Accueil >
En 2024, les encours d’épargne salariale ont atteint 200 milliards d’euros dont 166 milliards qui reposent dans les fonds d’épargne entreprise et interentreprise. 36 % des fonds sont retirés avant l’échéance prévue de cinq ans. Cette sortie précoce s’explique par l’introduction, par le législateur, d’une dizaine de cas de déblocages anticipés sans pénalisation fiscale. Les principaux types de déblocages concernent essentiellement des évènements familiaux ou des problèmes professionnels :
Depuis 2024, les fonds placés sur des Plans d’Épargne Entreprise (PEE) ou Plan d’ÉPARGNE Interentreprise (PEI) peuvent être débloqués pour se mettre au service d’un proche dépendant, pour améliorer les performances énergétiques du logement, ou pour acheter un véhicule propre (décret du 6 juillet 2024).
Ces trois nouvelles possibilités sont, jusqu’à présent, peu utilisées par les bénéficiaires de l’épargne salariale. En 2024, ces déblocages ont représenté moins de 1,5 % des sommes retirées en avance, selon l’Association française de la gestion d’actifs (AFG). Le nombre de demandes a plafonné à 1,4 % du total pour tout le marché. Sur les 11 millions de bénéficiaires de PEE et PEI en 2024, 4 800 ont puisé dedans pour acheter un vélo, un scooter ou une voiture non thermique et 3 700 pour améliorer l’isolation de leur résidence principale. Encore plus minime, devenir proche aidant n’a suscité que 500 demandes. Les conditions de déblocage pour se mettre au service d’un proche dépendant sont complexes, rendant son recours difficile d’accès.
Le déblocage pour financer la rénovation énergétique de sa résidence est également assorti de conditions très strictes. Ainsi, les travaux éligibles ne peuvent se limiter au changement d’une seule fenêtre ; il faut en remplacer au moins la moitié par du double vitrage en plus des portes donnant sur l’extérieur. Les travaux doivent, en outre, aboutir à un gain énergétique d’au moins 35 %. Or, « il est bien difficile de prévoir une telle économie d’énergie », pointe Marielle Cohen-Branche, la médiatrice de l’Autorité des Marchés Financiers. En revanche, le déblocage pour acheter un vélo, un scooter électrique, ou encore une voiture électrique ou à l’hydrogène est plus facile d’accès.
Parmi les cas de déblocage les plus utilisés figurent la cessation du contrat de travail qui génère plusieurs centaines de milliers de demandes par an (411 215 en 2024) et l’achat ou de l’agrandissement de sa résidence principale, avec 111 820 demandes. Par ailleurs, 63 394 épargnants ont débloqué des fonds pour se marier ou se pacser. Ces trois cas représentaient 90 % des demandes et 80 % des montants débloqués en 2024.
33 % des titulaires d’un produit d’épargne salariale ignorent quels motifs permettent de débloquer son épargne salariale, selon un sondage AFG-AMF.
Après 2014, 2008 et 2003, l’épargne salariale fera l’objet au mois de décembre d’une nouvelle procédure de déblocage. Cette mesure, en permettant aux salariés de sortir sans contrainte fiscale, leur argent de leur plan d’épargne entreprise, vise à soutenir le pouvoir d’achat et la consommation. Dans le passé, l’effet de ce dispositif avait tendance à s’émousser, les salariés préférant conserver leur épargne que bénéficier du bon de sortie.
Pour bénéficier de l’exonération fiscale sur l’épargne salariale, le salarié est censé de pas effectuer de retrait durant les 5 ans suivant son versement. Des cas de déblocage anticipés ont néanmoins été prévus par le législateur :
Selon la proposition retenue par les sénateurs lors de l’examen du projet de loi de finances rectificative, tout salarié qui le souhaite pourra débloquer sa participation ou son intéressement dans la limite d’un plafond global de 10 000 euros sans que cette somme soit soumise à l’impôt sur le revenu ni à cotisations sociales. Pour éviter une réallocation sur d’autres produits d’épargne, comme cela avait été constaté lors de précédents déblocages, les sommes issues de l’épargne salariale ainsi débloquées devront être consacrées à « l’acquisition de biens ou la fourniture de services ». Les sommes seront déclarées par l’organisme gestionnaire ou à défaut par l’employeur à l’administration fiscale et il est simplement prévu que le salarié tienne « à la disposition de cette dernière les pièces justificatives attestant de l’usage des sommes débloquées ».Cette contrainte avait été retenue lors du déblocage de 2013.
Ne sont pas concernées les sommes placées dans un Plan d’épargne retraite collectif (PERECO ET PERCO) ou en fonds solidaires. Pour l’épargne salariale investie en titres de l’entreprise ou d’une entreprise liée, un accord collectif sera nécessaire pour que cette épargne puisse être mobilisée.
En 2013, le déblocage avait porté sur environ 2 milliards d’euros pour une dizaine de milliards d’euros potentiellement utilisables. En 2008, 1,6 million de salariés avaient débloqués avec à la clef 3,5 milliards d’euros sortis de l’épargne salariale sur 8 projetés. 80 % avaient été replacés sur d’autres supports d’épargne. 4 % de l’encours avaient été débloqués contre 10 % espéré. En 2004, 7 milliards avaient été débloqués, mais seuls 1,5 à 2,5 milliards avaient été réinjectés dans l’économie.
Les 11,5 millions de personnes qui ont un produit d’épargne salariale ne sont pas obligatoirement celles qui sont les plus entravées dans leur consommation étant souvent issues de grandes entreprises qui proposent des salaires plus élevés que la moyenne.
En 2022, le taux d’épargne des ménages est élevé. Or, malgré l’inflation, ils puisent peu ou pas dans leur épargne covid-19. La collecte du Livret A comme de l’assurance vie est positive depuis le début de l’année.
Le déblocage de l’épargne salariale a pour conséquence de remettre en cause un produit d’épargne de long terme. D’un côté, les pouvoirs publics demandent aux Français de placer leur épargne sur des produits en actions et de l’autre, ils incitent à une sortie anticipée d’un placement qui fait la part belle aux actions.
Le Président de la République a, à plusieurs reprises, souligné son intention de réformer l’épargne salariale. A défaut d’un grand texte, le Gouvernement a réalisé un petit toilettage dans le cadre de la loi Macron qui vient d’être définitivement adopté par le Parlement.
Désormais, l’affectation des montants issus de l’intéressement en cas d’existence d’un plan d’épargne entreprise, sera fixé par le règlement du plan. Cette disposition entrera en vigueur à compter du 1er janvier 2016.
La loi prévoit une date limite unique pour le versement de la participation et des primes d’intéressement, date fixée au 31 mai pour les entreprises dont l’exercice comptable coïncide avec l’année civile.
Pour accroître la diffusion de l’intéressement, la loi prévoit que les branches professionnelles devront négocier un accord d’intéressement avant le 31 décembre 2017. Cet accord devra tenir compte des spécificités des entreprises de moins de 50 salariés, en proposant plusieurs formules d’intéressement.
Le PERCO est encouragé par les pouvoirs publics. Ainsi, la loi Macron prévoit que les sommes provenant de l’épargne salariale (intéressement, participation et abondement de l’entreprise) qui sont transférées sur un plan d’épargne collectif pour la retraite (Perco) seront soumis à un forfait social de 16 % au lieu des 20 % en vigueu, à condition que ces Perco investissent dans des PME et ETI et qu’ils proposent aux épargnants une gestion pilotée par défaut (la gestion pilotée de l’épargne vise à réduire progressivement l’exposition aux produits risqués à mesure que l’échéance de la retraite approche).
Désormais, les es employeurs pourront réaliser des versements périodiques sur les PERCO de leurs salariés. L’abondement de l’employeur ne sera plus lié au versement du salarié. Pour les versements effectués à compter du 1er janvier 2016, si le salarié ne précise pas le choix de son investissement, les sommes seront automatiquement investies sur un fonds prévoyant une gestion pilotée. En l’absence de compte épargne temps dans leur entreprise, les salariés peuvent affecter sur le PERCO les sommes correspondantes à des jours de congés non pris, dans la limite de 5 jours par an. Cette limite est portée à 10 jours, comme pour les entreprises ayant mis en place un compte épargne temps.
le projet de loi macron comporte un volet en faveur de l’épargne salariale; l’objectif est d’élargir sa diffusion au sein des PME. Aujourd’hui, seulement 12 % des TPE proposent des produits d’épargne salariale. Afin de lever certains obstacles, la Commission spéciale en charge de l’examen du projet a adopté le fait que les entreprises de moins de 50 salariés qui signent leur premier accord d’intéressement ou de participation seront exonérées pendant 6 ans de forfait social. Celles dont les fonds seront investis en titres de PME ou d’ETI, quelle que soit leur taille, bénéficieront d’un forfait social à 16 % au lieu de 20 %.
contact@cercledelepargne.com