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Le Coin de l’épargne du 12 mai 2023 : l’inflation et encore l’inflation

Epargne 12 mai 2023

Aux Etats-Unis, l’indice de confiance du consommateur, calculé par l’Université du Michigan, est ressorti en dessous des prévisions, à 57,7 points contre 63 escompté, et 63,5 le mois précédent. Le moral des ménages est ainsi au plus bas depuis le mois de novembre. Les investisseurs ont également noté que les anticipations d’inflation à un an, un facteur clef pris en compte par la Réserve fédérale américaine dans le cadre de sa politique monétaire, a été annoncée à 4,5 % pour mai quand elle était attendue en décélération à 4,4 % sur un an, contre 4,6 % en avril. Les anticipations à cinq ans, sont de nouveau en hausse à 3,2 %, contre 3 % en avril. Les prix à l’importation ont augmenté de 0,4 % sur un mois en avril, marquant leur première hausse de l’année. La banque centrale américaine, la Fed doit faire face à un ralentissement de l’économie pouvant amener une récession dans un contexte d’inflation élevée. Pour certains de ses membres, la politique monétaire n’est pas suffisamment restrictive pour casser les transmissions de hausses de prix. Pour un certain temps, le maintien de taux élevés apparaît nécessaire.

Les investisseurs s’inquiètent également de la fixation du plafond de la dette avec un risque de shutdown en cas d’absence dans les prochains jours d’un accord au Congrès. La nouvelle rencontre de Joe Biden avec les responsables démocrates et républicains a été reportée à la semaine prochaine. Des membres du Congrès et des responsables de l’administration ont néanmoins engagé des discussions pour établir les grandes lignes d’un accord portant sur un relèvement du plafond de la dette et une limitation des dépenses publiques ainsi que sur une possible augmentation des impôts.

Dans cet environnement incertain, les investisseurs ont opté cette semaine la prudence. Les indices des grandes places financières sont en léger recul sur la semaine à l’exception du Nasdaq en légère hausse. Le CAC 40 a ainsi enregistré sa troisième semaine consécutive de baisse, cédant 0,24 % en cinq séances. Les taux des obligations d’Etat sont restés stables cette semaine. En revanche, l’euro s’est légèrement déprécié face au dollar.

Le tableau des marchés de la semaine 

 Résultats
12 mai 2023
Évolution
sur une semaine
Résultats
30 déc. 2022
Résultats
31 déc. 2021
CAC 40 7 414,85-0,24 %6 471,317 153,03
Dow Jones33 300,62-1,12 %33 147,2536 338,30
S&P 5004 124,08-0,29 %3 839,504766,18
Nasdaq12 284,74+0,40 %10 466,4815 644,97
Dax Xetra (Allemagne) 15 913,82-0,30 %13 923,5915 884,86
Footsie (Royaume-Uni) 7 754,62-0,31 %7 451,747 384,54
Euro Stoxx 50 4 317,88-0,37 %3 792,284 298,41
Nikkei 225 (Japon)29 388,30+1,51 %26 094,5028 791,71
Shanghai Composite 3 272,36-1,86 %3 089,263 639,78
Taux OAT France à 10 ans+2,857 %-0,012 pt+3,106 %+0,193 %
Taux Bund allemand à 10 ans+2,274 %-0,008 pt+2,564 %-0,181 %
Taux Trésor US à 10 ans+3,446 %-0,006 pt+3,884 %+1,505 %
Cours de l’euro/dollar1,0853-2,43 %1,06971,1378
Cours de l’once d’or en dollars2 010,03-0,29 %1 815,381 825,350
Cours du baril de pétrole Brent en dollars74,36-1,14 %84,0878,140
CdE

Crise du logement, les taux d’intérêt n’expliquent pas tout

Les professionnels de l’immobilier soulignent la chute de la construction et des transactions. La Fédération française du bâtiment a de son côté alerté : si rien n’est fait, 100 000 emplois sont menacés dans le secteur d’ici à 2024-2025. Dans le même temps, selon la Fondation de l’Abbé Pierre, plus de 14 millions de Français rencontreraient des problèmes pour se loger.

Avec des prix de l’immobilier élevés, la hausse des taux constitue une deuxième peine. La crise ne se résume pas à la question des taux d’intérêt. Au premier trimestre 2023, ils ont retrouvé leur niveau de 2012. En valeur réelle, c’est-à-dire en tenant compte de l’inflation, ils demeurent négatifs. Il n’en demeure pas moins que le taux moyen des crédits immobiliers est passé de 1,06 % en décembre 2021 à 3,15 % en avril, selon l’observatoire Crédit Logement CSA. Associé à des conditions d’accès plus strictes, la production de crédits à l’habitat a diminué en avril de 44,4 % sur un an, selon les estimations de la Banque de France. Le problème numéro 1 est le prix de l’immobilier qui a doublé en vingt ans. Le marché des logements, en France, est un marché de pénurie. La rareté du foncier et l’augmentation des coûts de construction ont favorisé une hausse de l’immobilier, hausse qui a été, par ailleurs, alimentée par la faiblesse des taux d’intérêt entre 2016 et 2021.

Le marché de la location est sous tension en raison de la raréfaction de l’offre. Le développement des locations saisonnières dans les grandes villes et dans les villes touristiques limite les locations à l’année. Plus de 800 000 logements seraient proposés, en France, en location saisonnière. Ce nombre aurait augmenté de près de 20 % en moins de deux ans. Les mesures visant à empêcher la location de logements ne respectant pas les normes énergétiques conduisent les propriétaires à les retirer de l’offre locative ou les vendre. L’offre de biens à louer aurait diminué de 46 % entre 2019 et 2023. La tension serait vive pour les deux pièces, 30 % de l’offre de logements et 40 % des demandes. La raréfaction des logements en location dans le parc privé provoque le gonflement du nombre de candidats pour un logement social. 70 % de la population y est éligible et en un an, 100 000 nouvelles demandes ont été déposées, portant à 2,3 millions le nombre total de ménages en attente d’une HLM. Même si la France a un des parcs les plus importants de logements sociaux d’Europe, la construction est insuffisante. 100 000 constructions ont été engagées en 2022 soit moins que prévu (120 000).

Les besoins en logement sont importants en raison de l’augmentation de la population et de sa concentration croissante sur certaines parties du territoire, grandes agglomérations et régions côtières. Par ailleurs, les divorces et l’essor des familles monoparentales contribuent également à accroître la demande en logements.

La France consacre chaque année plus de 38 milliards d’euros au logement sans pour autant que cela ne contribue à résoudre une crise vieille de plusieurs décennies. Le nombre de logements neufs construits se situe en fonction des années entre 350 000 et 400 000 quand il en faudrait au minimum 500 000. Les lois visant à lutter contre l’artificialisation des sols et à limiter l’urbanisation provoquent une raréfaction du foncier. En outre, les maires en lien avec les souhaits de leur population sont de plus en plus réticents à accroître l’offre de logements. Des candidats, lors des dernières élections municipales, se sont fait élire sur le thème de l’arrêt des constructions. La construction est également freinée par l’augmentation des coûts de construction en lien avec le durcissement des normes énergétiques. La faible industrialisation des process de construction ne facilite pas l’obtention de gains de productivité dans le secteur du bâtiment. Cette industrialisation qui passe par un recours plus important à des éléments préfabriqués nécessite, par ailleurs, un effort de formation en faveur des salariés du secteur du bâtiment.

Le gouvernement devrait dans le prolongement des travaux sur le logement du Conseil national de la refondation (CNR) annoncer plusieurs mesures. Un grand plan d’acquisition de logements neufs par CDC Habitat, filiale de la Caisse des Dépôts, auprès des promoteurs, est à l’étude.

Le gouvernement devra également indiquer s’il maintient plusieurs dispositifs en faveur de l’immobilier qui doivent s’éteindre en 2023 comme le Prêt à taux zéro (PTZ) ou en 2024 pour le Pinel qui vise à favoriser l’investissement locatif. En lieu et place de ces dispositifs, des experts plaident pour la création d’un statut de bailleur qui permettrait l’amortissement des biens immobiliers voués à la location, ce dispositif est aujourd’hui réservé aux logements loués meublés (statut LMNP). La Cour des Comptes a, à plusieurs reprises, souligné que les aides fiscales en faveur de l’immobilier locatif avaient une faible efficacité et qu’elles contribuent avant tout à la hausse des prix de l’immobilier.

Une refonte de la fiscalité des plus-values pourrait être imaginée. Les abattements en fonction de la durée de détention (23 ans pour la fiscalité et 30 ans pour les prélèvements sociaux) ne favorisent pas la fluidité du marché. Une taxation accrue pour les plus-values de moins de quatre ans et des abattements sur une période de 8 ans seraient certainement souhaitables à la fois pour concilier lutte contre la spéculation et fluidifier davantage le marché. L’instauration d’un régime de plus-values pour les résidences principale bien qu’impopulaire est certainement souhaitable pour limiter les effets d’aubaine, et pourrait donc être imaginée.

Cercle de l’Épargne – données SDES, Sit@del2, estimations à fin mars 2023

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