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L’épidémie de covid a réduit l’espérance de vie des Français. Plus de trois ans après le début de la pandémie, cette dernière n’a pas retrouvé son niveau de 2019. Elle était, en 2022, à la naissance de 79,3 ans pour les hommes et de 85,2 ans pour les femmes, soit 0,4 an de moins qu’en 2019. À 65 ans, l’espérance de vie était, toujours en 2022, de 19,2 ans pour les hommes et de 25,1 ans pour les femmes, en deçà respectivement de 0,4 et de 0,3 an par rapport à 2019.
Le service des études et des statistiques du ministère de la Santé établit un indicateur pour mesurer l’espérance de vie en bonne santé. Contrairement aux données objectives de l’espérance de vie, cet indicateur est plus subjectif, car il est construit sur la prise en compte des réponses d’un échantillon de personnes à la question « Êtes-vous limité, depuis au moins six mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ? » Les personnes interrogées doivent indiquer s’il s’agit de limitations fortes ou non, ce qui permet également de repérer les personnes handicapées et de calculer un indicateur d’espérance de vie sans incapacité forte.
En 2022, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans baisse et revient à son niveau de 2020. Elle s’élevait à 11,8 ans pour les femmes et 10,2 ans pour les hommes. Au même âge, l’espérance de vie sans incapacité forte atteignait quant à elle, 18,3 ans pour les femmes et 15,5 ans pour les hommes.
La baisse des dernières années ne doit pas masquer le fait qu’entre 2008 et 2022, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans a augmenté de 1 an et 9 mois pour les femmes et de 1 an et 6 mois pour les hommes, soit respectivement 1,5 mois et 1,3 mois par an en moyenne.
L’espérance de vie sans incapacité forte à 65 ans augmente également au cours de la même période, de 1 an et 8 mois pour les femmes et de 1 an et 5 mois pour les hommes. Avec l’épidémie de covid, en 2022, les espérances de vie sans incapacité et sans incapacité forte à 65 ans baissent et retrouvent leur niveau de 2020. Avec la crise sanitaire, la sensibilité de la population aux questions de santé est accrue ce qui peut expliquer que dans le cadre des questionnaires, plus de personnes signalent des incapacités.
Entre 2008 et 2022 et malgré la baisse de 2022, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans a augmenté plus vite que l’espérance de vie au même âge. En 2022, pour les hommes, les années sans incapacité représentaient 53,0 % des années restant à vivre à 65 ans, contre 47,7 % en 2008 et 52 % en 2019. Pour les femmes, la part d’années sans incapacité dans l’espérance de vie à 65 ans est passée de 44,7 % en 2008 à 49,1 % en 2019 puis à 51,0 % en 2022. Soit un gain moyen de 0,4 point de pourcentage par an pour les hommes et 0,5 point pour les femmes depuis 2008.
Depuis 2008, l’espérance de vie sans incapacité à la naissance augmente pour les hommes et les femmes. Cet indicateur permet de mesurer les incapacités apparaissant dès l’enfance ou au cours de la vie active. Elle permet d’avoir une vision globale de la santé de l’ensemble de la population. À la naissance, en 2022, les femmes peuvent espérer vivre 65,3 ans sans incapacité et 77,5 ans sans incapacité forte. Pour les hommes, l’espérance de vie sans incapacité est de 63,8 ans et de 73,5 ans sans incapacité forte. Depuis 2008, l’espérance de vie sans incapacité à la naissance des femmes a augmenté de 9 mois et celle des hommes de 1 an et 1 mois. Les espérances de vie sans incapacité forte augmentent sur la même période de 9 mois pour les femmes et de 1 an et 6 mois pour les hommes. Contrairement aux indicateurs à 65 ans, l’espérance de vie sans incapacité à la naissance a progressé sur cette période au même rythme que l’espérance de vie.
En 2021, l’espérance de vie sans incapacité des hommes à 65 ans est supérieure de 1 an et 10 mois à la moyenne européenne, qui s’établit à 9,5 ans. Pour les femmes, l’écart avec la moyenne européenne (9,9 ans) est plus important (+2 ans et 8 mois). En 2021, la France est 2e parmi les 27 pays de l’Union européenne pour l’espérance de vie des femmes à 65 ans et 3e pour l’espérance de vie des hommes à 65 ans. Elle est au 3e rang pour l’espérance de vie sans incapacité des femmes à 65 ans et au 4e rang pour celle des hommes.
À la naissance, en 2021, l’espérance de vie sans incapacité des hommes est supérieure (+2 ans et 5 mois) à la moyenne de l’Union européenne, qui est de 63,1 ans. L’espérance de vie sans incapacité des femmes à la naissance est également supérieure (+2 ans et 8 mois) à la moyenne européenne (64,2 ans). Si la France se situe, en 2021, au 2e rang dans l’Union européenne pour l’espérance de vie des femmes à la naissance, elle est, en revanche, au 6e rang pour l’espérance de vie sans incapacité. Pour les hommes, la France est placée, dans l’Union européenne, au 10e rang pour l’espérance de vie à la naissance et au 5e rang pour l’espérance de vie sans incapacité.
Les chiffres de 2021 doivent être appréciés avec prudence compte tenu des conséquences de l’épidémie de covid. Des variations non négligeables pourraient intervenir avec les données de 2022.
La crise sanitaire a entraîné un recul de l’espérance de vie en particulier de celle en bonne santé. Si la pandémie de covid a provoqué une augmentation du nombre de décès et désorganisé le système de soins, il serait, toutefois, hasardeux de se prononcer sur ses conséquences en matière d’espérance de vie. Avant même l’épidémie, les gains d’espérance de vie diminuaient. Aux États-Unis, celle-ci est même en recul depuis 2018. L’obésité, la drogue et les morts violentes contribuent à cette baisse de l’espérance de vie. Les maladies liées à la mauvaise hygiène de vie (sédentarité, obésité) peuvent obérer l’espérance de vie en bonne santé. Cette situation rend nécessaire un effort accru en matière de prévention.
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