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La France se caractérise par un faible taux d’emploi après 60 ans, inférieur à la moyenne européenne. À 60 ans, plus de la moitié de la population a déjà quitté le marché du travail : 22 % sont inactifs (invalidité, maladie…), 7 % au chômage et 29 % déjà en retraite. Comme l’a souligné l’enquête 2023 du Cercle de l’Épargne, une majorité de Français souhaitent partir à 62 ans voire avant à la retraite (80 %). De nombreux actifs redoutent de devoir travailler au-delà de 60 ans. Selon le Crédoc, 68 % craignent de ne pas être suffisamment en bonne santé pour aller jusqu’à la retraite et 52 % sont inquiets d’une éventuelle baisse de leurs revenus à la fin de leur carrière professionnelle. Ces inquiétudes concernent toutes les catégories sociales. Les femmes sont celles qui manifestent le plus de craintes pour leur retraite (75 % d’entre elles indiquent que leurs pensions sont ou seront insuffisantes pour vivre correctement).
À partir de 40 ans, la question de la santé se pose pour les actifs. Deux tiers des 40/59 ans indiquent que c’est la principale inquiétude en ce qui concerne la possibilité de travailler au-delà de 60 ans. Plus d’un tiers d’entre eux se disent particulièrement inquiets. Ils craignent avant tout la fatigue, la lassitude, et une perte de motivation (52 %). Ils sont le même nombre à craindre la baisse du pouvoir d’achat. Ils préféreraient être à la retraite pour stabiliser leurs revenus. Fort logiquement, les ouvriers mettent plus en avant que les autres les problèmes de santé (72 %). Ce taux est de 69 % chez les professions intermédiaires. 58 % des ouvriers et 52 % des employés soulignent que la perte de revenus les incite à vouloir partir le plus tôt possible à la retraite. Les cadres sont tout de même 62 % à redouter de ne pas pouvoir poursuivre leur carrière jusqu’à son terme pour raison de santé. Ils craignent plus souvent que le reste des actifs la lassitude et la démotivation (56 %). Ils mettent également en avant la prise en charge de personnes dépendantes (parents). Ils indiquent qu’ils craignent par ailleurs des problèmes d’intégration et de compétences, en particulier dans le domaine des nouvelles technologies. En raison peut-être d’un éloignement plus important de l’âge de départ à la retraite, les 40-49 ans se déclarent plus inquiets que les 50-59 ans, à la fois pour leur santé (71 % contre 63 % des 50-59 ans) et par la perspective d’une perte de motivation (55 % des 40-49 ans, contre 48 % des 50-59 ans).
Selon la DARES, en 2019, 37 % des salariés déclaraient ne pas se sentir capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite. Avec le développement des métiers de la logistique, la pénibilité a eu tendance à s’accroître ces vingt dernières années. 41 % des actifs déclaraient en 2019 devoir porter des charges lourdes contre 22 % en 1984. Le travail à flux tendu a également intensifié le rythme de travail. 55 % des actifs doivent, dans le cadre de leur travail, répondre à des demandes exigeant des réponses immédiates, contre 28 % en 1984.
La proportion de Français qui s’estiment en bonne santé diminue depuis la fin des années 1990. Elle est passée de 90 % en 1997 à 79 % en 2023. La sensibilité aux questions de santé est, par ailleurs, en forte augmentation. 72 % de la population âgée de 15 ans et plus déclare qu’être en meilleure santé constitue un de leurs principaux objectifs de vie. Ce taux était de 47 % en 2000.
Les femmes sont plus préoccupées par les possibles difficultés de santé qui pourraient les empêcher de poursuivre leur carrière (71 %, contre 65 % des hommes) et par une baisse possible de leur niveau de vie (57 %, contre 49 % des hommes). Les femmes sont traditionnellement plus soucieuses de leur santé que les hommes. Leur niveau de rémunération étant inférieur à celui des hommes, elles sont plus inquiètes que ces derniers à l’évolution de leur niveau de vie. Les femmes employées ou exerçant des professions intermédiaires sont particulièrement inquiètes pour leur santé en fin de carrière, respectivement 71 % et 74 %. Cela concerne tout particulièrement les femmes travaillant dans les métiers de l’éducation, de la santé, des services à la personne ou du commerce. Les femmes mettent également en avant les contraintes de la vie familiale pour expliquer leurs craintes en matière de santé. Selon la DARES, 57 % des mères d’enfants en bas âge ne se sentent pas en capacité de tenir jusqu’à la retraite, contre 43 % des jeunes pères, 36 % des femmes sans enfants et 31 % des hommes sans enfants.
Si les Français souhaitent partir tôt à la retraite (comme l’a confirmé l’enquête 2023 du Cercle de l’Épargne), ils n’entendent pas pour autant sacrifier leur pouvoir d’achat après la cessation de leurs activités professionnelles. Les ouvriers, en raison de la pénibilité des emplois occupés, sont les plus favorables à partir le plus tôt possible à la retraite. Les cadres sont plus nombreux à souhaiter poursuivre au-delà de l’âge légal leur travail. Malgré les incitations des pouvoirs publics, les actifs de 40 à 59 ans sont peu nombreux à envisager la retraite progressive qui permet de concilier un travail à temps partiel avec la perception d’une partie des pensions de retraite. Les cadres sont plus favorables que la moyenne de la population à terminer leur carrière professionnelle en indépendant. Ce statut permet en outre de cumuler facilement retraite et travail. La solution du travail indépendant est perçue comme un moyen de passer progressivement à la retraite. Les ouvriers et les employés craignent de se voir imposer en fin de carrière des emplois à temps partiel ou en CDD. Ces craintes ne recoupent que partiellement les statistiques officielles, parmi les 55-64 ans qui sont encore en emploi, 83 % sont salariés. Seuls 6 % des salariés de 55 à 64 ans étaient en contrat à durée limitée (CDD, Intérim, contrat aidé…), contre 13 % en moyenne. Les salariés seniors sont un peu plus souvent à temps partiel (23 % des 55-64 ans en moyenne, contre 19 % de l’ensemble des actifs), mais cette différence tient avant tout du volontariat et elle est essentiellement due aux salariés cumulant emploi et retraite,
La question de l’emploi des seniors renvoie à des problématiques diverses et complexes en lien avec la santé, l’adaptation des conditions de travail et le contenu de ce dernier. L’amélioration du taux d’emploi des 55/64 ans passe par des efforts en matière de pénibilité, de formation et d’organisation du travail. Les entreprises ont axé leur discours managérial sur les générations Y et Z. Elles doivent ainsi adapter leurs messages et formaliser des actions en faveur des générations baby-boomers et X.
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