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1) L’année 2020 aura été marquée par trois mois de confinement, avec à la clef un recul du PIB qui pourrait atteindre dix pour cent ; la dette publique devrait se rapprocher de 120 % du PIB. Quelles seront les conséquences à moyen et long terme de cette situation sans précédent en temps de paix ?
La crise économique provoquée par la crise sanitaire est une première. Dans le passé, nous avons connu des crises immobilières, des crises boursières ou des crises bancaires, des crises d’offre ou de demande. La spéculation, les déséquilibres entre offre et demande aboutissent, à un moment donné, à un ajustement brutal pouvant donner lieu à une récession. La crise actuelle ne s’apparente pas également à celles qui ont été provoquées par des guerres. Elle est la conséquence d’une décision volontaire des pouvoirs publics de préserver la vie de leurs concitoyens. Il n’y a pas de destruction de capital physique, à la différence des périodes marquées par des conflits militaires. Nous manquons donc de précédents pour apprécier les capacités de réaction de l’économie face à un ou plusieurs confinements. L’absence de retours d’expériences est d’autant plus réelle que les gouvernements ont mis en œuvre des politiques de soutien inédites afin de limiter les effets de la mise à la cape des économies. Les plans de soutien sont, en 2020, de 50 à 100 % plus élevés qu’en 2008 lors de la crise des subprimes. Au sein des pays dits avancés, les revenus des ménages ont été globalement assurés. La perte, en France, est imitée à 5 %. Ce soutien a un coût, une dette accrue de 20 points de PIB.
Les mesures gouvernementales ont permis une reprise assez rapide des activités après le premier confinement, du moins pour les secteurs d’activité qui n’étaient pas exposés à des restrictions. La consommation a retrouvé son niveau d’avant crise en quelques semaines. Les services, l’investissement et le commerce extérieur sont en retrait. Leur évolution dépendra de l’évolution de l’épidémie. Celle-ci rend complexe l’élaboration de prévisions pour 2021. Ce qui est certain, c’est que la deuxième vague aura un effet négatif sur l’activité, mais son ampleur sera moindre que celle constatée au printemps lors de la première vague. Le recul de la consommation a été évalué à 15 % en novembre contre 30 % en avril dernier pour la France. L’économie tend à s’adapter à la nouvelle donne sanitaire. Ce phénomène est constaté à l’occasion de chaque épidémie, que ce soit celle du choléra en 1832 ou celle de grippe en 1918. Il n’en demeure pas moins que la survenue d’une troisième vague dans les premiers mois de 2021, vague loin d’être improbable, freinera la reprise et minera tout à la fois le moral de la population et les fondamentaux économiques. L’année prochaine, une course de vitesse s’engagera entre les vagues de covid-19 et la vaccination. Cette course de vitesse se mènera au sein de chaque pays, mais aussi entre pays. Le rebond du secteur aérien et celui du tourisme passent par un effort sans précédent de vaccination à l’échelle mondiale. L’instauration d’un passeport sanitaire est prévisible avec des conséquences sur la liberté de circulation, telle que nous l’avons connue depuis de nombreuses décennies.
2) Est-il possible de mener de front, sortie de crise et transition énergétique ?
La crise bousculant les fondamentaux des économies conduit à un retour massif de l’interventionnisme étatique. Les gouvernements, compte tenu de la mise entre parenthèses des règles de bonne gestion publique, veulent en profiter pour accélérer leur programme de transition énergétique. Ils sont évalués pour les grands États à plusieurs milliers de milliards de dollars. Compte tenu de son coût, elle contribue à peser négativement sur la croissance. En renchérissant le prix de l’énergie et le coût des investissements, elle réduit potentiellement le niveau de vie des ménages et diminue la rentabilité du capital, du moins à court et moyen terme. L’association sortie de crise et transition énergétique est séduisante sur le papier, mais pas sans risque. En revanche, en économie, il est dangereux d’allouer à un même instrument plusieurs objectifs, le risque étant qu’il n’en atteigne aucun. La priorité pour l’opinion publique est le maintien de l’emploi et des revenus. Certes, une partie de celle-ci estime qu’il est possible de refonder sur l’économie sur de nouvelles bases avec cette crise sanitaire. À cette fin, les gouvernements devront mener un ardent travail de pédagogie faute de quoi les populations pourraient à un moment donné considérer que le prix de la transition énergétique est trop élevé au regard des résultats qui mettront longtemps à se faire ressentir. Les restrictions de liberté que la crise sanitaire impose sont de plus en plus mal acceptées en France comme ailleurs. Il n’est pas impossible que le rejet des contraintes concerne toutes les politiques publiques. Une culpabilisation importante des consommateurs au nom de la protection de la planète pourrait avoir des effets négatifs sur la croissance et donc sur l’emploi. Un juste équilibre devra donc être trouvé !
3) Avec le deuxième confinement, l’épargne des ménages reste orientée en hausse. Comment en 2021, cette cassette évoluera-t-elle ?
Le taux d’épargne des ménages est passé de 15,1 à 26,7 % du revenu disponible brut du quatrième trimestre 2019 au deuxième trimestre 2020. Le premier confinement marqué par une chute de la consommation de 30 % entraînant une montée de l’épargne. Si au troisième trimestre, les ménages ont réduit leur effort d’épargne, ils n’ont pas, en revanche, puisé dans leur bas de laine pour consommer. Le taux d’épargne est revenu à 16,5 % du revenu disponible brut. Le deuxième confinement n’aura pas le même effet sur l’épargne. En effet, la consommation n’a baissé que de 10 à 15 %. Le taux d’épargne a dû remonter autour de 20 % qui devrait être le taux moyen de l’année. Pour 2021, il est, une fois de plus, difficile de réaliser des prévisions. La décrue de l’épargne covid-19 sera, sans nul doute, longue, étant donné que le virus devrait sévir sur l’ensemble de l’année. Tout dépendra évidemment de la diffusion des vaccins et de leur efficacité. Le retour de la confiance devrait s’accompagner d’un mouvement favorable de la consommation. Un élément sera, en la matière, déterminant, pour la possibilité ou non de voyager. Dans tous les cas, comme lors des précédentes crises, l’encours de l’épargne restera plus élevé qu’avant la crise. Les ménages ont tendance à détenir des volumes plus importants d’encours d’épargne de précaution. Ce comportement peut s’expliquer par la succession rapide de crises ces vingt dernières années et par le vieillissement des populations. L’aversion aux risques croissante contribue à la hausse du taux d’épargne au sein des pays de l’OCDE. La transformation d’une épargne de court terme en une épargne de long terme investie sur des supports destinés par exemple au financement de la retraite, sera sans nul doute une priorité des prochaines années.
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