En France, en 2021, selon la DREES, 4,4 millions de personnes percevaient une pension de droit dérivé de la part d’un régime obligatoire de base ou complémentaire. Cette pension, appelée aussi pension de réversion, correspond à une partie de la retraite d’un assuré décédé reversée, sous certaines conditions, à son conjoint survivant. En dix ans, le nombre de bénéficiaires d’une pension de réversion a augmenté de 4,1 %. Parmi les bénéficiaires des pensions de réversion, 1,0 million (soit un quart) ne perçoivent aucune pension de droit direct, soit parce qu’ils n’ont pas encore liquidé leurs droits propres, soit parce qu’ils n’ont pas travaillé – du moins en France – ou pas suffisamment longtemps pour recevoir, à ce titre, une pension sous forme de rente. Le nombre de nouveaux bénéficiaires d’une pension de réversion reste relativement stable depuis le début des années 2010. En 2021, 237 700 personnes ont nouvellement bénéficié d’une pension de droit dérivé.

Cercle de l’Épargne – données DREES
88 % des bénéficiaires d’une pension de droit dérivé sont des femmes. Cette surreprésentation est imputable à leur longévité supérieure à celle des hommes, au fait qu’elles sont en moyenne deux à trois ans plus jeunes que leurs conjoints et que leurs droits à pensions sont plus faibles que ceux de ces derniers. Les revenus des veufs dépassent, en règle générale, le plafond de ressources pour être éligibles à la réversion, à la différence de ceux des femmes.

Cercle de l’Épargne – données DREES
Avec l’augmentation du taux d’activité féminine et la réduction des inégalités en matière salaires et de pensions, la proportion des femmes parmi les bénéficiaires d’une pension de droit dérivé diminue légèrement au fil des années. Elle atteignait 90 % en 2009. Les femmes sont également surreprésentées parmi les personnes percevant une pension de droit dérivé sans cumul avec une pension de droit direct. Leur part parmi cette population est de 95 %, alors qu’elle est de 86 % parmi les personnes qui cumulent une pension de droit dérivé avec une pension de droit direct. Les personnes résidant à l’étranger sont nettement plus nombreuses, elles aussi, parmi les bénéficiaires d’un droit dérivé seul, 44 %, contre 5 % parmi celles cumulant droit direct et droit dérivé. Parmi les femmes âgées de 60 ans ou plus résidant en France, la part des bénéficiaires d’une pension de droit dérivé seule a diminué de moitié entre 2004 et 2021 (passant de 7,0 % à 3,7 %). Cette diminution s’effectue à un rythme plus fort que pour les femmes de 60 ans ou plus bénéficiaires à la fois d’une pension de droit dérivé et d’une pension de droit direct, dont la part augmente de 33,7 % à 26,8 % pendant la même période.
En 2021, les bénéficiaires d’une pension de droit dérivé sont en moyenne plus âgés que les retraités de droit direct. L’âge médian des premiers est ainsi de 79 ans et 2 mois, contre 73 ans et 2 mois pour les seconds. Cette caractéristique est liée au fait que la pension de réversion s’adresse aux veuves et aux veufs. Avec l’allongement de l’espérance de vie, la perte du conjoint intervient de plus en plus tardivement. Par ailleurs, la proportion de femmes ayant des pensions faibles leur permettant d’accéder aux pensions de réversion est plus élevée au sein des générations les plus anciennes.
Les âges médians des bénéficiaires selon le sexe sont proches : 79 ans et 8 mois pour les femmes, contre 77 ans et 8 mois pour les hommes. La part des femmes et des hommes de plus de 85 ans parmi les bénéficiaires est similaire : 33 % sont des femmes et 28 % sont des hommes. Les titulaires d’une pension de droit dérivé de 65 ans ou plus représentent 90 % de l’ensemble des bénéficiaires. La part des 85 ans ou plus atteint 32 %, soit 1,4 million de bénéficiaires. Le nombre de titulaires croît avec l’âge entre 50 et 85 ans. Pour les générations plus récentes, la part des bénéficiaires âgés de 60 à 64 ans est plus faible, de 11 % pour les générations nées de 1937 à 1941, et de 9 % pour les générations nées de 1947 à 1951.
En 2021, 2,8 millions de personnes perçoivent une pension de droit dérivé du régime général, y compris les indépendants depuis leur intégration à ce régime en 2020. En outre, 3,0 millions en perçoivent une du régime unifié fusionnant l’Association générale des institutions de retraite des cadres et l’Association pour les régimes de retraite complémentaire des salariés (Agirc-Arrco). Les régimes de base du secteur privé (régime général, Mutualité sociale agricole [MSA] salariés, MSA non-salariés) versent, au total, 3,9 millions de pensions de droit dérivé, tandis que les régimes de la fonction publique (fonction publique d’État pour les fonctionnaires civils [FPE civils], fonction publique de l’État pour les militaires [FPE militaires] et Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales [CNRACL]) en versent 0,6 million. La part des bénéficiaires percevant uniquement un droit dérivé dans un régime (c’est-à-dire non cumulé avec un droit direct dans le même régime) parmi les bénéficiaires d’un droit dérivé est supérieure à 75 % dans la plupart des régimes.
Au cours du premier semestre, aux États-Unis comme en Suisse, plusieurs établissements bancaires ont été confrontés à des problèmes ayant conduit à leur rachat pour éviter une banqueroute. La hausse des taux, surtout elle est brutale, peut potentiellement fragiliser les établissements financiers. En France, le régulateur, l’ACPR, qui relève de la Banque de France, veille au contrôle de ces établissements. En l’état actuel, aucune menace de liquidité ou de la solvabilité n’a été constatée. Les autorités de tutelle veillent également à ce que l’évolution du crédit ne mette pas en danger les agents économiques et par ricochet l’ensemble du secteur financier. En France, les agents non financiers (administrations, sociétés non financières, ménages) se sont fortement endettés ces dernières années. Cet accroissement est encore gérable, même si une vigilance accrue est nécessaire.
Le système financier résiste à la remontée des taux d’intérêt. Les difficultés rencontrées au printemps 2023 par des banques américaines ou suisses ont été résolues sans effet domino notoire. Les mécanismes de supervision institués en 2009 après la crise des subprimes ont rempli leur rôle. Le ralentissement de la progression de l’endettement, en lien avec la hausse des taux, est salutaire pour limiter les risques de solvabilité des différents agents économiques et en premier lieu des ménages ou des entreprises. Les banques et les assureurs français bénéficient d’un niveau élevé de fonds propres et de liquidités pour faire face à la remontée des taux.
La solidité des établissements financiers est soutenue par un cadre prudentiel et de supervision européen rigoureux au sein de l’Union bancaire. Dans l’Union européenne, le cadre réglementaire défini au niveau international (Bâle III) s’applique à toutes les banques, même les plus petites quand, aux États-Unis, il ne s’applique qu’à 13 banques. Les banques régionales américaines sont soumises à des exigences moins contraignantes qu’en Europe. Le modèle de supervision actif de la zone euro, au sein du Mécanisme de surveillance unique (MSU) constitue un gage de sécurité. Les enquêtes menées sur place et sur pièces ainsi que les crash-tests de résistance permettent d’apprécier en temps réel les risques des différents établissements financiers.
Les banques françaises affichent des niveaux élevés de solvabilité et de liquidités. Elles disposent de dépôts stables. À court terme, elles doivent néanmoins faire face à une remontée de leurs coûts de financement en raison de la progression de l’encours des dépôts rémunérés dans le total des dépôts et du renouvellement de leur dette de marché à des taux plus élevés. Cette évolution au niveau de leur passif pourrait dégrader leurs résultats en 2023.
L’inflation et la hausse des taux ne sont pas sans incidences pour les assureurs. Pour les assureurs non-vie, l’inflation pèse sur le coût des prestations à servir car les activités sont exposées à une hausse des coûts des sinistres et des frais. Les assureurs vie sont confrontés à un rendement de l’actif moyen inférieur aux taux de marché, ce qui engendre un risque d’augmentation des rachats, en particulier sur les fonds en euros. Sur les cinq premiers mois de l’année, la décollecte des fonds euros a atteint 12 milliards d’euros. Les rachats restent néanmoins mesurés notamment du fait de la revalorisation du rendement des fonds euros intervenue en 2022. Si le Livret A peut concurrencer temporairement la collecte brute, son plafonnement à 22 950 euros limite les sorties de l’assurance vie. La remontée des taux, si elle est progressive, permettra une amélioration du taux de rémunération des fonds euros qui devraient combler ainsi leur écart avec le taux du Livret A. Les assureurs devraient continuer de puiser dans leurs Provisions pour Participation aux Excédents (PPE) pour améliorer cette rémunération.
La volatilité des marchés financiers devrait rester importante compte tenu des incertitudes concernant les taux d’intérêt en lien avec la résorption plus ou moins rapide de la vague inflationniste. Certains indicateurs de valorisation des actifs risqués, en particulier sur les marchés actions, laissent entrevoir un excès d’optimisme pouvant amener à une correction en cas de choc. Une remontée brutale des cours de l’énergie pourrait ainsi donner lieu à un ajustement sur les cours des actions. Les investisseurs ont, en effet, fait le pari d’une baisse de l’inflation au cours du second semestre 2023, baisse qui pourrait être remise en cause en cas de tensions sur le marché de l’énergie ou des produits agricoles.
Selon le Conseil de stabilité financière (CSF), environ 14 % des actifs financiers mondiaux sont gérés par des intermédiaires financiers non bancaires exposés à des risques semblables à ceux des banques. Ces acteurs pourraient connaître des besoins de financement importants en cas de choc de marché, par le biais d’appels de marges ou de demandes de rachats, et ainsi renforcer les dynamiques adverses de marchés à travers des ventes forcées d’actifs. Les autorités de régulation, ACPR et AMF, appellent de leurs vœux un renforcement de leur cadre réglementaire.
Malgré un endettement élevé au regard des comparaisons européennes, les sociétés non financières (SNF) françaises demeurent solides. Elles peuvent compter sur leurs bons résultats et sur une structure d’endettement majoritairement à taux fixe et avec des maturités relativement longues. Cette situation les protège d’un choc de taux brutal. Depuis décembre 2022, le taux de croissance des financements aux SNF a ralenti, mais reste positif. Le nombre de défaillances d’entreprises poursuit sa normalisation depuis novembre 2021 en se rapprochant du niveau qui prévalait avant la pandémie. Pour les banques, si le risque sur les emprunts des entreprises augmente, il reste maîtrisable.
La hausse des taux d’intérêt commence à se faire ressentir sur le marché immobilier. La production de crédits reste néanmoins plus dynamique en France que dans le reste de la zone euro. Après plusieurs années de forte hausse, les prix de l’immobilier décélèrent. Ils sont en recul à Paris et augmentent plus faiblement dans le reste de la France. Une correction mesurée des prix de l’immobilier permettrait de ramener le ratio prix/revenu des ménages vers les niveaux acceptables et proches de ceux qui étaient les leurs avant la crise covid.
Les ménages français sont peu touchés par le durcissement de la politique monétaire car ils se sont endettés à taux fixe. L’assainissement des conditions d’octroi du crédit, depuis l’adoption des mesures du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) fin 2020 – taux d’effort maximal des emprunteurs à 35 % des revenus et une durée de prêt maximale à 25 ans pour le crédit à l’habitat, avec une flexibilité limitant à 20 % la part de la production de crédit non conforme à ces conditions – réduit les risques au niveau des remboursements.
Les achats en ligne représentent désormais plus de 10 % de la consommation des ménages. Leur augmentation rapide durant la crise sanitaire et la persistance des habitudes prises influent sur la rentabilité des commerces de détail. Les prix de l’immobilier commercial subissent cette évolution et la remontée des coûts de financements. Pour les banques et les assurances, ces expositions restent modestes par rapport à leur total de bilan. Les fonds d’investissement immobilier ouverts sont exposés à un risque de liquidité, en cas de retrait des investisseurs, mais ces risques sont contrebalancés par la présence d’investisseurs aux comportements stables et la mise en place d’outils de gestion de la liquidité.
Avec une dette de plus de 3 000 milliards d’euros et un déficit publics de 4,7 % du PIB en 2022, la France figure parmi les mauvais élèves de l’Union européenne en matière de finances publiques. Les mesures de soutien aux ménages et aux entreprises prises après le déclenchement de la guerre en Ukraine ont suivi celles de la crise sanitaire. Elles ont retardé l’assainissement des comptes publics.
À politique inchangée, la dette publique ne diminuerait pas au cours des prochaines années. La Cour des Comptes a souligné que la France sera le dernier pays au sein de la zone euro à entamer la décrue de celle-ci. La France devra faire appel aux investisseurs étrangers pour la financer. Le maintien d’une croissance potentielle élevée est indispensable pour éviter une augmentation des taux d’intérêt.
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Le niveau d’endettement des agents économiques est en France élevé. Il est compensé par un taux d’épargne qui est un des plus importants de la zone euro. L’attractivité financière de la France demeure correcte et permet de faire face à des coûts acceptables aux besoins de financement. Cette situation demeure malgré tout fragile compte tenu de l’ampleur des déficits publics. La poursuite de la remontée des taux d’intérêt pourrait remettre en cause la politique d’investissement des entreprises et placer certaines d’entre elles en difficulté sachant qu’elles doivent rembourser leurs Prêts Garantis par l’État (PGE).
Questions à Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne
Depuis trois ans, le taux d’épargne des ménages se maintient à un niveau élevé. Il était, au premier trimestre 2023, de 18,3 % du revenu disponible brut, soit trois points au-dessus de son niveau d’avant la crise sanitaire. Les Français préfèrent diminuer leurs dépenses de consommation plutôt que toucher à leur cagnotte covid.
Ce comportement est assez classique. En période d’inflation, les ménages renforcent leur épargne de précaution par crainte des augmentations à venir. Il y a aussi un effet d’encaisse. Ils veulent maintenir constante la valeur de leur patrimoine. Les ménages sont conscients que l’inflation érode la valeur de leur patrimoine mais cela ne les empêche pas d’épargner, bien au contraire. Même si le ressenti est différent, depuis le début de l’année 2022, les pertes de pouvoir d’achat sont limitées permettant le maintien d’un fort volant d’épargne. Il convient néanmoins de souligner que les ménages les plus modestes n’ont pas ou plus les moyens d’épargner.
Le phénomène marquant du premier semestre est surtout la baisse de l’encours des dépôts à vue. Après avoir connu une augmentation rapide depuis 2016 et surtout depuis le début de la crise sanitaire, les dépôts à vue, les comptes courants se vident au profit du Livret A, du LDDS et du LEP. Leurs encours sont passés de 543 milliards d’euros fin septembre 2022 à 505 milliards d’euros fin avril 2023. Il reste malgré tout nettement supérieur à son niveau de décembre 2019, 406 milliards d’euros. Chaque ménage avait ainsi fin avril, en moyenne, 17 000 euros sur ses comptes courants. Cette réallocation a profité essentiellement aux Livrets A et aux LDDS. La collecte de ces deux produits a atteint 32,4 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année. Pour le seul Livret A : 26 milliards d’euros. L’encours du Livret A et du LDDS est passé de 510 à 544 milliards d’euros de fin décembre à fin mai. Le Livret d’Épargne Populaire, qui faisait l’objet d’une désaffection depuis des années, a connu une vive croissance. Il est le seul produit à être indexé sur l’inflation.
L’épargne réglementée a bénéficié à plein de l’augmentation de revalorisation de ses taux de rendement. Les trois revalorisations intervenues entre le 1er février 2022 et le 1er février 2023 ont conduit les ménages à privilégier ce type d’épargne. Même si les transferts de l’assurance vie vers le Livret A sont limités, ce placement a néanmoins été pénalisé par l’écart de taux qui s’est établi avec le second. La collecte nette sur les six premiers mois de l’année n’a été que de 4,1 milliards d’euros, contre 9,5 milliards d’euros en 2022. Les cotisations brutes sont en retrait et les sorties restent abondantes. En mai, une décollecte de 1,6 milliard d’euros a été enregistrée. Celle-ci a atteint, pour les seuls fonds euros, 12 milliards d’euros.
Les épargnants attendaient un taux du Livret A à 3,5 ou 4 %, ils ont eu le droit à un taux maintenu à 3 % et cela durant les dix-huit prochains mois. En prenant cette décision, le Ministre de l’Économie fait le pari de la baisse de l’inflation. Il souhaite également une reprise de la consommation qui est, depuis des mois, en berne. Le taux de 3 % sera plus compétitif à mesure de la décrue de cette dernière. Il a souhaité ne pas pénaliser les bénéficiaires des ressources de l’épargne réglementée, en particulier les bailleurs sociaux. Une augmentation du taux du Livret A constitue une charge pour les banques et pour la Caisse des Dépôts et Consignations qui centralise jusqu’à 60 % des ressources collectées. Par sa décision, le Ministre de l’Économie a voulu éviter de nouveaux surcoûts pour les banques au moment où les taux d’intérêt sur les emprunts augmentent.
Une des raisons de la non-application de la formule est également liée à la hiérarchie des taux. Un taux autour de 4 % aurait constitué un pic dans la hiérarchie des taux. Un produit d’épargne de court terme comme le Livret A serait ainsi beaucoup mieux rémunéré que les autres produits de court terme (dépôts à terme, livrets bancaires) mais aussi que certains produits de long terme et en particulier les fonds euros de l’assurance vie qui sont en décollecte depuis le début de l’année.
Le gel de 18 mois du taux du Livret A est le deuxième décrété depuis 2017. Le taux avait été bloqué durant le premier mandat d’Emmanuel Macron, jusqu’en 2021 à 0,5 %. Cette fois-ci, le ministre de L’Économie promet que le taux ne changera pas d’ici 2025 même si l’inflation revient dans sa zone cible des 2 %.
Après une année 2022, en repli, -9,5 %, le CAC 40 a gagné 14 % au cours du premier semestre. Il est notamment porté par le secteur du Luxe. Les autres grands indices boursiers sont également en hausse, en particulier le Nasdaq, avec comme symbole Apple dont la capitalisation a dépassé la semaine dernière 3 000 milliards de dollars.
Les valeurs boursières augmentent en lien avec les bons résultats des entreprises qui ont réussi à répercuter la hausse de leurs coûts sur leurs prix. Les investisseurs croient, par ailleurs, à la fin rapide de la vague inflationniste. Ils pensent que le plus dur est derrière eux en matière de hausse de taux d’intérêt. Ils ne s’inquiètent pas outre mesure des risques de récession.
Le marché de l’immobilier s’est certes retourné mais de manière modérée. Il subit la hausse de taux d’intérêt ainsi qu’un effet de correction après l’envolée des prix post covid. Après un doublement en vingt ans des prix, la baisse constatée ces derniers mois reste modeste : -0,4 % sur le premier semestre pour l’ensemble de la France. La baisse est plus importante à Paris mais la hausse y avait été aussi plus forte. Aux États-Unis, après un ajustement marqué en 2022, les prix sont de nouveau orientés à la hausse. Il est trop tôt pour évoquer une crise de l’immobilier. La demande en logements reste forte quand l’offre demeure faible. Les Français souhaitent des logements plus grands plus proches de la nature et de la mer et si possible à proximité des grandes agglomérations. Cette propension crée des tensions sur les prix au sein de nombreux territoires.
Au cours du premier semestre, Le Livret A a enregistré record sur record avec 26 milliards d’euros de collecte nette et un encours de 401 milliards d’euros. Ce dernier est plus élevé que ceux de l’épargne retraite et est quatre fois supérieur à celui du Plan d’Épargne en Actions. Le succès de ce produit repose sur un triptyque bien connu : sécurité, liquidité, et absence de fiscalité. Il bénéficie d’une médiatisation hors pair grâce à sa large diffusion (plus de 56 millions de Livrets A sont en circulation) et à son taux unique fixé par le gouvernement. Sans équivalent à l’étranger, ce produit de court terme est devenu le maître étalon de l’épargne française. Les responsables politiques font mine de s’en étonner ou de s’en inquiéter tout en appelant de leurs vœux la création de nouveaux livrets défiscalisés. Que ce soit pour financer l’industrie, la défense ou la transition énergétique, la création de livrets de court terme serait la solution miracle. Le Livret A, en permettant la transformation de ressources courtes en emplois de long terme, est digne d’un alchimiste. Sur moyenne période, l’épargnant ne sort pas gagnant de cette transformation. Bien souvent, ce dernier n’utilise pas le Livret A comme un produit d’épargne de précaution en y laissant dessus ses liquidités durant plusieurs années. Il aurait tout avantage à recourir à des produits de long terme qui seraient par ailleurs moins coûteux pour l’économie. La médiatisation sur le Livret A cultive l’aversion aux risques des Français qui se privent d’une épargne plus rentable. Interrogé récemment par la Mission d’information relative à la rémunération de l’épargne populaire et des classes moyennes à l’Assemblée nationale, je m’étonnais de la difficulté pour les Français d’accéder à des produits d’épargne convenablement rémunérés en lien avec le non-coté et les fonds d’infrastructure. À l’étranger, que ce soit aux États-Unis, au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, les épargnants peuvent souscrire à des produits conciliant sécurité et rendements supérieurs à ceux proposés à travers l’épargne réglementée. Il y a une ardente nécessité à démocratiser l’accès à ce type de produits en simplifiant la réglementation. Aujourd’hui, les tickets d’entrée pour les produits attractifs sont élevés, les rendant inaccessibles aux classes moyennes. La création d’un véritable marché de capitaux unifié au sein de la zone euro avec des opérateurs pouvant le couvrir totalement devrait constituer une priorité. En proposant des produits européens, l’effet de mutualisation réduira les risques. La possibilité de les vendre dans les vingt pays de la zone sera, par ailleurs, une source d’économies pour les professionnels de la finance. Aux États-Unis, la profondeur de marché constitue une des raisons du succès du non-coté auprès des épargnants.
Depuis plus de quarante ans, les pouvoirs publics appellent de leurs vœux le développement d’une épargne investie en actions, des SICAV Monory au Plan d’Épargne Retraite (PER). L’ensemble des initiatives prises n’ont pas été vaines, comme en témoigne le succès du PER depuis sa création en 2019. Il est important que ce dernier puisse, comme l’assurance vie, servir de vecteur à des produits innovants contribuant réellement à financer les entreprises et en particulier leur transition énergétique.
Jean-Pierre Thomas
Cité sur le site de BFMTV, le Directeur du Cercle de l’Epargne explique que « depuis 10 ans, le PEL n’avait plus beaucoup d’intérêt sur son côté crédit« , puisque les taux du marché immobilier étaient bas par ailleurs.
Dans cet article consacré aux placements, Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne indique que « Si vous allez sur les fonds euros de l’assurance-vie, vous n’êtes pas sûrs, loin de là, d’avoir un rendement de 3 % net, donc en l’état actuel des choses, le livret A et le livret de développement durable et solidaire offrent une rémunération garantie attractive ». il estime en revanche qu’ « Y placer de l’argent au-delà de l’épargne de précaution,[..] est rationnel. »
Boursier.com cite dans cet article Philippe Crevel qui rappelle qu’« en 2022, la collecte nette du premier semestre avait été de 9,5 milliards d’euros. Avant la crise sanitaire, en 2019, elle s’était élevée à 14 milliards d’euros. Il y a indéniablement un effet taux de rendement ». Pour le directeur du Cercle de l’Epargne « le rendement des fonds euros devrait continuer à s’améliorer en 2023 et se situer autour de 2,8% ce qui les rapprochera du taux du Livret A. D’ici leur publication, au début de l’année 2024, il est fort probable que leur décollecte se poursuive. Elle sera sans nul doute compensée par la collecte des unités de compte et cela d’autant plus si les marchés financiers restent bien orientés »
Investir revient sur la collecte de l’assurance vie en juin et cite dans cet article le Directeur du Cercle de l’Epargne.
Dans Capital, Philippe Crevel revient sur les placements à privilégier pour accompagner le financement d’un bien immobilier.
Assurance vie/PER – Résultats du mois de juin 2023
L’assurance vie sauvée par les unités de compte
Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne
Petit rebond en juin de la collecte nette de l’assurance vie
Après la contreperformance du mois de mai (-1,6 milliard d’euros), l’assurance vie a renoué, en juin, avec une collecte nette positive de 1,7 milliard d’euros. Ce résultat est meilleur que celui enregistré l’an dernier pour le même mois (528 millions d’euros). Le mois de juin est en règle générale moyen pour l’assurance vie. En vingt ans, elle a enregistré trois décollectes (2012, 2013 et 2020). En moyenne, la collecte nette est de 0,95 milliard d’euros.
Le mois de juin, comme les précédents, a été marqué par une décollecte sur les fonds euros toujours victimes de leur faible rendement et de la concurrence de l’épargne réglementée. La décollecte des fonds euros a été, en juin, de 2,8 milliards d’euros. Sur les six premiers mois, elle a atteint 15,5 milliards d’euros. Sur la même période, la collecte des Unités de Compte (UC) a été positive à hauteur de 19,5 milliards d’euros.
Au total, pour le premier semestre, la collecte nette a, pour l’assurance vie, atteint 4,1 milliards d’euros soit bien moins que celle du Livret A (25,84 milliards d’euros). Ce résultat est en-deçà de la moyenne de l’assurance vie sur ces dernières années. En 2022, la collecte nette du premier semestre avait été de 9,5 milliards d’euros. Avant la crise sanitaire, en 2019, elle s’était élevée à 14 milliards d’euros. Il y a indéniablement un effet taux de rendement.
Des cotisations brutes en forte augmentation, preuve d’une forte propension des ménages à l’épargne
Si les ménages délaissent les fonds euros, cela ne les empêche pas d’effectuer d’importants versements sur leurs contrats d’assurance vie prouvant leur propension à l’épargne. Sur la première moitié de l’année, les cotisations en assurance vie s’élèvent à 81,8 milliards d’euros, en hausse de +6 % par rapport à la même période de 2022. Le montant des cotisations brutes s’est élevé, en effet, à 15,6 milliards d’euros en juin, contre 10,1 milliards d’euros en mai. L’année dernière, pour le mois de juin, il était de 12 milliards d’euros.
En juin, la part des cotisations en UC s’établit à 46 %, soit plus que la moyenne de ces derniers mois (41 %). La bonne tenue des marchés financiers explique cet engouement ; alimenté également par la désaffection dont sont victimes les fonds euros.
Les ménages en plein arbitrage au niveau de leur épargne
Au mois de juin, les prestations s’élèvent à 13,9 milliards d’euros, en hausse de +21 % par rapport à juin 2022. Les assurés effectuent de nombreux rachats sur leurs fonds euros (11,2 milliards d’euros). Les rachats sur les UC sont plus modestes (2,6 milliards d’euros). Sur les six premiers mois de l’année, le montant des prestations est élevé, 77,7 milliards d’euros en hausse de 19 % sur un an.
En encours au-dessus de 1 900 milliards d’euros
Pour la première fois de son histoire, l’encours de l’assurance vie dépasse 1 900 milliards d’euros (1 910,8 milliards d’euros). En plus de la collecte nette positive, le premier produit d’épargne français en volume des ménages a bénéficié de la bonne tenue de la bourse. Cet encours a progressé de +5 % sur un an. En juin 2006, il s’élevait à 1 010 milliards d’euros.
L’assurance vie entre deux eaux
L’assurance vie est pénalisée par la faiblesse des rendements des fonds euros mais profite de la bonne tenue des marchés financiers qui dopent les unités de compte. Par ailleurs, le retournement du marché immobilier incite les ménages à revenir vers l’épargne financière et en premier lieu sur l’assurance vie. Ces derniers effectuent d’importants arbitrages en sortant des fonds euros et en réallouant les sommes concernées sur les unités de compte ou sur d’autres produits d’épargne, notamment les livrets réglementés.
Le rendement des fonds euros devrait continuer à s’améliorer en 2023 et se situer autour de 2,8 % ce qui les rapprochera du taux du Livret A. D’ici leur publication, au début de l’année 2024, il est fort probable que leur décollecte se poursuive. Elle sera sans nul doute compensée par la collecte des unités de compte et cela d’autant plus si les marchés financiers restent bien orientés.
Le Plan d’Épargne Retraite trace sa route
Si l’assurance vie doute quelque peu, le Plan d’Épargne Retraite (PER) continue à enregistrer une croissance dynamique. Les cotisations ont atteint 716 millions d’euros en juin 2023, en progression également de +30 % sur un an et 62 000 nouveaux assurés ont été signés (+10 %).
Au 1er semestre 2023, les cotisations versées s’élèvent à 4,1 milliards d’euros pour près de 450 000 nouveaux assurés, soit +22 % et +20 % respectivement par rapport au 1er semestre 2022. La collecte nette des PER s’élève à +2,8 milliards d’euros (+8 % par rapport au 1er semestre 2022). Fin juin 2023, 5,1 millions d’assurés détiennent un PER pour un encours de 66,8 milliards d’euros, dont 39 % correspondent à des UC.
Le PER continue à attirer de nouveaux clients grâce notamment à l’avantage fiscal dont il est doté à l’entrée. Si son encours progresse, il demeure néanmoins modeste par rapport à celui de l’assurance vie.


Cercle de l’Épargne – données France Assureurs
Contacts presse :
Sarah Le Gouez
06 13 90 75 48
Cité dans cet article consacré aux SCPI, Philippe Crevel estime que « la forte baisse de la collecte intervient après plusieurs années de record en la matière. Il y a un phénomène de correction ».
Dans cette interview, Philippe Crevel explique le succès du Livret A malgré un rendement réel négatif et rappelle que pour obtenir un meilleur rendement, les épargnants doivent accepter de prendre des risques et aller sur des valeurs qui vont fluctuer en fonction des marchés
Dans Boursier.com, Philippe Crevel explique que « le mois de juin n’est pas, en effet, traditionnellement porteur pour le Livret A. Depuis la banalisation de sa commercialisation en 2009, ce produit a connu quatre décollectes en juin (2009, 2010, 2014, 2015). Le montant moyen des collectes de ces dix dernières années (2013/2022) a été de 0,75 milliard d’euros. En ne retenant que les années d’avant la crise sanitaire (2013/2019), le montant moyen est de 0,23 milliard d’euros. 2023 tranche donc avec la tendance passée ».
Dans les colonnes des Echos, Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne commente la collecte record et revient sur un semestre inédit pour le placement financier le plus répandu. Il explique les raisons du succès du Livret A et évoque les collectes à venir, compte tenu du maintien du taux à 3 %.
Résultats du mois de juin 2023
Le semestre royal du Livret A
Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne
Le Livret A a conclu le premier semestre 2023 avec une collecte positive de 1,34 milliard d’euros. Sur les six premiers mois, la collecte aura atteint le niveau record de 25,84 milliards d’euros. L’encours du Livret A a battu en juin également un nouveau record à 401,3 milliards d’euros.
En prenant en compte le LDDS, la collecte des deux produits a été, en juin, de 2,16 milliards d’euros et sur les six premiers mois de l’année de 34,54 milliards d’euros. L’encours total a atteint fin juin 544,2 milliards d’euros.
Lors de ce premier semestre, le Livret A a conforté sa place de placement préféré des Français. Il a profité de la propension des ménages français à épargner dans cette période d’incertitudes économiques. Ces derniers privilégient toujours l’épargne à la consommation. La crainte de l’inflation et d’une dégradation éventuelle de la situation économique a incité les ménages à opter pour un comportement attentiste voire prudent. Les trois relèvements réalisés entre le 1er février 2022 et le 1er février 2023 du taux du Livret A ont conduit les ménages à réduire les liquidités disponibles sur leurs comptes courants.
Un mois de juin encore exceptionnel
La collecte du mois de juin 2023 (1,34 milliard d’euros) est certes inférieure à celle de mai (2,47 milliards d’euros) et à celle d’avril (2,33 milliards d’euros) mais reste supérieure à celle de juin 2022 (1,2 milliard d’euros).
Si une décrue de la collecte est constatée, elle demeure exceptionnelle. Le mois de juin n’est pas, en effet, traditionnellement porteur pour le Livret A. Depuis la banalisation de sa commercialisation en 2009, ce produit a connu quatre décollectes en juin (2009, 2010, 2014, 2015). Le montant moyen des collectes de ces dix dernières années (2013/2022) a été de 0,75 milliard d’euros. En ne retenant que les années d’avant la crise sanitaire (2013/2019), le montant moyen est de 0,23 milliard d’euros. 2023 tranche donc avec la tendance passée. L’effet taux demeure la principale explication de ce bon résultat. En période d’inflation, les ménages tentent de limiter au maximum l’érosion de leur patrimoine en cherchant les meilleurs rendements. Dans les années 2015/2021, les ménages ont laissé sur leurs comptes courants d’importantes liquidités car l’inflation était faible tout comme le rendement du Livret A. Il n’y avait pas un réel intérêt à placer son argent à court terme. Avec une inflation de plus de 5 %, la donne a changé. Avec un rendement de 3 %, le rendement réel du Livret A n’en demeure pas moins négatif.
Le semestre en or du Livret A
Sur les six premiers mois de l’année 2023, le Livret A connait une collecte historique de 25,84 milliards d’euros. Le précédent record datait de 2009 (21,36 milliards d’euros). En 2020, durant le premier semestre marqué par l’épidémie covid, la collecte s’était élevée à 20,41 milliards d’euros.
Le Livret de Développement Durable Solidaire dans les pas de son aîné
La collecte du mois de juin 2023 du Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) a été de 0,83 milliard d’euros, contre 1,05 milliard d’euros en mai 2023. Elle s’était élevée à 0,25 milliard d’euros en juin 2022. Sur les six premiers mois, le LDDS a enregistré un flux net de 8,70 milliards d’euros portant son encours à 143 milliards d’euros.
En 2023, le LDDS signe ainsi son meilleur premier semestre depuis 2009. Sur les six premiers mois de l’année, son précédent record datait de 2013 (6,43 milliards d’euros) au moment du doublement de son plafond (12 000 euros au lieu de 6 000 euros).
De plus en plus de Livrets A et LDDS au plafond
Avec les versements de ces trois dernières années, le nombre de Livrets A et de LDDS au plafond augmente à grande vitesse. Selon le rapport de l’Observatoire de l’Épargne Réglementée, 5,3 millions de livrets A détenus par des personnes physiques dépassaient le plafond réglementaire de 22 950 euros, soit 9,6 % des livrets. En 2022, ce nombre a augmenté d’un million, contre + 400 000 en 2020 et +380 000 en 2021). 24 % des LDDS sont également au plafond (12 000 euros), soit 6 millions. Ce nombre est également en hausse de 670 000 en 2022 contre 320 000 en 2021.
Les ménages ayant atteint les plafonds réglementaire peuvent compléter ceux des autres membres de la famille ou se rabattre sur les livrets ordinaires mais dont le rendement est moindre.
Une collecte plus mesurée dans les prochains mois ?
La décision du gel du rendement à 3 % durant 18 mois ne devrait pas affecter fondamentalement la collecte du Livret A même si l’effet « relèvement du taux » s’estompera avec le temps. Avec un taux de 3 %, le Livret A comme le LDDS reste compétitif par rapport à la grande majorité des placements.
Une érosion de la collecte est néanmoins à attendre d’autant plus si l’inflation se résorbe. Traditionnellement, les six derniers mois de l’année sont propices aux dépenses (vacances, rentrée scolaire, fêtes de fin d’année). Le gouvernement, en ne relevant pas le taux de 3 à 4 % du Livret A et du LDDS, entend justement inciter les ménages à retrouver le chemin de la consommation afin de sauver la croissance de l’année.

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations
Le 18 juillet dernier, l’Observatoire de l’Épargne Réglementée qui dépend de la Banque de France a publié son rapport annuel. Ce dernier dresse un tableau complet de l’épargne française et plus particulièrement de l’épargne réglementée.
En 2022, les Français ont été économes avec un flux annuel de placement de 158,7 milliards d’euros proche du niveau de 2021 de 161,1 milliards d’euros. Ce flux reste nettement supérieur à son niveau moyen de la période de 2010/2019 (91,7 milliards d’euros). L’année 2022 a été marquée par la forte progression des dépôts bancaires rémunérés en lien avec la hausse du taux du Livret A qui est passé de 0,5 % début 2021 à 3 % le 1er février 2023. À partir du troisième trimestre 2022, les ménages ont réorienté les sommes déposées sur les comptes à vue vers les produits d’épargne réglementée. En flux annuel, le flux de l’épargne réglementée, a, en 2022, atteint quasiment le même niveau qu’en 2020, pendant la crise de la Covid-19 (40,4 milliards en 2022 et 42,2 milliards en 2020).
Longtemps boudés, dans le contexte de remontée des taux d’intérêt, les comptes à terme redeviennent attractifs (+19,4 milliards en 2022 après + 1,1 milliard en 2021). Les flux vers les livrets ordinaires ont ralenti (10 milliards après 30,9 milliards en 2021), et les flux nets vers l’assurance vie restent faibles, comme en 2021. Les flux des actions et de l’assurance vie en Unités de Compte (UC) sont en hausse. Les flux des actions non cotées sont à 21,5 milliards en 2022, contre 12,3 milliards en 2021. Ceux vers l’assurance vie en UC atteignent 35,5 milliards en 2022, contre 27,8 milliards en 2021. Les Français ont donc apparemment choisi de réorienter une partie de leur épargne vers les actions non cotées et l’assurance vie en UC, et ce en dépit de leur valorisation négative en 2022 (-55 milliards pour les actions non cotées et -84,2 milliards pour l’assurance vie en UC).
En 2022, le durcissement de la politique monétaire conduisant à une remontée des taux d’intérêt a déprécié la valeur des obligations et a conduit à une baisse du cours des actions. L’encours du patrimoine financier des ménages enregistre de ce fait une baisse de 4,3 % en 2022 pour s’établir à 5 785,6 milliards d’euros, contre 6 046,6 milliards en 2021. Les encours des produits de fonds propres diminuent de 6,5 % par rapport à l’année précédente et retombent à 2 070 milliards d’euros. La valorisation négative des produits de fonds propres suit l’évolution des cours boursiers (-9,5 % pour le CAC 40 en 2022). Quant aux produits de taux, les encours sont également en baisse : -3,1 % pour atteindre 3 638,9 milliards d’euros. Cette diminution est due à une baisse de la valorisation de -236,7 milliards (contre -35,7 milliards en 2021). La valorisation négative des produits de taux, corollaire de la sous-performance des marchés obligataires en 2022, est essentiellement le fait de l’assurance vie en euros (-217,6 milliards).
Le patrimoine financier des ménages se compose principalement de dépôts bancaires (35 %), d’assurance vie (33 %) et d’actions et assimilés (26 %). La part de l’assurance vie diminue toutefois de 3 % par rapport à 2021 en raison des effets de valorisation, au profit de la part des dépôts bancaires. En matière de flux, les dépôts à vue ne comptent plus que pour 11 % du total en 2022, quand l’épargne réglementée atteint 25 % (contre 12 % en 2021) et que les flux des autres placements, dont les fonds propres, représentent 45 % (contre 27 % en 2021). L’encours de l’épargne réglementée représente 874 milliards d’euros fin 2022 (+ 5 % sur un an).
En 2022, cette rémunération des produits d’épargne réglementée a atteint 1,82 % en moyenne annuelle pondérée, contre une inflation qui s’est établie à 5,20 %. Hors PEL, le rendement nominal moyen des livrets était de 1,46 %, contre 0,52 % en 2021. Le rendement réel instantané a donc été négatif. Néanmoins, en moyenne sur cinq ans, le rendement réel des produits d’épargne réglementée, PEL inclus, n’est négatif que de 0,3 %. À titre de comparaison, le taux de rémunération annuel des livrets ordinaires avant imposition était de 0,33 % à la fin 2022, soit un taux réel négatif de -4,87 %.
Selon le rapport de l’Observatoire de l’Épargne Réglementée, au 31 décembre 2022, La France comptait 56 millions de Livrets A, dont 55,1 millions détenus par des personnes physiques et 0,82 million détenus par des personnes morales. En 2022, le nombre de livrets A a augmenté de 300 700 unités (+ 0,5 %), avec une hausse de 283 700 livrets pour les personnes physiques, et de 17 000 livrets pour les personnes morales. Le taux de détention des personnes physiques s’établit donc à 81 % en 2022, supérieur à celui de 2021.
3,1 millions de Livrets A ont été, en 2022, ouverts par des personnes physiques quand 2,8 millions ont été fermés. Les ouvertures atteignent leur plus haut niveau depuis 2012.
L’encours du livret A a atteint, en 2022, 375 milliards d’euros dont 350,2 milliards pour les personnes physiques et 23,8 milliards pour les personnes morales. Sur l’année 2022, l’encours des livrets A a progressé de 31,9 milliards d’euros. Cette progression, deux fois plus forte qu’en 2021, est due essentiellement aux personnes physiques (+9,7 %).
Les versements sur les livrets A détenus par des personnes physiques se sont élevés à 181 milliards d’euros en 2022, alors que les retraits ont représenté 152 milliards d’euros ; soit une collecte nette (hors intérêts) de 29 milliards d’euros. Depuis la mise en place de la collecte sur l’épargne réglementée en 2009, il s’agit de l’année enregistrant les plus hauts niveaux historiques de versements et de retraits sur livret A.
L’encours moyen d’un livret A est de 6 351 euros pour une personne physique (5 821 euros en 2021 et 5 546 euros en 2020). 5,3 millions de livrets A détenus par des personnes physiques dépassent le plafond réglementaire de 22 950 euros, soit 9,6 % des détenteurs (1 million de livrets de plus qu’en 2021, après une augmentation de 400 000 en 2020 et de 380 000 en 2021). Ces livrets représentent ainsi 36 % de l’encours. Depuis la fixation de ce plafond en 2013, la proportion des comptes dont l’encours dépasse 22 950 euros ne cesse d’augmenter. À titre de comparaison, en 2021, 4,3 millions de Français détenaient un livret A dont l’encours dépassait le plafond réglementaire, soit 7,8 % des détenteurs de ce livret.
59 % des livrets A ont plus de dix ans. Ces derniers concentrent 64 % de l’encours.
Les épargnants de plus de 65 ans possèdent 21 % des livrets A – soit leur poids dans la population française au 1er janvier 2022 – mais ils représentent 34 % des encours. En décomposant par âge, la population âgée de 18 à 25 ans ainsi que les personnes de plus de 65 ans sont celles dont les encours connaissent l’évolution la plus forte en 2022, avec respectivement 10,4 % et 10,5 % de croissance. Les personnes âgées de 25 à 45 ans ont quant à elles le taux de croissance le plus faible (7,9 %). 34 % des ouvertures de livrets A en 2022 ont été effectuées par les étudiants et mineurs, alors que ceux-ci ont un poids dans la population de 8 %. Les salariés en emploi représentent 40 % des ouvertures, les retraités 8 %, les chômeurs et autres inactifs 12 % et les entrepreneurs 3 %.
Les départements de Lozère, de Haute-Loire et de l’Aveyron sont en tête en matière d’encours moyen du livret A par détenteur. Les départements de Seine-Saint-Denis, de l’Aisne et du Val-d’Oise sont au contraire ceux où les encours moyens sont les plus faibles (9 %).
4,9 millions de livrets A sont inactifs – c’est-à-dire sans un versement ou un retrait – depuis au moins cinq ans, dont 3,7 millions ont un encours inférieur à 150 euros. Ces 4,9 millions de livrets représentent un encours de 14,8 milliards d’euros (0,06 milliard pour les seuls livrets à l’encours inférieur à 150 euros). Le nombre moyen de mouvements constatés sur les livrets A actifs s’établit, en 2022, à 5,4 versements et 6 retraits par an, soit environ un mouvement par mois.
Au 31 décembre 2022, le nombre de Livret de Développement Durable et Solidaire s’élevait à 24,8 millions en progression de 256 000 unités (+1 %) depuis le 31 décembre 2021. En 2022, 1,7 million de LDDS ont été ouverts et 1,3 million ont été fermés. Son taux de détention dans la population des plus de 18 ans atteint 46,2 %. L’encours du LDDS s’est élevé, fin 2022, à 134 milliards d’euros. Depuis le 31 décembre 2021, il a progressé de 7,9 milliards d’euros (+ 6,3 %), contre +9,7 % pour le Livret A. Les versements sur les LDDS se sont élevés à 58 milliards d’euros, alors que les retraits ont représenté 52,7 milliards d’euros, soit une collecte nette (hors intérêts) de 5,3 milliards d’euros. Il s’agit du niveau de versement le plus élevé jamais enregistré, même si la collecte nette de 2020 était supérieure du fait de retraits plus faibles à cause de la crise sanitaire.
L’encours moyen d’un LDDS est de 5 400 euros (5 100 euros en 2021), en progression continue depuis 2009. Les 24 % de LDDS dont l’encours dépasse le plafond réglementaire de 12 000 euros. 55 % de l’encours du LDDS est détenu par les 24 % de titulaires dont le livret a atteint le plafond. En 2022, 6 millions de comptes sont au plafond, soit 1 million de plus qu’en 2019 avec une augmentation nette en 2022 (670 000 livrets, contre 320 000 livrets en 2021).
Les épargnants de plus de 65 ans détiennent 42 % des encours des LDDS, mais 36 % des livrets pour un poids dans la population française de 21 % en 2022.
Les départements ayant les encours totaux les plus élevés en 2022 sont, comme en 2021, Paris, les Hauts-de-Seine, et le Nord.
1,1 million de LDDS sont inactifs depuis au moins cinq ans, contre 1,4 million en 2021. Le nombre moyen de mouvements constatés sur les LDDS actifs s’établit en 2022 à 3,5 versements et 3,3 retraits par an, soit environ un mouvement tous les deux mois. 58 % des LDDS ont plus de dix ans, et concentrent 60 % de l’encours.
Depuis la fin de l’année 2020, les établissements distribuant le LDDS ont l’obligation de proposer annuellement à leurs clients d’utiliser les sommes qui y sont déposées pour faire un ou plusieurs dons à des entreprises de l’économie sociale et solidaire ou d’utilité sociale. Au cours de l’année 2022, 2 550 dons ont été effectués, pour un total de 1,2 million d’euros.
Après 15 ans de baisse, le nombre de Livret d’Épargne Populaire (LEP) est en hausse. La hausse de la rémunération et la simplification du processus de vérification de l’éligibilité au produit expliquent cette progression.
En 2022, 2,1 millions d’ouvertures, contre 600 000 fermetures, ont été enregistrées portant le total de LEP ouverts à 8,3 millions. Le solde d’ouverture est ainsi devenu positif pour la première fois depuis 2015. Le taux de détention des personnes physiques par rapport à la population majeure a atteint 15,5 % en 2022, contre 12,9 % en 2021. Selon la Direction générale des finances publiques, le nombre d’individus éligibles au LEP serait de 18,6 millions à fin 2022. 44 % des personnes éligibles auraient ainsi un LEP.
L’encours du LEP s’élevait à 47,9 milliards d’euros à fin 2022, en augmentation de 9,5 milliards d’euros (+ 24,9 %) sur l’année. Les versements sur les LEP en 2022 se sont élevés à 17,7 milliards d’euros, quand les retraits ont représenté 11,9 milliards d’euros, soit une collecte nette (hors intérêts) de 5,8 milliards d’euros, un record historique.
L’encours moyen d’un LEP est de 5 700 euros en hausse de 2,9 % par rapport à celui observé en 2021. Les 47 % de LEP dont l’encours dépasse le plafond réglementaire de 7 700 euros représentent ainsi 71 % de l’encours. 18 % des LEP ont un encours inférieur à 750 euros, mais ne représentent que 0,5 % de l’encours total.
En 2022, les épargnants de plus de 65 ans détiennent 49 % des encours des LEP et 41 % des livrets, pour un poids dans la population française de 21 %.
La Corse, l’Île-de-France et la Provence-Alpes-Côte d’Azur sont les régions où l’augmentation de l’encours a été la plus forte en 2022.
400 000 LEP sont inactifs depuis au moins cinq ans. Ces livrets représentent un encours de près de 3,8 milliards d’euros. Le nombre moyen de mouvements constatés sur les LEP actifs s’établit, en 2022, à 3,3 versements et 3,0 retraits par an, soit environ un mouvement tous les deux mois.
38 % des LEP ont plus de dix ans et concentrent 45 % de l’encours.
Le Plan d’Épargne Logement (PEL) est un produit d’épargne qui a subi de fréquentes modifications depuis sa création. À la tribune de l’Assemblée nationale, le 15 juin 1965, le rapporteur du projet de loi instituant un régime d’épargne-logement, André Halbout, résuma le rôle dévolu au PEL ainsi : « si la solution du problème du logement en France présente un caractère d’urgence de plus en plus indiscutable, le Gouvernement l’a bien compris. C’est pourquoi il tient à relancer la construction privée en donnant à un plus grand nombre de candidats constructeurs des possibilités financières accrues ». Le PEL vise à inciter les ménages à se constituer un apport en vue d’acquérir leur résidence principale. À cette fin, des droits à prêts sont associés au PEL. Par ailleurs, jusqu’au 1er janvier 2018, pour les utilisateurs de ces droits à prêts, une prime d’État bonifiait la rémunération de leur épargne.
L’épargne-logement version 1969 remplaçait des dispositifs en vigueur depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle remplaçait le régime de l’épargne crédit institué par l’ordonnance du 4 janvier 1959 qui avait lui-même succédé au mécanisme de l’épargne construction créé par la loi du 15 avril 1953.
Le PEL est un compte réglementé qui permet d’obtenir un prêt à un taux connu à l’avance, après quatre ans minimum d’épargne. Selon la génération de PEL, les règles applicables sont différentes du fait du respect du principe de non-rétroactivité fiscale. Depuis le 1er mars 2011, la période de versements sur les PEL a été fixée à dix ans. Au-delà de cette date, ces produits continuent de rapporter des intérêts qui viennent accroître le capital. Par ailleurs, ces mêmes PEL sont automatiquement transformés en livret d’épargne classique à la quinzième année, quand les PEL ouverts avant cette date peuvent générer des intérêts jusqu’au retrait définitif des fonds.
Après avoir connu une progression jusqu’en 2018, le nombre de PEL diminue. Ce nombre s’élevait à 11,3 millions, en repli de 983 000 plans sur un an (-8,0 %). Si les ouvertures de PEL se sont élevées à 0,7 million d’unités en 2022, 1,5 million de plans ont été fermés, des niveaux équivalents à ceux de 2021. Son faible rendement en 2022, fixé à 1 % explique sans nul doute cette diminution. Le taux des crédits associés au PEL était peu attractif ces dernières années. Avec la remontée des taux, la situation a changé. En 2022, le taux des crédits PEL était de 2,2 %, à rapprocher du taux moyen des crédits immobiliers aux particuliers à vingt ans, qui s’établissait à 2,18 % en moyenne sur la même période.
Le taux de détention des personnes physiques s’est établi à 16,5 % en 2022, contre 18 % en 2021. Seul un Français sur six est donc titulaire d’un PEL. Depuis 2012 où il a été mesuré pour la première fois, le taux de détention a été le plus élevé en 2016 (23,9 %).
L’encours du PEL a baissé, en 2022, pour la première fois depuis quatorze ans en s’établissant à 287,9 milliards d’euros. Les versements sur les PEL, en 2022, se sont élevés à 25 milliards d’euros, un niveau équivalent à 2021, quand les fermetures ont représenté 42 milliards d’euros (contre 29 milliards en 2021), soit une décollecte nette (hors intérêts) de 16,5 milliards d’euros. L’annonce d’une hausse du taux de rémunération pour les PEL ouverts à partir du 1er janvier 2023 a pu conduire des épargnants à clore leur PEL, en 2022, pour en ouvrir un nouveau en 2023.
Le taux moyen des PEL avec primes s’élève à 2,57 % en pondérant le taux d’intérêt par le nombre de PEL, et à 3,02 % en le pondérant par l’encours. En termes réels, ces taux sont négatifs de 2,61 % en pondérant par le nombre de PEL et de -2,18 % en pondérant par l’encours. 41 % des PEL représentant 45 % de l’encours ont un taux d’intérêt égal à 2,50 % et 5 % des PEL représentant 11 % de l’encours sont rémunérés à un taux au moins égal à 5,25 %.
L’encours moyen d’un PEL est de 25 580 euros. 13 % des PEL ont un encours supérieur au plafond de 61 200 euros représentent ainsi 38 % du total de l’encours.
Les épargnants de 65 ans et plus détiennent 41 % de l’encours des PEL et 33 % des plans, pour un poids dans la population française de 21 % au 1er janvier.
Entre 2021 et 2022, tous les départements ont vu leur encours total de PEL baisser. C’est la première fois depuis 2019 que plus de 30 % des départements constatent une baisse (ils étaient 30 % en 2012 et 25 % en 2021).
56 % de l’encours des PEL est logé dans des plans ouverts il y a moins de dix ans – ces derniers représentant 66 % des PEL.
La France comptait, fin 2022, 82,1 millions de comptes courants essentiellement non rémunérés, pour un encours de 738 milliards d’euros, soit presque autant que l’encours de l’épargne réglementée, tous instruments confondus (874,1 milliards). À côté de ces comptes, plus de 20 millions de livrets ordinaires sont également dénombrés pour un encours de 264 milliards d’euros, soit un encours moyen de 12 895 euros, niveau supérieur à celui des encours moyens des produits d’épargne réglementée, à l’exception du PEL.
Malgré une rémunération plus faible que celle des d’épargne réglementée, inférieure à 1 %, ces livrets ordinaires ont l’avantage de ne pas avoir de plafonds, ou de disposer de plafonds plus élevés.
Les dépôts à vue ayant un encours supérieur à 20 000 euros ne représentent que 14 % des comptes, mais 85 % de l’encours. Pour les livrets ordinaires, 13 % des comptes avec un montant supérieur à 20 000 euros représentent 86 % de l’encours. En 2022, la plus grande partie de l’encours des livrets ordinaires (40,5 %) est détenue par les épargnants âgés de 45 ans à 65 ans, suivis de très près par les plus de 65 ans (40,1 %). Ces deux tranches d’âge comptent pour respectivement 31 % et 27 % du nombre de livrets et ont un poids dans la population de 25 % et 21 %. À l’inverse, les personnes âgées de 18 à 25 ans, représentant 29 % de la population française, ne détiennent que 15 % des comptes et 3 % de l’encours.
Interrogé par Moneyvox, sur le rendement attendu des fonds euros en 2023, le directeur du Cercle de l’Épargne, a estimé « qu’on se rapprochera des 2,5% à 2,8% ».
Dans Boursier.com, Philippe Crevel revient sur la collecte record enregistrée par le Livret A sur les cinq premiers mois de l’année. Pour le directeur du Cercle de l’Epargne « Faute de relèvement de la rémunération, l’effet taux ne pourra pas jouer sur la collecte. Cette dernière devrait néanmoins se maintenir à un bon niveau sans pour autant égaler les montants records enregistrés sur le premier semestre. Le second semestre étant en règle générale, plus axé dépenses qu’épargne, la collecte devrait s’atténuer surtout en fin d’année. »
Dans Money Vox, Philippe Crevel estime qu’« il y aura une poursuite de la remontée des taux en 2023 et les premières indications montrent qu’on se rapprochera des 2,5% à 2,8% de rendement ».
Cité dans cet article publié dans Le Particulier, le Directeur du Cercle de l’Epargne revient sur les raisons de la non revalorisation du Livret A. Il estime « qu’un taux autour de 4 % aurait constitué un pic dans la hiérarchie des taux».
Dans les colonnes des Echos, Philippe Crevel explique les raisons qui ont conduit le gouvernement à ne pas appliquer la formule et relever le taux du Livret A. Il estime que « par sa décision, le ministre de l’Economie a voulu éviter de nouveaux surcoûts pour les banques au moment où les taux d’intérêt sur les emprunts augmentent ».
Dans le 18H00 de France Culture, le Directeur du Cercle de l’Épargne explique les raisons qui ont poussé le Ministre de l’Économie à choisir de maintenir la rémunération du Livret A à 3 % pendant 18 mois.
Philippe Crevel commentait la décision de Bruno Le Maire de maintenir à 3 % la rémunération du Livret A jusqu’à février 2025 au micro de Radio classique
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Les épargnants attendaient un taux du Livret A à 4 ou 3,5 %, ils auront le droit à un taux maintenu à 3 % et cela durant les dix-huit prochains mois. En prenant cette décision, le Ministre de l’Économie fait le pari de la baisse de l’inflation. Il souhaite également une reprise de la consommation qui est, depuis des mois, en berne.
Priorité à la consommation
Depuis le début de l’année, les Français privilégient l’épargne à la consommation. Le taux d’épargne était de 18,3 % du revenu disponible brut au cours du premier trimestre, soit trois points au-dessus de son taux d’avant crise sanitaire.
Depuis le 1er février 2022, tout relèvement du taux du Livret A provoque une hausse de la collecte qui bat ainsi record sur record. Du mois de janvier à mai, elle a atteint 24,5 milliards d’euros, soit la collecte la plus importante depuis la banalisation de la distribution du Livret A en 2009.
Depuis 2022, les Français ont privilégié l’épargne de précaution sur la consommation. Face à l’érosion de leur pouvoir d’achat, ils ont préféré mettre de l’argent de côté par crainte de nouvelles hausses des prix. En ne relevant pas le taux du Livret A, Bruno Le Maire entend donner la priorité de la consommation qui est le principal moteur de la croissance. Il appelle de ses vœux un reprise de cette dernière. Il fait le pari de la poursuite de la baisse de l’inflation. Le taux de 3 % sera plus compétitif au fur et à mesure de la décrue de cette dernière.
Ne pas désespérer les emprunteurs
En maintenant le Livret A à 3 %, Bruno Le Maire souhaite ne pas pénaliser les bénéficiaires des ressources de l’épargne réglementée, en particulier les bailleurs sociaux. .
Une augmentation du taux du Livret A constitue une charge pour les banques et pour la Caisse des dépôts et consignations qui centralise jusqu’à 60 % des ressources collectées. Par sa décision, le Ministre de l’Économie a voulu éviter de nouveaux surcoûts pour les banques au moment où les taux d’intérêt sur les emprunts augmentent.
Préserver l’équilibre budgétaire
Les intérêts des Livrets A, du LDDS et du Livret d’Épargne Populaire étant exonérés d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux, l’augmentation du taux du Livret A aurait constitué un surcoût pour les finances publiques au moment ou le gouvernement est invité à sortir du « quoi qu’il en coûte ».
Ne pas désespérer les autres placements et en premier lieu l’assurance vie
Une des raisons de la non-application de la formule est liée à la hiérarchie des taux. Un taux autour de 4 % aurait constitué un pic dans la hiérarchie des taux. Un produit d’épargne de court terme comme le Livret A serait ainsi beaucoup mieux rémunéré que les autres produits de court terme (dépôts à terme, livrets bancaires) mais aussi que certains produits de long terme et en particulier les fonds euros de l’assurance vie qui sont en décollecte depuis le début de l’année.
Pour le moment, la collecte du Livret A et du LDDS est essentiellement alimentée par les dépôts à vue qui avaient connu une forte croissance depuis le début de la crise sanitaire mais cela n’est pas sans conséquence sur les fonds euros des contrats d’assurance vie.
Pas de rebond estival pour le Livret A en perspective
La non-revalorisation du Livret A ne devrait pas se traduire par un rebond de la collecte en juillet et en août. Faute de relèvement de la rémunération, l’effet taux ne pourra pas jouer sur la collecte. Cette dernière devrait néanmoins se maintenir à un bon niveau sans pour autant égaler les montants records enregistrés sur le premier semestre.
Le second semestre étant en règle générale, plus axé « dépenses » qu’« épargne », la collecte devrait s’atténuer surtout en fin d’année. 2023 devrait néanmoins être une excellente année pour le Livret A, le produit le plus diffusé au sein de la population française.
Au micro d’RTL, Philippe Crevel revient sur les raisons pour lesquelles le gouvernement pourrait décider d’une hausse limitée de la rémunération du Livret A à compter du 1er juillet prochain. Rappelant, que les Français ont largement privilégié l’épargne à la consommation, un taux à 4 % pourrait se révéler pénalisant pour la consommation et conduirait par ailleurs à accroître le coût de la construction pour le logement social.
Dans les colonnes du Figaro, Philippe Crevel calcule qu’« une hausse de 1 % représenterait 4 milliards d’euros de surcoûts pour les établissements financiers, sur la base de l’encours de fin mai (399,9 milliards d’euros) . Du fait, par ailleurs, de l’annonce d’un recul à venir de l’inflation susceptible de contraindre le gouvernement à revoir à la baisse la rémunération des produits d’épargne réglementée, Philippe Crevel estime par conséquent que la formule ne sera pas appliquer pour déterminer le taux pratiqué à compter du 1er août prochain.
Dans les Echos, Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epagne signe une tribune consacré à l’effet supposé de la hausse des taux sur le marché de l’immobilier. Face à la crise du logement, il expose quelques propositions destinées à fluidifier le marché.
A quelques jours de la recommandation du Gouverneur de la Banque de France, le Directeur du Cercle de l’Epargne estime dans les colonnes de la Tribune qu’ « un taux de 4% environ « aurait comme avantage d’être proche de l’inflation et de garantir un rendement réel faiblement négatif voire nul » mais que « les autorités pourraient choisir une solution de compromis avec une augmentation du taux du Livret A et du LDDS à 3,5% ».
Dans les colonnes du Parisien, Philippe Crevel explique pourquoi il mise sur un relèvement du taux du Livret A à 3,5 % en lieu des 4 à 4,1 % en cas d’application stricte de la formule fixé par le décret pris en 2021.
Au micro d’Europe 1, Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne évoque l’envolée du Livret A en termes de collecte depuis la revalorisation de son rendement. Il estime » qu’il y avait beaucoup d’argent liquide sur les comptes courants« , constituées, notamment pendant les confinements liés au Covid.
La fixation du taux du Livret A, deux fois par an, le 1er février et le 1er août, est devenue un rendez-vous incontournable et un enjeu qui dépasse de loin le poids et l’importance de ce produit d’épargne. En raison de sa notoriété, de sa large diffusion, de sa simplicité, le Livret A est devenu une forme d’étalon de l’épargne française. Son caractère administré est unique en soi, aucun autre pays ayant un produit d’épargne comparable.
Le nouveau taux du Livret A applicable à compter du 1er août sera connu après l’annonce officielle du taux de l’inflation du mois de juin prévue le jeudi 13 juillet.
Pourquoi le débat sur le taux du Livret A est-il devenu incontournable ?
Le Livret A n’est pas le produit le plus important en France. Son encours, fin mai 2023, a atteint 399,9 milliards d’euros quand celui de l’assurance vie dépasse 1883 milliards d’euros. Mais tous les Français ou presque ont un Livret A, quatre Français sur cinq. En comparaison, moins d’un ménage sur deux a un contrat d’assurance vie. En 2021, 54,9 millions de livrets étaient détenus par des personnes physiques. Le Livret A est souvent ouvert dès le plus jeune âge, voire à la naissance, par les parents ou les grands parents. Il accompagne durant toute leur vie les Français.
Le Livret A est à tort ou à raison considéré comme un produit d’épargne populaire. Y toucher est sacrilège. Ce caractère est en partie usurpé car une part importante de l’encours est réalisée par les ménages dits aisés. L’encours moyen d’un Livret A est de 5 800 euros mais 8 % des détenteurs ont atteint le plafond de 22 950 euros. Ces derniers détiennent 32 % de l’encours. Les plus de 65 ans représentent 34 % de l’encours.
Le Livret A, au-delà de sa large diffusion, bénéficie d’une aura au sein de la population. Le produit est simple à comprendre, son rendement s’applique à tous les livrets quel que soit leur date d’ouverture. Il est sans risque, avec à la clef une garantie totale du capital et des revenus capitalisés, garantie assurée par l’Etat. L’épargne est liquide, l’épargnant pouvant verser et retirer de l’argent à sa guise. Le livret A est, en outre, ce qui est un atout indépassable en France, exonéré d’impôts et de prélèvements sociaux. Il n’y pas de frais apparents.
La fixation du taux du Livret A, une affaire éminemment politique
À la différence de l’assurance vie et de ses fonds euros dont leur rendement est fixé par les compagnies d’assurance, le taux du Livret A est national et est décidé par le gouvernement. Le taux des fonds d’assurance vie est une affaire privée quand celui du Livret A est une affaire éminemment politique.
Depuis une vingtaine d’années, l’idée que l’épargne du Livret A doit être protégée de l’inflation s’est imposée. Cela a été le cas de 2003 à 2016. Durant les années 1970 et au début des années 1980, le rendement réel du Livret A a été négatif.
De l’art de la formule ou comment y échapper
Les gouvernements ont essayé d’échapper à la politisation de la fixation du taux du Livret A en instituant une formule de calcul. La première règle de fixation a été institutionnalisée par du Gouvernement de Jean-Pierre Raffarin en 2004 avec comme objectif de maintenir le pouvoir d’achat des épargnants. Dès le départ, la formule prend en compte deux facteurs, l’inflation et les taux des marchés monétaires. Mais face aux variations des taux d’intérêt et de l’indice des prix ainsi qu’en raison de considérations d’ordre politique, les gouvernements successifs ont été amenés, à plusieurs reprises, soit à ne pas respecter la formule, soit à la modifier. Quatre formules se sont ainsi succédé depuis 2004.
La formule en vigueur date de l’arrêté du 27 janvier 2021. Le taux des livrets A, des livrets d’épargne est égal, après arrondi au dixième de point le plus proche ou à défaut au dixième de point supérieur, au chiffre le plus élevé entre les a et b ci-dessous :
a) La moyenne arithmétique entre :
– la moyenne semestrielle des taux à court terme en euros (€STR) ;
– l’inflation en France mesurée par la moyenne semestrielle de la variation sur les douze derniers mois connus
b) 0,5 %
Le gouverneur de la Banque de France peut proposer au Ministre de l’Economie de déroger à la stricte application de la formule au nom de « circonstances exceptionnelles ». Dans ce cas, le Gouverneur transmet l’avis et les propositions de taux de la Banque de France au ministre qui retrouve ainsi un pouvoir discrétionnaire.
Cette formule, en prenant la moyenne de l’inflation et des taux monétaire, ne garantit pas un rendement réel positif. Son élaboration visait à éviter que le taux du Livret A soit déconnecté des taux des marchés monétaires qui influencent les taux de rémunération des produits de court terme (dépôts à terme, livrets bancaires, etc.).
Sur les six premiers mois de l’année, le taux Ester est de 2,19 % et l’inflation devrait se situer autour de 5,7 % faisant une moyenne de 4 %.
Pour l’actualisation du 1er août une forte probabilité de circonstances exceptionnelles
Le Ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a promis un relèvement du taux du Livret A au nom de la protection de l’épargne des Français mais sans préciser s’il s’en tiendrait ou non à la formule. « Ma première responsabilité, c’est de protéger l’épargne des Français, surtout dans cette période de crise, c’est extrêmement important », avait déclaré, le mercredi 3 mai à France Info, le Ministre. Il avait précisé « si jamais la conclusion de la formule et du gouverneur de la Banque de France, c’est que comme l’inflation est très élevée, il faut continuer à augmenter la rémunération du Livret A, je suivrai la recommandation du gouverneur », Il a complété que « c’est une proposition qui est faite par le gouverneur de la Banque de France et qui ensuite est validée par votre serviteur ».
Le taux du Livret A issu de la formule devrait ressortir à 4 %. Ce taux aurait comme avantage d’être proche de l’inflation et de garantir un rendement réel faiblement négatif voire nul.
Cette légitime protection des détenteurs du Livret A entre en conflit avec d’autres impératifs de la politique économique et financière des pouvoirs publics.
Une incitation à l’épargne au détriment de la consommation
Tout relèvement du taux du Livret A provoque une hausse de la collecte. Depuis le début de l’année, celle-ci bat record sur record. Elle s’est élevée du mois de janvier à mai à du Livret A a 24,5 milliards d’euros, soit la collecte la plus importante depuis la banalisation de la distribution du Livret A en 2009. Cette année, sur cinq mois, la collecte avait 22,76 milliards d’euros.
Les Français privilégient l’épargne de précaution à la consommation qui a reculé lors du premier trimestre 2023. Une nouvelle augmentation du Livret A pourrait accentuer cette préférence qui, par ricochet, porte préjudice à la croissance.
Un surcoût pour les emprunteurs
Une augmentation du taux du Livret A constitue une charge pour les banques et pour la Caisse des dépôts et consignations qui centralise jusqu’à 60 % des ressources collectées. Pour s’acquitter des 4 % dus aux détenteurs du Livret A, les banques doivent générer un rendement de plus de 4,3 % (0,3 point pour les frais de collecte) à partir de l’argent collecté. Cela peut les conduire à augmenter le taux des emprunts aux bailleurs sociaux, aux collectivités locales et aux PME (pour les ressources du LDDS). Par ailleurs, pour assurer la liquidité du Livret A, une partie des ressources est placée en titres monétaires et obligataires (essentiellement publics). Or les taux de ces derniers sont inférieurs à 4 %.
Pour le Livret A, le coût annuel de l’augmentation d’un point de sa rémunération est de 4 milliards d’euros pour les établissements financiers, sur la base de l’encours de fin mai (399,9 milliards d’euros). En prenant en compte le LDDS, le coût de la majoration d’un point est de 5,4 milliards d’euros.
Un surcoût pour l’État
Les intérêts des Livrets A, du LDDS et du Livret d’Épargne Populaire sont exonérés d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux. Il en résulte un manque à gagner pour l’État et les régimes sociaux. Le manque à gagner sur l’encours est de 6,5 milliards d’euros (en appliquant le prélèvement forfaitaire unique à 30 %).
L’augmentation du taux du Livret A pèse également sur les bénéfices de la Caisse des dépôts et consignations, réduisant d’autant le montant des dividendes versés à l’État.
Une concurrence déloyale vis-à-vis des autres produits d’épargne ?
Un taux au-delà de 4 % constituerait un pic dans la hiérarchie des taux. Un produit d’épargne de court terme comme le Livret A serait ainsi beaucoup mieux rémunéré que les autres produits de court terme (dépôts à terme, livrets bancaires) mais aussi que certains produits de long terme et en particulier les fonds euros de l’assurance vie. Pour le moment, la collecte du Livret A et du LDDS est essentiellement alimentée par les dépôts à vue qui avaient connu une forte croissance depuis le début de la crise sanitaire mais cela n’est pas sans conséquence sur les fonds euros des contrats d’assurance vie qui sont en décollecte depuis plusieurs mois.
Plus facile à augmenter qu’ à baisser
Le ministre de l’Économie pourrait justifier le non-respect de la formule en soulignant que l’inflation a amorcé sa décrue depuis deux mois. Une augmentation importante du taux du Livret A pourrait être perçue comme une crainte de reprise de l’inflation à l’automne. Si l’inflation diminue dans les prochains mois et que la hausse des taux directeurs arrive à son terme, le ministre de l’Économie pourrait être amené à baisser le taux du Livret A le 1er février 2024. Or, toute baisse du taux du Livret A constitue un psychodrame en puissance. En augmentant moins que la simple application de la formule le commande, le ministre sera moins exposé, le 1er février 2024, aux critiques.
Les pronostics
La fixation d’un taux à 4 % est peu probable. Un tel choix viserait à faire un geste aux épargnants au cœur de l’été après la séquence des retraites et des émeutes dans les banlieues.
La fixation d’un taux autour de 3,5 % permettrait de couper la poire en deux. Elle améliorerait le rendement du Livret A tout en tenant compte des intérêts des emprunteurs, des établissements financiers et de l’État.
Les gains pour les épargnants
| taux en % | Gains sur un an en euros avec encours moyen du Livret A (5 800 euros) | Écart de gains en euros avec le taux actuel sur un an | Gains sur un an en euros du Livret A au plafond (22 950 euros ) | Écart de gains en euros avec le taux actuel sur un an |
| 3 | 174 | 688,5 | ||
| 3,5 | 203 | 29 | 803,25 | 114,75 |
| 4 | 232 | 58 | 918 | 229,5 |
| Taux du Livret A | ||
|---|---|---|
| 22 mai 1818 | 5 | |
| 1er janvier 1851 | 4,75 | |
| 1er janvier 1881 | 3,5 | |
| 1er janvier 1905 | 3 | |
| 1er janvier 1916 | 3,5 | |
| 1er janvier 1929 | 3,5 | |
| 1er janvier 1946 | 1,5 | |
| 1er janvier 1960 | 3,25 | |
| 1er janvier 1966 | 3 | |
| 1er janvier 1968 | 3,5 | |
| 1er juin 1969 | 4 | |
| 1er janvier 1970 | 4,25 | |
| 1er janvier 1974 | 6 | |
| 1er janvier 1975 | 7,5 | |
| 1er janvier 1976 | 6,5 | |
| 16 octobre 1981 | 8,5 | |
| 1er août 1983 | 7,5 | |
| 16 août 1984 | 6,5 | |
| 1er juillet 1985 | 6 | |
| 16 mai 1986 | 4,5 | |
| 1er mars 1996 | 3,5 | |
| 16 juin 1998 | 3 | |
| 1er août 1999 | 2,25 | |
| 1er juillet 2000 | 3 | |
| 1er août 2003 | 2,25 | |
| 1er août 2005 | 2 | |
| 1er février 2006 | 2,25 | |
| 1er août 2006 | 2,75 | |
| 1er août 2007 | 3 | |
| 1er février 2008 | 3,5 | |
| 1er août 2008 | 4 | |
| 1er février 2009 | 2,5 | |
| 1er mai 2009 | 1,75 | |
| 1er août 2009 | 1,25 | |
| 1er août 2010 | 1,75 | |
| 1er février 2011 | 2 | |
| 1er août 2011 | 2,25 | |
| 1er février 2013 | 1,75 | |
| 1er août 2013 | 1,25 | |
| 1er août 2014 | 1 | |
| 1er août 2015 | 0,75 | |
| 1er février 2020 | 0,5 | |
| 1er février 2022 | 1 | |
| 1er août 2022 | 2 | |
| 1er février 2023 | 3 | |

Cercle de l’Épargne

Cercle de l’Épargne – INSEE

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Cercle de l’Épargne – Banque de France
Contacts presse
| Philippe Crevel 06 03 84 70 36 | Sarah Le Gouez 06 13 90 75 48 slegouez@cercledelepargne.fr |
Dans les colonnes de 20 Minutes, Philippe Crevel évoque le montant attendu du relèvement en cas de respect de la règle édictée par le gouvernement en 2021.
En 2022, 21,7 % des personnes en emploi occupaient, en France, un poste de cadre. En près de quarante ans, leur part dans l’emploi total a plus que doublé (8 % en 1982). La proportion de femmes cadres demeure moins importante que celle des hommes malgré une augmentation ces dernières années. (18,9 % des femmes sont cadres contre 24,3 % d’hommes). Les cadres et professions intellectuelles supérieures, tels que définis par l’INSEE, regroupent six catégories socioprofessionnelles, allant des professions libérales aux cadres de la fonction publique en passant par les professeurs ou encore les cadres administratifs et commerciaux d’entreprise et les ingénieurs. L’appellation « cadres et professions intellectuelles supérieures » rassemble ainsi des travailleurs indépendants, des salariés et des fonctionnaires. Malgré cette grande diversité de statuts et de métiers, les cadres et professions intellectuelles supérieures se distinguent du reste de la population à la fois par leur niveau de formation et par leur niveau de vie. En 2019, 87 % d’entre eux étaient diplômés de l’enseignement supérieur (contre 43 % de l’ensemble des personnes en emploi) et 54 % sont titulaires d’un diplôme de niveau bac +5 ou plus. Leur niveau de vie médian était, toujours en 2019, de 34 410 euros quand celui de l’ensemble des Français était de 23 910.
Au sommaire de cette étude
Tous régimes confondus au 31 décembre 2021, selon le service statistique du ministère des Solidarités et de la Santé (DREES), le nombre de retraités de droit direct ayant acquis des droits à pension en contrepartie de cotisations auprès de régimes de retraite français est estimé à 17,0 millions. Le nombre de retraités de droit direct vivant en France s’élève, de son côté, à 16,0 millions (soit 93,9 % de l’ensemble). Parmi eux, la quasi-totalité dispose d’un droit dans au moins un régime de base ou intégré.

Cercle de l’Épargne – données DREES
Les effectifs de retraités de droit direct des régimes français augmentent de 0,5 % par rapport à fin 2020, ce qui représente 90 000 personnes de plus. Cette augmentation est moins importante que celle observée les années précédentes : +1,1 % en moyenne annuelle entre 2015 et 2020, soit 185 000 retraités supplémentaires par an. Ce rythme est moins soutenu qu’entre 2005 et 2010 : +2,6 % par an en moyenne, soit 364 000 retraités de plus par an. Cette évolution est imputable aux différentes réformes des retraites dont celle de 2010 qui a porté l’âge légal de 60 à 62 ans.

Cercle de l’Épargne – données DREES
Entre 2004 et 2015, le ratio entre le nombre de personnes en emploi et le nombre de retraités diminue, de 2,02 à 1,71. À l’exception de l’année 2020, ce ratio se maintient à ce niveau jusqu’en 2021. Le nombre de personnes en emploi augmente de façon moins dynamique au cours de la période, quand le nombre de retraités progresse continûment.

Cercle de l’Épargne – données DREES
Parmi les 16,9 millions de retraités d’un régime de base, 84 %, soit 14,2 millions de retraités, perçoivent une pension de droit direct de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV). 12,2 millions reçoivent une pension complémentaire du régime unifié fusionnant l’Association générale des institutions de retraite des cadres et l’Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés (Agirc-Arrco). Les régimes de base du secteur privé ou des indépendants non libéraux (CNAV, Mutualité sociale agricole [MSA] salariés, MSA non-salariés) versent 17 millions de pensions de droit direct, ceux de la fonction publique (régime de la fonction publique de l’État pour les fonctionnaires civils [FPE civils] et CNRACL) un peu plus de 3 millions, ceux des professions libérales (Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales [CNAVPL] et Caisse nationale des barreaux français [CNBF]) environ 0,4 million, et les régimes spéciaux, plus de 0,7 million.
De nombreuses personnes ont été affiliées à plusieurs régimes de retraite au cours de leur carrière. Fin 2021, 24 % des retraités reçoivent une pension d’au moins deux régimes de base et sont donc dits « polypensionnés ». Le nombre moyen de pensions de droit direct provenant d’un régime de base est de 1,3 par retraité, et le nombre moyen de pensions de droit direct provenant d’un régime de base ou d’un régime complémentaire est de 2,3. La part des polypensionnés par génération tend à baisser en raison de l’intégration de plusieurs régimes de retraite au sein de l’assurance vieillesse. La proportion de polypensionnés variait de 33 % à 37 % pour les générations nées de 1926 à 1952. Elle se situe pour la génération de 1954 autour de 25 %.
En proportion, les hommes sont plus nombreux que les femmes à être polypensionnés (27 % contre 22 %) du fait d’une plus grande mobilité professionnelle et de carrière plus longue que les femmes. La part des polypensionnés dépend de la catégorie socioprofessionnelle. Ainsi, les agriculteurs qui occupent fréquemment d’autres emplois sont à plus de 75 % polypensionnés. Ce taux est également élevé pour les professions libérales (91 %) et les affiliés à la CNRACL (66 %). À l’inverse, il est plus faible au régime général (27 %), surtout depuis l’intégration des indépendants de l’ex-SSI, et dans le régime de la FPE civils (43 %).

Cercle de l’Épargne – données DREES
Fin 2021, l’âge conjoncturel de départ à la retraite est, selon la DREES, de 62 ans et 7 mois pour les retraités résidant en France. Les femmes partent en moyenne 10 mois après les hommes : 63 ans pour les premières et 62 ans et 2 mois pour les seconds.
L’âge conjoncturel de départ à la retraite a augmenté de 2 ans et 1 mois depuis 2010, principalement en raison du passage de 60 à 62 ans de l’âge légal en 2020. Il augmente en revanche plus lentement depuis 2016 (8 mois), l’effet du relèvement de l’âge minimum légal d’ouverture des droits à la retraite à 62 ans tendant à s’estomper.
Entre 2004 et 2010, l’âge conjoncturel avait diminué de 1 mois, notamment après la mise en place de la possibilité de départ anticipé à la retraite pour carrière longue prévue par la réforme de 2003, et aussi sous l’effet de l’amélioration tendancielle des carrières féminines.

Cercle de l’Épargne – données DREES
L’âge conjoncturel de départ à la retraite augmente quels que soient les régimes mais des écarts demeurent entre les différents régimes. L’âge de départ le plus précoce est constaté à la RATP. Suivent la SNCF et les industries électriques et gazières.

Cercle de l’Épargne – données DREES
Avec le relèvement de l’âge légal, le taux de retraités à 60 ans a reculé de 46 points, passant de 63 % en 2010 (génération 1950) à 17 % en 2021. Le taux de retraités à 61 ans a lui aussi baissé, de 75 % en 2010 (génération 1949) à 27 % en 2021. L’ouverture des droits à la retraite intervient de plus en plus tardivement en raison de l’application des réformes. Le report de l’âge de départ à la retraite et l’allongement de la durée de cotisation entraînent, en effet, ce recul.

Cercle de l’Épargne – données DREES
Fin 2021, la moitié des retraités de droit direct ont plus de 73 ans et 2 mois contre 72 ans et 8 mois fin 2020. Il est de 73 ans et 5 mois pour les femmes et de 72 ans et 5 mois pour les hommes. Les bénéficiaires d’une pension de droit direct qui ont entre 70 et 74 ans, fin 2021, sont les plus nombreux, notamment car il s’agit des générations du baby-boom. Ces derniers représentent ainsi 23 % de l’ensemble des retraités de droit direct. 14 % des titulaires d’un droit direct ont moins de 65 ans.
La France détient l’espérance de vie à la retraite la plus longue de l’OCDE, autour de 25 ans en raison de départs précoces et d’une forte longévité. Le nombre d’années passées à la retraite devrait diminuer à l’avenir en raison de la stagnation de l’espérance de vie et des réformes qui imposent un report de l’âge de liquidation des droits. Entre les générations 1951 et 1954, la durée de retraite espérée de chaque génération est inférieure en moyenne d’environ 3 mois à celle de la génération précédente. La durée de retraite espérée pour la génération 1954 est de 24 années et 7 mois. Sur le long terme, cette durée reste de 2 mois plus élevée par rapport à celle de la génération 1940. Entre ces générations, la durée moyenne de retraite espérée est plus élevée pour les hommes (4 mois) et en légère diminution pour les femmes (de 1 mois). Bien que les femmes partent à la retraite à un âge, en moyenne, supérieur à celui des hommes, elles vivent plus longtemps, de sorte que leur durée espérée de retraite est supérieure. En moyenne, les femmes nées en 1954 passeront 26 années et 5 mois à la retraite, contre 22 années et 9 mois pour les hommes de la même génération.

Cercle de l’Épargne – données DREES
À la veille du départ des générations nombreuses des années 1960, les retraités français sont au nombre de 16 millions en 2021, contre 5 millions quarante ans auparavant. Ils devraient être 24 millions d’ici le milieu du siècle. Les pouvoirs publics tentent de ralentir cette marche en avant en repoussant l’âge de départ et en allongeant la durée de cotisation. L’évolution de la législation aboutit à une moindre espérance de vie à la retraite, espérance de vie qui était en France la plus importante de l’OCDE. Le pari de l’augmentation du taux d’emploi chez les seniors vise à réaliser des économies au niveau des comptes des régimes de retraite mais également à maintenir une force productive suffisante pour générer de la croissance. Ce pari nécessite une adaptation des emplois afin que ces derniers soient conciliables avec des actifs plus âgés.
Le niveau de vie des retraités est, en France, supérieur à celui de la moyenne de la population. Peu de pays au sein de l’OCDE sont dans cette situation mais celle-ci est amenée à évoluer de manière négative. En 2019, selon le Conseil d’Orientation des Retraites, le niveau de vie moyen des retraités représentait, en effet, 101,5 % de celui de l’ensemble de la population. Ce ratio est, en revanche, en baisse depuis plusieurs années. Ce processus est amené à se poursuivre.
En 2019, le total des pensions brutes perçues par les personnes vivant dans un ménage dont la personne de référence est retraitée s’élève à 2 363 euros mensuels en moyenne auxquelles s’ajoutent 313 euros de revenus d’activité (la personne retraitée du ménage cohabite avec une personne active ou est en situation de cumul emploi-retraite). À ces revenus viennent également s’ajouter 407 euros de revenus du patrimoine pour les retraités. Enfin, les retraités perçoivent moins de prestations sociales, 51 euros, et acquittent également des impôts à hauteur de 266 euros, toujours par mois.
Au total, le revenu disponible des ménages retraités s’élève à 2 700 euros mensuels en moyenne et celui des ménages actifs à 3 627 euros en 2019. Le revenu disponible des retraités représente ainsi 84,3 % du revenu de l’ensemble des ménages (3 203 euros) alors que celui des actifs en représente 113,2 %.
En prenant en compte les charges de famille (enfants à charge), le niveau de vie des retraités par unité de consommation est de 2 132 euros mensuels, contre 2 099 euros mensuels pour l’ensemble de la population, soit un écart de 1,5 %. Ce niveau de vie reste toutefois inférieur à celui des seuls actifs qui avec 2 275 euros ont un niveau de vie supérieur de 8,4 % que l’ensemble de la population.
Par ailleurs, les retraités sont plus souvent propriétaires de leur logement (plus de 75 %) que les actifs ou que l’ensemble de la population (58 %) et ont moins souvent à payer un loyer. Le niveau de vie des retraités avec loyers imputés est alors de 7,8 % plus élevé que celui de l’ensemble de la population.
Le niveau de vie relatif des retraités a progressé de 30 points entre 1970 et le milieu des années 1990 et demeure depuis légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population depuis. Les pensions brutes des retraités ont ainsi augmenté en euros constants continûment jusqu’en 2017, en raison du renouvellement de la population des retraités (effet noria). À compter de 2017 et jusqu’en 2021, les pensions ont évolué moins rapidement que les prix du fait de mesures de désindexation.
Les retraités ont dû subir des hausses d’impôts et de prélèvements sociaux entre 2002 et 2017 qui ont pesé sur l’évolution de leur pouvoir d’achat (CSG notamment pour les retraités percevant plus de 2000 euros de pension par mois). En revanche, depuis 2018, les retraités comme le reste de la population ont bénéficié d’une baisse d’impôt sur le revenu et d’une moindre imposition des dividendes avec l’instauration du prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % sur les revenus du patrimoine financier. Détenteurs importants de produits financiers, les retraités ont été les principaux bénéficiaires de cette mesure.
En 2018, le niveau de vie des retraités diminue alors que celui des actifs progresse. Avec la résurgence de l’inflation, les actifs bénéficient d’une revalorisation plus importante de leurs revenus. Le niveau de vie des retraités qui était de 5 points au-dessus de la moyenne de la population en 2016 s’est contracté à 1,5 point.
Selon les scénarios du Conseil d’Orientation des Retraites, le niveau de vie relatif des retraités s’établirait entre 91,6 % et 94,4 % en 2040 et entre 75,4 % et 87,7 % en 2070, après être passé par un maximum à 106 % vers 2014.
Niveau de vie relatif des retraités observé et projeté
(niveau de vie moyen des retraités rapporté à celui de l’ensemble de la population )

Source : COR
Du fait des règles de calcul des pensions, les inégalités sont moindres chez les retraités que chez les actifs. En 2019, le niveau de vie médian des retraités est égal à 1 878 euros par mois et par unité de consommation, ce qui signifie qu’une personne à la retraite sur deux dispose d’un niveau de vie inférieur à ce montant. Un retraité sur dix dispose d’un niveau de vie inférieur à 1 128 euros par mois et par unité de consommation (soit un peu plus que le seuil de pauvreté relatif à 60 % du niveau de vie médian des Français, égal à 1 102 euros par mois et par unité de consommation en 2019). À l’opposé, un retraité sur dix dispose d’un niveau de vie supérieur à 3 220 euros par mois et par unité de consommation.
Le rapport interdécile des niveaux de vie est égal à 2,9 parmi les retraités en 2019. Il est resté globalement stable parmi les retraités depuis vingt ans. Entre 1996 et 2012, il oscillait entre 3,0 et 3,2. Pour les actifs, ce ratio est de 3,5.
En 2019, les 10 % de ménages retraités les plus riches perçoivent 22,5 % des niveaux de vie de l’ensemble des retraités et cette proportion est de 24 % pour les actifs. À l’opposé, la moitié des ménages retraités les moins riches perçoivent 33 % de l’ensemble des niveaux de vie, cette proportion est de 31 % pour les ménages actifs.
La baisse du niveau de vie des retraités par rapport à l’ensemble de la population est amenée à s’accentuer en raison notamment des réformes adoptées depuis 1993, à savoir la désindexation des pensions et des salaires de référence par rapport au salaire et leur indexation parfois partielle à l’inflation. La moindre revalorisation des points de service des complémentaires jouera également un rôle non négligeable dans les prochaines années. Le rendement moyen du point AGIRC-ARRCO a été divisé par deux en trente ans.
Le taux de remplacement permet de rapporter la pension versée lors de la liquidation aux revenus professionnels perçus avant la retraite. Un tel indicateur n’a de sens que pour les assurés encore en emploi à temps plein juste avant leur liquidation des droits à la retraite. Pour permettre d’avoir une évaluation relativement fiable, le service statistique du ministère de la Santé retient la moyenne des derniers revenus nets des cinq dernières années.
Les taux de remplacement médians observés pour les générations 1938 à 1950 diminuent en raison des réformes adoptées et de l’évolution des salaires par rapport aux pensions. Cette tendance est plus marquée pour les retraités ayant fini leur carrière dans le secteur public que pour ceux du secteur privé du fait du poids croissant des primes qui ne sont pas prises en compte pour le calcul de la pension de base des premiers.
Quel que soit le secteur d’activité considéré (privé ou public), le taux de remplacement médian diminue de presque 5 points entre les générations 1938 et 1948, passant de 79,2 % à 74,5 %. Pour la génération 1950, le taux de remplacement médian continue de baisser pour les salariés du secteur public (73,8 %) alors qu’il se stabilise pour ceux du secteur privé (74,8 %). La baisse pour le secteur public atteint 6 points entre les générations 1938 et 1950 contre 4 pour le secteur privé.
Taux de remplacement médian par génération pour les retraités, anciens salariés, à carrière complète
Source : COR
Selon les données d’Eurostat, les pensions rapportées aux derniers revenus d’activité, en 2016 et 2021, représentent entre 46 % et 79 %. La France se situe dans la moyenne basse. Par ailleurs, son taux de remplacement est celui qui diminue le plus ces dernières années.
Taux de remplacement en 2016 et 2021 dans les pays européens suivis par le COR

Source : COR
Dans tous les scénarios considérés par le COR, le taux de remplacement baisserait mais resterait supérieur à deux tiers pour les dix générations qui suivent celle de 1961. Le COR a calculé le taux de remplacement avec ou sans le coefficient de solidarité du régime complémentaire de l’AGIRC/ARRCO. Les pensions complémentaires subissent une décote de 10 % durant trois ans pour les assurés qui n’ont pas cotisé quatre trimestres de plus que ce qui est exigé pour avoir la retraite à taux plein.

Source : COR
La baisse du taux de remplacement pourrait être, selon le COR, plus importante pour les fonctionnaires en particulier ceux de catégorie B du fait du poids croissant des primes.
Taux de remplacement net à la liquidation du cas type de fonctionnaire sédentaire de catégorie B

Le taux de remplacement du non-cadre du secteur privé (hors coefficient de solidarité Agirc-Arrco) pourrait être supérieur de 12 à 15 points par rapport à celui du fonctionnaire de catégorie B. Le taux de remplacement de ce dernier pourrait être inférieur au seuil de 66,6 % qui ne constitue un objectif fixé par le législateur que pour les salariés non-cadres du secteur privé.
Le Conseil d’Orientation des Retraites a publié son rapport annuel le 22 juin 2023. Ce rapport a surpris en soulignant que malgré la réforme des retraites, le système serait à nouveau en déficit à compter de 2024 après deux années excédentaires en 2022 et 2023. Ces pertes perdureraient malgré la réforme des retraites jusqu’en 2030, en se situant entre 0,2 et 0,3 point de PIB, soit entre 5 et 8 milliards par an. Au-delà, les comptes resteraient déficitaires dans trois des quatre scénarios de croissance étudiés et ne redeviendraient positifs qu’« après 2045 » dans le meilleur des cas.
Les déficits seraient en grande partie imputables aux régimes de la fonction publique et en particulier de celui des agents territoriaux et hospitaliers (CNRACL). La faible progression de la masse salariale du fait d’un nombre réduit de créations de postes pèserait sur les cotisations et donc sur l’équilibre général. Le régime général resterait à l’équilibre jusqu’en 2030 avant d’enregistrer de nouvelles pertes dans trois scénarios sur quatre. À l’inverse, le régime complémentaire du secteur privé, Agirc-Arrco serait excédentaire sur toute la période.
Fin 2021, 2,6 millions de retraités bénéficiaient de prestations issues d’un contrat de retraite supplémentaire. Le montant de ces prestations s’élevait à 7,7 milliards d’euros. Les versements peuvent prendre la forme de rente ou lorsque le montant de celle-ci est inférieur à un certain seuil (100 euros mensuels pour un PER ou un PERP), sous forme de versements forfaitaires uniques (VFU). La sortie en capital est autorisée pour certains contrats. Elle peut être totale dans le cadre d’un plan d’épargne pour la retraite collectif ou dans celui d’un contrat relevant de l’article 82 du Code général des impôts (CGI). Elle est limitée à hauteur de 20 % de la valeur de rachat dans le cadre d’un plan d’épargne retraite populaire (PERP) et dans celui relevant des produits de retraite supplémentaire destinés aux fonctionnaires (Préfon et CRH). Les plans d’épargne retraite (PER) instaurés par la loi Pacte permettent la sortie en capital des sommes issues de versements volontaires (compartiment 1 du PER) et de l’épargne salariale (compartiment 2 du PER).

Cercle de l’Épargne – données DREES
Le nombre de bénéficiaires d’une rente viagère était de près de 2,4 millions fin 2021 dont 1,4 million percevaient une rente issue d’un contrat souscrit individuellement (notamment PER individuel, PERP ou contrat Madelin), pour un montant annuel moyen s’élevant à 1 730 euros. Ce montant est en légère augmentation depuis dix ans. Il est de 1 230 euros pour les PER individuels, de 2 090 euros pour les autres produits souscrits individuellement hors du cadre professionnel et de 2 030 euros pour les produits destinés aux non-salariés (contrats Madelin et Madelin agricole).

Cercle de l’Épargne – données DREES
880 000 assurés de contrats collectifs à cotisations définies (PER d’entreprise obligatoire et contrats relevant des articles 82 et 83 du CGI) bénéficiaient d’une rente annuelle en moyenne de 2 310 euros. Pour les produits collectifs, le montant moyen de la rente annuelle variait, en 2021, de 770 euros pour les contrats des exploitants agricoles à 3 050 euros pour les contrats à destination des fonctionnaires et des élus locaux, soit entre 60 et 250 euros par mois.
Les montants moyens sont nettement plus élevés parmi les bénéficiaires d’un contrat à prestations définies relevant de l’article 39 du CGI, 7 100 euros par an en 2021, soit 590 euros par mois en moyenne. Près de 14 % des bénéficiaires de ces derniers contrats recevaient une rente viagère annuelle moyenne supérieure à 5 000 euros, et 7 % d’une rente supérieure à 10 000 euros.
Tous dispositifs confondus, le montant moyen annuel des rentes viagères distribuées en 2021 s’élevait à 2 260 euros, un montant relativement stable en euros courants sur dix ans. Seules 31 % des rentes annuelles étaient supérieures à 2 000 euros, tandis que 43 % sont inférieures à 1 000 euros.

Cercle de l’Épargne – données DREES
En 2021, les bénéficiaires d’une rente provenant d’un contrat de retraite supplémentaire (hors réversion) représentaient 11,9 % des retraités de droit direct. 3 % des retraités de droit direct des régimes obligatoires par répartition disposaient d’un contrat de retraite supplémentaire souscrit dans un cadre professionnel et 7,1 % avaient une rente issue d’un contrat de retraite souscrit individuellement. Les retraités couverts par un contrat de retraite supplémentaire sont globalement un peu plus âgés que l’ensemble des retraités de droit direct ou de droit dérivé. 66 % d’entre eux ont 70 ans ou plus, contre 63 % de l’ensemble des retraités.

Cercle de l’Épargne – données DREES
L’année 2021 est une année de rupture pour l’épargne retraite, avec la montée en puissance du Plan d’Épargne Retraite qui commence réellement à se substituer aux anciens produits comme le PERP, les Contrats Madelin, le PERCO ou l’article 83. Le PER bénéficie non seulement de nombreux transferts en provenance de ces anciens produits mais aussi de nouvelles souscriptions. La possibilité de sortie en capital pour le compartiment 1 des versements individuels contribue sans nul doute à son succès. Cet essor est également alimenté par la crainte récurrente des Français d’avoir des problèmes de pouvoir d’achat à la retraite en lien avec la baisse du taux de remplacement des pensions issues des régimes obligatoires.
Fin 2021, le nombre d’adhérents à un produit de retraite supplémentaire s’élevait, en France, à 15,3 millions. En dix ans, le nombre d’adhérents s’est accru de 5,6 millions, dont environ 1 million depuis la fin 2020. 66 % de cette hausse est la conséquence de la souscription de contrats collectifs et obligatoires (plan d’épargne retraite d’entreprise collectif, PER d’entreprise obligatoire et contrat relevant de l’article 82 du CGI), le tiers restant étant lié à la souscription de contrats à souscription individuelle (PER individuel, notamment). Les adhérents aux contrats instaurés par la loi Pacte (PER) représentaient, en 2021, 30 % de l’ensemble des adhérents à un contrat de retraite supplémentaire, contre 18 % fin 2020. Cette montée en puissance rapide du PER s’explique par les transferts réalisés en particulier par les entreprises.

Cercle de l’Épargne – données DREES
La souscription de produits d’épargne retraite, surtout en ce qui concerne les produits individuels, intervient dans la deuxième partie de la vie professionnelle. De ce fait, les adhérents à ce type de produits sont sensiblement plus âgés que les actifs. Ainsi, 74 % d’entre eux ont 40 ans ou plus, et 17 % ont 60 ans ou plus. En comparaison, respectivement 57 % et 8 % des actifs appartiennent à ces tranches d’âge. Les adhérents aux produits souscrits individuellement (PER individuel, plan d’épargne retraite populaire [PERP] et contrat Madelin) sont, en moyenne, plus âgés que l’ensemble des adhérents. En revanche, les adhérents à des contrats souscrits collectivement dans l’entreprise sont, en proportion, plus jeunes que l’ensemble des adhérents. Ces contrats couvrent en effet de larges catégories d’actifs voire toutes au sein des entreprises, sans considération d’âge. 26 % de l’ensemble des adhérents ont moins de 40 ans. Ce taux est de 34 % pour les adhérents à un PER d’entreprise collectif et Perco, et de 32 % des adhérents à un PER obligatoire et contrats relevant des articles 82 et 83 du CGI. Ces adhérents restent malgré tout plus âgés en moyenne que la population active dans son ensemble.

Cercle de l’Épargne – données DREES
La part des moins de 30 ans parmi les nouveaux adhérents à un contrat de retraite supplémentaire est de 15 %. Elle diminue depuis 2019, alors qu’elle était proche de 26 % depuis 2013 (graphique 2 et graphique 3). En effet, certains nouveaux adhérents aux PER instaurés par la loi Pacte pourraient être d’anciens assurés à d’autres contrats de retraite supplémentaire ayant transféré ces derniers vers les nouveaux dispositifs (ou qui auraient gardé l’ancien dispositif tout en ouvrant un nouveau), ce qui rehausserait artificiellement la moyenne d’âge des « nouveaux » adhérents. En particulier, 8 % des nouveaux adhérents à un PER individuel ont moins de 30 ans. La répartition des adhérents selon le sexe est comparable d’une année sur l’autre pour tous les produits. Les assurés sont en majorité des hommes. Néanmoins, la part des femmes augmente légèrement pour l’ensemble des contrats par rapport à 2020 (plus de 45 %). Ces dernières représentent 45 % des adhérents à un contrat à souscription individuelle (graphique 4), 39 % des adhérents à un PER d’entreprise collectif et Perco, et 49 % des adhérents à un PER d’entreprise obligatoire et contrats relevant des articles 82 et 83 du CGI.

Cercle de l’Épargne – données DREES
La surreprésentation des hommes parmi les détenteurs de produits d’épargne retraite est plus importante en ce qui concerne les produits collectifs. Ces derniers peuvent être, en effet, réservés à certaines catégories de salariés, les cadres en particulier. La proportion de femmes cadres étant moins élevée que celle des hommes, elles sont, de ce fait, moins souvent titulaires que ces derniers de produits collectifs.

Cercle de l’Épargne – données DREES
Il faut donc distinguer les cotisants des adhérents. Sont ainsi dénommés cotisants, les adhérents ayant effectué un versement au cours de l’année prise en compte dans l’enquête, à leur initiative ou à celle de leur employeur. Fin 2021, l’augmentation du nombre d’adhérents à des produits de retraite supplémentaire (+1,0 million), que l’on peut attribuer à la mise en œuvre des nouveaux PER, est plus importante que la hausse du nombre de cotisants (+0,6 million).
Tous les adhérents à un produit d’épargne retraite n’effectuent pas de versements. Les cotisants, en 2021, ont été évalués selon la DREES, à 6,9 millions, soit l’équivalent de 45 % des adhérents et de 24 % des actifs occupés. En comparaison, environ 5,5 millions de personnes avaient cotisé à un contrat de retraite supplémentaire en 2011, soit l’équivalent de 21 % des actifs occupés d’alors, et de 57 % des adhérents. En 2021, 10 % des actifs occupés avaient cotisé à un contrat de retraite supplémentaire souscrit individuellement, principalement à un PER. Concernant les contrats détenus par des salariés, 5 % des actifs occupés ont cotisé à un PER d’entreprise collectif et Perco et 9 % à un PER d’entreprise obligatoire et contrats relevant des articles 82 et 83 du CGI. La proportion de cotisants était, en 2021, stable autour de 53 % pour les contrats individuels, et de 40 % pour les contrats collectifs. Ce ratio a diminué parmi tous les contrats hormis le PER individuel et le PER obligatoire, les contrats à destination des fonctionnaires et des élus ainsi que celui relevant de l’article 82 du CGI. Cette légère baisse pourrait s’expliquer par le fait que de nouveaux titulaires de PER n’aient pas fermé leur ancien PERP ou contrats Madelin tout en ne les alimentant plus.

Cercle de l’Épargne – données DREES
En 2021, la cotisation annuelle moyenne sur les contrats individuels (PER individuel, PERP ou assimilé et contrat Madelin) a progressé de 29 % pour atteindre 3 870 euros. Dans cette catégorie de produits, la cotisation moyenne sur le nouveau PER individuel est élevée par rapport à la cotisation sur les autres produits, 5 220 euros, contre 2 810 euros pour les produits des non-salariés et 2 340 euros pour les contrats à destination des fonctionnaires et des élus locaux. Ce montant important peut s’expliquer par les transferts d’anciens produits d’épargne retraite.

Cercle de l’Épargne – données DREES
La cotisation annuelle moyenne sur les PER d’entreprise collectifs et Perco a augmenté légèrement en 2021 après une baisse en 2020 du fait de la crise covid (2 320 euros en 2021, contre 2 050 euros en 2020 et 2 190 euros en 2019). Cette augmentation est portée par la hausse des versements moyens sur les PER collectifs (2 860 euros en 2021, contre 2 470 euros en 2020), qui compense le recul des versements moyens sur les Perco (1 700 euros en 2021, contre 1 850 euros en 2020). Les versements sur les PER d’entreprise obligatoires se sont élevés à 1 250 euros. Ils sont plus faibles en moyenne que ceux effectués sur des contrats relevant de l’article 83 du CGI (1 450 euros), et que ceux effectués sur des contrats relevant de l’article 82 du CGI (3 620 euros). Les versements de ces derniers sont totalement le fait des employeurs. Au total, la cotisation moyenne sur des contrats à versements obligatoires de l’employeur est en baisse par rapport à 2020, passant de 1 550 euros à 1 430 euros.
63 % des versements sur les produits d’épargne retraite sont inférieurs à 1 500 euros, cette proportion monte à 75 % parmi les PER d’entreprise obligatoires et parmi les contrats relevant des articles 82 et 83 du CGI. Ce ratio est de 56 % parmi les PER d’entreprise collectifs et Perco.
47 % des versements annuels moyens sur un PER individuel sont supérieurs à 1 500 euros, et respectivement 19 % et 22 % dépassent les 5 000 euros, notamment grâce aux transferts.

Cercle de l’Épargne – données DREES
En 2021, les contrats d’épargne retraite supplémentaire ont donné lieu, selon la DREES, à près de 20 milliards d’euros de cotisations, en hausse de 23,7 % en euros constants par rapport à 2020 marquée par la crise covid. Par ailleurs, l’année 2021 a été une année de forte montée en puissance du nouveau Plan d’Épargne Retraite. Le montant des prestations versées au titre de contrats de retraite supplémentaire s’est élevé à plus de 7,6 milliards d’euros. Les provisions mathématiques de l’ensemble des contrats d’épargne retraite ont atteint 266 milliards d’euros en 2021, contre 219 milliards d’euros en 2016.
La place de la retraite supplémentaire dans l’ensemble des régimes de retraite (légalement obligatoires ou non) reste, en France, faible. La part des cotisations versées à ce titre par rapport à l’ensemble des cotisations acquittées a atteint 5,8 % en 2021, tandis que les prestations servies augmentent légèrement pour s’établir à 2,3 % de l’ensemble des prestations de retraite versées. En moyenne, au sein de l’OCDE, ce ratio est de 15 %.

Cercle de l’Épargne – données DREES
L’ensemble des dispositifs individuels d’épargne retraite représentait, en 2021, près de 56 % du total des cotisations versées, soit 11,1 milliards d’euros. Les versements associés au PER individuel un peu plus de deux ans après sa commercialisation représentaient près des trois quarts des cotisations sur les dispositifs individuels (73 % contre 45 % en 2020) et seulement 8 % en 2019 (année au cours de laquelle ce produit n’a été commercialisé que durant trois mois). En 2021, les cotisations individuelles ont progressé de 37 % en euros constants. Les cotisations versées sur les plans d’épargne pour la retraite collectifs (Perco) ont diminué de 39 % en euros constants en 2021 en raison de transferts sur les PER d’entreprise collectifs. La collecte de ces derniers a augmenté de 86 % en 2021. Ces deux dispositifs représentaient 17 % des cotisations en 2021, contre 19 % en 2020. Les cotisations collectées sur les PER d’entreprise obligatoires (PERO) représentaient près de 5 % dans le total des cotisations, contre près de 13 % pour les cotisations des contrats relevant de l’article 83 et assimilés, qu’ils sont voués à remplacer. Les cotisations versées ont baissé, en 2021, de 13,9 % en euros constants. Les cotisations associées aux contrats relevant de l’article 39 ont augmenté de +23 % en euros constants sans toutefois retrouver leur niveau de 2019. La part de ces contrats est quasi stable à 8,8 % de l’ensemble des cotisations.
En 2021, le montant des prestations (rentes, versements forfaitaires uniques et sorties en capital hors rachats) a atteint 7,6 milliards d’euros, soit une augmentation de 6,5 % en euros constants par rapport à 2020. Cette hausse intervient dans un processus d’augmentation des liquidations des contrats en lien avec le vieillissement de la population.
Près de 43 % des prestations ont été versées au titre de contrats souscrits individuellement, le montant de ces dernières progressant de 11,7 % en euros constants par rapport à 2020.
Même si les prestations des organismes de retraite supplémentaire sont principalement versées sous forme de rentes viagères, le poids de ces dernières diminue en 2021, passant de 5,5 milliards d’euros en 2020 à 5 milliards d’euros. Au contraire, les versements forfaitaires uniques (VFU) et les sorties en capital augmentent. En 2021, 72 % des montants de prestations sont ainsi versés aux bénéficiaires sous forme de rentes viagère (79 % en 2020), contre 13 % sous forme de versements forfaitaires uniques (9 % en 2020) et 15 % sous forme de sorties en capital (12 % en 2020).
La part des VFU est plus fréquente pour les contrats à souscription individuelle (18 %) que parmi les contrats à souscription collective (11 % de ceux à cotisations définies et 0,7 % de ceux à prestations définies). Ces versements sont en lien avec des montants réduits d’encours sur de nombreux produits individuels, rendant possible ce mode de sortie. Pour les PERP, la sortie en versement forfaitaire unique est possible si le montant de la rente ne dépasse pas 100 euros par mois.
Les sorties en capital sont plus répandues parmi les contrats à souscription collective (26 % de ceux à cotisations définies), notamment parmi les Perco (100 %) et les PER d’entreprise collectifs (95 %).
Les provisions mathématiques (et les encours, s’agissant des Perco et des PER d’entreprise collectifs) ont atteint 266,7 milliards d’euros en 2021, en hausse de 3,6 % en euros constants par rapport à 2020. Si les provisions des régimes à cotisations définies progressent notamment grâce au PER, celles des régimes à prestations définies baissent en 2021 (-1,2 %), les contrats article 39 ayant connu une longue période de repli.

Cercle de l’Épargne – données DREES
Avec la mise en place des fonds de retraite professionnelle supplémentaire (FRPS) qui permettent aux organismes d’assurances, quelle que soit leur forme, de cantonner dans un fonds spécifique l’ensemble de leurs produits d’épargne retraite et de pas être ainsi soumis à Solvency II, il est plus difficile d’apprécier le poids respectif des différents acteurs financiers sur ce marché. Les FRPS représentaient, en 2021, 7 % des cotisations. Leur poids devrait s’accroître dans les prochaines années. Les sociétés d’assurance concentrent près de 75 % de l’ensemble des cotisations, soit 4 points de pourcentage de plus qu’en 2021, contre près de 15 % pour l’ensemble des organismes de gestion d’épargne salariale, cette proportion étant inférieure de 4 points à celle de 2021. Les institutions de prévoyance et les mutuelles représentaient 2 % des cotisations chacune.
En 2021, les prestations sont majoritairement versées par les sociétés d’assurance (62 %), suivies par les FRPS (15 %), qui dépassent pour la première fois les mutuelles (11 %). Une part importante des prestations versées au titre des PER individuels et des PER obligatoires dépend des FRPS, or ces produits sont en forte croissance.
En 2021, 70 % du total des provisions mathématiques ou des encours est hébergé par les sociétés d’assurance.

Cercle de l’Épargne – données DREES
Le marché de l’épargne retraite s’est vite relevé après la crise covid. Il est porté par le Plan d’Épargne Retraite dont le succès a été rapide malgré un contexte peu porteur. Cette croissance se poursuit depuis comme le prouvent les chiffres de France Assureurs. Les marges de progression demeurent importantes au vu de la modestie de l’épargne retraite en France par rapport à la situation qui prévaut dans les autres États membres de l’OCDE.
A priori, cela ressemble à un paradoxe : le taux d’épargne des ménages français reste élevé malgré l’inflation et l’érosion du pouvoir d’achat. Dans sa note de conjoncture du 15 juin 2023, l’INSEE prévoit un taux d’épargne de 18,1 % du revenu disponible brut cette année, contre 17,5 % en 2022. Ce taux d’épargne reste nettement supérieur à son niveau d’avant la crise sanitaire (15 %).

Cercle de l’Épargne – données INSEE
En 2023, toujours selon l’INSEE, le pouvoir d’achat par unité de consommation devrait être étale après avoir baissé de 0,4 % en 2022. Le maintien d’un fort taux d’épargne s’effectue au détriment de la consommation. En 2023, celle-ci devrait baisser de 0,2 %. La contraction atteint 6,6 % pour les produits agricoles et 3,5 % pour les produits manufacturés. En revanche, les services sont préservés avec une hausse de 2,7 % (les dépenses de transports augmentent du fait de l’inflation de plus de 6 %). Cette baisse de la consommation prévue par l’INSEE confirme les résultats de l’enquête d’AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – Cercle de l’Épargne (réalisée par l’IFOP) d’avril 2023. 43 % des sondés déclaraient vouloir réduire leurs dépenses de consommation quand seulement 13 % pensaient puiser dans leur épargne. Par ailleurs, les ménages ont fortement réduit leurs dépenses d’investissement, ce qui leur permet d’épargner davantage.

Cercle de l’Épargne – données enquête 2023 AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – CERCLE DE L’ÉPARGNE – IFOP – CECOP
Cette propension à l’épargne témoigne de la persistance d’un fort niveau d’inquiétude chez les Français confirmé, mois après mois, par le faible indice de confiance des ménages. Craignant que la situation économique ne continue à se dégrader, ils préfèrent mettre de l’argent de côté. L’épargne de précaution prédomine, comme en témoigne la forte collecte du Livret A (plus de 24 milliards d’euros sur les cinq premiers mois de 2023) et la modestie de la collecte de l’assurance vie sur la même période. Cette volonté de disposer d’une importante épargne de court terme vise à faire face à des achats dont le montant pourrait encore augmenter en raison de la poursuite de l’inflation.
D’autres facteurs anxiogènes sont également à prendre en compte comme la transition énergétique ou la situation géopolitique. Le vieillissement démographique qui est de nature structurelle contribue également à la hausse de l’épargne qui avait commencé avant la crise sanitaire. Le poids des personnes de plus de 45 ans au sein de la population augmente, or ces tranches d’âge sont celles qui préparent financièrement leur retraite en épargnant. Toujours selon l’enquête d’AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – Cercle de l’Épargne, 72 % des Français en âge de travailler estiment que leurs pensions ne suffiront pas pour vivre correctement et 59 % mettent de l’argent de côté pour leur retraite.
Pour autant, les ménages sont conscients de la dépréciation de leur patrimoine du fait de l’inflation. 40 % des sondés selon le sondage précité au-dessus estiment que leur patrimoine s’est déprécié.

Cercle de l’Épargne – données enquête 2023 AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – CERCLE DE L’ÉPARGNE – IFOP – CECOP

Cercle de l’Épargne – données enquête 2023 AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – CERCLE DE L’ÉPARGNE – IFOP – CECOP
Même si le rendement réel des livrets reste négatif (sauf pour le Livret d’épargne populaire), les ménages ont accru leurs versements dès les annonces de relèvement des taux. Sur le premier trimestre, le Livret A a ainsi obtenu sa meilleure collecte depuis 2009.
La baisse de l’inflation attendue au cours du second semestre devrait conduire les ménages à relâcher leurs efforts en matière d’épargne en se faisant davantage plaisir. Les dépenses de consommation pourraient repartir alors à la hausse. En privilégiant l’épargne, les Français se distinguent des Américains qui restent des adeptes invétérés de la consommation. Ils ont en grande partie épuisé leur cagnotte covid quand les Français, en moyenne, n’y touchent pas. Il faut, en effet, souligner que les 20 % des Français les plus modestes ont été contraints de ponctionner leur épargne pour faire face à la hausse des prix. Ce sont les 40 % les plus riches et surtout les 20 % disposant les revenus les plus élevés qui, en France, placent leur argent sur des produits financiers.
Selon l’association spécialisée dans la finance solidaire, FAIR qui gère le label Finansol, la collecte d’épargne solidaire a atteint, en 2022, le montant de 26,3 milliards d’euros, en hausse de 1,8 milliard d’euros (+7,4 %) par rapport à 2021. La croissance est plus faible qu’en 2021 qui était marquée encore par le covid, celui-ci contribuant à maintenir un taux d’épargne élevé. Dans un contexte plus incertain, avec un retour de l’inflation, les ménages ont privilégié l’épargne de précaution et en particulier le Livret A qui a bénéficié de deux revalorisations en 2022. La part du solidaire dans l’épargne financière des ménages était de 0,45 % en 2022, contre 0,41 % en 2021.
La collecte d’épargne solidaire est portée par l’épargne salariale qui demeure le principal canal de l’épargne solidaire. L’encours de l’épargne salariale solidaire s’élevait à la fin 2022 à 15,3 milliards d’euros, en hausse de 8,5 % sur un an quand l’encours de l’épargne salariale a reculé de 3,2 %. L’épargne solidaire via les banques et les mutuelles d’assurance progresse de 5,5 %, soit un encours total légèrement supérieur à 10 milliards d’euros. Les livrets d’épargne solidaire continuent à croître, avec +7,4 % en 2022 et atteignent 2,9 milliards d’euros. Depuis le 1er janvier 2022, les assureurs ont l’obligation de proposer au moins une unité de compte solidaire sur leurs contrats d’assurance vie multisupports et leurs Plans d’Épargne Retraite.
Grâce à l’épargne collectée, le montant total engagé par les acteurs de la finance solidaire a augmenté de 22 % en 2022, pour s’établir à 841,5 millions d’euros. Près de 1 600 projets à impact social ou environnemental ont été ainsi financés. Ces projets ont été essentiellement portés par les fonds solidaires, les banques, les assureurs.
La collecte a été essentiellement fléchée vers des projets à dimension sociale (62 %), puis à 28 % vers des projets à impact environnemental et à 7 % vers des projets de solidarité internationale. Les financements de projets environnementaux ont enregistré une hausse de 114 %. En revanche, les actions de solidarité internationale ont connu une baisse de 13 %.
En ce milieu d’année 2023, comment appréciez-vous l’évolution de l’inflation ?
En ce début d’été, la baisse de l’inflation semble se dessiner grâce à l’accalmie sur le front des produits énergétiques. La bataille des prix n’est pour autant pas encore gagnée. La baisse des cours du pétrole est liée à la faiblesse de la croissance chinoise et à la capacité des Russes à contourner les embargos. Au cœur de l’été, les pays européens seront amenés à remplir leurs réserves de gaz pour l’hiver prochain, ce qui pourrait provoquer quelques tensions sur les prix. Par rapport à l’année dernière, ce remplissage devrait être néanmoins plus facile même s’il se réalise du moins officiellement sans aucun apport russe. En effet, en un an, les circuits d’approvisionnement du gaz ont été améliorés. Au cours du second semestre 2023, la revalorisation des rémunérations pourrait prendre de l’acuité. Les salariés ont subi des baisses de pouvoir d’achat durant les six premiers mois de l’année, ce qui pourrait favoriser l’émergence de revendications. Si elles étaient satisfaites, elles pourraient alimenter une inflation de second tour. Ce phénomène est d’autant plus possible que les entreprises répercutent sur leurs prix finaux leurs hausses de coûts afin de maintenir leur taux de marge. Les entreprises ne peuvent pas, en effet, compter sur les gains de productivité pour compenser les hausses de prix, ces derniers étant absents depuis trois ans.
Le retour de l’inflation dans la zone cible des 2 % ne sera pas évident car plusieurs facteurs jouent en sens inverse, dont les pénuries de main-d’œuvre et la transition énergétique. Les difficultés de recrutement contribuent à la hausse des salaires. Les énergies renouvelables sont une source d’inflation. Elles exigent des investissements coûteux et sont, en l’état actuel des techniques, moins efficientes que les énergies carbonées. Le vieillissement démographique avec une demande accrue de services à la personne est également une source potentielle de hausse des prix. Les relocalisations sont également un facteur inflationniste.
Une reprise de la croissance est-elle possible d’ici la fin de l’année ?
L’économie française est confrontée à un ralentissement de sa croissance depuis le printemps 2022. Ce dernier fait suite à un vif rebond intervenu après la récession historique de 2020 provoquée par les confinements. Après une progression du PIB de 6,8 % en 2021, un repli de la croissance était prévisible. Il a été plus rapide en raison des chocs d’offre encaissés par les pays occidentaux. La forte augmentation des prix des matières premières, de l’énergie et des produits agricoles a cassé net la croissance. Cette augmentation a occasionné un transfert de richesses au profit des pays producteurs. Les difficultés d’approvisionnement et les pénuries de main-d’œuvre ainsi que le sous-investissement de ces dernières années ont également contribué à l’atterrissage rapide de l’activité.
Le ralentissement de la croissance est, en partie, la conséquence du durcissement de la politique monétaire. Pour empêcher toute spirale inflationniste, les banques centrales ont, comme principal moyen, la hausse des taux directeurs. De la sorte, elles refroidissent les économies en réduisant la production de crédits et par ricochet la demande.
La France, à la différence de l’Allemagne, échappe à la récession. Cette différence s’explique par l’importance des dépenses publiques en France, près de 59 % du PIB, qui jouent le rôle d’amortisseur, et le poids du secteur des loisirs (tourisme compris), secteur qui enregistre de bons résultats depuis plusieurs mois. L’économie française devrait néanmoins peiner à atteindre le 1 % de croissance attendu par le gouvernement compte tenu des difficultés de ses principaux partenaires et des baisses de pouvoir d’achat supportées par les ménages. Une amélioration en fin d’année est possible en cas de recul confirmé de l’inflation qui permettrait une stabilisation des taux d’intérêt. Les ménages pourraient également puiser dans leur épargne. Depuis le début de la crise sanitaire, en 2020, ils n’ont pas réellement puisé dans leur cagnotte. Ils continuent même à la renforcer, le taux d’épargne étant trois points au-dessus de son niveau de 2019. En 2024, la croissance pourrait se situer autour de 1,5 %. Elle est brimée par la dégradation de la productivité et un taux d’emploi encore trop faible.
Baisse des prix de l’immobilier, bonne tenue des actions, augmentation du rendement des fonds euros, assistons-nous à un changement de cap en matière de placements ?
Avec la hausse des taux d’intérêt et le durcissement de l’accès au crédit, les prix de l’immobilier ont tendance à diminuer. Pour le moment, la baisse est, en France, bien plus faible que celle constatée au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Cette situation s’explique, en France, par la faiblesse, dans certaines régions, de l’offre. La concentration de la population au sein des grandes agglomérations ainsi que sur les littoraux, dans un contexte de faible construction, limite la chute des prix. La demande de logements est également favorisée par la multiplication des locations saisonnières. La perspective des Jeux Olympiques devrait également porter les prix, du moins jusqu’au milieu de l’année prochaine. De leur côté, les marchés actions résistent bien au ralentissement de la croissance. La bonne tenue des résultats des entreprises contribue à la valorisation des cours. Les entreprises ont répercuté sur leurs prix une grande partie de la hausse des coûts subie depuis un an. Elles ont ainsi réussi à maintenir leurs marges. Pour la France, la forte croissance des entreprises du luxe en lien avec le rebond du tourisme et la fin de la politique du zéro covid en Chine porte le CAC40. Les investisseurs estiment que la plus grande partie des augmentations de taux directeurs est intervenue, laissant présager une amélioration de la situation conjoncturelle.
Pour l’assurance vie, la hausse des taux des fonds euros devrait se poursuivre en 2023 en lien avec celle des taux d’intérêt des obligations d’État et de la bonne tenue des marchés financiers. Si en 2022 et au cours du premier semestre 2023, les épargnants ont privilégié l’épargne de précaution et notamment le Livret A, il pourrait en être autrement dans les prochains mois. La baisse de l’inflation devrait occasionner celle des rendements des livrets réglementés. Les courbes de taux entre ceux-ci et ceux des fonds euros pourraient ainsi se croiser. Par ailleurs, l’assurance vie bénéficiera de la progression des unités de compte.
L’inflation et la hausse du taux du Livret A ont eu au moins un avantage, celui d’inciter les ménages à réduire leurs liquidités sur leurs comptes courants, liquidités qui ne leur rapportent rien. Ainsi, de septembre 2022 à avril 2023, l’encours des dépôts à vue est passé de 542 à 505 milliards d’euros. Il reste néanmoins supérieur de 100 milliards d’euros à son niveau de décembre 2019 avant la crise sanitaire. Ce dégonflage pourrait se poursuivre dans les prochains mois avec une orientation peut être plus favorable à l’épargne de long terme, ce dont pourraient profiter l’assurance vie et le Plan d’Épargne Retraite.
Au cœur des confinements durant l’épidémie de covid, à longueur de journée, les femmes et les hommes politiques, les experts, les journalistes répétaient que le monde d’après se devait d’être différent et meilleur que celui d’avant. Or, trois ans plus tard, le monde d’aujourd’hui ne diffère guère de celui de 2019 et celui de demain ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Les espoirs de changement évoqués en 2020 sont restés lettre morte. La refonte de la prévoyance, la transformation du système de santé, l’évolution du droit du travail, la revalorisation des métiers dits essentiels, autant de sujets où les avancées se font attendre. Il en est de même pour la réforme des institutions.
Une réforme du système des retraites a été réalisée en 2023, mais sa dimension, purement paramétrique, ne le modifie pas en profondeur, ce dernier restant complexe et inégalitaire. La création d’un système unique par points imaginé en 2019 était sans nul doute une véritable usine à gaz donnant à tort ou à raison l’impression que l’État cherchait à capter les réserves des différents régimes existants. Mais, il aurait été possible de repartir de ce projet pour bâtir un système comportant trois régimes couvrant les salariés, les fonctionnaires et les indépendants. Cette révolution semble renvoyée aux calendes grecques.
Au niveau de la prévoyance, l’épidémie de covid a révélé que les couvertures actuelles étaient insuffisantes pour faire face à d’éventuelles circonstances exceptionnelles. Nul n’avait alors imaginé un arrêt sur image de plusieurs mois, arrêt qui concernait tant les activités professionnelles que les écoles. Les parents ont ainsi été appelés à se transformer en professeurs, ce qui leur a permis, à ce titre, de constater que ce métier exigeait un minimum de talents. Demain, les circonstances exceptionnelles ne seront pas obligatoirement enfantées par une épidémie, cela pourrait être une panne informatique géante ou une absence d’électricité. Il n’en demeure pas moins que l’existence d’une couverture élargie de prévoyance sera alors nécessaire.
Les partenaires sociaux auraient tout avantage à redessiner notre protection sociale en intégrant ces différentes menaces. De même, au-delà de la question de la retraite, les chantiers du travail des seniors, de la pénibilité, des conditions de travail sont à ouvrir. Depuis le rebond économique de 2021, les emplois à horaires décalés ou pénibles trouvent difficilement preneurs. Les jeunes actifs demandent plus de flexibilité avec, à la clef, plus du télétravail. Les entreprises, pour attirer et fidéliser les salariés sont et seront conduites à s’adapter. Elles devront faire évoluer leur couverture sociale et leur système de formation. La question de la reconnaissance des métiers et de leur juste rémunération est également un sujet prioritaire afin de retisser les liens sociaux.
Depuis deux ans, la vie a repris son cours. La grande différence est la pression mise sur la transition énergétique avec une impression douce-amère. Les efforts à consentir apparaissent pour certains excessifs quand pour les autres ils ne sont pas à la hauteur de leurs attentes. La société se fragmente de plus en plus avec le risque d’un réel blocage. Plus de contraintes, moins de croissance et des perspectives sombres sur le plan environnemental expliquent sans nul doute le sentiment de défiance, d’incompréhension voire de colère qui transcende la société française. Une véritable relance du dialogue social apparaît comme une ardente nécessité afin de redonner du souffle au pays et à la démocratie, pour dépasser les affres de la réforme des retraites.
Dans les colonnes des Echos , Philippe Crevel explique pourquoi il ne croît pas à un relèvement du taux du Livret A à 4 %. Il explique ainsi que « 4 % […] c’est beaucoup trop du point de vue des autorités, D’autant plus que l’inflation a tendance à décroître, ce qui signifie qu’elles pourraient bientôt devoir rebaisser le taux du Livret A ».
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