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L’inflation et vieillissement démographique

Retraite 8 octobre 2025

Depuis 1995, l’espérance de vie a gagné sept ans au Japon, passant de 79 à 85 ans. En France, elle atteint 82 ans. Jamais les sociétés n’ont compté autant de retraités, 17 millions en France en 2024, contre 5 millions en 1981. En parallèle, la fécondité recule. En Italie et en Espagne, elle est de 1,3 enfant par femme, contre les 2,1 requis pour assurer le renouvellement. En France, elle n’est plus que de 1,6. En Corée du Sud, elle est inférieure à 1. Le rapport entre les 65 ans et plus et les actifs s’envole. En 1995, la France près de 2 actifs pour un retraité, c’est désormais 1,7 et demain, ce sera 1,4. Au Japon, il y a presque un retraité pour un actif.

Avec plus de consommateurs, et moins de producteurs, l’équilibre économique sera de plus en plus tendu. Si le retraité reste un acteur de la demande – il mange, se loge, se soigne, voyage – en revanche, il ne participe pas ou peu à la production. La société entre alors en régime de rareté relative au niveau de l’offre avec une obligation d’importer ou de recourir à l’immigration. Certes, les retraités consomment moins de biens industriels que les actifs, mais ils dépensent plus en services qui exigent d’importants besoins de main-d’œuvre.

Si pour une raison ou une autre – protectionnisme, incapacité de l’offre mondiale, limitation de l’immigration – l’offre est bridée, elle sera sujette à une hausse des prix. Le recours aux importations peut poser quelques problèmes. En effet, des déficits de la balance des paiements courants pourraient poser des problèmes de financement et déboucher sur une crise des changes. Déjà, aujourd’hui, des pays comme le Royaume-Uni ou les États-Unis ont des dettes extérieures qui dépassent 70 % du PIB. Des pays comme le Japon, l’Allemagne ou l’Italie, habitués à dégager des excédents au niveau de leur balance des paiements courants constatent l’érosion, depuis plusieurs années, de ces derniers. Le Japon comme l’Allemagne peuvent compter sur le niveau élevé du taux d’épargne des ménages mais celui-ci ne saura suffire pour compenser les effets du vieillissement démographique.

L’inflation sous-jacente, que ce soit aux États-Unis, en Allemagne ou au Royaume-Uni, tend à augmenter en raison des tensions sur le marché du travail. Cette inflation liée à la pénurie croissante de la main-d’œuvre a été compensée durant des années par la mondialisation. Les pays vieillissants importaient leurs biens de la Chine et des pays asiatiques.

La baisse des prix générée par ce flux amenait des gains de pouvoir d’achat que les économies nationales ne parvenaient plus à produire faute de gains de productivité. Cette mécanique suppose deux fluidités : celle des capitaux et celle des biens. Or, ces fluidités s’étiolent. La rivalité sino-américaine, les sanctions financières, la quête de souveraineté réduisent la mobilité des capitaux. Avec la montée du protectionnisme, la croissance des échanges ralentit. Les droits de douane américains, tombés sous les 5 % dans les années 2010, atteignent désormais 17 %. Des produits importés plus chers, c’est par nature inflationniste.

Le vieillissement des populations signifie également une moindre ouverture au progrès technique. En Europe, la productivité par tête progresse lentement, moins de 10 % de gains depuis le début de siècle. Or, dans le même temps, les charges publiques augmentent, retraite, dépendance, santé, défense, transition énergétique. Ces besoins importants, à financer en grande partie par emprunts, sont une source d’inflation.

Compte tenu de ces différents facteurs inflationnistes, les investisseurs, les épargnants, recherchent des valeurs refuges pouvant les en préserver. L’or, le bitcoin en sont les premiers exemples. Les actions bénéficient également de cette recherche de valeurs pouvant atténuer les effets de l’inflation.

L’inflation n’est pas seulement le fruit d’une politique monétaire trop souple ou d’un choc énergétique. Elle est inscrite dans la mécanique des âges. Le vieillissement agit comme un engrenage qui resserre l’offre et élargit la demande. Tant que le monde est ouvert, il se traduit par une dette extérieure croissante. Quand les frontières se ferment, il éclate en inflation.

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