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Ce n’est pas un krach mais c’est un sérieux signal d’alerte. Toutes les grandes places boursières ont enregistré, en 2018, des reculs significatifs. A Paris, le CAC 40 a perdu 10,95 %, la plus forte baisse depuis 2011. Le Daxx allemand recule même de 18,26 %. L’indice londonien a chuté de 12,48 % un peu près comme l’indice japonais Nikkei, -12,08 %. Les indices américains qui ont longtemps été positif jusqu’au mois de décembre cèdent également du terrain.
Près de la moitié des composantes du Cac 40 (19 sur 40) a baissé de plus de 15% en 2018. Les valeurs financières ont cédé du terrain du fait des menaces qui pèsent sur l’Europe. L’automobile (Renault, Michelin et surtout Valeo) a été mise à dure épreuve avec l’entrée en vigueur de nouvelles normes. La forte concurrence sur ce secteur et l’incarcération du PDG de Renault ont également joué en défaveur des cours. La grande distribution a payé le ralentissement de la croissance de la consommation, de la concurrence de plus en plus vive et du mouvement des « gilets jaunes ».
L’année 2018 aura été une année de tous les contrastes. Le pétrole a joué au yo-yo passant de 66 dollars début janvier à plus de 84 dollars le baril le 6 octobre pour terminer l’année à 52 dollars le baril. Il aura perdu 20 % de sa valeur en un an. Son augmentation au cours du premier semestre a pesé sur la croissance des pays consommateurs. Elle a eu comme conséquence l’accélération de l’inflation qui a dépassé les 2 % aux Etats-Unis comme en Europe.
Le commerce international, dans la foulée de l’année 2017, a connu une forte progression aidé en cela par la bonne tenue de la conjoncture américaine. L’aggravation du déficit commercial américain a conduit Donald Trump, avant les élections de Midterm d’engager une guerre commerciale avec la Chine et à titre accessoire avec l’Europe. Si au niveau des échanges, l’impact a été jusqu’à maintenant faible, les sanctions annoncées ont pesé sur le climat boursier de la fin d’année. Les investisseurs craignent pour 2019 un ralentissement des échanges et donc une diminution de la croissance. L’obtention ou pas d’un accord au début de l’année 2019 conditionnera l’évolution des cours des prochains mois.
La croissance de l’économie mondiale aurait du jouer en faveur de la bourse or il en fut autrement. Les investisseurs valorisent les cours non pas au regard des performances passées et actuelles mais en fonction de ceux à venir. Il est souvent mentionné que les retournements de la bourse ont six mois d’avance par rapport aux mouvements réels de l’économie. Cette théorie est toute relative car des krachs peuvent ne pas déboucher sur des récessions. Il en fut ainsi en 1987. En 2018, la croissance de l’économie mondiale devrait avoir atteint 3,6 %. Les Etats-Unis, grâce à la réforme fiscale de Donald Trump, peuvent espérer une croissance de 3 %. L’économie américaine serait menacée de surchauffe, justifiant les relèvements des taux directeurs par la banque centrale. En revanche, le Président Donald Trump pense tout autrement, son objectif étant d’obtenir une croissance supérieure à 3 %. Il réclame l’arrêt de la hausse des taux. Les menaces qu’il a formulées à l’encontre du Président de la FED, Jerome Powell, ont effrayé les investisseurs. Ces derniers n’ont guère apprécié la remise en cause de l’indépendance de la banque centrale. Par ailleurs, ils ont jugé les pressions présidentielles et l’éventuel ralentissement du programme de hausse des taux comme la preuve d’un retournement de la croissance. Malgré, en 2018, quatre hausses de taux sont intervenues, portant la fourchette des Fed funds entre 2,25% et 2,5% en fin d’année
Le ralentissement économique de la zone euro s’est manifesté dès le premier trimestre et ne s’est pas démenti au cours de l’année. L’Allemagne a même enregistré une contraction de son PIB au 3e trimestre, contraction s’expliquant en partie par le changement des normes antipollution des véhicules et par les tensions commerciales. L’Italie a renoué avec la stagnation et la France avec la croissance à petite vitesse. De même, le Japon a du faire face à un net refroidissement de son économie au 3e trimestre. A cela s’est ajouté l’érosion de la croissance chinoise à partir du second semestre.
L’année 2018 a été également marquée par une série de crises diplomatiques dont les effets se sont ressentis sur les indices boursiers. L’Iran, la Turquie et l’Arabie saoudite ont été des sources de tensions. Durant l’été, le durcissement des relations entre Ankara et Washington onbt provoqué une dépréciation de la livre turque et la baisse du principal indice de la bourse d’Istamboul. Cette crise a provoqué une onde de choc sur les places financières mondiales et a contribué à la baisse des valeurs des banques européennes fortement investies en Turquie. La rupture par les Etats-Unis de l’accord avec l’Iran et la restauration de l’embargo ont eu une influence sur les cours pétroliers et sur le climat économique général. L’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, dans l’ambassade de son pays en Turquie a pesé sur la place financière de Riad.
L’Union européenne est également restée un foyer d’incertitudes avec notamment le feuilleton inachevé à cette heure du Brexit et les relations difficiles de Rome avec Bruxelles du fait de l’arrivée au pouvoir d’une coalition des deux partis extrémistes M5S et la Ligue dont l’antieuropéanisme est un des rares ciments. La crise sociale en France et les difficultés d’Angela Merkel avec la montée en puissance de l’extrême droite fragilisent la zone euro qui fête en 2019 ces vingt ans. Si les écarts de taux entre l’Italie et l’Allemagne se sont accrus, il est à souligner que tant dans ce dernier pays et la France, les taux sont plus faibles en fin qu’en début d’année.
L’année 2018 marquera peut être la fin de l’envolée des cours des technologiques. Apple a valu plus de 1 000 milliards de dollars, avant de perdre en moins de trois mois 30 % de sa valeur. Facebook, Alphabet, Netflix et Amazon ont vu leur cours baisser. Les résultats des GAFAM ne suivaient plus l’appréciation des actions. Des doutes sur la pérennité des modèles économiques commencent à poindre. La correction en cours était attendue et est salutaire. En effet, des augmentations de 300 à 900% en quelques années était déconnectée des réalités économiques.
En 2018, l’année aura été celle de la chute du Bitcoin qui est ainsi passé de plus de 16 400 dollars le 1er janvier 2018 à 3 810 dollars le 31 décembre 2018. En un an, il a perdu plus de 75 % de sa valeur. Le caractère hautement spéculatif, l’absence de transparence, l’explosion des coûts de production des crypto-actifs et la volonté des pouvoirs publics de réguler ce nouveau marché ont entrainé la chute de leurs. Ether, Ripple, Litecoin ont suivi le Bitcoin dans son mouvement.
En 2018, la justice s’est immiscée dans la vie financière des entreprises internationales. L’arrestation de Carlos Gohn au Japon tout comme celle au Canada de la directrice financière de Huawei (qui est par ailleurs la fille du fondateur), la menace de sanction à l’encontre de la Société générale aux Etats-Unis sont autant d’exemples d’une juridicisation accrue de la vie économique, juridicisation qui est une forme de protectionnisme déguisée.
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