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Qui en veut au Plan d’Epargne Retraite ?
Le rapport de la Cour des comptes sur l’épargne retraite, publié au mois de novembre 2024, se concentre sur l’évolution, la gestion et les effets financiers du Plan d’Epargne Retraite (PER) créé par la loi Pacte en 2019. La Cour des Comptes critique plusieurs aspects du PER en particulier son coût fiscal, sa diffusion inégalitaire et son allocation d’actifs insuffisamment tournée vers les entreprises. Les critiques avancées sont sévères pour un produit qui vient juste de fêter son cinquième anniversaire et cela d’autant plus qu’il a été confronté à plusieurs crises depuis sa naissance, l’épidémie de covid, la guerre en Ukraine et la vague inflationniste. Ces différents chocs ont favorisé l’épargne de court terme au détriment de celle de long terme à laquelle appartient le PER.
Retour sur les objectifs de la loi PACTE
L’épargne retraite en France s’est construite de façon progressive et fragmentée, avec l’introduction au fil des années de plusieurs dispositifs destinés à des publics spécifiques :
Ces dispositifs individuels cohabitaient avec des produits collectifs comme l’article retraite ou le Plan d’Epargne Retraite Collectif, ce dernier dépendant de l’épargne salariale.
A l’exception du PERCO et sauf circonstances exceptionnelles, la sortie en rente était de mise. A la fin des années 2010, le système montrait des signes d’essoufflement. La complexité des règles fiscales et des modalités de souscription pénalisaient les produits d’épargne retraite. La loi Pacte, adoptée en mai 2019, a transformé le paysage de l’épargne retraite en introduisant un produit unique, le Plan d’épargne retraite (PER), subdivisé en PER individuel (PERIN), PER collectif (PERCOL), et PER obligatoire (PERO). La loi poursuivait plusieurs objectifs :
En 2022, selon la DREES, 5,536 millions d’adhérents aux dispositifs d’épargne retraite individuels sont dénombrés et 10,5 millions à des contrats collectifs d’entreprise.
Malgré l’augmentation des encours, l’épargne retraite conserve une place marginale dans le système des retraites en France :
Le coût fiscal du PER
L’épargne retraite bénéficie d’une fiscalité attractive, avec notamment des déductions fiscales lors des versements (PERI, PERO), estimées à 1,8 milliard d’euros en 2022. Cet avantage fiscal inclut :
La Cour des comptes soulignent que ces avantages fiscaux donnent lieu à des effets d’aubaine en profitant surtout aux contribuables aisés. Ces derniers peuvent optimiser les plafonds de déduction fiscale, en cumulant les plafonds avec ceux de leur conjoint ou en reportant les déductions non utilisées sur trois années. Le rapport recommande un resserrement des plafonds pour limiter ces avantages à ceux ayant un revenu élevé. La Cour des Comptes oublient que le PER vise à améliorer le taux de remplacement (pensions/revenus d’activités avant la liquidation) de certaines catégories pour lesquelles il est faible (indépendants, professions agricoles, cadres supérieurs, agriculteurs). Le taux de remplacement de ces catégories est souvent inférieur à 50 % quand il est d’environ 75 % en moyenne pour l’ensemble des Français. En raison des règles de leurs régimes de retraite et du plafonnement des pensions, ces catégories ont des pensions au regard de leurs revenus plutôt faibles. L’épargne retraite a été conçue comme un outil pour améliorer leur taux de remplacement. A ce sujet, la déduction fiscale s’inscrit dans le prolongement du régime de déduction des cotisations sociales aux régimes obligatoires. Ces dernières sont déductibles de revenus dans lalimite d’un plafond.
Le rendement des produits d’épargne et poids des frais de gestion
La Cour des Comptes souligne que le rendement des PER est souvent diminué par des frais de gestion significatifs sans pour autant mentionner que ces produits sont complexes. Des progrès de transparence ont été avec la loi Pacte et la loi Industrie Verte réalisés afin d’informer les titulaires des PER des frais supportés et du rendement réel de leur produit.
. La Cour propose une révision de ces plafonds, en particulier pour les PER collectifs, afin d’éviter que le dispositif ne serve principalement les intérêts des contribuables aisés et de renforcer l’inclusion des foyers aux revenus moyens.
La Contribution à l’investissement productif
Un des objectifs de la loi PACTE et du PER était de favoriser le financement des entreprises. Or, la Cour des Comptes souligne que cet objectif n’a pas été complètement atteint.
La Cour note que 30 % des actifs sont investis en actions, soit légèrement plus que pour ceux des anciens produits d’épargne retraite. Une grande partie des fonds est encore investie dans des obligations et des fonds euros, avec une part importante en dette souveraine ou dette de grandes entreprises. La Cour encourage une révision des allocations pour que les fonds soient mieux orientés vers des entreprises à fort potentiel de croissance. Cette surreprésentation des fonds euros est la conséquence des transferts issus des anciens produits. Les nouveaux versements sont plus dynamiques. La gestion profilée permet en outre une plus forte exposition aux risques.
La Cour des Comptes recommande de s’appuyer sur la loi Industrie verte pour inciter les gestionnaires à investir davantage dans des actifs productifs, notamment des actions de PME/ETI, afin de renforcer la contribution de l’épargne retraite à la croissance économique. À.
Les orientations recommandées par la Cour
La Cour des Comptes recommande :
Conclusions
Cinq ans après sa création, le Plan d’Epargne Retraite a surtout besoin de stabilité et non d’un changement de régime fiscal. La Cour des Comptes souligne à juste titre que l’épargne retraite reste, en France, modeste par rapport à son poids dans les autres pays européens ; or, celle-ci entend en diminuer les avantages fiscaux. Ces derniers sont la contrepartie d’un renoncement à la consommation sachant que l’épargne retraite est sauf cas exceptionnels bloquée jusqu’à la liquidation des droits à pension. Si l’épargne investie en actions est plus faible en France qu’ailleurs, c’est en grande partie en raison justement de la faiblesse des fonds de pension. A ce titre, dans tous les pays ces derniers bénéficient d’un traitement fiscal et social spécifique (401K aux Etats-Unis par exemple). En cas de réduction des avantages fiscaux, les épargnants privilégieront l’assurance vie au détriment de l’épargne retraite. La question d’une diffusion plus large des produits collectifs se pose sans nul doute. Des incitations en faveur des PME pourraient être imaginées tout comme l’élaboration d’accord de branche sur le sujet.
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