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L’euro fiduciaire a vingt ans : retour sur la fake news de l’inflation

Economie 8 décembre 2021

Vingt ans après, l’euro et l’inflation, une fake news ?

Le 2 janvier 2002, l’euro fiduciaire, les billets et les pièces, remplaçaient les monnaies nationales des onze Etats ayant été acceptés à participer à l’union monétaire. Ce passage constituait la dernière étape de cette construction monétaire, sachant que depuis le 1er janvier 1999, l’euro était devenu la monnaie officielle des Etats membres. Ce grand changement d’unité monétaire, le premier depuis le 1er janvier 1960 marqué par l’introduction du nouveau franc a fait l’objet de critiques dans le prolongement des débats qui étaient intervenus lors de la campagne référendaire sur le Traité de Maastricht autorisant le passage à l’euro. Ce dernier donna lieu à une polémique en 2002 et les années qui suivirent sur la perte de pouvoir d’achat des ménages provoquée par l’augmentation des prix. L’INSEE a, à maintes reprises, réalisé des études sur le sujet prouvant l’inverse ; rien n’y fit. Entre le ressenti et la réalité froide des statistiques, l’écart était alors important. Le jugement des consommateurs était d’autant plus surprenant que la France avait au cours des années 1970 et 1980 connu un inflation importante. Pour se qualifier à l’euro, les gouvernements avaient du mettre en œuvre des politiques de désinflation compétitive qui étaient mal vécues.

Selon une étude de l’INSEE de 2016 (étude de Marie Leclair, division des prix à la consommation, Vladimir Passeron), les prix à la consommation n’ont augmenté que de 1,4 % en moyenne par an soit nettement moins qu’au cours des quinze années précédentes (+ 2,1 % entre 1986 et 2001. L’inflation française après l’introduction de l’euro était inférieure de celle constatée en moyenne au sein de la zone (+ 1,7 % en moyenne par an).

Si les ménages ont constaté certaines hausses de prix, celles-ci n’ont pas été occasionné par le changement de monnaie mais par des facteurs conjoncturels comme les variations climatiques (produits alimentaires), l’environnement géopolitique (produits pétroliers) et par des facteurs d’ordre politique (augmentation du prix du tabacs au nom de la santé publique). L’inflation sous-jacente qui exclut les produits connaissant de fortes fluctuations est restée très faible dans les années qui ont suivi l’introduction fiduciaire de l’euro.

Le ressenti de hausse des prix s’est nourri, en partie, par l’attention que les Français ont porté à ces derniers. Dans les premiers mois, les consommateurs ont effectué des conversions rendant toute hausse sensible. Les boulangers, les restaurateurs, les cafetiers ont été accusés de majorer leurs tarifs au moment même où ils subissaient une augmentation du coûts de leurs matières premières et qu’ils devaient gérer la mise en œuvre des 35 heures. Les consommateurs ont conservé en mémoire les derniers prix en francs oubliant que ces derniers évoluaient auparavant en permanence. Ils ont négligé que l’inflation préexistait et qu’elle n’a pas disparu avec l’introduction de l’euro.

L’INSEE estime que le basculement des grilles tarifaires du franc vers l’euro a provoqué une augmentation des prix de 0,1 à 0,2 % sur l’année 2002.

La mise en place de l’euro fiduciaire intervient à la fin d’un cycle de croissance qui a débuté en 1997 et qui s’est achevé avec l’éclatement de la bulle Internet. Le taux de croissance est passé de près de 3 % à 1 % rendant les négociations salariales plus difficiles. L’Allemagne au même moment a décidé de mettre en œuvre une politique d’amélioration de sa compétitivité après une décennie de financement de la réunification. Cette politique de rigueur reposait sur une maîtrise salariale stricte et par une réduction des déficits, politique qui s’imposa au reste de l’Europe. La Banque Centrale Européenne avait comme objectif d’assurer la crédibilité de la nouvelle monnaie à l’échelle internationale ce qui l’a conduit à mettre en œuvre une politique monétaire peu accommodante et donc peu inflationniste.

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