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En France, la nostalgie de la retraite à 60 ans demeure. La dernière enquête du Cercle de l’Épargne/Amphitéa souligne que 41 % des Français veulent sa réinstauration quand seulement 21 % seraient prêts à un report de l’âge de départ à 65 ans. Si une majorité de Français est encore favorable à la mise en place d’un régime universel par points, 37 % pensent que le Gouvernement réalise cette réforme afin de reporter l’âge de départ à la retraite. Ils ne sont que 34 % à penser que la recherche de l’équité est l’objectif réel des pouvoirs publics. Face à la menace d’une inflation de départs précoces en cas de passage à régime par points sans durée de cotisation minimale, le Gouvernement hésite entre le report à 63 voire 64 ans de l’âge légal, la création d’un dispositif de bonus-malus. Le Président de la République qui lors de la campagne présidentielle s’était engagé sur le maintien de l’âge légal à 62 ans semble être favorable à une augmentation de la durée de cotisation. Nous sommes en pleine sémantique. Du fait de l’entrée de plus en plus tardive dans le monde du travail, un allongement de la durée de cotisation est un report de l’âge de départ à la retraite qui ne dit pas son nom. La problématique de l’âge de départ ne résout en rien celle de la prise en compte des pénibilités. Nul n’imagine qu’un travailleur de la mer (un marin-pêcheur, les personnes en charge du pilotage dans les ports, etc.) puisse travailler à 65 ou à 67 ans du fait de la dureté de ses conditions de travail. De même, comment seront gérées les spécificités des régimes spéciaux, spécificités qui ont été reconnues d’utilité publique par le Haut-commissaire à la réforme des retraites. Le principe « un euro cotisé donne les mêmes droits pour tous » sera faussé, d’une manière ou d’une autre, afin de permettre la convergence des 42 régimes vers le régime universel par points.
Depuis plus de vingt-cinq ans, je défends l’idée d’un véritable système de retraite à la carte. Il faut donner aux Français les possibilités d’avoir la main sur leurs pensions. Nous ne vivons plus au temps du menu unique. Chacun doit pouvoir construire sa future pension en fonction de ses désirs, de ses besoins et de son espérance de vie à la retraite. Pour cela, il faut accepter la personnalisation des parcours de retraite. Au temps du digital, il est possible techniquement de sortir du modèle technocratique centralisé. Je préconise l’instauration de véritables comptes retraite intégrant des coefficients d’espérance de vie, seuls à même de traiter la question de l’âge de départ et la pénibilité. Il serait possible de calculer des coefficients par classes d’âge et par catégorie d’actifs. Par ailleurs, je défends l’idée que l’introduction d’une bonne dose de capitalisation donnerait de la souplesse au système. Aujourd’hui, la capitalisation n’assure que 3 % des revenus des retraités, une goutte d’eau. Pour autant, elle nous serait bien utile afin de permettre à ceux qui souhaitent partir tôt d’avoir un niveau de vie correct. Ces derniers seraient amenés à cotiser, avec le cas échéant l’appui de leur employeur, à des suppléments de retraite. Pour amorcer le dispositif, les réserves constituées par les actuelles caisses de retraite devraient servir à financer ce futur étage par capitalisation. Plus de 100 milliards d’euros pourraient être ainsi affectés à cet objectif. Ils seraient complétés au fur et à mesure par les cotisations. Ainsi, la France, en quelques années, pourrait rattraper son retard en matière de fonds de pension. Une telle réforme résoudrait en partie la question des fonds propres des entreprises. La réforme du système de retraite n’aura du sens que si elle ouvre de nouvelles perspectives tant sur le plan social qu’économique.
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