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Pour la première de notre histoire contemporaine, la moitié de l’humanité s’est confinée entre le milieu de mois de mars et le début de celui d’avril, pour raison sanitaire. Les gouvernements de tous les continents ont privilégié la vie à l’économie comme quoi nos sociétés humaines ne sont pas guidées que par l’« argent ». Ce choix a été pris bien souvent en quelques heures de la part des dirigeants conscients des risques économiques et sociaux. Si arrêter une économie est un acte relativement facile, remettre une économie en route est un exercice complexe. Durant le confinement, les chaînes d’approvisionnement ont été arrêtées, générant de potentielles ruptures de stocks. Les trésoreries des entreprises se sont asséchées. Tout en veillant à la sécurité des actifs, les circuits de production devront au cours du mois de mai être rendus opérationnels. Les producteurs devront produire et les consommateurs consommer. Cet exercice d’une édifiante banalité sera un défi dans les premières semaines surtout si les mesures de protection, de distanciation sociale demeurent fortes. L’adaptation sera de mise, au quotidien, tout comme l’esprit d’innovation. La crise du covid-19 oblige les uns et les autres de sortir de leur zone de sécurité. Avant sa survenue, l’économie européenne patinait et flirtait déjà avec la récession. Les facteurs de blocages étaient nombreux. Les gains de productivité, l’esprit créatif, la volonté de rupture s’étaient émoussés. Cette crise ne changera pas le plomb en or. Demain ne sera pas un grand soir, n’en déplaise aux hérauts de la révolution. Le travail, le capital, le progrès technique resteront les mamelles de la croissance, croissance utile, incontournable pour financer les dettes publiques, les dépenses de santé, de retraite ou d’éducation. La croissance sera également incontournable pour permettre d’assurer tous les risques auxquels la population peut être confrontée. La prise en compte de l’aléa sanitaire et épidémiologique s’ajoutera aux autres garanties existantes. Cette crise a souligné la fragilité des systèmes de santé occidentaux dont les budgets sont importants. La difficile capacité d’adaptation à un nouveau virus a été incomprise par l’opinion publique. Cette dernière juge sévèrement les gouvernements accusés d’être imprévoyants. Ces prises de position sont liées au fait que depuis les dernières épidémies et depuis celle-ci en particulier, le rapport à la maladie, à la mort a, en Occident, complètement changé. Les États, les gouvernements sont devenus responsables de la santé de leurs concitoyens qui exigent le meilleur service sans intégrer la notion de coût ou de faisabilité. Dans ces conditions, compte tenu de l’ampleur des menaces qui peuvent interférer avec la vie des citoyens, les pouvoirs publics seront dans l’obligation d’imaginer toutes les sécurités possibles au risque de paralyser l’économie. La conciliation des contraintes est le propre de l’Homme. Gérer la rareté des ressources, arbitrer entre les solutions, constitue le défi auquel il faut répondre avec encore plus d’efficience avec le covid-19.
Jean-Pierre Thomas
A lire dans le Mensuel du Cercle de l’Epargne N° 73de mai 2020
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