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L’édito du mois de juillet 2021
En 2017, le Président de la République avait pris l’engagement de mener à son terme une grande réforme systémique des retraites reposant sur le slogan « un euro cotisé donne les mêmes droits pour tous ». Ce dernier répondait à la soif d’équité qui transcende, de tout temps, la société française. Le problème avec le système de retraite, c’est que sa complexité – inhérente à l’histoire et à la structure de la société – fait de l’application de toute formule a priori simple un véritable calvaire. L’instauration d’un système universel par point, une idée qui hante le débat public depuis une vingtaine d’années a entraîné l’émergence de multiples oppositions et revendications plus ou moins légitimes. En souhaitant profiter de l’aubaine de cette réforme systémique pour rééquilibrer les comptes publics, à la dérive depuis une quarantaine d’années, le Gouvernement a voulu faire passer des mesures paramétriques qui ont mis le feu au lac. Les Français sont terriblement attachés à l’idée de partir le plus tôt possible à la retraite, sentiment amplement partagé tant par les salariés que par les employeurs. De ce fait, le principe d’un âge d’équilibre à 64 ans s’est vite transformé en chiffon rouge.
Après plus d’un an de crise sanitaire, le Gouvernement dispose de peu de temps et de peu de marges de manœuvre. Il se doit de prouver aux autres gouvernements de la zone euro que la France peut poursuivre ses réformes. Notre pays qui, avant l’épidémie, se caractérisait par un déficit élevé, 3 % du PIB et une dette toujours en hausse, est celui qui émet le volume le plus élevé d’obligations d’État au sein de l’Union européenne. Pour rassurer les investisseurs, les opinions publiques et les gouvernements étrangers, répéter que la réforme se fera ne coûte rien. Il n’est pas mensonger de souligner que depuis 1993, la France a réussi à éviter une explosion des dépenses de retraite. Sans les réformes passées, en 2030, le poids des retraites se serait élevé à plus de 20 % du PIB. Or, il devrait rester en-deçà de 15 % du PIB. Pour autant, nul ne peut imaginer que le big-bang de la retraite puisse être organisé entre le mois de juillet 2021 et le mois d’avril 2022. À partir d’octobre, la France sera en campagne présidentielle. Les partenaires sociaux ne souhaiteront pas s’engager sur un texte qui pourrait être remis en cause en mai. Les députés qui pensent à leur réélection du mois de juin refuseront toute hardiesse en la matière. Dans ce contexte préélectoral de sortie de crise, le Gouvernement sera tenté par l’adoption de mesures en faveur des petites pensions en reprenant certaines propositions issues des négociations avec les partenaires sociaux. Le relèvement du minimum contributif, l’amélioration des pensions des artisans/commerçants ainsi que celle des femmes pourraient être ainsi retenus d’ici la fin de l’automne. La reprise des chantiers des retraites interviendra certainement après les élections (présidentielle et législatives). Le succès du Plan d’Épargne Retraite souligne qu’à défaut de réforme, les Français sont de plus en plus conscients de la nécessité de s’organiser pour maintenir son pouvoir d’achat à la retraite. La loi PACTE figurera peut-être dans quelques années comme une loi clef en matière de retraite en ayant réussi à fondre une kyrielle de produits d’épargne retraite en un.
Jean-Pierre Thomas
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