Fruit de 350 ans d’histoire, notre système de retraite s’est construit par strates successives. Il prend ses sources dans l’Ancien Régime avec l’institution de l’Hôtel des Invalides en 1670 et l’octroi, à compter de 1673, d’une série de « privilèges » aux marins contraints de servir dans la Marine. Les premières pensions, destinées à conforter la loyauté des militaires et des marins envers le souverain, ont été étendues à d’autres corps de métiers à l’instar des personnels de l’Opéra de Paris (1698) afin d’attirer à la Cour du Roi les artistes les plus talentueux. Ces dispositifs initialement réservés à quelques-uns ont été élargis, pendant la période révolutionnaire, à l’ensemble des personnels de l’État, militaires et civils. Cependant, face aux difficultés économiques engendrées par les épisodes guerriers intervenus lors la Révolution et de l’Empire, le développement de caisses privées de retraites au profit des fonctionnaires civils a été par la suite encouragé. Puis, avec l’industrialisation, et le développement du salariat, le problème de la vieillesse change de nature. Malgré de nombreuses tentatives, il faudra attendre 1945 afin qu’une couverture générale d’assurance vieillesse prenne forme.
Le régime général de retraite
trouve ses fondements dans la loi du 14 juillet 1905 définissant le cadre de
l’assistance aux vieillards nécessiteux et dans la loi du 5 avril 1910 sur les
retraites ouvrières et paysannes. Le régime nul et non avenu de Vichy avait
élaboré un plan de couverture sociale de la population mais qui ne fut pas
effectif en 1944. Le programme du Conseil National de la Résistance publié le
15 mars 1944 avait fixé comme objectif l’instauration « d’un plan complet de Sécurité sociale visant
à assurer à tous les citoyens les moyens d’existence, dans tous les cas où ils
sont incapables de se les procurer par le travail, la gestion appartenant
aux représentants des intéressés et de l’État ». Il indiquait
également qu’« une retraite
permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours »
devait être instituée. Au nom de l’unité du pays retrouvé, les instigateurs de
la Sécurité Sociale rêvaient d’un grand régime unique couvrant toutes les
professions et toutes les branches de la protection sociale. La loi du 13
septembre 1946 ordonne que toute la population soit affiliée à
l’assurance-vieillesse à compter du 1er janvier 1947. Cet
objectif de principe resta un vœu pieux. La loi fut même abrogée en 1947. Les
non-salariés ont refusé de rentrer dans le régime général. Ils ne voulaient pas
que leurs cotisations alimentent la caisse des salariés pour des raisons
économiques et politiques. Les grandes entreprises des secteurs du transport et
de l’énergie qui s’étaient dotées de leur propre régime d’assurance vieillesse
ne sont pas entrées dans le régime général, ce dernier étant moins généreux que
le leur. C’est ainsi que sont nés les régimes spéciaux à la SNCF, à la RATP,
aux Charbonnages de France ou à EDF. La fonction publique disposait de longue
date de son propre système. En effet, l’histoire des retraites des
fonctionnaires de l’État débute sous l’Ancien Régime avec, en 1768, la création
de la Caisse de retraite de la Ferme générale. Sous la Révolution, la loi
d’août 1790 crée le premier régime des fonctionnaires de l’État dont le champ
d’application s’étend aux pensions civiles, ecclésiastiques et militaires. Le
régime sera modifié par les lois de 1831. La loi du 9 juin 1853 fixe les
principales règles des pensions de la fonction publique, encore en vigueur
aujourd’hui.
Les régimes préexistants aux ordonnances de 1945 ont été pérennisés par le décret du 8 juin 1946.
À côté du régime général, de la Sécurité sociale pour les indépendants (ex-RSI) et de la Mutualité sociale agricole (MSA) trois catégories de régimes dérogatoires peuvent être distinguées :
En plus du régime des fonctionnaires, on dénombre ainsi 15 autres régimes spéciaux encore ouverts (dénombrant des cotisants) qui couvrent le risque vieillesse :
À travers l’introduction d’un régime universel, le Gouvernement vise à englober nombre de ces régimes dont ceux des non-salariés. Le Haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, a indiqué que si des spécificités pouvaient perdurer, ces dernières devraient cependant répondre à des situations particulières et être le cas échéant financées par les professions ou les entreprises concernées. Des régimes resteront ainsi dérogatoires. Devraient figurer dans cette liste, ceux des marins, des militaires, des auteurs et artistes.
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