Accueil > Actualités > Epargne > 2024 >
Logiquement, le prix des actifs risqués comme les actions, l’immobilier ou les obligations d’entreprise, augmentent quand les taux directeurs des banques centrales sont bas, mais ils sont actuellement en hausse, à l’exception de l’immobilier.
Au début des années 2000 et surtout après la crise des subprimes en 2008/2009, les prix des actifs remontaient en lien avec la baisse des taux directeurs décidée par les banques centrales. La progression de l’indice « actions » S&P500, entre 2009 et 2023, est impressionnante et correspond à la période où les directeurs ont été abaissés à un niveau proche de zéro. L’indice S&P 500 a ainsi connu une progression de 900 %. Pour l’indice européen Eurostoxx, le lien est également net. La Banque Centrale Européenne (BCE) a placé ses taux directeurs à zéro à compter 2015, ce qui a conduit à un doublement de l’indice. L’immobilier a connu le même mouvement avec une multiplication de son prix par plus de deux en zone euro et par plus de quatre aux États-Unis en lien avec les faibles taux d’intérêt.
La hausse des taux n’a pas réellement infléchi la valeur des actifs. Les taux d’intérêt sur les obligations d’État à 10 ans dépassent 3 % en zone euro et 4 % aux États-Unis mais cela n’a eu guère d’incidences sur l’allocation d’actifs. Les prix de l’immobilier ont faiblement baissé au regard des hausses enregistrées ces dernières années. Malgré des taux dépassant 6 % aux États-Unis pour les emprunts hypothécaires, les prix de l’immobilier sont en hausse.
Les indices actions, en zone euro comme aux États-Unis, battent record sur record, et cela nonobstant le fait que les banques centrales n’ont pas commencé (ou faiblement) à baisser leurs taux qui restent à des niveaux inconnus depuis plus de quinze ans. Le lien entre prix des actifs financiers et immobiliers et cycle des taux d’intérêt semble ainsi être très différent de ce qu’il était dans le passé. Trois facteurs expliquent cette anomalie : l’abondance des liquidités, le caractère faussement restrictif des politiques monétaires et les bons résultats des entreprises.
Les encaisses monétaires détenues par les agents économiques non bancaires sont extrêmement élevées, en raison des politiques monétaires non-conventionnelles mises en œuvre ces quinze dernières années. Cette abondance nourrit la demande d’actifs financiers et immobiliers. De 2010 à 2023, la masse monétaire (numéraire, dépôts à vue, dépôts à terme, fonds monétaires) est passée de 14 000 à 29 000 milliards de dollars aux États-Unis et de 10 000 à 17 000 milliards d’euros en zone euro.
Les taux d’intérêt réels (déflatés de l’inflation) sont restés faibles depuis 2022. Si la hausse des taux directeurs a été brutale, elle apparaît relativement mesurée au regard de la vague inflationniste. Les taux directeurs sont restés en phase avec le taux de croissance nominal des économies. En 2023, la politique monétaire apparaît plus restrictive en zone euro en raison du ralentissement marqué de l’économie.
Malgré la hausse des coûts de production, les entreprises ont réussi, ces dernières années, à sauvegarder leurs marges bénéficiaires. Elles sont parvenues à répercuter leurs hausses de coûts, notamment salariaux, sur le prix des produits et prestations finaux. Les bénéfices étant en progression, les indices boursiers sont également tirés à la hausse.
Depuis plusieurs mois, les investisseurs anticipent la baisse des taux, ce qui favorise l’augmentation du prix des actifs mobiliers et immobiliers. Ces derniers prévoient que cette baisse provoquera une hausse rapide des valeurs permettant de dégager d’importantes plus-values. Le risque est évidemment la constitution d’une bulle spéculative. Les banques centrales pourraient être tentées de diminuer de manière mesurée leurs taux pour éviter une hausse inconsidérée des actifs.
contact@cercledelepargne.com