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En 2040, les seniors de 65 ans et plus représenteront en France un habitant sur quatre. Une large majorité d’entre eux souhaitent vivre le plus longtemps à domicile. Selon l’enquête 2024, Amphitéa-Cercle de l’Épargne, seulement 13 % des Français imaginent vivre en maison seniors ou en maison de retraite. Dans le même temps, près de la moitié des personnes de plus de 65 ans craignent d’être confrontés à la dépendance. La question d’adaptation du logement constitue donc une priorité.
MaPrimeAdapt’, lancée en janvier 2024 et diffusée par l’ANAH (Agence nationale de l’habitat), est la seule aide prévue pour aménager les logements des seniors. Les pouvoirs publics ont retenu comme objectif une adaptation de 680 000 logements dans les dix prochaines années pour permettre à chacun de vivre chez soi confortablement en prévenant les fragilités, notamment les chutes.
Selon une étude du CRÉDOC réalisée pour la CNAV auprès de plus de 5 000 retraités et rendue publique au mois de janvier 2025, près d’un sur cinq a déjà entrepris des travaux d’adaptation dans son logement. 14 % n’envisagent pas, en revanche, d’aménager leur logement quand bien même cela s’avèrerait nécessaire. Les principaux freins sont le déni du besoin, le coût, la gestion des travaux et les nuisances occasionnées. Les locataires préfèrent ne pas demander à leur propriétaire d’effectuer des travaux de peur de perdre leur logement. Dans le parc social, l’enquête menée par le CRÉDOC pour l’ANCOLS auprès des bailleurs dévoile une prise de conscience des enjeux liés au vieillissement de leurs occupants. Huit sur dix considèrent que l’adaptation du parc à cette problématique est une priorité.
Les seniors qui ont déjà réalisé des travaux mettent prioritairement en avant l’anticipation de l’avancée en âge, argument cité par 72 % des enquêtés. Le but est de rester le plus longtemps possible à domicile et d’envisager en dernier lieu une mobilité vers un établissement médicalisé ou spécifiquement adapté. La famille et les proches jouent un rôle clef dans la prise de conscience de la nécessité de réaliser des travaux. 17 % des retraités l’ont fait sur conseil de leurs proches. Les problèmes de santé d’un membre du foyer, qu’il s’agisse d’un problème de santé chronique, de limitations physiques (17 %) ou d’une situation de handicap (7 %) conduisent à étudier la question de l’accessibilité de leur logement. Des seniors se sont préoccupés de leur habitat à la suite d’un aléa de santé transitoire mais particulièrement handicapant : sortie d’hospitalisation (7 %) ou accident limitant les déplacements (4 %).
La priorité dans les travaux d’accessibilité est donnée à la salle de bains. L’installation d’une douche arrive largement en tête. 77 % des retraités ayant effectué des travaux, tandis que 9 % ont opté pour aménager la baignoire. Un retraité sur cinq mentionne avoir aménagé une pièce au rez-de-chaussée, soit une salle d’eau ou une chambre dans la perspective d’une vie autonome et organisée sur un seul niveau. La moitié des retraités ont opté pour la pose de volets électriques (47 %) afin d’éviter une manipulation rendue difficile avec l’âge. Un cinquième se sont orientés vers des adaptations spécifiques tels que le rehaussement des toilettes (22 %), l’installation d’une main courante ou barre d’appui (19 %), ou encore d’une rampe d’escalier (15 %). D’autres types d’aménagements sont moins mentionnés comme l’installation de meubles à hauteur adaptée ou réglables, de portes coulissantes ou automatiques, de prises à hauteur adaptées ou encore le déclenchement automatique de l’éclairage.
Grâce aux travaux réalisés, les deux tiers des retraités (68 %) jugent que leur domicile est devenu plus confortable et un tiers (36 %) se sentent plus en sécurité. Par ailleurs, 18 % estiment avoir gagné en autonomie, tandis que 12 % se déplacent plus aisément à l’intérieur de leur logement.
Chez les retraités qui n’ont pas réalisé de travaux, la première raison invoquée est le fait de ne pas en avoir besoin pour le moment (45 %). La majorité (57 %) se déclare en bonne santé et 33 % en assez bonne santé. Ce ressenti ne facilite pas la prise de conscience face aux conséquences du vieillissement et des éventuelles incapacités qui peuvent être associées. Le coût des travaux est un facteur souvent souligné pour ne pas réaliser des travaux. Il est cité en deuxième position par 41 % des enquêtés. Sur ce sujet, les aides financières sont peu connues, un retraité sur deux (53 %) n’en connaissant aucune.
Un enquêté sur cinq (18 %) dit ne pas avoir été autorisé à effectuer ces travaux. Les locataires sont les plus concernés par ce problème. 19 % des retraités citent l’ampleur des travaux à réaliser comme facteur dissuasif et 15 % les nuisances qui leur sont liées. Un retraité sur dix environ évoque la complexité des démarches à effectuer, qu’il s’agisse d’identifier les artisans, de solliciter des aides financières…
Les personnes âgées qui n’ont ni entrepris ni envisagé de travaux dans leur logement semblent principalement motivées à le faire en cas de problème de santé d’un membre du foyer (36 % des retraités). Un quart d’entre elles soulignent qu’elles seraient incitées à effectuer des aménagements si le coût était moindre, et 21 % si elles étaient mieux informées sur les aides financières disponibles.
Le vieillissement de la population impose une adaptation progressive du parc immobilier afin de répondre aux besoins des seniors souhaitant rester à domicile. Si une partie des retraités a déjà entrepris des aménagements, souvent par anticipation ou en réponse à un problème de santé, une majorité reste réticente en raison du coût, du manque d’information sur les aides ou d’un déni du besoin.
Les résultats de l’étude du Credoc montrent que l’adaptation du logement est une priorité reconnue, mais qu’elle peine encore à s’imposer comme un réflexe systématique. L’initiative MaPrimeAdapt’ et l’implication des bailleurs sociaux vont dans le bon sens, mais leur déploiement et leur accessibilité devront être renforcés pour répondre aux attentes des seniors.
L’enjeu est double : améliorer le confort et la sécurité des logements pour prévenir la perte d’autonomie, tout en sensibilisant les retraités à l’importance d’anticiper ces adaptations avant qu’une situation d’urgence ne les y contraigne. L’information, la simplification des démarches et un accompagnement renforcé seront essentiels pour favoriser cette transition et permettre aux seniors de vieillir sereinement chez eux.
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