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Pour des suppléments de retraite européens

Les éditos du Président 7 mai 2021

L’édito du Président du Cercle de l’Epargne – Mai 2021

Nous célébrons le bicentenaire de la mort de Napoléon et les trente ans de la publication du Livre Blanc de Michel Rocard sur les retraites. Ces deux évènements ont deux points en commun. Pour commencer, la discrétion des pouvoirs publics sur l’un ou l’autre des sujets. Par ailleurs, Napoléon comme Louis XIV étaient convaincus de l’importance d’une couverture vieillesse. L’un et l’autre tinrent à ce que les soldats blessés puissent être convenablement soignés et qu’ils puissent disposer de ressources pour vivre malgré leur handicap.

Michel Rocard, en 1991, estimait que la réforme de notre système de retraite pourrait potentiellement faire tomber plusieurs gouvernements. Pour le moment, cette prophétie ne s’est pas vérifiée par le simple fait que les gouvernements se sont engagés dans la voie de la réforme, sur la pointe des pieds. Un certain nombre ou plutôt un nombre certain d’entre eux ont même renoncé à changer quoi que ce soit. Que de temps perdu, que de faux débats, que de préjugés inutiles ! La convergence des régimes de retraite est une nécessité au nom de la simplification et de la justice sociale. En fonction de sa carrière professionnelle, de l’appartenance à tel ou tel régime, le montant de la pension diffère et génère des suspicions au sein de l’opinion. Un rapprochement a été engagé dès 1993 par le Gouvernement d’Édouard Balladur. Les partenaires sociaux l’ont également mené avec les régimes complémentaires AGIRC et ARRCO qui ont fusionné en 2019. À défaut de pouvoir instituer un régime unique par points, l’effort de convergence devrait être poursuivi afin d’arriver à terme à la création de la grande maison des retraites de France qu’Emmanuel Macron souhaitait construire. Sur le terrain des retraites supplémentaires que de temps perdu là encore ! Si les premiers suppléments de retraite par capitalisation ont vu le jour dans la fonction publique avec la Préfon et le Corem dans les années 1960, il a fallu attendre 2003 avec la création du PERP pour que toute la population soit potentiellement couverte. Il a fallu prendre des voies de traverse afin d’y arriver. Les gouvernements, par peur de l’opposition des partenaires sociaux, biaisaient. L’adoption de ma loi sur l’épargne-retraite en 1997 a failli révolutionner le système en instituant de véritables fonds de pension. Malheureusement, l’alternance de 1997, avec l’arrivée de Lionel Jospin à Matignon, sonna le glas de cette réforme. La loi PACTE de Bruno Le Maire, instaurant le Plan d’Épargne Retraite (PER) constitue un réel progrès. Désormais, tous les Français ont accès à un même produit qui est portable. N’étant pas doté de la personnalité morale, le PER ne peut toutefois pas être considéré véritablement comme un fonds de pension. Si l’allocation de l’épargne collectée en actions a été facilitée avec l’introduction de la gestion profilée, elle demeure néanmoins inférieure à ce qui est constaté aux Pays-Bas ou en Suède. La montée en puissance de la couverture des suppléments de retraite est trop lente faute de pouvoir reposer sur des accords de branche. Par ailleurs, ce produit est un peu trop franco-français. Pour mettre en place des systèmes de financement des entreprises, il faut disposer d’une large mutualisation ce qui exige de passer au niveau européen. Si les États-Unis financent un grand nombre de start-up, d’entreprises technologiques, c’est en grande partie grâce à la profondeur de leur marché financier. En Europe, la segmentation des places joue contre le financement des entreprises et contre la retraite des ménages. Toute l’Europe étant confrontée au vieillissement de la population, il ne serait pas illogique que cette question soit placée au cœur des priorités des institutions de l’Union.

Jean-Pierre Thomas

A lire dans le Mensuel N°85 du Cercle de l’Epargne

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