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Les équations démographiques des régimes de retraite

11 mai 2022

L’équilibre des régimes de retraite dépend de plusieurs facteurs démographiques, la natalité, la fécondité, la mortalité, l’espérance de vie et l’immigration. Ces facteurs fluctuent au fil du temps conduisant le Conseil d’Orientation des Retraites et l’INSEE à ajuster régulièrement leurs prévisions.

La reprise de la baisse de la fécondité

Depuis huit ans, la fécondité baisse, en France, tout en restant supérieure à la moyenne européenne. Ce recul, associé à un nombre de femmes en âge de procréer, influe sur le nombre de naissances et sur le renouvellement des générations et donc sur l’équilibre des régimes de retraite.

Entre 1995 et 2010, la France avait bénéficié d’un regain de natalité grâce à une remontée du taux de fécondité qui a compensé alors la baisse du nombre de femmes en âge de procréer. Cette augmentation était liée à un plus grand nombre de naissances tardives. Ce phénomène s’étant régularisé, à partir de 2014, le nombre de naissance a diminué à nouveau.

L’indice conjoncturel de fécondité est passé de 2,00 en 2014 à 1,83 en 2021, demeurant toutefois encore nettement supérieur à son niveau de 1994 (1,68). Cette diminution devrait conduire le Conseil d’Orientation des Retraites à revoir, dans son rapport 2022, ses hypothèses démographiques. Le COR avait ciblé un taux de 1,95 en 2016. Il était déjà supérieur à celui retenu par l’INSEE dans le cadre de son scénario central des projections démographiques 2021-2070 (1,80). Cette cible serait atteinte dès 2023. Le COR pourrait donc retenir ce taux.

L’âge moyen à la maternité était de 30,9 ans en 2021. Les projections démographiques reposent sur l’hypothèse d’un âge moyen à la maternité qui continuerait d’augmenter jusqu’à 33 ans avant de se stabiliser en 2052.

Un solde migratoire maintenu autour de 70 000 par an

Sans apport extérieur, la population active est amenée à baisser dans les prochaines années. Les travailleurs immigrés acquittent des cotisations contribuant à l’équilibre des régimes de retraite. Plus jeunes que la moyenne de la population active, ils sont des contributeurs nets aux régimes de retraite. En raison de carrière partielle en France, le montant des pensions qui leur sont allouées quand ils liquident leurs droits à la retraite est plus faible que celui de la moyenne des pensionnés.

Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours d’une année. Ce solde, qui était de l’ordre de +100 000 personnes par an entre 2001 et 2006, a diminué depuis. Il s’est élevé, selon l’INSEE, en moyenne à +74 500 entre 2008 et 2018 (dernière année connue). L’hypothèse centrale pour le solde migratoire dans les projections démographiques 2021-2070 a été maintenue à +70 000. Le COR retient pour sa part, au niveau des variantes, des hypothèses à +20 000 et à +120 000.

Une moindre espérance de vie à 60 et à 65 ans avec la survenue de la pandémie

L’espérance de vie instantanée à 60 ans, en France, a augmenté de 1945 à 2015. Elle a baissé en 2015 en raison de conditions épidémiologiques (grippe) et météorologiques peu favorables qui ont provoqué davantage de décès que prévu aux âges élevés. Entre 2015 et 2019, l’espérance de vie à 60 ans a à nouveau augmenté, mais à un rythme plus faible qu’auparavant. Avant 2014, l’espérance de vie à 60 ans progressait de 1,5 an à 2 ans par décennie. Entre 2014 et 2019, le rythme des gains d’espérance de vie à 60 ans est de 0,1 année en cinq ans pour les femmes et 0,3 année en cinq ans pour les hommes. En prolongeant cette tendance, cela reviendrait à seulement 0,2 an par décennie chez les femmes et 0,6 an par décennie chez les hommes. Si la tendance à la poursuite des progrès d’espérance de vie n’est pas remise en cause sur longue période, le ralentissement des gains d’espérance de vie observé depuis 2014 a conduit l’INSEE à réviser à la baisse ses prévisions sur l’espérance de vie projetée par rapport aux précédentes projections. L’épidémie de Covid ne fait qu’accentuer la tendance de ces dernières années avec une nouvelle diminution de l’espérance de vie en 2020. Même si cet épisode épidémiologique devait s’atténuer, il devrait laisser quelques traces sur l’évolution de la démographie française.

D’après le scénario central du dernier exercice de projections démographiques 2021-2070, l’INSEE prévoyait que l’espérance de vie à 60 ans atteindrait 29,2 ans en 2040 et 31,3 ans en 2070 pour les femmes et 25,6 ans en 2040 et 29,3 ans en 2070 pour les hommes. Par rapport au scénario central de 2016, l’écart est de -2,2 ans pour les femmes en 2070 et de -1,7 an pour les hommes. Par rapport au scénario bas de 2016 que le COR avait retenu dans son dernier exercice de projection, l’écart est nul en 2040 et légèrement plus favorable à l’horizon 2070 : +0,2 an pour les femmes et +0,6 an pour les hommes.

D’après les projections démographiques 2021-2070, l’espérance de vie instantanée à 65 ans connaît une évolution comparable. À l’horizon 2070, cette hypothèse conduirait à une espérance de vie instantanée à 65 ans de 26,7 ans pour les femmes et 24,8 ans pour les hommes. Par rapport au scénario bas de 2016 que le COR avait retenu dans son dernier exercice de projection, l’écart est pratiquement nul en 2040 et légèrement plus favorable à l’horizon 2070 : +0,3 an pour les femmes et +0,6 an pour les hommes.

Les effets de l’épidémie sur la démographie française

Avec l’épidémie de Covid-19, le nombre de décès a augmenté fortement en 2020 et au premier semestre 2021. La hausse a été de +9,1 % en 2020 et de +7,3 % au premier semestre 2021 par rapport aux périodes équivalentes de 2019. En 2021, 661 136 personnes sont décédées en France (-1,2 % par rapport à 2020, mais +7,8 % par rapport 2019, soit +47 680 décès).

En 2020, les risques de décéder ont augmenté dès 35 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes, tandis que la mortalité des plus jeunes, surtout celle des hommes, a baissé en lien avec la baisse des accidents de la route et des comportements à risques liés au travail ou au sport durant les périodes de confinement.

La hausse des décès a concerné plus spécifiquement les personnes âgées de plus de 65 ans tout particulièrement pour les hommes. Pour les personnes âgées de 85 ans ou plus, le nombre de décès est en repli en 2021. L’épidémie a provoqué une hausse de la mortalité par anticipation, des personnes fragiles sont décédées plus rapidement, ce qui devrait, dans les années à venir, provoquer un effet ressaut avec une moindre mortalité.

En 2021, malgré la persistance de l’épidémie, l’espérance de vie à la naissance a repris sa course en avant. L’espérance de vie à la naissance est de 85,4 ans pour les femmes et de 79,3 ans pour les hommes. Les femmes gagnent 0,3 an d’espérance de vie par rapport à 2020 et les hommes 0,2 an. Du fait de sa forte baisse en 2020 (-0,5 an pour les femmes, -0,6 an pour les hommes), l’espérance de vie ne retrouve pas cependant son niveau d’avant la pandémie (85,6 ans pour les femmes en 2019 et 79,7 ans pour les hommes).

L’épidémie avait, par son caractère anxiogène, provoqué une forte chute de la natalité en 2020. En 2021, 738 000 bébés sont nés en France, soit 3 000 de plus qu’en 2020. La chute du nombre de naissances en début d’année, neuf mois après le premier confinement du printemps 2020, a été compensée par une hausse postérieure. Cette remontée met ainsi fin à la baisse du nombre de naissances observée chaque année entre 2015 et 2020.

L’augmentation de la mortalité depuis le début de la crise sanitaire ne modifie pas en profondeur la problématique des régimes de retraite. Le nombre de retraités est certes légèrement moins élevé que prévu, mais cela ne joue qu’à la marge. La baisse des naissances et de la fécondité aura des incidences sur les équilibres des régimes de retraite d’ici une vingtaine d’années quand celle du solde migratoire se fait ressentir immédiatement.

A lire dans le Mensuel de l’Épargne de la Retraite et de la Prévoyance de mai 2022



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