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Faillites bancaires aux Etats-Unis, quelles conséquences ?

Epargne 14 mars 2023

La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) et les difficultés de plusieurs autres banques américaines rappellent de mauvais souvenirs datant de la crise des subprimes de 2007/2009. Après l’épidémie de covid, après la guerre en Ukraine, l’économie mondiale peut-elle être confrontée à une nouvelle crise financière ?

La Silicon Valley Bank, la 16e banque américaine, victime de la hausse des taux d’intérêt et des problèmes du secteur de la haute technologie

La Silicon Valley Bank, la 16e banque américaine a été confrontée à des demandes de retraits de liquidités importantes de la part de ses clients, essentiellement des entreprises du secteur de la haute technologie. Cette banque, spécialisée dans le financement des start-ups, géraient les liquidités de ces entreprises qui jusqu’en 2022 levaient des sommes importantes grâce à des fonds de capital-risque ou de capital-investissement. En parallèle, elle prêtait également de l’argent à ces fonds ou aux dirigeants des start-ups. Selon Reuters, elle était le partenaire bancaire de près de la moitié des start-ups américaines financées par capital-risque cotées en Bourse en 2022.

La forte croissance des valeurs technologiques et l’engouement des fonds de capital-risque pour ce secteur ont contribué à l’augmentation des dépôts à SVB qui sont passés de 102 à 189 milliards de dollars en 2021. La banque a investi cet excès de liquidités dans des placements de long termes jugés sûrs, des obligations et des bons du Trésor qui étaient alors faiblement rémunérés.

En 2022, le marché des valeurs de la haute technologie s’est retourné après la forte croissance provoquée par la crise sanitaire. Le resserrement de la politique monétaire par la Réserve fédérale américaine (Fed) se traduisant par une hausse des taux d’intérêt a conduit les investisseurs à se détourner des valeurs technologiques au profit des obligations. Les taux directeurs sont passés en un an de 0 à 4,75 %. Les start-ups qui, en outre, subissent le ralentissement de leur activité ont besoin de liquidités pour faire face à leurs charges. Ne pouvant plus compter sur l’argent issue des levées de fonds, elles ont puisé dans leurs dépôts placés à la SVB. Celle-ci, ne disposant pas de liquidités suffisantes, a été contrainte de vendre en urgence les titres monétaires et obligataires qu’elle possédait. Or, la hausse des taux a eu pour conséquence de diminuer la valeur de ces derniers. En effet, sur le marché secondaire, les obligations s’échangent au même taux en prenant en compte la duration et le risque liés à l’émetteur. De ce fait, une obligation émise à un taux de 1 % aura une valeur bien plus faible qu’une obligation émise à 4 %. En vendant ses obligations, la SVB a ainsi accusé une perte de 1,8 milliard de dollars et indiqué avoir besoin d’une recapitalisation.

Face à cette annonce de la banque, les clients inquiets ont perdu confiance et ont commencé à vouloir retirer les sommes qu’ils y avaient placées provoquant un « bank run ». Sur la seule journée du jeudi 9 mars, environ 42 milliards de dollars d’ordres de retraits ont été passés. En quelques heures, SVB était dans l’incapacité à faire face aux demandes nécessitant l’intervention des autorités fédérales.

La réaction des pouvoirs publics a été rapide

Vendredi 10 mars, les autorités américaines ont fermé SVB pour protéger les dépôts et limiter le risque de contagion. Son administration a été confiée à la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), l’agence qui gère l’assurance des dépôts bancaires. Cette procédure garantit jusqu’à 250 000 dollars par déposant. 90 % des sommes de la SVB ne seraient néanmoins pas assurés. Dimanche 12 mars, face au risque de panique, les autorités ont donc décidé d’étendre la garantie et de permettre aux clients de récupérer l’intégralité de leur dû. Pour limiter l’effet de contagion, après la faillite de la « Signature Bank » la Fed s’est engagée à prêter des fonds aux autres banques qui feraient face à d’importantes demandes de retrait. Le Président américain a déclaré que l’État fédéral prendra toutes les mesures nécessaires pour éviter une crise financière.

Quels sont les risques de contagion aux Etats-Unis ?

La faillite d’une banque n’est jamais anodine car elle touche le cœur de l’économie à travers des mécanismes de financement qui reposent en grande partie sur la confiance. Néanmoins, la faillite de SVB ne devrait pas provoquer un effet domino. Le risque de contagion est relativement faible. Depuis la crise financière de 2008, les pouvoirs publics suivent avec attention les problèmes de liquidité et de solvabilité des acteurs financiers. Des crash test sont réalisés régulièrement. Le portefeuille obligataire des grandes banques américaines est réévalué à la valeur de marché, lors des publications trimestrielles de résultats.

Les banques, dont les résultats ces dernières années étaient bons, disposent d’importantes réserves de liquidités, limitant d’autant leur besoin de vendre des obligations. Le cas de SVB est particulier avec la conjonction de trois problèmes : la hausse des taux, les besoins de cash des start-ups et un bilan dégradé du fait d’une gestion hasardeuse.

L’économie américaine comprend un grand nombre de banques de taille régionale qui sont moins régulées qu’en Europe. D’autres faillites sont donc possibles. Les grandes banques américaines pourraient profiter d’un éventuel transfert de dépôts de la part de clients qui avaient placé des liquidités dans des institutions locales. Aucune banque de taille systémique n’est aujourd’hui concernée par la crise.

Une contagion en Europe est-elle possible ?

Les banques européennes ont des bilans solides. Elles n’ont pas accru, ces dernières années, leur exposition aux obligations. Leur financement provient essentiellement des commissions et des dépôts de leurs clients. Les banques européennes sont peu investies dans le secteur de la haute technologie. Dans le passé, cette prudence leur était même reprochée. Les banques européennes sont plus diversifiées et bien régulées.

Quelles conséquences pour le marché des actions ?

La crise bancaire aux États-Unis pourrait être positive pour les marchés d’actions. Les banques centrales pourraient, en effet, être amenées à tempérer le durcissement de la politique monétaire mise en œuvre pour lutter contre l’inflation. De moindres hausses de taux directeurs favorisent les actions. Par ailleurs, les investisseurs pourraient être incités à privilégier les grandes entreprises cotées aux résultats publiés régulièrement au détriment des start-ups.

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