menu

Accueil > Actualités > Retraite > 2025 > Retraite, l’heure des comptes et des choix ?

Retraite, l’heure des comptes et des choix ?

Retraite 11 juin 2025

Le système de retraite, en France, comme dans les autres pays occidentaux est confronté à des contraintes démographiques inévitables. Tout système de retraite par répartition dépend du nombre de cotisants et de retraités, de l’espérance de vie, de l’évolution des gains de productivité, des taux des cotisations et des règles de calcul des pensions. Ces facteurs interfèrent. Un nombre élevé de cotisants augmente le montant des cotisations versées et permet une croissance du PIB plus importante. Des taux de cotisations élevés peuvent, à l’inverse, nuire à la compétitivité et à la croissance. Le niveau des pensions a des effets sur l’équilibre des régimes de retraite mais aussi sur la consommation.

Une forte augmentation du ratio de dépendance en France

La France est aujourd’hui dans la période la plus délicate en matière de retraite. Les générations les plus nombreuses du baby-boom partent à la retraite, remplacées par des générations plus étroites de jeunes actifs. Le ratio de dépendance des personnes âgées (65 ans et plus rapportés aux 20-64 ans) atteindra 53,2 % en 2050, contre 38,2 % en 2022, selon le 2024 Ageing Report de la Commission européenne. Ce ratio, à l’horizon 2050 sera de 53,6 % en Allemagne, de 63,7 % en Espagne, de 65,3 % en Italie.

La situation, relativement plus favorable, de la France résulte d’un indice de fécondité t plus élevé (1,6 enfant par femme en France contre 1,3 à 1,4 chez ses partenaires). Cet avantage s’est toutefois considérablement réduit ces dernières années. Dans le même temps, l’espérance de vie à 65 ans poursuit sa hausse. En 2023, elle s’élève à 23,4 ans pour les femmes et 19,7 ans pour les hommes. Elle devrait atteindre respectivement 24,8 et 21,5 ans en 2050, selon les projections de l’Insee.

Un taux d’emploi toujours plus faible en France

En 2023, le taux d’emploi des 15-64 ans en France était de 68,4 %, inférieur à la moyenne de la zone euro (70 %) et largement distancé par celui de l’Allemagne (77,2 %). Ces écarts s’expliquent par un moindre emploi des seniors et une insertion plus tardive des jeunes.

Le taux d’emploi des 60-64 ans s’élève à 41,6 % en France, contre 67,1 % en Allemagne. Le taux d’activité des 65-69 ans est de 11,1 % en France contre 20,8 % en Allemagne.

Un alignement du taux d’emploi français sur celui de l’Allemagne générerait un surcroît de 1,5 million emplois équivalents temps plein. La conséquence serait une augmentation de 3,2 % du PIB et un gain pour les régimes de retraite de plus de 7 milliards d’euros, après prise en compte des droits futurs acquis.

La question de la compétitivité

Depuis le début des années 2000, la France perd des parts de marché. Sa part dans les exportations de la zone euro est passée de 18 % à 13 %. Son déficit de la balance des biens et services s’élève à 21,5 milliards d’euros en 2024, soit 0,7 point de PIB, quand ses voisins affichent des excédents (Allemagne : +3,9 points de PIB, Espagne : +4,3 points, Italie : +2,3 points). Le poids de l’industrie française dans l’industrie de la zone euro est passé de 17,5 % à 13 % en un quart de siècle.

Le système de cotisations sociales, avec d’importantes exonérations sur les bas salaires, nuit à la montée en gamme du tissu productif français. Une refonte du barème des cotisations serait nécessaire avec, par exemple, l’instauration d’un abattement applicable à tous les salariés sur les 500 ou 800 premiers euros. Un tel abattement rendrait le système progressif sans effets de seuil.

Toute hausse de cotisation pénaliserait emploi et compétitivité. Compte tenu des coûts salariaux, cette piste est délicate pour rééquilibrer les comptes des régimes de retraite. Certains imaginent d’autres recettes pour financer la protection sociale, de la TVA, à un nouvel impôt sur la fortune en passant par une taxe sur les activités digitales.

Le report de l’âge de départ à la retraite est un sujet sensible. La réforme de 2023, à la différence des précédentes, n’est toujours pas acceptée au sein de la population. Tout allongement de la durée du travail doit s’accompagner de mesures d’accompagnement sur la formation, la pénibilité, les rémunérations et le temps de travail.

La question de l’indexation des pensions est également un sujet d’une rare sensibilité. Une sous-indexation par rapport aux prix peut aboutir à une baisse sensible du niveau de vie des retraités. Si aujourd’hui, celui-ci est proche du niveau moyen de la population française, il devrait baisser dans les prochaines années en raison de la montée en puissance des réformes adoptées depuis 1993. Une désindexation des pensions et des salaires de référence accentuerait cette évolution avec le risque de l’augmentation du taux de pauvreté chez les retraités.

Mécompte et choix

La France se trouve à la croisée des chemins. Le système de retraites, conçu comme un rempart protecteur, devient un point de friction entre les générations, entre équité sociale et efficacité économique. Le salut passe par une croissance plus forte et des gains de productivité. L’Espagne a prouvé, ces dernières années, que la stagnation économique n’était pas une fatalité. Seule une augmentation de la richesse produite permettra d’éviter des mesures impopulaires.

Partagez cet article

Suivez le cercle

recevez notre newsletter

le cercle en réseau

contact@cercledelepargne.com