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Sur Internet, l’épargne est devenue la cible des escrocs en tout genre. Après les faux sites faisant miroiter des gains à deux chiffres en achetant des diamants, des parchemins, du vin, des cryptoactifs ou des NFT, c’est au tour des livrets d’être victimes d’agissements frauduleux.
En 2023, 1 262 sites ou entités proposant des produits financiers sans y être autorisés ont été inscrits sur la liste noire de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), le régulateur des établissements financiers français. Ces sites, dans leur grande majorité, proposaient des offres frauduleuses concernant de faux crédits ou livrets d’épargne en usurpant l’identité d’un établissement ou d’un intermédiaire financier dûment autorisé à commercialiser de tels produits. En 2023, la perte moyenne observée concernant les faux livrets s’élevait à 93 000 euros. Un dossier aurait dépassé un million d’euros selon un responsable de l’APCR. Concernant les faux crédits, la perte moyenne est de 13 000 euros, mais peut être plus élevée dans certains dossiers, jusqu’à 60 000 euros l’an dernier. Le montant des fraudes tend à augmenter tout comme le nombre de sites illégaux. Les épargnants qui ont été victimes de ces sites proviennent de toutes les catégories sociales. Ils sont attirés par les promesses de rendement, de liquidité et de garantie du capital.
L’ACPR a également constaté la recrudescence des sites proposant des contrats de financement participatif proposant d’investir dans énergies renouvelables, les EHPAD, les chambres en résidence étudiante ou encore dans les parkings équipés de bornes de recharge électrique. En 2023, 46 sites Internet ou courriels frauduleux ont été inscrits dans cette catégorie, contre 20 en 2022.
L’hameçonnage ou « phishing » en anglais est la technique frauduleuse la plus communément utilisée sur le Web. Elle vise à leurrer l’internaute pour l’inciter à communiquer des données personnelles en se faisant passer pour un tiers de confiance. Les fraudeurs passent par des e-mails, des publicités, en ayant recours, le cas échéant, à des logos officiels. Les escrocs n’hésitent pas à créer des sites frauduleux ressemblant à des sites de sociétés respectables. Ils peuvent aussi créer des sites proposant des placements à fort rendement, sites souvent logés dans des pays étrangers. Des publicités alléchantes peuvent rediriger des internautes vers ce type de sites sur lesquels sont proposés des superlivrets, des actions, des placements alternatifs, des cryptoactifs, des NFT, etc. Ces sites peuvent fonctionner sur le principe des pyramides de Ponzi. L’escroc demande un premier versement qui donnera lieu à une rémunération attractive incitant l’épargnant à verser de nouvelles sommes. Au bout de quelques mois, le site ou ceux qui en sont à l’origine disparaissent en ne donnant plus suite aux e-mails. L’argent versé est parti sous d’autres cieux.
Les escrocs peuvent également démarcher par téléphone. Ils exercent généralement une forme de pression sur leurs interlocuteurs, en soulignant que leur offre est limitée dans le temps. Ce phénomène est loin d’être marginal. L’ACPR vient d’ajouter 437 sites à sa liste noire.
Les fraudeurs, pour capter des épargnants, utilisent tous les possibilités qu’offrent les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ils sont présents sur des applications comme YouTube, Facebook, Twitter, Instagram ou TikTok. Ils s’insèrent dans les réseaux de rencontre ou les « chats » des jeux vidéo. Ils peuvent se faire passer pour des influenceurs ou recourir à ces derniers pour abuser des internautes. Par le biais de faux profils, les escrocs peuvent parler pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, à leurs potentielles victimes, dans l’optique de gagner leur confiance et de leur soutirer leur épargne. Un Youtubeur, baptisé « Crypto Gouv », aurait ainsi arnaqué jusqu’à près de 300 personnes et détourné 4 millions d’euros en proposant des investissements en cryptomonnaies. Une quarantaine de plaintes ont été déposées et le parquet de Paris a ouvert une enquête mi-juillet. L’escroc présumé avait réussi à rassembler une communauté de 4 000 personnes avec lesquelles il échangeait quotidiennement sur des applications de messagerie comme « Telegram » et « Discord ». Il a annoncé lui-même qu’il partait avec tout l’argent le 9 juillet, avant de disparaître, sans que personne ne connaisse sa véritable identité.
Placements fétiches des jeunes et symbole de l’argent facile, les cryptoactifs donnent lieu à de nombreuses fraudes. Elles sont d’autant plus faciles que le marché des cryptoactifs est peu ou pas réglementé. En la matière, l’imagination des voyous n’a pas de limites.
Des escrocs n’hésitent pas à créer des cryptomonnaies en quelques minutes et faire miroiter des gains importants à ceux qui les souscriraient. Ils demandent à quelques complices d’acheter leur cryptoactif afin de faire monter le cours et attirer ainsi des épargnants crédules. Quand ceux-ci en ont acheté suffisamment, ils, peuvent, au choix, partir avec l’argent de leurs victimes ou vendre d’un coup leurs actifs, ruinant au passage les internautes. Les NFT, en vogue chez les jeunes épargnants, sont également une source de fraudes. Les créateurs de NFT font augmenter de manière artificielle leur valeur avant de la rendre illiquide en effectuant des ventes rapides et massives.
Avant de souscrire à une offre, les épargnants doivent vérifier que le site est autorisé à proposer des produits bancaires ou des assurances en consultant le registre des agents financiers (REGAFI), le registre des organismes d’assurance (REFASSU) et le site de l’ORIAS. Une offre avec des taux élevés doit dans tous les cas attirer la vigilance des épargnants. Il faut se méfier des sites non agréés et hébergés en dehors de l’Union européenne et ne jamais communiquer ses coordonnées bancaires sans avoir un minimum de garanties sur le destinataire.
Depuis l’adoption de la loi PACTE, les intervenants qui font appel à l’épargne pour des placements atypiques dans des biens concrets doivent impérativement être enregistrés auprès de l’AMF.
Les victimes potentielles peuvent appeler INFO ESCROQUERIES au numéro vert 0805 805 817 (service et appel gratuits depuis la France du lundi au vendredi de 9 heures à 18 h 30). Elles seront alors conseillées sur les démarches à réaliser. Dans tous les cas, il faut prévenir sa banque et arrêter, le cas échéant, les prélèvements. Si la fraude est liée à un site, à un intermédiaire français ou, à défaut, établi dans un État de l’Union européenne, les moyens de recours sont plus nombreux. L’Autorité des marchés financiers (AMF) est compétente quand la fraude concerne des intermédiaires financiers ayant l’autorisation de commercialiser des produits financiers en France. Il en va de même pour le médiateur de l’AMF qui ne pourra aider au règlement d’un litige à l’amiable qu’à cette condition.
En cas de présomption d’offre frauduleuse et de préjudice, pour des sommes inférieures à 10 000 euros, il est possible de déposer une plainte auprès du commissariat ou de la gendarmerie de son lieu de résidence https://www.pre-plainte-en-ligne.gouv.fr. Pour les sommes supérieures à 10 000 euros, il faut déposer plainte à la gendarmerie, à la police ou auprès du procureur de la République du Tribunal de grande Instance.
La plainte doit être détaillée et comporter l’ensemble des éléments qui pourront faciliter le travail des autorités judiciaires. La victime devra préciser les modalités du contact, le nom du site, les sommes investies et les coordonnées des personnes éventuellement en contact. Elle devra fournir les échanges d’e-mails, les ordres de virement, les éventuelles captures d’écrans et les contrats reçus de la part du site en question.
Les victimes peuvent également effectuer un signalement sur le portail officiel du ministère de l’Intérieur même en l’absence de perte financière. Ce signalement peut être utile pour empêcher d’autres tentatives d’escroquerie. Pour les courriels, il est possible de faire un signalement sur la plateforme « Signal Spam ».
contact@cercledelepargne.com