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Si depuis une dizaine d’années, les préretraites tendaient à diminuer en France, avant même la crise sanitaire, les entreprises procédaient à des ajustements au sein de leurs effectifs en jouant sur le départ des salariés les plus âgés. Ce phénomène pourrait être amené à s’amplifier.
42 % des Français qui liquident leurs droits à la retraite sont déjà sortis du marché du travail. Ils peuvent être au chômage, en arrêt maladie ou en pré-retraite. Si l’âge moyen de départ à la retraite est, en France, de 62,8 ans, celui de sortie du marché du travail est de 60,8 ans. Il est le plus faible de l’Union européenne. En Allemagne, il est de 63,8 ans et en Suède de 65,9 ans.
Avec la crise sanitaire, les plus de 50 ans sont particulièrement touchés par les plans de licenciements. Deux tiers des ruptures de contrat dans le cadre de ces plans concernent des seniors. Les entreprises entendent réduire leurs coûts salariaux et accélérer la digitalisation de leurs activités, réputée plus accessible aux salariés les plus jeunes. Chez Airbus, 60 % des départs volontaires seraient des départs en retraite ou préretraite. Michelin, qui envisage 2 300 suppressions de postes d’ici à 2023, prévoit un plan de départs volontaires « comprenant en priorité des mesures de préretraite ». Il en est de même chez l’informaticien Oracle qui réduit ses activités en France. Les nouvelles préretraites obtenues par rupture conventionnelle interviennent autour de 60 ans, quand en 1994, l’âge moyen était inférieur à 58 ans.
Des années 1970 aux années 1990, la politique des préretraites avait été mise en place afin de faciliter l’accès des jeunes à l’emploi et afin de diminuer les statistiques du chômage. Si les départs anticipés à la retraite n’ont eu aucun effet sur le chômage des jeunes, ils ont pu masquer un temps la baisse du taux d’emploi de l’économie française. La réduction de la population active a contribué à diminuer la croissance potentielle du pays.
Le taux d’emploi des 60/64 ans demeure faible en France (32,6 %), contre une moyenne de 46 % au sein de l’Union européenne. Le décrochage de la France intervient autour de 60 ans. En effet, le taux d’emploi des 55/59 ans est de 72,2 %, contre une moyenne européenne de 72,7 %. Le report de l’âge de départ effectif à la retraite pose une série de défis à relever dont l’employabilité des salariés de plus de 55 ans et le coût croissant des dépenses de prévoyance pour les salariés âgés de plus de 60 ans. En France, entre les salariés et les employeurs, il y a une convergence de vues sur l’âge de départ à la retraite, autour de 60 ans. La pression des pouvoirs publics pour allonger la période d’activité pourrait aboutir à des transferts de charges sur les régimes d’assurance chômage, d’assurance-maladie et sur la branche handicap – accident du travail. Le passage progressif à une durée de cotisation à 43 ans qui pourrait être accéléré risque d’accentuer ce risque de transfert. Il en serait de même avec un report de l’âge légal à 64 ou à 65 ans. Le pari est que les effets collatéraux soient inférieurs aux gains générés par ce report de l’âge de départ à la retraite. Pour être efficace, il faut que ce dernier concerne le plus grand nombre d’actifs. Or, en France, les exceptions sont légion. La Cour des Comptes s’était inquiétée que la moitié des actifs liquident leurs pensions avant 62 ans.
A lire dans le Mensuel N 84 d’ avril 2021 du Cercle de l’Épargne
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