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Dépendance, la nouvelle frontière de la protection sociale

15 mars 2016

 DÉPENDANCE, LA NOUVELLE FRONTIÈRE LA PROTECTION SOCIALE

 Par Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’l’Épargne

Depuis dix ans, nous sommes entrés dans l’ère du papy-boom avec l’arrivée à l’âge de la retraite des premières générations du bapy-boom. En 2015, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, les seniors de plus de 60 ans sont passés, en nombre, devant les jeunes de moins de 25 ans ; pour la première fois, le nombre de décès a franchi la barre des 600 000. Ce vieillissement de la population est le produit d’un accident démographique, le baby-boom, et d’un phénomène structurel, sans précédent, l’allongement de l’espérance de vie. Face à cette mutation démographique, depuis 1993, la France a engagé un processus de réformes de son système de retraite, processus qui permettra d’économiser au moins de 6 points de PIB à l’horizon 2040. Entre le recul de l’âge de départ à la retraite, l’augmentation de la durée de cotisation, le changement des modes de calcul des pensions, la modification des règles d’indexation, les pouvoirs publics ont utilisé tous les paramètres possibles pour contenir la progression des dépenses de retraite sans pour autant éviter une baisse du taux de remplacement.

Si le défi des retraites est évalué et – en partie – sous contrôle, le dossier de la dépendance demeure un chantier à l’avenir encore incertain. Depuis 2004, tous les gouvernements, de droite comme de gauche, promettent l’engagement d’une grande réforme. Faute de moyens, faute de stratégie, cette grande réforme reste pour le moment dans les limbes n or le mur de la dépendance se rapproche. C’est, en effet, à partir de 2030, dans quatorze ans, que les premiers baby-boomers entreront dans leur 85e année. La mise en place d’un système viable exige du temps. Le retard pris actuellement se traduira par des surcoûts.

Le traitement de la question de la dépendance exige de prendre en compte de multiples facteurs : l’état de santé des seniors, les progrès médicaux, la situation économique, la mutation du système économique, les modalités d’accès aux soins, l’évolution des structures familiales, le niveau de vie des seniors, la répartition des charges entre le secteur public et le secteur privé, le reste à charge supportable pour les assurés ou les familles…

La question de la dépendance est complexe, car elle fait intervenir un très grand nombre d’acteurs : assurance-maladie, assurance-vieillesse, départements en charge de l’allocation personnalisée d’autonomie, l’État comme producteur de normes et garant de l’équilibre des finances publiques, les compagnies d’assurance, les mutuelles, les groupes de protection sociale, le milieu associatif, les familles…

Près des trois quarts des Français pensent qu’ils pourront être confrontés un jour ou l’autre à un problème de dépendance. 9 % pensent qu’en fin de vie, la dépendance est incontournable. 22 % des plus de 75 ans espèrent pouvoir échapper à ce risque quand ils ne sont que 11 % parmi les 50-64 ans.

Pour réunir autour de la dépendance tous ces acteurs, l’idée de la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale (les quatre premières étant la maladie, la retraite, la famille et la prévoyance) a eu la cote. Cette idée avait l’avantage de la simplicité du moins sur le papier. Elle permettait la reconnaissance physique d’un risque. La création d’une telle branche supposait une administration, des cotisations et des prestations. Elle se serait superposée aux branches actuelles. La simplicité théorique aurait pu rapidement aboutir à une complexité et déboucher sur des guerres de territoire. Si la notion de 5e branche semble enterrée, du moins pour le moment, celle de 5e risque demeure encore d’actualité. Les questions concernant les modalités de couverture ou de financement demeurent en suspens.

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