menu

Accueil > pouvoir d'achat

Agir pour ne pas subir !, par Jean-Pierre Thomas, président du Cercle de l’Épargne

Le Conseil d’orientation des retraites, dans son rapport annuel de juin 2025, dans le prolongement de la mission flash de la Cour des comptes, souligne — sans surprise — que le système de retraite sera structurellement déficitaire dans les prochaines années. Ce constat n’est pas nouveau. L’augmentation du nombre de retraités — 17 millions aujourd’hui, plus de 21 millions en 2070, contre 5 millions en 1981 —, la stabilisation puis le déclin de la population active, ainsi que la progression de l’espérance de vie, mettent en tension nos régimes par répartition.

Sur les moyens d’éviter l’accumulation de déficits, aucun consensus ne se dégage ni au sein de l’opinion publique, ni entre les partenaires sociaux. L’idée du report de l’âge de départ à la retraite demeure impopulaire, tandis que les employeurs estiment qu’il n’existe plus de marge pour accroître les prélèvements. L’échec du conclave lancé par le Premier ministre, François Bayrou, souligne la difficulté à réformer un système bâti à la sortie de la Seconde Guerre mondiale.

Face à cette situation bloquée, les Français demeurent profondément inquiets quant à leur niveau de vie futur à la retraite. Selon la dernière enquête AG2R LA MONDIALE – AMPHITÉA – CERCLE DE L’ÉPARGNE, près des trois quarts des non-retraités (72 %) estiment que leurs futures pensions ne leur permettront pas de vivre correctement. Confrontés aux déficits annoncés, ils privilégient en priorité la lutte contre les fraudes (80 %) plutôt que le prolongement de la vie active (33 % seulement y sont favorables). Ce jugement rejoint un sentiment largement partagé de déséquilibre entre cotisations versées et prestations perçues : 60 % des sondés se considèrent comme « perdants ». Cette perception, exagérée au regard des données officielles, traduit une défiance croissante vis-à-vis de l’État providence, alors même que ce dernier assure une réduction significative des inégalités. Rappelons que 60 % des Français sont, en réalité, bénéficiaires nets du système de protection sociale.

Pour limiter la baisse attendue de leur pouvoir d’achat à la retraite, une majorité de Français déclare épargner (54 %), dont 29 % de manière régulière. Point notable, 62 % estiment qu’il faut commencer à se constituer un complément de retraite avant l’âge de 35 ans. Les moins de 35 ans sont même 67 % à en être convaincus. Cela témoigne d’une prise de conscience croissante de l’importance d’un « troisième pilier » de la retraite, aux côtés des régimes de base et complémentaires.

Pour répondre à cette attente, une diffusion élargie des produits d’épargne retraite collectifs est indispensable, en particulier au sein des PME et pour les salariés les plus modestes. Des mesures devraient être prises pour simplifier la mise en place de tels dispositifs. Pourrait notamment être introduit, le fléchage par défaut des versements issus de l’épargne salariale et des primes de partage de la valeur vers les produits dédiés à la retraite.

Plutôt que de subir les incertitudes pesant sur l’avenir des retraites, les Français peuvent choisir de redevenir acteurs de leur avenir financier. L’épargne retraite, notamment sous forme collective, constitue aujourd’hui un levier puissant, à la fois de sécurisation des parcours individuels et de dynamisation de l’investissement à long terme. En se développant dans les entreprises, notamment les PME, elle peut renforcer la cohésion sociale, tout en contribuant au financement de l’économie productive. Favoriser son essor, c’est redonner confiance aux actifs, stabiliser les perspectives des retraités de demain, et poser les bases d’un nouveau contrat social où la solidarité collective s’articule à la responsabilité individuelle.

Jean-Pierre Thomas

Président du Cercle de l’Épargne

Retraités : le pouvoir d’achat au coeur du débat

Avec l’annonce d’un possible report de l’indexation des pensions sur les prix de six mois, la question du niveau de vie des retraités revient au cœur du débat public. Pour certains observateurs, le niveau de vie des retraités serait supérieur à la moyenne nationale, justifiant ainsi un report de la revalorisation. Cependant, d’autres pointent du doigt les faibles pensions perçues par de nombreux retraités.

Une Évaluation Complexe du Niveau de Vie des Retraités

L’évaluation du niveau de vie des retraités est une question complexe et sujette à diverses interprétations. Les facteurs comme les charges familiales, la propriété d’une résidence principale et les revenus du patrimoine influencent fortement cette évaluation.

Selon l’INSEE, en 2021, le niveau de vie des retraités était supérieur de 5 % à celui de l’ensemble de la population lorsqu’on prend en compte les loyers imputés et les intérêts d’emprunt nets. Si ces deux éléments sont exclus, les retraités se situent légèrement en dessous de la moyenne, avec 1,3 point de moins, alors que les actifs se trouvent 9,5 points au-dessus. En ne considérant que les revenus, l’écart est plus marqué : les retraités sont 21,7 points en dessous de la moyenne nationale, contre 12,5 points au-dessus pour les actifs.

L’Évolution du Niveau de Vie des Retraités : Une Réalité Contrastée

Entre 1970 et le milieu des années 1990, le niveau de vie des retraités a progressé de 30 points. Cette hausse s’explique par l’augmentation continue des pensions brutes en euros constants, notamment grâce à l’effet noria (le renouvellement progressif de la population des retraités). Cependant, entre 2017 et 2021, les pensions ont évolué plus lentement que l’inflation, en raison des mesures de désindexation.

Projections du COR : Un Niveau de Vie en Baisse

Selon les projections du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) pour 2024, le niveau de vie relatif des retraités devrait connaître une baisse au cours des prochaines décennies. Cette baisse s’explique par les réformes adoptées depuis 1993. Entre 2021 et 2040, le niveau de vie des retraités devrait passer de 98,7 % à 90 % de celui de l’ensemble de la population, pour atteindre 83 % en 2070.

Le rapport du COR de 2024 indique également que les retraités ont subi, au cours des vingt-cinq dernières années, une érosion de leur pouvoir d’achat, variable selon les générations et proportionnelle à la taille de leur pension. Par exemple, un cadre né en 1937 a vu son pouvoir d’achat diminuer de plus de 10 % entre son départ à la retraite et 2024. Pour un cadre né en 1952, cette baisse est proche de 8 %, principalement en raison des règles d’indexation des pensions.

La Réalité des Pensions en France

La pension médiane en France est inférieure à 1 300 euros par mois, tandis que la moyenne nationale se situe à 1 531 euros (1 178 euros pour les femmes et 1 951 euros pour les hommes). Plus de 60 % des retraités perçoivent une pension inférieure à 1 600 euros par mois. Par ailleurs, 760 000 personnes bénéficient du minimum vieillesse, ce qui signifie que leurs revenus ne dépassent pas 11 533 euros par an, soit 961,08 euros par mois.

Conclusion : Une Situation en Pleine Évolution

Le débat autour du niveau de vie des retraités en 2024 met en lumière les disparités importantes au sein de cette population. Alors que certains retraités bénéficient d’un niveau de vie supérieur à la moyenne, d’autres doivent composer avec de faibles pensions. Les projections montrent une tendance à la baisse du niveau de vie des retraités, renforçant la nécessité d’un débat sur l’indexation des pensions et la prise en compte de l’inflation.

Suivez le cercle

recevez notre newsletter

le cercle en réseau

contact@cercledelepargne.com