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Au cœur des confinements durant l’épidémie de covid, à longueur de journée, les femmes et les hommes politiques, les experts, les journalistes répétaient que le monde d’après se devait d’être différent et meilleur que celui d’avant. Or, trois ans plus tard, le monde d’aujourd’hui ne diffère guère de celui de 2019 et celui de demain ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Les espoirs de changement évoqués en 2020 sont restés lettre morte. La refonte de la prévoyance, la transformation du système de santé, l’évolution du droit du travail, la revalorisation des métiers dits essentiels, autant de sujets où les avancées se font attendre. Il en est de même pour la réforme des institutions.
Une réforme du système des retraites a été réalisée en 2023, mais sa dimension, purement paramétrique, ne le modifie pas en profondeur, ce dernier restant complexe et inégalitaire. La création d’un système unique par points imaginé en 2019 était sans nul doute une véritable usine à gaz donnant à tort ou à raison l’impression que l’État cherchait à capter les réserves des différents régimes existants. Mais, il aurait été possible de repartir de ce projet pour bâtir un système comportant trois régimes couvrant les salariés, les fonctionnaires et les indépendants. Cette révolution semble renvoyée aux calendes grecques.
Au niveau de la prévoyance, l’épidémie de covid a révélé que les couvertures actuelles étaient insuffisantes pour faire face à d’éventuelles circonstances exceptionnelles. Nul n’avait alors imaginé un arrêt sur image de plusieurs mois, arrêt qui concernait tant les activités professionnelles que les écoles. Les parents ont ainsi été appelés à se transformer en professeurs, ce qui leur a permis, à ce titre, de constater que ce métier exigeait un minimum de talents. Demain, les circonstances exceptionnelles ne seront pas obligatoirement enfantées par une épidémie, cela pourrait être une panne informatique géante ou une absence d’électricité. Il n’en demeure pas moins que l’existence d’une couverture élargie de prévoyance sera alors nécessaire.
Les partenaires sociaux auraient tout avantage à redessiner notre protection sociale en intégrant ces différentes menaces. De même, au-delà de la question de la retraite, les chantiers du travail des seniors, de la pénibilité, des conditions de travail sont à ouvrir. Depuis le rebond économique de 2021, les emplois à horaires décalés ou pénibles trouvent difficilement preneurs. Les jeunes actifs demandent plus de flexibilité avec, à la clef, plus du télétravail. Les entreprises, pour attirer et fidéliser les salariés sont et seront conduites à s’adapter. Elles devront faire évoluer leur couverture sociale et leur système de formation. La question de la reconnaissance des métiers et de leur juste rémunération est également un sujet prioritaire afin de retisser les liens sociaux.
Depuis deux ans, la vie a repris son cours. La grande différence est la pression mise sur la transition énergétique avec une impression douce-amère. Les efforts à consentir apparaissent pour certains excessifs quand pour les autres ils ne sont pas à la hauteur de leurs attentes. La société se fragmente de plus en plus avec le risque d’un réel blocage. Plus de contraintes, moins de croissance et des perspectives sombres sur le plan environnemental expliquent sans nul doute le sentiment de défiance, d’incompréhension voire de colère qui transcende la société française. Une véritable relance du dialogue social apparaît comme une ardente nécessité afin de redonner du souffle au pays et à la démocratie, pour dépasser les affres de la réforme des retraites.
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