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Livret A : une rentrée dans le rang !

Résultats du Livret A – LDDS – LEP du mois de mars 2024

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

La fin des effets taux

La collecte du mois de mars pour le Livret A, s’élève à 1,53 milliard d’euros. Elle est en retrait par rapport à celles du mois de janvier,  2,27 milliards d’euros et de février, 2,36 milliards d’euros. Elle est également nettement inférieure à celle de mars 2023, 4,17 milliards d’euros, dopée alors par le passage (le mois précédent) du taux de rendement de 2 à 3 %. Le Livret A semble rentrer progressivement dans le rang après une période faste.

En règle générale, le mois de mars réussit au Livret A, aucune décollecte n’ayant été enregistrée depuis 2009. Le résultat du mois de mars 2023 est en retrait par rapport à la moyenne de ces dix dernières années (1,9 milliard d’euros).

Sur l’ensemble du premier trimestre, la collecte a été de 9,08 milliards d’euros, bien moins élevée que celle de 2023 qui était exceptionnelle (19,71 milliards d’euros). Le recul atteint 51 %.

Le Livret de Développement Durable et Solidaire a enregistré, de son côté, une collecte de 910 millions d’euros contre 1,04 milliard d’euros au mois de février. L’année dernière, en mars, la collecte avait atteint 1,82 milliard d’euros. Sur les trois premiers mois de l’année 2024, la collecte du LDDS a atteint 2,92 milliards d’euros, contre 5,67 milliards d’euros sur la même période en 2023. Le recul est de 48 %.

Le Livret A et le LDDS battent en ce mois de mars de nouveaux records d’encours à, respectivement, 421,5 et 152,5 milliards d’euros.

Un rendement réel positif pour le Livret A

Avec un taux d’inflation de 2,4 % en mars, le rendement réel du Livret A est, pour la première fois depuis 2020, redevenu positif. Les épargnants gagnent à nouveau de l’argent avec leur Livret A. Traditionnellement, un rendement réel positif a peu d’influence sur le niveau de la collecte, les épargnants regardant avant tout le taux nominal et le taux des autres placements.

Le taux du Livret A étant gelé jusqu’au 1er février 2025, le rendement réel devrait rester positif, sauf évènement extérieur, jusqu’à cette date. Il pourrait alors, compte tenu de l’évolution des taux des marchés monétaires et des prix, revenir, selon la formule, autour de 2,25/2,5 %.

Un retour à la normale ? Pas tout à fait !

Après deux années atypiques marquées par le passage du taux de 0,5 à 3 % et par l’augmentation des prix, le Livret A retrouve, en ce début d’année 2024, un rythme de croissance plus classique. Durant la vague inflationniste, les ménages ont privilégié l’épargne de court terme et cela d’autant plus que sa rémunération était en progression. Avec la décrue du taux d’inflation, revenu à 2,4 % au mois de mars dernier, les ménages réduisent leur effort d’épargne sur les livrets.

Le point surprenant n’est pas la normalisation de la collecte mais le fait que les ménages ne puisent pas dans leur cagnotte. Depuis 2019, l’encours du Livret A a progressé de plus de 120 milliards d’euros et celui du LDDS de plus de 40 milliards d’euros. Les ménages conservent plus de liquidités sur leurs livrets que dans le passé. Cela témoigne d’une baisse de confiance dans l’avenir. Cette évolution peut également s’expliquer par le vieillissement de la population. Les Français diffèrent en la matière des Américains et des Espagnols qui ont fortement consommé leur cagnotte covid. Les Allemands adoptent, en revanche, un comportement assez proche de celui des Français.

Perspectives des prochains mois, un retour de la consommation et de l’épargne de long terme ?

Jusqu’à la fin du premier semestre, tout en restant positives, les collectes devraient être moins élevées qu’en 2023. En cas de confirmation de la désinflation et de baisse des taux d’intérêt au cours du second semestre, un rebond de consommation est à attendre avec, à la clef, un recul du taux d’épargne. Celui-ci pourrait s’accompagner de décollectes sur le Livret A. Plusieurs indices semblent indiquer une légère inflexion dans le comportement des ménages. Le niveau de confiance des ménages était, selon l’INSEE, en hausse en mars, avec en outre une augmentation de de l’opportunité de réaliser des achats importants (enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages – INSEE – mars 2024).

Le Livret d’Épargne Populaire rentre dans le rang

Après avoir connu une forte croissance, le Livret d’Épargne Populaire (LEP) décélère. Sa collecte a été, en mars, de 950 millions d’euros, contre 1,39 milliard d’euros en février et 7,24 milliards d’euros en mars 2023. Les effets « taux » et « relèvement du plafond » cessent d’alimenter la collecte. Sur les trois premiers mois de l’année, celle-ci atteint 4,26 milliards d’euros, contre 7,24 milliards d’euros sur la même période en 2023.

L’encours du LEP s’élève fin mars à 76,1 milliards d’euros.

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

La Banque Postale, BNP… Pourquoi le taux des livrets d’épargne des grandes banques est mauvais

Pour Philippe Crevel, cité dans Money Vox « Les banques n‘ont pas voulu courir après le taux du Livret A car offrir plus de 3% aurait été coûteux pour elles. Elles préfèrent donc faire l’impasse sur les livrets bancaires ». 

La TVA a 70 ans : Philippe Crevel, invité d’Europe 1 Bonjour 

A l’occasion des 70 ans de la TVA, le Directeur du Cercle de l’Epargne était l’invité d’Alexandre Le Mer. il évoque « un véritable succès français qui s’est exporté à travers le monde ».

Interview d’Alexandre LAGACHE, directeur des Accords de branche au sein d’AG2R LA MONDIALE

Accords de branche et prévoyance, de quoi s’agit-il ?


Vous êtes le directeur des Accords de Branches au sein d’AG2R LA MONDIALE. Pour un grand groupe paritaire et mutualiste, que représentent les accords de branches ?

Pour AG2R LA MONDIALE, les Accords de Branches, c’est un Chiffre d’Affaires de 1,4 Md€ porté par AG2R prévoyance, l’Institution de Prévoyance du Groupe. Plus concrètement, cela se traduit par une offre d’assurance collective santé et/ou prévoyance proposée par AG2R Prévoyance aux entreprises et salariés de 110 branches professionnelles, dans tous les secteurs d’activité de notre économie.

La particularité de ces offres réside dans l’implication des Partenaires sociaux, Organisation de Salariés et Organisation Patronales, dans leur élaboration et dans leur pilotage. Ce sont les Partenaires Sociaux qui ont défini, de manière paritaire, le niveau des garanties, des tarifs mais aussi les actions de prévention, les actions sociales qui seront proposées aux entreprises de leur branche professionnelle.

Une grande majorité de salariés, en France, bénéficient d’un contrat collectif en matière de santé et de prévoyance sans toujours le savoir. Quels sont les apports des accords de branches en matière de prévoyance et de santé ?

La 1re valeur ajoutée des accords de branches en matière de santé et de prévoyance est de définir une référence en termes de niveau de garanties et de prestations pour une branche professionnelle donnée. L’implication des Partenaires Sociaux, aux côtés de AG2R LA MONDIALE, permet notamment de définir une offre adaptée aux besoins des salariés et des entreprises du secteur, tenant compte de l’ensemble de ses spécificités et contraintes.

Ce travail de fond, réalisé au niveau de la branche, permet de définir une offre bien plus pertinente et aboutie que celle que chaque entreprise, notamment TPE ou PME, aurait pu négocier auprès d’un agent général ou d’un courtier de proximité.

Parmi les autres apports des accords de branches on peut citer aussi :

  • La capacité à diffuser rapidement et largement une couverture santé ou prévoyance à l’ensemble des entreprises d’une branche professionnelle. Ça a été le cas lors de la généralisation de la couverture santé d’entreprise suite à l’Accord National Interprofessionnel de 2016, c’est le cas à chaque mise en place de garanties prévoyance dans une branche donnée ;
  • Une large mutualisation des risques qui se traduit par une plus grande stabilité des prix et un accès plus simple et sécurisé à une couverture assurantielle adaptée permettant la mise en place de mécanismes de solidarité ;
  • La capacité à offrir un bon rapport qualité prix.

Vieillissement démographique, émergence de nouveaux risques, évolutions réglementaires, nouvelles formes de travail, digitalisation, quelles sont les initiatives engagées par AG2R LA MONDIALE dans le cadre de ses relations avec les différentes branches professionnelles pour accompagner ces mutations ?

Notre environnement bouge effectivement en permanence et parfois de manière assez radicale. Les risques santé et prévoyance ont été profondément chahutés ces dernières années par la crise sanitaire liée au Covid 19, la réforme dite « 100 % santé », l’essor du télétravail et, sans doute, une évolution du rapport au travail. Chacun de ces événements étant particulièrement difficile à anticiper pour un assureur, voire à cerner a posteriori !

Pour partager ces éléments, et mieux les comprendre, AG2R LA MONDIALE et la Direction des Accords de Branches proposent régulièrement des événements dit « Culture Branches ». Ces événements réunissent les négociateurs de branches autour d’un thème faisant écho à leurs préoccupations. Ils permettent ainsi de croiser les regards entre Organisation de Salariés et Organisation Patronales, intervenants AG2R LA MONDIALE et intervenants externes. Ce sont des lieux de partage et de débats.

À cela s’ajoutent les réunions des 3 pôles professionnels du Groupe : le pôle alimentaire, le pôle ESS et le pôle coiffure. C’est au sein de ces 3 instances que nous pouvons approfondir certains thèmes et coconstruire des actions sociales et de prévention pertinentes pour un secteur professionnel donné.

Bien entendu, le dialogue permanent entre AG2R LA MONDIALE et chaque commission paritaire de branche, au plus près du pilotage de chaque branche professionnelle, complète ce dispositif. Chacune des mutations observées pouvant se traduire différemment à l’échelle d’une branche, il est important d’effectuer ce travail de dialogue et de partage au niveau des partenaires sociaux de chacune de nos branches partenaires.

L’édito de Jean-Pierre Thomas « L’ardente nécessité du Bien vieillir »

À partir de 2030, les premiers baby-boomers entreront dans leur 85e année. C’est demain ! Le nombre de personnes dépendantes aura alors sans nul doute doublé.

Quelques années plus tard, vers 2040, la France comptera 23 millions de retraités, soit près d’un Français sur trois. Derrière ces chiffres, il y a avant tout des femmes, des hommes, des familles, il y a des joies et aussi des souffrances. S’occuper de personnes dépendantes n’est pas toujours aisé. Le handicap est une épreuve difficilement supportable. Le « bien vieillir » prend, ainsi, de jour en jour, tout son relief. Rester le plus longtemps possible dans son logement, avoir accès à des soins ainsi qu’à des services de qualité et financièrement accessibles, maintenir autant que possible une vie sociale constituent des priorités pour toutes et tous.

La mobilisation de tous les acteurs est indispensable pour éviter que vieillissement rime avec régression. L’État évidemment a un rôle à jouer en fixant un cadre, en prévoyant les solidarités qui doivent s’exercer en faveur des plus modestes. Les collectivités locales ont, au nom du principe de subsidiarité, la mission de veiller à l’accès aux services en relation avec les différentes branches de la Sécurité sociale.

Au-delà de leur rôle de mutualisation des risques, les organismes d’assurances sont des acteurs clefs du bien-vieillir.

Par leur expérience et grâce aux données qu’elles recueillent, les mutuelles, les institutions paritaires, les compagnies d’assurances ont la capacité de proposer des services et de simplifier la vie à des millions de personnes. AG2R LA MONDIALE avec sa filiale Domitys est un des principaux acteurs des résidences seniors. Ces acteurs ont la possibilité de prendre en charge la prévention qui a toujours été négligée en France. Grâce à leurs relations avec les différentes branches professionnelles, les institutions paritaires mènent depuis des années des actions de prévention. Elles sont en mesure, avec d’autres, de proposer des solutions pour l’ensemble des assurés.

Le vieillissement démographique ne s’apparente en aucun cas à une fatalité déshonorante. Il est le symbole d’une réussite sociale et sanitaire et l’occasion de réfléchir sur le sens donné à la notion de communauté. Il rappelle que l’individualisme forcené est une voie sans issue. La vieillesse est un naufrage quand elle rime avec solitude. Or, en France, un quart de la population souffre d’isolement. Lors des épisodes caniculaires, l’isolement tue plus que la chaleur. Dans une société où les structures familiales ont tendance à s’effilocher, entourer, créer de la présence sont des priorités incontournables Redonner toute sa valeur aux relations humaines, aux relations de voisinage, aux relations d’entraide constitue la meilleure des garanties pour le bien vieillir.

par Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Épargne

Le renouveau du minimum contributif

Lors de la discussion de la réforme des retraites en 2023, le minimum contributif fut l’objet de nombreuses discussions. Le Gouvernement s’est engagé à ce que les assurés ayant cotisé bénéficient d’une pension supérieure au minimum vieillesse. Au 1er janvier 2024, le minimum contributif a été porté à 1 367,51 euros par mois, soit une augmentation de 57,76 euros par rapport à son montant de 2023.

Né de la loi du 31 mai 1983 portant diverses mesures relatives aux prestations de vieillesse, le minimum contributif avait vocation, selon l’exposé du projet de loi, à « valoriser la carrière des assurés qui, bien qu’ayant travaillé un grand nombre d’années, n’ont acquis, en contrepartie de salaires faibles, qu’une pension inférieure au montant actuel du minimum vieillesse ».

Le montant de la pension de retraite versée à taux plein par le régime général et les régimes alignés ne peut ainsi être inférieur à un montant minimum appelé « minimum contributif ». Cette pension minimum est versée en contrepartie des cotisations acquittées durant la carrière par les assurés. Elle se distingue ainsi de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), ou minimum vieillesse, accordée sous condition de ressources du ménage, à partir de 65 ans (ou 62 ans en cas d’incapacité) que l’assuré ait cotisé ou non à un régime de retraite. De fait le minimum contributif, contrairement à l’ASPA, ne dépend que de la carrière de l’assuré, sans tenir compte de ses autres ressources ou de celles de son éventuel conjoint.

Ce dispositif de solidarité se décline au pluriel, les principaux régimes de retraite de base prévoyant des minima de pension. Il prend la forme du minimum garanti (Miga), pour les fonctionnaires relevant du Service des retraites de l’État et les agents de la caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL) ; et de la pension majorée de référence (PMR), pour les non-salariés agricoles par la Mutualité sociale agricole. Ces minima de retraite ont été maintes fois amendés depuis leur création. Leurs conditions d’accès ont été tantôt restreintes pour en réduire le champ, dans un souci d’équilibre financier, tantôt assouplies, afin d’améliorer le niveau de vie des retraités les plus modestes.

Quelques mois après l’entrée en vigueur de la réforme 2023 des retraites, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude consacrée au minimum contributif (Mico).

À qui s’adresse le Mico ?

Comme dans de nombreux pays étrangers, la France a fait le choix, dans les années 1980, d’un système à deux volets de minima de revenus à la retraite pour améliorer le niveau de vie des personnes ayant atteint l’âge de la retraite, comprenant, comme le rappelait la Cour des comptes dans le cadre de son rapport annuel consacré à l’application des lois de financement de la sécurité sociale 2020, « des minima de pension par régime et un minimum vieillesse universel, qui peut compléter les minima de pension de manière différentielle ».

Le minimum contributif est réservé aux assurés ayant cotisé au régime général ou dans les régimes dits « alignés » à savoir :

  • la MSA (salariés agricoles) ;
  • la CAVIMAC (la caisse des cultes) ;
  • l’ancien RSI (le régime social des travailleurs indépendants regroupant les artisans et commerçants) qui a intégré le régime général de la Sécurité sociale début 2020.

Cette prestation, qui s’ajoute aux pensions versées aux assurés par les caisses de retraite, n’est versée qu’aux retraités remplissant les conditions pour percevoir une retraite à taux plein et dont le total des pensions mensuelles (base et complémentaires) est inférieur à un certain montant, appelé plafond mensuel des retraites personnelles (1 367,51 euros au 1er janvier 2024).

Ce dispositif est ainsi réservé aux assurés ayant validé le nombre de trimestres de cotisations requis dans leur génération pour bénéficier d’une pension de base à taux plein (entre 168 soit 42 ans aujourd’hui, 172 soit 43 ans d’ici 2027 suivant la date de naissance de l’assuré) ou ayant atteint l’âge d’annulation de la décote, soit 67 ans depuis la réforme 2023. Il impose aux assurés la liquidation préalable de l’ensemble de leurs droits à pension au titre de la retraite de base et du régime complémentaire.

Le Mico, comme les autres minima de retraite, est attribué automatiquement dès lors que l’assuré prend sa retraite s’il remplit les conditions pour en bénéficier, en particulier la condition d’un départ à la retraite sans décote.

Le Mico, 40 ans d’évolutions

Depuis 1983, le Mico a connu plusieurs réformes afin de cibler les petites pensions :

  • La réforme Fillon des retraites de 2003, introduit ainsi une majoration du Mico au titre des seules périodes cotisées (à ne pas confondre avec les durées validées qui intègrent les trimestres dits assimilés tels que le chômage, la maladie, la maternité, etc.). Il inscrit par ailleurs dans la loi l’objectif d’assurer dès 2008 « à un salarié ayant travaillé à temps complet et disposant de la durée d’assurance nécessaire pour bénéficier du taux plein un montant total de pension lors de la liquidation au moins égal à 85 % du salaire minimum de croissance net lorsqu’il a cotisé pendant cette durée sur la base du salaire minimum de croissance. » (article 4 de la loi du 21 août 2003 portant réforme des retraites).
  • À partir d’avril 2009, la majoration n’est accordée qu’aux assurés réunissant au moins 120 trimestres cotisés.
  • À compter de 2012, sont introduits la condition de « subsidiarité » et « l’écrêtement ». La première impose aux assurés la liquidation préalable de l’ensemble de leurs droits à pensions, quand la seconde plafonne le montant versé aux assurés afin de réserver le bénéfice du minimum aux assurés percevant les pensions totales les plus faibles.
  • La réforme de 2023 modifie à son tour les contours du Mico. La loi entrée en vigueur le 1er septembre 2023 prévoit une revalorisation du montant du Mico majoré de 100 euros tant au profit des nouveaux assurés liquidant leur pension après l’entrée en vigueur de la loi qu’aux anciens retraités ayant déjà liquidé leur pension. Par ailleurs, les trimestres validés au titre de l’assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF) ou des aidants (AVA) sont désormais considérés comme cotisés lors du calcul de la majoration du Mico. Enfin, afin de davantage différencier la nature de la prestation versée au titre du minimum contributif et du minimum vieillesse, le mode de revalorisation du Mico a été modifié.

Mico, mico majoré, qui perçoit quoi en 2024 ?

Le montant du Mico est revalorisé chaque année. Au 1er janvier 2024, il s’élève à :

  • 733,03 euros brut par mois par bénéficiaires si ces derniers ont cotisé sur une durée n’excédant pas 120 trimestres ;
  • 876,13 euros pour les assurés ayant cotisé au-delà de 120 trimestres (« Mico Majoré »)

Les montants précités constituent des maximums. Le cumul de la prestation versée au titre du Mico et de la pension de retraite ne peut excéder le plafond évoqué précédemment. De fait en cas de dépassement, le Mico est réduit d’autant.

Le montant du minimum contributif est par ailleurs déterminé au prorata de la durée validée au sein des régimes alignés : une personne qui a validé tous les trimestres requis peut prétendre à un Mico entier, tandis qu’un assuré n’ayant validé que la moitié de ces trimestres ne pourra en bénéficier qu’à hauteur de 50 %. Cette proratisation concerne en premier lieu les assurés ayant liquidé leur pension à l’âge d’annulation de la décote sans avoir validé la durée d’assurance requise pour leur génération. Elle pénalise également les polypensionnés, dont une partie des trimestres a été validée dans d’autres régimes de base.

La réforme 2023 et les apports des nouvelles modalités de revalorisation du Mico

À compter du 1er septembre 2023, le montant du Mico utilisé lors de la liquidation de la pension n’est plus déterminé en fonction du même indice que les pensions (déterminé en fonction de l’inflation) mais en fonction du SMIC, plus favorable. De fait, depuis 2013, le SMIC est revalorisé tous les ans en fonction de l’inflation, hors tabac, des ménages les 20 % les plus modestes (en termes de niveau de vie), augmentée de la moitié du gain de pouvoir d’achat du salaire horaire moyen des ouvriers et employés, et bénéficie de revalorisations exceptionnelles en cours d’année en cas de forte inflation.

La DREES rappelle que cette indexation sur le SMIC n’intervient qu’au moment de la liquidation de la pension. Ainsi, une fois la pension liquidée, le complément de pension versé au titre du Mico évolue comme l’ensemble de la pension, c’est-à-dire comme les prix.

l’OCDE note, dans le rapport Panorama de pensions publié en décembre dernier, les apports de cette réforme pour les bénéficiaires de petites retraites, en particulier pour les personnes ayant cotisé 120 trimestres (30 ans), précisant que le minimum contributif a augmenté au 1er septembre 2023 de 13,4 %, soit largement au-delà de l’inflation annuelle qui était d’environ 5 % en 2023, même si la pension totale incluant la retraite complémentaire n’augmente pas autant.

La DREES, comme l’OCDE, estime, par ailleurs, que la réforme du Mico devrait permettre de garantir le versement d’une pension brute tous régimes au moins égale à 85 % du SMIC net à un salarié à carrière complète à temps plein, rémunéré toute sa vie au SMIC. Selon les projections établies par l’organisation internationale, avant la réforme ce ratio devait baisser progressivement en dessous de 75 %, quand, selon l’indexation du minimum contributif sur le salaire minimum – si appliquée dans la durée – ce ratio se situerait à environ 80 % pour les assurés nés en 2000.

Cercle de l’Épargne – DREES

Le Mico, un dispositif en perte de vitesse relancé par la réforme des retraites de 2023

Les pensions à la liquidation, tirant profit des gains de productivité – et donc de la progression du salaire moyen – évoluent, de génération en génération, à un rythme plus élevé que l’inflation. En lien avec l’introduction, en 2012, des règles de subsidiarité et d’écrêtement, la part des bénéficiaires du Mico parmi les nouveaux liquidants s’est fortement réduite.

Dans le régime général, cette part est passée de 47 % à 28 % entre 2011 et 2012, tandis qu’à la MSA salariés, elle a chuté de 74 % à 39 %. Sans la réforme de 2023 et le changement des règles d’indexation du Mico, cette contraction de la part des bénéficiaires se serait poursuivie. Selon les projections de la DREES, avec la revalorisation du Mico selon le SMIC, la proportion de bénéficiaires devrait se stabiliser autour de 25 % à 30 % quand, sans réforme, cette part serait passée de 26,3 en 2022 à environ 10 % à l’horizon 2070.

Cercle de l’Épargne – DREES

Les effets de la réforme seraient notables dès 2024. La DREES estime à 185 000 le nombre de bénéficiaires (nouveaux et anciens) soit 29,2 % des assurés des régimes alignés pour un gain moyen de 30 euros bruts mensuels.

Le Mico, un outil de redistribution et d’atténuation des écarts de niveau de vie parmi les pensionnés

La DREES a mené, dans le cadre de son étude consacrée au Mico, une analyse d’impact de la réforme sur la génération 1975 qui bénéficiera intégralement du relèvement du Mico ainsi que d’une quinzaine d’années de revalorisation de ce minimum selon le SMIC. D’après les travaux de la DREES, un effet redistributif plus élevé au profit des trois premiers déciles de pension tous régimes est attendu. Les retraités du 3e décile qui concentrent une part importante d’assurés éligibles au Mico Majoré sont ceux qui tirent davantage profit de la réforme. Pour les pensionnés du 3e décile, le gain sera de 4,4 % contre moins d’1 % avant la réforme.

L’effet de la réforme sera, en revanche, plus limité pour les retraités relevant du 1er décile de pension, ces derniers, n’étant pas – pour une grande partie d’entre eux – éligibles au minimum contributif majoré, faute d’avoir cotisé plus de 120 trimestres. Enfin, du fait de l’écrêtement de la prestation, introduit en 2012, les assurés du 5e de pension tous régimes sont exclus des mesures de revalorisation.

L’amélioration des pensions servies aux bénéficiaires de petites pensions, permettrait – toujours selon la DREES – de réduire le ratio interdécile entre les pensionnés les mieux dotés, du 9e décile de pensions et ceux du 1er au sein de la génération 1975. Ce dernier passe ainsi de 9,0 à 7,3 grâce au Mico (après réforme de 2023) quand le ratio entre ceux se trouvant dans la médiane (D5) et ceux du 1er décile passerait de 4,4 à 3,6 et le ratio D8/D2 baisserait de 3,3 à 3,0.

Le Mico, participe, à la marge, à réduire les inégalitéS homme/femme à la retraite

Si la situation des femmes à la retraite tend à s’améliorer, en 2021, ces dernières perçoivent à la retraite des pensions 40 % inférieures à celles des hommes avant réversion. L’écart, qui s’est fortement réduit ces vingt dernières années, tend encore à se contracter (il passe à 33 % pour la génération 1954, génération la plus récente ayant liquidé ses droits à pension). Cependant, les travaux du Conseil d’orientation des retraites et de la DREES mettent en évidence leur prestance sur le long terme, en lien avec le maintien des écarts de salaire pendant la vie active. De fait, les femmes de la génération 1975 continueraient, selon la DREES, à percevoir des salaires de références (la moyenne des salaires bruts des 25 meilleures années sous plafond de la Sécurité sociale qui sert à calculer le montant de la pension) plus faibles que ceux des hommes. Selon la DREES, une femme sur deux a ainsi un salaire de référence inférieur à 1 700 euros constants 2023, contre un homme sur trois ; or 90 % des bénéficiaires du Mico ont un salaire de référence inférieur à ce montant de 1 700 euros.

De ce fait, après prise en compte de l’ensemble des critères d’attribution du Mico, 31,6 % femmes contre 18,1 % des hommes de la génération 1975 percevraient le Mico quand les parts de bénéficiaires du Mico majoré seraient respectivement de 15 et 5,2 %. Outre la part plus élevée de femmes parmi les bénéficiaires de cette prestation, le montant moyen perçu au titre de ce dispositif serait plus élevé (106 euros contre 82 euros pour les hommes). Le Mico participerait ainsi à réduire de 2 points les écarts de pensions entre femmes et hommes affiliés au régime général et aux régimes alignés. En revanche, après prise en compte de l’ensemble des pensions (autres régimes de base et complémentaires), l’apport du Mico pour réduire les écarts homme/femme est plus limité (de l’ordre de 1 point de pourcentage).

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En raison de l’existence d’un grand nombre de régimes de retraites, le dispositif du minimum contributif est d’une rare complexité. Il obéit tout à la fois à une logique d’assurance et de solidarité à la différence du minimum vieillesse qui n’appartient qu’à cette dernière catégorie. Les pouvoirs publics souhaitent améliorer le minimum contributif afin de privilégier les assurés qui ont cotisé de nombreuses années. Cette logique vise à encourager au maintien ou la reprise d’activité.

Patrimoine : le retour de la maison individuelle ?

En France, plus de 58 % des ménages sont propriétaires de leur résidence principale. D’enquête en enquête, les Français qui ne le sont pas mentionnent leur souhait de le devenir avant la retraite. La possession de résidence principale est considérée comme un des principaux moyens de préparer financièrement la retraite.

Au 1er janvier 2023, 37 % des ménages étaient propriétaires sans charge d’emprunt de leur résidence principale quand 20 % étaient considérés comme accédants. 40 % des ménages sont locataires. La France compte plus de locataires dépendant du parc privé (22,6 %) que de locataires dépendant de bailleurs publics (17,6 %).

La France est confrontée, depuis de nombreuses années, à une pénurie de logements sur fond de baisse de la construction. Le Gouvernement a annoncé de prochaines mesures afin de relancer le secteur du bâtiment, handicapé par la hausse des taux d’intérêt et par la raréfaction du foncier ainsi que par le coût croissant de la construction en raison notamment des dernières normes environnementales.

Cercle de l’Épargne – INSEE

Selon un sondage de l’institut Kantar réalisé en juin 2022 pour La Fabrique de la cité (think tank créé par le groupe Vinci), 8 Français sur 10 préféreraient vivre dans une maison individuelle. En 2023, plus de la moitié des ménages habitent, par ailleurs, dans une maison individuelle. La France comptait 17,4 millions de logements individuels pour 13,6 millions de logements collectifs. En déclarant en 2021 que « le modèle à l’ancienne du pavillon avec jardin dont on peut faire le tour n’est plus soutenable et nous mène à une impasse », la ministre déléguée au logement de l’époque, Emmanuelle Wargon, avait heurté un grand nombre de Français. Depuis, le Premier Ministre, Gabriel Attal, a été plus mesuré en la matière.

La maison individuelle fait l’objet de nombreuses critiques, accusée d’être une source d’étalement urbain et d’artificialisation des sols. Elle obligerait ses occupants à recourir à des modes de transports individuels susceptibles de générer des émissions de gaz à effet de serre importantes. Ces arguments peuvent être retournés. Les espaces urbanisés, donc artificialisés, génèrent d’importantes pollutions et accentuent les effets du réchauffement climatique quand les lotissements de maisons individuelles peuvent être plus facilement arborés que les centres-villes. Les embouteillages dans les grandes agglomérations sont, également, des sources d’émission de gaz à effet de serre non négligeables. Par ailleurs, la construction de maisons en milieu rural ou en périphérie des grands centres urbains contribuerait au réaménagement du territoire.

Le Premier Ministre a indiqué que le gouvernement prendra rapidement des mesures afin de faciliter la division parcellaire. Sans revenir sur le principe de la zéro artificialisation nette d’ici 2050, l’objectif est de permettre à un propriétaire de scinder son terrain en plusieurs lots qui pourront donner lieu à des constructions. « Si seulement 1 % des Français qui vivent en pavillon font cela, c’est un potentiel de 160 000 logements supplémentaires qui sont possibles », a-t-il calculé. Sous certaines conditions et dans certaines communes, les propriétaires de terrains peuvent procéder à la parcellisation de ces derniers. Dans le cadre du futur dispositif, le gouvernement a promis une simplification des procédures en autorisant la construction de nouveaux logements sur les terrains parcellisés, sans changer les plans locaux d’urbanisme. Ce projet risque néanmoins de rencontrer l’hostilité des élus qui ne souhaitent pas densifier les zones pavillonnaires par peur de mécontenter les riverains.

Les professionnels du bâtiment estiment que la parcellisation sera longue à mettre en place et préféraient le retour du prêt à taux zéro en faveur des maisons individuelles neuves. Parmi les autres propositions susceptibles d’être reprises par le gouvernement figure la « surélévation », appliquée à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy avant d’être supprimée par son successeur. L’actuel gouvernement a, par ailleurs, retenu vingt-deux « territoires enragés pour le logement » censés accueillir, d’ici à trois ans, quelque 1 500 logements neufs chacun (dont au moins 25 % de logements sociaux), soit au total 30 000 logements. Parmi ces territoires figurent notamment Villejuif (Val-de-Marne), Versailles, Dunkerque (Nord), Dieppe (Seine-Maritime), Toulouse, Bordeaux, Marseille, Nice, Saint-Étienne, Strasbourg, Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), Nantes ou encore la communauté d’agglomération du Pays basque. Ces zones ont été sélectionnées en raison d’une forte tension immobilière ou de l’arrivée de projets économiques d’envergure.

Épargne salariale, la bonne année 2023

Les encours des plans d’épargne salariale et des plans d’épargne retraite collectifs d’entreprise ont, selon l’Association Française de Gestion (AFG) progressé en 2023 de près de 16 % (+ 15,7 %) pour s’élever à 187,8 milliards d’euros. Depuis 2008, le taux de croissance annuel moyen des encours est de + 6,7 %. La progression de l’encours en 2023 est imputable à la bonne tenue de la collecte et à la forte augmentation de la valeur des actions.

En 2023, la collecte brute a été de 20,2 milliards d’euros, contre 19 milliards d’euros en 2021 et 16,3 milliards d’euros en 2021. La bonne tenue des résultats des entreprises explique cette progression, tout comme les mesures prises en 2018 et 2019 en faveur de l’épargne salariale.

Cercle de l’Épargne – données AFG

Poursuite de la diffusion de l’épargne salariale

Le nombre d’entreprises équipées d’un dispositif d’épargne salariale ou d’épargne retraite était, selon l’AFG, en 2023 de 397 200 entreprises, en hausse de 5 % sur un an. En 2012, 269 600 entreprises étaient équipées.

63 500 entreprises disposent d’un dispositif PERCO, au bénéfice de 948 600 salariés et pour un encours de 6,7 milliards d’euros. 158 700 entreprises sont équipées d’un dispositif PER, au bénéfice de 3 millions de salariés disposant de 23 milliards d’euros d’encours.

Sur l’année 2023, la création de nouveaux PER et les transformations d’anciens PERCO / PERCOI en nouveaux PERCOL / PERCOLI ont concerné 38 100 entreprises, contre 30 600 en 2022, 45 700 entreprises en 2021 et 66 100 entreprises en 2020.

Près de 13 milliards d’euros de versement pour l’intéressement et la participation

Les flux, versés par les salariés, issus de l’intéressement et/ou de la participation ont progressé de 5,8 % et ont atteint 12,3 milliards d’euros, contre 11,6 milliards d’euros en 2022 et +9 milliards d’euros en 2021. La collecte nette atteint +2,4 milliards d’euros après +2,5 milliards d’euros en 2022. Les fonds actions et mixtes ont bénéficié de 2,8 milliards d’euros de versements en 2023, contre 3,1 en 2022 et 2,4 en 2031.

Les fonds ISR ont enregistré un flux de 9,1 milliards d’euros en brut, contre +6,9 en 2022. Ces flux représentent 58 % des flux bruts des fonds diversifiés en 2023, contre 47 % en 2022 et 37 % en 2021. Leur collecte nette s’est établie à +3,1 milliards d’euros. La collecte brute des fonds solidaires a atteint 1,9 milliard d’euros soit 12 % des souscriptions brutes des fonds diversifiés, tandis que la collecte nette était de 0,5 milliard d’euros.

Le niveau des rachats a été important, 17,8 milliards d’euros, en augmentation par rapport aux deux années précédentes 16,4 milliards d’euros en 2022 et 15,5 milliards d’euros en 2021. En 2020, avec les confinements, les rachats avaient atteint un point bas à 11,4 milliards d’euros. Les déblocages anticipés représentent 35 % des montants des rachats (un niveau stable par rapport à 2022) soutenus par les motifs de cessation du contrat de travail et d’acquisition ou d’agrandissement de la résidence principale. Ces deux raisons représentent respectivement 39 % et 37 % des montants des déblocages anticipés.

Poursuite de la progression de l’épargne retraite (PERCO et PER collectif)

Les encours sur les PERCO et PER Collectifs ont atteint, en 2023, 29,7 milliards d’euros en hausse de + 16,9 % sur un an. Les versements bruts sur les dispositifs collectifs d’épargne retraite se sont élevés à 4,0 milliards d’euros et la collecte nette à 2,5 milliards d’euros. Les PER Collectifs se substituent progressivement aux PERCO. Ils représentent désormais 77 % des encours des produits d’épargne retraite collectifs en comptes-titres en décembre 2023, contre seulement 15 % en juin 2020.

Les deux tiers des porteurs de parts d’un PERCO ou d’un PER d’entreprise Collectif ont opté, sur une partie ou l’ensemble de leurs avoirs, pour la gestion pilotée, permettant ainsi une désensibilisation progressive du risque en fonction de l’âge et du profil de l’épargnant. Les encours de la gestion pilotée représentent 37,8 % des encours d’épargne retraite en 2023, contre 36,5 % en 2022 et 29,3 % en 2013.

51 % des encours d’épargne retraite des porteurs de moins de 30 ans sont en gestion pilotée en 2023, contre 49 % en 2022 et 28 % en 2016. Cette progression de la gestion pilotée s’explique par son caractère par défaut au sein des nouveaux PER. Chez les moins de 30 ans, l’exposition aux actions est plus marquée dans les portefeuilles soumis à la gestion pilotée. 63 % des encours des moins de 30 ans sont investis en actions, contre 33 % pour l’ensemble des classes d’âge en gestion pilotée.

Cercle de l’Épargne – données AFG

Le bitcoin : l’or des temps modernes ?

Le bitcoin a été inventé en novembre 2008 par une personne ou un groupe de personnes, sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto. Le code source de l’implémentation de référence fut quant à lui publié en 2009. L’objectif était de créer un système décentralisé et pair à pair afin d’échanger de la valeur monétaire en s’affranchissant de tout organisme tiers, tel que les institutions financières. En quinze ans, le bitcoin a gagné en notoriété.

Plus de 9 % Français posséderaient des cryptoactifs, essentiellement des bitcoins. Cette proportion dépasse les 15 % chez les moins de 35 ans qui sont plus de 30 % à estimer ce placement compétitif. Le bitcoin, actif « cyberpunk » à ses débuts, prend de plus en plus la forme d’or numérique en devenant un actif de réserve. Comme l’or, le bitcoin est intrinsèquement limité par l’algorithme dont il est issu. Il ne rapporte ni rendement, ni dividendes. Son intérêt se concentre sur son caractère spéculatif.

Lors de la première quinzaine de mars, le bitcoin a battu de nouveaux records en atteignant le 14 mars dernier 73 750 dollars. Une correction de plus de 15 % est intervenue dans les jours qui ont suivi. L’appréciation de plus de 40 % au premier trimestre s’explique en grande partie par l’arrivée des fonds indiciels et par la bonne tenue des valeurs de haute technologie. Pour certains, les cryptoactifs entreraient dans l’ère de la maturité quand pour d’autres ils demeurent de véritables mirages.

L’arrivée des ETF change la donne pour le bitcoin

En moins de deux ans, le contexte a changé pour les cryptoactifs. En 2022, la hausse des taux d’intérêt et la baisse des cours des valeurs technologiques avaient entraîné la faillite d’établissements spécialisés dans les échanges de cryptoactifs. FTX, la quatrième plateforme d’échanges de cryptoactifs mondiale, valorisée jusqu’à 32 milliards d’euros, avait été ainsi placée en redressement judiciaire le 11 novembre 2022. Un point bas avait été alors touché pour le bitcoin autour de 16 000 dollars.

En 2024, l’engouement pour l’intelligence artificielle provoque une augmentation rapide des valeurs technologiques, or une corrélation existe entre le Nasdaq et le cours du bitcoin, la hausse du premier conduisant à celle du second. Le bitcoin bénéficie surtout du lancement des fonds indiciels (ETF). Le 10 janvier dernier, la Securities and Exchange Commission, le régulateur des marchés financiers américain, a approuvé les demandes de onze sociétés d’investissement, dont BlackRock et Fidelity, concernant la création de fonds négociés en Bourse en bitcoin. Ceux-ci permettent aux investisseurs ordinaires d’accéder, avec des frais limités et sans risque d’escroquerie, à la cryptomonnaie.

Les épargnants ont la possibilité d’acheter, via leur compte titres, des parts de fonds indiciels quand auparavant ils étaient contraints d’ouvrir un compte spécifique auprès d’une structure spécialisée dans l’achat de cryptoactifs, de créer un portefeuille de cryptoactifs et d’effectuer un virement. En quelques jours, les actifs des dix plus grands ETF bitcoin atteignent 50 milliards de dollars. Cette progression s’autoalimente. Les achats d’ETF contribuent à la hausse des cours du bitcoin, incitant de nouveaux épargnants à acheter des parts.

Le lundi 11 mars dernier, le régulateur britannique des marchés financiers, The Financial Conduct Authority (FCA), ne s’est pas opposé à la création d’ETN (Exchange Traded Note) adossés à des cryptomonnaies. Un ETN n’est pas un fonds, à la différence des ETF, mais un titre de créance. Il est assimilable à une obligation mais ne donne pas droit au versement d’intérêts. Son prix fluctue comme celui d’une action. Ces produits seront réservés aux investisseurs professionnels comme les sociétés d’investissement et les établissements de crédit. Le régulateur a souhaité limiter l’accès aux professionnels, considérant que « ces produits ne conviennent pas aux particuliers en raison du risque important de perte en capital ».

Après l’annonce de la FCA, le London Stock Exchange (société spécialisée dans la gestion de places boursières ainsi que dans la production et la diffusion d’informations financières), a indiqué que la Bourse de Londres acceptera de coter des ETN adossés à du bitcoin et de l’ether à partir du deuxième trimestre. Londres, capitale européenne des cryptoactifs, est en compétition directe avec Paris.

Les banques en ligne investissent dans les cryptos

Depuis le 21 mars, la banque en ligne « N26 » propose à ses clients français la possibilité d’investir dans les cryptos comme cela est déjà le cas dans six autres pays européens. Cet accès est rendu possible grâce à un partenariat avec la plateforme Bitpanda qui gère l’exécution les transactions et la conservation des cryptoactifs. L’offre permet aux épargnants d’acheter des cryptoactifs sans posséder un « wallet » (portefeuille numérique) ni avoir besoin de s’inscrire sur une plateforme. Les banques en ligne entendent ainsi simplifier l’accès aux bitcoins et fidéliser leur clientèle avant tout constituée de moins de 35 ans.

La volatilité des cryptoactifs, un potentiel de gains et de pertes

De mi-mars 2023 à mi-mars 2024, le cours du bitcoin a progressé de plus de 130 %. Sur 5 ans, la hausse est de 1 580 %. A contrario, de décembre 2017 à décembre 2018, ce cours avait été divisé par quatre, passant de plus de 16 000 dollars à moins de 3 500 dollars. Il était passé de plus de 51 000 dollars en mars 2021 à moins de 30 000 dollars en juin 2021. La volatilité du bitcoin ne rebute pas les acheteurs en particulier les jeunes. Ces derniers ont conscience que les fortes variations du cours offrent la possibilité de réaliser des gains rapidement. Les variations de 30 à 50 % en quelques jours sont légion pour le bitcoin. Elles sont admises de la part d’épargnants, jeunes pour la plupart, qui souhaitent avant tout réaliser une plus-value sur un produit hors norme.

Les gains réalisés sur le bitcoin et les cryptos ont été de 37,6 milliards de dollars en 2023. Les investisseurs américains ont réalisé 9,4 milliards de dollars de profits, contre 720 millions pour les Français. En 2022, les pertes sur les cryptos avaient atteint 127 milliards de dollars. Des investisseurs de long terme avaient soldé leurs positions afin de compenser leurs pertes sur le marché des valeurs technologiques en forte baisse ou pour réinvestir dans d’autres projets. La baisse des cours des cryptos a provoqué l’arrivée de nouveaux acheteurs, notamment américains. En France, les épargnants en cryptos sont avant tout des hommes de moins de 35 ans, gagnant plus de 60 000 euros par an (étude KPMG, – Ipsos).

Les cryptos et les monnaies digitales de banques centrales

Depuis plusieurs années, les banques centrales travaillent sur les monnaies digitales. Ainsi, en janvier dernier, la Banque Centrale Européenne a lancé un appel d’offres pour sélectionner des prestataires de marché capables de développer la plateforme et l’infrastructure technique amenées à supporter l’euro numérique. Les appels d’offres portent sur plus d’un milliard d’euros de budget, preuve de la volonté de la BCE de mettre en œuvre son projet. Depuis le début de l’aventure, les banques commerciales se montrent plus réservées par crainte de perdre une grande partie de leurs activités. La blockchain permet de se passer d’intermédiaires de confiance, rôle que jouent, par nature, les banques. Elles craignaient notamment une fuite des dépôts.

La BCE a, ces derniers mois, rassuré les banques commerciales en soulignant que la monnaie digitale n’avait pas vocation à remplacer la monnaie actuelle. Elle a précisé que les entreprises et les organismes publics pourraient recevoir et traiter des paiements en euros numériques, mais ne pourraient pas en stocker. Ces euros numériques seraient donc automatiquement transférés en euros classiques. Les particuliers pourraient, quant à eux, payer avec des euros numériques sans avoir à préfinancer leur portefeuille. Leur compte en euros numériques serait relié à leur compte classique. Les banques plaident pour que les dépôts en monnaie numérique soient limités (moins de 500 euros pour BNP PARIBAS par exemple).

La décision de développer, ou non, l’euro numérique sera prise par la BCE d’ici la fin de l’année 2025 pour un éventuel lancement à partir de 2028. L’objectif de la BCE est d’empêcher que les échanges interbancaires européens ne basculent sur une plateforme privée fondée sur la blockchain que pourraient proposer par exemple des banques américaines comme JP Morgan. Elle souhaite éviter qu’un cryptoactif s’impose, en dehors de tout contrôle des banques centrales, comme monnaie d’échange et de réserve.

Au-delà des oppositions des banques commerciales, les monnaies numériques soulèvent des problèmes de confidentialité. Si cette question est encore évanescente en Europe, elle est devenue un thème de campagne présidentielle aux États-Unis. Donald Trump a indiqué sa totale opposition au déploiement du dollar numérique considérant que cela donnerait des pouvoirs exorbitants au pouvoir central, ce dernier étant capable de suivre en temps réel les achats des Américains. Il a évoqué une menace tyrannique du « big government ». Les Républicains estiment que les Démocrates veulent supprimer le numéraire. Pour conjurer cette menace, le Gouverneur de Floride, ancien candidat aux primaires républicaines, Ron DeSantis, a interdit toute monnaie digitale dans son État avant même qu’elle ne soit créée.

Pour le moment, ni la Réserve fédérale (FED) ni la Maison-Blanche n’ont projeté officiellement le lancement d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC). La FED a néanmoins engagé une réflexion sur le sujet et a publié un premier rapport, expliquant notamment qu’une telle monnaie numérique pourrait « favoriser des paiements plus rapides et moins chers » et « élargir l’accès des consommateurs au système financier ». À la demande de Joe Biden, le département du Trésor a également publié, à la fin de l’année 2022, un rapport sur « le futur de la monnaie et des paiements ».

Le défi mondial du financement de la transition écologique

La transition écologique est-elle finançable de manière traditionnelle ou suppose-t-elle de nouveaux outils ? Est-elle compatible avec les lois financières en cours ou nécessite-t-elle de s’en affranchir ?

Les besoins financiers pour respecter les accords de Paris de limitation du réchauffement climatique à 1,5 ou à 2 degrés sont importants. Selon l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA), au moins 1 700 milliards de dollars par an, à l’échelle mondiale, jusqu’en 2050 seraient indispensables pour attendre les objectifs fixés par la Communauté internationale. Pour la France seule, les montants à dégager sont évalués à une centaine de milliards d’euros par an.

Le respect des Accords de Paris exige que tous les États réalisent des efforts afin de décarboner leurs activités. Les pays émergents et en développement estiment qu’ils n’ont pas à financer seuls cette transition écologique sachant qu’ils ne sont pas responsables de l’augmentation des émissions passées des gaz à effet de serre. Ils attendent, de ce fait, un soutien de la part des pays occidentaux. En 2022, les 10 % les pays les plus riches ont émis 40 % du CO2, les 50 % les plus pauvres 13 %.

En l’état actuel, l’alignement des niveaux de vie sur le modèle américain serait intenable d’un point de vue écologique. Les Accords de Paris avaient ainsi prévu une enveloppe en faveur de ces pays de 100 milliards de dollars par an. Jusqu’à maintenant, ces fonds n’ont pas été versés. La crise covid et la guerre en Ukraine expliquent en partie les retards pris en la matière.

Au sommaire de cette étude

  • Capitalisme et financement de la transition énergétique
  • quelles solutions pour faciliter le financement de la transition écologique ?
  • les limites du financement administré de la transition énergétique

Adapter la ville au vieillissement démographique

La population française, dans les vingt prochaines années, sera marquée par l’accélération de son vieillissement, le nombre de retraités passant de 17 à 23 millions. Le nombre de plus de 75 ans passera de 6,6 à 10,3 millions de 2022 à 2040. Cette évolution ne sera pas sans conséquence dans la gestion ces villes sachant que la population française vit à plus de 80 % en milieu urbain. Les questions de déplacement, l’accès aux soins, la présence de services de proximité seront des questions de plus en plus importantes. Le choix du maintien à domicile le plus longtemps possible, souhaité par un grand nombre de Français, suppose que les municipalités, les départements en charge de l’aide sociale et les régimes sociaux comme ceux de la santé et de la dépendance s’adaptent à la présence de nombreux seniors en milieu urbain.

L’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) a réalisé une étude concernant le Grand Paris dans lequel, en 2040, un habitant sur cinq aura plus de 65 ans. Les seniors seront alors 1,355 million, soit 33 % de plus qu’en 2019. Le nombre de personnes de plus de 75 ans passera de 473 530 à 735 070.

Les seniors se déplacent beaucoup, mais sur des distances plus courtes que les actifs. En moyenne, ils effectuent 3,5 déplacements par jour. 55 % de leurs déplacements s’effectuent à pied et 20 % en transports en commun. Les bus et les tramways sont privilégiés. La distance moyenne parcourue est de 1,5 kilomètre. Les habitants de la petite couronne recourent, en général, fort logiquement plus à la voiture que ceux de Paris intra-muros. Dans les Hauts-de-Seine, 28 % des déplacements s’effectuent en voiture, contre 6 % à Paris, mieux desservie en transports collectifs. Au-delà de l’accès à ces derniers, la photographie des déplacements souligne que le facteur revenus et la socialisation jouent un rôle important. Les retraités de Seine-Saint-Denis sortent moins que ceux des autres départements.

En 2040, le vieillissement de la population se traduirait, selon l’Apur, par un recours plus important de la voiture, ce qui irait à l’encontre de la réduction de ce moyen de transport espérée par les pouvoirs publics. Pour éviter ce recours à l’automobile, les collectivités publiques seront dans l’obligation de développer l’offre de transports en commun en prenant en compte leur accessibilité. Les experts de l’Apur souhaitent encourager les déplacements à pied tant dans un souci de lutte contre les émissions des gaz à effet de serre que dans celui d’améliorer la santé des seniors. À cette fin, les collectivités seront contraintes d’élargir les trottoirs, de renforcer la signalétique, de multiplier les bancs, de favoriser les transports à la demande. La question de la vitesse sera également un sujet majeur. 50 % des décès de piétons liés aux accidents de la circulation concernent des seniors. Le verdissement des espaces urbains constitue également une priorité pour atténuer les conséquences des canicules. Dans le domaine social, les collectivités seront amenées à développer l’aide à domicile, sachant que 96 % des seniors métropolitains vieillissent chez eux. Le développement des services à domicile suppose l’adaptation de nombreux logements qui sont, en milieu urbain, souvent anciens.

Les pouvoirs publics sont amenés à gérer de manière concomitante vieillissement et transition écologique, ce qui suppose la réalisation d’importants investissements. La question du financement et des arbitrages à réaliser se pose avec d’autant plus d’acuité que la croissance économique tend à s’éroder.

Les dépenses de retraite, en France, un quart des dépenses publiques

Selon une étude de FIPECO, centre d’étude spécialisé en finances publiques dirigée par François ECALLE, la France consacre 58,3 % de son PIB aux dépenses publiques. Cette étude, reprenant des données de 2022 d’Eurostat, met en évidence le fait que les dépenses publiques sont, en France, supérieures à la moyenne européenne de près de 10 points (49,6 % du PIB dans l’Union européenne). Les dépenses publiques représentent 49,5 % du PIB en Allemagne et 43,5 % aux Pays-Bas.

Les dépenses publiques consacrées à la protection sociale s’élevaient à 32,9 points de PIB en France en 2022, contre une moyenne européenne de 27,2 points (28,9 points en Allemagne et seulement 23,0 % aux Pays-Bas). Le premier poste de dépenses est, en France, constitué par le financement des pensions de retraite. La France n’est pas le pays où la proportion de retraités est la plus importante de l’Union européenne. En revanche, elle se caractérise par un poids élevé des dépenses de retraites, 14,4 % du PIB, soit 2,5 points de plus que la moyenne européenne (11,9 %). Les dépenses de retraite s’élèvent à 6,1 % du PIB aux Pays-Bas. Seule l’Italie (16,2 % du PIB) a des dépenses plus importantes que la France. La retraite représente, en France, près d’un quart des dépenses publiques.

Les dépenses publiques de santé représentaient 12,2 % du PIB en France alors que la moyenne européenne était 10,5 % du PIB (11,9 % du PIB en Allemagne et 8,9 % en Italie). Les dépenses associées au chômage (y compris partiel) ont atteint 1,7 % du PIB en France, contre 1,2 % du PIB en moyenne dans l’Union européenne (1,5 % en Allemagne et 0,6 % aux Pays-Bas).

Les dépenses affectées aux familles et à la lutte contre l’exclusion sociale étaient plus élevées en France (à l’exception de l’Italie pour l’exclusion). En additionnant les aides personnelles au logement, les aides à la pierre et les dépenses relatives aux équipements collectifs associés à l’habitat, le coût de la politique du logement s’est élevé à 2,0 % du PIB en France, contre une moyenne de 1,3 % du PIB dans l’Union européenne, mais celle-ci est fortement tirée vers le haut par l’Italie (3,3 % du PIB) du fait d’un crédit d’impôt exceptionnel et en principe temporaire en faveur de la rénovation des logements.

Le poste « affaires économiques » recouvre de nombreuses dépenses liées aux transports (construction et entretien des routes…) ainsi que des aides aux ménages et des subventions aux entreprises relevant de politiques publiques (aides à l’agriculture, aides à l’innovation, crédit d’impôt pour l’emploi de salariés à domicile…) et mesures prises pour faire face à la hausse des prix de l’énergie en 2022. Leur coût total a atteint 6,7 % du PIB en France en 2022, contre 5,9 % du PIB en moyenne dans l’Union européenne (5,2 % du PIB en Allemagne et 6,2 % en Italie).

Les dépenses relatives à la production et à la consommation d’énergie ont été plus élevées que la moyenne en France et aux Pays-Bas. Les dépenses militaires de la France ont représenté 1,8 % du PIB contre 1,3 % en moyenne dans l’Union européenne (1,0 % en Allemagne et 1,3 % en Italie). Seul le coût de la politique des transports est proche dans l’ensemble de ces pays. La France est même un peu au-dessous de la moyenne européenne.

La France a dépensé plus pour l’enseignement (5,2 % du PIB) que la moyenne européenne (4,7 % du PIB) et que l’Allemagne (4,5 %) et l’Italie (4,1 %) mais les Pays-Bas (5,1 %) sont juste derrière la France. Le poste « sécurité intérieure et justice » recouvre les dépenses des forces de l’ordre (police et gendarmerie), du système judiciaire et de l’administration pénitentiaire. Leur coût était au total de 1,7 % du PIB en France comme en moyenne dans l’Union européenne ou en Allemagne. Il était un peu plus élevé en Espagne et aux Pays-Bas. Les « services généraux » recouvrent notamment les « fonctions support » telles que les fonctions « état-major » (Présidence, assemblées et services du Premier ministre), « financières » (ministère des finances), ressources humaines (ministère de la fonction publique), « représentation » (ministère des affaires étrangères) de l’État et des collectivités locales. Leur coût représentait 3,9 % du PIB en France contre une moyenne de 3,7 % dans l’Union européenne (4,5 % en Allemagne et 2,6 % aux Pays-Bas). Les dépenses en faveur de la recherche fondamentale représentaient 0,3 % du PIB en France contre une moyenne de 0,6 % dans l’Union européenne (1,0 % en Allemagne). En y ajoutant la recherche appliquée, le total était de 1,3 % du PIB pour la France (y compris le crédit d’impôt recherche), contre une moyenne de 1,1 % du PIB dans l’Union européenne (1,4 % en Allemagne). Les intérêts de la dette publique représentaient 2,0 % du PIB en France contre une moyenne de 1,7 % dans l’Union européenne et 0,7 % du PIB en Allemagne mais 4,4 % en Italie.

Rapportée à l’ensemble des dépenses publiques, la retraite en tête

La protection sociale absorbe 56,4 % des dépenses publiques en France, soit plus que la moyenne de l’Union européenne (54,7 %). La part des retraites en France (24,7 %) était au-dessus de la moyenne (23,9 %) mais bien plus faible qu’en Italie (28,8 %). Elle était particulièrement réduite aux Pays-Bas (14,0 %). La part des dépenses de santé était, en France, (21,0 %) proche de la moyenne. Elle était plus élevée en Allemagne (24,0 %) et aux Pays-Bas (26,6 %) et nettement plus faible en Italie (15,9 %).

Régime général : plus de 15 millions de retraités

Selon l’Assurance retraite, 15,3 millions de retraités dépendaient au 31 décembre 2023 du régime général, contre 10 millions en 2013 et 5 millions en 1983. En 2023, près de 14,6 millions perçoivent une retraite personnelle du régime général et 2,8 millions de retraités touchent une pension de réversion. Les personnes relevant du régime général sont les anciens salariés et les anciens indépendants depuis la fusion de leur régime avec celui-ci. 80,5 % de résidents Français de 62 ans ou plus perçoivent une pension au régime général. Cette part atteint 85 % parmi les 75-84 ans, et 84 % parmi les 85 ans ou plus.

Près d’un million de nouveaux retraités

Au cours de l’année 2023, plus de 919 000 nouvelles retraites personnelles et de réversion ont été liquidées. Pour le régime général, l’âge moyen de départ en retraite est de 63 ans et 4 mois.

L’âge moyen des retraités, près de 75 ans

En 2023, l’âge moyen des retraités du régime général s’élevait à 74,9 ans. Il était de 75, 5 ans pour les femmes et de 74,1 ans pour les hommes.

16 % de départs anticipés

Le dispositif des carrières longues permet aux personnes ayant commencé à travailler très jeune et ayant effectué une longue carrière de partir plus tôt, sous réserve de justifier d’un nombre de trimestres minimum en début d’activité. Pour le seul régime général, 110 000 retraites pour carrière longue ont été attribuées soit 16 % des retraites personnelles attribuées contre 18 % en 2022.

À la fin de 2023, quelque 30 % des nouveaux retraités concernés par la réforme des retraités ont pu partir avant l’âge légal applicable à compter du mois de septembre. En 2024, 30 % des départs à la retraite relèveraient du régime des carrières longues.

Une pension moyenne de 1 220 euros

42 % des retraites personnelles ont été attribuées pour une carrière complète au régime général (salariés et indépendants). Leur montant moyen mensuel est de 1 220 euros. Il s’élève pour les nouveaux retraités à 1 356 euros pour les hommes et 1 086 euros pour les femmes dont les pensions demeurent plus faibles.

13 % des retraités résident en Île-de- France

Plus d’un retraité sur 10 (13 %) habite en région parisienne soit 1,9 million de personnes. Le deuxième lieu de résidence le plus prisé par les retraités est la région Rhône-Alpes (9,1 %) devant le Sud-Est (8,2 %). Environ 5 % vivent en Bretagne, et un pourcentage similaire en Normandie.

Comment financer la transition écologique en France ?

Les investissements nécessaires à la décarbonation de l’ensemble des activités économiques de la France sont évalués entre 30 et 101 milliards d’euros par an en fonction des critères retenus (101 milliards d’euros : rapport Pisani-Ferri et Mahfouz) pour la période 2021-2030. Depuis 2015, les pouvoirs publics ont revu à la hausse les objectifs de la stratégie nationale bas carbone, ce qui conduit à accroître le coût global de la décarbonation. Deux tiers des investissements relèveraient des entreprises et des acteurs publics, les ménages ayant à leur charge le tiers restant.

Au sommaire de cette étude

  • L’épargne, la solution ?
  • Quel rendement pour les fonds ISR ?
  • Les produits supports de l’épargne verte en France
  • Des encours à géométrie variable
  • La finance verte et les ménages : 260 milliards d’euros
  • Les ménages favorables à la finance verte mais perdus
  • Les limites de l’orientation de l’épargne des ménages en faveur de la transition énergétique
  • Propositions pour une meilleure orientation de l’épargne en faveur de la transition énergétique

Les risques sociaux, près d’un tiers des cotisations d’assurance

La santé, la prévoyance, la retraite supplémentaire représentent une part importante de l’activité des organismes d’assurance. En 2022, ces derniers ont collecté, selon le service statistique du Ministère des Affaires sociales, la DREES, 270,4 milliards d’euros de cotisations hors taxe, dont environ un tiers concerne les risques sociaux (84,2 milliards d’euros, soit 31 % de l’ensemble des cotisations). Ces organismes ont versé 214,6 milliards d’euros de prestations à leurs assurés, dont 61,7 milliards d’euros au titre des risques sociaux.

Premier risque social : la santé


La moitié des cotisations collectées au titre des risques sociaux concerne les garanties santé (« frais de soins »). Ces cotisations se sont élevées, en 2022, à 40,5 milliards d’euros, soit 48 % des cotisations collectées. Les prestations versées en santé représentent le premier poste entrant dans le champ des risques sociaux (32,8 milliards d’euros en 2022).

Deuxième risque social : la retraite

Les produits de retraite supplémentaire, préretraite et indemnités de fin de carrière ont représenté 21 % des cotisations collectées en 2022 (17,7 milliards d’euros). En matière de prestations versées, le risque retraite a représenté 12,9 milliards d’euros en 2022.

Troisième risque social : la prévoyance et la dépendance

La catégorie « autres dommages corporels », qui regroupe notamment les garanties incapacité de travail, invalidité et dépendance a donné lieu au versement de 15,6 milliards d’euros de cotisations et de 10,6 milliards d’euros de prestations en 2022. Les garanties incapacité de travail ont représenté 9 % des cotisations collectées au titre des risques sociaux, les garanties invalidité (rente ou capital versé pour invalidité, hors garanties souscrites dans le cadre d’emprunts) en ont représenté 5 %, les garanties couvrant la dépendance (sous forme de rente ou de capital versé) en ont représenté 1 %, tandis que les autres garanties relevant du risque « autres dommages corporels » (accidents, assurance scolaire, sportive, etc.) ont représenté 3 % des cotisations collectées.

Quatrième risque : l’assurance décès

10,2 milliards d’euros ont été collectés au titre des garanties décès (hors garanties décès des contrats emprunteurs), représentant 12 % de la couverture des risques sociaux en 2022 par les organismes d’assurance. De l’autre côté, 5,4 milliards d’euros de prestations ont été versés en 2022 au titre des garanties décès.

Développement des organismes de retraite professionnelle supplémentaire

Pour le risque retraite, les mutuelles, entreprises d’assurance et institutions de prévoyance ont eu la possibilité de transférer leurs portefeuilles existants vers des organismes de retraite professionnelle supplémentaire (ORPS) jusqu’à la date limite du 31 décembre 2022.

En 2022, les ORPS ont collecté 8,1 milliards d’euros de cotisations au titre de la retraite supplémentaire, des indemnités de fin de carrière et de la préretraite, soit 46 % de l’ensemble des cotisations relatives à ces risques. Les entreprises d’assurance ont eu recours plus fortement que les autres acteurs de l’assurance aux ORPS. En 2017, ces dernières y ont transféré la moitié de leur activité de gestion de ces risques afin de bénéficier de la réglementation prudentielle Solvency 1 moins contraignante que Solvency 2. Les autres acteurs (mutuelles ou institutions de prévoyance) ont eu également recours aux ORPS, mais de manière moins importante.

Les entreprises d’assurance ont collecté 46 % de l’ensemble des cotisations concernant les risques sociaux en 2022 et sont ainsi le premier acteur de la protection sociale au sein des organismes d’assurance. Ces risques ne représentent en revanche qu’une faible part de leurs activités (17 %) à la différence de certains autres acteurs de l’assurance.

Taxer les rentes est le plus mauvais moyen de les combattre et voilà pourquoi

Dans les colonnes d’Atlantico, Philippe Crevel explique pourquoi, taxer la rente peut se révéler contreproductif.

Cours de l’or : le kilo d’or se vend actuellement à près de 70 000 euros, un record historique

La Dépêche du Midi, reprend dans cet article consacré à l’or, l’analyse de Philippe Crevel qui indiquait dans un autre média qu' »en période d’inflation, l’or a tendance à augmenter. ».

Pour les Provençaux, épargner est une nécessité

Dans les colonnes de la Provence, explique pourquoi les Français sont particulièrement prompt à remplir leur bas de laine.

L’assurance vie confirme et signe !

Assurance vie | Résultats février 2024

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

L’assurance vie, le vent en poupe en ce début d’année

En février 2024, selon France Assureurs, l’assurance vie confirme son bon début d’année avec une collecte nette de +2,5 milliards d’euros proche de celle du mois de janvier (+2,4 milliards d’euros). Cette collecte est nettement supérieure à celle du mois de février 2023 (1,1 milliard d’euros).

Le mois de février réussit traditionnellement à l’assurance vie, aucune décollecte n’ayant été constatée durant ce mois depuis 1997. La collecte moyenne de février, entre 2014 et 2023, a été de 2 milliards d’euros. L’année 2024 se situe donc dans la moyenne haute. Depuis le début de l’année, l’assurance vie bénéficie de la bonne tenue des marchés financiers et des annonces concernant le rendement des fonds euros. Les ménages continuent, par ailleurs, à recycler leurs abondantes liquidités. De janvier 2023 à janvier 2024, l’encours des dépôts à vue des ménages a baissé de plus de 38 milliards d’euros (source Banque de France).

Un montant important de cotisations

En février, les cotisations ont été importantes, 16,0 milliards d’euros, en hausse de +22 % sur un an. Les cotisations en unités de compte (UC) ont atteint 6,0 milliards d’euros, soit 37 % de la collecte brute. Elles ont progressé de 15 % par rapport à février 2023. Les cotisations sur les supports euros sont  à 10,1 milliards d’euros, en hausse de 27 %. Ce montant élevé de collecte brute s’explique par la forte propension des ménages à l’épargne. En février, ces derniers ont également placé en net 2,4 milliards d’euros sur leur Livret A et 1,04 milliard d’euros sur leur Livret de Développement Durable et Solidaire.

Des prestations toujours dynamiques

Les prestations se sont élevées, en février, à 13,5 milliards d’euros en hausse de +12 % sur un an. Cette hausse concerne aussi bien les supports euros (+12 %) que les supports en UC (+14 %). Ce niveau élevé des prestations est à mettre en relation avec les besoins d’apport plus importants pour les achats immobiliers et la progression des liquidations de contrats pour succession en raison du vieillissement de la population.

La collecte nette portée par les unités de compte

La collecte nette en février, comme depuis de nombreux mois, est portée par les unités de compte (collecte nette de 3,4 milliards d’euros) quand dans le même temps, la décollecte sur les fonds euros se réduit (-0,9 milliard d’euros en février). Sur un an (mars 2023 – février 2024), la décollecte nette au niveau des fonds euros atteint 26,5 milliards d’euros quand la collecte nette des unités de compte dépasse 31,5 milliards d’euros. Il faut remonter à novembre 2019 pour retrouver une collecte nette positive sur les supports euros.

La moindre décollecte sur les fonds euros, en février, s’explique par les annonces de rendements en hausse intervenues au mois de janvier (2,6 % en moyenne pour l’année 2023). Par ailleurs, de nombreux assureurs proposent des taux bonifiés pour 2024 pouvant dépasser 4 %. Les rendements des fonds euros se rapprochent ainsi du taux du Livret A voire le dépassent, ce qui contribue à l’augmentation de la collecte.

Vers 2 000 milliards d’euros d’encours

Fin février 2024, les encours des contrats d’assurance vie s’établissent à 1 947 milliards d’euros, en hausse de +3,2 % sur un an.

Un bon tempo pour l’assurance vie en 2024

Les Français restant en mode fourmis, les produits d’épargne continuent à enregistrer de bons résultats. Pour le moment, les ménages n’entendent pas puiser dans la cagnotte qu’ils ont constituée depuis le début de l’épidémie de covid. Le taux d’épargne demeure deux à trois points au-dessus de son niveau de 2019. Si de 2020 à 2023, l’épargne réglementée a profité de cet effort accru d’épargne, depuis le début de l’année, l’assurance vie semble retrouver les faveurs des épargnants. L’amélioration du rendement des fonds euros et la forte appréciation du cours des actions jouent en faveur de ce placement. La baisse des transactions immobilières le favorise également, par ricochet.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Le Livret A va-t-il financer la relance du nucléaire ?

Pour Philippe Crevel, fondateur du Cercle de l’épargne la façon dont les fonds du Livret A sont utilisés n’pas d’effet sur la collecte. Interrogé dans le journal Le Monde, il estime que ce placement est : « l’outil de base de l’épargne » et que « les Français regardent surtout son taux. »

Déficit public à 5,5 % en 2023 : Philippe Crevel, invité des informés de France info

Philippe Crevel était invité à commenté sur les plateau des Informés de France Info, l’annonce du dérapage du déficit à 5,5 % en 2023.

Le Livret A poursuit sa normalisation en février mais à un niveau élevé

Dans les colonnes du journal Les Echos, Philippe Crevel commente les résultats de la collecte des principaux produits d’épargne réglementée que sont le Livret A , le LDDS et le LEP. Il note que « contrairement à ce qu’on a pu observer aux Etats-Unis par exemple, où les épargnants ont complètement consommé les sommes accumulées pendant la crise sanitaire, les Français continuent d’alimenter leur cagnotte constituée pendant le Covid ». Il estime par ailleurs que la moindre collecte du LEP par rapport au mois précédents s’expliquerait par la fin de l’effet relèvement du plafond de ce placement destiné au ménages modestes.

Résultats du Livret A – LDDS – LEP du mois de février 2024 | Toujours plus haut !

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Après les collectes exceptionnelles  de 2022 et de 2023 en lien avec le relèvement de son taux, le Livret A se normalise certes, tout en restant, néanmoins, à un haut niveau. La surprise n’est pas le montant de la collecte mais le fait que les ménages ne puisent pas dans leur épargne depuis quatre ans pour consommer ou pour investir sur des produits de long terme.

Pas de relâchement dans l’effort

Le Livret A n’a pas failli en février avec une collecte de 2,36 milliards d’euros, soit un niveau supérieur à la moyenne de ces dix dernières années (1,6 milliard d’euros). Depuis 2009, trois décollectes ont été enregistrées en février (2014, 2015, 2016) dans une période de faibles rendements pour le Livret A. La collecte du mois de février 2024 est sans rapport avec celle de l’année dernière (6,27 milliards d’euros) mais celle-ci avait été portée par le relèvement du taux du Livret A de 2 à 3 %. Cette année, le taux est resté inchangé à 3 %.

Le Livret de Développement Durable et Solidaire connait également une collecte positive en février (+1,04 milliard d’euros). La collecte du Livret d’Épargne Populaire a été, en février, de 1,39 milliard d’euros, contre 1,92 milliard d’euros en janvier et 3,16 milliard d’euros en février 2023. La collecte de ce dernier produit s’assagit avec la fin de l’effet relèvement du plafond à 10 000 euros intervenu au mois d’octobre 2023. Les titulaires ayant la possibilité de saturer leur LEP l’ont réalisé. Les capacités d’épargne limitées des personnes éligibles au LEP pèsent par nature sur la collecte.

La collecte de janvier et de février s’inscrit dans la normalité saisonnière du Livret A et du LDDS, le premier semestre étant favorable à l’épargne quand le second est plus propice aux dépenses.

Pas de rupture dans la préférence à l’épargne

Les ménages français continuent à accroître leur cagnotte d’épargne de précaution, l’encours du Livret A et du LDDS battant de nouveaux records (respectivement 419,9 et 151,6 milliards d’euros). La désinflation ne les incite pas – pour le moment – à puiser dans leurs réserves pour augmenter leurs dépenses de consommation. Les Français diffèrent en cela des Américains qui ont utilisé la quasi-totalité de leur cagnotte constituée durant la période covid. En France, les ménages, au contraire, continuent de l’augmenter.

Défiance, vieillissement et rendement, les trois piliers de la collecte du Livret A

La préférence pour l’épargne en France s’explique par une défiance face à la situation économique, par le vieillissement de la population et par la bonne rémunération de l’épargne sans risque.

Le moral des ménages, mesuré mensuellement par l’INSEE, demeure faible depuis près de deux ans. La crise covid et la guerre en Ukraine ont conduit les ménages à mettre plus d’argent de côté. La résurgence de l’inflation a accru cette tendance. Les Français restent dubitatifs face à la désinflation ce qui induit un attentisme en matière de consommation. Les gains de pouvoir d’achat sont, en grande partie, épargnés. Le ralentissement de la croissance ne les incite pas à relâcher leurs efforts.

Le vieillissement de la population est un facteur structurel de hausse de l’épargne. Les ménages craignant une baisse sensible de leur pouvoir d’achat à la retraite mettent de l’argent de côté. le caractère compétitif du taux du Livret A est également un facteur favorisant la collecte.

L’attractivité du Livret A s’améliore, par ailleurs, avec le recul de l’inflation qui s’est élevée à 3 % en février 2024. Logiquement, le rendement réel du Livret A (comme du LDDS) redeviendra positif dans les prochains mois. La baisse des rendements des dépôts à terme, constatée depuis le début de l’année, avantage le Livret A comme le LDDS.

Le dernier facteur jouant en faveur du Livret A est l’importance des liquidités encore disponibles sur les comptes courants : plus de 470 milliards d’euros. Les ménages diminuent progressivement cette enveloppe de liquidités qui ne rapporte rien.

Un premier semestre couleur « fourmis »

Dans les prochains mois, la collecte du Livret A restera portée par l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages. Le contexte économique et géopolitique demeurant anxiogène, les Français resteront sans nul doute attentistes. Les effets de la désinflation sur leur comportement se feront certainement ressentir à la fin du premier semestre avec à la clef un arbitrage plus favorable à la consommation.

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

Livret A, LEP… Cette vieille règle qui pénalise le montant de vos intérêts

Money Vox revient sur la « règle des quinzaines » utilisée pour le calcul de la rémunération des produits d’épargne réglementée. Pour Philippe Crevel ce particularisme constitue une spécificité française. Cette règle, précise-t-il date sans doute des débuts du Livret A  « Par souci de simplicité, à une époque où il n’y avait pas d’ordinateurs… ».

Vendre, garder, acheter : le dilemme des petits porteurs face à l’envolée de la Bourse

Philippe Crevel explique dans les colonnes du Figaro le comportement des nouveaux investisseurs « Les nouveaux investisseurs ont davantage le goût du gain rapide, peuvent vendre ou acheter de façon plus opportuniste, explique l’économiste. Ce ne sont pas toujours les actionnaires bons pères de famille qui achètent des actions Air Liquide et qui vont les garder pendant trente ans».

Bitcoin ou or : le cours de ces valeurs bat des records, mais dans laquelle investir ?

Dans Ouest-France, Philippe Crevel a été invité à commenter l’envolé des cours du bitcoin. Pour le directeur du Cercle de l’Epargne, la cryptomonnaie est « un marché volatil, soumis à un environnement pas toujours rationnel ». Il met en garde les investisseurs tentés d’investir des sommes conséquentes, estimant que « cela ne peut être qu’un placement de diversification : on peut placer une petite partie de son patrimoine. Mais le reste doit être ailleurs »

Economie : Bruno Le Maire défend à Bruxelles son produit d’épargne européen

Dans cet article consacré au soutien de Bruno Le Maire à l’émergence d’un produit d’épargne européen, Philippe Crevel précise que si cette initiative bénéficie du soutien de la Banque centrale européenne et Christine Lagarde, elle ne fait pas l’unanimité au sein et notamment peine à convaincre l’Allemagne.

Comptes à terme, livrets et super-livrets d’épargne : bientôt la fin des bonnes affaires ?

Dans le journal Le Monde, explique pourquoi le rendement réel du Livret A devrait redevenir positif avec la décrue de l’inflation. Il estime par ailleurs qu’à compter du 1er février 2025, date du fin du gel de sa rémunération décidé par Bercy, la rémunération de ce placement « pourrait alors baisser aux environs de 2,50 % compte tenu du reflux de l’inflation ».

L’édito de Jean-Pierre Thomas « la France, le patrimoine, l’épargne et la retraite »

Si la croissance économique française est éprise d’une langueur toute monotone, le patrimoine continue sa course en avant. À la fin du premier semestre 2023, l’ensemble des ménages possédaient ainsi plus de 14 000 milliards d’euros de patrimoine, soit un montant de 446 000 euros par ménage. Le patrimoine net a progressé rapidement, entre fin 2009 et fin 2021, pour toutes les catégories sociales. L’augmentation a été de  5 329 milliards d’euros en euros courants durant cette période. Le patrimoine des Français s’est depuis stabilisé à ce niveau. Rapportée à chaque ménage, la valeur du patrimoine net moyen a augmenté de 144 000 euros entre la fin de 2009 et la mi 2023. La hausse du patrimoine a été, sur cette période, de 17 points plus rapide que l’inflation. Elle provient essentiellement des prix de l’immobilier. En douze ans, le patrimoine immobilier s’est accru de 2 684 milliards d’euros. Cette plus-value est latente car les biens immobiliers détenus par les ménages sont essentiellement affectés à la résidence principale et ne donnent lieu qu’à peu de cessions.

Fruit des transmissions et de l’accumulation durant toute la vie, les inégalités de patrimoine sont souvent décriées. Si, après redistribution, le rapport des revenus entre les 10 % des ménages les plus modestes et les 10 % les plus aisés est de 3,5,  les 10 % des ménages les plus fortunés possèdent en moyenne près de huit fois le patrimoine médian. Ces derniers détiennent plus de la moitié du patrimoine quand les 50 % des ménages les moins fortunés ne se partagent que 5 % des richesses. Contrairement à quelques idées reçues, les inégalités de patrimoine sont, en France, plus faibles que celles observés dans le reste de la zone euro, car l’immobilier y est un peu mieux réparti. Par ailleurs, les inégalités y sont restées stables depuis 2009. Le patrimoine financier est, en revanche, concentré sur un nombre plus réduit de ménages, ce qui n’est pas sans conséquences en matière de préparation financière de la retraite.

Faute de fonds de pension, les ménages ont, en France, privilégié la pierre, ce qui a contribué à la hausse de son prix, surtout depuis que les pouvoirs publics ont décidé de raréfier le foncier disponible. La pierre n’offre pas toutes les qualités d’un bon placement retraite. Elle est peu liquide et n’est pas à l’abri de fluctuations liées à l’évolution des taux d’intérêt ou de l’attractivité des territoires. L’investissement locatif souvent prôné a, bien souvent, après charges et impôts, un rendement assez faible.

Le choix implicite de l’immobilier a également comme conséquence de priver l’économie réelle de capitaux. La pierre a stérilisé une part non négligeable de l’épargne des ménages au détriment des entreprises. Du fait de l’augmentation du prix des logements en France et de l’appétence des ménages pour ce type d’actifs, le manque à gagner, en vingt ans, pour les entreprises françaises par rapport à leurs concurrentes allemandes a été évalué à plus de 200 milliards d’euros.

La création du Plan d’Épargne Retraite par la loi PACTE en 2019 vise à favoriser la réallocation de l’épargne des ménages sur des supports longs mais force est de constater que celle-ci reste modeste. Fin 2022, l’encours de l’épargne retraite s’élève à 260 milliards d’euros soit bien moins que le Livret A. Or, la France ne manque pas de ressources financières : le taux d’épargne s’est élevé, en 2023, à 17,6 % du revenu disponible brut. Une plus large diffusion des produits retraite par capitalisation devrait être menée par les pouvoirs publics comme par l’ensemble des acteurs économiques afin de drainer les liquidités vers les entreprises et, en particulier, vers celles qui ne sont pas cotées.

Par Jean-Pierre Thomas
Président du Cercle de l’Épargne

Placements financiers et immobiliers, retour sur 2023

En 2023, les Français ont continué à épargner, à la différence des Américains. Le taux d’épargne des premiers s’est élevé à 17,6 du revenu disponible brut quand celui des seconds a été inférieur à 10 %. Les ménages, en France, ont joué la prudence en accentuant leur effort d’épargne de précaution. Ils ont également décidé d’y affecter une partie de leurs importantes liquidités qui n’étaient pas jusqu’à maintenant rémunérées. La préférence pour l’épargne est, en France, assez classique en période d’inflation. Elle s’explique par la volonté des ménages de préserver leur encaisse réelle et de disposer d’une réserve suffisante pour faire face aux futures augmentations des prix. Ils n’ont pas touché à leur cagnotte covid, à la différence des Américains.

Au sommaire de cette étude

  • Les Français aiment le cash
  • La décrue des dépôts à vue
  • Les livrets d’épargne
  • L’Épargne logement dans le creux de la vague
  • Le renouveau des dépôts à terme
  • L’année de transition pour l’assurance vie
  • Le Plan d’Épargne Retraite trace sa voie
  • Les actions, 2023, un bon cru
  • Le placement obligataire retrouve des couleurs
  • L’immobilier, un ajustement plus qu’une crise
  • Les tendances de 2024

Cinq ans après l’adoption de la loi PACTE, les Français et l’épargne retraite

Cinq ans après la promulgation de la loi PACTE (22 mai 2019) qui a permis la création du Plan d’Épargne Retraite (PER), les Français ont adopté ce nouveau produit. Il répond, en effet, à leurs attentes et à leurs besoins. Il constitue une simplification dans le paysage de la capitalisation qui ressemblait, jusqu’à son avènement, à un véritable maquis corse en raison de ces nombreux produits.

Un large consensus en faveur de l’épargne retraite

L’épargne retraite n’est pas un sujet de conflits. Il n’y a pas d’opposition réelle à la mise en place de suppléments de retraite par capitalisation, sachant que les régimes par répartition assurent une grande part des revenus des retraités. 56 % des Français, selon l’enquête AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – Cercle de l’Épargne réalisée en 2023, sont favorables à la mise en place d’un système de retraite mixte ou en capitalisation pure (41 % pour un système mixte, 15 % pour un système 100 % par capitalisation). Quels que soient les sensibilités politiques ou l’âge des sondés, l’épargne retraite fait l’objet d’un large consensus. Les plus jeunes y sont les plus favorables, tout comme les cadres. Près des trois quarts des 18/24 ans se prononcent en faveur d’un tel système. Leur forte adhésion à la capitalisation n’est pas sans lien avec leurs doutes sur la pérennité de la répartition même si, dans les faits, cette dernière ne peut pas techniquement faire faillite. 70 % des cadres supérieurs et 59 % des cadres moyens indiquent leurs préférences pour un système mixte.

Une crainte forte et ancienne d’une baisse du niveau de vie à la retraite

Deux tiers des Français sont, selon l’enquête précitée, inquiets pour leur pouvoir d’achat à la retraite. Cette crainte est stable depuis trois ans. Seuls 4 % des Français estiment que les pensions sont ou seront « tout à fait suffisantes » pour vivre correctement à la retraite. Ce taux est stable depuis dix ans. 7 % des retraités et 11 % de ceux gagnant plus de 4 000 euros pensent ainsi. En revanche, 2 % des 35/64 ans et 1 % des employés considèrent que leurs pensions sont ou seront « tout à fait suffisantes ». Il convient de souligner que 11 % de ceux qui épargnent régulièrement en vue de leur retraite pensent ainsi, contre 2 % de ceux qui n’épargnent pas pour leur retraite. À l’inverse, 27 % des Français pensent que leurs pensions sont ou seront « tout à fait insuffisantes ». Ce sont les 25/49 ans qui sont les plus pessimistes (plus de 35 % d’entre eux) quand les retraités ne sont que 12 % à le penser. 51 % des Français à revenus modestes pensent que leurs pensions sont ou seront « tout à fait insuffisantes », contre 12 % pour ceux gagnant plus de 4 000 euros par mois.

Enquête AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – Cercle de l’Épargne 2023

Près de trois femmes sur quatre (73 %) jugent que leurs pensions ne leur permettent ou ne leur permettront pas de vivre correctement, contre 57 % des hommes. Cet écart important est en lien avec celui des pensions entre hommes et femmes. Les pensions de ces dernières sont, en moyenne, avant réversion, inférieures de 40 % à celles des hommes. Les jeunes actifs (25/34 ans) et les seniors (50/64 ans) sont les plus inquiets au niveau des classes d’âge. Ils sont respectivement 73 et 74 % à penser que leurs pensions seront insuffisantes. Pour les jeunes actifs, l’idée que le système fasse faillite avant leur arrivée à l’âge de la retraite est amplement partagée. Les seniors à quelques années de la retraite figurent parmi les plus inquiets en raison, notamment, des modifications de la législation qui pourraient les toucher. Trois quarts des personnes modestes sont inquiètes pour leur niveau de vie à la retraite (personnes avec moins de 2 000 euros de revenus par mois). A contrario, 38 % des personnes qui touchent plus de 4 000 euros sont inquiètes. Les ménages qui épargnent en vue de la retraite sont relativement plus confiants, ce qui est assez logique, que ceux qui ne peuvent pas épargner. 48 % des premiers sont inquiets contre 72 % des seconds.

La préparation financière de la retraite, un facteur important d’épargne

Selon l’enquête précitée, près d’un Français sur deux (47 %) indique épargner pour sa retraite. Ce ratio a baissé depuis le début de la crise sanitaire, les Français privilégiant l’épargne de précaution. En ne retenant que les non-retraités, le taux était de 51 % en 2023 et de 59 % en 2019. Si la proportion des Français qui épargnent régulièrement reste constante de 2019 à 2023 (26 %), celle de ceux qui épargnent quand c’est possible baisse nettement, passant sur cette période de 33 à 25 %. 61 % des personnes à revenus modestes déclarent ne pas épargner en vue de la retraite. Assez logiquement, ce sont les 50/64 ans qui sont les plus nombreux (58 %) à épargner en vue de la retraite. La proximité de cette dernière et le fait que les charges liées à l’éducation des enfants ainsi que celles liées à l’acquisition de la résidence principale tendent à baisser expliquent leur plus forte propension à épargner pour la retraite. 37 % des retraités disent épargner encore pour améliorer leur retraite. C’est beaucoup moins qu’en 2022 (49 %).

Enquête AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – Cercle de l’Épargne 2023

En période d’inflation, les Français éprouvent plus de difficultés à épargner à long terme. La baisse est particulièrement nette chez les Français à revenus modestes. Ils étaient 61 % à épargner en 2019 ; ils ne sont plus que 39 % en 2023. La baisse est bien moins marquée pour les personnes à revenus élevés (respectivement 75 % et 72 %).

Enquête AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – Cercle de l’Épargne 2023

Plus des deux tiers des cadres supérieurs (69 %) épargnent en vue de la retraite. Ils sont 22 % à le faire régulièrement. Néanmoins, un ouvrier sur deux indique faire de même mais ils ne sont que 10 % à le faire régulièrement. Les femmes épargnent un peu moins que les hommes pour leur retraite malgré leur inquiétude plus forte en ce qui concerne l’évolution de leur pouvoir d’achat. Elles ne sont que 42 % à mettre de l’argent de côté, contre 53 % des hommes. Leurs revenus inférieurs à ceux des hommes sont une raison de cet écart.

Enquête AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – Cercle de l’Épargne 2023

L’effort d’épargne en faveur de la retraite est important chez les 35/64 ans ; plus de 55 % d’entre eux mettent de l’argent de côté pour leur retraite. Ce sont les actifs bien insérés dans la vie professionnelle qui disposent par définition de capacités financières suffisantes pour épargner pour leur retraite. Le ratio monte à 58 % chez les 50/64 ans. Ces derniers ont une vision plus précise de leurs futurs revenus à la retraite et voient progressivement leurs charges de remboursement des emprunts immobiliers et de famille diminuer.

Enquête AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – Cercle de l’Épargne 2023

L’épargne retraite à la 4e place pour les placements « retraite »

Faute de pouvoir accéder à des produits d’épargne retraite, les Français ont opté pour des produits de substitution. Leur appétence pour la pierre a fait de cette dernière le premier des placements retraite, suivi par l’assurance vie. 75 % des retraités sont propriétaires de leur résidence principale, contre 57 % pour l’ensemble de la population. L’augmentation du prix de l’immobilier et les faibles taux d’intérêt ont favorisé l’investissement immobilier locatif, qui, néanmoins, ne concerne qu’une petite partie de la population française, 18 % des ménages. Avec les Britanniques et les Belges, les Français sont ceux qui recourent le plus à ce type d’investissement. L’assurance vie est, de son côté, possédée par plus de 42 % des ménages. Ce ratio dépasse 50 % pour les ménages atteignant l’âge de la retraite. L’épargne réglementée est souvent citée comme un placement en vue de la retraite, en particulier par les ménages les plus modestes. Le Livret A, le LDDS ou le LEP sont souvent les seuls produits possédés par ces derniers.

Enquête AG2R LA MONDIALE – AMPHITEA – Cercle de l’Épargne 2023

L’épargne retraite, une lente montée en puissance

La place de la retraite supplémentaire dans l’ensemble des régimes de retraite (légalement obligatoires ou non) reste, en France, faible. La part des cotisations versées à ce titre par rapport à l’ensemble des cotisations acquittées a atteint 5,1 % en 2022, tandis que les prestations servies s’élèvent à 2,3 % de l’ensemble des prestations de retraite versées. En moyenne, au sein de l’OCDE, ce ratio est de 15 %.

Cercle de l’Épargne – Données DREES

23 % des actifs de 15 à 64 ans ont, en 2022, un produit d’épargne retraite. 10 % ont un produit individuel, 5,6 % ont un produit d’épargne retraite en lien avec l’épargne salariale et 7,7 % un produit collectif obligatoire (PERO ou article 83). La proportion de personnes couvertes progresse lentement. Elle était de 20,5 % en 2009.

Cercle de l’Épargne – Données DREES

Les cotisations retraite se sont élevées à 18,5 milliards d’euros en 2022, contre 19,8 milliards d’euros en 2021. Les cotisations collectives ont représenté 43 % de l’ensemble des cotisations en 2022, contre 57 % en 2005. L’essor des produits individuels à compter de 2003 puis avec la création du PER en 2019 a accru la part des cotisations individuelles.

Cercle de l’Épargne – Données DREES

En 2022, le montant des prestations versées s’est élevé à 8,3 milliards d’euros, contre 7,6 milliards d’euros en 2021 et 4,2 milliards d’euros en 2005. Les prestations émanant des contrats collectifs représentaient, en 2022, 57 % de l’ensemble contre 80 % en 2005. La montée en puissance des contrats individuels depuis dix ans se traduit désormais sur la nature des prestations.

Cercle de l’Épargne – Données DREES

L’encours de l’épargne retraite était en France, en 2022, de 260 milliards d’euros, en légère baisse par rapport à 2021 du fait du recul de la valeur des actions. Les contrats collectifs représentaient, en 2022, 53 % de l’encours total, contre 64 % en 2005.

Cercle de l’Épargne – Données DREES

La France et l’Allemagne et l’Italie sont les trois pays où le poids des fonds de pension est le plus faible au sein de l’OCDE. Ce sont trois pays qui se caractérisent par des dépenses publiques en faveur de la retraite élevées.

La répartition a durant des années pourvu au niveau de vie des retraités de manière correcte rendant moins nécessaire qu’ailleurs le développement de l’épargne retraite.

Le vieillissement démographique et le ralentissement de la croissance changent la donne et ont conduit ces trois pays à prendre des mesures visant à faciliter les suppléments de retraite par capitalisation.

Poids des fonds de pension en % du PIB

Cercle de l’Épargne – données Conseil d’orientation des retraites

Répartition dépenses publiques et privées de retraite en % du PIB

Cercle de l’Épargne – données Conseil d’orientation des retraites

Principales caractéristiques des détenteurs des produits d’épargne retraite

Depuis la création du PER, un rajeunissement des détenteurs de produits d’épargne retraite est constaté. Près d’un cinquième des souscripteurs avaient moins de 30 ans en 2022 soit environ leur poids dans la population active. Mais au niveau de l’ensemble des adhérents, les jeunes actifs demeurent sous-représentés. Fort logiquement, les 50/59 ans sont surreprésentés. Ayant des capacités financières plus importantes et se rapprochant de l’âge de la retraite, ils sont les plus susceptibles d’avoir souscrit un produit d’épargne retraite.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Les PER individuels sont essentiellement souscrits par les 40/59 ans, près des deux tiers quand cette catégorie d’âge représente 50 % de la population active. Les PER d’entreprise sont moins marqués par des considérations d’âge même si les 40/59 sont toujours surreprésentés.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Les anciens produits d’épargne retraite étaient majoritairement souscrits par les hommes. Avec le PER, un certain rééquilibrage est constaté. Ce dernier tient, par ailleurs, à une plus grande égalité au sein du monde du travail. Les adhérents du PER entreprise obligatoire étaient, en 2022, à 52 % des hommes. Pour le PER individuel, ce ratio est de 51 %. Pour la Retraite Mutualiste Combattant, ce taux est de 89 % du fait que la quasi-totalité des anciens soldats sont des hommes. Pour l’ensemble des produits d’épargne retraite, la proportion des femmes parmi les adhérentes est de 44 %.

Cercle de l’Épargne – données DREES

62 % des adhérents d’un produit d’épargne retraite supplémentaire ont effectué, en 2022, des versements pour moins de 1 500 euros. Pour la moitié d’entre eux, les versements étaient inférieurs de 500 euros. Les versements les plus importants sont réalisés par les détenteurs de contrats Madelin (indépendants) et par les agriculteurs. Le montant de leurs pensions obligatoires étant, par nature faible, les travailleurs indépendants sont conduits à se constituer des compléments par capitalisation plus importants que le reste de la population.

Cercle de l’Épargne – données DREES

2,4 millions de personnes bénéficient d’une rente issue d’un produit d’épargne retraite sur un total de 17 millions de retraités, soit 14 %. En 2009, le nombre de bénéficiaires était de 1,9 million. Avec la possibilité de sortie en capital ouverte par le PER, le nombre de rentiers ne devrait pas progresser dans les prochaines années. Il est à noter que depuis 2010 le nombre de rentiers des produits individuels dépasse celui des rentiers des produits collectifs.

Cercle de l’Épargne – données DREES

En 2022, 27 % des bénéficiaires d’une rente issue d’un produit retraite touchent moins de 500 euros par an, quand seulement 9 % touchent plus de 5 000 euros.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Le montant moyen de la rente versée dans le cadre d’un produit d’épargne retraite varie fortement d’un produit à un autre. Le montant annuel est de 2 314 euros. Le montant le plus élevé est celui des rentes versées dans le cadre des articles 39. Les produits collectifs offrent de meilleures rentes que les produits individuels en raison du fréquent abondement de l’employeur.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Sortie en capital des produits d’épargne retraite

En 2022, 450 000 personnes ont bénéficié d’une sortie en capital au titre de leur produit d’épargne retraite. Ces sorties peuvent être intervenues lors de la liquidation de la retraite, à la suite d’un accident de la vie, de l’acquisition de la résidence principale, à l’occasion de la transformation d’une petite rente en capital ou encore dans le cadre du versement d’une fraction du capital (20 % pour le PERP ou fraction dans le cadre du PER).

Cercle de l’Épargne – données DREES

Le montant moyen des sorties en capital est de 3 120 euros. Il se monte à plus de 36 000 euros pour les produits destinés aux élus locaux et à plus de 13 000 euros pour les PER. Les titulaires de PERP peuvent bénéficier, sous certaines conditions, de la sortie en capital (20 % au maximum, rente inférieure à 110 euros, accidents de la vie, acquisition de la résidence principale).

Cercle de l’Épargne – données DREES

La montée en puissance du Plan d’Épargne Retraite

En 2021, 32 % des Français ont entendu parler du PER dont le début de commercialisation date du 1er octobre 2019. 51 % des Français gagnant plus de 4 000 euros par mois connaissaient ce nouveau produit. 36 % des Français qui en avaient entendu parler en avaient déjà souscrit un (10 %) ou étaient prêts à le faire (26 %). (données enquête 2021 AG2R LA MONDIALE – AMPHITÉA – Cercle de l’Épargne).

En 2022, les versements sur les PER ont représenté 70 % des cotisations d’épargne retraite, contre 55 % en 2021. Les versements associés au PER individuel représentaient plus des quatre cinquièmes des cotisations sur les dispositifs individuels (81 %). Ceux associés au PER d’entreprise collectif représentaient plus des quatre cinquièmes des cotisations sur les dispositifs collectifs à cotisations définies (82 %) et ceux associés au PER obligatoire, plus des deux cinquièmes des cotisations sur les dispositifs collectifs à cotisations définies obligatoires (42 %). Le PER a bénéficié de nombreux transferts en provenance des anciens produits (PERP, PERCO, contrats Madelin, etc.).

En 2023, le PER comptait plus de 10 millions de titulaires et son encours dépassait 100 milliards d’euros.

Fin décembre 2023, plus de 5 millions de PER souscrits auprès d’un assureur étaient en cours de constitution avec un encours de 64,5 milliards d’euros. La progression s’est, fort logiquement, ralentie avec la fin des transferts qui avaient animé le marché entre 2019 et 2022.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Plus de 640 000 nouveaux PER individuels ont été ouverts en 2023 par les assureurs, soit 50 000 de plus qu’en 2022.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

L’épargne retraite, avec un encours de 260 milliards d’euros en 2022, représente, en France, autour de 5 % du patrimoine financier des ménages, ce qui est modeste face à l’assurance vie ou à l’épargne réglementée. Conçue initialement pour améliorer les pensions des catégories sociales dont le taux de remplacement (pensions/revenus d’activité) était le plus faible, l’épargne retraite était de ce fait, avant, destinée aux cadres supérieurs, aux indépendants, aux professions libérales et aux agriculteurs. Le système de déduction fiscale tel qu’il a été imaginé répondait à cet objectif. Le mécanisme retenu reprend le principe des cotisations sociales qui sont, dans la limite d’un certain plafond, déductibles. Compte tenu de l’espérance de vie plus longue des assurés concernés et de leur niveau de revenus, il est apparu plus juste de mettre en place un système d’épargne retraite que d’améliorer, par la répartition, leur taux de remplacement. Par souci d’égalité, il a été admis que les produits d’épargne retraite devaient être diffusés auprès du plus grand nombre. Cette volonté pose le problème de l’absence d’avantage fiscal pour les non-imposables à l’impôt sur le revenu, soit un ménage sur deux en France, et celui de la difficulté pour les PME de proposer des produits collectifs à leurs salariés. La faiblesse des marges de manœuvre financières de l’État rend difficile l’élaboration de solutions.

Vous avez dit RSE ? 3 questions à Philippe Da Costa

AG2R LA MONDIALE, groupe de protection sociale et patrimoniale, spécialiste de la retraite, de la prévoyance et de la santé, est en première ligne en matière de responsabilité sociale et environnementale. Comment s’articule-t-elle ?

AG2R LA MONDIALE, groupe paritaire et mutualiste, s’inscrit dans la longue histoire de l’économie sociale et solidaire. En assurant une entreprise sur quatre et 15 millions de personnes, notre Groupe a une connaissance inestimable des réalités sociales et économiques et de leurs liens avec les enjeux environnementaux.

Le défi environnemental, avec la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de préserver la biodiversité, est naturellement intégré à la démarche RSE du Groupe. Tout groupe de protection sociale, tout assureur se doit d’appréhender les risques et de tenter de les limiter pour l’intérêt de toutes et tous.

Dans un environnement complexe et incertain, il est indispensable de se fixer des caps forts en matière de responsabilité sociale et environnementale. Au sein d’AG2R LA MONDIALE, elle repose sur quatre piliers :

  • Les clients ;
  • Les collaborateurs ;
  • La protection de la planète ;
  • Les territoires et l’inclusion.

La politique d’investissement responsable du Groupe, qui porte sur près de 93 milliards d’euros, en est l’une des voies d’expression ; nombreuses sont ainsi dans ce champ les initiatives qui visent le financement des entreprises françaises, des infrastructures dont elles ont besoin, de la transition énergétique, et plus généralement, du développement durable et inclusif de l’économie de notre pays.

Le groupe AG2R LA MONDIALE entend promouvoir « le bien-être, le bien-travailler et le bien-vieillir ». Comment se traduit cette formule sur le terrain ?

La responsabilité d’AG2R LA MONDIALE concerne l’ensemble de la population et des activités économiques en lien avec les métiers qu’elle exerce : la retraite, la prévoyance, la santé et la dépendance et, désormais, l’hébergement dans des résidences services séniors. AG2R LA MONDIALE apporte des solutions globales pour faire face aux aléas de la vie, tant en matière d’épargne, de handicap, de santé, de retraite, de dépendance, et de prévoyance, contribuant ainsi nativement au bien-être, au bien-travailler et au bien-vieillir.

Le bien-être, c’est évidemment la possibilité pour tout un chacun de bénéficier des meilleures conditions de vie aujourd’hui et demain, dans un environnement dont l’état de conservation le permette. Conscient du lien indissociable entre le bien-être et l’environnement, AG2R LA MONDIALE travaille à la réduction des émissions de gaz à effet de serre de ses activités, de longue date, à commencer par celles produites par la consommation énergétique de l’immobilier. Cette dernière est en diminution de 46 % entre 2015 et 2022. D’ici 2025, cette consommation sera encore réduite de 12 % ; une ambition également au cœur de notre politique d’investissement en immobilier avec l’objectif que 70 % du parc soit certifié à l’horizon 2025 et ainsi aligné avec les normes environnementales les plus strictes ; une ambition portée par la démarche d’investissement responsable du Groupe qui procède notamment d’une politique climat dont le degré d’exigence a encore été récemment rehaussé.

Le bien-travailler constitue une nécessité pour préserver la qualité des services de l’entreprise et pour permettre le meilleur épanouissement possible des collaborateurs. Chaque collaborateur a accès à un minimum de 20 heures de formation par an. L’insertion des jeunes et le maintien des seniors en activité constituent des priorités pour le groupe. Il est également important que les travailleurs handicapés, qui représentent 9 % des effectifs hors activités de résidences services séniors, puissent exercer, dans les meilleures conditions et sans discrimination, leur métier. Ce bien-travailler concerne également nos clients, grâce aux produits assurantiels et aux services de prévention que nous développons au bénéfice des employeurs et des employés.

Le bien-vieillir est, pour un groupe de protection sociale dont la retraite est au cœur de ses métiers, un objectif majeur. Acteur majeur de la complémentaire AGIRC-ARRCO, de l’épargne retraite ainsi que des maisons de retraite senior, AG2R LA MONDIALE accompagne et conseille ses assurés afin de faciliter leur vie. Dans cette optique, un portail dédié aux aidants réunissant plus de 32 000 membres (www.aidantslesnotres.fr) a été créé afin de promouvoir la solidarité intergénérationnelle.

AG2R LA MONDIALE, en tant que groupe de protection sociale, consacre une partie de ses ressources à l’action sociale. Que recouvre le concept d’action sociale ?

L’action sociale est une spécificité des institutions paritaires, constituée par les fonds sociaux de l’institution de retraite complémentaire et de l’institution de prévoyance. AG2R LA MONDIALE, grâce à ces fonds, soutient ses assurés particuliers et entreprises ainsi que de nombreux acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire. En 2022, AG2R LA MONDIALE a ainsi soutenu plus de 1 100 associations.

 L’action sociale permet ainsi, via des aides individuelles et des soutiens financiers à des projets portés le plus souvent par le milieu associatif, de participer au financement de frais de santé, de prestations de maintien à domicile, ou de faciliter l’accès à une structure d’hébergement adaptée à la perte d’autonomie. AG2R LA MONDIALE accompagne également les aidants, en leur apportant écoute, conseil et appui dans leurs démarches ainsi que des moments de répit.

AG2R LA MONDIALE contribue, également, au financement de projets de prévention au sein de nombreuses branches professionnelles, notamment dans le cadre du programme « Branchez-vous santé ». En outre, afin d’accompagner les branches, un pôle paritaire dédié à l’Économie Sociale et Solidaire a été intégré à la gouvernance du Groupe. Il a pour vocation de renforcer le poids économique et l’ancrage dans les territoires de la filière pour soutenir les innovations sociales et répondre aux besoins des populations et aux transformations sociétales en cours.

Outre l’action sociale, AG2R LA MONDIALE dispose d’une Fondation d’entreprise qui accompagne, depuis 20 ans, des projets concrets portés par des organismes basés en France, plus de 250 depuis 2020 et 57 en 2023. Dans le cadre de la feuille de route 2020-2025, elle s’est fixé 4 champs d’actions prioritaires :

  • L’expérimentation de nouvelles méthodes dans les domaines de l’éducation, de la jeunesse et de la santé par un soutien pluriannuel à quelques associations identifiées en début de mandature et accompagnées pendant 3 à 5 ans ;
  • L’identification et le financement de projets locaux entrant dans les champs de l’ESS ; 
  • Le partage avec d’autres les enseignements tirés des expérimentations ;
  • Le soutien à des alliances opérationnelles entre les acteurs d’un même territoire, d’un même secteur d’activité ou partageant un même objectif. 

Epargne, retraite, Bourse : les femmes sont-elles vraiment différentes ?

A quelques jours de la journée internationale consacrée aux droits de la femme, les Echos citent les travaux du Cercle de l’Epargne et reprennent notamment les résultats des enquêtes AG2R LA MONDIALE – AMPHITÉA – LE CERCLE DE L’ÉPARGNE qui mettent en évidence les différences en terme de choix de placements et reviennent sur les causes intrinsèques à plus grande aversion à la prise de risques des femmes.

Les femmes, l’épargne et la retraite, une affaire avant tout de revenus

Le rapport des femmes à l’argent et la retraite donne lieu à beaucoup de clichés, de raccourcis, de corrélations hasardeuses et de conclusions rapides. L’analyse des comportements en matière d’épargne dépend davantage du niveau de revenus et de patrimoine que de facteurs genrés. Les femmes sont bien souvent les gestionnaires du budget familial même si, pour les investissements importants, au sein des couples hétérosexuels, ce sont les hommes qui ont, longtemps, joué un rôle déterminant. Cette vision est néanmoins datée. Pour les couples les plus récents, un net rééquilibrage est constaté dans la prise des décisions financières. Selon une récente enquête IFOP publiée en 2023 pour le compte de Vives Média (groupe Bayard presse), trois femmes sur quatre consultent leurs comptes au moins une fois par semaine et 70 % assument, par ailleurs, la gestion des dépenses courantes du ménage.

Au sommaire de cette étude

  • Les écarts de revenus demeurent le principal frein à l’épargne des femmes
  • Un nombre d’hommes épargnant plus important que celui des femmes
  • Les femmes privilégient la sécurité car elles peuvent moins épargner que les hommes
  • Les femmes, plus adeptes au conseil que les hommes
  • La retraite, un sujet anxiogène pour les femmes

L’épargne salariale, la moitié des salariés couverts

La 8e édition de la « Semaine de l’épargne salariale » se tiendra du 25 au 29 mars prochain. Ce rendez-vous initié par l’Autorité des marchés financiers, la Direction générale du Travail, l’Association Française de la Gestion financière et La finance pour tous, regroupera l’ensemble des acteurs de la place. Destiné aux salariés et aux chefs d’entreprise, il vise à faire connaître et promouvoir les dispositifs existants, en particulier auprès des entreprises où la part de salariés couverts demeure marginale. À cette occasion, le Cercle de l’Épargne dresse un bilan de la pratique de l’épargne salariale, de la forme qu’elle prend.

En 2021, plus de la moitié des salariés du secteur privé non agricole avaient accès à au moins un dispositif d’épargne salariale (participation, intéressement, PEE, et PER d’entreprise collectif ou PERCO). Cette proportion est stable après avoir connu une période de hausse de 2018 à 2020. 9,6 millions de salariés sont ainsi concernés par au moins un des quatre dispositifs précités. Le PEE reste le dispositif le plus répandu, 44,4 % des salariés en ont un. Il devance la participation aux résultats de l’entreprise (39,0 %). 35,3 % des salariés peuvent bénéficier de l’intéressement. La diffusion du PER d’entreprise collectif et du PERCO poursuit sa hausse ininterrompue depuis la création du PERCO en 2003. Elle couvre plus du quart des salariés (26,0 %).

Cercle de l’Épargne – données DARES

D’importants écarts dans l’accès à l’épargne salariale selon le secteur d’activité

L’accès aux dispositifs d’épargne salariale dépend toujours des secteurs et de la taille des entreprises. La proportion de salariés couverts est de 25,0 % dans l’hébergement-restauration et de 82,2 % dans les activités financières et d’assurance.

Cercle de l’Épargne – données DARES

La taille de l’entreprise, l’autre facteur d’inégalité dans l’accès à l’épargne salariale

Dans les entreprises de moins de 10 salariés, seuls 18,9 % des salariés sont couverts. Ce taux est également de 18,9 % dans les entreprises de 10 à 49 salariés. S’il a augmenté en 2021 dans les entreprises de moins de 10 salariés, il est en légère baisse dans celles de 10 à 49 salariés. Le taux de couverture est de 46,5 % dans les entreprises de 50 à 99 salariés. Il est en baisse de 3,5 points par rapport à 2020. Le taux de couverture atteint 80,4 % dans les entreprises de plus de 500 salariés. Dans les grandes entreprises au sens de la loi de modernisation de l’économie (LME), 94,0 % des salariés sont couverts.

Cercle de l’Épargne – données DARES

Les Plans d’épargne d’entreprise (PEE) avant tout dans les grandes entreprises

Les plans d’épargne salariale (PEE, Perco et PER d’entreprise collectif) sont principalement mis à disposition des salariés des entreprises de grande taille. 82,8 % des salariés sont couverts par un PEE dans les entreprises de 1 000 salariés et plus contre seulement 10,4 % dans celles de 1 à 9 salariés. 56,6 % des salariés sont couverts par un Perco ou un PER d’entreprise collectif dans les entreprises de 1 000 salariés et plus (contre 7,5 % dans celles de 1 à 9 salariés).

Cercle de l’Épargne – données DARES

La percée des plans d’épargne retraite

La loi Pacte de 2019 a instauré le PER d’entreprise collectif qui se substitue progressivement au Perco. 30,3 % des salariés dans les entreprises de 10 salariés et plus sont couverts en 2021 par un plan d’épargne retraite (Perco et/ou PER d’entreprise collectif), soit une hausse de 0,9 point par rapport à 2020. 18,0 % des salariés ont accès à un Perco mais pas à un PER d’entreprise collectif, 6,7 % à un PER d’entreprise collectif mais pas à un Perco et 5,6 % ont accès aux deux dispositifs en 2021.

Cercle de l’Épargne – données DARES

8,4 millions de bénéficiaires d’une prime au titre de l’épargne salariale

8,4 millions de salariés ont bénéficié de primes de participation et d’intéressement, versées en 2022 au titre de l’exercice 2021 ou d’un abondement de l’entreprise versé sur les PEE et les Perco (+10,9 % par rapport à l’année précédente). 45,9 % des salariés du privé ont ainsi bénéficié d’un revenu en provenance de l’épargne salariale.

Cela a concerné 86,9 % des salariés couverts par au moins un dispositif d’épargne salariale, soit 7,3 points de plus qu’en 2020.

Dans les entreprises de moins de 10 salariés, la part des bénéficiaires d’une prime d’épargne salariale parmi les salariés couverts poursuit sa forte progression et passe de 66,4 % en 2020 à 75,7 % en 2021. Cependant, compte tenu du faible taux de couverture dans ces petites entreprises, les salariés bénéficiaires ne représentent que 14,3 % des salariés de ces petites entreprises.

Dans les entreprises de plus de 10 salariés, le nombre de bénéficiaires de la participation repart à la hausse en 2021 (+13,3 % après -8,1 % en 2020), pour s’établir à 5,6 millions.

En 2021, 5,3 millions de salariés perçoivent une prime d’intéressement dans les entreprises de 10 salariés et plus. Le nombre de bénéficiaires se redresse par rapport à 2020 (+20,3 % après -13,8 %). En 2021, 2,2 millions de salariés bénéficient de l’abondement des entreprises sur un PEE et 1,1 million sur les Perco et PER d’entreprise collectifs.

Le montant total de primes versées a été évalué à 24 milliards d’euros bruts (y compris CSG et CRDS). Le rebond enregistré en 2021 fait plus que compenser le repli observé en 2020 provoqué par la crise sanitaire. En 2021, les versements pour la participation, l’intéressement et l’abondement aux PEE et PER d’entreprise collectif/Perco représentent 7,4 % de la masse salariale des bénéficiaires et 4,5 % de la masse salariale totale.

Les sommes versées pour la participation rebondissent très fortement en 2021 pour atteindre 9,7 milliards d’euros (+40,4 % après -13,7 % en 2020). Ces primes de participation représentent 4,6 % de la masse salariale des bénéficiaires en 2021, en hausse par rapport à une part qui était stable autour de 3,7 % depuis 2015.

Les sommes distribuées dans le cadre de l’intéressement ont atteint 10,5 milliards d’euros, en hausse de 27,6 % après une baisse de 16,4 % en 2020. Ces primes d’intéressement représentent 4,9 % de la masse salariale des bénéficiaires en 2021, en hausse de 0,3 point par rapport à 2020.

En 2021, les entreprises ont versé 1,8 milliard d’euros bruts d’abondement sur les PEE et 600 millions d’euros bruts sur les Perco/PER d’entreprise collectif, en complément des versements du salarié sur ces plans. Ces sommes représentent des parts stables à 1,8 % et 1,2 % de la masse salariale.

La part des versements volontaires du salarié sur un PEE (16,6 %) augmente, en 2021, de 2,8 points. Les versements effectués sur un Perco/PER d’entreprise collectif par les entreprises de 10 salariés et plus et leur 1,4 million de salariés épargnants représentent 2,4 milliards d’euros (-1,1 % par rapport à 2020).

La pierre papier, retour aux fondamentaux

Durant les années 2010, la pierre papier a eu le vent en poupe, favorisée par des taux historiquement bas. Avec la hausse de ces derniers et la baisse des prix de l’immobilier, la collecte a baissé en 2023 tout en restant élevée. Les rendements en 2023 des SCPI restent, en revanche, en phase avec ceux des années précédentes. Certains fonds immobiliers ont néanmoins dû faire face à des rachats importants de parts et ont pu être contraints de limiter ces derniers. Ces problèmes de liquidités rappellent que l’immobilier est soumis à des cycles et qu’il n’est pas, contrairement à certaines idées reçues, un placement sans risque. Dans le passé, et en particulier dans les années 1990, la chute des prix avait été bien plus importante.

Des décollectes nettes pour les SCI et les OPCI

Dans un contexte de crise immobilière et de ralentissement de l’activité, après plusieurs années de fortes collectes, des investisseurs ont préféré procéder à des rachats de leurs parts de fonds immobiliers. Ces rachats ont provoqué une chute de la valeur des parts et ont, dans certains cas, posé des problèmes de liquidités pouvant les amener à geler des opérations.

En 2023, les sociétés civiles supports d’unités de compte immobilières ont ainsi enregistré une décollecte nette de 543 millions d’euros. L’actif net des sociétés civiles en unités de compte immobilières s’établit à 23,5 milliards d’euros au 31 décembre 2023. 

Pour les OPCI grand public, distribuées essentiellement en unités de compte d’assurance vie, la décollecte nette a atteint 3 milliards d’euros. L’actif net des OPCI grand public s’établit à 15,3 milliards d’euros au 31 décembre 2023, reflétant une valorisation globale comparable à celle de 2018.

Cercle de l’Épargne – données AFPIM

Les SCPI plient mais ne rompent pas

Sur l’ensemble de l’année 2023, les Sociétés de Civiles de Placement Immobilier (SCPI) sont restées en collecte nette positive à hauteur de 5,7 milliards d’euros (7,7 milliards d’euros de collecte brute et 2 milliards d’euros de rachats). Après une année record en 2022, la collecte nette de 2023 est comparable à celle de 2020 ou à celle de 2016 (pour prendre une année non touchée par les effets de la pandémie). Au 31 décembre 2023, la capitalisation des SCPI s’établit à 90,1 milliards d’euros.

La collecte brute des Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI) s’est élevée à 7,7 milliards d’euros, contre 10,20 milliards d’euros en 2022. Elle est revenue à son niveau de 2021 (7,37 milliards d’euros). En 2023, plus de la moitié de la collecte a été effectuée par les SCPI diversifiées, celles spécialisées en bureaux reculant fortement.

Cercle de l’Épargne – données AFPIM

Des performances globales en baisse pour la pierre papier

Le taux de distribution moyen servi par les SCPI, toutes catégories confondues, s’établit à +4,52 % en 2023, un taux stable par rapport à l’année 2022 (4,53 %). Les SCPI par catégorie offrant le meilleur rendement sont celles spécialisées dans la logistique (5,9 %) qui devancent celles spécialisées dans les hôtels et le tourisme (5,1 %).

Cercle de l’Épargne – données AFPIM

Compte tenu de la baisse de la valeur des parts, en 2023, la performance globale des sociétés civiles en unités de compte immobilières a été de -6,8 % et celles des OPCI grand public de -7,6 %. Concernant les SCPI, le prix de part moyen pondéré de la capitalisation a diminué de 4,9 % entre le 1er janvier et le 31 décembre 2023. Cette baisse moyenne intègre l’essentiel des ajustements des prix de l’immobilier constatés en 2023.

Cercle de l’Épargne – données AFPIM

Les Français toujours en mode fourmis

Les Français ont maintenu un important effort d’épargne en 2023 malgré – ou à cause – de l’inflation. Si cette dernière érode le pouvoir d’achat des ménages, elle les amène à épargner à la fois par crainte de l’avenir, par effet d’encaisse réelle. Les Français et plus globalement les Européens se distinguent des Américains qui ont, en 2023, diminué leur effort d’épargne au profit de la consommation. Le taux d’épargne des ménages était, fin 2023, inférieur à son niveau d’avant crise sanitaire.

Le taux d’épargne des ménages, en France, en 2023, selon l’INSEE, s’est élevé à 17,6 % du revenu disponible brut, contre 17,5 % en 2022. Le taux d’épargne financière s’est établi, en 2023, à 7 % contre 6,2 % en 2022. Le taux d’épargne reste supérieur de plus de deux points à son niveau d’avant crise sanitaire.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

En fin d’année, les ménages ont accru un peu plus leur effort d’épargne. Le taux d’épargne est, en effet, passé de 17,3 à 17,9 % du revenu disponible brut. Le taux d’épargne financière s’est ainsi élevé à 7,5 %.

La baisse de l’inflation ne conduit pas, pour le moment, les ménages à réduire leur effort d’épargne, la prudence restant de mise. Ils ont ainsi décidé de mettre de côté une grande partie des gains de pouvoir d’achat du dernier trimestre (+0,7 %). Sur l’ensemble de l’année, le pouvoir d’achat s’est accru de 0,8 %, or le ressenti est tout autre en raison de la persistance de la hausse des prix sur certains biens et prestations (énergie en particulier).

Tant que les ménages n’intégreront pas le processus de désinflation, le taux d’épargne pourrait rester élevé. Logiquement, d’ici la fin du premier semestre, un ajustement devrait intervenir avec à la clef une reprise de la consommation, ce qui pourrait favoriser le retour de la croissance pour le second semestre.

Les femmes, l’épargne et la retraite, une affaire avant tout de revenus

Analyse de Sarah Le Gouez, Secrétaire générale du Cercle de l’Épargne

Le rapport des femmes à l’argent et la retraite donne lieu à beaucoup de clichés, de raccourcis, de corrélations hasardeuses et de conclusions rapides. L’analyse des comportements en matière d’épargne dépend davantage du niveau de revenus et de patrimoine que de facteurs genrés. Les femmes sont bien souvent les gestionnaires du budget familial même si, pour les investissements importants, au sein des couples hétérosexuels, ce sont les hommes qui ont, longtemps, joué un rôle déterminant. Cette vision est néanmoins datée. Pour les couples les plus récents, un net rééquilibrage est constaté dans la prise des décisions financières. Selon une récente enquête IFOP publiée en 2023 pour le compte de Vives Média (groupe Bayard presse), trois femmes sur quatre consultent leurs comptes au moins une fois par semaine et 70 % assument, par ailleurs, la gestion des dépenses courantes du ménage.

Le comportement des femmes en matière d’épargne et de patrimoine est dicté par le niveau des revenus et de patrimoine. Si au niveau des salaires, des progrès sont réalisés pour réduire les écarts, au niveau du patrimoine, selon l’INSEE, l’écart reste important entre les sexes. Cet écart est même en augmentation. Il est passé de 9 % en 2009, à 15 % en 2015. Le patrimoine est une photographie des revenus du passé ce qui pénalise les femmes qui sont, par ailleurs, généralement désavantagées lors dans le cadre des transmissions.

Selon l’INSEE, dans le secteur privé, le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 24 % à celui des hommes. Cet écart s’explique pour partie par le choix, pour les premières, de filières professionnelles moins lucratives telles que le domaine médico-social, la santé, ou les cursus en lettres et sciences humaines, et par le fait que les femmes assument davantage le poids de la conciliation vie familiale/vie professionnelle que les hommes (interruption de carrières, recours accru au temps partiel, etc.). Au-delà de ces divergences de parcours, plus ou moins choisies, les femmes continuent à être victimes de discriminations professionnelles. À temps de travail et métiers équivalents, les femmes salariées du secteur privé touchent, en moyenne, en 2022, toujours selon l’INSEE, 4,0 % de moins que les hommes.

INSEE

Ces écarts, s’ils tendent à se réduire, ne sont pas sans conséquence sur la capacité des femmes à épargner. Elles sont moins nombreuses que les hommes à appartenir aux catégories sociales qui ont les capacités financières d’épargner (cadres, indépendants, professions libérales). Les travaux de l’INSEE soulignent par ailleurs que les inégalités salariales augmentent avec le niveau de rémunération. Les femmes qui représentent moins de 23 % des salariés du 99e centile (c’est-à-dire les 1 % des salariés les mieux rémunérés du privé) perçoivent un salaire inférieur de 27,7 % à celui des hommes du même centile de revenus.

INSEE

Selon l’enquête 2022 AG2R LA MONDIALE – AMPHITÉA – Cercle de l’Épargne, les épargnants sont plus nombreux chez les hommes que chez les femmes (respectivement 74 % pour les premiers contre 66 % pour les secondes). De plus, les femmes qui épargnent indiquent le faire sur une part plus faible de leurs revenus que les hommes. 38 % des femmes déclarent épargner moins de 5 % de leurs revenus annuels (contre 33 % des hommes). 17 % des sondées déclarent placer entre 5 et 10 % de leurs revenus (contre 25 % des hommes). Enfin, 28 % déclarent mettre de côté plus de 10 % de leurs revenus quand ce ratio est de 41 % pour les hommes.

Enquête 2022 AG2R LA MONDIALE – AMPHITÉA – CERCLE DE L’ÉPARGNE – CECOP – IFOP

Du fait de plus faibles revenus et de leur forte exposition aux aléas de la vie familiale, en particulier pour celles qui appartiennent à une famille monoparentale, les femmes sont plus inquiètes que les hommes concernant leur situation financière. En 2022, selon une enquête de l’Autorité des marchés Financiers (AMF), 47 % d’entre elles exprimaient leur inquiétude quant à l’évolution de leur situation financière personnelle contre 38 % des hommes. Les femmes privilégient de ce fait la sécurité en matière de placement.

Le baromètre 2022 de l’épargne et de l’investissement publié par l’AMF relève ainsi que près d’une femme sur deux (48 % exactement) déclarait en 2022 refuser toute prise de risque en matière de placements quand cette décision était partagée par 36 % des hommes., 79 % des femmes jugeaient par exemple le placement actions trop risqué (contre 70 % des hommes). L’enquête AG2R LA MONDIALE – AMPHITÉA – Cercle de l’Épargne menée en 2023 confirme le résultat de l’AMF. 34 % des femmes ont indiqué en 2023, qu’elles trouvaient intéressant d’investir dans le placement « actions » contre 50 % des hommes.

Enquêtes AG2R LA MONDIALE – AMPHITÉA – CERCLE DE L’ÉPARGNE – CECOP – IFOP

Le récent rapport de l’OCDE[1] consacré aux nouveaux investisseurs particuliers  indique que seulement 36 % des nouveaux investisseurs étaient des femmes (alors qu’elles représentent 52 % de la population). Si leur part tend à s’accroître parmi les nouveaux investisseurs, la hausse reste faible (+4 points par rapport à la période pré-covid).

Note: Les ratios relatifs aux investisseurs traditionnels et aux nouveaux investisseurs sont tirés de l’étude menée par Audirep en 2023 quand les chiffres de la population totale sont issus de la base statistique de l’INSEE
Source: OCDE – Étude quantitative 2023 Audirep.

Davantage contraintes en matière financière, les femmes ont une vision plus court termiste que les hommes. En moyenne, selon l’enquête de l’AMF les femmes sont prêtes à placer leur argent sur une période plus courte que les hommes ; respectivement de 3,5 ans pour les premières contre 4,9 pour les seconds. Seulement 5 % des femmes seraient disposées à investir dans un placement plus de 10 ans (contre 10 % des hommes).

En matière de placements jugés intéressants, à l’exception des actions et de l’assurance vie, les femmes ne diffèrent guère des hommes. L’assurance vie, placement patrimonial par excellence est un peu plus l’apanage des hommes. Son caractère long terme explique certainement qu’il soit moins apprécié par les femmes.

Enquête 2023 AG2R LA MONDIALE – AMPHITÉA – CERCLE DE L’ÉPARGNE – CECOP – IFOP

Pour leurs placements, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à juger nécessaire de s’appuyer sur un professionnel (banquier ou assureur) avant de choisir un produit. 54 % des sondées sont dans ce cas contre 45 % des hommes, ces derniers estimant, majoritairement, être en mesure de faire leurs choix seuls. L’homme n’aime guère indiquer de manière spontanée qu’il a besoin d’un conseil, ce qui pose moins de problèmes aux femmes.

Enquête 2022 AG2R LA MONDIALE – AMPHITÉA – CERCLE DE L’ÉPARGNE – CECOP – IFOP

Les femmes tendent, en moyenne, à sous-estimer leur niveau de connaissance et de compréhension des produits d’épargne et des placements financiers. L’enquête précitée de l’AMF mettait ainsi en évidence que seules 27 % des femmes avaient le sentiment de s’y connaitre quand c’était le cas de 42 % des hommes. Cet écart de perception a été confirmé par une enquête destinée à mesurer la culture financière du grand public. Menée en juin 2023 par la Banque de France à partir d’un questionnaire bâti par l’OCDE, cette étude révèle que seulement 16 % des femmes estiment avoir une connaissance élevée sur les questions financières quand 23 % des hommes partagent cette opinion.

Le niveau de connaissance réel en matière financière des femmes est proche de celui des hommes. Seuls 14 % des hommes interrogés dans le cadre de l’enquête menée par la Banque de France ont été en mesure de répondre correctement aux questions qui leur ont été posées contre 10 % des femmes. Le niveau de connaissance est davantage lié au niveau de formation et à la catégorie socioprofessionnelle des sondés. Sans surprise, les sondés aisés affichent les meilleurs résultats au test précité. L’écart s’estompe chez les sondés de moins de 35 ans, cadres, professions libérales ou indépendants (avec respectivement 13 % et 11 % de réponses correctes). Au sein d’un public constitué exclusivement d’investisseurs, l’avantage aux hommes est plus notable : 21 % des hommes détenteurs de produits d’investissement contre 14 % des détentrices ont réussi le test de connaissances.

Le pessimisme des femmes à l’égard de leur situation financière personnelle est encore plus marqué quand elles envisagent leur niveau de vie à la retraite. Moins de trois femmes sur dix (27 % exactement) estiment que le niveau de leurs pensions de retraite est (ou sera) suffisant pour vivre correctement. Les hommes semblent moins inquiets puisque 43 % jugent que leur pension est/sera suffisante. Cette différence d’appréciation est liée aux écarts de pension entre les hommes et les femmes.

Enquête 2023 AG2R LA MONDIALE – AMPHITÉA – CERCLE DE L’ÉPARGNE – CECOP – IFOP

La pension moyenne des femmes à la retraite demeure, en 2021, inférieure de 39,6 % à celle des hommes. Si l’écart se réduit après prise en compte de la réversion (27,9 %), le rapport 2023 du Conseil d’orientation des retraites mettait en évidence une surreprésentation des femmes parmi les retraités les plus pauvres. 10 % des retraitées (toutes situations conjugales confondues) sont en situation de pauvreté contre 7,5 % des hommes retraités. Ce taux avoisine les 16 % pour les retraitées seules (contre 13 % pour les hommes seuls à la retraite).

Si la crainte de ne pas disposer d’un pouvoir d’achat suffisant à la retraite se confirme enquête après enquête, les femmes, faute de moyens suffisants, concentrent leur effort d’épargne sur la gestion du quotidien et sont moins enclines ou en possibilité d’épargner en vue de leur retraite. En 2023, 42 % des femmes déclarent le faire contre 53 % des hommes. Parmi celles qui épargnent plus de la moitié indiquent le faire de manière ponctuelle, « quand c’est possible ».

Enquête 2023 AG2R LA MONDIALE – AMPHITÉA – CERCLE DE L’ÉPARGNE – CECOP – IFOP

Si les Français, sans distinction de genre, font de l’acquisition de la résidence principale une priorité pour maintenir leur niveau de vie à la retraite, les femmes sont plus nombreuses à indiquer n’avoir envisagé ou mis en place aucune des solutions proposées dans l’enquête AG2R LA MONDIALE-AMPHITÉA-Cercle de l’Épargne (28 % contre 22 % des hommes) pour y parvenir. Conscientes qu’elles bénéficieront, en moyenne, de pensions plus faibles que les hommes, elles partent un peu plus tard à la retraite que ces derniers. Elles sont également plus nombreuses à évoquer le recours au cumul emploi-retraite (17 %, soit 6 points de pourcentage de plus que les hommes).

Le recours à l’épargne financière (quel que soit le placement considéré) ou à l’immobilier locatif n’arrive qu’après chez les femmes et dans des proportions plus faibles que les hommes.

Enquête 2023 AG2R LA MONDIALE – AMPHITÉA – CERCLE DE L’ÉPARGNE – CECOP – IFOP

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L’épargne est un miroir accentuant les inégalités de revenus que subissent les femmes. Trop longtemps, les produits d’épargne ont été créés par des hommes pour les hommes. Depuis quelques années, les établissements financiers grâce à une féminisation de leurs cadres, ont des approches moins masculines. Les besoins et les attentes des femmes en matière d’épargne sont, en effet, en partie différents. Elles peuvent avoir la charge seule d’une famille et ont une espérance de vie plus longue. Elles peuvent être amenées à gérer seule leur dépendance. Leur vie professionnelle est souvent moins linéaire que celle des hommes. En matière de transmission de patrimoine, elles ont été longtemps victimes des préjugés, les entreprises, les actifs nobles étant transmis en priorité aux hommes de la fratrie.

Si évidemment et fort heureusement, ce type de comportement tend à s’estomper, il explique en partie les écarts de patrimoine entre les deux sexes. Des progrès restent à réaliser pour obtenir une répartition plus équilibrée du patrimoine, progrès qui passent par une plus grande égalité salariale et une évolution des comportements.


[1] L’OCDE s’appuie sur une étude quantitative menée en ligne par l’Institut Audirep auprès d’un échantillon représentatif de la population française métropolitaine composé de 8 456 personnes âgées de 18 ans et plus. Les « nouveaux investisseurs particuliers » y sont définis comme les investisseurs qui ont commencé à investir en 2020, quand par opposition les investisseurs traditionnels rassemblent ceux qui ont commencé à investir avant 2020. Le champ de l’étude est par ailleurs limité  aux placements réalisés dans des actions et des fonds, en financement participatif et dans les cryptoactifs (excluant par voie de conséquence les personnes ayant investi exclusivement dans l’assurance-vie, les fonds immobiliers, les NFT et les plans d’épargne retraite et entreprise).

Épargne : pour la première fois depuis trois ans, le Livret A redevient rentable

Philippe Crevel était invité à réagir au résultat de l’inflation en février au micro d’Europe 1 et à son incidence sur le rendement du Livret A.

Guerre en Ukraine : quels risques pour votre épargne ?

Dans les colonnes des Echos, Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Epargne évoque le risque d’une remontée brutale des taux d’intérêts. Il rappelle que « les fonds euros de l’assurance-vie sont des tankers. Il y a une forte inertie. Ils mettent du temps à baisser et il en sera de même pour leur remontée. » Il précise par ailleurs que « la BCE veillera à ce que la montée des taux soit la plus progressive possible pour éviter des effets de ciseaux sur la valeur des obligations ».

Le livret A redevient rentable, une première depuis plus de trois ans

Cité dans le Figaro, le Directeur du Cercle de l’Epargne explique comment doit être calculé le rendement réel du Livret A (après prise en compte de l’inflation). Il précise ainsi que «si l’inflation en glissement annuel qui est désormais inférieure au taux du livret A. L’inflation annuelle, elle, est encore supérieure à 3%». Avec un retour de l’inflation à 2,5 % sur un an à partir du printemps (projections INSEE), Philippe Crevel calcule « pour un livret A garni de 6500 euros, soit l’encours moyen selon la Banque de France, le gain réel espéré en 2024, après prise en compte de l’inflation, serait de 32,50 euros.» Face au caractère limité des gains espérés, il rappelle qu’«avec le livret A, les gains n’ont jamais été extrêmement importants»

Assurance vie en janvier : bon pied, bon œil

Assurance vie | Résultats janvier 2024

Bon pied, bon œil

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Le retour du boss

Après plusieurs mois difficiles, l’assurance vie, le premier des placements des ménages, démarre l’année 2024 sur de bons auspices en renouant avec une collecte nette positive.

Le mois de janvier réussit à l’assurance vie. Aucune décollecte n’a été enregistrée ces dix dernières années. Le montant moyen de la collecte nette entre 2014 et 2023 s’élève à 1,6 milliard d’euros. 2024 ne déroge pas à la règle avec une collecte nette de 2,4 milliards d’euros. Comme les mois précédents, cette collecte nette est portée par les unités de compte (+4,7 milliards d’euros) quand les fonds euros demeurent en décollecte nette (-2,3 milliards d’euros). Sur un an, la décollecte des fonds euros atteint 27 milliards d’euros quand la collecte nette des unités de compte s’élève à 31 milliards d’euros.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Le résultat du mois de janvier fait suite à la décollecte de décembre (-939 millions d’euros). La collecte du mois de janvier 2024 est supérieure à celle de l’année dernière (1,149 milliard d’euro).

Un fort taux d’épargne et la bonne tenue des marchés, les deux moteurs de l’assurance vie

La bonne tenue des marchés « actions » en janvier et les annonces de rendement des fonds euros pour 2023 ainsi que la multiplication des taux bonifiés pour 2024 ont incité les ménages à revenir vers l’assurance vie. En janvier, les ménages réalisent traditionnellement des arbitrages financiers en affectant une partie de leurs liquidités sur des placements à long terme. L’assurance vie bénéficie par ailleurs du maintien d’un fort taux d’épargne. Celui-ci s’est élevé à 17,6 % du revenu disponible brut en 2023 et même à 17,9 % sur le seul dernier trimestre 2023.

En janvier 2024, les encours des contrats d’assurance vie poursuivent leur marche en avant et se rapprochent des 2000 milliards d’euros (1 933 milliards d’euros). Sur un an, ils ont augmenté de +2,5 %.

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs

Une collecte brute portée par les unités de compte

Les cotisations brutes au mois de janvier se sont élevées à 15,9 milliards d’euros, en augmentation de +12 % sur un an. Avec la bonne tenue de la bourse, les épargnants ont souscrit en masse des unités de compte (UC), La collecte de ces dernières est en hausse de 28 %. Elle représente 44 % de l’ensemble de la collecte brute (39 % en janvier 2023).

Cercle de l’Epargne – données France Assureurs

Des prestations toujours élevées

Au mois de janvier, les prestations se sont élevées à 13,5 milliards d’euros contre 13,29 milliards d’euros au mois de décembre 2023. En janvier de l’année dernière, elles avaient atteint 13,11 milliards d’euros. Le maintien à un haut niveau des prestations s’explique par les besoins d’apports personnels plus importants que dans le passé pour l’acquisition d’un logement. Par ailleurs, l’augmentation du nombre de décès conduit automatiquement à celui des liquidations de contrats dans le cadre des succession.

2024, l’année de l’assurance vie ?

La hausse des rendements des fonds euros ne s’est pas encore traduite par la fin de leur décollecte. Néanmoins, l’écart avec le taux du Livret A ou des contrats à terme tend à se réduire d’autant plus que les assureurs proposent des taux bonifiés pouvant atteindre 4 %, voire plus. La bonne tenue du marché « actions » concourt également à la hausse de la collecte comme le prouvent les fortes souscriptions des unités de compte.

Avec la baisse annoncée des taux directeurs par les banques centrales, la hiérarchie des taux devrait être mieux respectée dans les prochains mois ce qui devrait être favorable à l’assurance vie.

Les Français toujours en mode fourmis

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Les Français ont maintenu un important effort d’épargne en 2023 malgré – ou à cause – de l’inflation. Si cette dernière érode le pouvoir d’achat des ménages, elle les amène à épargner à la fois par crainte de l’avenir, par effet d’encaisse réelle. Les Français et plus globalement les Européens se distinguent des Américains qui ont, en 2023, diminué leur effort d’épargne au profit de la consommation. Le taux d’épargne des ménages était,  fin 2023, inférieur à son niveau d’avant crise sanitaire.

Le taux d’épargne des ménages, en France, en 2023, selon l’INSEE, s’est élevé à 17,6 % du revenu disponible brut, contre 17,5 % en 2022. Le taux d’épargne financière s’est établi, en 2023, à 7 % contre 6,2 % en 2022. Le taux d’épargne reste supérieur de plus de deux points à son niveau d’avant crise sanitaire.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

En fin d’année, les ménages ont accru un peu plus leur effort d’épargne. Le taux d’épargne est, en effet, passé de 17,3 à 17,9 % du revenu disponible brut. Le taux d’épargne financière s’est ainsi élevé à 7,5 %.

La baisse de l’inflation ne conduit pas, pour le moment, les ménages à réduire leur effort d’épargne, la prudence restant de mise. Ils ont ainsi décidé de mettre de côté une grande partie des gains de pouvoir d’achat du dernier trimestre (+0,7 %). Sur l’ensemble de l’année, le pouvoir d’achat s’est accru de 0,8 % or le ressenti est tout autre en raison de la persistance de la hausse des prix sur certains biens et prestations (énergie en particulier).

Tant que les ménages n’intègreront pas le processus de désinflation, le taux d’épargne pourrait rester élevé. Logiquement, d’ici la fin du premier semestre, un ajustement devrait intervenir avec à la clef une reprise de la consommation, ce qui pourrait favoriser le retour de la croissance pour le second semestre.

Résultats du Livret A – LDDS – LEP du mois de janvier : fin de l’effet taux !

Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Pas d’effet taux en 2024 pour le Livret A

La collecte du livret A au mois de janvier 2024 n’a pas été affectée, à la différence des années précédentes, par des effets d’annonce concernant son taux de rémunération, celui-ci étant gelé jusqu’au 1er février 2025.

Janvier sourit en règle générale au Livret A, les Français mettant de côté une partie des étrennes et des primes reçues à la fin de l’année précédente. 2024 ne démord pas à cette tradition avec une collecte de 2,27 milliards d’euros mais celle-ci n’est en rien comparable avec celle de 2023 (9,23 milliards d’euros) ou celle du mois de janvier 2022 (6,25 milliards d’euros).

Ces deux dernières années, la collecte du Livret A du mois de janvier avait bénéficié des annonces concernant le taux de rémunération de ce dernier. Le taux est passé de 0,5 à 1 % le 1er février 2022 et de 2 à 3 % le 1er février 2023. En 2021, malgré un taux de 0,5 %, la collecte avait été forte en raison de la crise sanitaire (6,32 milliards d’euros). En 2024, l’absence de relèvement au 1er février explique la moindre collecte de janvier. Cette dernière est ainsi plus en phase avec les collectes d’avant crise sanitaire (1,13 milliard d’euros en janvier 2020).

Normalisation également à l’œuvre pour le LDDS

Le Livret de Développement Durable et Solidaire a, de son côté, enregistré, au mois de janvier 2024, une collecte de 0,98 milliard d’euros, comparable à celle du mois de décembre 2023 (1,01 milliard d’euros). En janvier 2023, la collecte du LDDS avait été de 1,95 milliard d’euros. Comme pour le Livret A, il y a un retour à la normale. La collecte du mois de janvier 2019 avait été de 630 millions d’euros et celle de janvier 2020 de 410 millions.

Des encours au zénith

L’encours du Livret A a atteint 417,6 milliards d’euros et celui du LDDS à 150,2 milliards d’euros. Pour ces deux produits, ces montants constituent de nouveaux records absolus.

Un tempo moins épargne pour les prochains mois

Après quatre années de forte épargne, les ménages devraient reprendre le chemin de la consommation. Pour cela, ils attendent la confirmation de la baisse de l’inflation. Jusqu’à maintenant, l’atonie de la croissance et la légère augmentation du chômage les a incité à la prudence. En fonction des résultats de l’inflation et de l’évolution du pouvoir d’achat, le taux d’épargne devrait diminuer avec comme conséquence une collecte plus faible pour le Livret A. Par ailleurs, les annonces de rendements des fonds euros de plus en plus attractifs devraient conduire les ménages à revenir sur l’assurance vie, placement qu’ils avaient eu tendance à délaisser ces derniers mois.

Le Livret d’Épargne Populaire, toujours populaire auprès des épargnants

Après une collecte exceptionnelle en décembre dernier (2,01 milliards d’euros), le Livret d’Épargne Populaire (LEP) continue sur sa lancée au mois de janvier. La collecte a atteint pour le premier mois de l’année 2024, 1,92 milliard d’euros contre 1,96 milliard d’euros en janvier 2023 et 480 millions d’euros en janvier 2022.

L’annonce de la baisse de son taux de rendement à 5 % contre 6 % depuis le 1er juillet 2023, baisse devenue effective le 1er février, n’a pas eu d’incidence notable sur la collecte. Le taux de 5 % reste supérieur à l’inflation permettant au LEP d’avoir un rendement réel positif. Il bénéficie par ailleurs du relèvement de son plafond de 7 700 à 10 000 euros, entré en vigueur le 1er octobre dernier. L’encours du LEP a atteint, au mois de janvier 2024, 73,8 milliards d’euros.

Les ménages à revenus modestes ont ainsi continué à épargner malgré l’inflation. La détérioration de la situation économique joue certainement en faveur du maintien d’un effort d’épargne parmi les ménages des deux premiers quintiles qui sont ceux éligibles au LEP. Si les ménages du premier quintile ont été relativement préservé par la baisse du pouvoir d’achat, il en est différemment pour celui du deuxième quintile.

Cercle de l’Épargne – données Caisse des dépôts et consignations

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