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Retrouver l’édito du mois de novembre 2021 de Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Epargne, « Pour échapper aux illusions perdues »

Les éditos du Président 9 novembre 2021

Réformer est devenu synonyme de retour en arrière, de perte de droits, supposés acquis. Pour une grande partie de l’opinion, le terme réformer prend la forme d’un chiffon rouge. Pour obtenir l’assentiment de la population, les gouvernements répètent, à chaque fois ou presque, qu’il s’agit de la dernière réforme, que le système sera sauvé pour la nuit des temps. Ce vocabulaire rappelle de tristes souvenirs, ceux de la Première Guerre mondiale qui pour nos aïeux devaient être « la der des ders » ; or l’Histoire se montra cruelle une génération après. Cette litanie des réformes a rendu les Français tout à la fois désabusés et réfractaires à tout changement. Selon le dernier sondage réalisé par le Cercle de l’Épargne et Amphitéa, en partenariat avec AG2R LA MONDIALE, près des deux tiers d’entre eux considèrent que le système de retraite, à défaut d’être réformé, fera faillite. Dans le même temps, aucune mesure d’adaptation ne trouve grâce à leurs yeux. Ils récusent tout changement en matière d’âge légal ou de durée de cotisation. Ils sont dubitatifs face à l’instauration du régime par points. Si dans les faits, un système ne peut pas faire réellement faillite, les entreprises versant des cotisations assises sur les revenus du travail, en revanche, dans leur for intérieur, les Français comprennent que le rendement de leurs pensions baissera. Plus de retraités vivant de plus en plus longtemps et moins d’actifs ne peut aboutir qu’à une diminution du taux de remplacement. Cette vision est, pour une majorité de personnes, une source d’inquiétudes bien légitimes. Comme toute réforme est potentiellement une remise en cause des droits dits « acquis », l’immobilisme qui ne résout rien, apparaît néanmoins, pour nombre de Français, comme la meilleure des non-solutions. Si, collectivement, les Français ne croient plus en l’avenir du système de retraite, individuellement, ils pensent pouvoir s’en sortir. Depuis D’autant que depuis une vingtaine d’années, les Français vivent en pleine schizophrénie. D’un côté, les pouvoirs publics leur martèlent que la France est un pays riche, qu’elle est encore une grande puissance et de l’autre, ils sentent que le pays se délite, qu’il se craquelle, que le déclin n’est pas qu’un slogan de campagne. Le Gouvernement n’a-t-il pas mis en place le « quoi qu’il en coûte » pour juguler les affres de la crise sanitaire ? Dans le même temps, le système de santé, longtemps considéré comme le meilleur système du monde a, lors de la crise sanitaire, laissé à désirer. En 1945, dans un contexte ô combien plus difficile, la France a su se relever de la débâcle de 1940 et des destructions de la guerre car l’objectif de la reconstruction s’est imposé à tous. Aujourd’hui, pour sauver les retraites ou le système de santé, il faut oser avouer que tout passe par le travail, par la productivité, par la croissance. Il faut oser avouer qu’il est primordial d’investir et d’innover, d’améliorer la formation des jeunes et d’accroître les exportations. La refonte des retraites n’est qu’un élément d’un chantier bien plus vaste. Cette refonte ne peut pas être un démontage mais une refondation qui doit avoir comme objectifs une meilleure répartition des charges entre les générations et une augmentation des richesses créées par le pays. Nous devons cesser de vouloir partager ce que nous n’avons pas sous forme de déficits croissants. Nous devons relever le défi de la création de valeur ajoutée et de richesses afin d’améliorer les conditions de vie des retraités de demain.

Jean-Pierre Thomas

A lire dans le Mensuel N°91 de novembre 2021

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