ce sujet, les aides financières sont peu connues, un retraité sur deux (53 %) n’en connaissant aucune.

Un enquêté sur cinq (18 %) dit ne pas avoir été autorisé à effectuer ces travaux. Les locataires sont les plus concernés par ce problème. 19 % des retraités citent l’ampleur des travaux à réaliser comme facteur dissuasif et 15 % les nuisances qui leur sont liées. Un retraité sur dix environ évoque la complexité des démarches à effectuer, qu’il s’agisse d’identifier les artisans, de solliciter des aides financières…

Cercle de l’Épargne – données Credoc

Les personnes âgées qui n’ont ni entrepris ni envisagé de travaux dans leur logement semblent principalement motivées à le faire en cas de problème de santé d’un membre du foyer (36 % des retraités). Un quart d’entre elles soulignent qu’elles seraient incitées à effectuer des aménagements si le coût était moindre, et 21 % si elles étaient mieux informées sur les aides financières disponibles.

Cercle de l’Épargne – données Credoc

Le vieillissement de la population impose une adaptation progressive du parc immobilier afin de répondre aux besoins des seniors souhaitant rester à domicile. Si une partie des retraités a déjà entrepris des aménagements, souvent par anticipation ou en réponse à un problème de santé, une majorité reste réticente en raison du coût, du manque d’information sur les aides ou d’un déni du besoin.

Les résultats de l’étude du Credoc montrent que l’adaptation du logement est une priorité reconnue, mais qu’elle peine encore à s’imposer comme un réflexe systématique. L’initiative MaPrimeAdapt’ et l’implication des bailleurs sociaux vont dans le bon sens, mais leur déploiement et leur accessibilité devront être renforcés pour répondre aux attentes des seniors.

L’enjeu est double : améliorer le confort et la sécurité des logements pour prévenir la perte d’autonomie, tout en sensibilisant les retraités à l’importance d’anticiper ces adaptations avant qu’une situation d’urgence ne les y contraigne. L’information, la simplification des démarches et un accompagnement renforcé seront essentiels pour favoriser cette transition et permettre aux seniors de vieillir sereinement chez eux.

La France de plain-pied dans le vieillissement démographique


Avec le départ à la retraite des générations des années 1960, la France entre de plain-pied dans vieillissement de sa démographie. Longtemps redouté, ce défi s’impose au pays. D’ici 2040, toutes les classes d’âges du baby-boom, des classes à plus de 800 000 personnes partiront à la retraite. 2025 marque, par ailleurs, l’arrivée des premières générations du baby-boom dans les 80 ans, synonyme de montée de la perte potentielle d’autonomie. La situation démographique de la France se complique en raison de la rapide baisse de la natalité en lien avec celle de la fécondité. Longtemps, le pays a pu compter sur un solde naturel élevé par rapport à ses partenaires européens ; or depuis le Covid, le pays est, sur ce sujet, en voie de normalisation. La diminution des naissances rendra plus complexe d’ici une vingtaine d’années le financement de la protection sociale d’autant plus en cas de recours limité à l’immigration.

Une augmentation de la population française de 170 000 en 2024

Au 1er janvier2025, la population résidant en France a été évaluée par l’INSEE à 68,6 millions d’habitants. 66,4 millions vivent en France métropolitaine et 2,3 millions dans les cinq départements d’outre-mer. La population a, en 2024, augmenté de 169 000 habitants, soit +0,25 % sur un an, à un rythme très légèrement inférieur à 2023 et 2022.

En 2024, le solde naturel n’a été que de 17 000, son plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il diminue entre 2023 et 2024 sous l’effet combiné d’une baisse des naissances et d’une hausse des décès. En baisse régulière depuis 2007, le solde naturel avait chuté en 2020 à cause d’une baisse des naissances, mais surtout d’une forte hausse des décès, imputable à la pandémie de Covid-19. Après un rebond en 2021, le solde naturel a baissé en 2022 et en 2023, les naissances diminuant et les décès restant à un niveau élevé. Le solde migratoire a été estimé, provisoirement, à +152 000 personnes pour 2024. 

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Au 1er janvier 2023, la France représentait 15 % de la population de l’Union européenne à 27 pays (UE27) et en était le deuxième pays le plus peuplé derrière l’Allemagne (19 %). Avec l’Italie, l’Espagne et la Pologne, pays les plus peuplés après eux, ils représentaient les deux tiers de la population de l’UE27.

La natalité et la fécondité en baisse

Le nombre de naissances en France est estimé à 663 000 en 2024, en baisse de 2,2 % par rapport à 2023. D’une ampleur moindre que celle enregistrée entre 2022 et 2023 (6,6 %), cette baisse reste, cependant, plus forte que celle observée en moyenne chaque année entre 2010 et 2022 (1,3 % sur le champ de la France hors Mayotte), 2010 étant le dernier point haut des naissances. Au total, le nombre de naissances en 2024 est inférieur de 21,5 % à son niveau de 2010 et est le plus bas niveau observé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Des décès toujours en hausse avec le vieillissement de la population

Depuis 2011, le nombre de décès a tendance à augmenter avec l’arrivée à des âges de forte mortalité des générations nombreuses du baby-boom, nées de 1946 à 1974.

La période 2020-2022 a été marquée par une forte mortalité due essentiellement à l’épidémie de Covid-19. En 2024, le nombre de décès est supérieur de 5 % à son niveau prépandémique de 2019. En 2024, le nombre de décès en France est estimé à 646 000, en hausse de 1,1 % par rapport à 2023. Depuis 2011, le nombre de décès a tendance à augmenter du fait de l’arrivée à des âges de forte mortalité des générations nombreuses du baby-boom, nées de 1946 à 1974. En 2024, le nombre de décès est supérieur de 5 % à son niveau prépandémique de 2019.

Légère augmentation de la mortalité infantile

En 2024, le taux de mortalité infantile est de 4,1 décès pour 1 000 naissances vivantes représentant 2 700 enfants décédés avant leur premier anniversaire. Après avoir reculé très fortement au cours du vingtième siècle, ce taux ne baisse plus depuis 2005. Il est même en légère augmentation depuis 2021, où il atteignait 3,7 ‰.

Stabilisation de l’espérance de vie

En 2024, l’espérance de vie à la naissance s’élève à 85,6 ans pour les femmes et à 80,0 ans pour les hommes, stable par rapport à 2023, année durant laquelle elle avait augmenté de 0,5 an pour les femmes et de 0,6 an pour les hommes. De 2010 à 2019, l’espérance de vie à la naissance augmentait chaque année en moyenne de 0,1 an pour les femmes et 0,2 an pour les hommes. De 2020 à 2022, avec le covid, l’espérance de vie était restée inférieure à son niveau de 2019.

Depuis le milieu des années 1990, l’espérance de vie à la naissance croît moins vite pour les femmes que pour les hommes, réduisant ainsi l’écart entre les deux sexes : il est de 5,6 ans en 2024, contre 7,1 ans en 2004.

L’espérance de vie à 60 ans est également demeurée stable en 2024. Elle s’élève à 27,8 ans pour les femmes et 23,7 ans pour les hommes.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

En 2023, dernière année de disponibilité des données, l’espérance de vie à la naissance est, en France, supérieure à la moyenne européenne : 85,6 ans pour les femmes (contre 84,2 ans dans l’UE27) et 79,9 ans pour les hommes (contre 78,9 ans). En France, l’espérance de vie des femmes est une des plus élevées de l’UE27 ; celle des hommes est en 11e position. Les femmes vivent le plus longtemps en Espagne (86,7 ans), et les hommes vivent le plus longtemps à Malte (81,8 ans).

Une baisse confirmée de la fécondité en France

L’indice conjoncturel de fécondité recule à 1,62 enfant par femme en 2024 contre 1,66 en 2023. Cette baisse s’inscrit dans une tendance de moyen terme : l’ICF diminue depuis 2010, où il s’élevait à 2,02 enfants par femme en France métropolitaine. Il faut remonter à la fin de la Première Guerre mondiale pour retrouver un ICF aussi bas qu’en 2024. En 1919, en France métropolitaine, l’ICF était de 1,59 enfant par femme, après être descendu à 1,23 en 1916. En 1993 et 1994, lors de son dernier point bas, l’ICF était plus élevé qu’en 2024 (1,66 enfant par femme en France métropolitaine). Depuis 2008, les femmes de 30 à 34 ans ont la fécondité la plus élevée. Leur taux de fécondité en 2024 s’établit à 11,1 enfants pour 100 femmes de cette tranche d’âge, contre 12,0, vingt ans plus tôt.

En 2022, dernière année disponible pour les comparaisons à l’échelle européenne, l’ICF s’établissait à 1,46 enfant par femme dans l’ensemble de l’Union européenne, après 1,53 en 2021. En 2022, l’ICF était le plus élevé de l’UE27 en France (1,78), puis en Roumanie, en Bulgarie et en Tchéquie (ICF supérieur à 1,6). À l’inverse, il était le plus bas en Espagne et à Malte (moins de 1,2). L’Allemagne était en position intermédiaire avec un ICF égal à celui de la moyenne européenne.

P : prévision – Cercle de l’Épargne – données INSEE

Le vieillissement démographique en marche

En France, comme dans l’Union européenne, une personne sur cinq a au moins 65 ans Au 1er janvier2025, en France, 21,8 % des habitants ont au moins 65 ans, contre 16,3 % en 2005. Cette part augmente depuis plus de trente ans. Le vieillissement de la population s’accélère depuis le milieu des années 2010, avec l’arrivée à ces âges des générations nombreuses du baby-boom dont les plus anciennes auront 79 ans en 2025 (et les plus jeunes 51 ans).

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Les personnes âgées d’au moins 75 ans représentent désormais 10,7 % de la population, contre 8,0 % en 2005. En 2023, dans l’UE27, les personnes d’au moins 65 ans représentent 21,3 % de la population. En Italie, cette part atteint 24,0 %. Fortes de leur fécondité relativement élevée ces quinze dernières années, l’Irlande, la Suède et la France ont les parts de jeunes de moins de 15 ans les plus élevées de l’UE27 (respectivement 19,3 %, 17,4 % et 17,3 %, contre 14,9 % pour l’ensemble de l’UE27 en 2023). Au 1er janvier 2025, en France, cette part diminue à 16,7 %, en lien avec la baisse des naissances.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Légère hausse des mariages en France

En 2024, le nombre de mariages en France est estimé à 247 000, dont 240 000 entre personnes de sexe différent et 7 000 entre personnes de même sexe. Par rapport à 2023, il augmente légèrement (+2 %), alors que la tendance était plutôt à la baisse avant la crise sanitaire. Cette hausse est liée à un effet retard après la pandémie qui a contraint de nombreux couples à différer leur mariage. Le nombre de mariages conclus en 2024 est supérieur de 10 % à son niveau de 2019. En 2023, 204 000 pactes civils de solidarité (Pacs) ont été conclus, dont 193 400 entre personnes de sexe différent et 10 600 entre personnes de même sexe. Le nombre de Pacs conclus diminue par rapport à 2022 (3 %), mais s’établit néanmoins toujours à un niveau élevé, ayant augmenté tendanciellement depuis 2002.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

La France est entrée dans une nouvelle ère démographique marquée par un vieillissement accéléré de sa population, couplé à une baisse persistante de la natalité. Ce double phénomène, déjà perceptible depuis plusieurs années, aura des implications majeures sur le plan économique, social et institutionnel.

D’ici 2040, les générations du baby-boom auront largement quitté le marché du travail, accentuant la pression sur les systèmes de retraite et de protection sociale. En parallèle, l’arrivée à des âges avancés de ces mêmes générations engendrera une hausse significative des besoins en soins liés à la perte d’autonomie, posant un défi colossal à un secteur médico-social déjà sous tension. Le recul de la natalité et de l’indice conjoncturel de fécondité fragilise la dynamique démographique de la France, autrefois une force par rapport à ses voisins européens. À moyen et long terme, cette tendance menace la soutenabilité du modèle social français, notamment en matière de financement des retraites, des soins de santé et de l’éducation. La transformation démographique exige une réflexion stratégique sur le modèle social français. Il devient impératif d’adapter les politiques publiques pour répondre aux besoins d’une population âgée tout en favorisant le renouvellement des générations. Une anticipation insuffisante risquerait d’accentuer les fractures sociales et économiques dans les décennies à venir. En somme, la démographie française se trouve à un tournant : les décisions prises aujourd’hui auront des conséquences déterminantes sur la résilience du pays face aux défis de demain.

L’épargne en nature : la première des épargnes

En matière d’épargne, les comportements des ménages sont souvent analysés à travers le prisme des produits financiers traditionnels tels que les livrets d’épargne, les comptes à terme, les contrats d’assurance vie ou encore les placements boursiers. Sont également pris en compte dans l’épargne les investissements directs dans l’immobilier, qu’il s’agisse de résidence principale ou secondaire, ou d’investissements immobiliers locatifs. Toutefois, l’épargne ne se limite pas à ces placements. Une forme d’épargne en nature, consistant à accumuler des biens de consommation non périssables comme les boîtes de conserve, les vêtements ou les produits surgelés, constitue une stratégie particulièrement répandue.

Définition et caractéristiques de l’épargne en nature

Qu’est-ce que l’épargne en nature ? L’épargne en nature renvoie à l’accumulation de biens tangibles destinés à être consommés à moyen ou long terme. Ces biens incluent des produits alimentaires non périssables (boîtes de conserve, produits lyophilisés, surgelés), des biens vestimentaires souvent achetés en solde ou en anticipation des besoins futurs, ainsi que des produits d’hygiène ou de nettoyage achetés en grande quantité lors de promotions.

Aux origines de l’épargne en nature

Avec le passage de la vie nomade à la sédentarisation, il y a environ 10 000 ans, les premières communautés humaines ont commencé à produire et à stocker des excédents agricoles. L’épargne prenait alors la forme de réserves alimentaires : stockage de céréales, de légumineuses et de tubercules dans des silos ou des jarres pour prévenir les pénuries. Une partie des récoltes était conservée pour les saisons futures.

Les premières formes d’épargne agricole sont apparues dans les régions où l’agriculture a émergé, principalement dans le Croissant fertile, une région située au Moyen-Orient englobant le sud-est de la Turquie, la Syrie, l’Irak, l’Iran occidental, le Liban, Israël et l’Égypte. Elles sont étroitement liées à la révolution néolithique. Cette période marque la transition des sociétés humaines de chasseurs-cueilleurs nomades à des communautés sédentaires pratiquant l’agriculture et l’élevage.

L’élevage constitue également une forme d’épargne. À la différence de la chasse, qui impose une consommation rapide, l’élevage permet de gérer dans le temps l’apport en protéines. Les moutons, les chèvres et les bovins servaient donc de réserves alimentaires (lait, viande) mais aussi de biens d’échange ou de ressources pour les cérémonies religieuses. Les animaux, , pouvant être vendus ou échangés en cas de besoin, constituaient également une assurance.

De telles pratiques ont été constatées également en Chine avec le stockage du riz, qui commence vers 7 000 avant notre ère, en Amérique centrale avec les Mayas et les Aztèques qui stockaient du maïs, et en Afrique subsaharienne avec les sociétés pratiquant l’agriculture de l’igname et du mil, en utilisant des greniers en terre cuite.

Cette pratique de l’épargne en nature s’est perpétuée à travers les siècles. Les guerres et les épidémies ont incité les ménages à constituer des réserves. Malgré le développement de la société de consommation et la modernisation de la distribution, ce comportement perdure.

Les différentes formes de l’épargne en nature contemporaine

L’épargne en nature est une épargne de précaution. Les ménages qui la pratiquent souhaitent éviter tout manque ou toute pénurie. Ils cherchent à se prémunir des hausses de prix futures ou imprévues. Cette forme d’épargne offre une valeur d’usage immédiate et palpable, contrairement à des actifs financiers abstraits. Elle était largement pratiquée en période de guerre : sucre, conserves, sel, confitures et carburant étaient stockés par précaution.

Lors du déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022, 20 % des ménages français ont déclaré avoir augmenté leurs achats de produits non périssables. La crise sanitaire de 2020 a renforcé ce comportement, avec une augmentation notable des stocks alimentaires dans les foyers (+15 % entre 2019 et 2021, selon le Crédoc).

En dehors des périodes de guerre et d’épidémies, les ménages ayant cette pratique profitent des promotions et des soldes. Ils achètent à contre-courant afin de bénéficier de prix plus faibles. Ils peuvent consacrer une pièce au stockage et possèdent généralement un ou deux congélateurs. En France, près de 35 % des achats alimentaires en grande distribution sont réalisés lors d’offres promotionnelles (Kantar, 2023).

Selon une étude de l’INSEE (2023), près de 25 % des ménages du premier quintile de revenus pratiquent régulièrement ce type d’épargne, soit environ 2,5 millions de foyers en France. Près de 70 % des ménages français estiment que constituer des stocks est une manière responsable de gérer leur budget (Crédoc, 2022). Cette pratique est plus développée en milieu rural, où les espaces de stockage sont plus importants et les racines agricoles plus proches qu’en milieu urbain.

L’épargne en nature : des différences selon les pays

Les comportements liés à l’épargne en nature varient d’un pays à un autre. En France, la priorité est donnée à l’achat de biens alimentaires non périssables. Les foyers consacrent 4 % de leur budget à des achats de précaution. Aux États-Unis, la culture du stockage est importante, notamment via le « bulk buying » (achats en gros) dans des enseignes comme Costco ou Sam’s Club. En 2022, 42 % des foyers américains ont déclaré pratiquer le stockage alimentaire en prévision de crises futures (Pew Research).

Au Japon, l’épargne en nature inclut des dispositifs de survie (kits d’urgence) en raison des risques sismiques : 78 % des ménages possèdent des stocks d’urgence (Ministère de la Résilience, 2023). Cette pratique est courante également en Israël en raison de la fréquence élevée des conflits militaires. En Europe du Nord, la pratique de l’épargne en nature est moins répandue. En Suède, seuls 12 % des foyers déclarent constituer des stocks alimentaires.

Les limites de l’épargne en nature

Cette épargne n’est pas sans inconvénient. En dehors des périodes d’inflation, elle rapporte peu ou rien. Pire, une étude de l’ADEME (2021) souligne que 20 % des produits stockés par les ménages français ne sont jamais consommés et finissent jetés. Contrairement à l’épargne financière, ces biens sont difficilement mobilisables, car ils ne peuvent pas être convertis immédiatement en liquidités.

L’épargne en nature illustre la diversité des stratégies mises en place par les ménages pour sécuriser leur avenir. Si elle est particulièrement prégnante chez les foyers modestes, cette pratique transcende les frontières et les cultures. Elle a traversé les siècles, malgré la société de consommation et l’avènement de l’État-providence.

Trois questions à YVAN STOLARCZUK, directeur d’AMPHITÉA

Interview d’Yvan STOLARCZUK, Directeur d’AMPHITÉA, l’association des assurés d’AG2R LA MONDIALE


AMPHITÉA est une association d’assurés qui a été créée il y a tout juste 50 ans et qui souscrivait dès son origine des contrats auprès de LA MONDIALE. À l’époque, elle était connue sous le nom d’Association Mondiale de Prévoyance (AMP), avant d’adopter son appellation actuelle en juin 2001. Depuis ses débuts et jusqu’à ce jour, elle joue un rôle essentiel d’intermédiaire entre ses adhérents et AG2R LA MONDIALE, spécialiste de la protection sociale et patrimoniale en France. Avec près de 450 000 adhérents, AMPHITÉA s’inscrit aujourd’hui parmi les plus grandes associations d’assurés de France, présente sur tous les territoires de métropole et d’outre-mer.


Avant tout, notre association a pour principale mission de souscrire des contrats d’assurance de groupe auprès d’AG2R LA MONDIALE, afin d’offrir à ses membres les solutions les plus adaptées en matière d’épargne, de retraite, de prévoyance et de santé. Elle négocie ces contrats collectifs dans l’intérêt de ses adhérents, garantissant ainsi des offres compétitives sur le marché, tout en veillant au respect des évolutions réglementaires.

Par ailleurs, AMPHITÉA joue un rôle clé dans la représentation des assurés auprès d’AG2R LA MONDIALE. Pour mener à bien cette mission, elle s’appuie sur un réseau constitué de plus de 100 Correspondants régionaux, présents dans toutes les régions. Tout en étant bénévoles, ces membres actifs de l’association consacrent du temps pour faire le lien entre les adhérents et les représentants du partenaire assureur. Ceci permet au Groupe de recueillir leurs attentes et de prendre en considération leurs avis sur les évolutions de produits, de services et d’accompagnement du client.

Enfin, AMPHITÉA entend aider ses adhérents à mieux comprendre les enjeux de la protection sociale et patrimoniale. Dans cette optique, elle organise régulièrement des réunions en région, en collaboration avec ses partenaires, dont le Cercle de l’Épargne, pour informer ses adhérents sur des thématiques liées à l’épargne, la retraite et la prévoyance. Elle met également à disposition une information pédagogique, accessible et à jour grâce à des outils de communication disponibles sous différents formats : édition papier (magazine, guides, fiches pratiques…), numérique (site Internet, réseaux sociaux…) et audiovisuel (émissions Web, captation vidéo…). 


En effet, l’année 2024 a été marquée par un moment symbolique pour AMPHITÉA avec la célébration de son 50anniversaire le 19 décembre dernier. Depuis sa création, l’association a toujours su évoluer et s’adapter aux transformations de l’assurance et de la protection sociale, tout en restant fidèle à sa mission première : souscrire les meilleurs contrats, tout en accompagnant et en informant au mieux ses adhérents.

Née dans les années 70, AMPHITÉA a connu des développements importants, notamment lors des grandes évolutions de l’épargne retraite dans notre pays. Parmi celles-ci, on note bien sûr l’arrivée de la loi Madelin en 1995 pour les travailleurs non-salariés, puis en 2003, le lancement du Plan d’Épargne Retraite Populaire (PERP). Dernière grande date à noter, c’est celle de la loi PACTE en 2019, avec le lancement réussi du Plan d’Épargne Retraite (PER) que l’association a souscrit pour son volet individuel (PERi). Au-delà de ces évolutions de l’environnement de la protection sociale, il faut aussi rappeler que le rapprochement en 2008 entre LA MONDIALE et AG2R a donné un nouvel et formidable élan à notre association.

Pour revenir enfin sur le Jubilé, c’est bien sûr un moment important pour notre équipe, nos Correspondants régionaux et toux ceux qui travaillent régulièrement à nos côtés. Mais nous souhaitons aussi y associer un grand nombre de nos adhérents. C’est pourquoi, nous lancerons de mars à fin mai, un grand jeu concours afin de pouvoir rappeler les valeurs de l’association, son organisation et ses actions concrètes. Sans dévoiler ici les lots à gagner, qui sont plus que sympathiques, j’encourage donc le maximum de nos adhérents à y participer, sachant qu’ils pourront également booster leur chance d’être tirés au sort en répondant à une étude de lectorat concernant notre magazine. 

L’épargne et la retraite sont des sujets complexes avec une multitude de régimes, de produits, de fiscalité, et ce, en constante évolution. Ce sont de véritables maquis corses où il est facile de se perdre. Avec notre partenaire du Cercle de l’Épargne, nous avons donc décidé de rédiger des guides à visée éminemment pédagogique, en prenant pour principe de répondre aux principales questions que peuvent se poser nos adhérents, agrémentés de schémas et d’infographies. Le lecteur peut facilement trouver une réponse, tout en bénéficiant de conseils pratiques, d’un lexique synthétique et des adresses utiles pour compléter ses recherches.

Le premier guide, rédigé en 2021, était consacré à l’épargne retraite, et plus particulièrement au Plan d’Épargne Retraite dans son volet individuel (PERi). Nous venons de publier un deuxième guide destiné à répondre aux interrogations des ménages français concernant la constitution de leur épargne. Cet ouvrage vise à accompagner les adhérents dans leurs choix financiers et la bonne gestion de leurs placements. Le fonctionnement des différents produits est ainsi décrypté en intégrant notamment les principales règles fiscales. 

Nous avons d’ores et déjà prévu de rédiger un prochain guide, faisant suite à celui sur l’épargne, qui abordera dans ce nouveau volet la protection et la transmission du patrimoine. À l’heure où l’on réaborde le sujet du patrimoine et de ceux qui le détiennent en France pour financer les déficits, il nous a semblé important de revenir sur les principes de donations et successions dans notre pays, tout en rappelant les bonnes pratiques à anticiper avec son notaire et son assureur.

Ne plus laisser le temps au temps !, par Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Épargne

En 1981, la France comptait 5 millions de retraités ; en 2024, plus de 17 millions ; en 2070, elle en comptera 23 millions. Le vieillissement démographique est devenu une réalité. Il n’est en aucun cas une surprise. Dominique Strauss-Kahn et le regretté Denis Kessler s’en étaient fait l’écho auprès de François Mitterrand afin de le dissuader d’avancer l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans. En 1991, Michel Rocard, dans son Livre blanc sur les retraites, avait souligné que ce dossier était explosif et qu’il pourrait bien provoquer la chute de plusieurs gouvernements.

Il a fallu attendre 2024 pour que sa prophétie se réalise avec le vote de la motion de censure à l’occasion de la discussion du projet de financement de la Sécurité sociale pour 2025. Mais il n’est pas dit que ce soit le dernier gouvernement à souffrir du vieillissement démographique. « Laisser le temps au temps » a été longtemps la doctrine des gouvernements en la matière. Reporter et ajuster a minima est le fil directeur de ces quarante dernières années.

La réforme de la dépendance a été ainsi reportée de septennat en quinquennat. Le système de santé fait l’objet de rafistolages depuis, malgré la multiplication des voies d’eau. Pour les retraites, certains gouvernements ont été tentés par la formule « circulez, il n’y a rien à voir » tandis que d’autres se sont contentés de bouger quelques curseurs sans venir à bout des déficits. Le système des retraites reste ainsi composé d’une kyrielle de régimes, sources de surcoûts de gestion et d’inégalités. Il est assez surréaliste qu’en 2025, le montant réel des pertes ne soit pas clairement défini.

François Bayrou a, lors de sa déclaration de politique générale, le 14 janvier dernier, annoncé qu’il soumettrait la réforme des retraites de 2023 – qui porte l’âge légal à 64 ans et accélère le passage à une durée de cotisation de 43 ans – à renégociation entre partenaires sociaux. Remettre en jeu les syndicats et le patronat sur un dossier éminemment social est évidemment une bonne nouvelle. L’étatisation de la Sécurité sociale, amorcée en 1995 avec la création des projets de loi de financement de la Sécurité sociale, s’est accompagnée d’une dégradation des comptes et d’une déresponsabilisation de tous les acteurs. L’AGIRC-ARRCO, avec ses résultats positifs et ses réserves, prouve qu’un régime paritaire est viable dans le temps. Son système par points offre, en outre, des solutions de gestion bien plus fines que celui par annuités des régimes de base.

La relance de la réforme systémique est une option que les partenaires sociaux ne devraient pas s’interdire. Mais, au lieu d’un système unique et bureaucratique, le recours à plusieurs régimes à points, comme c’est le cas en Allemagne, en Italie et en Suède, pourrait être envisagé.

La création d’un véritable étage par capitalisation devrait être envisagée : un étage ouvert à toutes et à tous, quel que soit le statut professionnel, la taille de l’entreprise ou les revenus. Longtemps, la France a récusé les fonds de pension, diabolisés en tant que représentants du capitalisme financier. Or, les fonds de pension ne peuvent pas être assimilés à des fonds vautours ou à des hedge funds ; ce sont des investisseurs au long cours. Leur objectif est d’assurer des revenus à des générations de retraités.

Une nouvelle étape est nécessaire en matière de capitalisation. La création du Plan d’Épargne Retraite par la loi PACTE en 2019 constitue une réponse encore imparfaite à la création d’un étage de retraite par capitalisation. Chaque actif devrait être doté, dès le début de sa carrière professionnelle, d’un plan retraite pouvant être abondé individuellement ou collectivement. Des accords de branche pourraient être imaginés, afin que les entreprises s’engagent à effectuer des versements au profit de tous leurs salariés sur ces plans. À terme, la capitalisation devrait assurer autour de 10 % des revenus des retraités, contre 2,6 % en 2024. Certains affirment qu’il est trop tard, d’autres que nous n’y arriverons pas. Le fatalisme est une des plaies de la France, mais ce n’est pas une raison pour s’y complaire.

Depuis l’adoption de ma loi sur l’épargne retraite en 1997, du temps a été perdu, mais il serait stupide de continuer d’en perdre. Concevoir un étage par capitalisation, ouvert à toutes et à tous, associant les partenaires sociaux, serait une réelle avancée pour les futurs retraités et pour l’ensemble de l’économie.

Jean-Pierre Thomas

Président du Cercle de l’Épargne

L’assurance-vie redevient un placement sécurisé attractif

Dans le journal Investir, le Directeur du Cercle de l’Epargne rappelle que toute remise en cause du cadre fiscal de l’assurance vie peut pénalisé ce produit qui constitue, en encours, le premier placement financiers des Français.

Baisse du taux du livret A: quelles sont les alternatives pour placer votre argent?

Dans cet article consacré à la baisse des produits d’épargne réglementée, Philippe Crevel rappelle que ces produits demeurent attractif et cite les autres placements aux potentiels de rendements supérieurs.

Placements : les Français mettent-ils vraiment trop d’argent sur les livrets A ?

Cet article consacré aux placements favoris des Français cite le Cercle de l’Epargne qui rappelait dans une récente publication le nombre de détenteur de Livret A et de LDDS (respectivement plus de 4 Français sur 5 détiennent le premier produit quand le second compte plus de 26 millions de détenteurs).

Le plan d’épargne-logement est peu attractif en 2025

Les PEL souscrits à compter du 1er janvier 2025 sont rémunérés à1,75 % brut, contre 2,25 % pour ceux souscrits en 2024. Dans le journal Le Monde, Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne précise que « le rendement net n’atteint que 1,22 %, moitié moins que le Livret A, dont le taux a été abaissé à 2,4 % le 1er février » et estime qu’il convient par conséquent de lui préférer d’autres placements.

Baisse du taux du livret A: quelles sont les alternatives pour placer votre argent?

Au Micro de RMC Philippe Crevel est interrogé sur la baisse de la rémunération du Livret A et du LDDS à compter du 1er février. Il explique pourquoi ces placements demeurent attractifs malgré ce recul et évoque les placements à privilégier en 2025.

L’épargne-retraite collective, une voie à explorer

Cité dans le journal Le Monde, le Directeur du Cercle de l’Epargne rappelle les conditions d’accès au PERCol, dispositif destiné aux salariés né de la loi PACTE en remplacement du PERCO.

Épargne : avec les taux du livret A et du LDDS en baisse, où faut-il placer son argent ?

Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne était au micro d’Europe 1 pour commenter la baisse, à compter du 1er février du rendement du Livret A. Il explique pourquoi le Livret A demeure attractif malgré ce recul et propose des solutions alternatives pour obtenir une rémunération supérieure.

Pourquoi l’assurance vie a fait le plein en 2024

Dans Le Revenu, Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne explique pourquoi, après une année 2024 couronnée favorable à l’assurance vie, 2025 devrait rester porteuse pour le premier produit financier des Français.

Assurance vie : rebond assuré en 2024

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

L’assurance vie a réalisé une belle année 2024 avec une collecte nette de 29,4 milliards d’euros, en hausse de 28,2 milliards d’euros par rapport à l’année 2023, qui avait été particulièrement médiocre. Le cru 2024 est le meilleur de ces quatorze dernières années. L’ assurance vie a bénéficié de l’appétence des ménages pour l’épargne et des taux promotionnels proposés par les assureurs. La bonne tenue des marchés actions à l’international a également pu conforter le premier produit d’épargne des ménages, dont l’encours a atteint 1 989 milliards d’euros à fin décembre 2024, en hausse de 4,2 % sur un an.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

En 2024, la décollecte sur les fonds en euros s’est atténuée, s’élevant à 5 milliards d’euros contre 29 milliards en 2023. L’augmentation des taux de rendement et la pratique des bonifications ont porté leurs fruits.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Des versements dynamiques

L’assurance vie a été portée par d’importants versements depuis le début de l’année. Les Français ont, un peu plus que les années précédentes, arbitré leur épargne en faveur de placements de long terme. En 2024, les cotisations ont progressé de 20,9 milliards d’euros par rapport à 2023, pour s’élever à 173,3 milliards d’euros (+14 %). La part des unités de compte a atteint 38 % en 2024, légèrement en retrait par rapport à 2023 (40 %). Ce recul peut s’expliquer par les mauvaises performances des actions françaises au cours du second semestre.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Des prestations en recul

Les prestations ont reculé de 5 % en 2024. Les ménages ont moins arbitré en défaveur de l’assurance vie. La baisse des transactions immobilières et la perte d’attractivité des contrats à terme dans la seconde partie de l’année expliquent cette diminution des rachats. Ces derniers se sont élevés, sur l’ensemble de l’année, à 143,8 milliards d’euros.

L’amélioration du rendement des fonds en euros a contribué à réduire les opérations de rachats sur ces derniers.

Un mois de décembre très honorable

La collecte nette, au mois de décembre, a atteint 1,2 milliard d’euros, en retrait par rapport à novembre (+4 milliards d’euros), mais nettement supérieure à celle de l’année dernière (-941 millions d’euros).

Le mois de décembre est traditionnellement un mois sans saveur pour l’assurance vie, la collecte moyenne de ces dix dernières années s’établissant à 560 millions d’euros. Depuis 2008, sept décollectes en décembre ont été constatées.

Au mois de décembre 2024, les ménages ont effectué des versements importants, à hauteur de 13,9 milliards d’euros (en hausse de 12 % par rapport à décembre 2023), avec une proportion d’unités de compte supérieure à la moyenne de l’année (44 % contre 38 %).

Les prestations ont, de leur côté, diminué de 5 % par rapport à décembre 2023. Elles s’établissent à 12,6 milliards d’euros.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Des vents porteurs pour 2025

L’année 2024 a marqué le rebond de l’assurance vie après une année 2023 où la collecte de l’épargne réglementée avait atteint des sommets. Celle-ci avait alors bénéficié de la hausse du taux du Livret A et des craintes des ménages vis-à-vis de l’inflation.

La désinflation et l’amorce de la baisse des taux ont redonné du souffle aux placements longs comme l’assurance vie. La diminution du taux du Livret A au 1er février devrait conforter ce processus en 2025. Les rendements des contrats à terme, qui ont concurrencé les fonds en euros entre 2022 et 2024, sont également orientés à la baisse. La forte propension des ménages à épargner, en l’absence de visibilité sur le front politique et économique, devrait profiter à l’assurance vie.

Le Plan d’Épargne Retraite : toujours en montée en puissance

Le PER est entré dans sa cinquième année. Il a poursuivi, durant l’année 2024, sa montée en puissance, bénéficiant toujours de la transformation des anciens contrats d’épargne retraite. Cette source devrait se tarir dans les prochains mois, ce qui permettra de mesurer l’attractivité du PER auprès des ménages non équipés.

La collecte nette du PER assurantiel a augmenté, en 2024, de 17 % par rapport à l’année précédente, atteignant 9,9 milliards d’euros.

À fin décembre 2024, les PER comptabilisent 6,9 millions d’assurés pour un encours de 92,8 milliards d’euros, dont 45 % en unités de compte.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs
Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

France : panne de croissance au dernier trimestre

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Le PIB de la France a, selon les premières données de l’INSEE, reculé de 0,1 % au dernier trimestre 2024. La croissance sur l’ensemble de l’année dernière a atteint 1,1 %. Après un bon troisième trimestre porté par les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP), l’INSEE s’attendait à un ralentissement en fin d’année. Il a été un peu plus fort que prévu malgré le rebond de la consommation au mois de décembre.

Première contraction trimestrielle du PIB depuis le 1er trimestre 2023

Le produit intérieur brut (PIB) en volume a donc diminué de 0,1 % au quatrième trimestre 2024 après avoir progressé de 0,4 % au troisième trimestre, en partie par contrecoup des JOP de Paris. La France a bénéficié d’un effet Jeux qui a permis d’échapper à la stagnation qui frappe plusieurs pays européens dont l’Allemagne.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Le repli de la croissance est imputable à la moindre progression de la demande intérieure avec un ralentissement de la consommation des ménages ainsi qu’à la contribution négative du commerce extérieur et de la variation des stocks.

Sur l’ensemble de l’année 2024, le PIB a progressé de 1,1 % (après +1,1 % en 2023 et +2,6 % en 2022). La demande intérieure finale (hors stock) ralentit un peu (contribution de +0,7 point après +0,9 point), pénalisée par le recul de l’investissement (contribution de -0,3 point après +0,2 point en 2023). Le commerce extérieur contribue de nouveau positivement à la croissance du PIB (+0,9 point après +0,6 point).

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Une production atone en fin d’année

La production totale (biens et services) n’a progressé que de 0,1 % au quatrième trimestre après +0,5 % au trimestre précédent. Avec la fin des JOP, la production de services marchands est, au dernier trimestre, moins dynamique avec une hausse de 0,1 % après +0,7 % au trimestre précédent. Elle se recule dans les services aux ménages de 2,5 % après +3,3 %. La croissance des services aux entreprises se modère (+0,4 % après +0,9 %).

Le secteur de la construction continue sa décroissance avec un recul de 0,9 % de sa production. Par ailleurs, la baisse de la production s’accentue dans la construction (-0,9 % après -0,2 %).

La production dans l’industrie manufacturière renoue avec la hausse avec un gain au quatrième trimestre de 0,2 % faisant suite à une contraction de 0,3 % au troisième trimestre. L’INSEE souligne que cette légère amélioration est imputable en partie par la progression de la production dans les industries agro-alimentaires, et par la hausse dans les raffineries.

Sur l’ensemble de l’année 2024, la production a augmenté de 1,4 % après +1,7 % en 2023. Ce recul est lié à la baisse de la production dans les biens manufacturés (-0,6 % après +1,1 %), en particulier en matériels de transport. La production de services dans son ensemble a connu une bonne année 2024 avec une croissance similaire à l’année précédente (+2,0 % après +2,0 %).

Moindre dynamisme de la consommation des ménages au quatrième trimestre

La consommation des ménages a augmenté de 0,4 % au quatrième trimestre 2024, contre +0,6 % au troisième. Cette moindre croissance s’explique par le recul de ls services aux ménages (-5,7 % après +7,2 %) avec la fin des Jeux. Le troisième trimestre avait été dopé par l’enregistrement de la billetterie. La consommation des ménages en services de transports a, en revanche, augmenté (+1,0 % après -0,4 %), ainsi que celle en hébergement-restauration (+0,7 %).

Les achats de biens ont enregistré une augmentation de 0,4 % au quatrième trimestre comme au troisième. La consommation en matériels de transport est en forte hausse (+3,3 % après -1,9 %) notamment en automobiles. La consommation alimentaire augmente de nouveau (+0,5 % après +0,4 %).

En  2024, la consommation des ménages a connu une hausse identique à celle de 2023 (+0,9 %). L’année a été marquée par le ralentissement de la croissance de la consommation des ménages en services  (+2,0 % après +3,1 %) et par la persistance de la baisse de consommation en biens (-0,2 % après -1,6 %). La consommation alimentaire  de nouveau baissé (-1,7 % après -3,5 %). En revanche, la consommation des biens d’équipement a connu un rebond (+3,6 % après -2,1 %).

Stabilisation de l’investissement en fin d’année

La formation brute de capital fixe (FBCF) globale qui correspond à l’investissement de tous les acteurs économiques totale a légèrement baissé, au quatrième trimestre 2024, de 0,1 % après -0,3 % au troisième. La FBCF en produits manufacturés est en hausse de +0,2 % après -2,5 % et celle en services marchands reste dynamique (+1,1 % après +0,9 %). Sans surprise, l’investissement en construction se contracte à nouveau (-1,2 % après -0,2 %).

Pour 2024, l’investissement a fortement pesé sur la croissance en reculant de 1,5 % après avoir connu une hausse de 0,7 % en 2023. L’investissement en construction et celui en produits manufacturiers sont responsables de ce recul avec une baisse respective de 2,5 % et 4,5 %. À l’inverse, l’investissement en information-communication demeure important (+5,0 % après +8,4 %).

Le commerce extérieur plombé par le recul des exportations en fin d’année

La contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB demeure, selon l’INSEE négative au quatrième trimestre 2024 (-0,2 point, après -0,1 point au trimestre précédent). Ce mauvais résultat est à nouveau imputable aux exportations qui ont diminué de 0,2 % au quatrième trimestre (-0,2 % après -0,8 %). Cette baisse est principalement due aux  exportations en services (-2,0 % après +1,6 %), notamment en information-communication (-8,0 % après +9,9 %. Ce net recul s’explique par le contrecoup des Jeux, les ventes des droits de diffusion audiovisuelle ayant été comptabilisées aux troisième trimestre.

En revanche, les exportations en produits manufacturés ont connu une hausse de 1,0 % après -2,1 % au troisième trimestre. Les importations ont enregistré une progression de +0,4 % au dernier trimestre après -0,4 % au troisième, portées par les importations en énergie, eau et déchets (+6,7 % après -3,4 %) et en produits agricoles (+6,2 % après +2,4 %).

En 2024, les importations ont diminué de 1,1 % après +0,7 % en 2023 grâce à la baisse des prix de l’énergie. La croissance des exportations a été plus faible qu’en 2023, +1,6 % contre +2,5 %. Sur l’ensemble de l’année, la contribution  du commerce extérieur à la croissance du PIB a été positive de 0,9 point, après +0,6 point en 2023.

Les variations de stocks : une contribution légèrement négative

La contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB est négative ce trimestre (-0,1 point après +0,2 point).

Un résultat logique mais peu enthousiasmant

Le recul du PIB au dernier trimestre 2024 était prévisible en lien avec la fin des JOP. Il a été accentué, sans nul doute, par la recrudescence de la crise politique avec l’adoption de la motion de censure contre le Gouvernement de Michel Barnier au début du mois de décembre. Les Français ont préféré l’épargne à la consommation en 2024. Le taux d’épargne est resté durant toute l’année élevé et nettement supérieur à son niveau d’avant crise sanitaire.

La baisse de l’investissement symbolise le manque de confiance des acteurs économiques dans l’avenir. Elle est inquiétante car elle pourrait peser sur la compétitivité de l’économie. Sans investissement, l’obtention de gains de productivité sera impossible. La baisse des taux d’intérêt n’a pas mis un terme, par ailleurs, à la crise du secteur de l’immobilier. Le nombre de logements en construction n’a jamais été aussi faible depuis 10 ans (263 100 à fin décembre 2024). Le recul des exportations est également un mauvais signal indiquant que la France peine à redresser son commerce extérieur. Le ralentissement de la croissance s’est traduit par une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi en 2024 et tout particulièrement lors du dernier trimestre.

En 2025, l’économie française peut espérer la poursuite de la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne, baisse qui est néanmoins contrariée par la hausse des taux longs en lien avec les difficultés des finances publiques. Les incertitudes politiques et internationales pourraient également continuer de peser sur la croissance. Pour autant, la France est-elle condamnée à la stagnation ? Les résultats de l’Espagne semblent prouver qu’un taux de croissance à 3 % est possible en Europe. La France doit tirer un meilleur profit de son attractivité touristique et de ses atouts économiques.

« La bonne année du Cercle », par Benoit Courmont, Directeur Général d’AG2R LA MONDIALE

En janvier 2015, AG2R LA MONDIALE a décidé de se doter d’un think tank dédié à l’épargne, à la retraite et à la prévoyance, Le Cercle de l’Épargne. Dix ans plus tard, je souhaite adresser tous mes vœux aux lecteurs de la lettre du Cercle pour cette nouvelle année et célébrer une décennie de travail en commun.

Avec 15 millions de clients couverts par un contrat relevant du Groupe, AG2R LA MONDIALE est aujourd’hui l’un des principaux acteurs de l’assurance et de la protection sociale en France. Portés par une ambition d’intérêt général, nous cherchons à répondre toujours mieux aux besoins et aux attentes de nos clients.

Réfléchir, débattre et rencontrer des experts ainsi que des décideurs autour des thèmes de l’épargne, de la retraite et de la prévoyance fait partie de l’ADN d’AG2R LA MONDIALE. Depuis dix ans, nous nous appuyons sur l’expertise du Cercle pour appréhender le plus finement possible la situation des Français sur ces sujets majeurs, notamment grâce aux nombreuses réunions à destination de nos assurés et de nos partenaires organisées ensemble et avec l’Association Amphitéa. Depuis sa création, onze enquêtes AG2R LA MONDIALE – Amphitéa – Cercle de l’Épargne ont été menées sur les besoins et les attentes des ménages en matière d’épargne, de retraite et de prévoyance. Elles constituent une base de données très précieuse pour nos métiers.

Nous nous efforçons ainsi de répondre au mieux aux préoccupations exprimées par les Français sur leur niveau de vie à la retraite. Selon les études du Cercle, plus de la moitié des Français épargnent en vue de la retraite, traduisant leur volonté de se constituer un supplément de revenus ou de capital. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que le Plan d’Épargne Retraite (PER) figure parmi leurs placements préférés. Conscient de ces attentes, le Groupe est pleinement engagé pour apporter des solutions concrètes et adaptées aux besoins de ses clients. Nous avons notamment développé une offre diversifiée de PER, couvrant à la fois les volets individuel et collectif. Ils permettent à nos clients de préparer leur retraite et de financer les enjeux de leur avancée en âge en épargnant dès à présent.

Depuis 10 ans, le partenariat avec le Cercle de l’Épargne contribue ainsi à promouvoir la conception solidaire et responsable de l’assurance qui fait la spécificité de notre Groupe.

Benoit Courmont

Directeur général par intérim d’AG2R LA MONDIALE

© CAPA Pictures


Spécial anniversaire du Cercle de l’Epargne par Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Épargne

Le Cercle de l’Épargne célèbre son 10e anniversaire en ce début d’année 2025. Un bel âge pour un think tank ! Cet anniversaire me permet de remercier chaleureusement AG2R LA MONDIALE et Amphitéa, nos deux partenaires, pour leur soutien.

En une décennie, le Cercle n’a pas chômé, avec 120 numéros de sa lettre mensuelle et 520 lettres hebdomadaires. Jérôme Jaffré, grâce à ses enquêtes, déchiffre chaque année les comportements des Français face aux questions sensibles de l’épargne, de la retraite et de la dépendance, ainsi que leur évolution. Onze enquêtes ont ainsi été réalisées, témoignant de l’acuité du problème des retraites et de l’importance accordée à l’épargne.

Nous avons reçu de nombreuses personnalités lors des rencontres organisées autour des membres de notre Conseil scientifique. François Baroin, Xavier Bertrand, Pierre-Louis Bras, Bernard Cazeneuve, Charles de Courson, Jean-Paul Delevoye, Jean-Pierre Jouyet, Amélie de Montchalin et bien d’autres nous ont fait l’honneur de partager leurs avis éclairés sur la situation de l’épargne, de la retraite et, plus globalement, du pays. Grâce à ses partenaires, AG2R LA MONDIALE et Amphitéa, le Cercle a participé à un grand nombre de réunions publiques. Nous avons ainsi pu aller à la rencontre des assurés à Toulouse, Marseille, Nice, Bordeaux, Lyon, Épinal, Strasbourg, Reims, Nantes, Rennes, Lille, Rouen, Pointe-à-Pitre et bien d’autres villes.

Ces dix dernières années ont été ponctuées par des évolutions majeures, notamment avec l’avènement du Plan d’Épargne Retraite (PER), créé par la loi PACTE. Le PER connaît, depuis cinq ans, un succès indéniable, séduisant 10 millions de Français. Son encours dépasse désormais 100 milliards d’euros. Ce produit répond aux besoins et aux attentes des Français, notamment grâce à sa sortie en capital. De plus, la gestion profilée par défaut leur permet de combiner sécurité et rendement.

La décennie a été également marquée par la réforme des retraites de 2023 qui a repoussé l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. La réforme paramétrique des retraites de 2023 a tiré un trait sur le projet de réforme systémique visant à instituer un régime unique par points. Pour la première fois depuis 1993, une réforme des retraites a suscité, après son adoption, une réelle contestation exprimée par plusieurs formations politiques, allant jusqu’à la demande de son abrogation. Malgré le déficit croissant des régimes de retraite, amplifié par le vieillissement démographique, l’acceptabilité des réformes semble diminuer.

La forte sensibilité des Français sur ce sujet a sans doute été accentuée par la succession des crises de ces dix dernières années : épidémie de Covid, guerre en Ukraine, guerre au Moyen-Orient et vague inflationniste. Face à ces événements, les Français ont choisi la prudence, le taux d’épargne passant de 15 % en 2019 à 18 % en 2024 du revenu disponible brut. L’épargne réglementée, notamment le Livret A, a été la grande gagnante de cette période, même si l’assurance vie a su maintenir ses positions et rester, de loin, le placement préféré des ménages, avec un encours de près de 2 000 milliards d’euros. Les épargnants sont également de plus en plus nombreux à se tourner vers les unités de compte pour améliorer le rendement de leurs contrats.

Ces dix dernières années ont aussi vu un retour progressif des ménages vers les placements en actions. Le private equity, autrefois réservé aux épargnants les plus fortunés, commence à se démocratiser. Un autre point saillant de cette décennie est l’émergence des cryptoactifs, et en particulier celle du bitcoin, dont la valeur a dépassé, en 2024, 100 000 dollars.

Dans les prochaines années, de nouvelles évolutions et mutations sont à attendre en matière d’épargne, de retraite et de prévoyance. Les Français resteront-ils des fourmis ou deviendront-ils des cigales ? Le vieillissement de la population aura-t-il un impact sur la valorisation du patrimoine ? Par ailleurs, il est probable que l’intelligence artificielle transforme la fabrication, la gestion et la distribution des produits d’épargne. Les monnaies digitales de banque centrale pourraient également provoquer une disruption du système financier.

Autant de sujets d’études et d’analyses pour le Cercle de l’Épargne !

Jean-Pierre Thomas

Président du Cercle de l’Épargne

« Vive le Cercle et Amphitéa ! », par Pierre Geirnaert, Président d’Amphitéa

2025 est une année phare pour le Cercle de l’Épargne et Amphitéa. Le premier fête ses dix ans tandis que la seconde célèbre son demi-siècle d’existence. Nous nous réjouissons de cette concomitance des anniversaires et, surtout, de notre coopération, placée sous le sceau de l’amitié. Une amitié plurielle et mutuellement enrichissante.

Depuis 2015, les membres du Conseil scientifique du Cercle participent aux différentes publications, vidéos et manifestations d’Amphitéa en vue d’éclairer nos adhérents. En dix ans, le Cercle et Amphitéa ont parcouru les quatre coins de la France métropolitaine et de l’outre-mer pour rencontrer nos correspondants et adhérents, qui sont aujourd’hui près de 450 000. À chaque fois, ces rendez-vous ont donné lieu à des échanges nourris, d’autant plus que l’actualité de ces dernières années a été particulièrement riche : épidémie de Covid, guerre en Ukraine, inflation, élections aux États-Unis et en France, pour ne citer que quelques exemples.

Amphitéa soutient le Cercle et contribue, en particulier, au financement de son baromètre sur l’épargne, la retraite et la prévoyance, supervisé par Jérôme Jaffré. Ce baromètre constitue un outil précieux pour appréhender les besoins et attentes des Français sur ces sujets majeurs. Le Cercle a également collaboré à la rédaction de deux guides, l’un sur le Plan d’Épargne Retraite et l’autre sur le patrimoine. D’autres devraient suivre dans les prochains mois.

Complémentarité et bonne humeur sont les deux caractéristiques du partenariat que les deux structures ont su nouer au fil des années. Ce sont les clés de sa réussite. Au vu de l’actualité et de l’importance croissante de l’épargne et de la retraite en France, Amphitéa et le Cercle de l’Épargne ont, sans nul doute, encore de belles années devant eux !

Pierre Geirnaert

Président d’AMPHITÉA

10 ans de Cercle de l’Epargne – 10 questions sur l’épargne à… Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne

À l’occasion des 10 ans du Cercle de l’Épargne, 10 questions à Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne



En partenariat avec AG2R LA MONDIALE et Amphitéa, le Cercle, épaulé par son conseil scientifique et présidé par Jean-Pierre Thomas, est un think tank qui s’intéresse aux questions liées à l’épargne, à la retraite et à la prévoyance. Au-delà de ces trois thèmes, il analyse plus globalement les grandes tendances de l’économie française et internationale. Le Cercle participe à de nombreuses rencontres organisées par Amphitéa, AG2R LA MONDIALE, les partenaires sociaux, les fédérations professionnelles, etc.

En dix ans, le Cercle a réalisé une centaine d’études et, sous l’autorité de Jérôme Jaffré, a mené onze enquêtes d’opinion avec le concours de l’IFOP et du CECOP. Ces études et enquêtes ont permis d’approfondir nos connaissances sur les comportements des épargnants et des assurés.

Je tiens à exprimer ma gratitude pour le soutien et la confiance que nous ont accordés depuis dix ans les responsables d’AG2R LA MONDIALE et d’Amphitéa.

La décennie a été marquée par une succession rapide de chocs et d’événements économiques : la fin de la crise des dettes souveraines, une politique monétaire non conventionnelle, l’épidémie de COVID-19, les guerres en Ukraine et au Proche-Orient, ainsi qu’une vague inflationniste. En 2020, la France a ainsi connu la récession la plus importante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que sa première vague inflationniste depuis les années 1980.

Pour l’épargne, cette période a été particulièrement mouvementée : des taux d’intérêt négatifs suivis d’une hausse rapide entre 2022 et 2024 ; des krachs en 2008 et 2020 suivis de fortes reprises des marchés ; une augmentation sans précédent des prix de l’immobilier suivie d’une crise liée à la remontée des taux ; l’apparition et l’essor du bitcoin, ainsi que le développement des banques en ligne, entre autres.

La décennie a également été agitée sur le front des retraites : après l’échec d’une réforme systémique en 2018, une réforme paramétrique controversée a été adoptée en 2023, portant notamment l’âge légal de départ à 64 ans. La santé et la prévoyance ont elles aussi connu des bouleversements. À la progression des dépenses liées au vieillissement s’est ajoutée l’épidémie de COVID-19, provoquant une hausse des hospitalisations et l’arrêt de nombreuses activités durant les confinements.

Par ailleurs, l’urgence de la transition écologique s’est imposée avec encore plus d’acuité ces dix dernières années, exigeant des transformations profondes des processus de production.

La décennie a également vu le retour du politique et de la géopolitique au centre de l’actualité économique. Le Brexit, les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis, le retour de la guerre en Europe, la crise politique en France, et d’autres événements ont profondément influencé l’économie et l’épargne. Enfin, le retour de Donald Trump et sa volonté de refonder les échanges commerciaux sont susceptibles de bouleverser à nouveau les équilibres économiques mondiaux.

En 2015, la zone euro est sortie exsangue de la crise des dettes souveraines et de celle des subprimes. Pour lutter contre le risque de déflation, la Banque centrale européenne (BCE) a été contrainte de mettre en œuvre une politique monétaire non conventionnelle reposant sur des rachats massifs d’obligations d’État et sur des taux extrêmement bas. L’épidémie de COVID-19 en 2020 et 2021 a conduit à l’intensification de cette politique, permettant à l’État français de s’endetter à taux négatifs entre 2020 et 2021. À cette époque, certains économistes et responsables publics plaidaient pour un recours accru à l’endettement, arguant que son coût était nul. En France, ces arguments ont été largement entendus, la dette publique augmentant de 1 000 milliards d’euros en moins de sept ans.

Cependant, ces analyses ont négligé un point crucial : les emprunts publics sont remboursés par de nouveaux emprunts. Si, entre-temps, les taux augmentent, le coût global de la dette progresse inévitablement. Par ailleurs, si la dette ne génère pas un accroissement de richesses, elle ne s’autofinance pas. En France, les dépenses courantes sont, en grande partie, responsables du déficit public.

Cette politique de « l’argent facile » s’est brutalement interrompue avec la vague inflationniste, qui a conduit les banques centrales à relever leurs taux directeurs. Cette hausse visait à ralentir l’économie en limitant l’accès au crédit, déjà restreint par un durcissement des conditions d’octroi. Les banques centrales ont également progressivement mis fin à leurs rachats d’obligations. En quelques mois, les taux sont passés de niveaux historiquement bas à des taux positifs dépassant 4 %.

Les taux bas ont eu pour conséquence une moindre rémunération des produits de taux, tels que les livrets d’épargne, les obligations, les fonds euros de l’assurance vie ou les Plans d’Épargne Retraite (PER). Cette baisse de rendement a été partiellement compensée par le faible niveau de l’inflation, garantissant un rendement réel faiblement positif. Cependant, la vague inflationniste a placé ces produits en territoire de rendements réels négatifs en 2022 et 2023. Ils n’ont quitté ce territoire qu’au printemps 2024, grâce à la baisse de l’inflation. Parallèlement, la hausse des taux d’intérêt a permis une amélioration des rendements des fonds euros et des dépôts à terme. Depuis juin 2024, la BCE s’est engagée dans un processus de baisse de ses taux pour favoriser une reprise économique, une décision rendue possible par la désinflation.

La période de taux historiquement bas a été particulièrement favorable à l’immobilier, qui a connu une augmentation importante du nombre de transactions, dépassant un million par an en France en 2022. Les prix des logements ont progressé de plus de 30 %, atteignant même une hausse de 70 % dans certaines agglomérations. À partir de 2023, une légère correction est intervenue, en raison du durcissement des conditions d’accès au crédit. Cette correction reste toutefois limitée, la demande de logements demeurant forte, tandis que les propriétaires hésitent encore à baisser leurs prix.

Sur le marché des actions, la décennie a été faste. Entre 2015 et 2022, les actions ont bénéficié de la baisse des taux d’intérêt, le krach de 2020 ayant été rapidement surmonté. La diminution du rendement des obligations a incité les investisseurs à privilégier les placements en actions, soutenus par les bons résultats des entreprises. La hausse des taux d’intérêt a eu un impact limité sur les cours des actions : les indices n’ont baissé qu’en 2022. Les investisseurs ont rapidement estimé que cette hausse serait temporaire. Par ailleurs, l’engouement pour l’intelligence artificielle et la rentabilité des grandes entreprises ont contribué à la poursuite de la hausse des cours.

Entre 2015 et 2024, le CAC 40 a progressé de plus de 50 %, le S&P 500 de plus de 200 %, le Nasdaq Composite de plus de 300 %, le Dow Jones de plus de 120 %, le DAX de plus de 60 %, et l’Euro Stoxx 50 de plus de 45 %.

De 2015 à 2024, le cours du bitcoin est passé de 300 000 à 100 000 dollars. En 2024, plusieurs fonds indiciels adossés au bitcoin ont été commercialisés, marquant une étape importante dans l’intégration des cryptoactifs aux marchés financiers traditionnels. Par ailleurs, une partie de la campagne électorale américaine de 2024 a été financée en cryptoactifs, témoignant de leur adoption croissante. En 2015, les cryptoactifs étaient encore l’apanage d’un public restreint de technophiles, mais ils ont, depuis, conquis un public plus large. Près d’un Américain sur cinq a acquis au moins un cryptoactif entre 2015 et 2024.

Créé en octobre 2008 en réponse à la crise des subprimes, le bitcoin est devenu le cryptoactif le plus connu. L’objectif initial de son créateur, connu sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, était de proposer un système de monnaie numérique décentralisé et sécurisé, indépendant des institutions financières traditionnelles et des gouvernements. Le bitcoin repose sur la technologie de la blockchain. Cependant, au cours des dix dernières années, le bitcoin s’est affirmé non pas comme une monnaie au sens traditionnel, mais comme une valeur hautement spéculative.

Le bitcoin ne remplit pas les fonctions classiques d’une monnaie : il n’a pas cours légal, il subit de fortes fluctuations qui limitent son rôle d’unité de compte, de moyen d’échange et de réserve de valeur. De plus, le bitcoin ne constitue pas un placement financier au sens strict, car il ne produit ni intérêt ni dividende. À l’instar de l’or, les gains ou les pertes qu’il génère proviennent uniquement des variations de son cours.

En 2024, la création de fonds indiciels cotés (ETF) reproduisant le cours du bitcoin, combinée à la victoire de Donald Trump, favorable à une libéralisation du marché des cryptoactifs, a entraîné une forte hausse de son cours. Cependant, la volonté des banques centrales de développer leurs propres monnaies digitales pourrait remettre en question les positions acquises par les cryptoactifs.

Quoi qu’il en soit, le bitcoin ne peut être qu’un actif de diversification dans un portefeuille financier, au même titre que l’or. À titre de comparaison, fin 2024, le marché des cryptoactifs représentait 3 200 milliards de dollars, contre 30 000 milliards pour l’or et plus de 80 000 milliards pour les sociétés cotées des pays de l’OCDE.

L’assurance vie a démontré, au cours des dix dernières années, une remarquable résilience. Elle a su surmonter la crise des dettes souveraines ainsi que le choc des taux historiquement bas. Les épargnants continuent de plébisciter ce placement qui offre, grâce aux fonds euros, une garantie en capital non plafonnée, et une multitude de supports susceptibles de générer du rendement grâce aux unités de compte. L’assurance vie a également réussi à préserver un régime fiscal attractif. Elle demeure un outil de gestion patrimoniale souple et performant, permettant notamment de préparer efficacement la transmission du patrimoine.

Dans ce contexte, la première place occupée par l’assurance vie dans le baromètre Amphitéa/Cercle de l’Épargne 2024 n’est guère une surprise. Ces dernières années, elle avait certes été supplantée par l’immobilier, qui avait bénéficié, entre 2015 et 2022, des taux d’intérêt bas, cependant, la remontée des taux a redonné un net avantage à l’assurance vie.

Le rendement des fonds euros est ainsi passé, en moyenne, de 1,21 % en 2021 à 2,6 % en 2023, et devrait se maintenir autour de ce niveau en 2024. Avec la baisse de l’inflation, le rendement réel des fonds euros est redevenu positif cette année. Par ailleurs, la diminution des taux des dépôts à terme depuis le milieu de l’année 2024, ainsi que celle des taux de l’épargne réglementée prévue pour 2025, devrait encore renforcer la compétitivité des fonds euros.

Avec près de 2 000 milliards d’euros d’encours, l’assurance vie conforte ainsi sa place de premier placement des ménages français, loin devant le Livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS).

Le Plan d’Épargne Retraite (PER), qui a succédé à une kyrielle de produits tels que le PERP, les contrats Madelin, la Préfon, le PERCO, etc., a connu une véritable percée depuis sa création, en 2019, par la loi PACTE. Plus de 10 millions de Français en possèdent un, et son encours a dépassé les 100 milliards d’euros en 2024. Le PER répond aux besoins et attentes des ménages en leur offrant la possibilité de se constituer un complément de revenus ou un capital en vue de la retraite. Selon le baromètre Amphitéa/Cercle de l’Épargne de 2024, près de trois Français sur quatre se disent inquiets pour leur niveau de vie à la retraite, ce qui explique l’attrait pour ce produit.

Le PER individuel a été rapidement adopté par les Français, notamment en raison de ses similitudes avec un contrat d’assurance vie, auquel s’ajoute un avantage fiscal à l’entrée. La gestion pilotée, appliquée par défaut, constitue un gage de sécurité et de rendement : les cotisations sont réparties entre le fonds euros et les unités de compte, en tenant compte du profil de risque de l’assuré (plus ou moins ouvert aux risques) et de son âge.

Si la législation actuelle n’est pas modifiée, le PER devrait, au fil des années, s’imposer comme un placement clé pour les ménages, aux côtés du Livret A et de l’assurance vie. Selon le baromètre Amphitéa/Cercle de l’Épargne de 2024, le PER occupe déjà la troisième place des placements jugés les plus intéressants par les Français, derrière l’assurance vie et le Livret A.

La mauvaise allocation de l’épargne est une vieille antienne. Raymond Barre et René Monory le soulignaient déjà dans les années 1970. Les Français sont réputés pour privilégier les produits de taux liquides, bénéficiant d’une garantie en capital et, si possible, exonérés de prélèvements obligatoires. Ce comportement ne les différencie pas des Allemands ou des Italiens, mais il contraste avec celui des Américains, Britanniques ou Néerlandais, naturellement plus enclins à investir dans des placements en actions. La sécurité et la liquidité figurent parmi les priorités des épargnants français. Faut-il vraiment les en blâmer ?

La moindre propension des Français à investir en actions s’explique également par la faiblesse des fonds de pension dans le pays, la priorité ayant été donnée en 1944 au système par répartition pour financer les retraites. Les Français sont néanmoins des épargnants pragmatiques, capables de faire évoluer leurs choix de placements en fonction de leurs rendements. Ainsi, dans les années 1980, ils ont plébiscité les SICAV monétaires qui offraient, à l’époque, des rendements dépassant 5 %, avant de se tourner massivement vers les fonds euros de l’assurance vie. En 2023, ils ont renoué avec les dépôts à terme, qui proposaient alors des rendements attractifs. Par ailleurs, ils ont repris goût à la bourse, notamment via la souscription de parts de fonds indiciels cotés (ETF). Depuis l’épidémie de COVID, le nombre de jeunes actionnaires a significativement augmenté.

L’épargne est une affaire trop sérieuse pour évoluer au gré des vents. Elle s’apparente à un tanker : elle avance lentement, mais elle n’est pas immobile.

L’épargne provient des revenus des ménages, du fruit du travail. Elle représente une renonciation à la consommation, un effort, voire un sacrifice. Les ménages doivent rester libres de choisir leurs placements. Forcer l’orientation de l’épargne revient à imposer une taxe déguisée. Faute de pouvoir financer directement sa politique économique, l’État s’en remet ainsi aux épargnants.

La France est déjà championne du fléchage de l’épargne, notamment avec le Livret A et le LDDS. Mais faut-il aller encore plus loin en créant, par exemple, un Livret Industrie ou un Livret Défense ? Pourquoi pas un Livret Agricole ou un Livret Restaurant ? Cette multiplication de produits fléchés pourrait finir par brider la liberté des épargnants et fragmenter inutilement l’épargne.

Plutôt que de jouer un rôle d’intermédiaire permanent, les pouvoirs publics devraient s’attacher à faciliter l’accès des épargnants aux fonds non cotés et aux obligations d’entreprise. Une approche plus ouverte et moins directive permettrait de mieux mobiliser l’épargne au service de l’économie réelle.

Depuis 2018, la France a connu une stabilité de la fiscalité en matière de patrimoine. C’est suffisamment rare pour être salué, mais cela ne justifie en aucun cas une augmentation des impôts en 2025. La discussion autour du projet de loi de finances pour 2024 a donné lieu à une surenchère fiscale préoccupante.

Il est essentiel de rappeler que 70 % des Français épargnent et que les revenus ainsi mis de côté ont déjà été soumis à l’impôt. Taxer lourdement l’épargne reviendrait à priver le pays de capitaux indispensables, à freiner l’investissement de demain et, par ricochet, à compromettre l’emploi d’après-demain.

L’épargne accompagne l’économie depuis ses débuts. Elle est au cœur des dynamiques économiques et sociales, jouant un rôle central dans l’allocation des ressources et la stabilité des économies. Son histoire traverse les âges, des premières accumulations dans les sociétés agraires aux formes sophistiquées de l’épargne moderne, en passant par les bouleversements des révolutions industrielles et financières.

Les origines de l’épargne

Les premiers instruments d’épargne prenaient la forme de graines, d’outils ou de bétail. Cette épargne primitive était motivée par la nécessité de faire face aux imprévus (sécheresses, maladies) et de préparer les saisons futures. Avec l’invention de la monnaie, vers 3000 av. J.-C., l’épargne prit une nouvelle dimension : elle n’était plus uniquement matérielle, mais monétaire, facilitant ainsi les échanges et l’investissement.

Au Moyen Âge, l’Église catholique prônait une méfiance envers l’accumulation excessive, qu’elle associait à l’avarice. Toutefois, l’épargne restait une pratique courante parmi les classes laborieuses pour se prémunir contre les périodes difficiles. Les monastères et les églises servaient parfois de lieux de dépôt pour les économies des fidèles.

L’épargne marchande et l’émergence des banques

Avec le développement des villes et du commerce, les marchands commencèrent à épargner sous forme de liquidités et de biens, ce qui favorisa l’émergence des premières institutions bancaires au XIIIe siècle. Les lettres de crédit devinrent à la fois des moyens d’échange et de réserve. En Italie, les premières banques, notamment celle des Médicis, virent le jour.

La Renaissance marqua un tournant : l’épargne ne fut plus seulement un acte de précaution, mais devint un moteur de l’investissement. Les familles bourgeoises accumulaient des richesses pour financer des expéditions, des manufactures et des infrastructures. Les grands explorateurs, comme Christophe Colomb, furent soutenus par l’épargne privée de mécènes et de marchands. Les États commencèrent également à émettre des emprunts, encourageant les particuliers à épargner sous forme d’obligations.

L’épargne à l’ère de l’industrialisation

Avec l’industrialisation, les besoins en capitaux se multiplièrent, nécessitant un recours accru à l’épargne des ménages. Les ouvriers et employés commencèrent à mettre de côté de petites sommes, souvent dans des institutions nouvellement créées, comme les caisses d’épargne. Les bourses se développèrent pour financer les entreprises.

Les grandes guerres des XIXe et XXe siècles transformèrent l’épargne en levier de financement pour les États. Les campagnes de souscription d’emprunts nationaux mobilisèrent l’épargne des citoyens pour soutenir l’effort de guerre.

L’épargne moderne et ses évolutions

Après la Seconde Guerre mondiale, la croissance économique permit aux ménages de diversifier leur épargne. Elle ne se limitait plus à faire face aux imprévus, et visait également à financer des projets de vie (achat immobilier, études, retraite). Au XXIe siècle, l’épargne est omniprésente : en 2024, les ménages français détenaient plus de 5 000 milliards d’euros d’actifs financiers et mettaient de côté près d’un cinquième de leurs revenus.

L’épargne épouse son époque. Elle est désormais connectée, digitale et de plus en plus durable. Les plateformes en ligne et les fintechs simplifient l’accès aux produits d’épargne, tandis que les applications mobiles permettent un suivi en temps réel. La gestion d’actifs recourt de plus en plus à l’intelligence artificielle pour optimiser les placements. Les cryptoactifs, malgré leur caractère hautement spéculatif, se sont imposés comme des investissements populaires, notamment auprès des jeunes. À l’avenir, les monnaies digitales des banques centrales pourraient révolutionner la sphère financière.

L’épargne face aux enjeux de demain

Avec la montée des préoccupations environnementales, l’épargne s’oriente de plus en plus vers des investissements durables. Les obligations vertes, permettant de financer des projets respectueux de l’environnement, sont désormais intégrées dans les fonds euros. De plus, les épargnants peuvent opter, dans leurs contrats d’assurance vie ou leurs PER, pour des fonds socialement responsables.

Enfin, un enjeu crucial reste le vieillissement démographique. Dans les années à venir, l’épargne sera appelée à jouer un rôle essentiel dans le financement des retraites et de la dépendance.

L’épargne des Français avec Sarah Le Gouez

Sarah Le Gouez était l’invitée de Guillaume Cadet sur France Inter pour parler épargne.

 L’épargne des Français est-elle un frein à la croissance du pays ?

Inflation pendant plusieurs années, remontée du chômage, faillites d’entreprises et flottement politique depuis un an… Résultat, les Français épargnent 18%. Est-ce que l’épargne pourrait être une réponse au financement des retraites ? Pour en discuter, Martial You reçoit :  Bertrand Cizeaux, directeur général d’Hello Bank, la banque en ligne de BNP Paribas, Marc Fiorentino, banquier et auteur du roman « Interdit aux moins de 60 ans » et du « guide pour sauver votre retraite » chez Robert Laffont et Philippe Crevel, directeur général du Cercle de l’Épargne.

Pluie de records pour le Livret A en 2024

Résultats du Livret A – LDDS – LEP 2024

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Le Livret A termine l’année en fanfare

Avec une collecte de 2,99 milliards d’euros, le Livret A signe son meilleur résultat de l’année. Elle lui permet d’établir un nouveau record en matière d’encours à 442,5 milliards d’euros, soit 144 milliards d’euros de plus qu’en 2019, l’année d’avant la pandémie. L’année 2024 est également marquée par un record absolu en matière de versement d’intérêts capitalisés, 12,32 milliards d’euros contre 11,23 en 2023 et 2,13 en 2019. Ce montant record d’intérêts s’explique par le taux de rendement de 3 % et par le niveau sans précédent de l’encours.

Un mois de décembre atypique

Le mois de décembre 2024 a été exceptionnel pour le Livret A. La collecte sur les dix dernières années avait été en effet nulle, les ménages ayant l’habitude de puiser sur leurs livrets d’épargne réglementée pour financer leurs dépenses de fin d’année (cadeaux, vacances, etc.). De 2009 (début de la base statistique de la Caisse des dépôts et consignations) à 2024, six décollectes ont été, en décembre, enregistrées. La dernière date de 2021, après la période covid (-1,7 milliard d’euros). Les meilleurs résultats en décembre ont été constatés ces dernières années, en 2022 et 2023 (respectivement 1,54 et 2 milliards d’euros).

La collecte record du mois de décembre 2024 peut s’expliquer par une montée des inquiétudes après l’adoption de la motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier à l’Assemblée nationale le 4 décembre dernier. Par ailleurs, les annonces de plans de licenciements ont pu conduire les ménages à opter pour la prudence en matière de dépenses. Ces inquiétudes se sont matérialisées par la chute de l’indice de confiance des ménages calculé par l’INSEE. Les informations sur la future baisse du rendement du Livret A qui ont commencé à se diffuser à la fin de l’année n’ont pas, en revanche, dissuadé les Français à y placer leurs liquidités.

Une collecte annuelle en voie de lente normalisation

La collecte annuelle du Livret A s’est élevée en 2024 à 14,87 milliards d’euros, contre 28,68 milliards d’euros en 2023. C’est la collecte annuelle la plus faible depuis 2019 (12,64 milliards d’euros). Elle est néanmoins de 3 milliards d’euros au-dessus de la moyenne de ces dix dernières années (11,48 milliards d’euros).

La baisse de la collecte entre 2023 et 2024 s’apparente à une normalisation en lien avec la baisse de l’inflation. Les ménages ont, au cours de l’année, progressivement préféré des placements de long terme comme l’assurance vie. Cette normalisation demeure incomplète en raison de la crise politique survenue à compter du mois de juin 2024.

Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) dans la foulée de son grand frère

De son côté, le LDDS a enregistré, en décembre 2024, une collecte de 940 millions d’euros contre +160 millions d’euros en novembre. En décembre 2023, la collecte avait été également positive de 1,01 milliard d’euros. Depuis 2009, aucune décollecte n’a été constatée en décembre pour LDDS. La collecte moyenne, pour le dernier mois de l’année de ces dix dernières années (2014/2023) était de 800 millions d’euros. Celle de l’année 2024 est donc légèrement au-dessus. Le LDDS qui est souvent connecté avec le compte courant réagit plus rapidement aux versements des primes et des treizièmes mois du mois de décembre.

Sur l’ensemble de l’année, le LDDS enregistre une collecte de 6,55 milliards d’euros, en retrait par rapport à celle de 2023 (11,24 milliards d’euros). Elle est néanmoins près de deux fois supérieure à celle de 2019 (3,91 milliards d’euros). Les intérêts capitalisés atteignent 4,48 milliards d’euros soit près de 500 millions de plus qu’en 2023. Ce montant constitue un record absolu pour le LDDS.

L’encours du LDDS, à fin décembre, s’élevait à 160,6 milliards, également un record. Fin 2019, l’encours du LDDS était de 112,4 milliards d’euros.

Le  Livret d’Épargne Populaire (LEP) un bon cru 2024

Avec 11,7 millions de titulaires (fin octobre 2024), le Livret d’Épargne Populaire a enregistré une collecte positive en 2024, de 6,88 milliards d’euros contre 20,67 milliards d’euros en 2023 qui avait été marquée par le relèvement du plafond de 7 700 à 10 000 euros. La baisse du rendement, passé de 6 à 4 %, a joué dans le recul de la collecte. Malgré tout, l’encours établit un nouveau record à 82,2 milliards d’euros. Les intérêts capitalisés se sont élevés à 3,43 milliards d’euros en hausse par rapport à 2023 (3,29 milliards d’euros).

Quels effets de la baisse des taux de l’épargne réglementée en février sur la collecte ?

Le 1er février, le taux du Livret A et du LDDS passera de 3 à 2,4 % et celui du LEP de 4 à 3,5 %. Dans le passé, les baisses de rendement ne se sont pas toujours accompagnés de décollecte. Il en fut ainsi en février 2011 et février 2013. En revanche, en février 2015 et févier 2020, des décollectes ont été enregistrées mais le taux était alors passé en-dessous de 1 %. Les années 2014 et 2015 ont été marquées par des décollectes records (-6,13 et -11,02 milliards d’euros pour le Livret A).

La baisse du rendement du Livret A en 2025 se caractérise par son importance 0,6 point. Il faut remonter à mai 2009 en pleine crise financière pour avoir une baisse plus importante (0,75 point de 2,5 à 1,75 point). Il est à noter que le taux était passé de 4 à 2,5 % le 1er février 2009. Cette série de baisses, en 2009, avait provoqué un mouvement de décollecte.

Pour 2025, le contexte économique et politique devrait rester incertain incitant les ménages à poursuivre leur effort d’épargne contrariant le souhait du Ministre de l’Économie d’un rebond de la consommation, nécessaire à la bonne tenue des recettes de TVA. Par ailleurs, le premier semestre est logiquement favorable à la collecte, le mois de janvier étant dominé par le versement des étrennes de la fin d’année précédente. La persistance d’un contexte politique et économique incertain pourrait amener les ménages à maintenir leurs versements à un niveau élevé sur le Livret A ou le LDDS.

ANNEXES

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations
Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations
Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Prudents ou radins : pourquoi les Français épargnent-ils autant ?

Philippe Crevel était ce 20 janvier l’invité d’Aliette Hovine sur le plateau d’Entendez-vous l’éco ?. Ensemble ils sont revenus sur le le rapport des Français à l’épargne. Philippe Crevel a ainsi expliqué au auditeurs de France Culture, les raisons pour lesquels les Français remplissent autant leur bas de laine et leurs choix de placements.

Immobilier, impôts, placements : la remontée des taux met-elle en péril votre patrimoine ?

Dans le journal Les Echos, Philippe Crevel est interrogé sur les risques possibles pour les fonds euros des contrats d’assurance vie en cas de remontée des taux. Le Directeur du Cercle de l’Epargne, se veut rassurant rappelant que « ce risque survient quand il y a une hausse des taux extrêmement rapide, par exemple si l’OAT passait de 3,4 % à 5 % ou 6 % en quelques jours. A l’inverse, une hausse de taux progressive est tout à fait gérable par les assureurs. Au contraire, elle contribue à augmenter la rémunération du fonds en euros ».

Assurance-vie : les rendements des fonds en euros reprennent l’avantage sur le Livret A

La baisse du taux du Livret A devrait profiter au contrat d’assurance vie. Philippe Crevel précise ainsi dans les Echos que « les rendements des fonds en euros sont plutôt stables par rapport à 2023, avec une volonté de ne pas les baisser ».

Baisse des taux de l’épargne règlementée au 1er février 2025

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Une baisse logique mais sensible

Plus de quatre Français sur cinq détiennent un Livret A, plus de  26 millions possèdent un Livret de Développement Durable et Solidaire et 11 millions un Livret d’Épargne Populaire. Tout changement de taux de ces placements est sensible et est un acte éminemment politique. Souvent considérés comme des symboles de l’épargne dite populaire, ces produits sont devenus des références permettant d’étalonner à tort ou à raison les rendements financiers. Le Livret A est une balise pour de nombreux épargnants.

Depuis l’épidémie Covid de mars 2020, les livrets d’épargne réglementée ont connu une forte collecte. La succession de chocs (covid, guerre en Ukraine, inflation, crise politique) a conduit les ménages à renforcer leur épargne de précaution. À la différence des Américains, les Français n’ont pas, depuis quatre ans, puisé dans leur épargne de précaution. Le taux d’épargne est resté de trois points supérieur à son niveau de 2019, à 18 % du revenu disponible brut au lieu de 15 %.

Au 30 novembre 2024, l’encours du Livret A s’élevait à 427,2 milliards d’euros et celui du LDDS à 155,2 milliards d’euros contre respectivement 298,6 et 112,4 milliards d’euros en décembre 2019.

Les taux en vigueur à compter du 1er février 2025

Le taux du Livret A passera le 1er février 2025 de 3 à 2,4 % après une longue période de gel. Le taux avait été fixé à 3 % le 1er février 2023.

Le Gouvernement a appliqué à la lettre la formule du Livret A qui repose sur l’inflation et le taux Ester des six derniers mois connus. La baisse de l’inflation et, plus marginalement, celle des taux directeurs de la Banque centrale européenne expliquent la diminution du taux du Livret A.

Le taux de 2,4 % s’appliquera également au Livret de Développement Durable et Solidaire.

Le taux du Livret Jeune ne pourra pas, à compter du 1er février 2025, être inférieur à 2,4 %. Celui du Compte d’Épargne Logement s’élèvera à 1,6 %.

Le taux du Livret d’Épargne Populaire sera de son côté fixé à 3,5 % si le gouvernement suit la recommandation du Gouverneur. Cela signifierait qu’il y aurait un petit bonus par rapport à la formule qui prévoit le taux le plus élevé entre :

  • Le taux du Livret A +0,5 point.
  • Le taux d’inflation des six derniers mois

L’objectif du gouvernement : la relance incertaine de la consommation

Le gouvernement, en abaissant le taux du Livret A, entérine la désinflation. Il souhaite par ailleurs favoriser la consommation des ménages qui est atone depuis des mois. Pour autant, la baisse du taux du Livret A ne fait pas toujours le printemps de la consommation qui obéît à des facteurs psychologiques. L’absence de confiance des ménages dans la situation économique ou politique influe plus que le rendement du Livret A sur leur propension à consommer.

Avant la crise sanitaire, les baisses de taux avaient des effets sur la collecte durant quelques mois avec la possible survenue de décollecte.

La baisse du taux du Livret A diminuera le coût des emprunts des bailleurs sociaux réalisés à partir des ressources du Livret A. Ce dernier contribue ainsi au financement du logement social. Le gouvernement espère un effet positif pour le secteur du bâtiment confronté à une crise depuis deux ans en lien avec la hausse des taux d’intérêt.

Plus globalement, la baisse du taux du Livret A, en diminuant les coûts de rémunération pour les banques du Livret A, du LDDS et du LEP, devrait inciter ces dernières à réduire leurs taux d’intérêt pour les crédits aux ménages et aux entreprises ainsi qu’aux collectivités locales.

Une perte pour les épargnants

Les titulaires de livrets d’épargne réglementée seront moins bien rémunérés en 2025 sachant qu’une nouvelle baisse pourrait intervenir au mois d’août.

Avec un taux de 2,4 %, sur un an pour un Livret A moyen de 7 000 euros, la perte est de 42 euros. Pour un Livret A, au plafond de 22 950 euros, la perte est de 137,7 euros.

Pour un LEP moyen de 6 600 euros, la perte sur un an sera de 33 euros. Pour un LEP au plafond de 10 000 euros, la perte sera de 50 euros. 

Les taux de l’épargne réglementée qui étaient depuis 2022 au-dessus des taux de rémunération de l’épargne longue devrait repasser, en 2025, en-deçà permettant le respect de la hiérarchie des taux. Le rendement moyen des fonds euros devrait être supérieur à celui du Livret A. La baisse du taux du Livret A devrait favoriser les placements à long terme.

À 2,4 %, le rendement réel du Livret A restera néanmoins positif. L’inflation attendue pour 2025 devrait se situer autour de 1,5 %. Le rendement sera donc positif d’un point ce qui demeure élevé en moyenne période pour le Livret A. Le rendement avait été constamment négatif ou nul entre 2017 et 2023.

Cercle de l’Épargne – données INSEE pour l’inflation

Une nouvelle baisse prévisible en août

Le taux du Livret A pourrait diminuer à nouveau le 1er août prochain avec la confirmation de la baisse de l’inflation. Les diminutions des taux directeurs de la Banque centrale européenne pèseraient par ailleurs sur le taux Ester. Le taux du Livret A pourrait alors passer autour de 2 %.

La Banque de France propose de baisser le taux du Livret A à 2,4 %, contre 2,5 % attendu

Attendue, la baisse de la rémunération du Livret A à compter du 1er février va-t-elle influencer les épargnants dans leur choix de placements en 2025 ? Pour Philippe Crevel, interrogé dans le journal Les Echos, l’effet taux pourrait être mesuré sur la collecte de janvier. Il précise qu’en janvier « le Livret A fait souvent une bonne collecte, entre les étrennes, l’avance de crédit d’impôt et le treizième mois « .

Vieillissement de la population et soins longue durée : comment faire face à des coûts croissants pour les personnes âgées ?

Le vieillissement de la population mondiale soulève des questions cruciales sur la manière de prendre en charge les besoins croissants des personnes âgées. Selon un rapport de l’OCDE intitulé « Les soins sont-ils abordables pour les personnes âgées ? » (Is Care Affordable for Older People?), ces défis sont importants en France, où le modèle de financement des soins de longue durée (SLD) fait face à des pressions croissantes.

Avec l’allongement de l’espérance de vie et le net recul du nombre de naissances, la proportion de personnes âgées augmente dans tous les pays de l’OCDE. En France, comme ailleurs, cette évolution se traduit par une augmentation des besoins en soins de longue durée. Ces derniers concernent des services essentiels pour accompagner les personnes âgées dans leurs activités quotidiennes : aide à la toilette, ménage, gestion des repas ou encore maintien d’une vie sociale active.

En 2022, au sein de l’OCDE, près d’une personne sur quatre âgée de 65 ans et plus (24 %) avait besoin de soins de longue durée avec des niveaux de besoins plus au moins importants : Pour 12 % les besoins en soins étaient faibles, pour 8 % les besoins étaient modérés quand les 4 % restant nécessitaient d’importants besoins. La proportion des personnes concernées varie d’un pays à l’autre. Si Israël et l’Irlande se distinguent par la faible proportion de personnes âgées avec des besoins de soins de longue durée, le Japon, la Lituanie et la Lettonie sont à l’inverse plus particulièrement touchés par cette problématique.

En lien avec le vieillissement de la population, à horizon 2050, la part des séniors avec des besoins de soins de longue durée devrait progresser de 30 % au sein de l’OCDE (soit une hausse de 1,2 point de pourcentage), dans des proportions diverses selon les pays. Cela se traduit par une augmentation de 42,8 à 54,7 millions de personnes ayant besoin de SLD en 2050 dans la zone OCDE.

Proportion projetée de personnes âgées supplémentaires ayant des besoins de soins au sein de la population totale

Source : OCDE

Selon l’importance des besoins de SLD et la situation financière des personnes concernées, l’OCDE établit une estimation moyenne des coûts des soins pour les individus au sein des pays membres :

  • Les coûts totaux des soins destinés à une personne ayant de faibles besoins de soins (estimés par l’OCDE à 6,5 heures par semaine) représenteraient les deux tiers du revenu d’une personne à faible revenu ;
  • Une personne ayant des besoins modérés (soit 22,5 heures par semaine) et gagnant un revenu médian ferait déjà face à des coûts qui représentent près de 1,5 fois son revenu ;
  • Une personne ayant des besoins sévères (41,25 heures par semaine) ne pourrait pas assumer les frais de soins avec son seul revenu, même si elle gagnait un revenu élevé.

Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, le coût total des soins de longue durée pour les personnes âgées varie d’une à près de sept fois le revenu disponible médian des personnes âgées.

L’organisation internationale insiste sur l’importance des systèmes de protection sociale pour permettre la prise en charge les soins de longue durée. En moyenne, les systèmes publics de l’OCDE couvrent 62 % du coût total des SLD pour les personnes ayant des besoins modérés. Les systèmes publics ciblant prioritairement les plus vulnérables de la population en offrant un soutien plus important aux personnes âgées ayant des besoins plus sévères en matière de SLD et à faible revenu.

Elle met en évidence, le recours important à l’épargne y compris dans les États fournissant une aide publique. Dans la majorité des pays et des régions infranationales couverts par le rapport, au moins 50 % de la population serait amenée à puiser dans son épargne pour payer les soins de longue durée à domicile même après avoir reçu une aide publique.

Proportion de personnes âgées qui ont besoin d’utiliser leur patrimoine pour payer des soins de longue durée à domicile

Source : OCDE

La France ne fait pas exception dans ce mouvement haussier, même si la proportion de personnes âgées concernées y demeure légèrement inférieure à celle des pays de l’OCDE pris dans leur ensemble. En France, la nécessité d’anticiper cette progression est notamment amplifiée par des facteurs sociaux, en particulier la baisse du nombre d’aidants informels qui engendre des besoins financiers supplémentaires. Les familles, autrefois piliers des soins aux aînés, se trouvent de plus en plus éloignées géographiquement ou absorbées par des impératifs professionnels. En outre l’évolution du noyau familial, avec la multiplication des familles monoparentales ou recomposées complique la donne.

Le système français repose principalement sur les financements publics pour assurer l’accès aux soins de longue durée. Les départements jouent un rôle clé dans la distribution de l’APA, tandis que des aides supplémentaires (comme celles liées au logement en institution) viennent compléter le dispositif. Cette approche est critiquée pour son hétérogénéité. Les niveaux d’aide varient selon les régions et les critères d’éligibilité, entraînant des inégalités d’accès. Par ailleurs, la France consacre environ 1,5 % de son PIB aux SLD, un niveau supérieur à la moyenne de l’OCDE mais largement inférieur aux pays nordiques, qui y allouent plus de 3 % de leur PIB.

Un reste à charge important pour les ménages

En France, bien que les aides publiques soient conditionnées aux revenus, elles se révèlent insuffisantes pour assumer un reste à charge important, en particulier dans les cas où la personne âgée a des besoins de soins sévères.

Reste à charge des particuliers après avoir reçu une aide publique en pourcentage du revenu médian

Source : OCDE

De fait, en moyenne, une personne âgée ayant des besoins sévères doit, selon le rapport de l’OCDE, consacrer plus de la moitié de ses revenus pour financer les soins à domicile. Le coût des soins en établissement peut quant à lui dépasser, dans certains cas, le revenu médian d’un individu. Cette situation place la France dans une position intermédiaire : bien qu’elle offre une meilleure couverture que des pays comme les États-Unis ou l’Estonie, elle reste loin derrière les systèmes nordiques, qui financent jusqu’à 90 % des coûts des soins.

Un impact limité des politiques publiques en matière de SLD sur la réduction de la pauvreté en France

L’un des objectifs des politiques publiques en matière de SLD est de prévenir la pauvreté chez les personnes âgées. Sans protection sociale, la plupart des personnes ayant besoin de soins de longue durée seraient dans la pauvreté. Selon l’OCDE, en moyenne, la réduction de la proportion de personnes exposées au risque de pauvreté est de 30 points de pourcentage, tant pour les besoins sévères que pour les besoins modérés.

Si les pays où les dépenses publiques en SLD sont plus élevées, l’augmentation des risques de pauvreté associée aux coûts des SLD est généralement plus faible, cette règle ne se vérifie pas partout. De fait, la Finlande, le Danemark et l’Allemagne dépensent nettement moins que les Pays-Bas, mais parviennent à limiter les risques de pauvreté dans des proportions comparables. Inversement, la France qui dépense pourtant davantage que la Pologne parvient à un résultat aussi faible en matière de réduction des risques de pauvreté. En France, pour les personnes ayant des besoins sévères, le taux de pauvreté est supérieur de 33 points de pourcentage à celui des personnes âgées sans besoins en soins de longue durée.

Des modèles universels performants davantage axés sur des prestations en nature

Les pays nordiques comme le Danemark ou la Finlande offrent des systèmes de soins largement universels. Ces pays privilégient les prestations en nature, garantissant ainsi un accès direct à des services de qualité. Les résultats semblent probants. Selon l’OCDE, ces systèmes réduisent efficacement la pauvreté, tout en maintenant un haut niveau de satisfaction des usagers.Pour réduire le reste à charge des ménages, l’organisation internationale estime que la France pourrait élargir l’accès aux prestations en nature. Cela nécessiterait, néanmoins, une augmentation des dépenses publiques en SLD, qui pourraient atteindre 2,5 % du PIB d’ici 2050.

Un recours limité aux acteurs privés en France

Les auteurs du rapport mettent en évidence le poids limité du secteur privé dans la gestion des SLD en France, en particulier pour le financement des besoins. Les assurances dépendance, bien qu’encouragées, peinent à séduire une large part de la population. Contrairement à l’Allemagne, qui a instauré une assurance publique obligatoire couplée à des mécanismes privés, la France a privilégié la prise en charge par la solidarité nationale. Outre-Rhin, le système repose sur une assurance dépendance obligatoire, financée par des cotisations salariales et patronales. Ce modèle hybride garantit une couverture de base pour tous, tout en laissant la possibilité de souscrire des assurances complémentaires pour des prestations supplémentaires. Le développement d’assurances dépendance obligatoires, à l’instar de ce qui se fait en Allemagne, permettrait de mieux répartir les coûts entre générations. La France pourrait également explorer des mécanismes de préfinancement, tels que des cotisations spécifiques pour la dépendance.

En France, le secteur privé est davantage présent dans le cadre de la gestion des établissements de soins. Toutefois, ces structures restent inaccessibles pour de nombreux ménages à revenu faible ou moyen en raison des frais élevés.

Renforcer l’attractivité d’un secteur mal-aimé et investir dans l’efficacité et l’innovation

La France souffre d’un sous-investissement chronique dans les services de soins, ce qui empêche une prise en charge efficace. On estime que le secteur manque de 60 000 professionnels. Cette situation résulte de salaires peu attractifs et de conditions de travail difficiles, qui découragent les vocations. Revaloriser les salaires et améliorer les conditions de travail permettrait d’attirer et retenir des professionnels qualifiés. Les zones rurales sont particulièrement touchées par un manque de services adaptés, forçant de nombreuses personnes âgées à quitter leur domicile pour trouver des solutions en milieu urbain.

Les systèmes de soins médicaux, sociaux et familiaux fonctionnent souvent en silos, ce qui limite l’efficacité des interventions. La productivité dans le secteur des soins pourrait, en outre, être améliorée grâce à la technologie, comme la télémédecine ou les robots d’assistance. Le Japon, par exemple, a adopté ces solutions pour pallier la pénurie d’aidants. Par ailleurs, des politiques de promotion du vieillissement en bonne santé, comme celles menées au Danemark, pourraient réduire la demande de soins intensifs à long terme.

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En France, comme dans de nombreux pays de l’OCDE, la prise en charge des personnes âgées en perte d’autonomie est à la croisée des chemins. Si les aides publiques comme l’APA offrent un soutien essentiel, elles restent insuffisantes face aux défis posés par le vieillissement démographique.

En s’inspirant des meilleures pratiques engagées par ses voisins européens, la France pourrait renforcer la générosité de son système tout en explorant des solutions innovantes pour contenir les coûts. Une réforme globale incluant un financement renforcé, une meilleure valorisation des métiers du soin et un soutien accru aux aidants familiaux est indispensable pour garantir des soins de qualité et répondre aux besoins croissants des personnes âgées. La clé résidera dans une répartition équitable des charges entre l’État, les ménages et les acteurs privés. Seule une approche globale permettra de garantir des soins accessibles et abordables pour tous, dans un contexte de vieillissement démographique inéluctable. Ce défi, qui concerne des millions de Français, est également une opportunité : celle de construire un système plus solidaire et adapté aux réalités

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