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Etude de l’INED : pourquoi l’espérance de vie augmente moins vite en France ?

Economie 13 mars 2019

L’Institut National des Etudes Démographiques (INED) a publié une étude sur l’évolution de l’espérance de vie en France au titre évocateur  » pourquoi l’espérance de vue augmente moins vite en France ? »

Dans cette étude, l’INED souligne que pour la première fois depuis 1945 le nombre de décès a dépassé, en 2018, 600 000 Après la Seconde Guerre mondiale, le nombre de décès a longtemps fluctué entre 500 000 et 550 000. En dépassant 600 000, il retrouve des niveaux connus au cours du 19e siècle et au début du 20e. Ce n’est donc que 72 ans après, en 2018, qu’il repasse au-dessus de 600 000. Etre 1945 et 2018, la population a beaucoup changé en étant une fois et demi plus nombreuse (65 millions en 2018 contre 40 millions en 1945) et plus âgée. La proportion de personnes de 65 ans ou plus a pratiquement doublé, passant de 11 % en 1945 à 20 % en 2018

Selon l’INED, l’espérance de vie à la naissance a atteint 79,5 ans pour les hommes et 85,4 ans pour les femmes en 2018, contre 79,4 ans et 85,3  ans en 2017, soit un gain de 0,1  an pour les hommes comme pour les femmes. L’espérance de vie n’a progressé que de 0,7  an chez les hommes au cours des cinq dernières années, et de 0,4 an chez les femmes.

L’INED considère que le ralentissement des gains d’espérance de vie sur les cinq dernières années est notamment imputable aux épidémies de grippes. Un population plus âgée est plus sensible à ces épidémies. En effet, depuis 2013, trois années ont été marquées par une épidémie de grippe saisonnière meurtrière ayant provoqué une augmentation du nombre de décès de 20 000 décès environ à chaque fois. D’autres facteurs expliquent la diminution des gains d’espérance de vie.

Depuis le milieu du XXe  siècle, l’espérance de vie à la naissance a progressé de 3 mois par an en moyenne en France, passant de 66,4 ans sexes confondus en 1950 à 82,5 ans en 2018. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les gains ont avant tout trouvé leur origine dans la lutte contre la mortalité adulte, en particulier aux âges élevés. La baisse de la mortalité des enfants, avait beaucoup contribué à l’augmentation de l’espérance de vie de la fin du XVIIIe  siècle au milieu du XXe  siècle. Les progrès en la matière sont très faibles et n’ont plus d’incidence sur l’espérance de vie. La capacité à soigner ou à prévenir les maladies infectieuses qui étaient encore la cause d’une partie importante des décès d’adultes et de personnes âgées a permis une forte augmentation de l’espérance de vie après guerre avec le recours notamment aux antibiotiques. Désormais, les maladies cardiovasculaires et les cancers sont désormais les principales causes de décès. La mortalité due aux maladies du cœur et des vaisseaux a connu une baisse sensible depuis un demi-siècle grâce à la « révolution cardiovasculaire. Le ralentissement des progrès de l’espérance de vie depuis une dizaine d’années traduit la diminution des retombées de la révolution cardiovasculaire. Les gains d’espérance de vie dépendent de plus en plus des progrès futurs en matière de lutte contre les cancers qui sont devenus la première cause de décès.

Si en particulier en matière de tabacologie, des progrès ont été réalisés pour les hommes, une dégradation est constatée pour les femmes avec des conséquences sur la mortalité.

Le ralentissement des gains d’espérance de vie est un phénomène général en Europe et en particulier pour les femmes. Dans les pays nordiques, ce ralentissement est intervenu plus rapidement qu’en France. Les Suédoises qui bénéficiaient de l’une des espérances de vie les plus élevées d’Europe en 1980, ont été rattrapées puis distancées par les Françaises, les Espagnoles et les Italiennes. Or, il apparaît que les femmes d’Europe du Nord ont calqué leurs comportements de vie sur ceux des hommes plus tôt qu’en France ce qui s’est traduit par un accroissement de la mortalité par cancers liés au tabac.

Avec plus de 87 ans d’espérance de vie les Japonaises détiennent le record aujourd’hui. La faible consommation de viande, une alimentation mesurée et diversifiée et une hygiène de vie poussée avec la pratique sportive expliquent ce résultat.

Aux Etats-Unis, le ralentissement de l’espérance de vie a même cédé la place à un recul à la fois chez les hommes et les femmes. Le tabac, la drogue et l’obésité sont pointés du doigt. Il est attribué à une montée de la mortalité liée au tabac à laquelle Est également mis en avant l’accès inégalitaire au système de soins. En 1980, l’espérance de vie des hommes était égale en France et aux États-Unis, et l’avantage des Françaises ne dépassait pas 1 an. 37 ans plus tard, l’espérance de vie des Américaines est inférieure de plus de 4 ans à celle des Françaises. Pour les hommes, l’écart est de plus de 3 ans.

Selon l’INED, les voies de progrès concernent la lutte contre les cancers, celle contre les maladies neurodégénératives (maladies d’Alzheimer, de Parkinson, etc.). L’INED insiste également sur la nécessité de maintenir un système de protection sociale égalitaire capable de générer des innovations médicales et sociales.

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