menu

Accueil > Les experts > TROIS QUESTIONS À JÉRÔME JAFFRÉ

TROIS QUESTIONS À JÉRÔME JAFFRÉ

8 juillet 2015

JJ

Chaque mois, le Cercle demande à un des membres du Conseil scientifique de répondre à trois ou quatre questions. A l’occasion de la publication de l’enquête 2015 du Cercle de l’Epargne qu’il a réalisé « Les Français, leur épargne et leur retraite » en partenariat avec le CECOP et AG2R LA MONDIALE, nous avons le plaisir d’interviewer Jérôme Jaffré, directeur du CECOP (Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique).

L’enquête 2015 du Cercle de l’Epargne souligne que les Français sont inquiets en ce qui concerne le niveau de leur future pension ou de leur pension s’ils sont retraités. Face à cette situation anxiogène, quelles sont les solutions qu’ils entrevoient ?

Jérôme Jaffré : La crainte d’une baisse de revenus une fois à la retraite est en effet très élevée parmi les actifs. Ils sont 81 % à considérer que leur pension sera insuffisante et ne leur permettra pas de vivre correctement. Une inquiétude qui, au passage, concerne également, mais à un moindre degré, les retraités eux-mêmes. Pour pouvoir faire face à cette baisse, les Français envisagent d’abord de réduire leurs dépenses une fois à la retraite ce qui dans les faits est généralement le cas. Par ailleurs, deux autres solutions ressortent de l’enquête du Cercle de l’Epargne. La première, évoquée par 35 % des actifs actuels, réside dans la possibilité de cumuler un emploi avec une retraite pendant un certain nombre d’années mais ce résultat doit être analysé avec prudence dans la mesure où le report éventuel de l’âge légal de la retraite au-delà de 62 ans n’est pas nécessairement pris en compte par les personnes interrogées. La seconde consiste à puiser dans leur épargne. S’ils sont ainsi 33 % parmi l’ensemble des non retraités à l’envisager, ce pourcentage monte à 46 % parmi ceux qui épargnent régulièrement en vue de leur retraite.

Plus d’un Français sur deux déclarent épargner pour la retraite. Qui sont-ils ?

Jérôme Jaffré : Les Français sont convaincus qu’ils ne pourront pas compter sur leurs seules pensions pour vivre correctement à la retraite. Pour remédier à ce problème, une majorité épargne. Ils sont ainsi 57 % à épargner en vue de la retraite dont 25 % le font régulièrement. Si c’est principalement entre 35 et 64 ans que l’épargne pour la retraite est la plus élevée, elle concerne une part non négligeable des moins de 35 ans puisqu’ils sont 47 % à déclarer le faire dont 25 % (comme la moyenne toute la classe d’âges confondus) régulièrement. Les retraités continuent, par ailleurs, à épargner avec comme objectif améliorer le pouvoir d’achat de leurs pensions. Assez logiquement, l’épargne en vue de la retraite croît avec les revenus des ménages. Pour autant un cinquième des foyers dont les revenus sont inférieurs à 2 000 euros par mois déclare le faire régulièrement quand 26 % des ménages aisés (disposant de revenus mensuels supérieurs à 4 000 euros) ne le font pas ce qui montre bien qu’au-delà de la problématique des revenus et de la capacité d’épargne des ménages, il s’agit aussi d’une question de mentalité et d’anticipation de son propre avenir.

La dépendance est-elle un sujet de préoccupation pour les Français ? Qui devrait prendre à charge ce risque ? L’idée d’une assurance-individuelle fait-elle son chemin ?

Jérôme Jaffré  : Si les Français, dans leur grande majorité (73 %), pensent, certain ou probable, qu’ils se trouveront, dans leur grande vieillesse, en situation de dépendance seulement 9 % en font une certitude. Pour la prise en charge de ce risque les Français se tournent vers l’Etat. Directement d’abord, à travers l’impôt qui réunit 42 % des réponses puis indirectement à travers les régimes sociaux et les cotisations sociales. Les personnes déclarant être certaines d’être dépendantes placent en tête l’Etat (57 %). L’idée de l’assurance dépendance individuelle est citée par un peu plus d’un Français sur quatre (27 %). 10 % des sondés seraient prêts à souscrire une assurance-dépendance et 46 % probablement, dernier résultat à interpréter avec prudence tant en la matière il y a loin de l’intention à l’acte.

Quelles sont les attentes des Français en termes de placements ? Les Français sont considérés comme des épargnants fuyant le risque. Est-ce que l’étude le confirme ? L’assurance-vie reste-elle toujours le produit d’épargne magique ?

Jérôme Jaffré : Les priorités en termes de placement varient en fonction du niveau de patrimoine détenu. Les ménages sans ou à faible patrimoine considèrent que s’ils peuvent épargner, que la disponibilité est fondamentale pour pouvoir faire face, à tout moment, à une urgence. En revanche, pour les détenteurs de patrimoines plus importants la sécurité devient le critère prioritaire. Néanmoins, les ménages ne sont pas aussi détachés que cela du rendement de leurs placements. On le mesure à leurs attentes s’ils devaient placer une somme de 10.000 euros, qui leur tomberait du ciel. Sans surprise, l’assurance-vie reste, selon la formule qu’aime à utiliser Philippe Crevel, le couteau suisse de l’épargne française. Elle est considérée comme le placement préféré des Français devant les actions, les SICAV et le livret A. Il est intéressant de noter que les hommes et les femmes ne fixent pas les mêmes objectifs à l’assurance-vie. Les hommes mettent en avant la retraite quand les femmes placent la préparation de la succession comme principal objectif. Un bel exemple de différence d’attitudes masculin / féminin opposant quelque peu l’égoïsme et l’altruisme, entre les besoins à satisfaire pour les premiers et la transmission à assurer pour les secondes !

Les chiffres mentionnés ci-dessus et dans les articles qui suivent sont issus de l’enquête réalisée sur Internet du 11 au 18 mai 2015 auprès d’un échantillon de 1 007 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Le terrain d’enquête a été confié à l’IFOP.

Partagez cet article

Suivez le cercle

recevez notre newsletter

le cercle en réseau

contact@cercledelepargne.com