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La silver-économie est-elle l’avenir de l’économie française ?

Economie 3 décembre 2016

Cet article reprend l’intervention effectuée au salon de la silver-économie à la Porte de Versailles par Philippe Crevel le 15 novembre dernier.

Le mot « silver-économie » a plusieurs significations. Il renvoie à une partie de la population mais en la matière les frontières sont mal définies. Est-ce simplement les retraités, les personnes de plus de 55 ans voire de 50 ans ? En fonction du critère retenu, c’est entre un cinquième à 40 % de la population qui peut être concerné. Avec l’augmentation du nombre de retraités de plus de 10 millions en moins de 30 ans, la question de la prise en compte des besoins de cette population sera de plus en plus importante. En outre, compte tenu du pouvoir d’achat des retraités, ces derniers constituent des consommateurs recherchés.

Cette population est loin d’être homogène. Entre les seniors en activité et les personnes en état de dépendance, les situations ne sont évidemment pas comparables. La silver-économie est le secteur d’activité qui propose des solutions en termes de biens et de services aux seniors. Peuvent être ainsi associés à la silver-économie, évidemment le secteur de la santé en sens large du terme (allant des services de santé jusqu’à la pharmacie), les services à la personne, les loisirs, les activités liées aux transports mais aussi ceux concernant la construction. Une grande partie de l’économie peut être rangée sous le terme de silver-économie. De plus en plus, se distinguent de ce vaste ensemble les entreprises qui développent des produits spécifiques pour les seniors. Certaines d’entre elles exploitent les possibilités offertes par le digital à travers notamment les objets connectés. La composante « innovation » est particulièrement importante.

Au-delà de cette vision entrepreneuriale, la silver-économie, c’est aussi le fait qu’un nombre croissant d’actifs aura plus de 50 ans. Plus de 27 % des actifs sont déjà dans ce cas. Le vieillissement de la population active est un défi à relever tant sur le plan macroéconomique que sur le plan microéconomique. Les entreprises comprennent des salariés dont l’âge varie de 18 à 67 ans. La pyramide des âges des salariés comporte un nombre croissant de plus de 50 ans ce qui n’est pas sans conséquence sur la diffusion de l’innovation. Cette situation peut générer de l’incompréhension chez les salariés les plus jeunes, ces derniers pouvant avoir l’impression que leur ascension sociale est freinée par la présence dans les strates supérieures de nombreux baby-boomers. Pour les entreprises, le vieillissement du personnel pose le problème de l’adaptation des postes de travail et des missions. Il soulève aussi la question de la productivité et de la motivation au travail. Un salarié de plus de 50 ans, surtout dans le cadre d’activités répétitives, peut éprouver de l’ennui. La santé physique et morale des seniors au travail est également un élément à prendre en compte. Avec le passage de la retraite à 62 ans, les dépenses d’invalidité ont augmenté de plus de 2 milliards d’euros.

La silver-économie, c’est donc la prise en compte de la modification de la structure de la population active. Le développement du cumul emploi-retraite, celui à concrétiser de la retraite progressive et la poursuite de l’augmentation des activités de conseil pour les plus de 50 ans constituent autant de facteurs à suivre.

La silver-économie est considérée par de nombreux experts comme une importante source d’emplois. Évidemment, cela suppose au préalable qu’ils rencontrent une demande solvable. Il est souvent mis en avant que les retraités pourraient épargner moins et bénéficier de nouveaux services et de nouveaux biens. Ils sont des consommateurs très convoités d’autant plus qu’ils ont un pouvoir de prescription important sur les autres catégories de la population (enfants, petits-enfants voire parents).

La Direction de l’animation de la recherche des études et des statistiques (DARES) du Ministère des affaires sociales considère que la silver-économie pourrait générer 300 000 créations d’emplois nettes, en France, d’ici à 2020.

L’habitat au cœur de la problématique de la silver-économie

Les seniors ont tendance à changer de logement au moment du départ à la retraite ce qui génère un flux de consommation important. Par ailleurs, les logements doivent être adaptés aux éventuels problèmes de mobilité que peuvent rencontrer des personnes âgées. Les ascenseurs destinés à des maisons individuelles se vendent de plus en plus. Sur 530 000 ascenseurs installés, 30 000 sont à usage domestique. Ce nombre devrait passer à 70 000 dans les prochaines années.

Le développement de la domotique avec une gestion de plus en plus connectée des équipements est incontournable. La surveillance à distance avec une intégration de services médicalisés sera associée au logement des seniors surtout en cas de problèmes de santé.

La santé au cœur de la silver-économie

Avec le vieillissement, les dépenses de santé augmentent de manière exponentielle. Il faudra améliorer l’offre de soins tout en essayant de maîtriser les dépenses. Auxiliaires de vie, aides-soignants et infirmiers comptent parmi les métiers qui gagneraient le plus d’emplois avec environ 300 000 créations nettes d’ici 2020. Face au développement de certaines pathologies, l’effort de recherche devrait rester important avec, à la clef, certaines de nouvelles découvertes associant génétique, nanotechnologies et digital. Tant sur la prévention qu’en matière de diagnostic et dans le domaine des traitements, des avancées sont attendues dans les prochaines années.

Les services de proximité

Les seniors sont des consommateurs à ne pas négliger : ils assurent 54 % des dépenses de biens et services. Du fait du vieillissement de la population, la demande d’aménagement du domicile, de produits et de services liés à l’autonomie devrait doubler en l’espace de 20 ans. Mais la silver-économie ne se limite pas à la perte d’autonomie. Elle recouvre aussi de nouveaux comportements et besoins des baby-boomers à la retraite.

Les start-up au service de la silver-économie

En France, plus de 200 start-up interviennent sur le créneau de la silver-économie. La filière de la silver-économie pourrait, selon certains experts, dépasser les 100 milliards d’euros en France en 2020.

La complexité du marché de la silver-économie tient à l’absence de définition et au fait que le senior refuse par nature d’être étiqueté « personne âgée ». Le senior se considère avant tout comme un actif qui a arrêté de travailler. Il entend autant que possible maintenir ses habitudes passées de consommation. Il est plus « adulescent » que « retraité ». Il récuse le marketing trop typé. S’il a des demandes différentes de ses enfants, il n’entend pas qu’elles soient trop affichées. La silver-économie ne peut donc que se définir en creux. Elle est une activité qui se greffe sur d’autres mais pas en soi un secteur autonome.

Lettre de décembre 2016

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