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De la valeur-refuge à la valeur mirage de l’or

Epargne 9 octobre 2019


Dans les périodes de crise, l’or retrouve son caractère de valeur-refuge. Ce fut le cas en 1973, 1980, 2009 ou en 2011. En 2011, l’once d’or s’était rapprochée des 2 000 dollars. En dollars constants (montant actualisé en fonction de l’inflation), le record date du mois de janvier 1980, en plein deuxième choc pétrolier à 2 500 dollars (850 en valeur non actualisée). Entre deux crises, l’or peut connaître de longues périodes de stabilité autour de 900 à 1 200 dollars l’once. Depuis quelques mois, l’or retrouve quelque lustre. La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, ainsi que les tensions au Moyen-Orient, concourent à son appréciation. Les craintes de la survenue d’une nouvelle crise financière influent également sur son prix. Ainsi, depuis le 1er janvier 2019, l’once d’or a gagné près de 20 %.

Source : Cercle de l’Épargne


L’or, valeur de réserve pour les banques centrales

Malgré la fin de la convertibilité du dollar en or le 15 août 1971, et les Accords de la Jamaïque des 7 et 8 janvier 1976 qui ont supprimé officiellement son rôle d’étalon, l’or demeure un des éléments de réserve des grandes banques centrales. Celles des États émergents ont, ces dernières années, acquis de l’or afin de se mettre au niveau de leur nouveau statut économique et financier.

L’or démonétisé, en raison de son histoire et de son aura, conserve un pouvoir. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que dans des périodes troublées, les ménages en acquièrent.

Stock d’or détenu par les banques centrales

  Stock d’or en tonnes (juillet 2019)
États-Unis 8 133
Allemagne 3 366
FMI 2 874
Italie 2 451
France 2 436
Russie 2 207
Chine 1 926
Suisse 1 040
Japon 765

Les atouts de l’or

Pourquoi l’or est-il, depuis des millénaires, la référence ultime au niveau des échanges ?

L’or a été une source de fascination du fait de sa rareté, de sa densité, de son éclat et de sa pérennité. Il y a plus de 6 000 ans, les Égyptiens exploitaient déjà l’or du Nil. Les premières mines ont été ouvertes il y a 5 000 ans. L’utilisation de l’or comme monnaie intervient six siècles avant notre ère, entre 561 et 546 av. J.-C. (dates de début et de fin de règne du roi Crésus sur la Lydie, pays d’Asie Mineure). Il tenait ses richesses du Pactole, la rivière qui cachait une multitude de paillettes d’or. Par sa rareté, l’or permettait une régulation assez facile par les autorités. Sa résistance et sa densité sont deux caractéristiques clés qui lui ont permis de jouer le rôle d’étalon et de réserve.

Les réserves d’or ne sont pas infinies

Tout l’or sorti de terre ou de l’eau est estimé à 177 200 tonnes qui se répartissent entre la bijouterie (85 900 tonnes), l’épargne (35 500 tonnes), les réserves des banques centrales et autres institutions officielles comme le FMI (30 500 tonnes) ainsi que les applications industrielles (21 600 tonnes). Les réserves des gisements encore à exploiter sont évaluées à 54 000 tonnes d’or (source : World Gold Council).

Les usages de l’or

En 2018, la demande d’or s’est établie à 4 397,8 tonnes dont 2 241,3 tonnes pour le secteur de la bijouterie et 1 164,4 tonnes pour le secteur de l’investissement.

656,3 tonnes ont été acquises par les banques centrales quand 334,8 tonnes ont été utilisées par le secteur industriel.

Le secteur de l’électronique est le principal utilisateur industriel de l’or. Ce dernier est recherché du fait de sa bonne conductibilité électrique. C’est ainsi que smartphones, ordinateurs, télévisions contiennent de l’or. La demande d’or issue du secteur téléphonique atteint chaque année quelques dizaines de tonnes. La présence en quantités infinitésimales d’or dans les composants électroniques, conduit à un important gaspillage. Des centaines de millions de téléphones sont produits chaque année contenant environ 0,50 dollar d’or qui n’est pas recyclé.

L’or, du fait de sa résistance, est également utilisé par l’industrie aéronautique et spatiale. Les fabricants de satellites et de véhicules spatiaux recourent en quantité non négligeable à l’or. Les panneaux de film polystyrène plaqués d’or sont utilisés afin de réfléchir les rayons infrarouges et stabiliser la température des satellites. L’or est aussi utilisé comme lubrifiant pour les pièces mécaniques d’engins spatiaux. Les molécules d’or ont la capacité de glisser l’une sur l’autre sans se rompre, ce qui procure l’action lubrifiante.

Dans la construction, l’or est également utilisé. Il entre dans la composition de verres spéciaux, comme ceux qui équipent les façades des immeubles modernes. L’or sert à réfléchir les radiations solaires, ce qui limite la montée en température de l’immeuble, l’été. À l’inverse, il aide à réfléchir la chaleur interne vers l’intérieur, ce qui permet de conserver la chaleur d’un immeuble en hiver.

La grande malléabilité de l’or permet de le presser en feuilles d’un micron d’épaisseur. L’or sert alors d’élément de décoration comme pour le Dôme des Invalides. Il a l’avantage de ne pas se corroder.

Du fait de sa rareté et de son prix, les industriels tentent de remplacer l’or par d’autres matières premières. Les substituts industriels de l’or sont, le palladium, la platine et l’argent.

L’or est-il un bon placement ?

L’or est une valeur-refuge mais en tant que matière première, il ne rapporte rien. Il ne sert aucun intérêt, aucun dividende. Son attrait est double. Il peut être un moyen de paiement ultime et générer une plus-value potentielle, sous réserve de l’acheter et de le vendre au bon moment. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’or peut générer de frais de garde.

L’or se présente sous différentes formes. Sont considérés comme des placements « or » :

  • les barres ou les lingots ou les plaquettes d’une pureté égale ou supérieure à 995 millièmes, de plus de 1 gramme ;
  • les pièces de monnaie comme le Napoléon ;
  • l’or physique, sous réserve d’un certain degré de pureté ;
  • l’or papier représenté par des titres de mines aurifères, des options, des trackers.

L’or se retrouve également dans les bijoux dits de famille, dans des montres et divers objets.

Le prix de l’or possédé n’est pas égal à son poids. Il faut en effet prendre en compte des facteurs liés au support. Ainsi, le prix incorpore ce qui est appelé la prime de l’or.

La prime de l’or = (la valeur de la pièce – sa valeur en or) / valeur en or

La prime d’or est fonction de la nature du support : plus les pièces sont petites et difficiles à produire et plus leur prime risque d’être élevée. Elle est également fonction de la qualité de l’épreuve. Une pièce de mauvaise qualité, mal conservée subira une perte de valeur.

La prime dépend enfin de l’offre et de la demande. Elle diffère en fonction du lieu où s’effectue la vente. Les pièces françaises sont moins recherchées à New York, ce qui entraîne une baisse du prix.

La fixation du cours de l’or

L’or est tout à la fois une valeur-refuge, sujet à la spéculation mais aussi une matière première.

Le prix de l’or repose sur des facteurs tout à la fois économiques, politiques, géostratégiques et psychologiques.

Le cours peut dépendre :

  • De la situation de l’économie, de la probabilité de la survenue d’une crise, d’une récession ;
  • Des politiques monétaires mises en œuvre par les banques centrales (des taux bas favorisent, en règle générale, l’or) ;
  • De la situation internationale (des menaces de guerre par exemple au Proche-Orient conduisent à son appréciation).

Celui qui veut investir dans l’or peut le faire en optant pour des actions de sociétés aurifères ou des trackers. L’or papier résout le problème des frais de garde de l’or physique. En outre, il peut générer des revenus. La liquidité est plus importante qu’avec de l’or physique. Plus de 300 entreprises minières d’or cotées sont présentes sur les places financières, essentiellement américaines, britanniques ou canadiennes.

Où acheter de l’or ?

Un épargnant peut acheter de l’or soit directement, auprès d’un guichet d’une agence bancaire, soit indirectement, auprès d’un bureau de numismatique et de change ou auprès d’un courtier spécialisé. Se développent également les sites de vente en ligne. Il convient de regarder si ces sites disposent de toutes les autorisations. Il convient d’éviter les sites installés à l’étranger.

Comment stocker son or ?

L’épargnant qui a acheté de l’or physique doit gérer des problèmes logistiques.

Quelques conseils :

  • Éviter de conserver l’or chez soi ;
  • Louer un coffre dans une banque (coût variable en fonction de la taille : environ une centaine d’euros par an).

Il faut signaler que des vendeurs d’or physique se doivent d’être agréés. Ils proposent généralement une garde en coffres sécurisés. Dans ce cas, il faut s’assurer d’être réellement propriétaire de l’or acheté. Sinon, en cas de faillite du vendeur, les créanciers pourraient préempter l’or censé avoir été acheté. La détention d’un certificat ou titre de propriété permet de garantir au détenteur d’or qui souhaite faire garder son or que l’entreprise responsable de la garde ne l’intègre pas dans son actif ou dans son passif. En cas d’insolvabilité de l’entreprise de garde, cette dernière ne pourra donc pas l’utiliser à des fins de liquidation.

Comment vendre son or ?

La loi Hamon de 2014 a renforcé la législation sur les ventes d’or (bijoux, pièces, objets…) afin de mieux protéger les vendeurs qui cèdent leurs biens contre de l’argent.

Afin de mieux informer le vendeur, un contrat de prévente est désormais obligatoire. Il doit comporter un certain nombre d’informations telles que le poids et le titrage des bijoux ou des objets, le cours officiel et le prix de vente détaillé (taxes et frais compris).

Les négociants doivent afficher les prix de rachat de manière visible. Cette obligation concerne aussi bien les magasins que les sites de rachat en ligne. À défaut, ils s’exposent à une amende de 3 000 euros ou de 15 000 euros si le négociant est une société.

Les particuliers qui vendent leur or ont droit à un délai de rétractation de 24 heures. Si, dans ce délai d’un jour, le vendeur souhaite récupérer son bien, il ne peut subir aucune pénalité.

Les sites de vente et d’achat d’or se rémunèrent de différentes manières, le plus souvent par le prélèvement d’un pourcentage sur les transactions effectuées. En moyenne, les vendeurs d’or se rémunèrent à hauteur de 2 à 4 % par transaction, et ceux effectuant les rachats entre 4 et 10 %.

Certains spécialistes prennent une commission moins importante, comme AuCOFFRE.com avec 1 % à la vente et 1 % à l’achat. Dans tous les cas, il faut se renseigner avant, pour ne pas avoir de mauvaises surprises.

Quelle fiscalité sur les ventes d’or ?

Quand la cession du bien n’est pas exonérée, le calcul et l’imposition de la plus-value s’effectuent selon des principes comparables à ceux qui régissent les plus-values immobilières : imposition au taux forfaitaire de 19 % + 17,2 % (prélèvements sociaux) soit un total de 36,2 %.

La plus-value est réduite de 5 % par année de conservation au-delà de la deuxième. Il y a donc exonération totale après 22 ans de détention.

Le vendeur peut opter pour une taxation forfaitaire de 11 % sur le prix de vente au titre de la taxe sur les Métaux Précieux, à laquelle il faut ajouter la CRDS à 0,5 %. Ainsi, la taxation totale est de 11,5 %. Cette imposition s’applique en cas d’absence de preuve de la date d’achat. La vente des bijoux contenant de l’or est exonérée de taxes dans la limite de 5 000 euros.

La TVA s’applique sur les ventes d’or pour les pièces dont la prime est supérieure ou égale à 80 %.


A lire dans Mensuel N°66 – Octobre 2019

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