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La Banque Centrale Européenne est confrontée pour la première fois depuis 1999 à une crise inflationniste. En Europe, les taux progressent assez vite du fait de l’élévation des cours du pétrole, du gaz, des matières premières et des produits agricoles. Face à cette hausse des prix, elle est confrontée à un dilemme, recourir à l’arme des taux sachant qu’elle pourrait être inefficiente et au risque de tuer la croissance ou laisser les prix s’accroître avec un danger d’emballement. Un relèvement immédiat des taux directeurs n’aurait que peu d’effets sur l’inflation, les hausses des prix résultant d’évènements extérieurs aux Etats membres de la zone euro. Les agents économiques ne peuvent pas se soustraire à l’augmentation des prix des produits importés. En revanche, ce relèvement pourrait occasionner un net ralentissement de la croissance qui est déjà menacée par la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Pour le moment, la BCE ne prévoit que deux augmentations de ses taux directeurs d’ici la fin de l’année.
Avec le conflit ukrainien, l’ensemble des Etats membres enregistrent une nouvelle poussée inflationniste. En Allemagne le taux d’inflation a atteint, en mars, 7,3 % sur un an, selon les premières estimations de l’Office fédérale de la statistique (Destatis). Le conseil économique des Sages anticipe cependant une inflexion cette automne permettant de limiter l’inflation à 6,1 % cette année. Sous l’effet du rattrapage des salaires, elle devrait atteindre à 3,4 % l’an prochain. Toujours selon les prévisions de ce conseil, en cas de rupture d’approvisionnement en gaz russe, les pourraient augmenter de 9 % en 2022. L’Allemagne doit s’habituer à vivre avec une inflation plus forte qu’auparavant. La réalisation d’investissements importants pour accélérer la transition énergétique devrait entraîner une hausse des prix à moyen terme. Dans ce contexte inflationniste, le Conseil des sages a réduit de près de deux tiers ses prévisions de croissance. Le produit intérieur brut ne devrait plus augmenter que de 1,8 % en 2022. En cas de rupture d’embargo sur le pétrole et le gaz russe, le PIB allemand pourrait encore être amputé de 3 à 5 points de pourcentage cette année par rapport aux prévisions, ce qui impliquerait un recul de -1,2 % à -3,2 % du PIB.
Dans les autres pays de la zone euro, l’inflation est également en forte hausse. Elle a atteint 9,8 % sur un an en Espagne et 8,3 % en Belgique. La France reste toujours en-deçà du fait de la mise en place du bouclier tarifaire. L’Etat prend en charge une partie de l’inflation générée par la hausse du cours du pétrole et du gaz.
Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois par l’INSEE, les prix à la consommation augmenteraient de 4,5 % en mars 2022, après +3,6 % le mois précédent. Cette hausse marquée de l’inflation résulterait d’une accélération des prix de l’énergie, de l’alimentation et, dans une moindre mesure, des services. Les prix des produits manufacturés ralentiraient légèrement. La baisse des prix du tabac sur un an serait de même ampleur qu’en février.
Sur un mois, les prix à la consommation augmenteraient de 1,4 %, après +0,8 % en février. Les prix de l’énergie accéléreraient en lien avec la hausse des prix des produits pétroliers. Ceux des produits manufacturés et de l’alimentation augmenteraient nettement. Les prix des services ralentiraient, notamment en raison du repli des prix des services de transports.
Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 5,1 %, après +4,2 % en février.
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