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L’OCDE a publié au mois d’avril 2025, un rapport « Cities for All Ages » qui analyse les conséquences du vieillissement démographique au sein des grandes agglomérations. Celles-ci seront amenées à s’adapter afin de permettre la cohabitation des générations.
Jusque dans les années 2000, les personnes âgées étaient peu présentes au sein des grandes agglomérations. Celles-ci ont bénéficié d’une forte croissance démographique depuis 50 ans, intégrant essentiellement des étudiants et des jeunes actifs. Les retraités avaient au contraire tendance à les quitter au moment de la liquidation de leurs droits. Avec la montée en âge des générations du baby-boom, l’âge moyen de la population dans les grandes agglomérations augmente. Si des départs notamment vers les littoraux sont constatés au moment du départ à la retraite, des retours s’organisent vers 70 ans. Les retraités reviennent en ville afin de bénéficier de services de santé et à la personne plus adaptés à leurs besoins. Entre 2000 et 2022, le ratio de dépendance des personnes âgées (nombre d’individus de 65 ans et plus pour 100 actifs) a augmenté dans toutes les agglomérations au sein de l’OCDE. D’ici 2040, dans les zones urbaines, la part des personnes âgées passera de 20,9 % à 27,9 % en moyenne.
Dans le même temps, les grandes villes continuent d’attirer les jeunes qu’ils soient étudiants ou jeunes actifs. En revanche, les ménages entre 35 et 55 ans ont tendance à quitter les grandes agglomérations en raison du coût du foncier ou pour bénéficier d’une meilleure qualité de vie. Les métropoles concentrent à la fois le renouvellement générationnel et l’avancée en âge, soit les deux extrémités du cycle de vie. Les petites villes vieillissent par défaut, sans bénéficier de l’apport des nouvelles générations.
Les villes doivent mettre à disposition des services de santé à destination d’un public âgé, tout en prévoyant des infrastructures et des loisirs pour les jeunes générations. La question de l’accès au logement est le problème numéro 1 pour les jeunes. Ils sont de plus en plus nombreux à vivre chez leurs parents – un sur deux entre 20 et 29 ans dans les pays de l’OCDE – faute d’un logement abordable. Les jeunes comme les seniors sont confrontés au problème de l’isolement social même si celui-ci prend des formes différentes.
L’OCDE estime que les villes doivent en priorité suivre trois grands axes d’action sont identifiés : l’urbanisme, le logement, et l’économie locale.
L’urbanisme doit prévoir la cohabitation des âges et des modes de transport. Le rapport met en exergue des initiatives comme le « Slow Streets » à San Francisco ou la « ville du quart d’heure » à Paris. L’idée est d’offrir à chacun, quel que soit son âge, un accès rapide aux services essentiels, aux espaces verts et aux lieux de sociabilité.
Le logement doit, par ailleurs, être repensé comme un vecteur d’émancipation intergénérationnelle. Co-living pour jeunes actifs à Bologne, habitats intergénérationnels à Baltimore, rénovation des logements pour personnes âgées via « MaPrimeAdapt » en France sont les exemples cités dans le rapport. L’enjeu est double : permettre aux jeunes de quitter le domicile parental sans précarité, et aux seniors de rester autonomes plus longtemps.
Les villes doivent rester des centres économiques avec une cohabitation de secteurs de pointe et d’activités plus traditionnelles. Le rapport souligne le potentiel économique d’une ville inclusive. La « silver economy » ne se résume pas à la dépendance. Elle inclut le tourisme, la culture, le commerce, le numérique. Une ville qui permet aux plus de 60 ans de rester actifs – par l’emploi, le bénévolat, la consommation – est une ville plus riche, plus vivante. À Manchester, des programmes de requalification professionnelle ciblent les seniors quand à Barcelone, des solutions numériques de santé sont coconstruites avec eux.
Les jeunes contre les vieux ou l’inverse est évidemment une mauvaise politique. La gouvernance des agglomérations doit s’attacher à concilier les intérêts qui ne sont pas nécessairement contradictoires. Les jeunes ont besoin de services de santé, d’aides psychologiques, de services de proximité. Les seniors ont de leur côté besoin de services à la personne nécessitant des centres sportifs ou des lieux de loisirs. Penser la ville pour tous les âges, c’est refuser la marginalisation implicite qu’induit un urbanisme focalisé sur la productivité.
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